maman t’a bien élevé. tu sais dire bonjour, merci, va te faire foutre et s’il vous plaît. tu n’as que faire des belles paroles, t’es une grande gueule et tu l’assumes. une fois que tu ouvres la bouche, impossible de la fermer, tant pis si ça choque, tant mieux si ça provoque. Qu’on t’aime, qu’on te déteste, tant qu’on parle de toi, c’est comme ça que tu te permets d’exister: à travers le regard des autres.

sans complexe, tu le fais savoir dans l’élégance de tes gestes, l’insolence dans ta voix. tu as tout du profil du p'tit con qui fait ce qu'il veut, mais qui ignore tout de ce qu'il désire dans la vie. l'impulsivité guide tes choix, et tu as fait le choix de te libérer du regard d’autrui. tes émotions, elles sont là, cartes sur table. Là où l'hypocrisie règne en maître, tu fais de ta franchise la plus féroce des armes. c’est le jeu des faussetés, où tout le monde est perdant, sauf toi, parce que tu refuses de t’y prêter. quand ton entourage passe son temps à douter de tous et chacun, il n’y a pas meilleure cachette que dans la vérité tout simplement.
rien à cacher, rien à foutre. t’es à la fois manipulateur et manipulé. quelle importance si on t’utilise? tu fais pareil si ça t’arrange.

le monde est vaste, le tien est petit. cette île, sanctuaire et prison, dans quelques centaines d’années, ton cynisme te pousse à dire que y’aura personne pour se souvenir de toi et du reste. quelle vie insignifiante. alors tu fais de ton travail ta raison de vivre, tu lui dédies ton corps et ton âme. Faire la fête à en perdre la tête, oublier ton existence le temps d’un verre. ou deux. ou trois. tu recherches constamment la nouveauté pour tenir l’ennui le plus loin possible. tu aimes incorporer différents thèmes et concepts lors des festivités, garder les gens intéressés. c’est ta seule peur, celui de ne pas être à la hauteur dans ce que tu fais, au cas où Alistair déciderait de te remplacer.

tu fuis la solitude en permanence et tu trouves refuge là où elle ne te trouvera pas, dans les bras d'innombrables hommes et femmes. la faire disparaître le temps d'une nuit, avant de la retrouver au petit matin. t’es une nuisance pour autrui dès l’instant où tu t’attaches, un parasite quémandant constamment de l'attention et du divertissement.

mais comme tout le monde, tu as tes limites, comme quoi t’es pas complètement dénué de toute dignité. tu n’as pas peur de la confrontation, tu sais être ferme et autoritaire quand la situation l’oblige, mais seulement si t’es pas trop bourré pour tenir debout.

tes problèmes, tes démons, tu y penseras une prochaine fois. aujourd’hui, c’est soir de fête. à tous ceux qui t’emmerdent, tu lèves ton verre et ton majeur en leur honneur.


random facts

s’endort à des endroits improbables - se perd littéralement partout - se sauve dès qu’il est question de faire le ménage une fois la fête finie - mauvais en cuisine, il ne comprend pas pourquoi personne ne veut jamais goûter ses plats - se promène toujours avec un crayon feutre pour dessiner des bêtises sur le visage des gens ivres en soirée - croyant, même s’il n’en parle pas - bordélique, perd constamment ses affaires - Alastair est la personne qu’il respecte le plus - 1m83 - cheveux teints en bleu - peau bronzée, embrassée par le soleil - il évite les animas félins en règle générale - il trouve les épouvantails creepy - il porte un cache-oeil pour couvrir une cicatrice et il a un oeil de verre - il aime bien passer à la bibliothèque de Lunapolis lorsqu'il a le temps - il a besoin d'un câlin - TDAH

Oh raven, won't you sing me a happy song?
 Tu ignores depuis quand cette rage de vivre brûle en toi.

Est-ce que ça remonte à ton enfance? Alors que la rumeur courait déjà concernant le fait que t’étais un cas désespéré, une honte pour ta mère, l’embarras à en devenir de la maison du souffle et des cendres. Ce n’est pas la curiosité qui te fait défaut, au contraire, tu poses trop de questions. C’est juste que tu ne retiens jamais les réponses. Ça rentre d’une oreille, ça sort de l’autre. Fais de ton mieux, ça sera jamais assez. Tu le sais car c’est maman qui te l’a dit.

T’es celui avec les pires notes de la classe, l’enfant qu’on choisit toujours en dernier dans les sports. Dans les couloirs, murmures entrecoupés de rires surgissent à ton passage. On t’appelle cervelle d’oiseau, celui qui préfère avoir la tête dans les nuages plutôt que le nez dans ses livres.

