haklyone
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Need somebody to hold you? - (Jayson / Sam)



 
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Need somebody to hold you? - (Jayson / Sam)
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Sam Sangberg
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Sam Sangberg
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Jeu 20 Juil - 22:57
Need somebody to hold you?


C’est encore une nuit qui se termine dans les bas-fonds. Les âmes emerges l’adrénaline pleins les veines, encore excitées par l’odeur du sang. La plupart n’ont fait que parier, mais on trouve aussi quelques combattants. Aussitôt à l’air libre, le groupe se dissout comme du sucre dans de l’eau. Certains s’en vont dépenser les gains de la soirée en boissons et en prostitués. D’autres s’en retournent tout simplement au calme de leur nid.

C’est le cas d’un jeune garçon balafré. Il longe les murs du quartier, plus discret que les ombres. Il s’est bien battu ce soir, il a gagné et il est épuisé. C’est peut-être pour cela qu’il ne remarque pas la jeune femme qui l’attend au coin de la rue, une batte de baseball au creux de la main.

Le combat est bref et silencieux. Une demi minute tout au plus. La demoiselle disparaît, sa main a lâché l’arme pour presser son bras ensanglanté, laissant le bout de bois inerte aux côtés de sa victime inconsciente.




Putain, elle ma pas raté la salope. Je crois pas être resté dans les vapes longtemps, son sang est encore gluant sous mes ongles.

J'essaye de respirer.

J’y arrive pas.

J’essaye de me relever.

J’y arrive pas.

Alors je roule sur le dos. Un lampadaire clignote quelque part dans la rue. ça pue la pisse. Je vais vraiment crever là? Tout seul?

Je ferme les yeux, la main crispée sur mon pendentif. Faut penser à des trucs bien. Faut penser que aux trucs bien. ça va aller. C’est bientôt fini.

Mais on m’arrache le thorax d’un coup. L’air me brûle les narines, j’ai du m’écorcher le nez en mangeant le sol. Je sens mon diaphragme se contracter, mais … J’ai l’impression d’étouffer.

J’ai trop mal. C’est insupportable.

Une crise de toux. Mes côtes hurlent.

J’ai juste envie de crever ici, mais j’ai pas envie de crever ici putain! Je peux pas crever ici!

J’ai beau m’étouffer, j’ai pas l’air de perdre connaissance. Alors je fini par me redresser sur un coude. Puis un genoux, puis un pied.  

La fosse est pas loin. J’suis presque sûr d’avoir vu Jayson s’occuper du gus que j’ai éclaté ce soir. C’était à moi de faire ça. C’était à moi de poser les compresses sur ses ptits hématomes, c’était à moi de lui recoudre le menton. Il m’avait fait un clin d’oeil avant le combat, c’est sûr que ça voulait dire un truc.

Mais papa Jayson est toujours là to save the day, hein? D’où il s’met entre moi et mon future date. C’est parce qu’il voulait le pécho hein! J’vais crever dans ses bras à ce vieux chien, ça lui apprendra.

Putain ce que j’ai mal.

Je rate la première marche et me retrouve à rouler jusqu’en bas des escaliers qui mènent à la fosse. Une crise de toux, encore. Plus forte que la dernière.

J’attends pas qu’elle soit passée pour me relever.

Yà un goût métallique dans ma bouche, je pisse le sang. J’ai dû me mordre la langue en tombant. Une main se pose sur mon épaule, j’ai pas la force de me défendre.

“Vas chercher. Jayson.”

C’est tout ce que j’ai à dire avant de m’écrouler contre un mur froid et sale.

ça va aller, ça va aller, ça va aller, ça va aller, ça va aller, ça va aller, ça va aller

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Sam Sangberg
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Jayson Wymer
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Ven 21 Juil - 9:39
C'est un soir comme les autres, à la fosse.

Les hurlements accompagnent le fracas des coups, des os qui se brisent, des corps qui tombent. La foule insatiable hurle au sang et aux larmes. Et depuis combien d'années déjà, Jayson les voit s'enchaîner, les combattant.es, les victimes d'un système prédateur, qui se nourrit de chairs et de souffrances. Il en a assez, il est fatigué, de voir tous ces gosses crever, pour le plaisir de sponsors qui s'empressent de les oublier.

Les sacrifices ne repaîtront jamais les appétits insatiables de ces imbéciles qui se prennent pour des Dieux, ils sont intouchables, du haut de leur trône fait d'argent, siégeant au sommet de charniers. Les corps pourrissent. Les noms scandés par ce culte dyonisaque sont effacés par le sang et l'alcool qui coulent à foison, les substances qui noient les sens et l'esprit, Jayson ne voit plus d'humanité, entre ces murs sales et au fond de ces regards.

Il n'ose plus les croiser depuis des années déjà. Les yeux baissés, Jayson passe dans les rangs, il recoud, il désinfecte, il replace, il essaye, d'apaiser. Il n'a plus de morphine sur lui et maintenant, ne prend plus toujours d'antidouleurs, par peur qu'on le braque, tout ça pour une poignée de médicaments. Son visage est connu, certains le saluent, ceux qui ont survécu - une minorité, parmi toustes celleux qu'il a tentés de soigner.

Jayson est usé. Il ne supporte plus de voir qu'en 30 ans, rien n'a changé. Que les morts et la misère s'épanouissent dans l'indifférence la plus totale, que la Milice ferme les yeux, que la fosse continue à se remplir, d'âmes désespérées qui croient changer leur monde, qui espèrent un avenir, alors que chaque coup les rapproche au mieux, d'une mort rapide, au pire, à des jours, des ans d'agonie. Et ces enfoiré.es qui parient sur elleux, ne les voyant que comme un simple divertissement, une possible rentrée d'argent, les remplaçant, dès qu'iels sont défectueux.ses, pour plus jeunes, plus vifs, plus puissants. Iels rongent leurs os, grattent jusqu'au plus petit morceau de chair, et leur soif intarissable les pousse déjà à chercher un nouveau calice.

Jayson a depuis longtemps réalisé que ses soins ne font que retarder l'impensable, comme ce gosse qu'il a recousu et qu'il trouve mort au fond d'une ruelle quelques semaines plus tard, cette femme qu'il a pansée, qui éclate la tête d'un autre contre un trottoir. Il doute de lui, du bienfondé de ses actions, fait-il partie de ceux qui font perdurer ce supplice de la roue ? Son travail fait que l'on attend un peu avant de changer les rouages, mais tout ce qu'il fait, n'arrête pas cette machine.

Et son coeur s'écrase à chacun de ses passages.

Le rejet devient tel, qu'il est parfois pris de haut le coeur en approchant de la fosse, qu'il vomit sur les pavés, toute son aigreur, sa peur, sa haine. La bile acide, mord ses papilles, abîme sa gorge et tire ses traits. Ses efforts sont reconnus, appréciés, mais ce n'est pas qu'il recherche, Jayson au contraire, est mal à l'aise qu'on l'appelle "l'ange", "le sauveteur", il ne veut pas attirer l'attention, il ne veut pas qu'on le croit allié, de tout ce règne qu'il aimerait écrouler.

Certaines nuits, il se demande, que devrait-il faire, faut-il continuer ? Il a commencé à espacer ses patrouilles, il ne s'y rend qu'une à deux fois par semaine à présent, tant pis, tant pis, il ne peut pas sauver tout le monde. Et cette violence, il ne parvient plus à l'endurer, elle le rend malade. Elle le contamine. Elle souille son esprit, au point où parfois, il rêve d'une révolte, que toustes ces sacrifié.es, se retournent contre leurs Majestés. Qu'iels les dévorent et qu'il n'en reste que des os, des contes, une histoire ancienne, qu'on n'oubliera pourtant jamais, qu'on ne recommencera pas.

Il se demande, serait-ce à moi de le faire ? Mais rien qu'à cette idée, tout son être se révulse. Ses entrailles se renversent, sa peau se couvre de dards, Jayson s'écrase, misérable. Souvenir d'une vie passée, à subir les coups et l'humiliation, d'une vie qu'il n'a déjà que trop gaspillée.

Ce soir est comme tous les autres à la fosse.

Un genou au sol, penché sur un gamin plus jeune que son fils, il passe l'aiguille. Le jeune homme grimace. Le visage tuméfié, l'oeil bleu et gonflé, il tient un mouchoir contre son nez. Jayson l'encourage, d'une voix basse et tendre, sa main se repose parfois sur son épaule, dans un geste de soutien, l'autre le repousse d'un mouvement vif. Ses doigts se rétractent craintivement, Jayson préfère désinfecter, appliquer un pansement, conseiller, "nettoie ça demain soir, avec de l'eau et du savon, les points partiront d'eux-mêmes, d'ici une semaine". Le gamin ne répond pas, il jure déjà entre ses mâchoires serrées, qu'il va se venger, qu'il démontra la tête de l'autre.

Ses paupières s'alourdissent sur ses yeux déjà cernés.

