La main frappe trois fois contre la porte d’entrée. Un peu brutalement, Quill n’aime pas sonner à la sonnette. Elle n’a pas envie d’entendre son potentiel hurlement. Elle se tient droite, la poigne fermement collée à un sachet supportant le poids d’un contenant. Un cadeau, une offrande, des mets locaux de qualité achetés dans une boutique d’Arc-en-Terre, des produits du terroir.
Quill est venue prendre des nouvelles de Uriel, fraîchement réveillé de sa trop longue agonie, mais elle est venue également lui annoncer qu’elle deviendra son capitaine s’il décide de revenir dans les rangs de la milice quand il le pourra. Elle compte également lui poser quelques questions, parce qu’elle se doute que sa motivation soit restée dans le coma : Quill elle n’en sait rien, mais elle suppose que ça peut être le cas, elle l’a vu dans l’implication de certains, des autres, de ceux qui ne s’en sortent pas entièrement : ils ne restent des fois pas.
Le dragon de komodo ne comprend pas toujours les émotions logées dans les cœurs et les corps, motivée par le travail bien et l’effort, mais elle veut tenter la discussion. Elle espère qu’il va rester dans ses rangs, parce qu’Uriel est un bon élément. Elle aimerait qu’il continue de travailler pour l’unité Lunae, mais elle a besoin de s’assurer du futur de ce dernier.
Elle attend devant la porte, elle qui habite dans la même cité. Ce n’est pas aussi éloignée de son foyer qu’elle le pensait. Quill est venue directement à pieds. Elle espère qu’il est toujours dans son logement, qu’il n’est pas parti bien loin. Le regard sévère, elle fixe la porte d’entrée en attente d’un bruit, d’un mouvement, d’une réponse.
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Sam 30 Déc - 9:52
le futur de l'unité
Sur la table, le désordre. Un désordre qui jamais n’aurait été autorisé si Uriel n’avait pas été seul dans la demeure familiale. A contre cœur, Mère était repartie chasser pour la Milice. A contre cœur, Père était retourné dans ses bureaux. A contre cœur, Frère était parti veiller sur les montagnes. Et bien seul se trouvait le plus grand qui, pour une fois, appréciait le silence de l’endroit. Avant, tout était en ordre. Famille n’était que peu présente au domicile lors des journées de travail, et discussions sur la Milice souvent avaient lieues le soir au dîner ou au petit déjeuner si patrouilles nocturnes s’étaient déroulées. Jamais un repas en journée ensemble. Tous étaient occupés. Longues étaient les palabres sur le travail, et silence ne venait que lorsque dormir se faisait nécessaire. Uriel avait peur de ces moments. Ces moments où il se retrouvait à réfléchir, seul, dans ses draps. Où il paniquait, à propos de son avenir. Où il paniquait, à propos de son présent. Où il pleurait, à propos de son passé. Silence angoissant, rarement brisé. Silence qui l’empêchait de dormir et aidait les cernes à s’installer.
Sur la table, du chocolat. Du chocolat ? En quel honneur ! Chocolat n’était bienvenu que pour les célébrations, pour les invités, pour les jours de fête. Repas devaient être conçus pour le bien être du corps, pour entretenir muscles, par forcément pour plaisir. Protéines étaient maîtresses des bols et assiettes. Plaisirs plus gourmands n’avaient rien à faire dans la composition d’un repas de milicien traditionnel. Oh, secrets parfois étaient échanges de sucreries cependant, quand frères s’en allaient à la boulangerie, tôt le matin avant une journée. Eclairs à la fraise, cookies au chocolat… Ha ! Les petits extras de la vie. Alors pourquoi, en ce jour, Uriel avait-il décidé de sortir des habitudes, de briser les règles ?
Dans le bol, du matcha. Poudre est mélangée, avec sucre, avec beurre, avec farine, avec tant d’autres. Sourire aux lèvres, Uriel cuisine. Il cuisine par plaisir, sans réfléchir. Il cherche de quoi s’occuper, de quoi se changer les idées. Jamais il n’en aurait eu force avant, et ici, elle est bienvenue. Il chantonne, portant petit tablier, cheveux attachés. Détendu, il profite. Dans traditionnelle cuisine, aux couleurs claires où lumière du jour réside, douce odeur se faire sentir. Dans le four, biscuits dorent tranquillement. Depuis plusieurs heures il s’y attèle, Uriel, et heureux il est.
