Le petit garçon soufflait un nuage de vapeur, qui disparut aussitôt, balayé par le vent glacial des montagnes. Il entendait derrière lui des cris d'enfant, qui avaient trouvé mieux à faire pour se réchauffer, comme jouer dans la neige. Les températures avaient beau s'adoucir à l'approche du printemps, les hauteurs aimaient gardé leur manteau blanc plus longtemps que les autres. Par delà cette muraille de roche, de sapins et de neige, devait s'étendre des paysages bien plus cléments. D'ici quelques mois, ils auraient pu aller à la plage, si seulement des voyages étaient prévus ici. Peut-être que son petit frère aurait la chance d'y aller toutefois, parce que Aesop avait fini par le comprendre, lui allait rester ici, à l'orphelinat, beaucoup plus longtemps.
Shun était tellement mignon après tout. Il était certes pataud et bruyant, mais avec une telle frimousse, on lui pardonnait bien des choses. C'est ce que Aesop avait pensé, quand il voyait ces couples d'adulte qui venaient lui rendre visite pour jouer avec lui, s'intéresser à ce qu'il pouvait bien aimé et espéraient être rester dans sa mémoire pour la fois prochaine. L'aîné n'avait jamais cherché à plaire, il n'aimait pas cette sensation de devoir jouer un rôle pour espérer faire parti des privilégiés. Il avait déjà des parents, il ne désirait pas en avoir d'autres et surtout pas des inconnus. Même du haut de ses 9 ans, le coyote avait compris que les liens de sang n'importaient pas aux yeux de ceux qui ne possédaient pas le même.
Il était 16 heure passé, il avait appris à lire les aiguilles et savait que c'était le moment où les plus petits émergeaient de la sieste. En raison de son sang-froid, Shun était du genre à avoir un sommeil plus profond et long au vu des températures, confortant le plus âgé qu'il serait probablement mieux ailleurs. Le canidé arrivait donc à l'heure, comptant bien le faire sortir dans la cour malgré tout, histoire de le faire prendre l'air malgré le vent glacé. Il devait faire en sorte de se souvenir du moindre de ses traits, de son odeur ou de ses manies, en espérant qu'un de ces détails survivraient aux longues années les séparant de la majorité.
Si la plupart des autres enfants s'amusaient dans la poudreuse, le plus jeune des Kinkle lui, dormait encore comme un loir. Les températures extérieures ne sied pas le moins du monde et s'il pouvait rester emmitouflé dans une couette il le ferait volontiers. Mais son frère faisait tout pour l'éveiller malgré son jeune âge. Il le sortait, le faisait jouer et semblait faire en sorte qu'il se fasse adopter. Pourtant, il le lui avait bien dit, avec ses mots à lui : « Moi j'veux rester avec toi... »
Seize heures passé et Shun dormait toujours aussi confortablement malgré le bruit de ses autres congénères tout aussi jeune que lui. Eux, avaient décidé de se lever. Il avait ouvert ses petits yeux ambrés, reconnaissant presque aussitôt la silhouette d'Aesop qui se rapprochait de lui.
« Oh noon … Encore un peu ... » marmonnant le bambin qui se cacha sous la couette.
Il savait que Aesop avait envie qu'il sorte un petit peu à l'extérieur. Comme beaucoup d'enfants, Shun faisait un peu du cinéma puisqu'il finissait par jouer dans la neige avec autant d'entrain que les autres. Mais là actuellement dans sa petite tête, ça ne lui plaisait pas d'y aller, surtout que le froid était mordant pour le serpent.
« 'fait froid et on va m'attaquer... »
''M'attaquer'', c'était simplement recevoir une boule de neige en pleine face. Quand ça arrivait, il se contentait de revenir vers son grand-frère, hurlant que celui-ci allait le venger parce que « c'est un grand lui d'abord ! ».
Il finit néanmoins par sortir sa petite bouille de sous la couette, un petit visage suppliant :
« On joue à cache-cache ? »
Petit stratagème maladroit pour éviter d'aller à l'extérieur.
