inspired
by the fear of being average
Terribles enchères | Event 3
Dez ou le danseur, le résultat est le même: les poignets libres, le peintre hésite, juste une seconde, si aisément influencé par la pugnacité de son vieil ami. Lui aussi, il a envie d’en découdre; et pour de bon, cette fois, sans finir précocement.
Mais le blond appuie la voie de la raison qui doit si désespérément lutter au quotidien pour se faire entendre dans sa tête, la menace proférée à son égard finissant d’avoir raison de ses élans belliqueux; il se console en se disant que contre une personne armée, ce ne serait pas aussi drôle qu’en en venant simplement aux poings. Alors il profite d’être libéré de ses entraves pour se rendre plus difficile à toucher et plus rapide encore, l’autre aura intérêt à ne pas perdre de vue la petite boule de poil qui se taille à toute allure.
Heureusement, les couloirs de la galerie n’ont aucun secret pour lui, et si ça n’ouvre pas magiquement toutes ses portes, ça leur évite au moins de tourner en rond. Il pousse une seconde fois la porte qui garde jalousement ses vêtements; sans surprise, elle ne s’ouvre pas magiquement à lui, mais contre toute attente, le commentaire de son compagnon d’infortune l’amuse plus qu’il ne l’agace. Svelte, il n’était pas trop sûr, mais avec les longues traînées cramoisies sur son torse tristement imberbe, il ressemblerait presque à une toile à part entière.
“Heh, trop tard pour prétendre à la performance artistique ?” Faudra qu’il touche deux mots à Guérin, et pas que pour récupérer ses fripes.
La sortie de secour leur fait des pieds de nez à son tour. Quand il pense qu’il ne leur reste plus qu’à essayer toutes les combinaisons possibles, le fils prodigue débarque et lui chipe le bout de papier des doigts. Toujours là à la dernière pour piquer le beau rôle, ce con. Son intervention le fait sourire derrière l’envie de lui en envoyer une
-affectueusement. “Tu vas le regretter.” Car la porte s’ouvre et que la liberté les attend, là, à un pas -et ce n’est pas l’air frigide qui va le dissuader de sortir. Le rire est contagieux, efface en un instant les angoisses de la soirée alors qu’il frappe du plat de la main le dos du danseur.
“Aller, à la revoyure.” Si personne ne les canardes depuis les fenêtres, ils s’en sortent en un morceau: ça veut bien dire qu’ils ont fait du bon boulot.
©A devious route