C'est une journée semblable à beaucoup d'autres depuis que Madame Kusakabe a commencé à lâcher du leste et à laisser de plus en plus Ari gérer la boutique de fleurs. Il fait plutôt beau, le soleil très blanc dans le ciel, malgré les nuages passant de temps à autre dans le ciel pur et céruléen de cette fin de matinée. Un petit vent balayait la ville, apportant des effluves de pollen mais aussi des petits frissons qui parcouraient la colonne vertébrale. Il avait sorti les tourniquets de graines et quelques nouvaux pots. L'arrivage ayant déjà été mis en place, avec quelques difficultés dues aux raideurs de son corps particulièrement gênantes ce jour là, il avait pris le temps d'arranger joliment les fleurs, qu'il avait regroupées par couleurs. La diversité des formes, des odeurs et des couleurs lui donna un peu de baume au coeur, alors qu'il en triait certaines, récupérant quelques unes, bien ouvertes, pour composer un premier bouquet. Il avait petit à petit pris l'habitude d'en faire certaines moins chères lorsqu'il était clair qu'elles étaient ouvertes depuis un petit bout de temps, histoire de ne pas gaspiller, le prix à une portion de celui d'origine. Et celles qui étaient dans la même botte mais en meilleur état venaient orner d'autres bouquets. Louise Kusakabe lui avait donné sa bénédiction, considérant même que c'était une bonne idée. C'était donc après avoir fait tout l'arrangement, mais aussi arrosé les plantes vertes et épousseté les pots qu'il s'était mis à composer un bouquet, une tasse de thé odorante fumant sur le comptoir à côté de sa paire de cisailles. Il lui arrivait encore, malgré la thérapie, malgré tout, de regarder fixement l'outil et d'imaginer s'en sectionner quelque artère ou s'en suriner quelque organe vital. Toutefois, il faisait ce qu'on lui avait dit. Il regardait autour de lui, il se fixait dans le sol, comme une plante, et il se délectait du décor dans lequel il était chaque jour.
En tout cas à l'heure actuelle, ses longs doigts fins, bien que moins habiles et souples que quelque années avant, étaient occupés à assembler un bouquet dans les tons de rose et violt et violet avec des fleurs de printemps. Autour de quelques branches de lilas, venaient s'arranger vaporeusement de la gypsophile, quelques campanules et, partant de manière un peu folle autour, des pois de senteur aux tons rosés. Il regardait le bouquet de face, l'éloignant un peu de son visage pour mieux l'observer. Dans la boutique résonnait la playlist jazzy choisie par Madame Kusakabe, et il se prenait à fredonner au son de la musique alors qu'il rapprochait de nouveau le bouquet, en humant le parfum frais et légèrement sucré. Il ferma les yeux, inspirant l'odeur des lilas, et se dit que s'il lui en restait sur les bras, il pourrait en faire du thé, du sirop, ou de la gelée. Il se rappela ensuite qu'en général, il n'en restait pas, mais il pourrait toujours aller en chercher lui même dans la forêt... Oui, après tout, pourquoi pas. Il n'avait qu'à y aller pendant son jour de repos. Il terminait son bouquet de quelques branchages, et l'enveloppa dans du papier kraft. Il n'utilisait jamais de plastique, seulement des feuilles de soie ou de papier marron, parfois du journal si le bouquet s'y prêtait. Seulement, alors, s'autorisa-t-il, après avoir exposé le bouquet, à siroter son thé en attendant le premier client du jour. :copyright: 2981 12289 0
Septembre 2099 : Lunapolis - Grande Rue des Mondes
*FLASHBACK : Printemps 2099*
Brr ! J'avais oublié qu'il faisait toujours plus froid dans les terres qu'en bord de mer. La pâleur du ciel m'a induit en erreur et si je suis couverte, je ne peux cependant pas échapper à la morsure de la bise extérieure. Enfin, il est vrai aussi que depuis toujours, je crains davantage le froid que les autres alors en ce jour, la réalité ne changera pas. Du coup, j'ai pressé un peu le pas pour rejoindre la boulangerie tout en venant prendre des petites rues plutôt que les artères principales. Au moins ici, je suis protégée du vent.
