l’incompréhension devant les excuses bafouées de celian. eliott ne pige pas. c’est pas au maître des fêtes de s’excuser, c’est à lui. il peut lui hurler dessus, l’insulter ou même le frapper, ce serait mérité. c’est de sa faute. c’est eliott qui a merdé. alors non, ça n’a aucun sens que celian se sente coupable d’avoir réagit, même à chaud, parce qu’il était inquiet pour quelqu’un à qui il tient. ça lui fait comme un électrochoc. alors il l’arrête en vitesse, et prononce des mots qu’il n’aurait probablement jamais dit sans ça.
“celian.” voix sans appel pour qu’il se taise et l’écoute. il plonge ses yeux dans les siens, l’air dur. “t’as pas à t’excuser. c’est de ma faute. c’est moi qui ai disparu pendant six mois. c’est moi qui ne t’ai pas prévenu. c’est moi qui t’ai inquiété et blessé. c’est moi qui ait merdé.” marque une pause. “je suis désolé.”
enfin des excuses. il était temps. ça lui fait tout bizarre. il fixe un peu le vide, mal à l’aise. mais celian à la décence de le vanner en lui rappelant leur première rencontre. en y repensant, il a un sourire nostalgique sur le visage. mais ça le fait aussi relativiser. il se rends compte que, ouais, c’est pas la première fois qu’il fait le con.
“en même temps, comment résister à voler le petit con et prétentieux maître des fêtes de l’illustre maison des roses et de l’ombre ?”
réponse sarcastique pour retrouver les dynamiques d’antan. pointe d’humour pour rebondir sur celle de celian. c’est vrai, après tout. il a été odieux, manipulateur et désagréable avec celian au début de leur relation. tentative d’escroquerie et de vol. et pourtant. et finalement, le corbeau n’a rien lâché. c’est un truc qu’il admire chez celian: il a tellement la hargne qu’il n’abandonne jamais et, de fait, attire tellement de gens autour de lui sans même s’en rendre compte. attachant garçon qui virevolte dans son monde. le corbeau ne s’en rend sûrement pas compte de cette attraction sociale qu’il a, mais eliott, plus observateur, l’a bien remarqué. et puis même, au final, jamais celian ne l’a laissé tomber. c’est tout con, mais eliott avait oublié.
mouvement de recul quand celian s’approche et hausse le ton. eliott se retrouve vite coincé contre le mur et ne peut éviter le doigt qui s’abat sur sa poitrine d’un air réprobateur. le chat fronce les sourcils et pince les lèvres. il n’a pas envie de se faire engueuler, mais il n’a pas tellement le choix. alors il écoute d’un air un peu boudeur. au moins, ça détends l'atmosphère, et devant celian qui le dispute, il oublie un peu ses émotions coupables de s’être fait jeter en prison. une fois le discours de celian terminé, eliott détourne la tête et grogne. non pas pour fuir ou parce que ça le fait chier, juste parce que celian dit la vérité. et eliott se retrouve face à ses contradictions, bien emmerdé.
“j’sais pas…”
il lâche ça, un peu sèchement, un peu grognon. parce qu’il ne sait pas quoi lui répondre pour avoir raison. peut-être parce qu’il sait qu’il a tort et qu’il ne peut pas gagner ce débat.
“non, je m’en fou pas. j’t’aurai répondu par message sans doute, un jour. ou bien je serai peut-être venu au palais des rois sans prévenir...j’sais pas.” il soupire. “je sais juste que c’était trop dur. j’étais pas capable de vous affronter. je crois que j’ai préféré fuir et me renfermer. peut-être que j’aurai préféré ne rien dire, en vrai. faire comme si de rien était. tu sais…”
il marque une pause, ressasse dans sa tête ces six derniers mois. affiche une grimace. la taule, c’est de la merde. il veut plus jamais y retourner. ça l’a marqué.
“c’était pas rien. c’est pas comme la dizaine de garde à vue qu'on a vécu ou en s’en foutait des conséquences. là c'était...”
pas capable de raconter plus en détail pour le moment. il reste un instant dans ses pensées avant de secouer la tête pour en sortir. il ne mentionne pas les insomnies, la dépression et la culpabilité d’en être arrivé là dans sa vie. il ne lui dit pas non plus qu’il a songé à disparaître pour l'éternité. à fuir jusqu’au bout, poussé par la honte. eliott à de l’égo. trop d’égo.
celian embraye sur alysse. alysse. putain alysse. c’est vrai. il a raison. la honte et la culpabilité le gagne à nouveau, cette fois-ci avec un soupçon de panique. parce qu’il n’y a pas que celian qui fait partie de ses amis. il y a alysse seth aussi. qui doit se demander ce qu’il a foutu pendant six mois, qui doit s’inquiéter pour lui aussi. au moins autant que celian. merde. voilà encore une autre personne de blessée à cause de lui.
“non.”
il marque une pause.