A l’entrée, du bruit. Parents attendaient-ils quelqu’un ? Ou est-ce une autre personne venant pleurer Uriel ? Cœur battant, il essuie mains sur son tablier et se dirige vers le genkan, ce vestibule où il prépare chaussons pour l’invité, sait-on jamais. Classique est à la demeure Kurusu, aux allures traditionnelles japonaises, où nature règne, clarté et lumière cohabitent. Enfin, porte il ouvre, sans savoir sur le bout du nez, pâte à cookie il y a.
« Bonjour. Que puis-je pour vous ? »
Uriel observe, personne en face de lui.
Sans doute pour les parents. Je n’ai aucune idée de qui il s’agit. Ou est-ce encore ma mémoire qui fait des siennes ? Quoique... visage m'est peut-être familier...
« Mes parents sont absents pour le moment, mais je peux laisser un message. »
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Dim 31 Déc - 17:16
futur de l'unité
URIEL . FB . CHEZ URIEL
Face à l’arrivée de l’homme, Quill redécouvre ce visage qu’elle n’avait pas vu depuis des mois. Uriel ne la reconnaît cependant pas. Il parle de ses géniteurs, mais la milicienne n’est pas venue chercher les aînés. Elle est venue chercher le Lunae.
- Bonjour Uriel… Je vois. Je vais refaire les présentations.
Uriel ne se souvient pas. La milicienne fronce les sourcils. Elle n’aime pas ça, les souvenirs effacés, les effets du coma. Elle espère que tout lui reviendra, elle espère qu’un jour, il se souviendra. S’il a besoin d’aide, elle sera là. En attendant, elle commence les présentations, bien qu’elle n’apprécie pas le moment présent. Ses souvenirs ne sont pas absents. Il est contre-intuitif de se présenter de nouveau, alors que les vieilles images bercent encore dans son cerveau. Les images du quartier général, de la milice, de la camaraderie, mais il faut faire connaissance face à ce qui lui semble être devenu l’inconnu.
- Quill Warkne, milicienne et soldate, récemment nommée capitaine de l’unité Lunae. J’ai été promue capitaine dernièrement, pendant que tu étais inconscient. Maintenant que tu es enfin réveillé, je viens prendre de tes nouvelles et discuter si tu as du temps à m’accorder. Je n’habite pas très loin, en réalité.
Sa main lui tend les précieuses denrées achetées pour l’occasion. Elle espère que les goûts d’Uriel n’ont pas changé, ne pas s’être trompée.. Quill sait que la bonne nourriture est un cadeau qui plaît, elle espère ne pas s’être trompée. Il y a dans l’emballage des éléments pour cuisiner, d’autres près à la dégustation comme une brioche pralinée d’Arc-en-Terre.
- Prends ceci, je me souviens que tu aimais bien la cuisine. Ce sont des produits comestibles, des produits du terroir d’Arc-en-Terre pour cuisiner ou à consommer. Il y a des bons morceaux de viandes séchés dans nos montagnes, une crème de marron, des bugnes, ainsi que d'autres produits divers et variés. Je ne savais pas quoi choisir... J'ai préféré varier les plaisirs.
Elle ne l’avouera pas, mais c’est étrange de se présenter de nouveau, de manière professionnelle. C’est presque un peu absurde pour le varan, de mentionner tous les souvenirs d’avant, de ne plus prendre en considération les images d’antan qui pullulent pourtant dans le fond de sa caboche cabossée. Uriel, il n'est plus le même, il est plus amaigri, il a perdu du poids, il n'est plus la personne qu'il était autrefois.
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Sam 6 Jan - 12:39
le futur de l'unité
Elle connait mon nom. Et je ne la connais pas. Ca recommence.