Mais je connais fort mal la ville en dehors du trajet que je pratique régulièrement aussi, je me retrouve rapidement à tourner un peu en rond, plus ou moins perdue. Et comme il n'y a personne dehors, demander mon chemin risque de s'avérer difficile. Alors, je réduis l'allure et me met à prêter plus d'attention à mon environnement. C'est ainsi que mon regard a fini par s'attarder sur cette devanture, à la fois traditionnelle et surprenante.
Un fleuriste n'a rien de surprenant en soi mais est-ce l'arrangement des fleurs à l'entrée, l'odeur qui vient me titiller les narines ou la présence rassurante des plantes qui m'a attiré vers elle ? Je ne le saurais jamais réellement. En tout cas, j'ai poussé cette porte, lâchant un soupir de soulagement à la douceur de la température de la pièce. Moi aussi, j'ai besoin de chaleur pour m'épanouir, idée qui me fait doucement sourire alors qu'en silence, je viens simplement avancer au milieu des plantes.
Pas souple et léger, j'effleure à peine du bout des doigts les feuilles ou les tiges venant me frôler. mon regard se pose sur chaque pot, chaque fleur présente pour venir m'en rappeler le nom, la famille et les propriétés. En tant qu'herboriste, il s'agit d'un jeu d'enfant et qui bêtement, me rassure un peu. Ici, je me sens un peu comme chez moi. Ce qui est plutôt une pensée étrange sachant que je n'en ai même pas réellement, justement.
Enfin, de nouveau, il y a cette fragrance, discrète mais bien perceptible à mon odorat plus développé. Comme une effluve enivrante, que je ne parviens pas à me sortir de la tête. Je sens que j'en cherche l'origine, laissant mon nez se froncer davantage avant de me retrouver devant une plante à la fois nouvelle et connue. Car si cette forme ne me dit rien, l'apparence correspond au rendu de cette famille et l'odeur, elle, ne peut pas me tromper.
"- On dirait... une sorte de cataire... "
Mon âme de lynx ne reste pas insensible à l'herbe à chat présente devant moi. Mais la curiosité de découvrir une nouvelle plante prend vite le dessus sur ma demi nature. Si le climat peut changer entre le Babel et Lunapolis, il est logique aussi que les plantes fassent de même pour s'adapter. En tout cas, me voici accroupie devant ce pot, observant son contenu avec beaucoup d'attention pour le détailler sous toutes ses coutures.
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Mar 10 Oct - 0:35
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Il la salue d'une voix discrète, presque inaudible, quand la jeune fille à la chevelure sombre entre dans sa boutique. La suit du regard, d'un air un peu distrait, alors qu'il entame un second bouquet, histoire de ne pas avoir l'air de rien faire. Il la voit toucher les plantes, l'air un peu dans la lune, le pas si léger qu'il semblerait qu'elle cherche à éviter de laisser une quelconque marque sur le monde. Dans son allure, il se reconnaît un peu, toutefois elle dégage aussi, à cet instant précis, une tranquilité qu'Ari ne croit jamais avoir exsudé. Alors, il ne va pas la déranger. Il reste à l'affut, mais lui laisse le loisir de déambuler dans le magasin sans rien lui demander. Après tout, il avait fait un nombre particulièrement élevé d'allées et venues sur ce même sol, dans cette même rue, avant d'oser finalement acheter quelque chose. Et il n'est pas le genre à vouloir effaroucher quelqu'un dont il ne sait rien.
La nymphe semble avoir repéré quelque chose, car elle se redresse un peu, se dirigeant vers une plante en particulier, et le fleuriste plisse un peu les yeux pour voir de quoi il s'agit. Gardant son bouquet entre les mains, il contourne alors le comptoir, se dirigeant vers elle d'un pas tout aussi léger que le sien, et il se penche un peu à côté d'elle, à distance respectable, lorsqu'il la voit humer les feuilles et les petites fleurs pourpres des grandes hambes veloutées. Elle marmonne, et il sourit. "C'en est," fait-il. "Nous en avons toujours quelques plans car certains de nos clients en sont très friands," Il ne précise évidemment pas qu'il s'agit généralement de clients aux animas félins, étant donné que ceux ci sont particulièrment sensible aux effluves et aux propriétés euphorisantes et calmantes de la plante, qui pourtant a bien d'autres qualités.