Un pas précipité s'approche, Jayson se redresse lentement, sa main referme son sac, le glisse sur son épaule. Ses grandes et grosses mains couvertes de cornes, sont parcourues de cicatrices et crevasses, emplies déjà d'un sang qui n'a pas fini de coaguler.

Un blessé, Sam cette fois, mais n'est-ce pas…

_ Laisse le crever ! Aboie le perdant, essuyant son nez, d'un revers de manche.

Les sourcils de Jayson se froncent, ses mâchoires se serrent, mais il ravale tout ce qu'il aimerait dire, il se contente d'un signe de tête pour dire au messager, qu'il le suit. Il presse le pas, malgré son mal de ventre et le poing qui écrase ses côtes. Ce n'est plus de son âge, ce n'est peut-être simplement plus pour lui, de courir d'un bout à l'autre de ce champ de bataille, pour raffistoler celleux qui vont s'entretuer demain.

Mais lorsqu'il voit le jeune adossé au mur, lorsqu'il voit le sang de partout, son vieux coeur arrive encore à se broyer dans sa cage thoracique. Son souffle s'étrangle, ses yeux s'écarquillent et il dépasse l'autre pour retomber à genoux près de Sam. Ses articulations ont protesté, d'un craquement qui l'a fait grimacer mais déjà, il l'examine, avec les moyens du bord. Ses yeux qui ne voient plus si clairs. Ses mains qui ont perdu leur sensibilité. Le flair noyé par les effluves, de sang, d'urine et de sueur.

Ca a l'air grave.

_ Sam ? Tu m'entends ?

Sa main se referme doucement sur celle du jeune homme, pour la lui serrer. Il guette un mouvement. Inquiet, il le dévisage attentivement, son autre main parcourt prudemment son corps, à la recherche d'une blessure, le souci, c'est qu'il y en a plein. L'inquiétude accélère son rythme cardiaque et finalement, il le relâche pour ouvrir son haut, dévoiler sa cage thoracique.

_ … Ca a l'air sérieux, murmure-t-il pour lui-même , il entend, le souffle sifflant, Va falloir qu'on t'emmène à l'hôpital, au moins pour des soins d'urgence ou des examens plus poussés…

Ses côtes sont-elles cassées ? Y'a-t-il une perforation pneumonale ? Il craint les fractures internes et l'hémorragie, il craint déjà, que ce ne soit trop tard, le temps qu'ils arrivent.

Encore un ? Encore un mort, sur cette liste trop longue.

Car si les autres oublient, Jayson, lui, n'y arrive pas.

Il se souvient de tous leurs noms, il se souvient de leurs visages, de leurs regards, leur odeur, imprégnée à jamais, dans sa mémoire.

Tous ces morts qui reposent sur ses épaules, car combien même il n'est pas celui qui les a frappés, il ne les a pourtant pas sauvés, leur sang, inscrit dans sa peau, leurs derniers instants, gravés dans son coeur.

_ Ca va aller, d'accord ? Ne… Ne me lâche pas okay ? Tiens bon.

Sa main effleure timidement, tendrement, le front de Sam, dans un geste paternel, avant que ses bras ne l'enlacent. Jayson gémit de douleur quand sa sciatique le relance, mais il parvient péniblement à soulever le jeune homme, il remonte les escaliers, doit parfois s'appuyer contre le mur pour s'aider. Il n'a plus la force d'autrefois.

Et il se maudit, pour sa faiblesse, il maudit cette fosse, qu'il exècre.

Toute la rage bouillonne dans ses viscères. Et pourtant, c'est encore avec la tendresse d'un père, qu'il garde précieusement le garçon contre lui, contre son torse, pour le toucher, il faudra passer sur son corps.

D'ailleurs, le perdant du précédent affrontement les suit dans l'ombre, jusqu'à ce que Jayson rejoigne les quartiers plus huppés, ceux éclairés de lumière. Il ne laisse pas tellement le choix à Sam et se met en direction de l'hôpital, espérant ne pas croiser de Miliciens sur son chemin. Il ne manquerait plus qu’il doive répondre aux questions…

De toute façon, que feraient-ils ? Les garderaient-ils en garde à vue, les condamneraient-ils ? Pour ensuite laisser ce massacre quotidien continuer ? Jayson n’avait pas conscience qu’il commençait à être aussi désabusé.

Quand Sam reprend conscience, assez pour être en pleine possession de ses moyens, il est allongé sur un lit d’hôpital. Une poche injecte directement dans ses veines de quoi apaiser ses souffrances. Jayson est à quelques pas de lui, plusieurs heures sont passées, ils sont à quelques heures de l’aube.

Appuyé à la fenêtre de la chambre, regardant dehors, Jayson est au téléphone.

_ Bonjour, Ashe, c’est papa. Je sais que tu dors, je t’appelais juste pour que tu ne t’inquiètes pas. Je… J’ai dû m’occuper quelqu’un de ce soir, mais je vais bien, tout va bien. Ne m’attends pas pour petit-déjeuner. Je te rappelle à midi. Passe une bonne journée, je t’aime, mon garçon.

Jayson raccroche et reste un instant à observer l’horizon. Il voit les sommets des immeubles. La nuit troublée par les lumières artificielles. La sérénité d’une rue parfois troublée par les passages de quelques badauds, puis il voit, son propre reflet.

Il n’aime pas ce qu’il voit, il n’a jamais aimé, ce spectacle. Les cheveux grisonnants, les barres qui traversent son front et pèsent sur ses sourcils, sourcils épais froncés, sur ses yeux noirs, les cernes qui les enterrent, les mâchoires serrées, dévorées par une barbe de quelques jours. Ce qui l’inquiète, c’est l’obscurité au fond de ses pupilles, c’est ce désespoir qui l’écrase, lui aussi, il étouffe.

Mais quand Sam esquisse un geste, Jayson se redresse et se retourne. Son expression s’adoucit, ses yeux noirs, se font plus tendres. Jayson s’approche de deux pas, s’assied au bord du lit. Ses bras retombent sur ses cuisses, ses mains se joignent entre elles.

_ Bonjour, Sam. Comment ça va ?

Il demande.

Et sa voix grave, est une caresse, elle réconforte, elle enveloppe.

Et Jayson commence à se dire, que ce garçon, sera peut-être le dernier qu’il sauvera.

Car il n’aime pas, ce qu’il voit. Il n’aime pas voir ce garçon à la tête éclatée et tuméfiée, il n’aime pas le voir dans ce lit d’hôpital, il n’aime pas se dire, que d’ici quelques jours, quelques semaines, il va retourner sur le champ de bataille, que tout va recommencer. Il n’aime pas se voir, si las, si fatigué, il n’aime pas se voir, dans ce fichu hôpital, à sauver tant bien que mal, des gens qu’il devra peut-être enterrés.

Ses épaules sont lourdes, il peine à les soulever, et Jayson baisse légèrement la tête, il faut dire qu’il n’a pas dormi de la nuit, que son corps lui fait mal, ses yeux lui piquent. Et surtout, surtout, il sent comme une corde, nouée autour de son cou, accrochée à ce coeur, ce coeur qui pèse.

_ Je suis désolé.

Dit-il par réflexe, d’une voix éteinte.

Mais cette fois, il n’arrive pas à se sentir soulagé. Il ne sait pas vraiment de quoi il se sent coupable, mais ces mots, il a pris l’habitude de les prononcer pour s’apaiser. Et cette fois, ça ne fonctionne pas, ça ne suffit pas.

_ Ca… Ca devrait aller. Mais il va te falloir du repos quelques jours, explique-t-il prudemment, sans redresser les yeux cette fois.

Car il aimerait lui dire, “faut arrêter, ça va te tuer”, “faut arrêter, tu vas mourir, si ça continue”, mais il n’est pas sûr que ça serve à quelque chose, à part le convaincre de continuer. Il espère se tromper. Il prie Haklyone, pour se tromper.

_ Ca… Ca aurait pu être grave, tu sais…?

Murmure Jayson, d’une voix très basse, c’est un murmure craintif, alors que ses mains se serrent, l’une contre l’autre, s’enlacent, ses doigts s’entremêlent, sa gorge est broyée. Et sa voix se tait finalement, la corde l’a étranglé.

Le coeur battant, il cherche son air et ses yeux se ferment pour de bon. D’un geste lent, il masse simplement ses paupières.

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Jayson Wymer
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Ven 21 Juil - 13:28
Need somebody to hold you?

Le petit corps meurtri abandonné dans un coin de la fosse. C’est un spectacle écoeurant. C’est un spectacle récurrent. Il siffle lorsqu’il respire, c’est une mélodie organique, petite mélodie de la vie qui s’en va. Mais le corps s’y accroche et ne la laisse pas prendre son indépendance, ne la laisse pas partir à la découverte d’un monde plus doux.

Des âmes arrivent, l’une d’elle s’empresse d’envelopper le petit corps de ses larges bras. C’est à ce moment que l’on se rend compte qu’il n’est pas si petit que cela le corps, il est juste faible. Très faible.