Soupir triste s’échappe des lèvres du milicien quand la personne en face de lui prononce son prénom. Il aimerait tant se souvenir de tout, mais patience, ont dit les médecins. Patience, ça viendra. Patience, tout te reviendra. Pourtant, quelqu’un lui avait bien dit qu’il y avait quelques minimes chances que ça ne soit plus là pour toujours. Mais esprit ne doit pas se laisser abattre. Toujours possible il est de se reconstruire nouveaux souvenirs, de créer nouvelles histoires. Alors Uriel redresse la tête, plus sûr de lui, prêt à redécouvrir et peut-être à rencontrer à nouveau cette personne face à lui, prêt à lui faire rencontrer son nouveau lui-même, celui qui veut avancer, celui qui veut être quelqu’un… de vrai.
Mais sourire se fige. Sourire se fige vite.
Unité Lunae. Milice. Ils viennent me chercher.
Hésitation. Que dire, que répondre ? Comment agir ? Lui qui allait se montrer sous son nouveau jour sent l’angoisse arriver, la panique nouer sa gorge. Respiration plus rapide.
« Je… »
Trop d’hésitations. Il ne fait rien, attendant un peu, écoutant celle qui se présente comme sa nouvelle Capitaine. Trop tard pour claquer la porte et s’enfuir. Trop tard pour dire quoique ce soit. Reflèxes miliciens reprennent un peu le dessus et il tente de se tenir droit, toujours appuyé sur sa canne. Comment soit-il la saluer ? Salut militaire ? Salut traditionnel ? Elle semble si sûr, elle.
Bon sang. Qu’est-ce que je dois faire, qu’est-ce que je dois dire, comment est-ce que l’on fait, déjà ?
« Merci, Capitaine. Ca a l'air délicieux. »
De sa main libre, Uriel prend les cadeaux et s’incline poliment.
Non non non, je ne veux pas, je ne veux pas. « Je euh… » Respire Uriel, respire. Tu ne peux pas te laisser aller comme ça. « Je vous en prie, entrez. » Allez, reprends-toi. Reprends-toi.
Uriel indique les chaussons, tradition de chez lui, et prend la marche une fois Quill prête. Par politesse, l’ancien milicien range également sa veste sur un porte manteau et l’accompagne ensuite jusqu’au salon. Assez simple, l'endroit est lumineux. Quelques plantes sont posées un peu partout, sur des étagères ou à même le sol. Au choix, il y a petits canapés pour les invités qui ne sont pas habitués aux coutumes des Kurusu, près d'une table basse. La famille, elle, souvent prend le thé ou dîne dans un washitsu, une pièce plus sobre recouverte de tatamis.
« Je suis désolé, je… c’est… j’ai encore des difficultés à me souvenir de tout. »
Etions-nous amis ? Etions-nous rivaux ? Nous connaissions nous bien ? Elle vient me chercher. Elle veut que j’y retourne, pas vrai ?
« Je vous en prie… installez-vous. Devrais- je vous tutoyer ? Quoique, vous êtes ma capitaine maintenant alors… »
Rire nerveux. Sur la table, il pose les cadeaux et prépare le service à thé.
« Du thé ? Je suis en train de faire cuire quelques cookies mais ils seront prêts dans quelques minutes… »
Sourire revient, machinalement. Comme avant. Pendant quelques instants sans doute deviendra-t-il à nouveau le milicien qu’il était avant l’accident.
« Est-ce que tout se passe bien dans l’unité ? Il doit y avoir beaucoup de travail, il y en a toujours beaucoup eu après tout. Tout le monde va bien hein ? »
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Sam 6 Jan - 20:49
futur de l'unité
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Devant les hésitations, les temps qui prennent de la place, Quill fronce les sourcils, admet l’inquiétude sur sa façade bariolée de balafres. Il est différent Uriel, il n’est peut-être plus le même homme qu’avant. Elle ne le coupe pas pour le moment, tente de faire preuve de patience devant l’ancien comateux.
- Ce n’est pas grand chose. Je te remercie pour ton accueil.
