Arcane XII. Le pendu

Au milieu du petit appartement embourbé de pédoncules et de lianes, ça bouffe de la verdure pour tenter de panser l’âme. Ça tire la brume sur les feuilles qui crament, ça s’enfume pour ne plus penser à demain : saveur de touche à tout, allures de bon à rien. Il regarde les jours passer comme si ce n’était pas pas sa vie, comme s’il ne pouvait rien y faire : ça va trop vite, il voit tout la tête à l’envers, dans l’accalmie enraciné devant l’éphémère.

Il fait pousser la flore, Marek fait grandir les larges feuilles vertes dans l’appartement, dorlote les racines pour attendre l’ouverture des corolles. Les boutures sont séparées, noyées dans des bouteilles, entretenues sur un bout de terre à Régalia. Patiemment, il aime bien les voir pousser : il a l'envie de s'en tirer, remède anti-déprime. Pourtant, dans l'appartement, c'est la jungle qui domine. Nuisible, la flore s'est démultipliée,  il a la tignasse embourbée dans sa factice forêt. Il n’essaie même plus compter les bouts de verdures tellement qu'il s'y complet. Drôle de bordel, forêt artificielle. Obligé de lever les pieds pour ne pas écraser les pots qu'il laisse traîner, parce qu'il n'y a plus de place mais il continue d'accumuler, parce qu’il a besoin d’occuper son âme, le crâne menacé par l’amalgame. La table de ping-pong ne sert plus qu'à porter les pots d’fleurs, il n’y a plus de chance de se lancer dans le game, mais il a l’espoir d’avoir un peu de fans, un peu de fame.

Marek, il se dévoile sur les réseaux sociaux : il apprend au peuple comment on s’occupe des végétaux. Il donne les petites astuces, les petits secrets, conseille des plantes à ceux qui ne savent pas s’en occuper. Il se complet dans l’apprentissage, dans les échanges. Il récupère des fois les tiges desséchées, celles qu’on arrive pas à sauver. On lui confit les petits désespoirs que les autres laissent crever : risque ou challenge. Marek, est dans l’échange, il tente d’apprendre, il tente de (se) réanimer, docteur des fleurs, nounou des plantes, il maintient le tout du bout des phalanges.
S’il réussit à les sauver, pourquoi lui n’est-il pas capable de garder la tête en dehors de l’eau, à croire qu’il a besoin que les lianes l’étranglent et le sortent de sa forme de léthargie : faire le mort ou éternel assoupi.

Marek n’a que vingt-cinq piges, mais qu’à vécu son âme ? Elle est calme, cramée au fond d’un cendrier, un peu sale et délavée. Elle est lessivée, comme s’il en avait vécu un millier. La réincarnation, une idée délébile, elle lui semble bien inutile. Marek a l’impression de n’avoir rien vécu, ou d’en avoir déjà trop vu. Pourtant, Marek a lâché prise, se contente de croire que tout est futile : non-conformiste ou débile. Il tente maladroitement de voir les choses autrement. Il prend le temps d’observer longuement, essaie de comprendre, d’être plus conscient : patient ou flemmard clairvoyant. Il préfère faire une seule bonne action que trop de tentatives, l’énergie s’épuise vite, difficilement il se motive. Il n’est pas la lumière la plus vive, mais il veut que chaque action soit perméable : ras le bol, peut-être que la réussite est cultivable.

Dans sa grande tour encerclée par la végétation, il reste endormi. Végétatif, il attend dans sa paresse désespérément. Marek regarde le monde s’émouvoir alors qu’il joue à la belle au bois dormant. Sur sa terrasse, clope aux lippes, il voit défiler les âmes, les gens : il n’attend pas de prince charmant, de valeureux chevalier. Il est sa propre malédiction, son propre sauveur, mais il se repose sur ses lauriers : il est la mauvaise herbe qu'il doit arracher, pourtant il préfère continuer de se propager.

Dans sa large forêt, il tient un jardin secret. Entre ses larges mains fines, il caresse les feuilles d’une espèce interdite mais convoitée. Marek, il fait pousser des fleurs interdites, celles avec lesquelles il se marre. Le garçon est est un peu cachottier,  planque dans sa salle de bain les pétales qui rendent hilares. Les interdictions n’empêchent pas le contournement des règlements. Les règles, il fait semblant de les écouter, puis il n’en fait qu’à sa tête : il obtempère quand il a décidé, il dit oui-oui, mais il ne croit pas en ces drôles de fable. Les conventions, les obligations, ça le rend irritable. Il n’aime pas entendre gueuler, les reproches mal aiguisés. Marek, faut pas trop l’secouer, faut pas l’chercher. Il n’aime pas les turbulences, faut pas le forcer, faut pas le laisser à son rythme se consumer : dernière clope dans le cendrier. Marek, il pourrait souffler tout le pollen qui parasite ses poumons, danger endormi planqué sous les pétales des rhododendrons. Il pourrait rendre allergique, drôle de plante polycarpique.