Aesop connaissait tous les enfants de cet orphelinat, les grands comme les petits. Il ne parlait pas à tout le monde bien sûr, déjà parce qu'il n'en ressentait pas le besoin mais parce qu'il était intimement convaincu qu'il n'avait rien à faire ici. C'est comme si se rapprocher des autres revenaient à admettre qu'il était comme eux: abandonnés. Aussi, les visages défilaient sous ses yeux et toujours aucune trace du serpent. Aesop dû rentrer dans le dortoir pour voir un seul lit encore occupé. Il se rapprochait donc, portant encore le froid de l'extérieur sur lui. Les mains dans les poches, il observait l'amas de couverture qui venait un peu mieux couvrir une tignasse sombre et des sons plaintifs. Sans qu'il n'ait à dire quoique ce soit, Shun se trouvait des excuses pour ne pas sortir de l'étreinte de son édredon.
Personne va t'attaquer.
Si son cadet restait là une heure de plus, il serait complètement décalé et dans l’incapacité de dormir au couvre-feu. Or, il était compliqué de tenir un enfant immobile et silencieux à une heure où l'on entendait une mouche volée. Aesop n'avait pas l'intention de le tirer du lit pour autant, craignant que sous le jeu, la tête encore molle du plus jeune ne se cogne au sol et que cette histoire se finisse dans le sang et les larmes. Cache-cache encore, c'était faisable, même s'il n'aimait pas du tout ce jeu, parce qu'il avait beau cherché, il trouvait bien peu de visages familiers sur les silhouettes adultes qui franchissaient les portes. En revanche, il n'avouerait jamais que malgré sa taille de spaghetti, il était bien trop facile de retrouver Shun avec son flair. À la place, le noiraud s'accroupissait pour être à hauteur du lit. Là, il tendit son bras puis ouvrit sa manche comme une invitation à y entrer. C'était un jour un peu spécial après tout, le coyote n'allait pas chercher à le contrarier. Il ignorait à quelle heure cela allait se passer, peut-être même qu'il ne serait plus celui à se soucier de son sommeil pour cette nuit. Sa gorge se serrait un peu, préférant garder ses craintes pour lui pour ne pas gâcher les dernières heures, sachant parfaitement que le temps n'attendait personne.
Le plus petit gonfla ses joues comme un bébé quand son aîné lui affirma que personne n'allait l'attaquer. Un caprice d'enfant rien d'autre, il espérait que ça suffirait à convaincre Aesop. Il se pensait plus malin mais à son âge, il ne fallait pas espérer beaucoup de lui. La preuve, il avait suffit que son grand-frère accepte une partie de cache-cache pour que son visage émerge de sous la couette et rayonne.
« Pour de vrai de vrai !? Trop bien ! »
Et il avait soudainement oublié qu'ils allaient aller dehors, ce même dehors où il ne souhaitait pas aller quelques secondes plus tôt. Il prit sa forme animale et se glissa dans la manche ouverte qu'on lui tendait. Il s'enroula sans peine autour de l'avant-bras de l'autre brun et attendit sagement qu'on l'amène à l'extérieur.
C'est une fois à l'extérieur qu'il ressortit enfin de la manche, reprenant sa forme humaine. Il enfila ses chaussures, qui ressemblaient d'ailleurs d'avantage à des bottes et commença à marcher dans la neige avec entrain. Il n'était pas intéressé par ses autres camarades aujourd'hui. Même s'il savait chahuter avec eux, c'était toujours son grand-frère son repère.
Il le pointa du doigt avec un sourire complice :
« Tu comptes jusqu'à dix ! Euh non … Vingt ? Tu sais l'faire hein ? Moi j'sais ! »
Bon à vrai dire, dès qu'il dépassait dix, il peinait toujours un peu malgré tout mais ça lui faisait plaisir de penser qu'il était « fort ».
« J'y vais ! » dit-il en partant en courant dans la neige.
Il ne savait pas encore où se cacher mais cette fois-ci, il espérait ne pas se faire trouver trop rapidement. Shun de son jeune âge n'avait pas encore compris que son aîné était un coyote et qu'il était facile pour lui de le retrouver. C'est pour cette raison qu'il se donnait à fond dans ce cache-cache. Il s'arrêta au pied d'un grand érable et le fixa avant d'essayer de grimper dessus en vain. Il bouda quelques secondes avant de regarder les feuilles mortes au sol. Les branches de l'arbre les avaient épargné de la neige et il était persuadé que ce serait une très bonne cachette.
Ni une ni deux, il reprit sa forme animale, prenant inconsciemment le risque de se faire marcher dessus si un autre enfant se décide à jouer par là. Mais qu'importe, c'était la meilleure des cachettes à ses yeux.