“quand je suis sorti fin novembre, je suis rentré voir ma mère. tu sais, j’ai jamais été un gosse exemplaire et je pense que je l’ai souvent déçue. mais… ce que j’ai vu dans ses yeux, je ne l’avais jamais vu.”
sa gorge se noue. repenser à son regard lui crève le coeur.
“je ne voulais pas voir le même chez vous.”
c’est pour ça celian. c’est pour ça qu’il est resté mué dix jours entiers en sortant de prison. c’est pour ça les messages distants et la froideur. c’est pour ça l’absence de signe et de nouvelles. c’est juste pour ça. par peur de la confrontation. par peur de réaliser. à quel point il a blessé les seuls gens qu’il aime.
@nébuleuse
Eliott Fauvel
Celian Dresdell
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Lun 21 Fév - 6:02
it's me again
(oh, look. it's a f*cking ghost)
le bar
ft. Eliott
4 décembre 2097
La bouche en "o", il t'interrompt en vitesse dans tes excuses et pour la première fois de la soirée, tu t'arrêtes pour l'écouter plus de deux secondes. Ses excuses te prennent un peu par surprise, mais c'est son expression qui arrive à te prendre par les sentiments.
Eliott triste. Eliott qui s'en veut. Eliott qui te demande pardon. Eliott mal à l'aise. Ça en fait beaucoup, des découvertes sur ton ami. Voilà bien de nouvelles façades, de nouveaux côtés dont tu ne lui connaissais pourtant pas. Le Eliott de tes souvenirs, lui, était fier et intelligent, toujours accompagné d'une pointe d'ironie et de sarcasme dans la voix. Mais ce soir.. Ce soir, il semble si vulnérable, si triste. Peut-être même un peu con aussi, pour avoir cru ne serait-ce qu'un court instant qu'une erreur de sa part arriverait à changer ton opinion de lui. Il a déjà essayé de te piéger, après tout. Ça ne vous a pas empêché de devenir amis par la suite, même en connaissant la vérité.
Ça te fait rire doucement lorsqu'il te répond du tac au tac. Prétentieux? Oui, tu l'étais sans doute un peu. Beaucoup même. Il y a deux ans marquait ta première rencontre avec Eliott, mais également les débuts de ta carrière en tant qu'organisateur de fêtes. Ce fut un vrai choc lorsque tu avais touché ton salaire pour la toute première fois, ça t'avait poussé à faire de folles dépenses, en te procurant tout ce que tu avais toujours désiré sans pouvoir te le permettre. En y repensant, pas étonnant qu'il t'ait pris pour cible, couvert de bijoux et de diverses marques de luxe de la tête aux pieds. Te mettre une grosse croix rouge sur le dos aurait eu le même effet.
Et pendant un instant, c'est comme s'il n'y avait jamais eu ces six longs mois d'absence. C'est juste comme avant. À rire de tout, à rire de rien. Mais tout n'est pas réglé et ne le sera pas tant qu'il ne comprendra pas sa véritable erreur dans toute cette histoire. À savoir, communiquer ouvertement avec les gens qui tiennent à lui.
Ça te fait un peu drôle, d'être dans le rôle de celui qui fait la morale aux autres. Tu n'apprécies pas particulièrement engueuler autrui, à vrai dire ça te rappelle même un peu ta mère, mais parler calmement dans de telles circonstances relèverait presque de l'impossible pour une personne telle que toi. En te recroisant les bras, tu ne peux t'empêcher de comparer Eliott à un gamin qui boude. Il semblerait bien que pour une fois, le grand Eliott soit à court de mots, en manque de solutions.
La moue sur ton visage s'aggrave à mesure qu'il parle sans grande conviction. "Peut-être. Je sais pas." Pourquoi une telle réticence à s'ouvrir à toi? Alors que vous avez fait les pires conneries imaginables ensemble? Certes, c'est un coup dur, mais ne sait-il pas déjà que jamais tu ne le jugerais pour ce genre de choses?
Tu l'observes en silence, il semble réfléchir, finit pourtant par secouer la tête, une expression douloureuse sur le visage, comme si oublier était préférable.
Et quand tu mentionnes Alysse, tu remarques la panique gagner légèrement ses traits, sa voix. Tu ne dis plus rien, tu ne veux pas le couper dans son élan, entendre ce qu'il a à dire te suffit amplement.
Le son de sa voix t'avait affreusement manqué. Mais pas comme ça, pas avec ce timbre de voix, ce ton triste. Honteux. Brisé. Tu ne le supportes pas, au même titre que ce regard lui aussi triste. Honteux. Brisé.
Et t'as l'impression de le comprendre sur ce point-là. T'es pas du genre à accorder de l'importance aux regards des autres, t'as appris à t'en foutre avec les années. En revanche, en ce qui concerne les personnes qui te sont chères, c'est une autre histoire. La peur constante de les décevoir te guette à toute heure du jour et de la nuit.