Des mots sont murmurés. Apaisant d’un côté, décousu de l’autre et très vite la fosse est de nouveau vide et silencieuse.

Quelques heures de répit, le spectacle reprend demain.





- Que s’est-il passé?
- Je suis tombé dans les escaliers.
- …
- C’était des très très longs escaliers.
- … Mais encore.
- … Ah oui, une fille m'a frappé avec un bout de bois avant.
- Combien de fois?
- J’ai pas compté, je sais pas… deux ou trois.
- Et avant?

Et avant ? Il veut que j’remonte jusqu’où comme ça!! Les doigts pétés en prison? Les taloches de mon père? Putain, je déteste l’hopital, ils me saoul avec leurs questions à la con. Avec leurs machines, leurs aiguilles, j’ai mal au crâne, foutez moi la paix.



- Je suis désolé.

Ya une fenêtre dans la chambre. C’est du luxe. J’ai pas ça chez moi. ça doit être vachement cher ici, je peux pas rester. Le ciel s'éclaircit. Il va bientôt faire jour.

Jayson il a l’air crevé.

- T’as intérêt. Cet endroit est horrible.

C’est censé être une blague, mais c’est tellement vrai que c’est juste pas drôle. Pourquoi il tire la tête comme ça le vieux. On dirait qu’il va fondre, ça me stresse.

- ça… ça devrait aller. Mais il va te falloir du repos quelques jours.

Il me regarde toujours pas. ça m’énerve. Je tripote le tuyau accroché à mon bras, je me souviens pas quand on me l'a mis. Je me souviens pas si je me suis évanoui non plus. C’est un peu le brouillard dans ma tête. Je connais bien cette sensation. Je dois être complètement shooté.

- Ça aurait pu être grave tu sais.

Naaaaaaan, sans déconner!

- T’avais pas à m’amener ici. J’avais juste peur d’être tout seul pendant… tu vois quoi. Je sais que t’aurais fais attention à moi après…

J’ai la gorge sèche, la voix cassée.

Si elle avait réussi son coup et que j’étais mort… Je vois mon cadavre détruit par sa haine. Plus rien à embaumer.

Mon cœur s’accélère.

Ou pire, coupé en morceaux et jeté dans la poubelle du boucher.

Merde.

Penses pas à ça, penses pas à ça, penses pas à ça.

Je me suis défendu, elle a fui, j’ai retrouvé Jayson, il m’a protégé, tout va bien. Tout ça c’est juste un mauvais moment. J’ai fait du mal à quelqu’un. J’ai été jaloux et injuste, je paye le prix et voilà. ça va s’améliorer maintenant, ça va rentrer dans l’ordre.

- C’est vraiment pas passé loin cette fois.

Oui.

Je pensais que j’avais pas peur de la mort, parce que j’ai rien qui me retiens, je vaut rien, je sers à rien. Ce que je peux espérer de mieux c’est de crever silencieusement entre les crocs d’un lion, sous le feu des projecteurs. Montrer à une poignée de merdeux que je suis resté fort jusqu’à la fin.

Mais j’ai peur en fait. J’ai peur de la solitude et du froid, de partir pleins de regrets.

- Je t’aime, Jay.

Il a le dos courbé, la tête dans les mains. La douleur physique c'est facile à résoudre. Sa douleur à lui c'est autre chose et je déteste le voir comme ça et je voudrais détruire la source.

Mais c'est moi la source. N'est ce pas? C'est moi, et c'est ceux que je fracasse, et c'est ceux qui me blessent et c'est ceux qui se battent.

- Merci d'être venu m'aider.

Je me redresse, pose une main sur son épaule. Elle est solide. C'est rassurant. J'aimerai lui dire plus que ça, lui donner plus que ça, mais j'ai pas les mots. Je suis juste un petit ratel qui se bat pour survivre parce que c'est le seul truc qu'il sait faire.

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Ven 21 Juil - 18:25
En cet instant, l'humour de Sam ne fait pas vraiment mouche.

Enfin, si. La remarque est une piqûre, face à laquelle Jayson répond en croisant seulement les bras, il accuse le coup. Parce que Jayson, il culpabilise d'un rien et que sa réponse est une sentence. Il endure en silence, il ne sait pas vraiment ce qu'il faut répondre, sa tête s'est vidée de toutes répliques - de toute façon, il n'aurait jamais eu le courage de la lui balancer.

Sam tripote nerveusement sa perfusion. Par réflexe, Jayson se rapproche, délicatement, il parcourt le fil du bout des doigts, inquiet.

_ Ca te gêne ?

Prévenant, il déplace légèrement le tube, vérifie que la perfusion est bien accrochée, que le cathéter est bien maintenu, oui, tout est correctement installé. Soulagé, il se rassoit sur sa chaise et écoute quand Sam reprend la parole.

Jayson ne montre rien, impassible, imperturbable, il accueille ses peurs. Avec l'habitude et l'expérience, d'un homme qui en a beaucoup entendu, mais qui sait à quel point chacun de ces aveux est précieux. Car à ses yeux, ça témoigne d'un reste d'humanité, dans cette mécanique infernale. Sam n'est peut-être pas encore une machine à tuer, espère-t-il en voyant les gouttes de morphine, goutter une à une, dans le tube. Au rythme des secondes qui défilent.

Jayson se souvient, quand il s'en injectait, pour endurer Agnès, pour supporter le reste.

_ C'est normal d'avoir peur de ça… Je suis soulagé que… Qu'on se soit trouvés à temps. J'ai eu peur moi aussi. Je voulais être sûr que tu sois pris en charge correctement. Je… je ne t'aurais pas laissé souffrir là bas, encore moins mourir, c'est hors de question.

Ces mots, il les prononce avec une détermination habituelle. Ses poings se sont serrés et les mâchoires se sont contractés. Sous ses épais sourcils broussailleux, ses yeux sont noirs, d'un noir profond et obscur, un puits sans fond, que tout le sang qu'il a épanché, n'a pas comblé. Il y a un vide, c'est une fosse qui s'est creusée, celles de toutes ces personnes qui ont perdu la vie.Vaincues par l'injustice d'un monde, où les plus puissant.es écrasent les autres, et où la gentillesse et l'altruisme, sont vues comme des faiblesses.

La rencontre avec Mortimer a laissé une trace amère, ses mots, ont empli de pus des cicatrices anciennes.

Celles qu'Agnès a creusées avec ses ongles, ses mots et ses morsures. L'impuissance persistante, l'impression que tous ses efforts, ne…

L'aveu soudain de Sam l'arrêté dans ce ressac, dans ces pensées noires qui reviennent. Stupéfait, les yeux écarquillés, Jayson, par réflexe canin, a penché la tête sur le côté. Cligné des paupières. La main qui s'écrase sur son épaule teste sa force et Jayson ne bronche pas ; sans s'opposer, il accompagne très légèrement son mouvement. Une de ses mains se referme sur son poignet.

La sidération le laisse sans voix quelques secondes, alors que sa main raffermit tendrement son étreinte, sur le poignet du jeune homme. Devrait-il lui parler ? Lui dire qu'il en a assez, qu'il est fatigué. Qu'il n'a plus l'envie de descendre dans cette fosse, de craindre pour sa vie, de devoir rafistoler, ce qui sera cassé, déchiré, brisé, dans les semaines qui viennent. Qu'il a l'impression que ses efforts ne font que perdurer son supplice. Qu'il a le coeur en miettes, qu'il a envie de pleurer, qu'il a peur quand il le voit se réjouir de ses combats, qu'il a soigné ses ennemis et qu'un jour peut-être, il vivra avec la culpabilité d'avoir sauvé un meurtrier ou l'assassin qui le tuera.

Les larmes montent à ses yeux.

Mais ses lèvres sourient.

Ce n'est pas le moment. Et ce n'est pas la personne à qui parler de tout ça. Lui comme beaucoup, fait probablement de son mieux pour s'en sortir. Et là, c'est lui le blessé, c'est lui qui souffre, c'est lui, qui a besoin de son aide.

Sa main raffermit son emprise sur son poignet, dans un geste affectueux. Puis délicatement, reconduit son bras pour le garder, le long de son flanc. Sa main se referme tendrement sur les doigts abîmés du ratel, et son pouce longe paisiblement sa peau. Le geste est lent, il exerce parfois une pression légère pour l'aider à se détendre.

_ De rien. Merci de t'être laissé faire !

Jayson a un rire bref, proche de l'aboiement, c'est un son court, qui ébranle ses épaules, s'éteint rapidement.

_ Je suis soulagé d'être intervenu à temps. C'est le plus important. Tu vas pouvoir prendre le temps de te soigner. Ca serait bien que tu restes… Quelques jours. Pas longtemps, juste deux ou trois. Tu n'as pas à t'en faire pour le paiement, je me suis arrangé.

Il soupire et gratte l'arrière de sa tête.