La sensation de Shun s'entourant autour de sa main, son avant-bras ou sa gorge n'était plus quelque chose qui le dérangeait depuis longtemps. Pourtant, Haklyone savait que la moindre morsure pourrait lui faire passer une sale journée. Avec le temps, il trouvait que la sensation était celle d'un spaghetti froid sur sa peau, s'interrogeant s'il allait devenir plus épais au fil des années, quand bien même il ne serait pas là pour le voir. Aesop dû rassembler les affaires de son jeune frère pour quitter le dortoir et remettre la couverture à peu près à plat. Dès lors qu'ils sortirent, il dû l'habiller chaudement, l'aidant à enfiler ses semblants d'après-ski et lui serrant une écharpe autour du cou avant que le serpent parte en courant dans la neige déjà battue par les autres enfants. Le canidé se redressait mieux par la suite, offrant un hochement de tête affirmatif à son cadet avant de regarder ailleurs pour lui laisser une chance. En observant les alentours, sa poitrine se serrait à s'imaginant rester ici pour encore la moitié de sa vie déjà vécu. Il n'avait aucune chance d'être adopté, ayant bien remarqué que les plus jeunes étaient d'avantage prisés. Parce qu'ils étaient mignons et encore éducables ? Il sautait la marche pour partir à la recherche de Shun. Il avait eu beau compté, ne pas regarder ou ne pas utiliser son nez, la cour n'était pas très grande. Les traces de ses petites chaussures allaient droit vers un arbre où il voyait déjà un petit tas de vêtements abandonnés. Aesop s'agenouillait donc pour les ramasser, veillant à ce que les affaires ne deviennent pas humides au contact du sol d'hiver. Il eut beau fouiller, il ne cru pas trouver la nouille qui lui servait de frangin, observant alors mieux les racines et un trou où il aurait pu se faufiler. Il avait intérêt à le trouver rapidement s'il ne voulait pas le retrouver congelé et aussi raide qu'un pic à brochette.
Shun, si je te trouve pas et que t'as le temps de compter trois fois jusqu'à 10, tu as gagné.
Il savait qu'il était par là, mais les serpents étaient doués pour faire ce qu'ils voulaient de leur corps pour les rentrer dans des espaces bien trop exiguës. S'il avait réellement chassé une proie, Aesop aurait laissé tomber de crainte de se faire mordre la truffe s'il se risquait à l'approcher.
Son frère avait eu bien raison de le prévenir de sortir de sa cachette si la partie durait trop longtemps. Même sous les amas de feuilles, il ressentait le froid de la neige qui avait frigorifié la terre. On était loin du confort sous les couettes. Il avait compté une première fois jusqu'à dix puis une deuxième mais en sentant le pied de son grand-frère non loin de là, il sortit de sa cachette. Le serpent remonta la chaussure du plus grand jusqu'à se glisser à l'intérieur de son pantalon, s'enroulant à son mollet.
« J'ai...gagné hein ? Hein que j'ai gagné ? »
Bon il était sorti un peu en avance c'est vrai mais il était content que pour une fois, Aesop ne l'ait pas trouvé immédiatement. Et puis il n'était pas sûr de tenir trop longtemps au sol avec un froid pareil. Les serpents régulent leurs températures en fonction de leur environnement et les vipères comme Shun n'était pas fait pour un environnement de ce type.
Il remonta sans grand mal le long du corps de Aesop pour ressortir sa petite tête au niveau de la manche, comme il en avait l'habitude.
« On fait un bonhomme de neige maintenant hein dis ? ... »
Il faudrait sûrement rentrer pour permettre au serpent de se rhabiller mais l'idée lui paraissait moins dangereuse. Et puis à ses yeux d'enfants assez mauvais joueur, il avait gagné la partie de cache-cache donc c'était un jeu réussi. Si Aesop était au courant qu'il s'agissait sûrement de leurs derniers jeux ensemble, Shun n'en avait pas conscience. Il jouait aussi innocemment que d'habitude, sans se soucier du lendemain. Quand bien même un couple venait pour adopter, il était inimaginable pour le petit brun d'être séparé de son grand-frère. Il ne se voyait pas comme un individu mais comme un tout. Aesop est sa famille et il est inconcevable de partir sans lui. Pourtant, rare étaient les couples qui souhaitaient prendre le risque d'adopter deux bambins dont un beaucoup plus âgés que l'autre ayant connu ses parents.