Il profite d'être un peu plus près pour regarder la jeune fille un peu mieux, plus par curiosité et manque d'habitude d'en avoir l'occasion que par une quelconque intention. Il n'a jamais vu quelqu'un avec des yeux comme ça, toutefois il ne les regarde pas longtemps, par peur d'être inconvenant. Malgré le temps doux, elle porte des manches longues et un pantalon, toutefois il ne se permettrait pas de juger, lui même pantalon de coton noir et en chemise sous son tablier, bien que les manches en soit retroussées partiellement, ses gants protecteurs pour manipuler les fleurs alliés au coton blanc permettant de cacher l'immense majorité des cicatrices qui ornent ses bras, ses lunettes camouflant celle au coin de son nez mais toutefois celle sur le côté de sa mâchoire visible, car sans un masque où une écharpe il risquerait d'être un peu compliqué de le faire d'une manière qui ne soit pas suspicieuse. Il se redresse, et reprend: "Nous en avons aussi de la séchée, en poudre." :copyright: 2981 12289 0
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*FLASHBACK : Printemps 2099*
"C'en est"
Ainsi donc, mon instinct ne m'a pas trompé. Bêtement, cela me fait plaisir. Le fait d'avoir un corps abritant deux âmes aussi différentes me rend parfois les choses plus complexes, sans compter en plus ma vision défaillante. Alors, cette simple affirmation, je la vis comme une petite victoire personnelle.
"Nous en avons toujours quelques plans car certains de nos clients en sont très friands"
Oui, c'est parfaitement logique. Après, est-ce que je fais partie de ce genre de clients, du coup ? J'apprécie cette effluve, elle a tendance à m'attirer mais une fois repérée, je m'en passe aussi sans mal. Avantage ou inconvénient de mon anima double ? Je ne saurais le dire. Sans doute parce que dans le fond, cela n'a pas grande importance.
"Nous en avons aussi de la séchée, en poudre."
Ils ont vraiment pensé à tout. Cela fait se marquer davantage mon sourire alors que mes doigts reviennent caresser avec une grande douceur les petites fleurs me faisant face. Elles sont douces à leur manière mais moins que les feuilles je trouve. Et les nervures sont plus marquées sur cette plante que sur celles que j'avais déjà étudié après les avoir ramassées du côté de Babel.
Quittant la fleur, mes doigts viennent sortir de ma poche ce petit carnet qui ne me quitte jamais. Me voilà en train de griffonner dessus quelques mots, en caractères assez espacés et bien marqués avant d'y ajouter quelques symboles. Un système d'écriture qui m'est propre, un peu particulier mais bien pratique même s'il parait codé aux yeux des non chercheurs.
"- Veuillez pardonner ma question mais... Pouvez-vous me dire de quelle couleur sont ces fleurs, s'il vous plait ? "
Détail qu'il m'est impossible de deviner seule. Je les dirais plutôt foncées mais je n'ai pas la possibilité d'en savoir plus. Et en posant mon regard un instant sur le fleuriste à mes côtés, mon expression se fera aussi douce que gênée. Oui, j'ai besoin de son aide pour quelque chose d'aussi insignifiant et je m'en veux de l'ennuyer pour si peu.
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Mer 18 Oct - 13:32
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Il se sent un peu bête, de rester planté là alors que la jeune fille face à lui ne dit rien, semblant seulement l'écouter, quoiqu'encore il ne pourrait pas vraiment en être sûr puisque son regard reste sur la plante, ses doigts venant en toucher les fleurs. Il devrait peut être la réprimander, mais elle le fait avec tant de délicatesse qu'il se dit que ça serait injuste. Alors, il reste juste là, les bras ballants, à tenir son bouquet interrompu. Il la regarde sortir un carnet et griffonner dessus des choses qu'il ne s'autorise pas à lire. Il détourne le regard, puis son corps, et commence à s'éloigner, prêt à reprendre sa composition... Quand la voix l'interpelle.