Marek, somnole dans ses abysses végétaux. Il n’est qu’un golem au cœur de pierre qui s’est progressivement effondré pour se confondre avec les lierres, pour devenir les lierres. Les champignons ont laissé les spores sous les couches de peau. Il est en train de moisir dans ce verdâtre empire, devient lui même végétaux. Si la pierre a connu l’usure, la mousse répare les fissures.

Marek, des fois il arrête de penser. Il lâche prise, parce que le regard d'autrui il n'a pas tendance à s'en préoccuper. Lui, il préfère bien en rire, tranquillement au fond du canapé. Il s'en bat les steaks si on ne le comprend pas, il assume toute sa mauvaise foi. La solitude vient le cueillir dans cette épaisse forêt, décharné pendu devant l’ennui qui ronge les os. Il attend le dernier cavalier, <<“ XVIII >>l’arcane sans-nom et son carrosse.

– Calme – Flegmatique – Patient – Dépendant - Nonchalant – Opportuniste – Main verte – Amical – Utopiste résigné – Je m’en foutiste – Non conformiste – Lucide – Arrangeant ((quand ça l’arrange))  – Paisible – Figé – Zen mais essoré –  Esprit frauduleux - Facile à vivre en apparence  – Adepte de l’introspection – Flemmard perspicace – Malhonnête – Imprévisible – Débrouillard – Discret – Moins il en fait mieux il se porte  – Attention : sans pulpe ne pas trop secouer – Pessimiste  – Cynique ou Sarcastique parfois – Fourbe – Franc – Doses d’apathies

Faits divers

Très chatouilleux x Ne répond pas souvent aux appels, il préfère les sms quand il n’oublie pas de répondre x Amnésique quand ça l’arrange x Il oublie souvent de vider ses poches avant de passer ses vêtements dans la machine à laver x Ses capacités de danseurs sont très nulles, mais il s’en fou du regard des autres x Il met toujours de la musique dans son appartement, pour combler le silence x Surnommé Mär par l’entourage proche x Il ne comprend pas les personnes qui font du jogging, il se fait surprendre à chaque fois et sursaute quand il est dépassé x Connaissances accrues sur les plantes, il aime bien apprendre et se renseigner x Il fume du tabac et la cigarette électronique (pas pour arrêter de fumer, juste parce que c’est un peu stylé) x Saveurs préférées pour fumer : pomme ou mangue x Il a de la force, surtout dans les membres supérieurs x Sur sa chaîne principale, il poste souvent des petites photos de ses plantes commentées ou des vidéos où il donne quelques informations pour aider x Il adore faire des gâteaux et manger le reste de pâte de ces derniers à la cuillère x Il affectionne aussi particulièrement la soupe de sa mère x Couche tard + Grasse mat’ x Boit uniquement dans les soirées ou bien accompagné x Utilise principalement la navette pour se déplacer x Il a un carré de terres dans les serres de Régalia, il y va régulièrement d'ailleurs pour chercher de nouvelles espèces de plantes x S'il n'y avait pas ses plantes dans l'appartement, sa décoration serait très minimaliste x Il a une vieille console achetée à bas prix au marché avec laquelle il joue de temps en temps, mais il ne termine jamais les jeux commencés x Il offre des boutures aux personnes qu'il aime particulièrement  en fonction de leur personnalité x Les plantes, c'est un peu sa thérapie x Il économise pour faire de meilleures montages vidéos et avoir un meilleur matériel, mais ça prend du temps x Il aimerait bien faire des streams prochainement x Sa mère est probablement sa plus grande fan et commente une grande partie de ses publications x Après le jour de paie, il va toujours acheter de nouvelles espèces pour compléter sa collection x Il sait qu'il se complet dans son obsession, mais il n’aime pas qu’on lui fasse la leçon x Il n'aime pas qu'on touche à sa chevelure sans son autorisation x Il est déjà entré dans un jardin pour voler une espèce particulière , il est prêt à recommencer x Il cultive du chanvre dans sa salle de bain, il ne le partage qu’avec les copain.e.s x Il n’en fume pas régulièrement, juste de temps en temps, occasionnellement, quand il a des invités qui ont envie de goûter, quand il va en soirée, qu’il a un coup de cœur socialement ou quand il a trop mal au dos ((il ne forcera jamais à consommation)) x Il a quelques soucis de dos x Il adore faire la sieste et encore plus avec des potes x Il a depuis peu commencé à faire des terrariums x Il adore jouer au billard et il n’est pas mauvais x Dans les soirées, il est soit là où on peut fumer, soit en train de dormir à moitié au fond d’une baignoire, ou il cherche à son ennui une échappatoire (c’est souvent une personne) x Il ne sourit jamais sur les photos de famille et a tendance à les gâcher volontairement x Toujours de la vodka au congélo, des pots dans les lavabos x Il adore les temps de pluie et s'endort particulièrement vite quand il pleut x Son régime alimentaire se rapproche du végétarisme x Il aime beaucoup nager x Marek peut être particulièrement bruyant quand il mange x Il utilise souvent son gratte-dos

