I.un ovni depuis l’enfance, valeryane.
petite gamine qui a grandit vite, très vite, trop vite.
des yeux gris grands ouverts et l’espit à l'affût, près à dévorer le monde de tout ses sens.
“-papa pourquoi les étoiles bougent dans le ciel ?
- parce que la terre tourne mon amour.
- maman pourquoi seuls les âmes oiseaux peuvent s’envoler ?
- parce qu'ils ont des ailes pour défier la gravité mon coeur.
- et comment ça marche le cycle de l’eau ? il y a quoi dans nos corps ? pourquoi la boulangère elle boîte ? on va où après la mort ? c’est quoi les fractions ? je peux avoir un microscope pour mon anniversaire ?”
pourquoi pourquoi pourquoi.
petite valerayne n’avait que ce mot à la bouche, assoiffée de savoir et de connaissance, elle voulait tout savoir, tout comprendre, du haut de sa petite taille d’enfant à l’aube de sa vie, sur le monde qui l’entourait.
elle voulait tout faire, tout découvrir et tout vivre.
science, sports, arts. école, amis, famille.
l’intensité à son paroxysme.
il y a eu l’adolescence, ensuite.
petite fille curieuse devient belle jeune fille.
chaque matin, sa beauté frappait davantage. échappant à l’acné et aux bouffissures de l’adolescence, elle grandissait en sveltesse et en sagesse.
petit corps fin et os saillants.
long cheveux sombres et yeux perçants.
elle attirait tous les regards valeryane. l’envie chez les filles et le désir chez les garçons.
mais valeryane n’en avait que faire. loin de vouloir jouer les filles mystère, elle était plutôt solitaire.
c’est qu’elle aimait sa vie comme ça, perdue dans l’intimité de ses pensées.
alors les garçons pleurent en secret, leur égo meurtri par son insaisissabilité.
aussi belle qu’intelligente, les autres filles de sa classe lui disaient qu’elle est coincée et limite chiante.
valeryane haussait les épaules. “pourquoi limite ?” fut son éclairante réponse.
elle s’en moquait, valeryane. du regard des autres. elle préférait rêver du haut de ses quatorze petites années. rêver de grandeurs et de découvertes.
elle n’aimait que les livres, préférant être seule. était contente quand il pleuvait.
adossée à la fenêtre de sa chambre à rêver d’immensité.
papa maman se demandaient souvent.
pourquoi elle ne sortait jamais pour jouer avec les autres.
pourquoi est-ce qu'elle n'était jamais accompagnée.
elle répondait qu’elle préférait étudier.
et les grandes personnes étaient bien contentes de rencontrer une fille aussi raisonnable.
mais valeryane trop curieuse, se risque à demander ce qu’il y a de l’autre côté de la mer.
au delà de la barrière de corail. au travers des remous et des vagues.
c'est sa grande sœur qui lui a mit l'idée dans la tête.
alors elle demande et demande encore, mais les grandes personnes n’ont plus la patience qu’ils avaient avec elle quand elle était petite.
ses pourquois restent sans réponse et maman lui dit qu’elle ne sait pas tout.
alors valeryane perd foi en l’univers.
ses efforts sont vains, leurs efforts sont vains, voués à l'échec. personne n’a la réponse, ou personne ne veut la leur dire, sur le mystère de l’océan.
les enfants kham sont tristes et valeryane abdique.
trop jeune encore, pour fouiller les archives de bibliothèques et mener l’enquête sur l’énigme de ceux qu’on appelle “les hommes”.
sa soeur, non, mais elle ne le remarquera pas.
les années passent, elle entre au lycée.
toujours belle mais toujours seule, sa soeur est partie elle aussi. peut-être qu'elle a percé le secret de l'océan ?
éprise de liberté tandis que valeryane se recentrait sur elle même, encore un peu plus.
elles se retrouveront plus tard.
les soeurs kham.
