haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Jules ‡ I wouldn't know how to let you go



 
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Jules ‡ I wouldn't know how to let you go
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Sam 30 Juil - 1:34
VI

.gli amante

1

i lay as the light rolls in across your skin and i wait just to watch it fall across your face take our time with the sweet delay

Les mimines encombrées de deux gobelets en kraft ;
les mimiques exaspérées de sommeil contrit ;
Barbara, marche, avance, avale, la rue, le ciel pâlissant et le bon sens.
Dès potron minet, la moufette, grimée de kohl charbonneux, troque la routine élémentaire des matinées grasse lovée sur les piles de coussins en plumes d’oie, la face zébrée de l’unique raie solaire d’un volet cassé, pour le dédale paisible de la capitale à l’aurore des heures ouvrées. Les œufs au plat sous un débardeur à bretelles arc-en-ciel, gambettes livides à portée de regard en mini-short criblé liberty capucine et ongles peints au noir désespoir par mama la veille. Romanticismo! a crié nonna pour couvrir le son des ablutions à travers la cloison de papier en riotant.

A la croisée des chemins gris bordés de tiges métalliques aux ampoules éteintes, Barbara a rendez-vous avec le destin, et comme on n’y coupe pas, elle a déjà des mois de retard passés à procrastiner en maugréant sur le clavier et les tirages, les oreilles fumeuses et la poitrine serrée.

11
Paraît-il qu’il est chaussé de coussinets. Qu’il se dit que ses sourires font défaillir. Qu’on fait des gorges chaudes de Calypso qu’il a sauté sur un billard et qu’elle en redemandait. Jules. Palatine, comme le vin, sì sì Baba.

Minée par la contrainte des rumeurs non avérées, Sonia, qui vendrait père et mère pour qu’on la regarde, ce n’est la plus fiable des indics, la minotte rattrape l’artère où l’échoppe est référencée par son cellulaire. Potier. Pas prince des vignes. Potier. La moue gondole d’une risette niaise qui plisse le nez en trompette, elle craque, le sourire écoeurant, la liesse dégoulinante, les pommettes tièdes, et son pied n’a pas encore touché le seuil. Barbara inspire au portique, expire un pied dedans, la trachée brutalement encrassée de doutes et les yeux polarisés par le dos échevelé de tout ce que la modestie déteste et dont les filles raffolent, grand.

Ceux que les doigts de Jules façonnent, les hanses, les amphores et les jarres, c’est encore du vrac d’argile, du temps perdu pour l’alignement astral de leur liaison. Les reins la brûlent en dessous des côtes, insinuent des choses sales qu’elle fait mine d’ignorer en raclant la gorge, ses mains prises qu’elle regrette déjà de ne pas pouvoir jeter par-dessus les épaules.

Yo ?

La paralysie des battements cardiaques ne lui permet pas de se rappeler comment on étire les lèvres dans la bonne direction quand on est heureux, faire la gueule semble encore plus raisonnable. Perchée sur ses plateformes blanches, Barbara enjambe la distance et tend un thermos au hasard.

Tiens. C’est cadeau. Si c’est froid, rend-le moi. C’est que je me suis trompée.

Ses doigts contrariés qui ne lui permettront jamais de connaître la sensation de presser le pouce contre les lèvres charnues, la température du café encore moins. La main libre s’élève de soulagement dans l’espace qui les sépare et les mimes deviennent la ponctuation tremblante de déclarations regrettables.

C’est vrai que t’as sauté Calypso sur une table de billard ? Et qu’elle en a redemandé.

Les dents pincent la langue dans un sursaut d’embarras et ses mirettes opalescentes font des arabesques, soulignées par les roulis d’un poignet dédaigneux.

Je sais. C’est dégueulasse de commencer une conversation comme ça. Mais ça aurait été encore plus dégueulasse de commencer par. Ca va ? Comme un mercredi, et toi ? Tu penses pas ?






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Sam 30 Juil - 2:44
VI

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1

que j'passe mes nuits entre cachetons et insomnies et que j'vais m'battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis, si ça m'prend toute une vie



Les rues s'emplissent déjà des carcasses qui partent au travail, des odeurs de parfums pénibles pour les naseaux sensibles jusqu'aux coups qu'on donne pour avoir la marge de se faufiler sur le trottoir.
Jules il a les idées qui vacillent et le cœur en vrac de ne pas pouvoir avoir les amours conquis, ceux qu'on se murmure aux oreilles doucement comme des poèmes, ceux qui font frémir la peau jusqu'à en arracher les sourires mièvres et les rires candides.
Il n'y a pas d'amoureux le matin, il n'y a pas les tendresses qu'on inflige aux spectateurs et ça lui va très bien, Jules.
Parce qu'il y a la jalousie qui crépite dans le ventre, celle de se dire qu'est-ce qu'il a de plus, pourquoi pas moi.
Question de timing, dans un autre univers, dans une autre vie c'est certain, c'est avec elle qu'il partagerait sa vie de façon régulière.
Mais là tout de suite, Jules relève le rideau d'acier en mâchant le croissant de la boulangerie d'à côté et déverrouille la serrure tout en bousculant la porte vitrée avec l'épaule.