Aesop avait beau retourné la moindre feuille morte, il lui était impossible de voir un serpent aussi petit et aussi bien camouflé. Il ne voulait pas plus bougé, horrifié à l'idée qu'il puisse écraser un si petit être de tout son poids. Ce que l'ainé aurait apprécié être au printemps, persuadé qu'il aurait pu mentir sur où Shun se cachait, le temps que le couple choisisse un autre enfant. Ces pensées là lui rappelaient qu'il était un égoïste, mais pas un envieux. Mais ces dernières le quittèrent dès lors qu'il sentit un corps familier remontait le long de sa jambe. Ce n'était pas très agréable, surtout quand le voyage allait d'un membre à un autre diamétralement opposé.
Comment tu veux faire le moindre bonhomme de neige ? Tu n'as même pas de bras...
Aesop tâchait de garder son poignet à sa hauteur, histoire de faciliter un échange entre eux deux. La cour manquait cruellement de neige et s'ils devaient faire le moindre bonhomme, il ne dépasserait jamais les 40 centimètres. Et puis il préférait savoir Shun habillé plutôt qu'à serpenter un peu partout alors qu'il avait la taille parfaite pour se faire enlever par le moindre moineau. Son regard de citrine s'attardait sur une fenêtre où il semblait être surveillé. Pas que cela le changeait de d'habitude, mais aujourd'hui, il savait pourquoi il était tenu à l’œil.
Tu sais quoi ? On va faire un serpent de neige, comme ça, il peut être très grand sans qu'il soit énorme.
Gardant sa main sous sa manche au cas où, il se mit à racler la moindre particule blanche pour faire ce qui s'apparentait le plus à un dos d'âne, mais beaucoup plus long. Il tassait la neige du pied comme il le pouvait, en manquant vers la fin, ce qui ne dérangeait aucunement pour l'extrémité d'un tel reptile. Lorsqu'il revint à la tête, le coyote s'accroupissait pour planter deux doigts et ainsi faire les yeux. Mais à peine eut-il lever la tête pour tenter de s'imaginer un très long anaconda qu'il vit un enfant à peine plus jeune que lui courir, se prendre un pied dans la petite bosse et s'étaler de tout son long. Encore 9 ans ici...
Tss. Regarde ce nul. On aurait pu faire un igloo qu'il aurait pas réussi à l'éviter...
« Et alors !? » dit-il en sortant sa langue bifide, ne comprenant pas en quoi le fait de ne pas avoir de bras pouvait lui apporter quelques difficultés.
La petite nouille resta confortablement dans la manche de son grand-frère, l'observant à l'oeuvre. Au départ, il ne voyait pas tellement comment il allait crée un bonhomme de neige jusqu'à ce que son aîné lui explique qu'il allait faire un serpent de neige. Ses petits yeux fendus brillaient d'admiration et surtout de joie. Lui qui était si petit, il espérait devenir aussi grand que cette œuvre enfantine.
« Je serai grand comme ça plus tard ! » dit-il sans se rendre compte qu'il ne dépasserait pas les trente centimètres de long.
Mais il n'eut pas la chance de voir le serpent terminé qu'un de ses camarades l'avait écrasé. Shun cracha dans le vide, agacé qu'on ait détruit ce qu'Aesop avait construit :
« C'est un GROS nul ! Un gros gros gros nul ! » siffla à nouveau le serpent.
Il aurait voulu rajouter que son grand-frère allait lui ''faire la bagarre'' s'il recommençait mais il préféra rester au chaud et ne pas sortir sa tête de la manche.
« C'pas grave ! Demain on aura plus de neige et on pourra en faire un GROS et je t'aiderai cette fois ! »
Shun n'avait pas conscience que demain, il serait probablement loin d'ici. Loin de son frère et de ces tendres souvenirs. D'ailleurs, les adultes s'activaient à l'intérieur, signe que des visites commençaient. Si d'ordinaire, Shun n'était pas trop sauvage à l'approche des adultes, aujourd'hui il n'avait pas envie d'en voir.
« Il va y avoir les grandes personnes aujourd'hui aussi … On peut aller plus loin ? » demanda Shun dans l'espoir de ne pas se faire remarquer s'il restait dans la manche de son frère.
