Caractère

D’abord la cigarette, on commence avec une on finit avec cent ; senteur nicotine crochetée sous la peau, une maille à l’endroit une maille à l’enver. C’était de temps en temps, à sortir quand tourne le vent, à caler entre les lèvres gercées, bouffer les dernières miettes de paix. La fumée s’enlise encore, elle ne respire que ça maintenant Fleur, sa propre odeur et le parfum du malheur, écraser le dur labeur sous le talon ; préférer s’oublier dans un état de satiété second.
Maintenant ça la suit comme une traînée nocive,
elle arrêtera demain,
ou après-demain c’est certain.

Une gorgée et c’est fini c’est promis, le gin avalé de travers, ça pue et c’est amer. Parfois seulement entre les soirées qui ne finissent pas et les lendemains tracas. Parfois seulement juste un fond mais le verre est trop profond ; souvent pour se lever, souvent rester éveillée. Les bouteilles teintent sous l’évier, bien planquées pour qui les chercherait. La tête en vrac elle ne recommencera pas c’est certain, ni demain ni après-demain.
Promis parfois seulement,
peut-être un peu trop souvent.

Elle n’a pas compris Fleur comment certain réussissait sans s’écharder, rafistoler les peines et tout enfouir sous une même rengaine. La pluie lui colle à la peau, entre le savon bon marché et le faux cotons qui n’a rien d’agréable, saveur pauvreté et la chance qui n’en finit pas de s’évader. Échouer sans cesse et ne pas oser recommencer, préférer laisser le destin s’en mêler, tout faire s’écrouler, se sentir un peu de trop sous sa propre peau.
Elle laisse ça là entre les côtes et les organes vitaux, le sentiments de tout foirer, ne pas assez s’accrocher.

Fleur il faudrait respecter les horaires, Fleurs ça fait 6 fois ce mois-ci, Fleur tout ça n’a rien de drôle, Fleur le monde ne tourne pas autour de toi, Fleur reprend toi.

Ballotée de tous les côtés, elle préfère sourire et tout détruire ; c’est vrai souvent sans s’en rendre compte. Mais c’est trop tard Fleur le monde tourne le monde vogue et peut-être vaudrait-il mieux ne pas attendre sans cesse le wagon suivant.
Ça ne passera pas éternellement.

Le rire étouffé par la fumée ça lui permet de se sentir exister, assez aventureuse pour délasser les doigts, crocheter les nuques et plaquer les lèvres. Se sentir libre et ne pas savoir qui ce sera demain, qui ce sera ce soir entre gin tonic et amour mojito on mélange toutes les passions et s'enivre à l’unisson, si belle floraison. Dans les sourires aguicheurs crépitent les habitudes vieilles de bien des années à se laisser abandonner entre les bras dénudés. Depuis qu’on l’a laissée toute seule sur le palier, effets personnels bien rangés dans un petit panier ; un cœur ébréché.
Elle s’est promis de savoir exister, depuis, vivre la vie pleinement sans savoir éviter les collisions, les confrontations. Elle a beau essayer rien n’y fait, les reproches pleuvent sans jamais s’arrêter, à ne penser qu’à sa gueule, qu’à son travail, qu’à ses propres pensées qu’on peine à enfermer.

Fleur il faudrait penser à arroser les plantes, Fleur le loyer ne se payera pas tout seul, Fleur ça fait 4 fois cette année-là, Fleur ce n’est vraiment pas drôle, Fleur tu as dis que tu changerais, Fleur il faudrait penser à tenir ses promesses.

Autoritaire, souvent quand il faut parler fort, prendre quelques responsabilités pour donner le change, s’affranchir de quelques problèmes. Elle parle bien Fleur, l’oratrice qui sait mentir, promettre les miettes dans un sourire mielleux ; soumettre les votes en évitant l’essentiel. Elle ne se rend pas compte Fleur que parfois, il lui suffit de faire le nécessaire, s’investir pour réussir. Bien parler et recommencer, perchée sur des talons hauts, tailleurs à peine froissé à la douce odeur tabac froid, à dominer le monde d’un regard convaincu, donner les ordres convenus.
Elle sait y faire Fleur, donner le change et sourire sous son mal de crâne constant souvenir vodka malabar et sommeil inexistant. A parer les cernes de maquillage pétillant, montrer son plus beau profil au soleil levant, s'étaler sur le canapé les heures passées sans plus jamais vouloir s’en relever. C’est une grande dame Fleur, perchée sur ses hauteurs, les cernes d’encre de Chine et les lobes parées de diamant en plastique ; c’est une grande dame, la migraine sulfureuse et les grimaces sous l’éclairage. Les ampoules aux pieds si peu à l’aise dans les tailleurs bon marché.
On compte sur elle, parfois ça lui fait peur, freine ses ardeurs ; préférerait n’en avoir rien à faire, que l’on ne compte pas sur elle de la même façon qu’elle ne comptera jamais (pour) sur personne. Mais rien n’y fait ça s’accroche à elle comme la poisse toute sa vie durant, les choses à faire les sourires à conquérir. Les mensonges qui font rire, les contrats de mains en mains sans même qu’elle pense à les lire. On signe dans la marge en pensant au soir, au cocktail entre les doigts et la musique langoureuse du lounge bar, un peu la tête en vrac et l’estomac en pagaille.
Juste un verre on boira tous à l’unisson.
Ici on travaille pour la passion.