Il n'y a rien à préparer, rien à arranger. Jules n'en a ni l'envie ni le désir, s'il avait pu, il serait resté au dessus de la boutique à flâner et à se laisser crever, mais les mêmes filles viendront encore, à la même heure, parler des mêmes sujets qui les intéressent, ceux des bancs de l'école et des jeux avec les petits copains.
Pourtant Jules attrape le sac lourd d'argile cuite pour le laisser tomber à côté de sa machine à l'arrière boutique. Le rideau de satin est tiré, il veut voir qui va entrer pour faire son marché et si les mains commencent à s'encrasser, les formes sont médiocres, les lanières tordues et l'âme en miette.
Pourtant pendant encore l'heure qui suit, Jules s'obstine, Jules à la mâchoire qui serre et les émois qui menacent de se cracher comme des peintures sur le sol. Merde. Merde.
Il relâche la pédale qui permet à la machine de tournoyer, appuie le revers de ses paumes contre ses paupières, force et relève finalement le museau lorsque les charivaris grotesques de la cloche sonne.
Une silhouette apparaît et sur le moment, Jules abaisse les yeux vers la création, dresse les reins et plonge les mains dans l'eau pour se débarrasser de la matière qui reste encore. Salut.. Barb' ?

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Elle est plus grande que dans ses souvenirs, les joues moins rondes et les vêtements plus saillants. Ça effiloche les rires et ça fait baisser la tension pendant un instant, il vient à elle et s'empare du thermos qu'elle propose. .. Merci. C'est pas très grave, si c'est froid.
Barbara qu'il n'a plus vu depuis le lycée, Octave qu'il voit parfois, souvent, Simion dans ses pattes à cueillir le thé. Il n'a jamais vraiment saisi pourquoi ça l'intéressait autant, Octave. Pourquoi Barbara était si différente de lui.
Pourtant les brèves pensées amusées éclatent et la gueule s'allonge, les lèvres qui s'entrouvrent légèrement tandis que les rides se froncent. Barbara un peu étrange il faut le dire, Barbara carrément sans gêne comme si ça n'avait jamais changé. Quoi..
Barbara déblatère et Jules dont la boisson brûlante commence à sérieusement lui calciner les doigts, change de main avant d'appuyer le bas des lombaires contre le comptoir tout en la regardant. Il n'est pas certain de comprendre où elle veut en venir, ce qu'elle essaie de lui dire. Parce que c'est bien arrivé mais c'était il y a des mois et certainement pas sur un billard à la vue de tous.
Elle a les mirettes qui gambergent de gauche à droite puis qui s'arrête, le creux sous les pommettes qui se concavent. J'aurais préféré que tu me dises salut ça va Jules, ça fait super longtemps, plutôt que de me demander si c'est vrai que j'ai tringlé ta copine.

Comme des soucoupes, les yeux se roulent et la boisson qu'il décortique pour la boire n'est pas infâme et fait même du bien. La langue roule sur la rondeur des babines, plante les dents un court instant avant de s'approcher de Barbara, le menton qui s'abaisse légèrement. Je vais refaire ton entrée un peu foireuse. Tu vas bien Barbara ? Ça fait super longtemps qu'on t'a pas vu passer au Domaine.
Insupportable et presque méprisant, pourtant pas foncièrement méchant, Jules s'amuse un peu, enfonce la main libre au fond de la poche du pantalon et se délecte du café calcinant.








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Sam 30 Juil - 4:19
VI

.gli amante

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i lay as the light rolls in across your skin and i wait just to watch it fall across your face take our time with the sweet delay

A pas de velours, Barbara s’est frayée un chemin entre les têtes de gondole qui ne craquent pas sous le poids des pots peints, bruts, ou vernis, pour le voir, Jules, sa frimousse au cartilage saillant encadré de boucles brunes qui lézardent sur le front en pagaille apprivoisée. Le bleu pour le velouté des yeux, le pêche pour le contour des rires. Le regard goulu, Barbara superpose les détails aux souvenirs, la ridule blanche en travers de la joue qui lui donnait déjà un air canaille, et embrasse la nouveauté, le parfum de glaise minérale dont des petites pâtes humides traînent sous les ongles et le grave qui a déformé la voix et même la nonchalance. Dans le plexus étroit, se compressent des myriades de voltiges qui viennent emmailloter la tête, délier les paumes, si bien qu’elle aimerait mieux être assise pour traiter ce qui se trame au-dedans d'abord.

Je le bois froid le mien. Si je me suis trompée. Il faut qu’on échange. Tu comprends ?

Le café frappé de Carmela à qui elle commande même le supplément de glace, la mouffette n’imagine pas survivre la moiteur estivale sans. Le bout des lèvres se pose avec méfiance contre l'opercule recyclé pour être fixée. Glacial, à souhait, pour commencer la matinée par un dessert et pas des répliques incendiaires, elle espère tout bas, la tête penchée et les yeux timidement enclavés sur la cîme des cils de Jules où les sourcils font des ballets abrupts, froissent tout le reste comme les tickets de caisse qu’on traîne au fond des poches de jean. Barbara aussi ça lui fait faire des grimaces d’entendre des trucs pareils, des nœuds dans les entrailles d’en dire des pires. Elle claque vertement la langue sur le palais et fait de l’esbroufe pour défendre sa dignité en passant sèchement les phalanges sous le menton.
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C’est pas ma copine. On est pas copains avec les gens parce qu’on connaît leur prénom. Et puis, une fille qui se vante d’un truc aussi dégueulasse. C’est pas ma copine. Et alors ? C’est vrai ? C’est pour ça que tu veux qu’on constate ensemble que ça fait longtemps qu’on s’est pas vu plutôt que de le dire ?