Quill passe la première dans une batisse décorée d’un style ancien qui ne lui dit rien. La décoration ne ressemble pas à quelque chose de connu. Cela doit être quelque chose de familial, une tradition des Kurusu. Elle retire ses souliers à l’entrée afin de ne rien salir et dépose sa veste entre les mains du milicien à l’arrêt pour que ce dernier puisse la ranger. Quill préfère s’installer dans un sofa, chose qu’elle connaît mieux. Elle aime ses propres coutumes, elle ne préfère pas faire de bêtises et s’assoie contre ce qu’elle connaît, un bon vieux fauteuil confortable.
- Je vois Uriel… Ne t’excuses pas pour ça. Tu n’as pas à t’excuser. C'est un type de décoration et de sol que je connais pas... Cela fait parti de l'histoire de ta famille n'est ce pas ?
Elle est un peu gênée Quill. Elle ne veut pas voir Uriel s’excuser. S’il ne se souvient de rien, ce n’est pas de son ressort. Quill a entendu parlé des faits, si elle ne s’est pas occupée de cette affaire les échos dans la milice sont vite propagés dans les couloirs. La dragon de komodo a entendu plusieurs fois la même histoire.
- Pour le moment, fais comme tu le sens. Tu n’es pas encore officiellement revenu dans mes rangs. Je ne t'obligerai à rien.
Au fond du fauteuil, elle préfère préciser qu’il n’y a probablement pas d’attente à son égard, que si sa mémoire est encore dans le brouillard, elle lui laissera amplement le choix. Quill aime l’ordre, prendre les décisions, mais aujourd'hui Uriel n'est plus qu'un civil. Elle ne compte pas lui mettre la pression. La capitaine est là pour lui poser les bonnes questions, pour lui demander s’il compte un jour reprendre des missions, ou s’il compte peut-être déposer sa démission.
- Je veux bien du thé s'il te plait. Si tu veux me faire goûter tes cookies… Je ne refuse pas.
Quill aime bien boire et manger. Si elle préfère le thé au café, elle ne refuse pas une boisson chaude et réconfortante.
- Tout se passe bien. Enfin, je fais mon maximum pour que tous les miliciens de l’unité s’épanouissent. Du travail… Il y en aura toujours. Haklyone est un sacré bordel. Il y a toujours des dossiers à remplir, des interventions à mener, des missions qui s’accumulent. Les miliciens se portent bien. Ne t’en fais pas pour les autres, je pense que tu devrais d'abord penser à toi… D’ailleurs Uriel, comment vas-tu ?
Elle est une jeune capitaine maintenant. Elle doit prendre les devants.
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Ven 19 Jan - 12:18
le futur de l'unité
On va me forcer à y retourner.
C’est la panique, dans sa tête. Il a peur, Uriel, peur qu’on lui demande de reprendre son rôle, peur de reprendre les patrouilles, peur de retourner dans ces rues sombres qui puent la crasse, qui puent l’angoisse. Sans doute aurait-il préféré se présenter sous un meilleur jour, sans la panique, dans un état… normal. Mais avant que ce Uriel puisse se montrer, il faudra du temps. Beaucoup de temps. Mais il faut se concentre. Il faut qu’il se reprenne.
« J’ai toujours vu ma demeure comme ça… mes ancêtres avaient cette maison avant nous, mes grands-parents apprécient toujours la décoration. Je pense que mon frère ou moins hériteront de quelques objets de décoration un jour ! »
Retour rapide dans la cuisine, une fois sa capitaine installée. Heureusement que les parents ne sont pas présents, sinon auraient-ils râlés face au bazar qu’Uriel a pu mettre de partout. A ranger plus tard, se souffle-t-il, Il sert du thé, thé jasmin pour l’occasion, va regarder l’état des cookies d’un geste rapide. Comme un robot, la tête dans les pensées La cuisine de Kurusu est bercée dans cette odeur de matcha. Les pensées d’Uriel sont plongées dans ses souvenirs.
Quill Warkne. Quill Warkne. Quill Warkne. Ca ne revient pas. Si. Quelques petites choses.