Poliement, il revient vers elle, et cette fois s'accroupit à ses côtés. "De quelle couleur...?" commence-t-il. Il s'en veut un peu, car au fond de lui, il est rassuré de savoir que ce à quoi ressemblent ses yeux impactent sa vision, aussi il se flagelle et s'efforce de regarder la cliente. "Hm... Eh bien..." Il prend le temps de bien regarder les fleurs avant de les décrire. "Les sépales et les calices sont d'un pourpre foncé, tirant un peu plus sur le rouge que le bleu... Les fleurs, elles, au plus près du calice sont mauves, et elles éclaircissent au fur et à mesure du pétale, qui finit d'un parme très clair. Il y a juste quelques veinules plus foncées tout le long de la fleur," explique-t-il le plus précisément possible, avant de reporter ses iris sur la mystérieuse visiteuse. Est-elle étudiante en botanique? Simplement amatrice de plantes? Autant de questions qu'il ne pose pas, de peur d'être inconvenant ou simplement ennuyeux.
Il se redresse avec une légère grimace, les tendons de ses jambes le faisant souffrir depuis sa chute. Il s'appuie sur sa cuisse pour réussir à se relever, et plusieurs articulations craquent alors qu'il manque de faire tomber ses lunettes, qu'il rattrape et remet sur son nez in extremis, cachant un peu la balafre sur la pente de son nez. "Si je peux vous venir en aide d'une quelconque manière que ce soit, n'hésitez pas," suggère-t-il d'une voix douce avant de retourner derrière le comptoir où il reprend sa composition, sans touefois manquer de jeter quelques regards dans la boutique, un peu intrigué par l'attitude de la jeune femme qu'il n'avait jamais vu jusque là, se demandant si elle va butiner une autre fleur, ou si cette lampée-ci si lui a suffi.
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"De quelle couleur...?."
Un instant de flottement, terriblement connu mais toujours aussi gênant. Avouer sa faiblesse n'est jamais chose facile, même en étant habituée à ce fait. Aussi, je me contente de sourire un peu plus et d'hocher la tête, pour appuyer mes paroles.
"Hm... Eh bien... Les sépales et les calices sont d'un pourpre foncé, tirant un peu plus sur le rouge que le bleu... Les fleurs, elles, au plus près du calice sont mauves, et elles éclaircissent au fur et à mesure du pétale, qui finit d'un parme très clair. Il y a juste quelques veinules plus foncées tout le long de la fleur."
Si je ne le regarderais pas, ce ne sera que pour me concentrer sur son discours. Mes paupières se fermeront quelques secondes à la fin de sa description, comme pour venir essayer de visualiser ce qu'il vient de me raconter. Cependant, ces mots n'auront jamais le moindre sens pour moi. Rouge, bleu, pourpre et parme me resteront de plus grands mystères que la plante en elle-même. Déjà, mes doigts s'activent pour ne surtout rien perdre de son récit. Une si belle description est rare, je ne veux pas la laisser m'échapper.
Je perçois sans mal le son des os qui craquent et me retourne un instant, un peu surprise et inquiète. Visiblement, il va bien et pourtant, il y avait quelque chose dans ce bruit, comme une plainte sourde et lointaine. Enfin, il ne s'agit que de mon ressenti et lui semble aller bien alors, il vaut mieux que je le laisse travailler.
"Si je peux vous venir en aide d'une quelconque manière que ce soit, n'hésitez pas,"
"- Merci beaucoup. "
Remerciements sincères de ma part. Il m'a déjà été d'une grande aide même s'il ne le réalise surement pas alors, je ne veux pas lui en demander davantage non plus. Je termine mon observation, me retenant de ne pas venir humer trop fortement ce parfum addictif à une part de mon être. Dernière caresse à la plante avant de me redresser et de reculer un peu, mes pas prenant lentement la direction de la sortie. Avant de faire demi-tour.