Les arpèges rondes de la voix de Barbara se transforment en filets tressés dans la gorge sèche quand il avance, son ossature étirée qui consomme l’espace et ses respirations. Le crâne grésille et elle éteint la verve dans la boisson torréfiée à traits lents, excitée de l’euphorie maladroite des retrouvailles qu’elle a tant repoussées et pourtant tant attendues. Jules y tient à cette entrée en tout point aussi foireuse que la sienne si ce n’est plus. L’irritation irrépressible danse au fond des mirettes polaires et elle agglutinent les doigts de la dextre entre eux, manifeste équivoque de sa profonde incompréhension.

Pourquoi tu dis on tout à coup ? T’es tout seul, y a sonne-per à part nous deux. Ca rime à rien de parler du Domaine alors qu’on est à Lunapolis en plus.

Cette fois, Barbara écrase les doigts sur le tempe droite pour masser, piteuse, de constater que c’est compliqué de se taire et faire comme Sonia à glousser en répondant oui oui oui avec les tonnerres dont elle a la poitrine captive. La minotte souffle en lorgnant sur ses lacets bariolés d’étoiles dessinées au Posca pour se distinguer de la masse et hisse une main coupable au-dessus des cervicales.

C’est pas grave. Oui. Ça va. Toi aussi. Je t'achèterai un truc en partant. Voilà. C’est mieux comme ça. Si ça tu préfères...

La blonde redresse le menton, implore avec les prunelles claires qu’il lui pardonne et qu’ils se débarrassent de la mécanique superficielle vite. Elle a déjà perdu assez de temps à se languir de leur histoire.








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Sam 30 Juil - 23:05
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que j'passe mes nuits entre cachetons et insomnies et que j'vais m'battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis, si ça m'prend toute une vie



Ce sont les grands yeux diaphanes qui se posent sur lui tandis que les mains font tourner le chocolat froid entre les doigts. Jules qui ne comprend pas vraiment comment elle ne pourrait pas reconnaître les deux tasses avec le différentiel ambiant. Cependant il reste silencieux et essaie de remettre les morceaux âcres de l'adolescence. Celle qui n'a jamais été une partie de plaisir, celles qui ont laissé le poitrail couvert de plaies.
Non, Jules ne saisit pas vraiment pourquoi elle doit le boire glacé plutôt que brûlant mais il hoche la tête comme s'il comprenait et il déglutit, laisse la pomme tourner du menton jusqu'au collier de clavicules et il sourit légèrement.
Le débit de paroles est conséquent, grossier carrément et ça manque de faire s'étrangler le garçon avec les vagues de café qu'il engloutit. Doucement il souffle, laisse les bronches se vider des contrariétés et des babillages de Barbara. Ce qui est dégueulasse c'est de raconter des rumeurs pareilles sur moi. Ça c'est vraiment mauvais. Alors que ce soit ta copine ou pas, je m'en fou franchement.
Jules est ferme et n'a pas envie d'entendre les on-dit des minettes amoureuses ni même ceux des mineaux de la ville. Les paupières comme des enclumes, elles se serrent un instant et se rouvrent, il balaye du front les fils bruns qui tombent en liasses et il lui tourne le dos pour récupérer le paquet de clopes sous le comptoir, hausse un peu la voix pour se faire entendre. Si c'est pas ta copine en plus, pourquoi ça t'intéresses de savoir si on a couché ensembles ?
Jules n'a jamais suivi le sentier de bulles de Barbara. Il était distordu, un peu à part et surtout complètement refermé sur lui-même. Et en grandissant, Jules avait beau essayé de tout avaler pour en faire des rimes dans la tête, espérer pouvoir les comprendre, il n'y avait décidément rien à faire.
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C'est décousu et ça s'effiloche, il a le cœur qui se consume lentement et Barbara qui ravive le brasier des colères. Il est certain qu'il aurait pu, un autre jour, être heureux de l'entendre scander les aphorismes trop longs pour qu'ils en soient, de voir les cils faire les valses et les lèvres se gonfler sous les protestations.
Mais aujourd'hui, Jules, il n'a pas envie d'être patient ni même un peu tolérant.
Mais aujourd'hui, Jules, comme tous les autres jours, il gardera les états d'âme pour lui, se laissera mordre et ronger jusqu'à que ça explose pendant les nuits fauves.  
Les reins retrouvent la dureté du bois ciré et il glisse une cigarette entre ses lèvres, laissera la porte ouverte pour que l'odeur se dégage de la pièce.
Je dis on parce que je compte ma famille et les Beaujardin. Jules retient les remarques acerbes et tranchantes, laisse le sourire s'étendre et hausse alors les épaules. Si ça va alors. Les dents cognent les lippes à plusieurs reprises et la cigarette fulmine entre les phalanges. Tu peux juste choisir celui qui te fait plaisir, c'est pour le café. Il y a de la vaisselle là, si tu préfères plutôt que des pots.

Doucement, la main se glisse derrière les épaules de la demoiselle et il s'active à se diriger vers les morceaux de chêne parfaitement plaqués sur le mur, attrape un mug là où des étoiles se promènent. T'aimes toujours les étoiles et les trucs sur les cartes ? Le tarot, je crois ? Je sais pas.
Jules fait une petite moue coupable de ne pas se rappeler, coupable d'avoir oublié les prémisses de l'enfance à côté de Barbara.