Les pétales un peu fanées, Fleur oublie de s’arroser, de s’ancrer dans la réalité ; un peu de méchanceté gratuite ça lui fait oublier ses propres défaites, les victoires des autres, les réprimandes qui lui lacèrent la peau comme des rasoirs. Souvent après s’en vouloir.
Elle a oublié qu’il fallait parfois s’adapter, Fleur elle promet mais au fond, elle ne veut pas changer, rentrer dans le moule et s’oublier. Encore un verre de bière, elle chante à la misère, au fracas sur sa tête. Un doigt levé aux bras croisés sous les poitrines en mécontentement flagrant. Elle pense Fleur, qu’il y a des choses plus importantes que le loyer à payer, le repas à préparer ; ça lui fait un peu chier de devoir exister avec des freins.

Fleur ne laisse pas tes chaussures au milieu, Fleur ça fait trois fois qu’on te le répète, Fleur tu devais être là ce soir, Fleur le frigo est encore vide, Fleur arrête de détourner les yeux, Fleur tu m'ennuies,
peut-être qu’on devrait s’arrêter ici.

Fun facts
looser vibe qu’elle arrive parfois on ne sait trop comment à faire passer pour une workaholic vibe pour ceux qui ne la connaissent pas • pessimiste • force beaucoup trop sur la boisson • plutôt du genre à enchaîner les mojito et cocktails sur la plage qu’à boire de l’alcool fort pur • mais en soirée elle enchaine les shooters • low cost princess • à fleur de peau • calimero, se plaint beaucoup •  bon public, bon humour • volage depuis sa dernière histoire sérieuse • étonnement souriante, rigole beaucoup • collante • séductrice • égocentrique • bavarde • assez extravertie • paresseuse • bordélique • naïve • fervente religieuse mais pas sur qu’elle fasse ça dans les règles de l’art • vive d’esprit quand elle n’a pas la tête embrumée par les gueules de bois • en fait elle est pas si bête que ça elle ne fait juste pas l’effort et se sous-estime beaucoup, abandonne avant d’avoir essayé • reporte tout au lendemain • beaucoup de lubies, tombe facilement addict • absolument pas matérialiste mais elle s’accroche à certaines choses, certains détails insignifiants presque avec désespoir • a pleuré quand il a fallut changer sa tapisserie • au contraire sa vie entière pourrait probablement rentrer dans une boite en carton • n’a jamais vraiment trouvé sa voie, fait les choses un peu par défaut • toujours malchanceuse, ça lui colle à la peau au point où certains la pense maudite • fume énormément • mais quand elle commence quelque chose elle a du mal à s’arrêter • du mal à se remettre en question • aguicheuse même quand elle ne devrait pas • montre beaucoup son affection par des actions, un baiser volé ou une caresse sur la peau • habituée à donner de fausses promesses • donneuse d’ordres • beaucoup de manies • accro à la caféine mais seulement dans sa tasse préféré • incapable de dormir si les rideaux ne sont pas entrabaillés pile comme il faut • s’essuie les pieds sur le paillasson exactement 4 fois avant de rentrer • changez lui sa routine et elle panique • n’aime le changement que quand ça concerne ses amants • abandonne facilement quand les choses ne lui conviennent pas • pas du genre à s’attacher, aux gens ou à ses propres pensées • incapable de se mettre d’accord sur sa propre couleur préférée, les senteurs qu’elle aime ou son livre préféré • ça change avec le temps, parfois trop souvent • fraude pour prendre la navette • tête en l’air • du genre à répondre aux sms après 2 semaines, par oublie - pose beaucoup de lapin, par oublie aussi • n’arrive pas à se lever pour aller bosser une fois sur quatre • ça fait 6 mois qu’elle paye son abonnement à la salle sans jamais y avoir encore mis les pieds • paye probablement une dizaine d’abonnements et d’assurances différentes sans même savoir à quoi ça correspond • tant pis c’est la vie •  adore vivre en communauté mais se laisse toujours porter par le courant - un peu parasite • a déjà vécu en colocation, pas sur qu’on l’ait vraiment apprécié • a foiré toutes ses relations sérieuses sans vraiment s’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard • pas très bonne pour communiquer sérieusement • des bonnes blagues pour détendre l’atmosphère ou ne pas avoir à aborder certains sujets • politique de l’autruche • adore