La prestation du danseur était très énergique, particulièrement difficile à ne pas regarder. La musique n’était pourtant pas si forte et il aurait été facile de manger quelques canapés en discutant. La plupart des invités à la réception et de ceux qui arrivaient petit à petit avaient les yeux rivés sur le volatile. Pour l’occasion, le paradisier avait fait une démonstration de ses meilleurs pas de house sur une musique électro-swing endiablée. Contrairement à son habitude, il n’était pas seulement vêtu d’un caleçon noir. Il avait revêtu un costume moulant noir et doré qui laissait ses bras et l’essentiel de ses jambes nues. Ses pieds étaient également vêtus de chaussures dorées qui mettaient particulièrement en valeur son jeu de jambe rapide et aérien. Les couleurs soulignaient les nombreuses stries rouges sur son corps. Ses membres nus étaient régulièrement, et au rythme de la musique, parés de plumes colorées. Lorsque le show, qui enchaina nombre de musiques, se termina, l’oiseau salua son publique d’une révérence pleine de plumes. Alors, il s’en fut par l’arrière de la scène.

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Errilys observe la foule. Il vient de revenir de la loge qu’on lui a évidemment fourni. Frais et dispo, l’oiseau est revêtu de son accoutrement habituel : Un veston noir avec une chemise blanche et une cravate rouge. Cette mise est cependant différente de l’usage à plus d’un titre : les vêtements sont particulièrement luxueux. Ils sont neufs, le veston est brodé de petits oiseaux en fils d’or, tout comme la cravate qui présente quelques stries dorées. Les chaussures du danseur, également, ne sont pas aussi insignifiantes qu’à l’accoutumé. Ce sont de superbes souliers de cuir noir, repoussé en de nombreux endroits avec de petits oiseaux. Pour finir, Errilys porte une bague dorée sertie d’une pierre rouge à l’annulaire de la main droite, son oreille gauche est également percée d’un anneau d’or. Une très grande attention a été portée à la mise du volatile ce soir.

Il observe la foule, donc. Après avoir récupéré une coupe de champagne, Errilys s’est installé nonchalamment sur le bord de la scène. Des musiciens jouent certes encore, mais ce lieu est son domaine. De plus, il est également ainsi légèrement surélevé, montrant à tous ses admirateurs potentiels qu’il est là, prêt à échanger avec ceux qui le désireraient.

Le danseur n’a pas à attendre très longtemps, pour voir la première admiratrice se présenter à lui. Une très jolie jeune femme, néanmoins clairement plus âgées que lui, se présente. Elle empeste la richesse et la luxure à des kilomètres, comme le danseur lui-même. N’est ce pas la coutume en ce lieu ? Même lui s’y est plié. Prenant le compliment, Errilys répond également au clin d’œil de Landha qui vient d’arriver par un clin d’œil en retour. Il ira la voir un peu plus tard, il a pour l’heure un réseau à développer et une admiratrice à satisfaire.

Le paradisier saute donc de son perchoir pour faire un baise-main gracieux à la belle jeune femme drapée de soie noire. Puis il lui répond.

- Je vous remercie de ce compliment. Sachez qu’il me touche beaucoup, dans la mesure où mon art est une chose très importante pour moi.

Le volatile se fend d’un sourire de connivence, manifestement très heureux.

- Si vous souhaitez voir plus de mes spectacles, sachez que je me présente dans de nombreux bars et clubs nocturnes. Je peux également faire des représentations privées contre rémunération.

A peine a-t-il fini sa phrase, que le volatile est interrompu par la voix tant honnie d’une personne qu’il a entraperçue, mais qu’il aurait préféré ne jamais revoir. Désiré Chanteloup hein ? Jamais Errilys n’aurait imaginé que ce recruteur brutal de la fosse puiss-t-être si important. Une grimace de dégout se dessine rapidement sur son visage lorsqu’il regarde dans la direction de l’homme qui quitte la salle. Cet immonde personnage cherche à attirer l’attention, il l’a eu. Une petite envie de le suivre touche tout de même le volatile qui est à la fois, curieux de ce personnage brutal et pourtant si riche, et envieux de le provoquer dans un lieu où il ne peut pas simplement le brutaliser pour obtenir ce qu’il désire. Néanmoins, son héritage est très bien où il est et il a d’autres chats à fouetter. Il revient donc vers son interlocutrice et lui sourit.