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Dim 31 Juil - 1:18
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Au creux des méninges, encore le roulis de cette idée vieille d’un petit matin comme celui là, les centimètres et la maquillage en moins, mini-Barbara traînait un cartable à patins multicolores la boule au ventre avant de l’apercevoir, le plus radieux de la marmaille canaille, l’amour de sa vie. Barbara, son pouls ne s’est pas affolé pour la frivolité d’un feutre prêté. Barbara, ses yeux n’ont pas cligné comme des papillons à cause de l’éblouissement d’un sourire solaire. Barbara, ceux sont ses tripes qui l’ont hurlé lui lui lui et personne d’autres, jamais, et plutôt mourir que de lui reconnaître un seul défaut.

Dans son échoppe, Jules rugit son soûl avec un agacement qui ressemble aux échardes qu’on s’enfonce dans les doigts en raclant les malles du grenier, celui qui doit bien exister encore à Regalia. Le poids dans les talons, Barbara sent grouiller la frustration un peu amère d’être si facilement reléguée aux choses dont on se fout, le petit poing bien serré pour contenir le méli-mélo de ses impuissances et ne pas perdre la face, car les évidences pour elle, ne sont facile à faire admettre aux autres.

C’est pas de ma faute si les gens parlent tout le temps pour oublier que leur vie à eux elle est à chier. Tu devrais être content que je t’ai prévenu puisque c’est faux.

Ca s’allège dans sa poitrine à la lumière de cette nouvelle apprise de ses lèvres, pêches, roses, groseilles, la corbeille pleine, et seule Barbara aura, un jour, le droit d’en redemander. A la curiosité de Jules, les épaules se haussent avec désinvolture et le plat de la paume trace une vague entre eux.

C’est parce qu’on me l’a dit que j’ai su que tu vivais à Lunapolis. C’était normal de commencer par là.

Le plus simple quand on a perdu le fil c’est de reprendre sur la dernière maille, le crochet comme les bonnes amorces, ce n’est peut-être pas la tasse de thé de Barbara dont les dents se serrent pour ne rien aboyer de plus, rien de moins que le silence contraint, rien de plus qu’une bouche motus écrasée sur le thermos pour se donner une contenance lorsqu’il embrasse la nicotine. Pinzani dilate les narines pour happer la fumée familière, que ça lui rappelle nonna qui fait semblant de lire dans le rocking chair en échappant des Bellissimo ! absurdes pour ne pas s’endormir, et fleurit une risette absente en grattant sur les coutures de ses poches.

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Ah oui. Choisis pour moi alors. Je n’y connais rien. Ça ne m'intéresse pas vraiment.

Ni la vaisselle qu’il faut laver, ni les fleurs qu’on met dans les vases.
Sur ses épaules, la pression des doigts de Jules ramène les charivaris d’insectes volants tout près de l’abdomen et ses mirettes mènent des batailles pour ne pas rester planter sur la pointe des chaussures quand il lui montre les mugs, ceux qu’on achète quand on pas d’idées pour les anniversaires, qu’on se connaît mal finalement et ça serait foncièrement déprimant si Barbara n’était pas certaine qu’ils ont la vie pour apprendre toutes les nuances de l’autre.

Ce n’est pas une question d’aimer. C’est une question de croire ou non. Et oui. Je les ai sur moi, ça s’imprègne de la personne qui s’en sert un jeu de tarot. Sans défaire ses yeux de la céramique qu’elle soupèse entre ses mains après avoir intercalé son frappé dans les hauteurs de l’étalage, Barbara tourne l’objet constellé de citrines à branches sans y trouver ni constellation, ni effort artistique particulier. Songeuse, elle love son regard dans les abysses royales de l’aîné des Palatine. C’est pas villain. Ca passe au lave-vaisselle ? Chez nous, le café ça se boit ristretto, pas dans des mugs.

Soigneusement, le contenant retrouve sa place sur l’étagère parce que Barbara ne veut rien avoir à voir avec les foudres de sa nonna qu’on ne balade pas avec de la vaisselle de minchia. En inspectant le reste des articles, la blonde coince les mains dans le dos, les phalanges bien soudées pour ne pas céder à la facilité de s'émouvoir dans ses gestes.

Tu sais quand j’ai lu mon tirage ce matin. J’ai soulevé l’étoile. J’ai pensé que c’était bon signe parce que c’est souvent de cette manière que je sais que c'est à mon tour de prendre l’initiative. Mais je me suis trompée.

La blonde s’arrache à l’observation paresseuse des récipients pour tourner le buste, étire la colonne en poussant sur la pointe des pieds dans une nervosité impatience avant de retomber, la langue qui tourne sur le palais.

C’était pour me parler de toi. De toutes les cruches que tu fabriques ici. Ça doit être bien d’avoir les mains dans la terre tout le temps. La sensation, je veux dire.






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Lun 1 Aoû - 6:27
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que j'passe mes nuits entre cachetons et insomnies et que j'vais m'battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis, si ça m'prend toute une vie



Jules a le souffle lent et les yeux imbriqués sur la silhouette longiligne à ses côtés. Il ne sait pas quoi dire ni comment réagir, parce que les rumeurs ne l'ont jamais vraiment affecté tant qu'elle était là, les cils qui brassent l'air et les mains encore moites des rondes qu'on organise sous la chaleur abrasive des stroboscopes dorés.
Les phalanges glissent des poches aux lèvres, s'emparent de la cigarette fumante et crache la fumée à l'opposée des naseaux étroits de Barbara, parce qu'il ne voudrait pas que ses vêtements empestent les nuées noires qui s'accrochent aux poumons et qui saccagent tout. Une morte lente et dégueulasse pour des gens abominables et désespérés.
Ça saccade dans la poitrine comme les cymbales des musiciens, ça tabassent soudainement un peu trop vite lorsqu'elle prétend que Jules devrait être content, qu'on le prévienne que des rumeurs pareilles lui collent à la peau. Pourtant Jules aurait préféré ignorer que ça se répète dans les oreilles des fêtards incapables, ceux qu'on autorise à pénétrer les pièces et jardins, là où on partage les verres et les baisers.
Les lèvres sèches et la salive stagne sous la langue, il vient humidifier les morceaux charnues jusqu'à y glisser à nouveau la clope dont il doit rallumer le tronc pour éviter qu'elle ne s'essouffle. Sûrement.