II.et le lycée s’achève, ses rêves d’explorations avec. il faut choisir une spécialité pour ses études.
enfant prodige à toutes les portes ouvertes devant elle.
mais elle choisit celle du ciel.
on lui refuse l’exploration de son propre monde ? très bien, elle percera les mystère de la toison d’or qui brille au dessus de sa tête.
alors valeryane arrête de regarder la mer. se tourne vers le ciel et vers les siens.
regarde les autres pour la première fois.
elle a déjà dix-huit ans déjà.
ses parents sont ravis de la voir enfin s’intéresser à ce qui l’entoure. de la voir enfin tisser des liens.
valeryane si inaccessible pendant toutes ses années trouve enfin chaussure à son pied. l’opacité de son entité s’efface petit à petit et son cœur s’ouvre un peu.
elle rit pendant les cours, danse aux soirées et sourit au parc.
mais elle reste toujours un peu capricieuse, valeryane. toujours un peu inexplicable.
elle vous regarde, elle vous sourit. elle a le don pour apaiser, valeryane. sa présence est confortable.
alors les animas lui font naturellement confiance, se confient et se livres, compte sur elle pour l’avenir.
et valeryane accueille tout ça avec grâce, émerveillée de ce microcosme social sous ses yeux depuis tellement longtemps qu’elle se plaît enfin à explorer.
les gens sont riches et multiples. parfois un peu maladroit, un peu méchant, un peu égoïste.
mais ce n’est pas grave.
elle se plaît à les observer, se plaît à les écouter.
ils sont des petites étoiles, ses petites étoiles terrestres, dont elle observe les liens avec autant d’attention que ses constellations.
mais valeryane ne dit jamais rien sur elle.
jamais jamais jamais.
vingt-cinq ans déjà, et valeryane est de plus en plus belle. resplendissante du haut de la fin de sa jeunesse, comme si le temps n’avait pas de prise sur elle.
ses proches n’y croyaient pas. valeryane, si belle enfant, devrait forcément se faner un jour, se fatiguer et s’épuiser.
la fougue de ses jeunes années doit finir par s’éteindre.
et pourtant.
malgré ses 8 ans d’études, son master puis sa thèse, valeryane était toujours bien là, fidèle à elle-même. le regard ambré toujours aussi intense et ce sourire aussi doux qu’un feu follet sur ses lèvres fines.
c’est qu’ils avaient peur pour elle. peur que l’enfant aux yeux cendrés et au visage fin, aussi belle qu’une déesse, ne se fane au fur et à mesure des années.
peur de la jeunesse gâchée à trop travailler. peur de la voir s’épuiser à trop courir après des rêves chimériques.
“tu es jeune et belle, tu devrais songer à te trouver un homme et te marier. il faut que tu fasses vites des enfants avant qu’il ne soit trop tard.”
et valeryane souriait en silence, les yeux d’une douceur infinie mais qui pourtant, ne transparaissait jamais ce qu’elle pensait vraiment.
“oui papa, oui maman, oui papi, oui mamie. oui madame morel, oui monsieur dupuy. j’y songerai.”
un sourire encore.
avant de disparaître.
III.un an plus tard, valeryane clôt sa thèse. l’université de babel lui décerne le titre de docteur en astrophysique.
les applaudissements et les félicitations du jury tombent, et si la demoiselle à des astres plein la tête, ses parents ont des étoiles dans les yeux.
la fierté qui gonfle leur poitrine, pince leur cœur, et gorge leurs paupières de larmes.
même sa grande sœur est là.
il faut fêter ça.
alors on se rend à l’hôtel chanteloup. voilà quatre ans maintenant que le patriarche à laissé place à son héritier et que l’hôtel scintille dans toute l’île.
et rien n’est trop beau pour les yeux de leur fille.
qui pourraient tout conquérir.
la réception est parfaite. les verres de champagne se heurtent les uns les autres dans de doux cliquetis qui annoncent la fête.
et le jeune propriétaire de l’hôtel leur fait même l’honneur d’être présent à la fête.
lui qui suscite presque plus d’attention que le doctorat de valeryane elle-même.
et devant leurs yeux, devant ses yeux, arrivent enfin le patron et jumeau pour leur faire grâce d’un discours.
les yeux de tous et toutes sont rivés sur les deux hommes. surtout sur un.
désiré.
l’homme qui attire tous les regards.