Nouveau regard pour cette belle azurée. Ma main qui se tend, hésitante un instant avant de venir se saisir du pot avec autant de douceur que j'en ai pris à caresser ses fleurs et ses feuilles. Tête qui se penche de droite puis de gauche, comme pour valider ma décision avant de me diriger vers le comptoir et d'y déposer ma trouvaille du jour.
"- Excusez moi, croyez vous qu'elle supportera bien un long trajet ? Y a t'il quelque chose que je puisse faire pour l'y aider ? "
Il me faut rentrer sur Babel et je ne voudrais pas que cela suffise à la faire dépérir. Tant de changements si vite, voilà qui peut affecter très vite l'état d'une plante, au point de les faire faner en quelques heures, souci que je souhaite à tout prix éviter. Aussi, me voilà de nouveau devant lui, espérant de nouveau une réponse positive de sa part.
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Lun 23 Oct - 2:22
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Il regarde la brunette humer la cataire, un poil amusé. Sa réticence et sa retenue, peu communes en face de cette plante chez les animas félins, l'attendrit un peu. Il s'interroge. Va-t-elle la prendre? S'est elle contentée de l'observer? Elle se redresse et lui aussi, un peu, inconsciemment, les tiges toujours entre ses longs doigts aux ongles un peu rongés qu'il arrange les unes autour des autres dans le but de créer une forme d'harmonie.
Ah, se dit-il en voyant l'apparition s'éloigner vers la porte, prête à s'évaporer dans la foule toute relative des passants urbains. Il continue son bouquet, attendant qu'elle passe la porte pour lui souhaiter une bonne journée... ce qu'elle ne fait pas. Il a un demi-sourire. Il reconnait cette hésitation, pour en avoir été l'hôte de multiples fois quelques temps auparavant. Cela lui avait pris plusieurs mois, alors même qu'il en avait toujours eu envie, depuis l'enfance, pour acheter son premier bouquet. Il s'en souvient particulièrement bien. Il était tout petit, facile à amener discrètement jusqu'à sa chambre dans l'appartement de ses parents, dans des tons de mauve, violet profond et bleu, avec des anémones, des clématites et une fleur d'hortensia. Il l'avait acheté dans cette boutique même où il travaille à présent, et un léger vertige le prend de réaliser qu'il aurait loupé tout cela s'il avait chu comme il le voulait et s'il avait obtenu le résultat espéré. Il y a une sorte de joie qui vient également s'insinuer en lui, ou peut être de fierté d'avoir réussi à changer les pires aspects de sa vie depuis.
En tout cas, en la voyant prendre le pot et le serrer un peu contre elle, il ne peut retenir un léger sourire, discret, surtout en devinant l'hésitation dans son expression, ayant un peu l'impression de se revoir lui plus jeune de quelques années. Aussi, il termine son bouquet, et est en train de le nouer quand elle se tourne vers lui. levant son regard sur elle avec un léger sourire. À la question, il fait une toute petite moue de réflexion. "Un long trajet... "long" c'est à dire? Est-ce qu'il y aura des changements de température importants? Je peux vous donner un sac pour la transporter sans trop l'abîmer, et normalement tant que le climat est sensiblement le même ça ira. Je vous recommande simplement d'attendre au moins vingt-quatre heures pour l'arroser, puis d'ici environ... deux ou trois semaines, vous pourrez la retirer du pot nurserie pour la mettre dans un pot plus permanent, bien drainé, avec idéalement une terre riche en calcaire." Il l'observe, curieux, sans se cacher autant que plus tôt. Est-ce un premier achat de plante ou bien est-elle une naturophile chevronnée? Avec sa stature frêle et son visage poupin, il est difficile de vraiment lui donner un âge,, aussi il s'abstiendra de présumer quoi que ce soit quant à son hypothétique jeunesse et son lien avec une quelconque nervosité... Dans des circonstances moins familières, Ari, du haut de sa trentaine bien pesée, n'en mènerait sûrement pas beaucoup plus large.
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"Un long trajet... "long" c'est à dire? Est-ce qu'il y aura des changements de température importants? Je peux vous donner un sac pour la transporter sans trop l'abîmer, et normalement tant que le climat est sensiblement le même ça ira. Je vous recommande simplement d'attendre au moins vingt-quatre heures pour l'arroser, puis d'ici environ... deux ou trois semaines, vous pourrez la retirer du pot nurserie pour la mettre dans un pot plus permanent, bien drainé, avec idéalement une terre riche en calcaire ."