On me l'a dit et Jules voudrait encore poser les questions qui fâchent, celles des fausses copines qu'il a apparemment eu entre les paumes, celle de savoir pourquoi elle voulait savoir à propos de lui.
Lunapolis et Régalia, Jules y oscille et ça l'a toujours arrangé pour être honnête -de pédaler jusque la nuit afin d'arriver au Domaine, de surprendre les canailles autour des tables et d'enserrer les épaules des plus âgés pour signifier son arrivée.
Ça ne lui viendrait jamais à l'idée de ne plus y retourner, maintenant que les tensions sont moindres avec le paternel, que les frères sont plus grands et peuvent mieux assimiler les choses, qu'ils réclament Jules.
Les céramiques comme les régalia des Rois, triomphent et affichent fièrement les dorures et les parures. Du regard il peut bien voir que ça ne semble pas vraiment faire vibrer Barbara, la tasse entre les doigts n'arrachent pas vraiment les sourires escompter, ceux qui veulent crier les merci et les promis, pour le café et le chocolat. Il y a des mots qui ne parviennent pas à trouver grâce aux oreilles du grand Palatine, parce qu'il n'a aucune idée de ce qu'ils signifient et qu'il ne peut qu'imaginer que c'est peut-être une sorte de verre ou un genre de café. Les sourcils se froncent et tressautent, les paupières s'agrandissent puis se serrent lorsqu'il dégage de l'étagère le café de la demoiselle afin de le lui rendre. Évidemment. Mais si t'aimes pas t'es pas obligé de le prendre, franchement.
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Jules ne saisit pas vraiment, il a les expressions un peu raides et loin d'être pourtant très lisses, le divin et les astres, ça ne l'intéresse pas. Les constellations entre Andromède et Persée c'est pour ceux qui ont le temps de rêver et d'avoir le nez entre les livres, de se rendre à l'observatoire pour se nourrir après les épiphanies et d'avoir les rêves de se rendre sur la lune.
La magie et la sorcellerie, ça se réserve aux charlatans des fêtes foraines, ceux qui font disparaître les pièces derrière les oreilles et qui balancent les élixirs d'amour sur la foule.
Jules, il a arrêté d'y croire très tôt à toutes ces conneries, personne ne peut se rendre sur la lune et personne ne peut s'accaparer le soleil pour en faire un flambeau mystique. Il n'y a que les plaines d'Asphodèle par delà les étoiles, lorsque les âmes s'égarent et qu'elles sont épuisées de vivre encore et encore. Lui, il espère y séjourner pour ne plus jamais sentir les peines lui perforer le cœur et il veut bien prier les étoiles si elle peut l'accompagner pour un dernier voyage.

Alors les cartes qui tracent les lignes du destin, ça lui paraît un peu grossier. Parce que le destin ça ne se lit pas sur des gribouillis colorés, ça se vit sur le moment et on espère qu'à la fin, il se montre un peu sympathique, évite les coups bas.
Mais Jules n'a pas envie de vomir les immondices et les mesquineries, il ravale l'aigreur de vouloir être sincère et termine le café d'une traite puis il a la gueule qui grigne du goût amer au fond de la gorge. L'étoile ? Pour parler... De moi ? Donc.... Ton tirage t'as parlé de moi ? Genre, il fallait que tu viennes absolument me voir ? Mignon.
Jules se met à sourire, l'air ingénu et les rires légers, il jette la fin de clope dans la poubelle à côté du meuble beige et se dirige vers la porte pour l'ouvrir afin que l'odeur méphitique s'en aille enfin. J'ai toujours eu les mains dans la terre, ça me manquerait de plus le faire. T'as envie d'essayer ?
Le petit atelier sur le bord, là où les clients décorent les poteries sans saveurs, celles encore vierges des coups de crayons du Palatine et puis il y a l'arrière boutique, là où les affaires s'empilent et les erreurs s'agglutinent.
Barbara peut bien essayé de s'y mettre, de creuser les hanses entre les doigts pour en faire des pots ronds ou bien ovales, carrés et même triangles. Jules s'approche et les poings sur les hanches, arbore le sourire de l'adolescence, celui qui n'a jamais changé, là où les stries des fossettes se démarquent encore. Peut-être que ça va t'intéresser finalement, qui sait.







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Lun 1 Aoû - 15:07
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A l’intersection de l’étoile et du pendu à l’envers, qu’il avait enfin la tête droite celui-là, les interprétations mesquines ont éclos un champs d’ortie dans l’immobilisme infernal de la routine, Barbara acculée par l’occulte, doit sortir de la coquille de noix où la vie s’écoule sans qu’elle risque son museau dans les torrents mondains si elle veut goûter le corail de baisers désirés, pas ceux qu’on plaque comme par inadvertance. Barbara n’a pas d’armure ou d’épée dans le décor de pâtes modelées, cuites, fraîches, grumeleuses, l’argile ce n’est pas de l’alchimie, rien qu’elle, l’écuelle de chair qui déborde des adorations jamais confessées, du destin toujours remis à demain.