Détails physiques

Géant (vert) d’un mètre quatre-vingt-treize x Il porte une tignasse sombre, longue et rebelle souvent emmaillotée de chaque côté pour ne pas le gêner quand il doit bosser x Ses cheveux s’emmêlent facilement, ronces difficiles à maîtriser, il les trouve trop longs, pourtant il se débrouille pour ne pas les couper x Les cernes consolent ses yeux fatigués x Tatoué plusieurs fois (visage + avant bras + au dessus des deux genoux) ((son père déteste, mais faudrait-il qu’il en quelque chose à cirer)) x Haut du corps musclé à force de porter les jerricans de produits chimiques à l’usine et des pots x Il porte des vêtements décontractés, il achète souvent les mêmes en plusieurs fois et préfère les vêtements simples, amples ((sinon il se sent étouffé)) x Il sent les végétaux et l’odeur de la pomme chimique et de la cigarette ((parfois du chanvre quand il vient d'en consommer)) x Toujours des douleurs dans l’bas du dos ((la sciatique à son jeune age)) x Blancheur livide x Des cernes enlacent ses paupières inférieures x Yeux bruns, presque noirs x Il porte souvent des couleurs simples et neutre ((c’est plus facile à accorder)) x Deux chaînes en acier encerclent son cou x Il aime bien porter des baskets à ses pieds x Il trouve qu’il a d’ailleurs de grands pieds, ça le fait marrer, même s’il a du mal à se chausser x Il a des vêtements spécifiques pour sa forme anima confectionnés par sa mère x Cicatrice mordant la cheville x Le bout de ses doigts commence à s’abîmer x Il a toujours l'air un peu fatigué, cet air usé x Il a deux petits écarteurs ainsi que plusieurs piercing aux oreilles x Souvent en t-shirt avec des vestes assez légères (pas frileux) x

Just like the seed
I don't know where to go  

Petit ourson lippu élevé par papa poulpe et maman poule au bord de la plage. Ca joue dans l'eau, ça patauge quand il fait beau. Papa est un scientifique aguerrit, il utilise des termes qu'il comprend pas, qu'il veut pas comprendre : à quoi ça sert de briller ?
Marek n'est qu'un enfant et il veut seulement s'amuser. Sa mère quand à elle confectionne des tenues charmantes pour les animas, contre la pluie, contre le vent, il y en a pour son argent.

Papa et maman, ils ont toujours des invités à la maison, alors qu'il est encore un peu timide l'ourson. Pas bien brave, pas courageux, il préfère rester dans sa chambre à jouer à des jeux avec les autres enfants : pas pressé d'être grand mais influencé par l'image rebelle et glorieuse des adolescents. Marek, il travaille bien à l'école pourtant, il ne se préoccupe que de ce ses envies de gamins : jouer dans l'herbe avec les copains.

Through dirt and shadow I grow
I'm reaching light through the storm


Marek, son père a l’impression qu’il grandit lentement. Pourtant, même s’il est calme, il n’est pas bien motivé adolescent : le végétal développe une carence en nutriment. Son paternel le bassine de sciences, lui demande de copier le mouvement, d’un futur potentiel et « charmant » : sonne comme une évidence. Si Marek dit oui oui, il cache une certaine somnolence. Lui, il préfère fumer les drôles de pétales derrière le lycée, inspiré par les jolies fleurs qui font mourir de rire, il ne sait pas ce qu’il veut faire après. Il se contente de dire oui à tout, pour ne pas se faire embêter par les remarques parfois déplaisantes du céphalopode insatisfait. Il s’en sort pour le moment, il s’endort de temps en temps, parce qu’il a quelques facilités, parce qu’il bosse un minimum et ses notes rassurent ses aînés ou parce qu’il ment comme un arracheur de dent sans regretter.

Il n’a pas l’impression d’avoir le choix,
Crucifié à ce chiatique chemin de croix.
Il sera inscrit à l’université :
« Futur scientifique » ou bénévole détaché.

