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Caractère
Aux premières buées de l’aube, des breloques bruyantes et des bobards bariolés ;
après les coquetteries, des créoles creuses à l’incurvé des reins crayeux ;
elle déroule son numéro comme du papier à musique aux copains de tout le temps.

A travers le découpage des guirlandes de lumières du chapiteau, Fidji se dessine, sous le trait de khôl gras, provocante et insaisissable. Elle est le folklore dans l’échancrure des crops clinquants des clichés, sur le relief des errances rêveuses d’amoureuse et par les manies merveilleuses de mystères. Ses bagues, son bagou, de la gouaille, dans un argot populaire qui se hurle entre chien et loup, sont une mystique empruntée à mille ans de marche, en ronde ou sur les routes.

Sur une corde raide, la plus criarde des funambules éprouve le vertige de vivre entre les marées de l’audience, ces regards qui la font fondre, et le chahut des voltiges, enlacée à des cerceaux bigarrés. Sur la pointe des pieds, l’oreille collée au verrou, la bohème épie tous : le chuchotis ouaté des doutes, les trémolos en sirop salé, la violence du verre de trop. Sur la taie mimosa délavé, le souci de savoir la tourmente, au prix de sa tranquillité d’esprit, d’être l’intruse voyeuse qui se glisse entre les limbes du réel, comme on soulève la texture vaporeuse des moustiquaires.

Ses humeurs brassent au fond de l’estomac, une soupe dans un vieux pot, et deviennent des revendications impérieuses à tout ce qu’il y a de plus futile et impossible. Alors, pour un bâton de sucette, pour partir sur la lune, pour la fantaisie d’un je t’aime, Fidji rompt, les codes et l’échine, à la merci de ses propres caprices.

Au milieu du désordre de débris, des doigts déliés et des draps défaits ;
où tout est identique, du cliquetis de l’applique aux clématites en plastique ;
elle adresse son dernier souffle consterné aux constellations polluées.

extravertie ◊ curieuse ◊ attention whore ◊ mystérieuse ◊ vulgaire ◊ espiègle ◊ loyale ◊ rêveuse ◊ intime ◊ intuitive ◊ intrusive ◊ chaleureuse ◊ sulfureuse ◊ tendre ◊ capricieuse ◊ émotive ◊ spontanée ◊ rusée

Détails physiques
brune ◊ 1m66 ◊ 53kg ◊ souple ◊ équilibriste ◊ yeux vert d'eau ◊ frange ◊ mauvaise ouïe ◊ débit de voix lent ◊ jambes fuselées ◊ short extra court ◊ décolleté extra plongeant ◊ poitrine prononcée ◊ taille marquée ◊ jongle comme une pro ◊ expressive de visage ◊ haleine au tabac ◊ odeur de fleurs de chèvrefeuille ◊ sourire terrible ◊ regard intense ◊ petites vergetures le long des hanches et au bout des seins ◊ grand écart top ◊ mauvais sens de l'orientation ◊ maquillée tout le temps

Funfacts
aime les mûres ◊ connaît des histoires terribles de la famille en mode mythologie pour faire peur ◊ peut passer des heures étendue dans l'herbe à regarder les étoiles ◊ aime être la confidente ◊ a un sens de la controverse avéré ◊ fait une collection d'attrape-rêve ◊ fait des bougie avec les pelures de clémentines ◊ très tendre avec les enfants ◊ assez évasive sur sa vie sentimentale ◊ voleuse à temps partiel (pour le frisson) ◊ se souvient des petits détails mais pas du reste ◊ porte des lunettes de soleil en lendemain de soirée ◊ vénale en secret ◊ une alimentation un peu décousue ◊ franchement désintéressée par la politique ◊ très bonne joueuse de pétanque

You're part of the dawn where the light comes from the dark
You're a part of the morning and everything matters

A quatre pattes, la peau plein de pois pastel patine sur le piédestal, les talons y ont laissé des usures en forme de zébrures et la lumière tiède y projette les câbles en ombres chinoises. A travers la rétine sombre de pupilles fendues, le bac à sable est aussi la fosse aux lions, où dansent des cerceaux de feu, les balles multicolores se transforment en arcs-en-ciel, sur une toile rouge et blanche, et les berceuses sont des histoires vraies. Fidji, ses mains potelés enfoncées sur les hanches d’une nourrice, inspire la poussière des maquillages écrasés sous les ongles, des particules de magie, les bronches encombrées des émois de minot.

Mille impressions, des projecteurs en tambour aux souffles parfumés de l’orchestre, marque les sens d’une marmaille grouillante et fuyante comme l’eau qui s’empoigne par le col pour imiter les plus grands aux quatre coins du parc de jeu, chez soi.

