Métier : Ouvrière à l'usine de traitement des eaux + combattante de la fosse
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Mer 19 Avr - 9:00
A l'ombre des illusions qu'ils se font
Bo-Ra + Maxine 19.04.2099
La mine revêche, Maxine souliers recouvert de terre, l'âme amère. Encore un regard sur le téléphone, adresse en lettre sombre sur l'écran, presque menaçante mais Maxine a promis qu'elle y réfléchirait, que le monde ne s'arrêterait pas là. Eliott sauveur de dames peut-être, elle en doute sous un ricanement un peu nerveux. Mais petite pie, la curiosité prend le dessus et sans s'en rendre compte le sac à dos était rempli à ras-bord de peine et de misère ; parcelles d'espoir. Des fringues un peu tachées, toutes froissées. Les oiseaux piaillent au-dessus de sa tête, la cime des arbres trop haute à s'en faire craquer la nuque. Forêt Tue-loup comme dans les histoires, pire que les monstres sous le lit ; ne t'éloigne pas des sentiers lui a-t-on dit. Les cabanes s'alignent, isolées de tout et Maxine ricane encore à l'idée de rencontrer une vieille ermite à la peau flétrie. Elle ne sait pas qui se pointera sur le pas de la porte, Bo-Ra Gang comme un mot qui roule sous la langue, bonbon acidulé comme pour tester ; voir s'il y a quelque chose à réparer.
La colère pulse encore, avouée sous les coups en pleine fosse, le sourire carnassier d'une pauvre pie qui préférerait oublier ; les plumes jaunes, les bracelets coquillages, le teint pâle et la mort qui s'installe. Les phalanges écorchées vestiges de ses combats rapprochés, l'ecchymose encore sous la pommette peine à perdre ses couleurs, preuve que toute la force imaginée, elle ne l'a pas encore. Pas encore.
L'hésitation encore une fois, observer la petite cabane et ses alentours d'un air soupçonneux. Personne à une heure aussi matinale, Maxine réajuste son sac à dos comme une enfant prise en flagrant délit, peu sûre d'avoir pris la bonne décision. Demi-tour peut-être ? Eliott et ses recommandations peuvent bien aller se faire foutre, l'ouvrière s'est toujours débrouillée seule dans un sourire mauvais. Avant qu'elle n'y réfléchisse à deux fois pourtant, les petits poings écorchés frappent à la porte. Doucement, puis plus fort, crier à travers la porte car on ne sait jamais, la vieille dame est peut-être un peu sourde. "Alo ? C'est Maxine Dupuy, on m'a donné l'adresse et..." Et puis quoi ? Elle s'arrête, incertaine. Et puis quoi ? Maxine déterminé à avancer peut-être, découvrir comment oublier. Et après, quoi ?
Soleil mort sans rayon Colère dans les maisons Le coeur plein de questions
Bo-Ra s’est réveillée tôt dans la matinée puisque le sommeil n’est pas un amant facile. Il est aussi espiègle qu’à la moindre sale pensée, c’est le masque du pleutre qu’il enfile.
La panthère commence la journée en évitant de croiser son propre reflet et plonge dans une longue douche parce les odeurs ont tendance à la dégoûter, parce qu’elle ne supporte pas de visualiser sur son corps les possibles saletés. Ce n’est que la première douche de la journée. Puis les cheveux mouillés elle se prépare un café totalement vêtue de noir alors qu’une voix inconnu sillonne son chalet, en traversant brutalement la porte d’entrée. Bo-Ra laisse tomber la cafetière pour ouvrir à celle qui est venue chercher à se sauver, de l’aide, mais Bo-Ra se sent peut-être un peu dépassée. - Bonjour.
Bo-Ra regarde quelques seconde le visage puis s’évince pour la laisser venir dans son chalet. C’est une cabane simple, avec quelques meubles en bois, une petite cuisine et des armes suspendues sur les murs pour « décorer ». Il n’y a pas grand-chose à regarder, que le stricte minimum pour survivre et répondre aux besoins que quémande sa triste humanité. - Assis toi. Tu en veux ?
La brune lui fait signe de s’asseoir, sur le lit, ou sur la chaise, tandis qu’elle se sert une tasse de café.
- Je m’appelle Bo-Ra. Elliot m’a parlé de toi, mais je ne sais pas ce que tu attends de moi.
Bo-Ra, elle ne s’attendait même pas à la voir venir aujourd’hui. Elle tente de sonder son âme pour y trouver quelques plumes.
- Qu’est ce que tu cherches ici Maxine ?
Bo-ra, elle ne sait pas ce qu’elle est venue chercher. Peut-être que c’est la même chose qu’elle, tout effacer, tout oublier, tout recommencer. Peut-être que c’est pour chasser les idées les noires, les bêtes qui rodent dans les sombres couloirs. Peut-être est ce pour retrouver un peu d’espoir. Peut-être est-ce simplement pour apprendre à chasser, à tuer la faim. Bo-Ra, elle ne se souvient pas l’avoir déjà vu, cette fille là. Elle arrive de nul part avec toutes ces affaires, elle lui rappelle à quel point quand on est mal, à quel point on est prêt à tout faire pour avancer.