La voie lactée, pour lui, peut bien être redessinée, elle changera la palette jusqu’à ce que ça lui ressemble. Du terre de sienne pour la toile céleste, du vert émeraude pour le filet des Antares. Son cœur, fébrile, n’en a pas fini de couiner comme les souris. Barbara, les mimines agitées d’insoutenable, n’en a pas fini de se demander comment elle pourrait lui faire comprendre que c’est estampé en caractères gras dans les tapisseries des Moires, leur idylle, alors les hanches balancent pour s’appuyer sur l’étagère, rien qu’un peu.

C’est normal que le tirage parle de toi puisque j’ai demandé après toi. Je dois venir te voir depuis toujours. Mais je voulais que ça toi qui vienne. Je voulais que ça soit facile.
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Le sourire du cabot ruisselle sur sa rétine, chemine dans le courant des veines, la brûle dans le plexus, qu’elle en porte maladroitement les doigts près de celui-ci. Barbara s’en veut, d’avoir été paresseuse, pigro, qu’elle geint nonna en la voyant improviser des gymnastiques grotesques pour ramasser les chaussures sans soulever son cul du divan. Les poumons se gorgent d’une dernière bouffée avant que le mégot s’écrase dans la corbeille pour de bon, sans qu’elle ait demandé de tirer dessus, pour sentir, avec les lèvres, ce que c’est de ne pas être une étoile absente de la carte de l’aîné des Palatine, la petite voix vicieuse qui murmure que c’est perdu d’avance quand la porte s’ouvre.

Tu veux pas fermer la boutique ? Encore quinze minutes ?

Les angoisses de minotte refont surface, d’avoir pressé dans l’intimité d’autres paires d’yeux, de subir, soutenir, souffrir, le sifflet coupé, l’aisance sociale du brun en torturant les mains entre elles le regard fuyant de malaise,. Le rayonnement de la belle mâchoire qui fait des impact en forme de fossettes dans les joues ne changera pas les craintes en forme de verre pilée de la benjamine Pinzani, qui montre ses paumes vers le ciel, le tissus blanc de la chair résorbée devenue l’extension étrangère des paluches, que ce serait du plastique, ça serait identique.

Moi, je veux bien Jules. Mais je ne peux rien sentir sous les doigts alors ce sera raté. Je ne veux pas que tu sois déçu.

A la commissure des lèvres, se fraye un sourire évasif seulement agrémenté d’un soupir fataliste, de ne jamais avoir l’audace de donner plus que ce dont elle est capable. Barbara colle les phalanges entre elles pour refermer la plaie, la prière confuse d’un embarras qui farde les joues. Les baskets décollent du sol, transportent son corps là où elle a entraperçu les blocs d'argile, la machine tournoyante, le fil à découper, le pêle-mêle des coulisses de la vitrine, et essaye d’imaginer s’il a les mêmes raideurs dans le bas du dos qu’elle à force d’être assis comme un i, obsédé dans le labeur, à ne jamais compter les heures.

C’était pas très sympa de ma part de dire que ça ne m'intéresse pas. Je veux dire. Ça se voit que tu te donnes du mal. Pour pas finir comme tes parents. T’as plus de courage que toute la marmaille Beaujardin réunie, c’est clair.







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Mar 2 Aoû - 23:32
VI

GLI AMANTE.

1

que j'passe mes nuits entre cachetons et insomnies et que j'vais m'battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis, si ça m'prend toute une vie



Barbara, elle a les constellations qui tracent le destin sur les paumes, là où sensations doivent être perçues lorsqu'elles s'entichent des nuques et des reins.
Barbara, elle a les mots peut-être trop forts pour un type qu'elle vient à peine de rencontrer, pour un type dont le cœur vient à peine d'être brisé entre les fameuses chaînes du destin.
Peut-être un autre matin, un autre monde ou un autre univers Jules aurait eu le brasier incandescent des astres contre les pommettes, ceux qui animent les passions et les ivresses. Mais là, Jules a beau parcourir du regard la jeune femme, celle à l'écart des rondes populaires, celle loin des baisers que Jules recevait derrière les bancs de l'école, il n'y a rien qui ne fasse pulser la poitrine comme elle puisse le faire.
Et ça terrorise un peu les émois, de se dire et peut-être d'admettre qu'il ira ira mieux un autre matin.

Le dédale blanc sous la chair vermeil s'affiche à peine, Jules glisse ses paumes l'une contre l'autre et appuie sur la boucle arrondie de la ceinture. Si t'étais pas venue me voir honnêtement, je pense que j'aurais même pas pensé à te voir sans vouloir te vexer. J'ai même pas eu l'idée d'aller voir Octave alors qu'il est pas si loin.
Jules connaît un peu mieux l'aîné que la cadette, parce que la rivalité incessante entre les Beaujardin et les Pinzani a noué des liens indéfectible, Viktor qui n'a jamais posé un œil sur les paysans des champs d'à côté, parce qu'à côté des Palatine, ils ne valent rien.
Mhh.. Si tu veux. Jules relâche l'étreinte grisée de la bande de cuir autour du bassin, bouscule la porte avec le bout de la semelle mâchonnée et retourne le couvercle boisé contre la vitre pour signifier que la boutique n'est pas encore ouverte.

