Maxine souffle, trépigne, laisse les muscles se crisper par habitude sous les sautillements impulsifs. Un coup de poing dans le vide, elle a l'impression d'être géante et ça la bute de ne pas vraiment l'être. Les prunelles printemps évitent soigneusement ses propres blessures dans le miroire ébréché du vestiaire femme ; la cicatrice contre l'épaule d'une panthère énervée, les entrailles superficielles aux avants bras, vestiges d'entraînements et de coups bas.   Les bleus contre la tempe et le sourire mauvais car Maxine, elle a les rêves de victoires creusés juste sous la poitrine, les envies ardentes d'en découdre sans même savoir pourquoi. Elle se dit qu'elle a peut-être mieux à faire que de regarder d'un air mauvais Honey le ratel remporter la plupart de ses combats, écraser les autres et fanfaronner plus loin. Elle les a vu, ces perles ebènes frapper contre le torse, s'emmêler sous les souffles, briller aux lueurs bons marchés d'une fosse éclatée.
Maxine, elle n'a jamais su dire non à ses envies, non à ses rêves, non à ce qui n'est pas bon pour elle. La pie a sa liste gravée en lettre de feu sur son coeur rapiécé, des choses a faire, des choses à construire, d'autres à détruire. Une perle ou deux ne suffiront pas, elle veut le collier tout entier, certaine d'y decouvrir les initiales Dupuy gravées en tout petit. Certaine d'avoir le une relique de son passé, papa l'air concentré pour modeler la pierre, agencer le métal.

Elle n'avait pas fait attention à la première rencontre, Maxine regarde yeux dans les yeux et ne s'attarde pas sur les breloques et talismans. Elle n'a pas fait attention, peu intéressé par un ratel endiablé. Elle n'a pas fait attention et s'en mord maintenant les doigts ; Maxine n'est pas patiente.

Un dernier souffle, dans son debardeur de sport sombre et son pantalon élimé, elle ne porte les couleurs que dans les mèches rebelles relevées en chignon bordélique mais non moins efficace. Des bandes autour des poignées, des mains, un dernier jeu de jambe et le voilà prête.
A combattre peut-être, mais Maxine, elle a toujours préféré les joutes verbales, s'enliser dans les conspirations et murmurer les faux sermonts.

Sans même frapper au vestiaire des hommes, l'ouvrière déboule, claque la porte derrière elle pour fusiller d'un air un peu mauvais où brille une lueur d'attente. Ce n'est pas commun d'aller voir son adversaire avant le match, ici personne ne pense jamais à serrer la main pour la bonne compétition. C'est pas de la compétition, c'est de la mort et de l'argent.
Le regard se rive une seconde au collier avant de le relever, se concentrer, un petit sourire narquois fleuri sur les lèvres fines.

"Alors, prêt à te prendre une raclée ?" Elle n'a jamais su dire bonjour Maxine, ni merci ni au revoir. Elle a abandonné toute civilité dans la grande maison sur la plage, quand il lui arrivait de porter encore des robes. Quand tout ce dont à quoi elle pensait c'était ses vacances d'été.

"Tu peux déclarer forfait, j'crois qu'ils ont presque tous misé sur toi, ton garant va pas aimer devoir payer les dettes quand t'auras perdu." Parce qu'il perdra c'est certain, il ne pourrait en être autrement, toujours suivre les plans.

Maxine les poings sur les hanches comme une mauvaise nouvelle, une hécatombe, une promesse qui finira mal. Maxine l'air mauvais un peu vengeur ; maudire pour des choses qu'il ne connaît pourtant pas. Trouver défis et s'acharner, c'est un peu la façon de vivre des coeurs rapiécés.
Il se lève, il est pas beaucoup plus grand qu'elle Sam, alors elle bombe un peu le torse pour s'imaginer grappiller les centimètres. Comme si Maxine, elle n'était pas que cette oisillon jeté dans l'arène, ce papillon aux ailes atrophiées, cette chose qui gronde parfois, mord souvent à la lueur du néant.