_ Tu as un pneumothorax, en fait, c'est de l'air qui se situe entre ta cage thoracique et ton poumon, pour faire simple. Ils ont dû installer un drain pour évacuer l'air, au niveau de tes côtes. Ca va petit à petit se résorber, même si au début, tu risques de te sentir essoufflé. Mais tu devrais bientôt te rétablir.

Jayson explique, se veut rassurant, il retrouve son sourire chaleureux et garde précieusement sa main entre ses doigts. Sam, ce n'est qu'un gamin. Qui essaye, avec ses moyens, de vivre un jour de plus. Il aimerait lui proposer de venir travailler au salon de thé, mais il a peur parfois, de sa brusquerie. Et il ne sait pas si le ratel aimerait sortir de la fosse. A cette pensée, ses yeux se détournent.

_ Tu comptes y retourner ?

Jayson connaît la réponse. Il sait qu'elle va lui faire mal. Qu'il ne va pas supporter de l'entendre. Et finalement, il n'est pas sûr de vouloir l'entendre dire, oui, oui je n'ai pas le choix, oui j'ai envie, j'ai des combats à remporter ou toute autre réponse du genre.

Alors son corps s'est instinctivement levé, il ouvre sa besace, récupère son vieux porte-monnaie en cuir éliminé. Dedans, une photo, de Daiam et d'Ashe qui tirent la langue. Quelques pièces de monnaie s'échouent au creux de sa paume, il les compte, avant de redresser les yeux.

_ Je vais aller me prendre un café. Je te ramène quelque chose ? Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

Car Sam a besoin qu'on prenne soin de lui. Car Jayson, comme toujours, veut être là pour lui - tant qu'il le pourra.

Que ce gamin puisse un peu profiter de la vie, connaître autre chose, que les coups et le sang, les abus et les substances, que toute cette violence omniprésente.

_ Ici, c'est peut-être horrible mais il y a des machines à café, des machines distributrices avec de supers bons brownies et de gentil.les infirmier.es pour te chouchouter. Bon, les murs sont blancs mais si tu veux, on les décorera avec des mandalas.

Jayson essaye de faire preuve d'optimisme, il aimerait que Sam puisse profiter de ce refuge au moins quelques heures, voire quelques jours, le temps que ses blessures guérissent - ou que sa douleur, s'allège.

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Ven 21 Juil - 22:59
Need somebody to hold you?


Le soleil se lève doucement sur une petite chambre d'hôpital. Elle est occupée par ce que l’on pourrait croire être un père et son fils. La grande main calleuse refermée sur les jeunes doigts meurtris, un geste d’affection que le blessé a déjà connu il y à bien longtemps. C’était un autre père et peut-être un autre fils aussi. Le temps n’a pas été doux sur ce garçon et l’on peine à reconnaître l’enfant qu’il a un jour été.

Mais entre ces mains il refait surface, ressuscite un instant alors que le jour n’est pas encore installé, mais que la nuit est déjà partie. Assoiffé d’un amour depuis longtemps disparu, il se contente de la chaleur d’une main, terrifié à l’idée de tout perdre s'il venait à demander un peu plus.

Mais les mots tombent alors que les rayons percent l’horizon. La question est posée et à peine revenu au monde, l’enfant meurt déjà.





Qui est-ce qui pose des questions comme ça et s’lève sans attendre la réponse? Sérieux! J’suis trop fatigué pour le retenir. Surtout que j’sais que je peux pas dire n’importe quoi. Si je dis pas les bons mots dès le début, il fera juste sa tronche de chien battu en regardant ses pieds.

Mais c’que j’ai à lui dire j’veux lui dire les yeux dans les yeux. J’veux qu’il comprenne pourquoi.

_ Je vais aller me prendre un café. Je te ramène quelque chose ? Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

Une clope ça me ferait plaisir.

- Un thé. Avec du sucre. Ouais, un thé c’est bien.

J’ai une énorme boule dans le ventre. Je suis déçu et je suis fatigué.

_ Ici, c'est peut-être horrible mais il y a des machines à café, des machines distributrices avec de supers bons brownies et de gentil.les infirmier.es pour te chouchouter. Bon, les murs sont blancs mais si tu veux, on les décorera avec des mandalas.

J’hausse les épaules. C’est pas la peine de répondre, il attends pas de réponse de toute façon. Alors je tourne la tête et le laisse quitter la pièce sans un regard. La porte claque et je craque.

Le visage enfoui dans l'oreiller, je hurle.

Pendant un moment je me suis senti comme quand j’étais petit. Prêt à faire tout ce qu’il me demande, juste pour lui faire plaisir. Juste pour avoir plus de ce regard, plus de ce toucher. Prêt à me vendre, à bouffer mes amis, à abandonner qui je suis et me donner tout entier.

Il a failli m’avoir avec ses histoires de brownies et de mandalas. J’aimerai y croire. J’aimerai tellement y croire.

Mais c’est pas mon père.

Mon père est mort. Écrasé par un arbre. Y’à dix ans. Je peux chercher autant que je veux, je le reverrai jamais. Et si je trouve que Jayson lui ressemble, c’est juste parce que j’ai oublié. J’ai oublié son visage, j’ai oublié son odeur, j’ai oublié le son de sa voix. Alors quand j’essaye de me souvenir c’est Jayson que je vois à la place.

Sauf quand je pense aux cris, aux coups, aux menaces. Là, c'est un visage étranger qui me vient. Mon père c’était quelqu’un de bien avec des mauvaises journées. Jayson quand il me voit c’est jamais une bonne journée pour lui, mais il cris pas pour autant, il frappe pas, il menace pas.

C’est pas mon père.

Ma famille elle est en bas. Ma famille c’est une teigne blonde, ma maison c’est une arène clandestine. Je peux pas vivre ailleurs. Les belles choses elles meurent très vite autour de moi. C’est pas une chambre d'hôpital qu’il me faut. C’est une chambre de prison. Ou les rues moisies de Brise-Coeur. Ou les dalles glacées d’un temple.

J’entends la porte qui s’ouvre. Je lève la tête de mon oreiller. Assis au milieux du lit, les bras autour des genoux je dois avoir l’air d’un gamin. Un gamin dans une robe d’hosto dégueulasse. Un gamin qu’est pas le sien.

Je parle avant qu’il ai le temps d’approcher. Ma voix est blasée et elle est dure aussi. Parce que j’aime pas avoir à dire ce que je dis.

- Et toi tu vas y retourner?

S’il dis non, il m'abandonne et j’angoisse à cette idée.

Mais il a pas le droit de dire oui. Parce que faudrait être aveugle pour croire qu’il peut continuer comme ça.

- La fosse c’est le seul truc qui a du sens dans ma vie. C’est ma seule famille. C’est ma seule maison.

Mais c’est quoi pour toi, hein? Si on te donne autant la gerbe qu’esqu’tu fous à nous rafistoler comme ça. On finit tous par crever de toute façon, alors laisse. Quitte à avoir une vie de merde, au moins c’est une vie qu’on a choisis et elle fini quand elle doit finir.”


Si Jayson part, je pourrais toujours le retrouver. S'il meurt… Je pourrais juste ajouter un anneau autour de mon avant bras. Il restera de lui que des souvenirs et des pigments sous ma peau.

Et même en sachant ça, je veux pas qu’il parte.

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Jayson Wymer
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Dim 23 Juil - 16:24
Les couloirs de l’hôpital sentent toujours le désinfectant.

Devant la machine distributrice, Jayson appuie sur les boutons, attend, les mains réfugiées dans les poches de son jean. Il écoute les murmures des soignant.es, les grincements des brancards, les portes coupe-feu qui se referment pesamment. Les yeux mi-clos, le chien hume instinctivement l’air, il sent, l’odeur du café, bien fade et artificielle, même ça, ça sent le médicament.

Il sait que malgré tous ces soins, il perçoit encore les fragrances plus aigres, les parfums métalliques d’un sang qu’on a tenté de nettoyer, le pus incrusté dans les pansements qu’on a jetés, les produits plus forts, des seringues balancées. Une œillade lui permet de voir la source de toutes ces odeurs, c’est une poubelle jaune qu’une collègue finit de fermer.

_ Jayson ? Qu’est-ce que tu fais là ? Alpague-t-elle. Elle s’est redressée et a posé une main sur sa hanche. Emilie est toujours aussi jolie, avec ses bras solides, ce grand sourire qui dévoile ses dents, elle a l’assurance d’une de ces figures de proue : qui se prend les vagues, sans jamais faiblir.

Jayson récupère le café, qu’il lui tend, elle l’accepte et le prend de sa main libre. Jayson hésite mais choisit un thé jaune bien sucré, pour Sam.

_ Oh, pas grand-chose, j’ai juste ramené un blessé…

_ Ah…

Emilie, surprise, penche la tête sur le côté.

_ Fais attention quand même. Tu vas finir par passer plus de temps là que quand tu travaillais.

Jayson répond d’un sourire gêné, mal à l’aise, il hausse les épaules.

_ Infirmier un jour, infirmier toujours !

