Arrivé dans les coulisses, Errilys se renfrogne. Une porte scellée et une porte à code ? Vraiment ? Voila qui n’était guère très habile, ou plutôt très habile de la part des voleurs. Avec un sourire le paradisier se permet d’essayer les classiques 0000, 1111 et 1234. Qui ne tente rien n’a rien et il y a bien des gens suffisamment stupides pour laisser ces codes par défauts comme code pin de leur téléphone.

Peu satisfait du résultat, le danseur revient sur la scène alors que la gamine qui l’a bousculé précédemment fait encore son intéressante. Errilys lève les yeux au ciel. Le spectacle est assez dramatique vue de la scène. Des abrutis tambourinent sur les portes verrouillées de la salle sans réfléchir, avant de tomber en suffocant à cause du gaz. L’organisateur est soutenu par deux belles femmes, laissant derrière lui une marre de son propre sang à l’endroit où il gisait auparavant. Pour finir, la demoiselle bien vêtue mais quelque peu écervelée se précipite à ses côtés pour tirer comme une folle contre la porte et fait les cent pas devant en méditant sur la combinaison.

Quelle fine équipe.

N’ayant pas entendu les paroles de Charles Guerin, Errilys ne connait pas la combinaison du code. Néanmoins, en se basant sur les paroles de Landha, il n’est pas bien difficile de comprendre ce que tous cherchent avec effervescence. Il suit donc la jeune femme et lui glisse au passage.

- Comme l’a dit Landha, monsieur Guerin vient de nous dire que le tableau avait plus de 200 ans. Sa suggestion est donc tout à fait judicieuse. Si cela ne fonctionne pas, cependant…

Errilys se tourne vers le trio qui les rejoint pas à pas et hausse la voix.

- Monsieur Guerin ? Vous ne vous souviendriez pas de la date de l’autre tableau phare par hasard ? Celui qui représente une nuit étoilée. Car si les propositions de Landha et Faith sont fausse, cela signifiera que vous vous êtes trompé, ou que le code est la date de l’autre tableau…

Le danseur jette un coup d’œil par-dessus son épaule, s’assurant que la demoiselle écervelée fasse bien ce qui lui avait été dit. Ensuite, il se rapproche de l’organisateur et des deux femmes.

- Mesdames ? Puis-je être utile à l'une d'entre vous ?

Bon prince, Errilys a ses priorités. Celle qui l’a bousculé saura bien taper sur un code à chiffre, et son petit jeu avec Landha l’amuse toujours. Charles Guerin doit d’autant plus peser un certain poids, et le danseur n’est pas sûr que la frêle médecin arrive à porter cet homme bien portant qui doit bien peiner à mettre un pas devant l’autre. Il porte à la main à sa poitrine et tend la seconde attendant une réponse, favorable ou défavorable.

Lorsque son offre est refusée par Landha, Errilys ne parait pas particulièrement désappointé. Il écarte les mains et hausse les épaules, puis, sans un mot, s’écarte pour les laisser passer avec leur fardeau. A ce moment, les yeux du paradisier brillent, il a entendu les mots du léopard. Un tableau humain… Son premier sentiment se révèle donc parfaitement juste, cela lui arrache un sourire satisfait alors qu’il suit le groupe. Il ferme la marche et s’assure de bien fermer la porte derrière le groupe, de façon à se protéger du gaz aux effets douteux qui commençait à les asphyxier.

Une fois dans les couloirs de la galerie, le danseur écoute la colère de la jeune demoiselle. Il soupire, incline la tête et croise les mains dans le dos en attendant qu’elle ait fini sa diatribe. Agresser les personnes qui cherchent à l’aider est clairement la dernière des choses à faire. Errilys est donc bien content lorsque Landha lui répond par la négative et prend soin de leur hôte. Elle n’a pas l’air particulièrement contente d’avoir failli mourir non plus, mais au moins elle n’agresse pas tout de suite ce pauvre Charles.

Comme à son habitude, le volatile ne fait pas grand cas du danger auquel ils ont échappé. Il préfère tracer sa route et regarder vers l’avant. Il dépasse donc le petit groupe et la demoiselle agacée sur son téléphone. Ensuite, il se retourne afin de les informer de ses intentions.

- Bon ! Ecoutez, moi je ne vais pas attendre que monsieur Guerin se repose et nous indique la sortie. De plus, s’il y a bien des objets humains ici, ce serait un crime que de partir sans avoir pu y jeter un œil. Je m’en vais faire le tour de la galerie. N’hésitez pas à partir sans moi si je ne suis pas revenu d’ici une quinzaine de minute, ou avant si le cœur vous en dit. Je trouverais bien un moyen de me sortir de là. Si je trouve une sortie et que rien ne me menace, je reviendrais vous l’indiquer bien entendu.

Errilys ponctue sa phrase d’un clin d’œil et d’une petite révérence, puis se retourne aussi sec. D’un pas rapide, le danseur s’enfonce dans la galerie et tourne rapidement à l’angle d’un couloir.

C’est avant tout la curiosité qui pousse Errilys à explorer les lieux. Il n’a certes pas vraiment la patience d’attendre que leur hôte leur indique la sortie, mais il a surtout envie de découvrir les mystères que recèlent cette galerie. S’il a l’occasion de contempler des œuvres humaines ou échanger avec ceux qui ont essayé de le tuer au passage, ce sera pour le mieux.

L’oiseau a un très bon sens de l’orientation et saura probablement s’orienter dans la galerie, savoir notamment s’il revient ou non sur ses pas. Néanmoins, il avance clairement au hasard en retenant juste le chemin qu’il prend pour pouvoir le prendre en sens inverse au besoin. Le danseur reste prudent, il sait qu’il peut tomber à tout instant sur une âme hostile, il a la main sur son arme et les sens aux aguets.