faire la fête mais elle boit beaucoup trop et ne s’en souvient jamais vraiment • se casse souvent la gueule sur ses talonts hauts mais persiste à les porter coute que coute • aime bien critiquer les riches et leurs manies • souvent sur la paille en fin de mois • fan de musique, surtout quand ça fait b e a u c o u p de bruit • elle traine un peu dans tous les concerts et festivales qu’elle peut • petite, elle était difficilement gérable, du genre à peindre sur les murs, faire des caprices impressionnants, ne pas écouter les remontrances et hurler à la mort pour une égratignure • aide encore souvent de mauvaise grâce ses parents sur les marchés aux poissons d’Ithloreas • suivie par un psy mais elle oublie (peut-être volontairement) d’y aller une fois sur trois • probablement à deux doigts de se faire virer de son taff mais elle fait la sourde oreille • n’aime même pas spécialement le sport et l’art, franchement elle fait surtout semblant de s’y intéresser pour faire plaisir aux autres • mais marchander avec les sponsors, elle adore • elle fait une assez bonne commercial en fait quand elle n’a pas la tête en vrac • encourager les sportifs/artistes aussi elle adore • sentir le doux goût de la victoire à travers eux • vit par procuration en fait, elle n’a jamais rien gagné de toute sa vie, elle • du mal à supporter la chaleur • dévore des esquimaux glacés tout l’été • plus à l’aise dans l’eau que sur terre mais la mer lui rappelle son enfance alors elle n’y va pas vraiment • elle ne supporte plus l’odeur du poisson, ça l’écoeur • a décidé depuis quelques mois de devenir végétarienne • c’était vraiment nulle comme idée, une sorte de bonne résolution sous alcool • mais pour l’instant elle s’y tient, boit plus de cocktails pour compenser • vraiment nulle comme prédatrice, elle ne saurait pas chasser une palourde devant son nez • les petits animas la font un peu flipper, elle a peur de les écraser avec ses grosses pattes d’ours • globalement elle a peur de faire mal aux autres sous sa forme animal • elle aurait préféré être une petite souris • ça la saoul ya pas la place pour un ours dans son appartement, elle renverse tous les meubles à chaque fois, alors elle reste étendue là à se lamenter après avoir cassé toute la vaisselle


Détails physiques
Longs cheveux brun foncé, emmêlés par les mains qui tentent d’apaiser la migraine • yeux brun, les cernes comme arabesques, sombre rappel du sommeil qui s’enfuit • 1m75 sans les talons • un peu trop mince, elle ne mange clairement pas assez • grain de beauté sous l’oeil droit • odeur de tabac froid et relan mojito dans les pires jours • parfum sel et romarin dans les meilleurs • tenue stricte au boulot, tailleur bon marché et escarpins qui lui filent des ampoules • chemise toute froissée il ne faut pas regarder de trop près • c’est probablement les mêmes vêtements que la veille d’ailleurs, elle a passé la nuit ailleurs • cosy une fois chez elle, on enfile le pull de grand-mère et les pantoufles à carreaux • mais elle aime bien mettre des paillettes de partout en soirée • le teint pâle des humeurs maussades éclairé par un sourire séducteur qui n’a que faire de ne plus être à la hauteur • les yeux tombant, ça lui donne un air de chiot battu presque constant • les longs doigts fins, ongles mordillés avec assiduité • verni écaillé • couleur sobre, l’éclat ce n’est pas pour elle • longues jambes, peut-être qu’elle aurait pu être mannequin • petit tatouage entre les omoplates qui représente une fleur • laquelle, on ne sait pas, personne ne le sait. Elle ne se souvient pas vraiment l’avoir fait d’ailleurs, probablement la suite d’une soirée alcoolisée • souvent une cigarette entre les lèvres ou sa tasse de café à la main qu’elle amène un peu partout, du terrain jusqu’à chez elle en passant par son bureau • la hanse commence à s’ébrécher, à deux doigts de la faire pleurer rien qu’en y jetant un coup d’œil • grosses lunettes de soleil un peu partout même en intérieure • trop de lumière pitié elle n’aurait pas dû rentrer aussi tard hier soir • lèvres peintes en rouge profond, cils bordés de noir, passion maquillage pour dissimuler les cernes et dernières traces alcoolisées, parfois sans succès •

