Maxine, elle n'abandonne pas, jamais. L'idée lui donne la nausée, l'envie de tout briser ; le monde, les règles, les cœurs, le bonheur. Un regard mauvais en direction du ratel, un majeur levé en l'air pour affirmer son mécontentement. Un reniflement dédaigneux et c'est tout. Maxine, elle ne dira pas qu'elle est plus intelligente que ça, qu'elle a appris à ne plus foncer dans le tas pour résoudre ses tracas. Qu'elle a patienter des années, elle peut bien attendre encore un peu. Que le collier ne s'envolera pas, maintenant qu'elle sait où il est ; bien ancré au cou des spécimens idiots.

Subitement, elle se redresse, le dos courbé d'outrage, les sourcils froncés. Un doigt vient désigner sa propre face ensanglantée, les hématomes sur les pommettes et l'hémoglobine qui a depuis quelques heures arrêté de couler, séchée en arabesque morbide. Elle désigne sa mine fatiguée, les cernes sous les yeux à force de trop travailler, les blessures de guerre et les mèches salement colorées avec des produits premier-prix. "J'ai l'air d'un mannequin là ? A force de traîner avec les péquenauds de la fosse tu sais même plus à quoi sont censées ressembler les princesses ? Laisse tomber." Elle se ralonge en soupirant, mécontante. "Dans un dernier murmure. "Looser."

La mention de Willow n'arrange rien à l'humeur de la pie. Il a connu lui, la jolie poupée Maxine et ses jolies robes d'été, le maquillage finement posé. Il a connu les sourires sincères et les manières naïves avant que ne débarque la fièvre vengeresse et les rires rancuniers. Les malheurs qu'elle n'a pas demandés.  Willow, elle aurait préféré le garder en dehors de tout ça, ça la fait grimacer d'angoisse mais elle préfère hausser les épaules contre le banc d'un geste désinvolte. "Ça n'arrivera pas, crois moi." Et surtout ferme là. Maxine ne tient pas à clamer haut et fort sa relation avec le bookmaker. Désiré a beau être un enfoiré, il y a peu de chance qu'il la fasse combattre contre son seul ami des bas-fonds.

Un ricanement mauvais, les membres pendent mollement à côté du banc. Les piaillements de la pie résonne entre les murs bétons. "Ouai voilà j'aime pas ta gueule ! Ca et ptetre le fait que tu portes mon collier." Sans ça, elle ne lui aurait probablement même jamais adressé la parole. Une main s'agite entre l'espace qui les sépare, elle fixe toujours le plafond, il ne vaut pas la peine de se tordre le cou.

La suite la fige une seconde. Lui prêter son blouson ? Elle grimace, n'ose définitivement plus tourner la tête vers l'autre cellule. "Heu... c'est quoi ces bonnes manières tout d'un coup." Mais l'hésitation est flagrante, le banc est miteux, la cellule n'est pas confortable. D'un air ronchon, elle capitule. "Si ça t'fais plaisir..."