Elle s'esclaffe bien que ça n'ait rien d'amusant. "Et ba t'auras qu'à me l'envoyer quand j'en aurai fini avec toi tiens." Fanfaronne et s'imagine les victoires quand déjà, la chair de poule menace la peau ecchymosée ; un ratel, suffit d'une seconde pour la bouffer. L'instinct hurle de faire attention mais Maxine n'a plus la préservation des premiers émois, de l'adolescence enjouée qui pense que tout va rouler. Les instincts parfois, elle apprend à les ignorer, museler la pie pour ne pas s'envoler à tir d'ailes aussi loin qu'elle le pourrait.

Ca avance et malgré les lèvres qui se tordent une seconde frustration, elle ne recule pas, le regard levé dans une expression de défis. Arque un sourcil, c'est peut-être un peu trop beau comme ça, lui proposer sur un plateau d'argent ce qu'elle comptait demander à renfort de belles paroles bien placées. Alors sur le minois s'élève un sourire amusé, carnassier, dégager d'un coup d'épaule la main qui se faufile sur ses chairs. Elle n'aime pas spécialement qu'on la touche Maxine car Sam, elle ne le connait pas. "C'est une technique de drague vraiment pourrie, ça marche d'habitude ?" Un ricanement peu engageant plus tard, elle finit par jouer le jeu, pointer d'un doigt déterminé le cou de son adversaire.

"C'est d'accord, si j'gagne je, je veux ça." Un froncement de sourcil, se dit qu'il pourrait se méprendre en la voyant presque désigner sa personne toute entière, alors elle précise. "Le collier." Pas plus pas moins, les perles de papa et le travail de toute une vie.

La poussière dans la gorge, le béton froid contre la chair, le sang qui coule d'une paupière et le sourire conquérant, Maxine lève un bras vengeur pour montrer sa victoire, s'abreuver des hurlements excités d'une fosse déjà levée.
Maxine a gagné, une langue passe contre la lèvre fendue, un bras contre les côtes (elle en a une de fêlée c'est sûr). Il n'y est pas allé de main morte le ratel, elle en portera les plaies encore quelques temps, sans oser se satisfaire d'une victoire qu'elle sait à peine méritée. Abattre les bestioles déjà blessées, ça lui fait pas plus plaisir que ça, ça gronde dans la gorge, elle aurait voulu un combat à la loyal.
Mais elle pense aux perles Maxine, au collier peu cassé qu'elle pourra récupérer, aux doigts de papa qui façonnent tout ça. Alors elle sourit à sa victoire, crache sur les défaites des autres.
Le dos légèrement courbé sous les blessures, elle sourit encore, jette un œil à l'estrade VIP dans l'espoir d'apercevoir son mentor avant de se diriger vers les vestiaires.

Le t-shirt se soulève sous les doigts poisseux, ecchymose sombre juste sous la poitrine. Une grimace, putain ça fait mal. Ignorant la douleur la pie se change en vitesse, réajuste ses mèches colorées en sueur.
Le sourire narquois ne quitte plus les lèvres,
c'est un bon jour et elle le mérite.

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"Mais quel enfoiré !"
Le pied frappe contre la porte du vestiaire des hommes. Vide, il a été plus rapide. Plus de fourrure bariolée, plus de collier promis, plus de Sam ; les hommes et leur parole, ça la fait presque gerber.
Il ne doit pas être bien loin, à raser les murs comme le perdant qu'il est, baissé la tête et la maudire de tout son souffle. L'idée ne la fait plus sourire, et si elle ne récupérait jamais son collier ? Les mâchoires se crispent, oubliant la douleur elle file dans les couloirs, pense à la dernière seconde à passer par les gradins en guise de raccourci, sauter par dessus une barrière non sans un grognement de douleur. Du sang poisseux lui coule de l'arcade, la fait cligner d'un œil mais elle ne prend pas le temps d'essuyer la blessure ouverte.
pas le temps pour ces conneries.