J'écoute toutes ses explications avec beaucoup d'attention, souriant doucement en à ses conseils. Apparemment, rien d'insurmontable en soi. Il s'agit de manipulations connues, de soins simples et faciles à réaliser. J'ai déjà tout ce qu'il faut au Centre aussi, je suis rassurée. Il n'y a aura donc que le temps de voyage qui pourra se révéler un tant soit peu périlleux.
"- Cela devrait aller, pour la température. Il n'y a pas de si grand écart entre ici et Babel. Juste quelques heures de transports. Et j'accepterais volontiers un sac. "
Mine de rien, en voyant le bouquet qu'il a entre les mains, je ne doute pas qu'il saura également emballé cette plante comme il se doit afin qu'elle souffre le moins possible de son déplacement. Il a pris grand soin de celles entre ses mains et vu la manière dont il m'a déjà répondu, je lui fais totalement confiance pour préserver au mieux l'intégrité de mon achat.
Je viens donc laisser ma nouvelle acquisition entre ses doigts experts, les observant travailler avec une certaine curiosité. Moi dont la vue est limitée, je reste heureuse de pouvoir profiter au moins des mouvements. Enfin, tant qu'ils restent dans mon champs de vision central. Aussi, je me décale un peu pour toujours avoir les mains agiles au coeur de ma vue défaillante. Qui m'offrent un bien joli spectacle.
Mais déjà, la magie de cet instant se dilue doucement pour laisser la réalité prendre sa place. Oui, cela ressemblait un peu à une danse, comme une bénédiction qu'il offrait à une de ses petites protégées avant de s'en séparer. Pour un peu, je me sentirais presque coupable de l'emmener. Cependant, je sais aussi qu'elle me sera utile et surtout, que j'en prendrais grand soin également. Aussi, c'est avec un sourire doux et sincère que je viendrais récupérer la cataire, parée pour son futur emménagement à mes côtés.
"- Merci beaucoup, pour tout. Au revoir. "
L'heure tourne et je ne vais pas pouvoir m'éterniser. Ma nouvelle camarade bien calée dans mes bras, j'offre un dernier signe de la main au fleuriste sur le pas de la porte, en profitant pour jeter un dernier regard à la boutique avant de quitter les lieux pour reprendre mon chemin. J'ai encore des gâteaux à acheter avant de rentrer.
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Lun 30 Oct - 20:45
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Ses doigts bougent avec l'agilité de l'habitude alors qu'il noue un raffia autour des tiges qui composent le bouquet, le pose, et prend la plante des mains de la jeune fille. Il la pose et se met à l'emballer, hochant la tête. "Vous êtes de Babel?" demande-t-il un peu bêtement. C'est vrai que cela fait un certain temps qu'il n'y a pas été, mais il ne lui semble pas, en effet, que le climat était si différent. "Ça devrait aller, en effet. Je vais vous l'emballer pour ne pas qu'elle s'abime, ne vous en faites pas." Il fait donc un emballage avec du papier de soie, s'assurant également de sécuriser les tiges entre elles avant d'envelopper la plante, qu'il met finalement dans un haut sac en papier solide. "Voilà, je pense que ça devrait aller." La jeune fille paye, puis il lui tend la plante et, après lui avoir tenu la porte ouverte, la regarde partir, ne pouvant rien faire d'autre que de souhaiter une bonne cohabitation aux deux êtres vivants qui s'éloignent à présent le long de la rue. Il fait un petit signe de la main à la jeune fille en réponse au sien, avec un petit sourire... avant de retourner à la solitude de sa boutique, où il se remet à travailler son bouquet, attendant le ou la prochain.e client.e.