Marée haute ((tw addiction))

Le couteau tranche les entrailles, Fleur l’air un peu maussade ; l’odeur iodé glacée contre la palais, le bruit de découpe à jamais en rythme à ses oreilles. C’est gluant, à peine appétissant, les doigts rougis du sang de la poiscaille qu’on écaille, le torchon nimbé d’eau de mer, le cri des marchands tout le long des quais. Fleur, elle connaît les prix par cœur, de la dorade bon marché à la truite rapiécée. Du homard hors de prix aux huîtres récolté là contre les rochers. A la sueur du front, papa, maman donne les ordres pour diriger les petits bateaux, s’approcher assez près de la barrière de corail pour une pêche qui leur permettra de payer le loyer, assez loin pour espérer pouvoir rentrer. Fleur contre la peinture écaillé du bateau, se pencher au-dessus des flots, tirer la langue aux tortues, crier avoir vu un monstre marin là dans le gouffre. Toujours dans les pattes Fleur, elle apprendra plus tard à naviguer (un peu) et savoir se débrouiller (pas trop). Toujours dans les pattes Fleur, alors on l’envoie sur les marchés, là où elle n'écorchera personne de plus qu’un vieux saumon éventré. Là où l’odeur la suit même dans ses rêves sur les Radieuses, là où le bruit des commerces lui bouffe déjà l’esprit.

Elle préférerait s’évader Fleur, oublier la poiscaille et l’odeur incrustée sous les ongles. Au temples les mains jointes, ça récite par cœur et ça y met de l’entrain (à peu près). A 14 ans l’odeur du sel comme un cauchemar redondant, elle fait ses vœux et part (presque) pour de bon, amoureuse de ses grands prêtres qui semblent tout savoir. Fleur apprentie pour espérer les suivre, faire briller les yeux autant qu’ils l’ont fait avec elle ; chanter à l’unisson et donner son pardon.
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A 17 ans c’est la douche froide, un petit balluchon balancé sur les genoux sous un regard peiné.
Désolé Fleur, ce n’est pas vraiment pour toi.
Désolé Fleur, ça ne marchera pas.
Désolé, il va falloir dégager.
Trouver un autre endroit ou fumer en cachette, arrêter le troc derrière les toilettes. Ne plus pouvoir raturer les livres des apprentis, arrêter de se cacher pour leur faire peur la nuit.
Ne plus dérober dans le garde-manger, stopper toutes ces incivilités.
Désolé Fleur, il va falloir arrêter d’être Fleur.

La truite s’écaille encore mieux sous la colère, elle fait mine d’ignorer les langues de vipères. Retour à la case départ elle n’a vraiment que ça à faire, vider les viscères.
Elle tient la barre Fleur, navigue (bancalement) sur l’eau, l’esprit ailleurs. On la laisse faire maintenant, elle n’est plus la gamine d’avant même si on dirait pourtant. Un bâillement, elle a vaillamment jeté son filet à l’eau depuis quelques heures déjà. Est-ce que ça suffira ? D’un air distrait, elle actionne le mécanisme, laisse l’immense bras mécanique relever les filets et ramener avec eux, la poiscaille du matin.
Un cri enfantin, des yeux qui s’ouvrent en grand. Fleur, elle n’a pas péché que du poisson. Fleur, elle s’est laissée dériver vers Maintes-eaux, là où elle ne devrait pas être.
On arrête le mécanisme, fébrile ; mais c’est trop tard.
Cette fois aussi Fleur, il va falloir faire un effort.

