Fleur laisse un râle amusé trancher le silence, là callée entre la chair et le canapé un doux désir d'insouciance. Elle hoche la tête en grande conviction, l'alcool coule à flot jusque dans ses rêves et ses peurs, jusque dans les artères et les pleurs. La passion macabre de l'orge contre la gorge, elle se dit parfois Fleur, que l'eau ce n'est bon que pour les plantes.

Elle l'observe tendre l'échine, faire craquer la nuque et éviter plus adroitement qu'elle ne le pourra jamais les petites plantes qui servent de moquette.
Un sourire esquissé à l'ombre des grandes feuilles étalées, les doigts habile autour du joint qui lui rempli un peu le coeur de fumée nocive, d'oublie maladif.
"Marek t'es parfait."  Un couinement excité, le premier de la journée qui pour elle ne fait que commencer. Elle n'attend pas Fleur, c'est rare qu'elle ait une longueur d'avance, elle en profite pour allumer la flamme, faire crépiter le bout de papier glissé entre les lèvres.
Affamée.
Un soupire et de la fumée, la nuque callé contre le haut du canapé, renversée pour observer le plafond et ecouter plus qu'elle ne voir les pas de l'ours lippu qui revient, bière à la main.

"Tu leur as dit que c'était pas la peine de passer me voir ? Elles vont debarquer en piaillant, j'en suis sûre."  
Ça la gonfle, Fleur n'a plus 15 ans ni même 20. Elle a 29 ans et toutes les casseroles de la vie, un appartement vide qui lui fou la nausée rien qu'à le regarder.
Fleur, elle voudrait juste qu'on lui foute la paix, qu'on la laisse trainer sur le parquet qu'on oublie de dépoussiérer, se vautrer la tête au dessus de la cuvette pour expier ce qu'il reste à évacuer.

Elle souffle, la fumée, la peine, la médiocrité. Un ricanement. "Putain si on avait des gosses, ils rêveraient de partir en courant."  Elle arrive pas à imaginer Fleur, un bambin dans les entrailles, entre les bras, entre les draps. Elle fronce les sourcils sous la bière glaciale qui vient lui fendiller la peau, attrape la bouteille sans couiner. Elle vient de penser. "Tu sais que pour faire des gosses il faut un partenaire hein ?"  Faudrait pas qu'il oublie ça Marek. C'est un peu mal parti des deux côtés. Chez elle comme pour lui. Elle boit une gorgée, ça passe tout seul avant de poser la bouteille sur la table basse.

Elle le voit chercher, lui file son briquet du bout des doigts en faisant danser la cigarette improvisée de l'autre main. Respirer. Souffler. Recommencer. Apaisée, la brune se tord le dos pour faire face à l'autre, plier les genoux et balancer les jambes sur les cuisses de l'autre dans une position peu confortable. Mais c'est Marek, il est toujours confortable. Une main sous le menton, elle l'observe. "Hmm si t'avais un gamin il aurait la même tête que toi j'espère."  Un peu blasé et totalement perdu. Fleur, c'est cette tête qu'elle préfère.

Fleur laisse un râle amusé trancher le silence, là callée entre la chair et le canapé un doux désir d'insouciance. Elle hoche la tête en grande conviction, l'alcool coule à flot jusque dans ses rêves et ses peurs, jusque dans les artères et les pleurs. La passion macabre de l'orge contre la gorge, elle se dit parfois Fleur, que l'eau ce n'est bon que pour les plantes.

Elle l'observe tendre l'échine, faire craquer la nuque et éviter plus adroitement qu'elle ne le pourra jamais les petites plantes qui servent de moquette.
Un sourire esquissé à l'ombre des grandes feuilles étalées, les doigts habile autour du joint qui lui rempli un peu le coeur de fumée nocive, d'oublie maladif.
"Marek t'es parfait."  Un couinement excité, le premier de la journée qui pour elle ne fait que commencer. Elle n'attend pas Fleur, c'est rare qu'elle ait une longueur d'avance, elle en profite pour allumer la flamme, faire crépiter le bout de papier glissé entre les lèvres.
Affamée.
Un soupire et de la fumée, la nuque callé contre le haut du canapé, renversée pour observer le plafond et ecouter plus qu'elle ne voir les pas de l'ours lippu qui revient, bière à la main.

"Tu leur as dit que c'était pas la peine de passer me voir ? Elles vont debarquer en piaillant, j'en suis sûre."  
Ça la gonfle, Fleur n'a plus 15 ans ni même 20. Elle a 29 ans et toutes les casseroles de la vie, un appartement vide qui lui fou la nausée rien qu'à le regarder.
Fleur, elle voudrait juste qu'on lui foute la paix, qu'on la laisse trainer sur le parquet qu'on oublie de dépoussiérer, se vautrer la tête au dessus de la cuvette pour expier ce qu'il reste à évacuer.