La lueur de la lune derrière une dernière porte qui claque dans son dos. Il est là, à peine quelques mètres plus loin à fuir la fosse sans se retourner. Elle enrage Maxine, les poings crispés à s'en meurtrir la chair. Elle s'arrête.

"REVIENS ICI CONNARD ! En plus de te prendre une raclée tu comptes pas tenir tes promesses ?!!" Foutu ratel, elle crache par terre, lueur furieuse au fond des yeux.

Essoufflée, la pie ravale difficilement la douleur qui pulse contre ses côtes, la tempe en feu et le sang poisseux. Clicher des yeux pour chasser misérablement l'hémoglobine mérité à grand coup de poing bien placé. Elle ne le dira pas à haute voix mais Sam, il sait se battre. Un autre jour, peut-être qu'elle n'aurait pas pu l'emporter.

Poulette. Elle crache encore par terre, enragée alors qu'elle s'approche pour pointer un doigt en sueur sur son adversaire. "Excuse moi d'avoir pensé que les combattants avaient un certain code d'honneur !" C'est hypocrite car Maxine, elle bafouerait les règles la première.

On en propose d'autre des colliers, des plus jolis certainement, des plus brillants. Des perles qui feraient hurler de joie les petites filles, pleurer les grandes dames. Mais Maxine n'est rien de tout ça et ça la fait chier que le bijou lui file sous le nez.

Elle secoue la tête. "Tu piges rien, c'est celui là que je veux et pas un autre. Il est... spécial pour moi." Et elle n'en dira pas plus, le regard relevé dans un geste de défis, les bras croisés contre les os meurtris. La pie enrage de se voir trainer comme une gamine encore et toujours.
Personne ne la prend au sérieux.
Tout le monde se fiche bien qu'elle ait des rêves, des ambitions.
Tout le monde se fiche de crier son nom sur le ring ;
pour l'instant.

Elle tend la main, le regard mauvais."Donne."
Il a promis.
Il a menti.
Elle répète. "Donne."
L'orage au fond du regard. "Arrête de jouer au ptit prince." T'es pas mieux qu'un clebs.

Rien avoir avec elle. La colère gronde. Rien avoir avec elle ? Il ne sait pas, le ratel, il ne sait pas mais Maxine ne veut pas parler, s'épancher sur une vie qui ne lui donne rien ; elle préfère tout prendre et ne jamais rendre. S'épancher sur le sourire de papa quand il modèle les bijoux, le linceul blanc quand il a fallut le chercher. Maxine la rage au coeur, lui sauterait probablement dessus, au ratel pour laisser libre court à la colère, aux poings vengeurs et aux larmes qui ne coulent plus depuis longtemps.

Il s'avance et elle ne recule pas, bien campée sur ses pieds. Il n'est pas si grand, il la dépasse à peine. Il n'est pas si féroce, il a les blessures béantes qui dégoulinent à leur pied. Maxine, elle n'a qu'à tenir tête et ne jamais jamais reculer. Elle déglutit, c'est ce qu'elle se dit. Observe les perles finir au fond de la poche, inaccessible.

"Ca à tout avoir avec moi, c'est mon père qui l'a fabriqué. Il est à moi." Aussi simple que ça, c'est à peine murmuré dans un grognement animal qui ne ressemble guère à une pie. Elle n'en dira pas plus ça ne regarde qu'elle.

D'une petite serre bien assurée, elle attrape l'index qui butait contre son front, le serre de toutes ses forces.  "L'idiot ici c'est toi. J't'ai cassé la gueule une fois, j'peux le faire une deuxième fois." Et sans attendre, la pie tire brusquement sur la main qu'elle tient, crochète une cheville dans l'espoir de faire basculer son adversaire. Un sourire carnassier, le combat n'est pas encore terminé. "J'ai dis DONNE LE MOI !"