Alors la panthère fixe l'inconnu pour laisser crever les questionnements abattus.
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Lun 24 Avr - 10:15
A l'ombre des illusions qu'ils se font
Bo-Ra + Maxine 19.04.2099
Les poings serrés et l'hésitation flagrante, Maxine un peu lâche au fond, désirs grinçant de tout laisser en plan. La porte s'ouvre, les yeux s'étrécissent sous la lumière matinale. Bo-Ra Gang n'a rien d'une petite vielle sénile, d'une ermite édentée, d'un fantôme du passé. Bo-Ra Gang les mèches fraîchement mouillées, les cicatrices pour tout enjoliver ; Maxine un instant hypnotisée par les marques de mort, les sentences évitées de près. Le plomb dans l'estomac, la méfiance collée à la peau, avancer doucement pour inspecter les lieux, s'imaginer l'histoire. Ça pue le prédateur là-dedans, ça lui fait penser à Désiré et ses griffes acérées, la mâchoire écartée en dents pour lacérer. Les muscles se crispent une seconde dans l'attente, petite pie les doigts engourdis à forcer de les serrer contre les lanières du sac à dos. Encore un pas et la porte se referme, elle a l'impression d'étouffer, fait tout pour ne pas le montrer.
Un merci murmuré du bout des lèvres, l'air toujours aussi revêche Maxine, soudain les poings sur les hanches dans une guerre imaginaire contre elle-même avant de soupirer, s'assoir sagement tout au bord du lit comme si elle n'osait trop s'imposer. "Heu ouai j'veux bien." Le café, elle déteste, ça lui rappelle ses parents, l'odeur dans la cuisine, douce ivresse matinale. Le café elle déteste, mais elle ne sera pas la première à dire non, pas la première à baisser le regard.
Elle hésite encore, se tortille contre le lit. "On m'a dit que tu pouvais m'aider, que toi aussi t'avais perdu quelqu'un." Le regard est franc, perçant. Elle ne veut pas avoir à tout déballer Maxine, elle veut qu'on la comprenne, elle veut oublier, écraser le passé. Elle se penche soudain, les yeux dans les yeux sans plus jamais sourire, comme si c'était parti avec Amaryllis. "J'essaye d'arrêter d'y penser mais ça sert à rien, même quand je dors, c'est là." Elle ne sait pas ce qu'elle attend Maxine, peut-être une solution magique, des mots qui répareront tout.
Soleil mort sans rayon Colère dans les maisons Le coeur plein de questions
La panthère saisit une seconde tasse qu’elle remplit entièrement du liquide couleur café pour la tendre à la petite bête à plume. Dans son autre patte, elle capture l’autre hanse qu’elle daigne apporter en direction de ses lippes pour goûter à l’amertume. Le café le matin colle des claques à son organisme pour qu’elle puisse bien se réveiller, c’est ce qu’elle apprécie si ce n’est la rudesse de la caféine qu’elle écume.
- De rien.
Bo-Ra prend la chaise à l’autre bout de la pièce et la dépose devant l’arrivée. Elle s’assoit sur cette dernière et glisse quelques doigts dans ses mèches pour les ramener en arrière. Ses iris dorés s’amourachent de l’oiseau qui lui fait face tandis qu’elle tente de l’écouter : puisque Eliott ne lui a rien révélé. Elle regrette presque de ne pas avoir demandé, elle regrette de pas l’avoir questionné.
- Ah… C’est donc ça.
Bo-Ra, elle aurait du s’en douter, elle aurait du le savoir. Ses yeux ne sont plus si curieux et prennent des allures de pleutres pour se faufiler sur les armes accrochées au mur. La panthère, elle doit raconter cette histoire, celle qui aujourd’hui encore lui refourgue le cafard, qui pullule dans son esprit pour faire éclore les idées noires. Quand on leur tranche la tête, elles continuent de courir, de se reproduire, de parasiter la paisibilité qui ne fait que s’amenuir. - Mon frère jumeau est mort. Et toi ? C’était qui ?
Le fautif des malheurs, le type trop lâche qui s’est barré le premier sans pouvoir te dire une dernière fois au revoir. Oh, Bo-Ra, tu pourrais lui en vouloir, tu pourrais être en colère parfois, mais ce n’est pas lui que tu veux tuer chaque matin, ce n’est que son visage similaire au tiens qui laisse traîner dans le reflet des miroirs une once de chagrin.