Elle souffle, la fumée, la peine, la médiocrité. Un ricanement. "Putain si on avait des gosses, ils rêveraient de partir en courant."  Elle arrive pas à imaginer Fleur, un bambin dans les entrailles, entre les bras, entre les draps. Elle fronce les sourcils sous la bière glaciale qui vient lui fendiller la peau, attrape la bouteille sans couiner. Elle vient de penser. "Tu sais que pour faire des gosses il faut un partenaire hein ?"  Faudrait pas qu'il oublie ça Marek. C'est un peu mal parti des deux côtés. Chez elle comme pour lui. Elle boit une gorgée, ça passe tout seul avant de poser la bouteille sur la table basse.

Elle le voit chercher, lui file son briquet du bout des doigts en faisant danser la cigarette improvisée de l'autre main. Respirer. Souffler. Recommencer. Apaisée, la brune se tord le dos pour faire face à l'autre, plier les genoux et balancer les jambes sur les cuisses de l'autre dans une position peu confortable. Mais c'est Marek, il est toujours confortable. Une main sous le menton, elle l'observe. "Hmm si t'avais un gamin il aurait la même tête que toi j'espère."  Un peu blasé et totalement perdu. Fleur, c'est cette tête qu'elle préfère.

La grimace s'étend sur les lippes enfumées de promesses gangrenées. Fleur rien que d'y penser, ça lui donne la nausée, le poulailler familiale qui lui envahit la tanière, les grandes dames pointer du doigt ses vilaines manières, pousser d'un air dégoûté les dernières bouteilles de bières. Non Fleur elle ne veut pas, elle ne peut pas. "J'vais rester là alors, elles me trouveront peut-être pas." Peut-être qu'elles abandonneront, Fleur parfois c'est trop de tracas juste pour rien, elle le sait mais elle ne change pas. Peut-être qu'elle ira voir papa, lui il comprendra.

Encore une bouffée de fumée, l'esprit divague ils perdent un peu la tête. Elle glousse mais il n'y a rien de drôle. C'est probablement juste bien de rire pour le rire. Mais ça s'éteint aussi vite que ses clopes sous les averses, elle fronce les sourcils, s'en va agiter un peu les pieds entre les membres entremêlés. "Si on a des gosses j'espère qu'ils s'entendront bien. Ca sera des supers cousins." Un peu comme eux. Fleur, elle aurait préféré que Marek soit son frère, elle aurait pu se blottir avec lui toutes les nuits, ils auraient pu rouler les pentes ensemble plutôt que d'avoir à les monter. Elle soupire, se penche pour avaler une gorgée de bière un peu trop grande.

Incertaine, elle observe la-dite fougère, la bouille trop familière. C'est vrai qu'il a une tête marrante Marek, elle a hâte de voir à quoi il ressemblera dans 10 ou 20 ans. Des plantes à la place d'un enfant, c'est pas si mal et elle hausse les épaules pour acquiescer. Fleur, elle n'a pas de plante pour assouvir son instinct maternel pourtant inexistant mais le jour venu, elle se dit que les bouteilles de bière feront l'affaire.

Le museau s'agite, l'ainée n'est pas d'accord, affirme le mécontentement en agitant la tige enfumée juste sous leur nez. "Ça marche pas comme ça. C'est juste parce que tu veux devenir tonton et me laisser tout le boulot c'est ça ? Un gamin c'est pas comme une plante, tu pourras pas juste l'arroser et ésperer qu'il reste silencieux." Du moins, elle pense que ça ne doit pas vraiment marcher comme ça.
Elle se colle, vient plaquer une joue contre l'épaule de l'autre dans une position aussi tordue que sa propre vie. "Et puis on pourra plus fumer ou boire. On pourra plus se lever à 14h et décider de rester encore au lit."
Quelle triste vie.

Fleur elle s'imagine grappiller les secondes, faire face au courroux maternel comme on combattrait la migraine du lendemain de fête. Ca ne marche jamais vraiment mais on fait avec la lassitude du moment, hocher la tête et dire oui maman dans un ennui croissant. "C'est pas cool de me laisser sur le balcon..." Un râle las, elle en a vu d'autre Fleur, proteste un peu pour la forme quand le corps ramolli de substance étrange n'a pas la force de dire grand chose de plus, de penser plus loin et d'élargir l'horizon des solutions.

Meilleurs copains meilleurs cousins, ça sonne bien dans la pièce enfumée, entre le basilic et les orchidées. Ça sonne comme une promesse qu'ils ne tiendront jamais, comme une idylle qu'ils n'auront jamais. Inventer le futur en conjectures étranges, Fleur souffle du nez rien que d'imaginer. Encore une gorgée de bière, ça descend trop vite et ça lui foutait le cafard si le chanvre planqué dans la salle de bain ne lui laissait pas aussi douce paresse. Elle souffle un oui en lèvre fendu sur la clope, sourire apaisé, soupire rassasié.