_ Oui enfin, avec l’âge, tu vas commencer à faire des conneries, réplique-t-elle dans un rictus, T’as le droit à ta retraite, Jayson !

Le quinquagénaire rit, bien que cette remarque blesse un peu son ego. Il récupère le gobelet pour Sam, lui achète une barre de céréales au miel et aux céréales, avant de reprendre le chemin pour la chambre. Quand il approche de la porte, il y a toujours ce pincement au cœur, l’instinct du chien : ça, ce besoin d’aider, cette nécessité, dès que la souffrance vient seulement l’effleurer.

Ca le pousse à rester, même quand tout va mal, même quand il ne supporte plus, et des fois, Jayson perd pied, entre sa nature et ce que sa raison lui dictent de faire. Une raison qui se rappelle à lui, dans la bouche de Sam, dès l’instant où il a franchi la porte.

Bien que ce qu’il voit d’abord, c’est Sam qui a les genoux ramenés contre lui, qui semble déjà, prêt à l’attaque.

Il retient par réflexe un geste de recul, avec la pensée d’un « j’ai connu pire », d’un leitmotiv qu’il se répète pour justifier son incapacité à se protéger. Jayson se rapproche docilement, pose d’abord le gobelet et la barre de céréales, il a oublié son café. Jayson se rassoit finalement sur le fauteuil près du lit.

L’homme laisse un silence prendre ses aises, le temps de sentir son esprit ensommeillé, sortir de la torpeur. Le temps de trouver ses mots, face à ce qu’il entend, parce que ça lui fait mal, décidément, il est trop sensible, soi-disant ça se calme avec les années, à croire que lui n’arrive pas à évoluer.

Un soupir relâche la tension de ses épaules, alors qu’il croise les bras sur son torse pour tourner les yeux vers Sam. Pourquoi faut-il qu’il pose cette question maintenant ? Qu’il vienne l’acculer, alors que lui-même tient à peine debout. Il reconnaît bien là le ratel. Il lui indique le thé d’un geste de la tête, qu’il boit avant que ça ne refroidisse, puis répond d’une voix assurée. Et c’est bien l’une des rares fois, qu’il ne laisse pas ses mots hésiter.

_ Sam, ce n’est pas toi ni les autres qui me donnent la gerbe.

Ses yeux se détournent vers la fenêtre. Son dos s’affaisse, ses coudes se reposent sur ses cuisses. Il ne regarde pas vers Sam, mais vers le mur blanc, alors que ses mains s’entremêlent, se nouent, s’emmêlent.

_ Je ne sais pas…

Il avoue.

_ … Si cette fosse est ta maison, pour moi…

Il hésite. Il ne sait pas comment le dire.

_ Cette fosse, je…

Sa voix tremble, cette fois. Ca secoue un peu sa cage thoracique. Ses épaules, alors qu’il courbe l’échine. Il ravale sa salive, mais ça ne suffit pas à ce que cette boule dans sa gorge, ne disparaisse.

_ … Quand j’ai commencé, j’avais… 19 ans. J’avais juste une valise, avec quelques pansements, du désinfectant. Dès mon premier jour, je me suis fait tabasser, on m’a pris la valise et tout ce qu’elle contenait. J’y suis retourné. J’y allais plusieurs fois par semaines, puis le week-end.

Ses yeux se ferment et sa tête dodeline.

_ Cette fosse, c’est ta maison et celle de bien d’autres personnes, qui n’ont pas le choix que se battre pour survivre, qui font avec les moyens qu’ils ont, dans l’espoir d’un avenir… un peu meilleur ? Cet espoir, on l’agite devant le nez, en veillant à les enfermer. Dans de petites pièces étroites, dans des relations destructrices, des promesses mensongères, parfois, avec des substances, un peu d’argent, juste assez, pour les faire subsister. Est-ce qu’on vit vraiment, là-dedans ? Non, beaucoup survivent.

Sa voix s’étrangle. L’angoisse monte, le malaise aussi, toute cette douleur, de son cœur qui se déchire, sous l’assaut des souvenirs. Ses yeux tombent au creux de ses paumes, suivent le dessin des cicatrices, et Jayson sourit avec aigreur, en voyant qu’aucune de ces marques n’indique, qu’un jour, il réussira. Elles ne sont que les marques de ses défaites.

_ C’est quoi pour moi ?

Répète-t-il à son tour, d’une voix éteinte cette fois.

_ C’est un endroit… où des gens ont besoin d’eux et où l’on abuse d’eux. Un endroit avec beaucoup de violence, un endroit où…

Ses mots trébuchent. Et cette fois, ses épaules vacillent. Ses lèvres se serrent, mais les larmes, viennent cette fois noyer ses yeux.

_ C’est un endroit où… Où tout ce que je fais, ça ne sert à rien, je veux aider, tout ce que je fais, c’est empirer les choses… C’est un endroit où l’on sacrifie des vies, tout ça pour le plaisir d’autres, et pour quoi ? Pour juste, vous dire, super ce soir vous allez manger, ce soir vous allez pouvoir vous saouler, ce soir, t’auras la gueule éclatée, les jambes cassées, les côtes brisées, ce soir, tu vas crever, puis tu seras oublié et après toi, il y en aura d’autres, puis d’autres, sans que ces enfoiré.es ne soient rassasiés des massacres qu’ils financent…

Les larmes s’échappent, elles noient ses yeux. Un sanglot franc écrase sa voix et il plaque une main contre ses paupières. Un gémissement plaintif, douloureux cette fois, le fait se plier en deux, bien qu’il serre les dents, pour endurer, sa main libre, se ferme en poing.

_ Je déteste cet endroit ! Je le déteste, c’est un cimetière, c’est un abattoir ! Il y a tant de personnes qui y vont, qui se mettent en danger, qui ont mal… Je croyais que j-je… que je pourrais changer les choses, que j-je pourrais aider, que je p-pourrais… je ne sais pas… je ne sais pas… ce qui est sûr c’est que… que je n’y arrive pas…

Jayson se redresse, fait quelques pas. Il tourne le dos à Sam, s’appuyant sur le rebord de la fenêtre. Il passe une main le long de son visage, écrase les larmes et garde ses doigts refermés autour de ses mâchoires, pour contenir les sanglots. Il n’arrive pas à voir son reflet, ses yeux, restent baissés.

_ Cet endroit me rend malade, il me tue, parce qu’il bouffe la vie de tant de gens auxquels je tiens, et même si je ne les connais pas, ça me rend juste malade que des gens y meurent, y souffrent, qu’on les exploite… et que je n’arrive rien à faire face à ça… On m’appelle le sauveur mais je n’ai sauvé personne…

Jayson hausse lourdement les épaules, Sisyphe, c’est toujours le même rocher qu’il s’efforce de pousser.

_ … Je… je sais que… je sais que… je ne suis pas responsable de vos choix, que je dois… je dois respecter le fait que cette fosse, ça représente tant pour toi et d’autres mais je…

Il secoue la tête, de droite à gauche.

_ … Je ne sais pas quoi faire… Je ne veux pas vous laisser souffrir, je ne peux pas vous abandonner, je voulais aider, je voulais… Mais y’a des moments où ça me fait juste… ça me fait juste tellement mal de voir que je n’arrive à sauver personne, que rien n’a changé… en 30 ans…

Son front s’écrase contre la vitre. Un soupir plus lourd franchit ses lèvres.

_ Je suis vieux. Je me sens usé jusqu’à la moëlle. Et je ne sais pas quoi faire. Je ne veux pas arrêter, mais je ne supporte plus cette fosse et de voir tout ce qu’elle a pris, qu’elle continue à prendre, et qu’elle continuera à emporter. Ca me fait mal. C’est injuste, et je ne peux rien y faire. J’ai l’impression que tout ce que je fais, ça ne sert à rien. Ca empire les choses. Et ça me fout les boules.





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Dim 23 Juil - 23:30
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Mon thé est coincé entre mes mains, autant que je suis coincé dans ce lit. Le carton n’a pas retenu la chaleur longtemps, j’ai les paumes qui brûlent, mais je m’accroche à cette douleur comme un marin s’accroche à la lumière d’une ville dans la tempête.

La tempête c’est la voix de Jayson qui hésite. C’est ses mots aussi. Ça sonne comme de l’orage à mes oreilles. Je déteste ce qu’il dit. Je déteste comment il agit.

J’ai envie de le secouer pour lui faire ravaler ces mots. Ces mots qui me brûlent plus que l’eau entre mes mains.

Comment ça, pas d’autre choix que se battre pour survivre?

Des relations destructrices? Des promesses mensongères? Pas besoin d’aller dans la fosse pour trouver ça. Y’en a à tous les coins de la rue de ça! Cette putain d’humanité qu’on agite comme un étendard.

Qu’on abuse de nous? En taule on abusait de moi, ouais, dans la fosse celui qui abuse de moi j’lui arrache les yeux!

La fosse c’est la promesse que ce soir c’est fini ou alors que demain c’est un nouveau jour avec plus de thune que je pourrais en avoir en une semaine de ptits boulots de merdes.