l’héritier chanteloup à la mâchoire carrée et aux beaux yeux cyans.
celui que tous et toutes désirent.
mais pas valeryane.
valeryane, elle n’aime pas les populaires, les célébrités ou les princes.
elle aime les marginaux, les fantômes et les parias. ceux qu’on ne remarque pas.
valeryane elle s’en fiche de ceux qui resplendissent, embrasent le monde et jouissent de leur succès divin.
elle aime ceux qu’on choisit par défaut, à la peau terne, aux traits tirés et aux regards éteints.
alors quand elle a vu les deux fils chanteloup, ce n’est pas désiré qu’elle a regardé.
mais bien mortimer, dans l’ombre de son frère.
qui, au premier regard, l’a fasciné.
elle virevolte autour de lui, comme un satellite en orbite. ça le déstabilise pour sûr, mais elle aime jouer avec lui.
elle a toujours été comme ça, valeryane.
un peu absolue, un peu princesse malgré elle.
elle le sonde, fait tomber ses murs, mais ne lui laisse rien en retour.
juste des mystères et quelques constellations.
et finalement, après quelques temps, les murs tombent définitivement. un baiser sous les palmiers, le sable chaud qui leur chatouille les pieds. il tremble un peu, mortimer. mais il est beau quand il est un peu fébrile.
quand il baisse sa garde, un peu nerveux.
un peu lui-même.
elle l’aime valeryane.
de tout son cœur.
elle sait qu’il n’est pas parfait. qu’il n’est pas altruiste. qu’il n’a pas la main sur le cœur. qu’il suit son frère dans tout l’espace-temps. qu’il a une part de ténèbres.
mais ça l’attire, valeryane. elle aime les énigmes. elle en est une aussi.
et cet homme la fascine.
au point de faire battre son cœur tellement plus vite.
après tout, quand il faut suffisamment sombre, on peut apercevoir les astres.
valeryane est promue directrice de l’observatoire.
l’enfant qui rêvait de grands espaces au bord de sa fenêtre se retrouve désormais à la tête du centre d’astrophysique de l’île.
la voûte céleste juste au dessus d’elle.
jolie docteure découvre alors les joies de l'administration et des rapports humains.
mais tout va bien. parce que valeryane reste fidèle à elle-même. gère sa vie d’une main de maître, dirige avec douceur mais cadre. écoute, agit, sourit.
ses collègues l’adorent, ses élèves l’adulent.
on se demande parfois, souvent, si valeryane ne viendrait pas réellement du ciel.
parce qu’elle a de l’or au bout des doigts. parce qu’elle a en elle un bout d’étoile.
IV.le mariage trois ans après leur rencontre.
la maison dans la foulée.
valeryane aime les étoiles. valeryane aime l’observatoire. valeryane aime ses collègues.
valeryane aime son foyer. valeryane aime son jardin. valeryane aime ses voisins.
mais par dessus tout, valeryane aime mortimer.
le voudrait rien que pour elle.
V.★ née le 8 mars 2066 à ithloréas, deuxième et dernière filles des kham
✩ belle enfant toute curieuse et studieuse, elle n'a que le mot "pourquoi" à la bouche
★ se passionne pour l'extérieur avec sa sœur durant le collège mais finit par abandonner
✩ rentre au lycée et sa soeur disparaît des radars, valeryane accepte ça (trop) facilement et poursuit sa vie
★ terriblement studieuse et introvertie, on la trouve coincée et inaccessible mais la demoiselle se moque bien des rumeurs
✩ elle s'épanouie à la fac et se passionne pour la physique et l'astrophysique
★ a toujours aimé les étoiles alors à décidé d'explorer le ciel à défaut d'explorer les sept mers
✩ décembre 2091 elle termine par une thèse en astrophysique et rencontre mortimer, son futur époux, avec qui elle se met en couple l'année d'après
★ renoue avec sa grande sœur vers la fin de sa vingtaine en réalisant que, finalement, la famille c'est important
✩ prends le nom chanteloup le 21 septembre 2095 et un an et demi plus tard les deux amoureux achètent leur maison à arc-en-terre
★ devient directrice de l'observatoire début d'année 2096