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Jules se sent un peu bête tout à coup d'avoir proposé l'activité qui implique d'avoir les mains contre l'argile, de sculpter les formes et d'en sentir les saveurs chatouiller les nerfs, tendre les muscles jusqu'à épuiser le dos qui s'arrondit sous les efforts et la sueur.
Barbara dont les mains sont des paumelles, là où les palpations ne franchissent plus la peau démolie.
Les poignes qu'il voudrait enserrer dans les siennes, l'envie pourtant s'évade rapidement lorsqu'elle s'excuse et qu'elle a entre les dents, le courage des Beaujardin.
Il n'a jamais vu plus vaillant et ardent que la famille Beaujardin, Jules a tout a envié des marmots costauds et prêts à se battre pour des convictions qu'il n'a jamais eu, à toujours veiller les uns sur les autres et surtout sur lui. Babines grippées vers l'arrière et prunelles qui roulent, Jules a l'attention qui déconne, la lassitude facile lorsque ce n'est pas elle.
Barbara trop barbare, elle enfonce les clous dans la poitrine et revêt l'habit des tortionnaires. La marmaille Beaujardin a bien plus de courage que toi et moi réunis. T'as tout a leur envier, et moi aussi.
Jules il a les colères faciles et pourtant évasives, elles ne souillent jamais bien la poitrine mais persistent pourtant sur les lucarnes de ceux qu'il vandalise.
Raide et les mains qui s'amusent des papiers argentés au fond des poches, il recule jusque l'arrière boutique et plie les genoux pour ranger le sac qui traîne, là où il fourre les livres et les briquets, les briques de lait au chocolat jusqu'aux bijoux qu'on oubli de rendre lors des nuits fiévreuses.

Barbara un peu barbare n'a peut-être pas voulu être médisante. Barbare un peu Barbara, il revient vers elle pour qu'elle le suive et le pot déjà formé, lui glisse les paumes contre le revers des mains, caressent et appuient sur les phalanges, là où les sensations sont encore intactes. Tu peux toujours essayer avec le dos des mains. De toute manière, la première fois c'est jamais bien.
Coup d'éclanche dans les airs et Jules s'installe sur un tabouret, lui laisse le principal et lui offre un tee-shirt trop large pour la finesse de la poitrine. J'ai pas de tablier mais y a ça. T'as la pédale là, tu appuies doucement et ça fera tourner la roue ok ? Le regard contre le sien, il est prêt à se rapprocher et à faire taire la proximité s'il peut l'aider et oublier les mots blessants, les joies et les peines. Après tu fais remonter l'argile et t'essaies de lui donner la forme que tu veux, fais avec les pouces comme ça.
Doucement, Jules approche et enserre l'étau de ses pouces, bouscule la terre pour qu'elle s'affine, lui qui n'avait jamais pensé à le faire de cette manière, ça le fait sourire de long en large. Et en plus ça marche. C'est pas très grave si tu peux pas te servir des paumes.







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Mer 3 Aoû - 1:07
VI

.gli amante

1

i lay as the light rolls in across your skin and i wait just to watch it fall across your face take our time with the sweet delay

L’aurore mire des éclats contre les lignes du visage, des mosaïques miel qui fragmentent les yeux dans les pommettes, profile des ombres confitures de lait, Barbara, happée, sait qu’elle ne s’en lassera jamais, de l’infinité des réverbérations possible sur ses traits. Aux déclarations limpides, Jules a les mains qui tombent sur les bas ventre, s'agrippe dans l’anneau de fer, et le regard de Barbara suit, interdite, sur ce que ça peut bien vouloir dire, la voix qui décoche des souffles brefs et les pieds qui dandinent sur la tranche de la semelle.

C’est bien d’être honnête. Je ne suis pas vexée. Tu n’as pas besoin de te justifier. Octave est un con. Moins on y pense, plus on est heureux.

Parce que finalement c’est quoi le pire ?
De ne jamais y avoir pensé ? ou d’y penser tous les jours sans le faire ?
Le dilemme l’envoûte, rallonge les secondes, évade une inspiration coupable, Barbara, dans le fond, elle aura toujours plus à s’accabler pour l’immobilisme dans lequel elle se complaît, qu’un seul mot de reproche à lui adresser à lui, ses maladresses innocentes et sincères, pas comme les autres, surtout pas comme les hommes Pinzani.

La porte refermée et avec elle le cauchemar de la foule, Barbara se sent moins raide, moins grimée des appréhensions irritantes et désireuse d’être un peu moins Baba, un peu plus à son goût, malgré les mains laides qu’elle a enfouie dans les poches, embarrassée d’avoir du l'expliciter à voix haute. Les mots, c’est malheureux, ça ne plaît pas, ça l’écharde et ça s’entend dans la voix plus dure, que Barbara, elle les reconnaît de loin les agacements masculins, leur ego qu’ils aiment bien étendre à des gens plutôt que des choses. Grazie Cesare. La ligne des épaules raidit involontairement et elle agite les doigts dans l’air, peu importe, le courage, ce n’est pas la qualité la plus utile. Barbara pourtant ne rétorque pas de vérités salées, son avis tranchée, ses jugements faciles, les pensées qu’elle ne sait pas déformer, le ton cassant de la voix grave c’est assez pour la faire renoncer, malheureuse qui hisse les drapeaux de la retraite avant d’avoir envisagé la bataille.

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Songeuse, elle le regarde qui enjambe l’espace, ploie, penche, se redresse, dans le grand bazar qui lui appartient, obnubilé dans le bric à brac des habitudes. Avec ennui, elle bute la pointe de la semelle sur les roulettes du tabouret, fait chavirer le siège en frottis bruyant.