Et puis sa voix se casse. J’ai pas envie d’en savoir plus, mais je suis coincé ici. Si j’ai pas mal c’est parce qu’on me drogue, j’ai un pneumomachin et que je sais pas soigner ça, je peux pas partir. La seule solution c’est de la faire taire.

Faire taire tes sanglots, faire naître ta colère.

Brise moi mais ne pleure pas.



Sauf qu’il déteste ça la violence.

Je dois pas le toucher. Je veux pas ajouter ma touche au tableau qui recouvre son corps. Alors je bois mon thé cul sec, laisse le gobelet tomber sur le lit et me planque encore le visage dans mon oreiller, les genoux serrés autour de la tête pour étouffer la voix pleine de pleurs.

Il raconte encore des trucs qui m'énervent.

Puis le silence remplit la pièce. Je sors de mon refuge, plein de haine. Jay est à la fenêtre, il me tourne le dos.

J’arrive pas à croire que j’vais devoir parler à un dos. T’es énorme Jayson! J’suis à moitié mort. Affronte moi putain! J’ai envi de lui hurler dessus, mais encore une fois, c’est une ptite voix qui sort, parce que j’ai pas la forme, vraiment.

- Tu sais c’qu’est injuste? C’est qu’ya des gens qui naissent lapin et d’autre barracuda. Y’a des gens, leurs parents c’est des Quokkas et des Capybaras. Y’en a qui doivent se contenter d’un putain de grizzly avec même pas deux neurones. Et ça c’est injuste parce que ça on le choisit pas.

L’oreiller traverse la salle et s’écrase contre la porte avant de finir par terre. Pas terrible le lancé. Faiblard. On aurait dit un lancé de gamin de trois ans.

- J’ai fais deux ans à récurer des chiottes avant de me retrouver en taule parce que j’ai bouffé la main d’un connard de milicien. Et ça ma apporté quoi!? ça ma apporté de la haine, de l’angoisse, ça m’a appris à frapper plus vite, plus fort. ça m'a appris que la seule chose qu’on attends des raclures comme moi c’est qu’elle baisse l’échine, ferme leur gueule et ramasse la merde. Et ça tu vois Jay, ça c’était de la souffrance pour moi. ça c’était de l’abandon. Les pires années de ma vie. J’avais rien. Pas d’amis, pas de thunes, pas de perspectives, rien! La fosse ça ma rendu fort. Là bas j'ai arrêté d'avoir peur qu'on me fasse du mal.


Parce que j'ai appris à faire peur, à faire mal en premier.

J’ai la voix qui se casse. C’est dur de parler. Surtout quand on est en miettes, fatigué et inondé par la culpabilité. Je sais que je suis le cailloux dans la chaussure, mais ça fait toujours mal de le dire. La phrase d'après est à peine plus forte qu'un mumure ...

- C’est d’la charité c’que tu fais. Mais si c’est pour dire qu’on est des trous du cul qui s’font manipuler bah tu peux remballer des clics et tes clacs et aller faire ta charité aille…

Mais c'est le murmure de trop.

Un sceau d’eau froide qui me tombe sur la gueule. Faire la victime c’est déjà pas joli joli, mais là… Il mérite pas ça. Yà pas beaucoup de gens qui m’ont tendu la main dans ma vie, pourquoi ça fini toujours comme ça?

- … Désolé , j’voulais pas dire ça.


Trente ans que le gars descend dans son enfer pour rafistoler des connards comme toi et tu lui dis que ce qu’il fait c’est de la charité et qu’il peut aller se faire foutre. HA! Tu mérites bien t’as vie de merde toi.

- Désolé, désolé, désolé.

Mes yeux se posent sur la barre de céréale. Miel. Il s’est souvenu. J’ai envie de disparaître.

Mais quel con.

Les ongles plantés dans l'arrière de crâne, j’essaye de trouver une excuse.

- Faut qu’tu comprennes Jay. Yà des gars pas net en bas. S'ils ont pas leur dose de cogne, ils s’en prennent à n’importe qui. Y’en a qui ont juste la violence dans le sang, c’est par leur faute, mais la fosse ça leur donne un sas, tu vois?

Finalement je descends du lit pour m’approcher du chien. Une brûlure dans le bras me retient. Je pose instinctivement ma main droite par-dessus, pour calmer la douleur. C’est l’aiguille. Elle est plantée au milieu du tatouage pour mon père. Au milieu du symbole de l’arbre je crois, mais je suis pas sûr, j’ai la vue brouillée par les larmes.

C’est fini cette fois, c’est sûr.

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Mar 25 Juil - 13:07
Il sent le regard dans son dos.

C’est comme une lame, la pointe acérée d’un poignard, qui longe ses vertèbres. Les muscles se contractent, la peau s’hérisse, l’animal en lui, est aux aguets. Les larmes rapidement séchées derrière ses mains, il reste au bord de ses lèvres le salé de l’écume. Car Jayson, lui, il n’a rien d’une figure de proue. Les vagues lui sautent toujours à la tête, le noient à chacun de leur passage, il a les traits tirés, bouffés par le sel et les vents mauvais, les cheveux et la barbe grisonnante, d’un corps rongé. Par la peur et le temps, par l’usure, par les éléments.

Il écoute à son tour, et regrette de ne pas avoir fermé les écoutilles.

Ses lèvres se renferment, son coeur se noie de regrets, de tout ce qu’il n’aurait pas dû dire. Coupable, il courbe l’échine et sa main passe le long de ses mâchoires, ses ongles, effleurent sa gorge, râclent la peau, les plaies, il n’arrive pas toutes à les cacher.

Les estafilades le long de ses bras, les brûlures de cigarette, les morsures, le corps tombé au fond d’un bassin d’huîtres, il a été tailladé, déchiqueté, déchiré. Son dos, d’ailleurs, n’est plus qu’un amas de chair, la peau arrachée, greffée ici et là, pour tenter de combler les crevasses, là où l’acide a bouffé sa propre chair. Il est en morceaux, et en cet instant, il essaye de les écraser, de former un agglomérat qu’il colle avec un peu de volonté, il n’aime pas s’écrouler.

L’oreiller heurte la porte, et malgré la faiblesse du son, son corps s’est tendu. Il ne s’est pas dressé, non, sa tête s’est seulement réfugiée entre ses épaules, par peur qu’une main ne saisisse son crâne, qu’un pied ne s’enfonce derrière ses genoux. Le coeur au bord des lèvres, il se souvient qu’Agnès n’aurait jamais quitté ses talons : qu’elle se serait approchée, d’un pas sensuel et militaire, martelant le sol comme elle l’a tant de fois piétiné, que Sam, n’est pas elle.

Si le ratel s’en prendrait à lui, il ne rencontrerait aucune résistance : le chien lèverait simplement les mains et réfugierait sa queue entre ses jambes.

Car oui, le monde est injuste, et que si certains ont la force de se défendre, d’autres n’en sont pas capables.

Victime, l’accuse-t-on, comme ce Milicien goguenard qui n’a pas même pris soin d’écrire sa plainte, Il suffit de se faire entendre, vous n’avez qu’à, qu’à faire quoi ? La remettre à sa place, c’est vous l’homme, pouffait l’imbécile, comme si la violence, était et resterait toujours, la solution.

Sam n’a pas tord : dans ce monde, il y a tout intérêt à être un prédateur. La loi ne menace pas les puissant.es, la force écrase, les vulnérables, celleux que l’on accuse, d’être plus fragiles, trop sensibles, trop gentils, la sélection naturelle, prétend-t-on. Ce monde, Jayson aimerait le renverser, il se découvre des pulsions de rage, des envies destructrices, qu’il canalise tant bien que mal, au travers d’actes altruistes. Car lui est prêt, prêt à tout pour changer ce monde, mais surtout pas à user, de cette solution, cette violence qu’il exècre.

Et ce qu’il décrit, Sam, ce n’est qu’un reflet sur cette surface en continuel mouvement, c’est un visage qu’il a déjà vu, noyé au fond de l’océan. D’une eau emplie de sang, où les cadavres s’amoncellent et où la loi n’est pas toujours un radeau auquel se tenir, où les Milicien.nes sont parfois les premier.es à noyer celleux qui tentent de s’y raccrocher.

Jayson se sent à la dérive. Il nage et son corps, son coeur, son être, servent parfois de bouée, puis il se plaint de se noyer, il se plaint de plier, il chiale ! Il chiale car c’est tout ce qu’il est bon à faire, rit Agnès du haut de son navire.

Les mots plus durs, les accusations, glissent sur Jayson, ce n’est qu’un peu de haine, qu’un peu de rage, quelques crachats d’écume, qui s’abandonnent sur ses épaules. Leurs gouttes ne sont rien, comparées à tout ce qui lui a bouffé la peau.

Car Sam, c’est qu’un gamin, car Sam, il a le coeur trop plein lui aussi, qu’il vomit tout ce qu’il étouffe. Jayson espère seulement que ça l’aide à évacuer. A respirer.