Tout ce qui de près ou de loin touche à la milice a été effacé de son esprit. Quoique non. Pas tout. Surtout les bons souvenirs. Il ne reste que l’horreur, ses collègues trop peu professionnels, la violence.
Il faut se forcer pour se souvenir du reste. Quill, il voit son visage, un verre à la main, dans la salle de repos. Des mots échangés sur les missions partagées, eux cependant, qui restent effacés. Tout de même un bon début, non, que de voir son visage ?
« J’arrive dans quelques secondes, les cookies méritaient au moins une minute de cuisson en plus. »
Un beau plateau couleur crème décoré de quelques fleurs, délicatement il dépose les cookies encore chauds dessus, sourire aux lèvres. Se réconforter dans la cuisine lui fait un bien fou. En quelques secondes, il réapparait dans le salon, installant sur la table basse les différents délices jusqu’à s’installer en face de sa nouvelle capitaine, s’installant sur son zabuton.
« Je vous… t’en prie, tu peux te servir. » Je dois faire des efforts, si nous nous connaissions bien.
A la dernière question, il cligne des yeux et sourit, habitude.
« Oh… Ca va. Je reprends des forces, je cuisine ! Ca me fait du bien. Mon frère m’a acheté une sorbetière récemment et… »
Silence. Il croque dans un cookie. Le chocolat blanc a tout légèrement fondu, juste comme il faut, se mélangeant à la saveur du matcha. Ca rassure, ça fait du bien…
« Pardon, je m’égare ! Je suis content que tout se passe bien dans l’équipe… Quelques personnes sont venues me voir, ça me rassure un peu. »
Un regard vers ma nouvelle Capitaine.
« Je… Tu es venu me demander si j’allais reprendre, pas vrai ? Si j’allais retourner à la patrouille ? »
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Dim 21 Jan - 14:10
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- Je vois… C’est coquet.
Quill c’est la première fois qu’elle voit ça. Dans sa famille, on a gardé les gros bras, les muscles et les carrures qui prennent de la place. Les mémoires des anciens s’effacent avec les générations et la fratrie n’a laissé au présent que les présages des conflits familiaux et le goût pour les alcools qui réchauffent.
Dans le fauteuil du salon, elle réfléchit déjà à son plan d’action. Un coup d’avance pour demander s’il revient ou s’il quitte les rangs. Elle devra recruter un nouvel agent pour le remplacer si ce n’est pas le cas, elle devra attendre que les académiciens termine leur année à moins qu’une âme charitable accepte de se faire muter. Quill, elle doit pouvoir compter sur les miliciens engagés, mais si Uriel se décide à les quitter, il n’aurait même pas besoin de se justifier. Le passé laisse parfois trop d’entailles, jusqu’à faire tomber même les âmes les plus solides. Uriel n’a peut-être plus l’envie de revivre ce passé de milicien et de revoir les images hostiles. Quill, elle ne bougera pas tant qu’elle ne saura pas, tant qu’elle n’aura pas vérifier l’état mental dans lequel Uriel est baigné.
Dans la poigne, elle prend le verre de thé chaud. Elle aime la chaleur des boissons, c’est réconfortant. Elle sourit doucement à Uriel.
- Merci. Pas de souci, je t’attends.
Elle découvre les cookies préparés et l’eau vient à sa bouche pour la faire saliver. L’appétit vient en mangeant.
- Tu me ravies. J’adore bien manger. Surtout quand c’est bien préparé. Quill est aussi méticuleuse en cuisine que dans ses rangs armés.
- Tant mieux. Je suis contente que tu prennes soin de toi. C’est le plus important. Après tout ça. Elle apporte également le biscuit jusqu’à son visage déformé par les balafres pour le dévorer. Le chocolat fond dans sa bouche, elle s’en satisfait.
- Nous sommes là pour toi. Si tu as besoin d’aides diverses, tu peux les demander, un soutien psychologique, ou tout autre chose. Il y a des accompagements adaptés.
L'oeillade soutenue, elle hoche le visage puis finit par avouer.