Just like the seed
I'm chasing the water

Marek, il a accumulé les non-dits, il a caché trop de conneries, mais ont été révélées à la lumières les supercheries. Marek, il a trop voulu profiter de la vie. Alors son père l’a envoyé valsé : l’a mis dehors pour qu’il assume une nouvelle forme de marché. Adieu les études qu’il détestait, adieu la chaloupe qui donne la nausée, adieu l’odeur du sel que la pieuvre se met à cracher. Marek, on le renvoie à la solitude. Il a trop tenté de méfaits, de fraudes. L’argent gagné devra remboursé les maraudes pour ne plus écouter le paternel qui clabaude.
Il est a découvert, a piqué de l’argent sur les autres comptes de sa mère, qui l'a trop couvert, qui l'a trop couvert...
Il a fait l’université buissonnière, considéré par le scientifique comme futur prolétaire.
Les gardes à vue, le patriarche n'ose pas les compter, il n’a commis que de petites effractions, mais c'est assez pour que le poulpe impose son indignation. Il a trahi la confiance, divise les opinions.

Marek, il n'a que dix-huit ans. Il n’a jamais travaillé. Il n’a pas d'expérience, il n’a connu que le lycée. Alors il ne trouve que des petits boulots avant de se faire engager comme ouvrier devant sa mère qui demande sans cesse que le pardon soit accordé. Toujours à le couver dans la douceur, mais les tentacules étranglent chaque tentatives dans l’aigreur. Elle tente d'amortir les erreurs dans ses plumes. Néanmoins, le père ne pardonne pas les fautes, crache toute son écume.

I unravel myself
Growing in slow motion  

Forcé à passer à l’âge adulte, âme que l’on balance dans le monde moderne à coup de catapulte. Il faut se prendre en main, il faut organiser demain, il faut assumer l’hostilité avec terreur : personne ne viendra le sauver. Il se sent seul Marek, il doit tout apprendre sans râler. Il se sent un peu englouti dans la monotonie. Les jours ressemblent tous à ce même lundi. Les fantasmes qu’il aurait pu avoir son détruits. Il regarde par la fenêtre à la recherche d’une nouvelle confrérie, mais il est seul, un peu pommé et ils l’ont un peu laissé tomber, ses anciens amis. Il ne reste plus que l’odeur de l’usine qui colle à l’uniforme et la sensation brisé. Marek, il a mal partout, rentre tous les soirs un peu cabossé : combien de temps ça va durer ?

Anesthésié, lessivé, tabassé, il en a marre de répéter toute la journée les mêmes mouvements rébarbatifs et chiants. Il porte toujours les mêmes produits dans les grands bidons, il n'en peux plus de la sensation de ses mains moites dans les gants. Il ne regrette pourtant pas Marek : il préfère ça aux vœux de ses parents, il voulait pas être un savant. Pourtant, il s’épuise. Il est perdant, mais se convainc d’être un peu gagnant.

Cause just like the seed
Everything wants to live

Ça commence avec une plante, ça finit avec cent. Ça commence par apprendre, rien d’autre à faire finalement. Marek apprend à faire grandir les plantes, ça le repose calmement. Pas trop âgé pour trouver un nouvel intérêt dans lequel s’enterrer, il ne s’occupe plus que ça pour rendre son appartement moins minable, mais les plantes grandissent et se reproduisent si facilement : forêt qui provoque un sentiment de satisfaction inlassable. Marek est ce passionné qui fume à fond cette soudaine obsession pour mourir un peu moins con, à la recherche de consolation à humer le pistil pour arracher les couronnes d’épines et l’affliction.

Marek, il connaît par cœur les noms de plantes et de fleurs, c’est facile, c’est plus facile d'attendre de voir la couleur des étamines, parce s’engager durablement, ça fait peur, parce que admettre ses tords à son père ça l’écœure, parce que s’afficher sur les réseaux sociaux le rend acteur. Il a apprit qu'il peut avoir un peu plus d'argent en continuant d'être papa des fleurs, il a apprit que certaines espèces peuvent rendre rieurs les cœurs.

We are burning our fingers
But we never forget

Au mois de septembre, il n’a jamais vu éclore une graîne semée, une vie qui depuis quelques années a appris à marcher, à courir, à chanter. Les bourgeons ont éclos en éclats de rire, les doutes dans les crânes se sont mis à germer et la génitrice a appris à mentir. Marek, il ne le sait pas : il a déjà oublié cette femme un peu perdue qu’il a consolé, il a déjà oublié ce qu’il s’est passé, parce que des âmes dans les soirées, il en a trop côtoyé. Il a oublié les baisers et les paroles dénuées de vérité, parce que leur union éphémère a été meurtrie le temps d'une nuit.

Depuis l’épiphanie, quatre années ont passé. Marek, il ne sait pas ce qu’il a engendré, il ne verra jamais cette petite herbette pousser. Marek continue de faire semblant d’exister, de s’enfumer, de faire pousser la vie sans savoir que dans la ville la plus citadine, rigole cette jolie petite fille. Elle a le même anima : mystère que personne jamais ne résoudra.