Jules a la peau des gens de régalia, avec les résidus de terre sèche qui forment du relief en plus, l’enveloppe tiède qu’elle peut sentir au point de trouver ça plaisant, le sourire niais qui lui déborde jusqu’au nez. Comme une poupée, Barbara se laisse installer pour le plaisir d’avoir son odeur pressée dans le voile qui tombe plus bas que le short,  d’être attablée comme dans un jeu de dinette autour de l’outils de confection. Il montre, explique, désigne, comme si c’était une alternative à la médecine conventionnelle, aux gens ordinaires. Ca lui fait remonter des marrades dans l'œsophage,  les éclats cristal de fillettes remplissent tout l’atelier, comme quand nonna surgit comme un courant d’air dans sa chambre pour raconter qu’elle a pressé de l’ail sur la porte pour éloigner le malin.

Ca ne va pas marcher ton idée. C’est déjà compliqué de tenir un verre avec le plat des mains. Les rires hachent les mots, supplient qu’elle respire entre les phrases. Je veux dire. Je peux le faire avec les pieds aussi. Ou la bouche. Le rire retombe, laissé de côté pour s’oxygéner convenablement avec les mots clairs quand elle pousse le sol du bout des pieds pour regarder dans sa direction. Je préfère encore faire sans sentir. Si tu mets les mains sur les miennes, t’auras qu’à appuyer comme il faut aux bons endroits. Je veux un cendrier. C’est facile et ça sert toujours.

La blonde se redresse dans l’assise pour se remettre face à la machine, le arpion surélevé au-dessus de la pédale et les mains brandies au-dessus des épaules, Barbara veut joueur à la poupée, la Barbie, et sentir encore les bulles translucides qui ont éclaté dans la poitrine quand il a plaqué ses paumes sur le revers des mimines.







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Jeu 4 Aoû - 0:28
VI

GLI AMANTE.

1

que j'passe mes nuits entre cachetons et insomnies et que j'vais m'battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis, si ça m'prend toute une vie



L'honnêteté, Jules il ne peut jamais vraiment y échapper. Il a les doigts qui tirent les boucles brunes sur la nuque et les prunelles qui s'affligent des remords.
Parce que Jules s'en veut toujours un peu trop, il aimerait prononcer les pardon à la pelle et les œillades navrées, celles sincères et qui martèlent les excuses mièvres.
Pourtant il garde la face, laisse les belles paroles périr au creux de l'estomac et dépose le regard sur Barbara un instant.
Les souvenirs de l'adolescence sont flous pour la plupart, il ne se rappelle pas vraiment de l'histoire chagrinée entre eux. Alors il préfère ne pas s'étaler sur la conversation, observe l'argile s'écraser lentement comme une calamité, il se redresse afin de pouvoir légèrement élever le tabouret.
Les mains se plongent dans l'eau en compagnie de celles de Barbara et le souffle lent, Jules dépose le regard sur elle et fait attention aux petits détails qui englobent la face. Barbara a les éclats de rires comme des échos, ça tire sur les muscles sous les linéaments, Jules se met aussi à rire doucement et pince les lèvres. Ouai je suis pas super partant pour la bouche...

Jules a beau imaginer la scène, celle des talons qui forgent la terre et les dents font les parures, il relâche les gloussements stupides et hoche la tête quant à son idée qui lui semble bien plus faisable.
Le poitrail s'approche et l'un des bras par dessus les épaules, Jules attrape la main de Barbara puis l'autre, enfonce les phalanges entre elle et si la tempe cogne doucement contre la sienne, ce n'est pas pour autant qu'il la retire et les voluptés s'écrasent.
Des cendriers, Jules il en a fait des milliers et ils s'arrachent toujours assez vite, parce que les étoiles plaisent, parce que les cœurs comme des rubis ça attirent toujours les yeux.
Tu t'es fait ça comment ? C'était au lycée ? La nuque se tord légèrement, le nez de travers et les yeux qui restent au dessus de la glaise.

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Il n'aurait pas pu s'y faire, à la perte des pulsations sous les phalanges, là où on sent les fièvres des corps, celles des lèvres charnues et des rondeurs sous les tissus d'été.
Jules, il n'aurait jamais pu supporter seulement les pulpes contre les revers des paumes, là où on laisse tomber les douleurs sans jamais profiter des chocs violents.
Le visage cette fois-ci s'écarte pour correctement la regarder, il arrache la glaise en trop et la jette sur le côté, mouille à nouveau les mains et sourit.
Jules un peu plus doux, il veut bien faire les efforts du monde pour oublier les chagrins et les casses de Barbara. Ça doit être emmerdant quand tu veux tenir les mains des autres. Ou juste sentir quelque chose.
Les sourcils s'affaissent puis se froncent, les ridules se tassent et Jules retourne les paumes pour y glisser les pouces, appuie en pleins milieu contre la chair, gratte un peu et s'arrête pour revenir imbriquer les doigts les uns dans les autres jusqu'à que le cendrier se forme enfin peu à peu.

Les occasions manquées et pendant un instant, Jules se le demande. Et il hésite pendant une seconde puis deux, les dents s'enfoncent contre les lèvres et finalement elles s'ouvrent, laisse le souffle cendré s'échapper. Tu l'as vu ça, dans tes cartes, qu'un jour tu perdrais le toucher ?
Les lucarnes vertes rejoignent celles de Barbara jusqu'à que la tempe retrouve son appui, parce que les reins qui s'épanchent vers l'avant commencent à légèrement tirer, alors il se rapproche, tant pis pour la proximité exiguë des amoureux et la chaleur qui s'incombe des carcasses.







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