Maman, elle est déçue de te savoir bon dernier, ça la blesse dans son égo de se dire que son fils unique, sa chair et son sang,  est la risée de sa classe. Maman, elle sait plus quoi faire, si ce n’est que de te crier dessus, parce que tu comprends jamais rien sinon. Maman, elle blâme papa de te mettre des idées dans la tête.

Il est courageux, papa. Il croit en toi, papa, tu sais pas d’où ça lui vient ce courage de te supporter, de pas t’abandonner à ton sort, comme maman l’a fait. Tu l’aimes ton père. Tu aimes sa patience, tu aimes sa gentillesse. Tu adores passer du temps avec lui, quand il t’emmène à la grande bibliothèque de Lunapolis. Il te lit des histoires, il te fait voyager dans le monde extérieur par la seule force de ses mots. Une nuit d’été, vous êtes allés dehors pour observer la barrière de coraux phosphorescente, de loin. Il t’a dit qu’un jour, bientôt, il trouverait le moyen de quitter cette foutue île, de goûter à la liberté. T’avais désespérément envie de le croire.

Papa ne t’a plus jamais emmené à la bibliothèque.

Maman te fait promettre de pas être comme papa, de pas rêver trop grand, de pas espérer, c’est ça qui lui a coûté la vie, qu’elle dit. Elle ajoute que c’est ta dernière chance, que c’est à toi de lui prouver que la stupidité ne coule pas dans tes veines à toi aussi.

Il y a un garçon dans ta classe, un prédateur, un anima félin, le type de personne que tu évites en règle générale. Quand il a fait une blague sur ton père, c’en était trop, tu n’arrivais plus à le supporter. Tu lui as donné un coup de poing, parce que tu ignores où est la place des gens comme toi. On vous a séparé à temps, on a prétendu que c’était un jeu d’enfants qui a dégénéré. T’as gagné une horrible cicatrice là où ton deuxième oeil devrait être, le trophée du perdant. Aucun instinct de survie, on dit que t’es carrément cinglé.

Maman, elle a honte. Elle n’ose plus te regarder, elle ne te crie même plus dessus. Elle fait comme si tu n’existais pas. Alors tu fous la merde, n’importe quoi pour qu’elle baisse enfin les yeux vers toi.

Tu l’as surpris, à la cérémonie des vœux, quand tu as choisi la maison des roses et de l’ombre. Tu as cru voir du soulagement dans ses yeux, enfin débarrassée de toi. Dans ta nouvelle Maison, tu fais tache, toi l’oiseau dénué d’éloquence, si jeune et pourtant si vulgaire dans sa façon de parler. À tes seize ans, tu quittes la maison de maman, tu vas rarement en cours, t’enchaînes les petits boulots et les renvois sans jamais trouver ta place.

Et puis, un miracle survient dans ta vie, alors que tu n’en attendais plus. Dès tes dix-huit ans, on t’engage dans un petit bar pas très connu en tant que barman. Ta relation avec le propriétaire est houleuse au début, puis peu à peu, vous en venez à vous faire confiance mutuellement. Tu lui proposes tes idées pour dynamiser le bar, tu incorpores des nouveaux concepts qu’on ne trouve nulle part ailleurs. À 23 ans, alors que la réputation du bar n’est plus à faire, tu croises Alastair pour la toute première fois, nouveau maître de la maison des roses et de l’ombre depuis une année seulement. Et t’es sous le charme, comme tout le monde, parce qu’il est tout ce que tu ne seras jamais. Avec le temps, on s’est habitué à te voir rôder autour de lui, à te voir traîner en permanence dans le Palais des Rois, et à 24 ans, te voilà organisateur officiel des festivités en tout genre, sous l’ordre direct d’Alastair. Ta vocation, ta plus grande fierté depuis maintenant deux ans.

Tu fais de ton mieux pour lui plaire, à Alastair, parce que tu ignores tout de ce qui lui passe par la tête. Tu mets toute ton énergie dans la préparation de différentes festivités, prouver qu’il n’y a pas meilleur que toi dans ce domaine. Pour faire la fête, tu t’y connais, à défaut de savoir faire autre chose. En attendant, les membres de la Maison des roses et de l’ombre sont fourbes, ils attendent avec impatience que leur maître te remette à ta place, être vulgaire que tu es. Tous se demandent quand viendra le jour où tu commettras un faux pas susceptible de déplaire à ton employeur. T’es pas si stupide finalement, tu les as appris, les règles du jeu.

Dans tous les cas, tu es comme tu es. Hors de question de t’excuser d’exister.