début de l'été 2099
Cette fois, c'est en se concentrant sur l'odeur du bouquet qu'il le compose, arrangeant ensemble jasmin, chèvreveuille, freesias. Les fleurs blanches font ensemble un bouquet tout décoiffé, un peu fouillis, au charme sylvestre indéniable, et il le finit de quelques branches de menthe fraîche apportant un peu de verdure. l'enveloppe d'un simple papier de soie parme, mettant en valeur le blanc et le verre, et l'installe dans l'un des vases qui trônent dans la boutique, avant de sortir arranger un peu les plantes en pots disposées à l'extérieur. Profitant du temps doux et ensoleillé, il va chercher sa tasse de thé à l'intérieur, claudiquant un peu, appuyé sur sa canne, et sort pour utiliser ce moment de calme à bon essient, se détendant et observant un peu les passants dans la rue. Il salue même quelques uns des autres commerçants qui arrangent leur boutique dans la rue, et ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'une présence familière apparaît à ses côtés. "C'est agréable, n'est-ce pas, ce petit vent?" fait la vieille femme à côté de lui, lissant les plis de son propre tablier, non pas vert foncé comme celui d'Ari, mais bleu et brodé de petites fleurs. Il hoche la tête, alors qu'elle se tourne vers lui. "C'est la fin de journée, tu penses pouvoir gérer seul?" "Oui, ne vous en faites pas." "Je vais rentrer alors, d'accord mon petit Ari?" Nouveau hochement de tête, et la mamie se remet en mouvement avec un léger soupir d'inconfort dû à ses articulations raidies par l'âge. Il la raccompagne, et lui souhaite de bien rentrer, avant de croiser un regard qui ne lui est pas inconnu, et dont il se souvient surtout grâce à l'apparence atypique des yeux qui croisent les siens. Il fait un petit signe et un sourire à la jeune fille, sans trop savoir si elle compte revenir à la boutique cette fois ci.
Septembre 2099 : Lunapolis - Grande Rue des Mondes
*FLASHBACK : Eté 2099*
Si je continue de venir régulièrement à Lunapolis pour la boulangerie des Amoureux, je ne suis repassée ni par cette rue ni par cette boutique de fleur depuis le printemps. Pas que je l'évite mais je n'y pense pas forcément et ce chemin m'étant moins connu m'est aussi plus compliqué à appréhender. La cataire est en fleur sur mon bureau et nombre de mes collègues ne cessent de m'en demander une bouture du fait de sa bonne santé, comme quoi il n'y a pas que sur les félins qu'elle a un certain pouvoir d'attraction. Mais cet après-midi, je ne suis pas venue là pour ça.
Un de mes petits papas connait bien Madame Kusakabe, la Fleuriste. Il a en effet beaucoup échangé avec elle et suite à un accident de jeunesse, il souffre des mêmes symptômes de douleurs articulaires. Aussi, ses dernières recherches se sont concentrées sur ce sujet et il a mis au point une pommade qu'il a testé en laboratoire et sur lui-même. Dont il m'a donné un pot à remettre à la femme campagnol, sachant que je devais me rendre à Lunapolis alors que lui restait bloqué au Centre de Recherche.
J'avais bien évidemment accepté cette mission sans savoir si je réussirais à la mener à bien. Mine de rien, j'ai eu quelques difficultés à retrouver la boutique et alors que je m'en approche, je distingue des silhouettes devant cette dernière. Et si l'une des deux ravive quelques souvenirs agréables dans ma mémoire, la seconde me fait presser le pas. Je ne pensais qu'il était déjà si tard, elle semble sur le point de partir.
"- Madame Kusakabe ? Un instant, s'il vous plait ! Excusez-moi mais... j'ai quelque chose pour vous, ... de la part du Docteur Wakana. "
Ayant accéléré franchement le pas pour ne pas la manquer bêtement, je reprends un instant mon souffle avant de venir sortir de ma poche le petit pot rond emballé dans un papier de soie léger, identique à celui qui avait orné mon achat ici. Une marque de fabrique ? Qui sait. Et une fois mon colis remis à sa destinataire, mon regard revenu sur le jeune homme déjà rencontré pour le saluer comme il se doit se trouve attiré par ce détail dont je n'avais pas noté la présence lors de ma précédente venue.
"- Vous êtes blessé ? Je peux faire quelque chose pour vous aider ? "