Tu te souviens de l'expression de maman, quand elle te regardait avec une telle dureté ancrée dans le regard (l'air de dire "mais quelle cause perdue celui-là"). Tu t'imagines souvent le visage que papa aurait fait s'il savait quel genre d'homme tu es devenu (serait-il déçu? (oui, sans aucun doute de ta part)). Parfois, lorsque tu sais avoir été trop bourré la veille après une fête, tu n'oses même plus croiser le regard d'Alastair, de crainte qu'il change d'avis sur toi et qu'il décide de te renvoyer sur le champ. Dernièrement, tu penses aussi à la petite Esmée, celle qui place beaucoup trop d'espoirs et d'admiration en toi, et qui se retrouvera irrémédiablement déçue le jour où elle comprendra que t'es pas ce mec génial auquel elle croit tant.
Tu t'attends parfois à retrouver de la déception à ton égard dans les yeux d'Alysse. Et pourtant, de manière instinctive, c'est toujours son regard à elle que tu vas chercher en premier. Parce qu'en ce monde, il n'existe aucun plus grand soulagement que de te tourner vers elle et de ne jamais apercevoir la moindre trace de ce dont tu redoutes tant. Tu veux lui faire comprendre la même chose, à Eliott. Qu'il n'a pas à craindre quelconque jugement de ta part. Ce sera pareil avec Alysse, t'en es sûr.
- Putain. Eliott...
Non, tu ne peux pas prétendre savoir tout ce qu'il a vécu. Non, tu ne peux pas non plus comprendre tout ce qu'il ressent. Mais oui, tu peux affirmer aujourd'hui, ici et maintenant toujours vouloir être là pour lui à l'avenir.
Tu t'approches de lui soudainement et le serre dans tes bras avec force, comme si tu avais le pouvoir et la volonté de bannir, de chasser tous ses doutes de cette simple action.
- Tu t'imagines même pas à quel point tu m'as manqué...
Trop d'émotions en si peu de temps, ça te bouleverse complètement. Des larmes menacent de couler le long de tes joues. Pas de rage. Ni de tristesse. Simplement la joie de pouvoir attester qu'Eliott n'est plus fantôme , mais homme bel et bien fait de chair.
(c) opalescence
Celian Dresdell
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Sam 5 Mar - 20:11
it's me again (04 décembre 2097 x le bar)
les excuses qui fusent et la parole qui se délie. depuis combien de temps eliott ne s’était pas confié comme ça ? depuis combien de temps est-ce qu’il n’avait pas laissé ses sentiments parler pour lui ? depuis combien de temps n’avait-il pas été honnête ? envers les autres et envers lui-même. le monologue se termine en un pincement au cœur. celian ne l’a jamais vu comme ça, jamais. sa réaction se fait entendre, et finalement l’homme finit par murmurer un juron, comme il a l’habitude de le faire. ça arrache un sourire triste à eliott, qui, à sa place, n’aurait pas su quoi dire d’autre.
mais celian ne s’arrête pas là, et le voilà qui s’approche soudainement d’eliott. mouvement de recul. eliott est félin. eliott est chat. il n’aime pas le contact. et surtout pas celui improvisé. malheureusement pour lui, le mur dans son dos stop bien vite sa fuite, et voilà que celian à le temps de passer ses bras autour de lui et de le serrer contre son torse. et eliott est là, muet, rigide, et terriblement mal à l’aise. bordel celian.
il finit par soupirer en entendant les mots de son ami. il comprend que, si celian fait probablement ça pour le rassurer et lui offrir une épaule sur laquelle s’appuyer, bien que trop proche, c’est aussi parce que le corbeau à besoin d’être rassuré. après tout, pour lui aussi, ces six mois d’absence n’ont pas été faciles. il doit avoir besoin d’être sûr, de vérifier, de se prouver qu’eliott est bel et bien vivant. présent. en face de lui. alors eliott est compréhensif et se détend. il accepte l'étreinte un tout petit peu, le temps de murmurer:
“je suis là maintenant…”
ça sonne comme une promesse. et puis ses mains se glissent sur le torse de celian pour le repousser doucement dans un sourire gêné. eliott n’est ni doué avec les émotions, ni avec le contact.
“faut que je retourne travailler. j’ai déjà galéré à trouvé un taff en sortant de prison, j’ai pas envie de le perdre maintenant. j’essaye d’être un mec bien, tu comprends ?”
petit rire ironique, mais à moitié sincère. elitot sait qu’il ne sera jamais le mec parfait, et il sait que celian le sait tout aussi bien que lui. mais bon, on essaye.
“on rentre ? je te dois un verre de “mon alcool le plus fort”, monsieur dresdell.”
et les voilà repartant à l’intérieur du bar, le coeur un peu plus léger. la pilule est presque passée, et ils peuvent retourner picoler. c’est qu’ils ont des choses à rattraper.