- En effet. Je suis venue voir ton état puis discuter avec toi de ce sujet. Je voulais savoir comment tu te sentais après tout ça. Moi, je n’ai pas tout suivi, mais depuis que j’ai pris mon grade je dois veiller sur mes agents. Tu n’es pas obligé de me donner une réponse immédiate, mais si tu as déjà une idée de ta décison, je veux bien la connaître. Sache que personne ne t’en voudra et que peu importe ta décision : je suis fière de toi.
Pour s’être réveillé, pour avoir lutter, pour tenir encore debout.
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Lun 12 Fév - 20:32
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Je ne veux pas y retourner.
« Merci pour ton honnêteté »
Je ne veux pas y retourner.
« Ca compte beaucoup pour moi de voir que… que l’on me demande mon avis. »
Je ne veux pas y retourner.
« Peut-être que je reviendrai ? Je crois que l’unité me manque. »
Quoi ? Uriel, quoi ? Mais qu’est-ce qu’il me prend ? Pourquoi est-ce que je réponds ça ? Pourquoi suis-je si faible ?
Un échec, je suis un véritable échec. Depuis mon réveil, je n’attends que de poser ma démission, de dire au revoir. Mais il faut que j’arrête de me voiler la face. J’en suis incapable. Je n’ai jamais été capable de dire non, de refuser mon rôle, de prendre mon courage entre deux mains et enfin imposer ma propre volonté.
Petit regard dans le vide. Uriel se décompose. Plongé dans son esprit, il réfléchit, tenant toujours entre ses doigts la tasse de thé qui devient bien trop chaude pour sa peau. Corps agit plus vite qu’esprit et tasse retombe au sol lourdement. Au moins, la brulure est évitée. Le sol, lui, est taché.
« Pardon je… désolé… »
Petit torchon en main, il éponge en soupirant, n’osant plus réellement lever la tête. Il panique, là, faible milicien, bras maigrichons, jambes tremblantes, visage émacié. Il panique, là, le requin-baleine, impression que son anima est toute toute toute petite, se noyant dans le restant de thé de la tasse.
« Est-ce que j’étais un si bon milicien que tout le monde le dit.. ? »
Ca s’échappe de ses lèvres.
« Tout le monde en parle mais. Est-ce que j’ai fait de mauvaises choses ? Pourquoi est-ce qu’on me demande de revenir à tout prix ? »
Ce n’est pas ce qu’elle a dit, Uriel. Mais c’est comme cela que tu sembles l’entendre.
« J’ai… peur d’y retourner. Je crois. »
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Mer 10 Avr - 11:54
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URIEL . FB . CHEZ URIEL
- C’est mon devoir.
Quill, elle est fière de pouvoir user de son honnêteté tranchante. Depuis qu’elle a pris son poste, elle s’efforce de dire les vérités, celles qu’on ne daigne pas vouloir voir en face, de ne pas prendre de pincette. Elle n’a jamais su le faire en réalité, à user des paroles trop crues, à faire s’effondrer les guibolles sous la pression. La confiance se gagne également par cette forme dure de communication.
- Personne ne va te ramener de force dans les locaux de la milice.
Quill, elle ne compte pas le traîner jusqu’à son service le lendemain. Il est libre de choisir une autre voix, un autre chemin, ou même de se réorienter au sein même des services miliciens. Ce n’est pas sa vie et même si elle aimerait qu’il revienne, c’est à ses conditions.
- L’unité garde ses portes ouvertes.
Qu’elle dit en hochant la tête en veillant à ne pas se faire asperger par l’eau trop chaude. Elle en profite pour boire quelques gorgées dans la tasse qu’elle dépose au bord de ses lippes balafrées. Le regard désapprobateur sur le chaos s’estompe en même temps qu’Uriel vient assécher l’inondation.
- Ne t’excuse pas.
Toujours droite dans le fond du dossier, Quill ne veut pas d’excuses. Elle ne veut pas entendre la désolation. Quill, elle veut des hommes, des femmes, des individus fiers à ses côtés. Uriel, il n’a plus les allures d’avant, il est devenu fragilité , mais il reste un agent important à ses yeux. Elle reconnaît que malgré toutes ses actions, la chance n’a pas été à ses côtés.