- Je manque à tous les usages ! Mon nom est Errilys d’Anatèle. Et vous ?

Du coin de l’œil, Errilys aperçoit l’organisateur de la soirée se diriger vers le duo. Il fronce légèrement les sourcils. Charles est un éminent adepte de la maison des roses et de l’ombre, en d’autres termes le type de personne qu’il aborde toujours avec une méfiance des plus totale. Cette méfiance est amplifiée par son instinct, qui l’informe sans mal de la hiérarchie innée de leurs âmes.

Néanmoins, la défiance n’est visible qu’un très court instant avant qu’un magnifique sourire illumine le visage du Paradisier. Il vient tout de même d’être complimenté avec l’art et la manière. Errilys se fend d’une profonde révérence, ampli d’allégresse par les d’applaudissements qui secouent l’attroupement.

Se redressant, le danseur retourne son regard sur la femme qui l’a abordé à l’instant :

- Mademoiselle Bartholomé donc ? Une carte ? Oh non, il n’existe pas de moyens simples pour me contacter. Il faut généralement s’y prendre longtemps à l’avance pour obtenir ma présence quelque part. Je suis aussi insaisissable que le vent, et monsieur Guerin l’a bien compris puisque me voici.

Errilys adresse un clin d’œil amusé à l’organisateur. Cependant, le paradisier a plus l’impression de se trouver au milieu d’un groupe de requins appâtés par le profit que par le réel divertissement ou le plaisir. Il ne se permettra pas de juger la jolie jeune femme qui l’a abordé, mais sait qu’une femme bien plus amusante est présente ce soir et qu’elle attend toujours qu’il vienne la saluer. Il se rapproche donc des deux personnages qui l’encadrent, pénétrant légèrement dans leur espace privé, et pose une main sur l’épaule de chacun.

- Je trouverais néanmoins un moyen de vous laisser mon numéro de téléphone durant la soirée mademoiselle Bartholomé, laissez-moi un message. Si vous voulez bien m’excuser, il reste des personnes que je n’ai point encore salué ce soir, et mon verre est vide.

Se séparant du groupe, Errilys adresse un petit geste de la main à Faith, tout en se dirigeant vers le bar. Il ne tourne pour le moment pas son regard vers Landha, contournant le bar avec audace.

- Excusez-moi mon cher barman, pourrais-je me faire une petite décoction de mon cru ? Je fais presque parti du personnel d’une certaine manière.

Tout sourire, et peu importe la réponse du personnel, le volatile prend place derrière le bar et mélange quelques ingrédients pour produire un cocktail qu’il adore tout particulièrement. Discrètement, il double les doses et en réalise un deuxième. Le second verre est glissé sous le bar avec un regard appuyé au barman, il pourra servir à plusieurs fins. Son petit manège terminé, le danseur s’approche de l’endroit où la faucon crécelle se trouve désormais. Si jamais elle est en train de parler, il s’assure de ne pas la couper, puis l’aborde, saluant son ou ses éventuels interlocuteurs au passage.

- Chère Landha salutation ! Je ne pouvais faire durer cette soirée plus longtemps sans venir saluer ton agréable personne. Que penses-tu de ta soirée pour le moment ?

La salutation est accompagnée d’une petite révérence. Le paradisier est tout sourire, joueur, dans son élément. Il s’amuse visiblement. Cependant, il ne restera pas non plus bien longtemps à cet endroit, à moins que la conversation devienne passionnante. Le volatile volage n’a pas oublié le prédateur violent et brutal qui est sorti dans les jardins avec une allure de prince en territoire conquis. Une curiosité morbide le pousse toujours à savoir qui est cette bête qui partage des allures de diplomate de haute société, d’héritier de bonne famille et de recruteur sauvage dans la fange de la fosse.