La tête penchée, le dos courbé pour demander pardon. Ce n’est pas vraiment de sa faute à Fleur, si la gamine s’est jetée dans ses filets. Ce n’est pas de sa faute non plus si la suite s’est mal passée. Elle est vivante non ? La culpabilité lui ronge les tripes mais elle n’en montre pas grand-chose sous les regards furibonds des parents.
C’est de la faute à la poiscailles, ça lui donne la nausée maintenant, Fleur a l’impression de devenir folle, de mourir à petit feu, d’être aspirée dans les entrailles de la mer. Les doigts abîmés d’avoir écaillé écaillé encore écaillé.
Peut-être que ça va passer, un peu comme la culpabilité.
Le lendemain les doigts tremblent en s’approchant des filets, Fleur fait non de la tête ; elle ne veut plus jamais y toucher.
Plus jamais.
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Des petits job ici et là, Fleur a continué de fumer sans jamais s’arrêter. Elle pourrait si elle voulait, évidemment qu’elle pourrait. Une licence en poche, un peu par défaut, l’école ne lui réussi pas beaucoup non plus, ça ne la passionne pas tant que ça, lui donne envie de foncer dans le tas, crier dans la foule que ça ne lui convient pas.
Barman un temps, ça s’enfile les dernières bières avant la fermeture, commence à grappiller les petites fioles pour la pause. Parfois en rigolant, on ouvre une bouteille ou deux, jouer aux cartes avec les collègues et attendre les clients. Parfois Fleur, elle ne sait pas dire non à un verre de trop un verre de plus.
Cette fois aussi elle pourrait arrêter si elle le souhaitait, tout laisser là et ne jamais se retourner. L’alcool, les jeux. Certaines personnes les yeux dans les yeux.

C’est l’amour peut-être, pour la première fois de sa vie. Fleur a l’impression de sentir encore les marchés aux poissons d’Ithloreas, c’est dans sa tête probablement car elle oublie toujours de demander avant que les lèvres ne soient scellées d’un baiser.
Deux ans plus tard elle a fière allure, beau saphir à son doigt. Des fiançailles et le sourire aux lèvres, on emménage ensemble et l’on promet mille fois.
Mille fois oui.

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A prendre pour acquis les choses fragiles, oublier de voir ce qui ne va pas, se fracasser 10 étages plus bas. N’avoir pas remarqué les regards distants, la froideur persistante. Ne pas avoir répondu aux pourquoi, avoir oublié les promesses, les répéter pour la millième fois. Le frigo vide, les plantes asséchées, l’armoire en bordel, les meubles qui ne sont même pas à elle. Les soupirs tristes, les sorties tard le soir, les anniversaires oubliés, les voyages mal organisés. Le monde qui tourne mal et on oublie de vérifier que là juste là, ça va toujours aussi bien.
À se rendre compte que sa vie se résume maintenant à ça, un carton sur le palier et quelques fringues froissées en tas. Elle s’en rend compte maintenant Fleur,
elle n’avait jamais réellement aménagé,
s’est juste laissée dériver.

Comme un navire fracassé, bouteille de gin ouverte à peine réveillée, peut-être qu’elle ne veut même plus arrêter. Souffrir de migraine pour l’éternité.
Fleur on le lui a dit on le lui a répété maintes fois,
Fleur, rien ne marche jamais comme on le souhaite.
Fleur, il fallait faire un effort, essuyer les pleurs.
Ne pas oublier d’aimer.
Entre l’alcool fort et les pleurs, elle ne sait plus ce qui inonde son tapis bon marché. Peut-être le sang de son cœur ébréché, s’écoule en doux son de fatalité.

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Entre le temps les tourments, ça passe et on s’en lasse ; Fleur l’amer goût de la défaite contre la langue, n’en peut plus de l’odeur poisson qui lui colle à la peau et du gin avalé avec précipitation. Destin funeste, elle tente autre chose, s’accroche aux petits boulots pour oublier le cœur balafré jusqu’à ce qu’on lui propose autre chose et qu’elle dise oui par manque de conviction pour dire non.
Il faut penser à autre chose Fleur, arrêter de fixer vos souvenirs d’été, stopper le tourne disque sur sa musique préférée, ne plus pleurer quand il n’y a personne à ses côtés pour se réveiller.
Il n’y a même plus de plantes à arroser, un frigo plein de déprime et le bordel dans l’entrée, les chaussures qu’on oublie de ranger.
Il faut passer à autre chose Fleur, peut-être s’investir dans le labeur, ne plus penser ni au poisson, ni à la mer, ni à l’amour et encore moins à la misère de sa vie. Trouver un peu de répit.

C’est bien, ça lui change les idées de travailler, arrive à l'heure au bureau de temps en temps ; c’est bien, elle doit s’occuper des autres c’est toujours mieux que de s’occuper d’elle. Encore un verre le soir, encore une cigarette fumée à la tombée de la nuit. C’est bien, le temps passe et on oublie un peu, qu’avant c’était peut-être mieux.
Fleur remonte la pente, un peu parfois pour replonger surement mais Fleur ne veut pas changer, elle n’attend rien vraiment d’autre ;
juste s’enivrer en attendant le temps.

Résumé :