"J'ai jamais demandé de neveux plantes moi, je peux pas jouer avec eux ou leur apprendre de vilains tours." Elle ferait ça Fleur, si Marek lui filait un gamin entre les bras pour s'éclisper vers ses tracas. Lance un regard amusé, la bouche tordue de malice. Elle leur apprendrait les gros mots, la passion pour le chaos, à ne pas devenir comme elle probablement. Ni comme Marek.

"Je suis parfaitement responsable moi, j'ai un bon job." Qu'elle murmure du bout des lèvres presque juste pour les fantômes, en se blottissant entre les longs bras qui lui rentrent dans la chair. Mais c'est parfait comme ça, quand même elle elle n'y croit pas. La tige rougit entre ses lèvres, rallume la braise des mauvaises substances. Elle a l'habitude des pensées vaseuses Fleur, des muscles qui n'obéissent pas bien, des trous noirs le lendemain.
Elle a l'habitude et soudain, elle se souvient. Se relève des bras entremêlés trop brusquement, manque de glisser sur le parquet recouvert de tout sauf de rien.

"J'avais oublié !! Je t'ai apporté un truc." Bancalement, l'ours se relève, ramène les jambes là où elles devraient être et fait le chemin inverse jusqu'à la porte d'entrée, ramassé son petit sac laissé là comme délaissé. Un gros pot de confiture de framboise entre les doigts, elle le tend d'un air triomphant un peu vaseux, le filtre entre les lèvres qui ne passeraient pour rien au monde  l'outil de la paix. "Félicitations pour la naissance de toutes tes foutues plantes." Le sourire amusé, Marek il n'avait qu'à pas commencer à réciter les naissances.
Elle se rassoit sans cérémonie, dans un soupire de paix, enfonce la carcasse au fond du canapé et rêve de ne jamais en réchapper.

Fleur, elle ne sait pas ce que c'est, une plante ZZ, n'aime pas particulièrement le citron non plus, ça pique sous la langue en aigreur familière, les souvenirs relents d'alcool comme une punition avant l'heure. Une grimace pour faire passer la blague, mais rester paresser dans la baignoire pour l'éternité ne lui parait pas être une si mauvaise idée. "Mouai, je prendrais un long bain." Un peu comme à la mer, un peu comme chez elle quand elle paraisse des heures sous la surface à simplement retenir la respiration, s'imaginer poisson.

Marek la fait beaucoup rire, elle se dit Fleur, que ce n'est pas que les plantes magiques qui font craquer le commissures des lèvres, que son cousin a des passions étranges mais qu'elle creverait plutôt que de lui en proposer d'autres. Alors elle laisse faire, elle laisse tomber les remontrances quand une fois par semaine elle n'arrive plus à voir le sol de l'appartement, trébuche sur les lianes et s'emmêlent entre les odeurs. Elle pardonne les arrosoirs, les feuilles séchées, l'argent dilapidé pour remplir les trous sur les étagères.
C'est pas grave, Fleur elle peut bien faire avec, leurs mères sont celles qui toujours se prennent la tête.

Le pot de confiture sur la table basse, Fleur finit sa bière cul sec, la gorge toute sèche. Encore une bouffée et la cendre rejoint tout dans le cendrier, c'est terminé, retour à la réalité. Amusée, elle le regarde partir se changer, revêtir la peau de l'ursidé. Ça la fait marrer, le pas lourd, les babines tombantes, le pelage duveteux, les grognements gourmands. Elle pense à tout Fleur, le couvercle déjà égaré sur le côté alors qu'elle laisse le gros animal passer ; laisse traîner une main contre la fourrure, y emmêler les doigts et murmurer tout bas. "Tu m'en laisses hein ?"
La confiture, ce n'est pas son truc, trop sucrée. Mais l'ours polaire a décidé qu'elle se passerait de viande, alors elle dit oui à tout ce qui lui remplit le ventre.

Les fringues à terre, la fourrure pâle s'égare sur les chairs, Fleur un grognement sauvage avant de s'affaler elle aussi sur le canapé, ne pas se soucier de tout ce poids sur les ressorts, de toute la fourrure qui s'accroche. Elle vient plaquer le museau dans la frimousse de l'autre, grogner en ricanement et lui lécher la joue. "T'es tout maigre il faut remplumer tout ça." Elle savait que ça lui ferait plaisir.
L'ouverture est grande, elle a fait attention en choisissant le pot. Une patte vient tremper dans la framboise, en mettre de partout, tout fourrer dans la bouche.
C'est sucré, c'est pas son truc.
C'est sucré, mais c'est quand même bon.