Alors il reçoit, sans faillir, sans rien laisser paraître, c’est bien connu, Jayson il reste, combien même on le griffe, on le pousse, on le rejette. Les marques sur ses paumes, témoignent de son acharnement à vouloir aider, à faire de ce monde, un monde un peu plus juste, combien même a-t-on tenté de lui faire payer cette “charité”. On l’en accuse, on le traite d’égoïsme, de naïf, d’imbécile, comme s’il était plus facile de choisir cette voie, comparée à l’autre.

_ Ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas.

Sa voix est douce. Plus faible, tendre à la fois. La voix d’un père, comme lorsque Ashe a cassé sa tasse préférée, que son petit fond en larmes et qu’il recueille, son visage entre ses mains. Ce n’est pas grave, ce n’est pas le plus important, l’important, c’est toi, est-ce que tu vas bien ?

Ses mains massent songeusement ses doigts, dessinent les cicatrices, remontent dans les anfractuosités de sa peau crevassée.

_ Ne t’en veux pas. Tu as le droit d’être en colère. Je critique… Je critique ce qui a été ton foyer, ton refuge, et j’ai… j’ai tenu de mauvais propos à votre égard. Tu as raison, Sam. Vous êtes libres de choisir ce qu’il vous convient de vivre, vous êtes libres de vous épanouir et d’accepter tout ça, vous n’êtes pas… manipulés…

Il hausse les épaules.

_ On ne vous laisse simplement pas toujours le choix. Que ce soit… Le monde, les autres ou vous-mêmes, je… Je crois que j’aimerai seulement laisser à toustes la liberté de faire un choix, la possibilité de faire autre chose, de se détourner de ça, si ça ne leur convient pas. Je suis désolé, Sam. Tu as raison, vous n’êtes pas manipulés, et je comprends que… qu’avec tout ce que tu as vécu, la fosse a pu t’apporter ce dont tu as manqué. Un peu… de sécurité.

Il ferme les yeux.

_ Ce n’est pas à moi de juger ça. Ce n’est pas à moi de donner un avis là dessus, je ne le vis pas et je n’ai jamais été dans cette situation. Alors je suis désolé, si ce que j’ai dit ait été insultant ou… dégradant…

Il rouvre les prunelles, redresse la tête, finit doucement, par se retourner pour s’adosser au mur. Il croise les bras et tourne ses yeux noirs vers Sam. Un sourire effleure légèrement ses lèvres, dans un geste pour appuyer l’excuse sincère.

_ Oui… Oui je vois… Je comprends…

Il baisse les yeux. Il vaut mieux qu’ils se tapent entre eux qu’ils ne tapent d’autres, non ? Des personnes qui n’ont rien demandé, leurs enfants, leurs conjoints. Est-ce réellement mieux en réalité ? Il ne sait pas, mais ça fait mal de penser, que pour se sentir bien, certains doivent en venir à se faire du mal.

_ Est-ce que… est-ce qu’il y aurait d’autres moyens de les soulager…? D’autres moyens que cogner…

Il demande, Jayson, il le demande à Sam et s’approche même d’un pas, alors qu’il noue ses yeux noirs aux siens.

Est-ce qu’il y aurait d’autres moyens, d’éviter tout ça ?

Est-ce que Jayson devrait s’y prendre différemment, faire les choses autrement, que ce qu’il fait déjà ?

Jayson ne réalise pas qu’une fois encore, il met sa main dans l’engrenage, qu’il continue ce qu’il hésite à arrêter, qu’il veut encore sauver, celleux qui ne le veulent pas, qui ne lui ont rien demandé.

Il faut qu’il arrête, de se sentir responsable, de se sentir coupable, qu’il arrête, de se traiter d’incapable, de se noyer, dans son impuissance, alors que ces choix, ces choix ne sont pas les siens, ces choix, ne lui reviennent pas.

Il le réalise, lorsqu’il s’entend, puis se recule d’un pas en baissant la tête.

_ Agnès disait ça. Qu’elle avait besoin de se défouler. Que je l’énervais, à être toujours dans ses pattes. Et quand je m’éloignais, ça l’agaçait, tu n’es jamais là, reviens là, tu ne m’aimes pas ?

Jayson sourit sans joie, hausse les épaules.

_ Et moi je me demandais toujours, qu’est-ce qu’il faut faire pour que ça arrête ? Mais c’est mon histoire. Il faut que j’arrête de croire… De penser que… que certains n’apprécient pas vivre dans la violence, il faut croire que certain.es… aiment.

Car certain.es naissent prédateurs.trices, et d’autres, proies.

Car ce monde est injuste et que malgré tous ses efforts, il n’a pas l’impression de le rendre plus égal.

Comme s’il pouvait noyer l’océan.

_ Excuse moi, je suis fatigué moi aussi. Je crois que j’ai un petit coup de déprime.

Il a un rire nerveux, hausse les épaules et effleure l’épaule de Sam, du bout des doigts. Le geste est prudent, mais attentionné, avant qu’il n’écarte ses doigts.

_ Ca ira. Je suis désolé, tu n’as pas à porter ça. Comment est-ce que tu te sens, toi ?

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Mer 26 Juil - 15:45
Need somebody to hold you?

C’est pas grave.

Mes épaules se soulèvent, se baissent, je suis muet… J’ai jamais affronté Jayson comme ça avant. Je savais que c’était pas un battant, mais je m’attendais pas à ça non plus. C’est pas grave, pardon, j’te tends l’autre joue… Mais quel enfer!

Soupir. Calme. Soit calme.

Jayson il est comme ça.

Il écoute. Il dit les mots qu’on veut entendre. Il est doux. Il est rassurant.

J’ai appris à me méfier des gens qui parlent comme lui. Pour moi ça vient généralement avec une caresse derrière la tête et un mégot de cigarette sur la cuisse, une voix apaisante et un coude sur la gorge.

Promesse d’un mauvais moment.

Et j’ai aussi appris qu’avec le chien c’est jamais comme ça. Y’à pas de trucs cachés. Alors j’essaye de me détendre. Et c’est vachement dur pour moi. C’est contre nature.

Je recule sur mon lit, m’installe à un endroit où je peux bouger le bras sans m’arracher l’aiguille et m'essuie les yeux du dos de la main.

Calme. Reste calme.

Alors je prends la barre de céréale et commence à la grignoter tout doucement.

Ce qu’il dit, ça me fait presque sourire.

J’me laisse croire que c’est pour de vrai, je me force à oublier ce qu’il a dit ya même pas 2 minutes.

Je suis pas naïf, alors c’est dur à avaler, mais en se forçant un peu ça finit par passer.

_Alors je suis désolé, si ce que j’ai dit ait été insultant ou… dégradant…

J’hausse les épaules. C’est vraiment ça alors? J’te crache dessus et tu me demandes pardon?

Quelle angoisse. Je déteste ça.

J’ai plus de coussin à caler contre mon ventre, alors je me contente de poser le menton sur mes genoux.

_ Est-ce que… est-ce qu’il y aurait d’autres moyens de les soulager…? D’autres moyens que cogner…

D’autres moyens que cogner? Je le dévisage. Il me regarde pour une fois, ça ça me plait. ça me fait me sentir un peu moins monstre.

Du coup j’me pose vraiment la question.

Comment faire taire l’instinct, l’agressivité, l'envie de casser des bouches. A part en serrant les dents et en espérant que ça passe.

Je ne sais pas. Parfois je vais courir jusqu’à avoir les poumons en feu et les pieds en sang. Ça aide le corps, mais pas la tête. Les pensées, elles te suivent partout, ça sert à rien de fuir.

Quand il parle d’avoir le choix de partir et faire autre chose, ça fait un peu tiquer. Je suis content là où je suis, mais parfois… Parfois je me dis que je pourrais avoir plus. Un peu comme Willow. Avoir une vie en dehors de tout ça. Si seulement je cassais pas toujours tout à la fin.

_ Agnès disait ça. Qu’elle avait besoin de se défouler. Que je l’énervais, à être toujours dans ses pattes. Et quand je m’éloignais, ça l’agaçait, tu n’es jamais là, reviens là, tu ne m’aimes pas ?

Agnès.

_ Et moi je me demandais toujours, qu’est-ce qu’il faut faire pour que ça arrête ? Mais c’est mon histoire. Il faut que j’arrête de croire… De penser que… que certains n’apprécient pas vivre dans la violence, il faut croire que certain.es… aiment.

Il faut la tuer pour que ça s’arrête. Lui péter les dents, lui arracher les ongles, lui faire manger ses yeux. C’est ça ce qu’il faut faire! Si tu dis rien, comment tu veux que ça change?

Je sais que ça sert à rien de lui dire ça, alors je hausse les épaules, je le garde pour moi. Ça me rend malade de penser qu’il a juste encaissé. Si seulement je l’avais connu plus tôt…

Un contact amical, une question pour parler d’autre chose. Je soupire et me laisse tomber en arrière.