Fidji n’a pas de père ou de mère, de frère ou de soeur,
Fidji pourtant n’est orpheline de rien ;
ni des baisers taquins au creux du cou, qui font des farandoles de gazouillis, la chatouillent jusqu’aux larmes, des énormes perles argentées,
ni des mots comme le miel, si sucrés qu’elle se lèche les lèvres en les entendant, pour lesquels elle peut bien faire l’effort d’interrompre un cache-cache, pelotonnée à la cîme des manèges.

La bambine éponge l’univers et ses protagonistes, les doigts crochetés à toutes les serrures, il s’en échappe des mélodies de respirations hachées, des volées de gifles en timbales et les silences par-dessus les tasses de jus de chaussette amer. Elle se rêve princesse, dans des froufrous de rapiécés et avec le vulgaire des pâtes carmin volées aux tiroirs de la coiffeuse, éclairée par deux douzaines de leds.

Il y en a plein les coloriages, du braillard de son imaginaire, et dans ses rêves, parfois les yeux grands ouverts sur les hétérocères autour de l’ampoule nue, on peut apercevoir des contrés jamais foulées où on a bazardé chimères, comètes et roudoudous.

Si si si désireuse d’être la plus m’as-tu vu,
vue comme une femme par avance,
d’avancer sur une corde à la croisée des néons.

I'm watching a storm turn into form
In the clouds of the world like a burst
 
C’est une nuit noire, du mazout liquide, où plonge les passagers de la grande roue, Fidji le cornet de chichis repoussé sur le cuir fatigué du siège de la navette, montre à deux amis, comme le nombre de doigts sur la main de la vieille Nana, les laçages du corset qu’elle a dérobé des cintres. Fière, avec ses lèvres grasses, elle explique comment les lacets tirent dans les trous pour transformer le corps des fillettes en corps de femmes mûres, une métamorphose qu’elle veut les voir admirer, sans détourner le regard.

Les yeux brillants d’envie de Polly, de deux ans son ainée, récompensent les risques du larcin, il lui semble que c’est encore plus savoureux que le jour où elle a tiré sur une clope devant eux, sans tousser, sans faillir, sans partager. La gamine fixe, la jalousie au marqueur sur un pli de lèvre boudeur, sa benjamine rafler, encore, le premier rôle dans leurs numéros d’enfants. Avec ses ongles orange et vert, Polly préfère les clémentines par-dessus tout, elle attrape brutalement le trésor et tire, au point d’être toutes les deux debout à se battre pour du chiffon en geignant, des couinements qui recouvrent le son des rotules mécaniques. Le poids en arrière, Fidji a les orteils qui glissent, la victoire lui échappe, et dans un élan, l’insolence de pousser, inverse les chances et le cours de son histoire.

Polly se fracasse les épaules sur la tôle de la portière qui se dégonde, sous les hurlements du vent et des enfants, et titube la plante du talon puis les orteils, l’équilibre de la silhouette cassée en deux par la terreur du saut de l’ange.

Elle embrasse le vide avec la grâce des acrobates. Les mains enroulées aux rubans invisibles de la brise. Les pieds joints transpercent l’atmosphère comme pour y rebondir. Les yeux écarquillés transpirent le déni, la plus belle forme du désespoir.

Polly, disposée de manière aussi grotesque que les marionnettes du petit spectacle, gît dans une flaque aussi brune que ses tresses que Fidji contemple, fascinée. Fidji, dont l’index tremblant forme un sceau de terreur sur les lippes, tourne des épaules raides sur le témoin d’un accident. Rien qu’un accident. Un secret.

Il en faut un pour devenir une femme.

Résumé

0 – 8 ans
La fête foraine, Regalia
Fidji née dans une grande troupe d’artistes où pullulent déjà des enfants sans qu’on ne lui enseigne jamais à reconnaître un père ou une mère. C’est une enfant obsédée par le souci de grandir et d’être le centre de l’attention. Elle espionne tout ce qui semble secret et cherche à imiter le maquillage et les tenues des femmes pour se faire mousser auprès des autres et se distinguer. Lors d’une dispute pour un corset à lacets avec une fille de la troupe et un.e ami.e dans une nacelle de la grande roue, Fidji la renverse contre la porte et la gamine meurt. Fidji n’avouera jamais sa part de responsabilité dans l’incident.

8 – 24 ans
La fête foraine, Regalia
Fidji est témoin des évolutions du parc de divertissement : les cracheurs de feu sont délaissés pour les sensations des grands huit, le train fantôme rafle plus de frisson que le magicien, la concurrence des attractions rend la billetterie pénible à faire tourner. Funambuliste par choix, elle-même, est nostalgique du chapiteau bondé à craquer, et voit ses représentations diminuer, ses fins de mois devenir pénibles. Pour gagner son pain, Fidji élargit ses activités en monnayant info et rumeurs pour une poignée de lenss, d'abord aux clients du parc d'attraction puis à certains individus mis au courant de son affaire.