Le ricanement se fait amusé, Maxine a le regard fier des grands conquérants, la flotte aux pieds des vaincus. Le bleu délavé ramène les couleurs entre les pavés, petite mare de bulles de savon qui éclatent dans un rythme presque apaisant. Maxine l'aime bien cette guerre, ça n'a pas de goût amer, ça part en éclat sincère. Pas de larme, pas de sang, pas de faux semblants. Les poings sur les hanches elle toise l'énergumène, hausse un sourcil en le voyant retirer les couches humides. Ne se formalise pas, attend presque le contrecoup de son attaque avec impatience. Ça lui change des coups et des arcades éclatés, des côtes bousillées par les coups bien placés.

La peau pâle se recouvre bientôt d'une épaisse fourrure et Maxine frissonne, loin d'elle l'envie de chercher des noises à un ours mais elle ne peut pas s'en empêcher. Elle ricane. "Ah t'essayes de montrer tes muscles ?" Ça ne l'atteint pas beaucoup, elle n'aura qu'à s'envoler, le narguer de tout là haut. Une seconde plus tard, ça s'ébroue et Maxine, surprise, n'a pas le temps de reculer, se prend la douche comme une pluie diluvienne. Colorée et savonnée. Précipitamment, elle recule mais c'est trop tard. Elle peste, recrache le savon qui lui éclate les papilles, essui l"eau de ses joues humides. Un regard colère, mais peut-être qu'elle l'a bien cherché après tout. "La fourrure mouillée ça PUE !" Les mains s'agitent pour tout laisser couler.

Alors sans attendre, elle s'approche du second sceau, y plonge les mains pour récolter les bulles. Encore quelque pas et là voilà qui s'empare du visage de Marek pour le recouvrir de savons pétillants, un peu brusquement.

L'ours lippu a les babines qui remuent, la peinture crachée juste au bout des pieds alors que la mousse se pare de teintes bariolées. Elle est bien d'accord Maxine, ça n'a pas bon goût tout ça, le savon et la saveur de l'orage, de la bagarre entre deux durs labeurs. Ils ont oublié les caméras, le reliquat de leur révolution ; graffiti à peine idéaliste juste bon à gratter au savon. La pie éclate de rire aux manies ursidés, la langue râpeuse tente de se défaire de l'affreux goût et la pie n'a qu'un peu de joie à exclure des poumons, gronde comme un orage si peu heureux d'être là, mais si content d'en être arrivé là.
Elle piaffe et piaille, les rides de rire au coin des lèvres. "C'est dégueux hein ?!"

Marek n'a peut-être pas dit son dernier mot et Maxine sautille presque d'impatience. Le prochain geste, la prochaine bataille. Un missile ou une grenade, un titre ou une parade. Elle fronce le nez, bien dégoutée d'appercevoir le torchon bien mariné dans les couleurs nauséabondes. "Beurk tu gardes ça dans ta poche toi ?" Maxine n'aimerait pas être celle qui fera sa lessive.

Trop lente pour esquiver, elle s'attendait à ce qu'il lui saute dessus, pas à ce que le vilain tissu s'envole des grosses pattes poilues. Une grenade donc. Pas de temps de se baisser, le visage bientôt tout mouillé et Maxine, peste, peste peste en crachant à son tour. "BAAAH."
Un pas en arrière, s'éloigner du torchon étalé aux pieds comme une petite mare à moustique. "Beurk beurk beurk c'était pas cool ça Marek !" Mais au fond les lèvres s'étirent en petit sourire complice alors que les doigts s'éloignent de son visage.
Elle le fixe une seconde, tente de paraître redoutable, de retrouver l'éclat de la fosse dans cette parodie de bataille ; mais elle n'y arrive pas, s'esclaffe encore et s'en va s'affaler contre le mur délavé. Tout est trempé, elle lui, tout. Les jambes étendus, Maxine dans une posture presque fatiguée. Maintenant, elle se dit qu'elle peut capituler. Il n'y a pas grand chose à gagner.

"Ok c'est bon on a qu'à dire que t'es un grand nounours trop badass et qu'on a fait match nul. On est tous les deux tout sale, on pue et on est trempé, bravo à nous !" Un rire un peu sarcastique alors qu'elle bataille pour se défaire du haut de son bleu, à l'instar de son collègue. Son débardeur gris et tout aussi trempé, colle à la peau et ça la dégoûte dans une énième grimace et un soupir. "Tu crois qu'les douches sont encore ouvertes ?" Elle ne sait même pas qu'elle heure il est mais elle ne fait pas mine de bouger, la pensée de la dernière navette de la soirée déjà complètement oubliée.
Comme s'il ne s'était pas déjà assez lavé, avec toute cette flotte et ce savon noirci. Ca la fait une nouvelle fois pouffer de rire alors qu'elle bascule le haut du crâne contre le mur.