- Ça me dérange pas, j’ai pas l’impression de porter un truc. J’penses que j’pèse plus lourd que ça et tu m’a trimballé depuis la fosse. T’as passé toute la nuit ici, tu me tiens compagnie, tu restes même si je t’ai dis des trucs pas cool. J’penses que c’est plutôt toi qui porte là, non? Tu trouves pas ça bizarre?

Je me redresse sur un coude.

- Genre. Je comprend pas pourquoi t’es aussi … permissif. Pourquoi tu baisse les yeux, pourquoi tu recules? J’sais jamais où me mettre avec toi, ça me saoule. Genre j’arrive pas a savoir pourquoi tu me déteste pas alors que tu t’cripse à chaque fois que j’bouge. Pourquoi tu changes d'opinion comme ça en deux secondes. J’ai l’impression que j’pourrais te casser en deux sans le vouloir et j’men rendrais même pas compte parce que tu diras rien.

Ma respiration siffle, je me mets à tousser, mes os me font mal. Je ferme les yeux une seconde et me rallonge.

- C’est difficile de te comprendre. J’aimerai mieux que tu m’dise que t’es dans la fosse parce que t’aime bien tâter des abdos de BG. Ce serait plus logique et ce serait moins bizarre aussi.

Mais est-ce que c’est vraiment important… Comment ça a commencé déjà?

Un combat sanglant, une ruelle, un bout de bois, des escaliers, des médecins, un lit, une main, une confession…


- Laisse tomber. On s’en fout en vrai. T’es un bon gars. Ya pleins de bon gars comme toi qui deviennent des connards, c’est un peu triste j’trouve. Alors j’vais pas me plaindre ha!

Elle était bonne la barre de céréales. La fatigue me tombe dessus d’un coup. C’est l’adrénaline qui tombe ça.

-Je me sens… Comme un gars qui s’est fait tabasser à coups de batte de baseball pendant qu’il rentrait chez lui après une bonne journée de boulot. J’sais même pas pourquoi elle ma attaqué la folle.

Mais j’ai une idée. J’ai pété les genoux d’un… collègue l’autre jour. J’ai déjà eu des problèmes avec son frère, des mecs random, avec le chef aussi… Ça devait être sa sœur ou sa meuf cette fois.

- Surtout que c’est la deuxième fois en moins d’un mois… Si je dois me faire poutrer par toute la famille risque de pas rester grand chose à la fin.


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Jeu 27 Juil - 18:39
Ses yeux noirs s'unissent aux prunelles de Sam.

La pression retombe, son corps s'abandonne et seulement alors, Jayson se souvient qu'il a balancé son oreiller. L'homme se redresse, par réflexe, traverse la pièce d'un pas lent, se penche pour ramasser l'oreiller. Il le secoue pour s'assurer à ce qu'aucune poussière ne s'y soit accrochée, puis revient auprès de Sam.

_ Je te le remets ?

S'il accepte, une main de Jayson soutient son dos, avec force et douceur : la grosse main couverte de corne, écrase sa paume chaude entre les omoplates, pendant que l'autre glisse l'oreiller avec une facilité déconcertante, probablement due à l'expérience. Si Sam refuse, il pose l'oreiller à côté de lui, à portée de ses mains, avant de retourner s'asseoir.

_ Pour moi, ce n'est pas bizarre d'aider quelqu'un. J'étais inquiet pour toi. Je ne t'aurais pas laissé souffrir ou mourir là bas.

Jayson récupère sa vapoteuse. Sans l'allumer, il la repose contre ses lèvres. Les yeux mi-clos, il s'autorise lui aussi un peu de repos. D'ailleurs, son dos s'écrase contre le dossier du fauteuil. Il étend l'une de ses jambes, retient une grimace de douleur, masse sa cuisse de l'autre main. Puis la vapoteuse revient se déposer contre ses lèvres, bien qu'il n'en tire aucune bouffée. C'est simplement le geste, qui lui est familier.

_ Je ne sais pas…

Lâcheté, stupidité, amour, naïveté, ce sont les réponses des autres, qui viennent à ses pensées. Et toutes suintent de mépris. Personne ne comprend que rester avec elle, c'est se sentir partir en morceaux, c'est voir son corps s'éclater, son esprit, s'étioler. Sous ses lèvres, Jayson a été déchiqueté, l'alcool et la morphine pour endurer, elle l'a isolé, il n'avait plus de famille, plus d'ami.es, pour le sauver. Il s'est retrouvé seul, à ne plus oser, rien faire, à se dire que le seul moyen de s'échapper, serait peut-être d'en finir. Il pense à ce Milicien, à tous ces imbéciles, qui disaient "frappe la, ça le calmera", encore une fois, la violence comme réponse à tout.

_ Je ne change pas d'opinion… J'ai mon avis, mais je respecte aussi le tien, même s'il est différent du mien. J'ai un point de vue sur la situation, le tien n'est pas le même, car tu ne vis pas les mêmes choses que moi. Et je respecte ça.

Il hausse les épaules en rabaissant le bras.

_ J'ai aussi conscience qu'il doit y avoir du positif, suffisamment pour que tu y retournes malgré tout ça.

Il désigne les blessures, d'un mouvement de tête.

_ Si c'est là bas que tu trouves ce dont tu manques, je… je n'ai pas à juger. Même si ça ne m'empêchera pas de t'inquiéter pour toi. Et d'être en colère, parce que je n'aime pas ces injustices et que je n'aime pas voir des gens souffrir. Mais ce n'est pas toi qui m'énerve, c'est… c'est tout ce système qui ne marche pas correctement et qui fait que les chances ne sont pas égales pour tous. Je crois que… c'est pour ça que j'ai voulu être infirmier, que je continue à venir dans cet endroit. Parce que j'espère, que même si je ne peux pas changer les choses, je veux… Je veux apporter un peu plus d'équité. Ce n'est pas assez pour rétablir l'équilibre, mais je tiens à soigner toustes celleux que je peux aider, pour leur permettre… de vivre un peu plus longtemps. De moins souffrir, si je le peux. J'agis à mon échelle, ce n'est pas une goutte d'eau qui va changer les choses mais je… Au moins je fais quelque chose.

Il soupire et sourit, faiblement.

_ Je ne te déteste pas, je ne déteste pas grand-monde. Et si je recule…

Il hésite. C'est toujours dur à avouer. Comment lui dire ? Que quand Agnès l'a enfoncé la tête sous l'eau, qu'il a bien crû se noyer, il a avalé de travers un coquillage. Qu'il s'est ancré dans ses viscères, que lorsqu'un geste brusque ébranle son coeur, l'huître est délogée, ses bords tranchants, tailladent l'oesophage, parfois, quelques fragments de nacre blessent son larynx.

_…C'est que hm. J'ai peur.

Avoue-t-il en détournant les prunelles.

_ J'ai peur, pas forcément de toi en particulier, j'ai peur de la violence, j'ai peur de l'agressivité. Parce que je sais que des fois… Des fois, les promesses, des fois, même l'amour, ça n'empêche pas forcément… un mauvais coup. Et je…

Il frotte songeusement son bras, de la main qui tient la vapoteuse.

_Je ne supporte plus vraiment les coups. Je ne sais pas me défendre, je ne peux pas me défendre. Ca me tétanise, je n'arrive plus à réfléchir et… Je suis douillet…

Il pouffe, mais le son en réalité est plus l'aboiement bref d'un chien nerveux. Douillet, après tout ce qu'il est passé, sa peau a pourtant perdu de sa sensibilité. Sam l'a probablement déjà vu endurer les griffures et les morsures d'autres patient.es douloureux.ses, le sang de Jayson qui maculait ses vêtements et les bandages qu'il entourait placidement, sa propre arcade qu'il a recousue. Les gestes étaient maladroits, les yeux embués de larmes, il tremblait, mais ses yeux étaient loin, ses pensées, plus loin encore, il dissociait.

_ … J'ai toujours peur que ça m'éclate à la tête, c'est plus fort que moi. J'essaye de me raisonner, mais mon corps agit avant moi, et me gueule que je vais crever, qu'on va me faire du mal. Quand j'entends qu'une voix gronde, qu'on crie, quand il y a un geste brusque, j'ai envie de m'enfuir, mais mon corps ne bouge pas.

Il se redresse un peu.

_ Après hm. J'aimerai te dire qu'il en faut beaucoup pour me casser en deux, mais vu comme me lance ma sciatique, je ne suis pas vraiment sûr…

Un rire bref franchit ses lèvres, Jayson tente de plaisanter, bien que son regard s'assombrit à sa réponse.

_ Est-ce que hm… Est-ce que tu veux qu'on te trouve un endroit, quelques temps? Une chambre, pour te remettre d'aplomb tranquillement, avant d'y retourner ? Ou est-ce qu'il y a… y'a un moyen qu'on veille sur toi en bas, qu'on te protège, pour éviter qu'ils ne recommencent ? Je… Je peux essayer de t'accompagner certains soirs si tu veux, si ça peut les décourager…



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