Aesop n'y connaissait pas grand chose en espèce de serpent, mais il doutait sérieusement que son petit frère se rapproche de l'anaconda ou même du python. Il avait beau être jeune, il restait minuscule, pas même sûr qu'il puisse avaler une souris blanche. Néanmoins, le canidé savait qu'il était très mauvais de briser les rêves des plus jeunes, et sans doute que lorsqu'ils se reverront, c'est la première chose que Aesop lui demanderait. "Tu as bien grandi ?" Le calcul n'était pas bien compliqué à faire lorsque l'on comptait en année, mais cela lui paraissait tellement loin. Quand ils se reverraient, ils seraient vieux.
Ah... Je pense pas qu'il neigera cette nuit. Et avec les beaux jours qui arrivent, y'en aura de moins en moins.
Le noiraud était étonné de comment il parvenait à sauver les apparences. Car demain, ce n'était pas la neige qui manquerait le plus. Il n'osait pas aborder le sujet et appréhendait le moment où il devrait s'éclipser. On l'avait bien prévenu que sa présence compliquerait les choses, et que de toute façon, cela gênait le couple. La culpabilité devait les assaillir lorsque Aesop les fixait sans expression, les jugeant en silence alors qu'ils lui dérobaient la seule chose qui lui permettait de se différencier des autres enfants et de tenir le coup. Il aurait voulu les fixer jusqu'au bout, mais il n'était pas assez grand pour faire respecter son avis ou imposer sa présence... Pour l'heure, il fallait mentir, chose qu'on lui forçait à faire en guise de cadeau d'au revoir. Alors Aesop s'armait de son sourire rassurant, tâchant de ne pas marquer l'esprit de Shun avec un air maussade ou inquiet. Il ne le faisait pas pour ces gens qui disaient vouloir leur bien, mais qui imposaient pour cela une séparation fraternelle. Le coyote aurait tout le temps de pleurer ce soir et les jours à venir, à s'excuser en silence auprès de leurs parents pour ne pas avoir pu garder le semblant de famille qu'ils avaient cherché à faire en les mettant au monde.
Non au contraire, on devrait aller t'habiller en petit garçon modèle. Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir une maman, mais si on venait à te choisir, tu aurais des cadeaux tous les jours.
Aussi ne donnait-il pas le choix au reptile, alors qu'il délaissait celui en neige pour revenir dans le bâtiment et se taper les pieds. Il fit en sorte que les vêtements du plus jeune soit propre et non mouillés. Il ne manquerait plus que ces égoïstes ramènent Shun uniquement parce qu'il aurait la morve au nez durant la nouvelle semaine qui arrivait.
« Oh non, trop nul ... » bouda le plus petit qui s'était déjà imaginé faire le plus gros des anacondas avec son aîné.
La suite ne lui plaisait pas plus mais il sentait qu'Aesop insistait pour une raison qu'il ignorait. Shun se laissa habillé, ne comprenant pas tellement pourquoi il fallait qu'il soit mignon comme un cœur aujourd'hui. Ce n'était pas les vêtements qu'il portait habituellement et qui pouvaient être un peu décousus sur certaines coutures.
L'annonce des cadeaux cependant, lui fit oublier ses doutes :
« On aura des cadeaux tous les jours !? » lâcha subjugué le cadet, n'en croyant pas ses oreilles.
Pour le reptile, il n'y avait pas de « tu » c'était forcément un «nous ». Il n'imaginait pas une vie sans Aesop puisqu'il l'avait toujours eu dans sa vie. D'ailleurs, il tira la manche de celui-ci pour qu'il se mette à sa hauteur et arrangea les cheveux de son frère maladroitement.
« Voilà ~ Comme ça on est tous les deux enfant modèle ! »
Du bruit se faisait entendre vers l'entrée et rapidement, une jeune femme rentra dans la pièce où se trouvaient les deux petits orphelins. Elle travaillait bien évidemment à l'orphelinat et son air sombre laissait sous-entendre qu'elle n'appréciait pas que Aesop soit encore dans les parages.
« Aesop. Nous nous étions mis d'accord... » sous-entendu '' J'espère que tu as fais tes adieux parce que c'est le moment où jamais ''.
Shun lui, gardait ses yeux innocent, ne réalisant pas ce qui était en train de se passer devant lui. Il agrippa la jambe de son frère en se colla derrière lui, habitué à se cacher derrière lui quand il sentait que quelque chose n'allait pas se dérouler comme d'habitude.
Elle soupira : « Je reviendrais dans cinq minutes. Cinq. » dit-elle avant de partir en refermant la porte derrière elle.
Shun pouffa de rire et relevant ses yeux ambrés vers son aîné :