- Tu as donné le meilleur de toi dans un contexte compliqué. Disons que c’est plus que ce que font certains miliciens qui préfèrent se contenter à faire semblant de travailler.
Puis elle décore son discours de sa vision. Quill, elle est dure, elle ne parle jamais de héro, parce qu’elle sait que le monde est trop fourbe, que les vices sont planqués sous les sourires trop faux.
- Tous le monde peut être vil, tous le monde peut se tromper, tous le monde peut mal agir. Tous le monde a des tords, nous sommes tous le méchant d’une autre histoire. Tu n’es probablement pas épargné par le jugement... Je suis bien trop rigide pour parler de ce sujet, mais la milice ne te reproche rien. Tu n’as rien à te reprocher.
Quill préfère prévenir et reprendre ce qu’elle disait. Uriel semble avoir déformé ses mots, mais le dragon de komodo cherche à ce qu’il soit libre sans trop insister. Elle remet les points sur les i, son visage légèrement froissé sous les sourcils froncés.
- Je ne te demande pas de revenir à tout prix. Je te demande de revenir si TU le désires. Alors prends le temps qu’il te faut pour y réfléchir. Il n’y a pas d’urgence. Après un tel traumatisme, physique et psychique, il est normal de prendre du temps avant de se placer. Si tu n’avais pas peur, tu serais un inconscient.
Quill, elle trouverait ça idiot de revenir sans y réfléchir, après un tel changement, après un tel choc, après un tel bouleversement. Uriel n’est pas fou, ni bête, ni inconscient. C’est rassurant.
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Mar 23 Avr - 12:07
le futur de l'unité
Rien… à me reprocher. Ca résonne, dans mon esprit. Ca résonne, dans mon cœur. J’ai sans doute des choses à me reprocher. J’ai dû en faire, des erreurs. J’ai dû en faire, des mauvais choix. Peut-être pas pour la milice. Mais pour moi.
Il ose enfin redresser la tête, Uriel. Il regarde Quill, en face de lui. Il regarde cette milicienne qui est là, qui se tient droit. Une vraie milicienne. Ce qu’il ne peut plus devenir. Ce qu’il ne veut plus devenir. Un sourire se glisse sur ses lèvres, finalement. Peut-être qu’il n’avait jamais été fait pour ça. Il avait tant voulu plaire à sa famille, garder les traditions. Il avait tant voulu être comme eux qu’il en avait oublié d’être lui-même. Et en voyant Quill, en voyant celle qui est l’une des plus respectables des miliciennes… Uriel se rend compte qu’il ne sera jamais ainsi.
Et que ce n’est pas grave.
Il aime aider les gens, Uriel. La Milice offre ça. Mais la Milice offre aussi les moments difficiles. Et ça, Uriel n’aime pas. Des personnes comme Quill peuvent gérer ces choses-là. Pas lui. Pas Uriel.
« Pour le moment… » Une gorgée de thé.
Ca ne peut que m’aider.
« Je crois que… »
Allez, vas-y, dis-le cette fois.
« … j’ai envie de rester chez moi. »
Tu y es presque.
« Je n’ai pas envie de retourner à la Milice. »
Un rire s’arrache des lèvres du jeune homme quand il regarde Quill.
J’ai réussi.
Cœur battant, il croque dans un biscuit, heureux d’avoir pu enfin dire ce qu’il a sur le cœur depuis des années, vraiment. Car avant même l’accident, il n’avait plus envie, il n’avait plus cette force.
« Je n’ai plus envie d’y retourner depuis mes vingt ans. »
J’admets.
Quelques larmes coulent sur ses joues, mais toujours avec ce sourire, Uriel regarde Quill. Il n’a jamais été aussi fier d’annoncer ce qu’il a en lui depuis tant de temps. Et il ne s’en excuse même pas.
« J’ai envie de faire de la cuisine. J’ai envie de préparer des repas pour plein de personnes. J’ai envie de faire des gâteaux. J’ai envie de… d’être heureux. »
Du revers de sa manche, Uriel essuie ses larmes. Il avait beaucoup de choses à dire. Et c’est fait.