-Oui . Et t’as toujours des souvenirs qui viennent en rafale quand t’essaies d’y penser le moins. Il faut juste l’accepter… ((En fait, j’en sais rien, ça finit peut-être jamais))
Bo-Ra elle finit par rechercher les yeux de Maxine, mais jamais elle ne sourit, plutôt mourir que d'avouer que la mort est une forme de paix. La chasseuse se sent comprise, alors elle se permet de partager bien qu'elle ne daigne que peu bouger devant cette mystérieuse invitée. Bo-Ra, elle avoue un peu sa manœuvre, mais elle sait que quelque part, elle a foiré. La panthère n'est pas un génie, elle n'a jamais tenté de réussir sa vie, elle a juste choisi dans l'impulsion le chemin ardu de la survie.
- J’ai décidé de venir ici pour arrêter d’y penser. Il n’y a pas de distraction qui m’y fait penser. Je suis seule avec moi même. Je ne voulais plus revoir la scène encore et encore. Ça me foutait la haine et j’ai failli y passer. J'ai fait de la merde.
Quelques doigts se redressent pour lui montrer sa gueule décortiquée dans les cicatrices d’un dernier combat : elle n’a même pas l’impression d’avoir gagné, puisque la foule hurlait une victoire mais tout était déjà perdu.
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Lun 1 Mai - 21:43
A l'ombre des illusions qu'ils se font
Bo-Ra + Maxine 19.04.2099
Mal à l’aise, les instincts hurlent à plein poumons, muselés sous une couche de courage morcelé, de dignité émiettée. Les petites mains se referment sur la tasse brûlante sans rien dire, les yeux plongent dans le breuvage noir et c’est presque sans une grimace qu’elle avale sa première gorgée. Dégoutant. Un sourire crispé pour remercier car Maxine, elle ne veut pas se faire dévorer. Pas avant d’avoir existé, d’avoir fait vomir les péchés ; de s’être enchaînée à sa propre monstruosité. Les iris verts ne cessent d’aller et venir, sur les murs tout simple, les armes callés là, le visage entrelacé de cicatrices qu’elle envierait presque, ces mèches courtes et cet air de calme qu’elle n’a pas Maxine, qu’elle espère pouvoir avoir un jour. Elle se tortille encore, se force à boire une deuxième gorgée avant de capituler ; elle ne touchera pas au reste. Plutôt crever. C’est donc ça, comme si la mort n’était rien que ça, comme si le monde tournait encore après ça. Eclat de colère, elle écoute Maxine, mais elle voudrait cracher contre les lattes du parquet, crier tout son mécontentement car ce n’est pas juste ça. C’est beaucoup plus et c’est trop pour elle. Mutique pourtant, elle laisse les choses se dire, les secrets s’avouer sans avoir à demander. N’aurait peut-être pas oser. Hoche la tête une fois avant de murmurer du bout des lèvres de peur d’éclater en élevant la voix. « Une amie. » Et même plus que ça mais ça n’a pas de nom, ce n’est qu’un visage, un son, une couleur. Ce n’est qu’une conversation sous les étoiles, les mains qui se cherchent parfois, le cruel son du trépas. C’est un peu plus que ça mais on ne le dit pas, Maxine n’a plus de mots à avouer, elle a cessé de les chercher.
Ces réponses-là, elle ne les veut pas. Pas de miracle, pas de remède. Accepter, elle ne peut pas. Ça bouillonne sous la chair, les phalanges serrées contre la porcelaine à s’en brûler la peau, les yeux plissés dans un mécontentement flagrant, silencieux. Est-ce donc pour ça qu’elle est venue ? Pour qu’on lui dise d’accepter et de fermer son bec ? Finalement, elle n’y tient plus. « Accepter, vous avez que ce mot là à la bouche, tous. Comme si on pouvait tout accepter et tout pardonner. » Les dents grincent, elle tente de ravaler les prochains mots mais elle n’y arrive plus, crache un peu de son venin, les yeux dans les yeux. « C’est lâche de se terrer ici comme un rat. Tu fuis le reste et tu baisses les yeux en faisant semblant d’aller mieux. J’ai pas besoin qu’on me balance des phrases à la con sur le pardon ! » Elle ne tient plus, hausse la voix. « Bordel j’ai pas que ça à foutre que d’aller voir une foutue ermite dans sa foutue forêt ! Pourquoi j’suis là, tu vas pas m’aider hein ?! » Les mains crispées à en trembler contre la tasse de café, la renverser à moitié sous la colère qui flambe. Alors finalement, peut-être que personne ne pourra l’aider. Maxine, elle ne veut pas accepter.
Soleil mort sans rayon Colère dans les maisons Le coeur plein de questions
La panthère écoute l’oisillon piailler, grommeler son mécontentement à la gueule du félin qui commence à perdre patience derrière ses pupilles volumineuses et foncées. Elle vide sa tasse qu’elle dépose délicatement à ses pieds et le félidé rampe dangereusement vers sa proie pour que sa joue et sa large patte claquent brusquement. La patience de Bo-Ra commence à s’épuiser et les palabres laissées sur les lippes s’amenuisent brutalement.
- Ta gueule.
Le félin reste debout, perchée sur ses pattes arrières alors qu’elle fixe la mystérieuse invitée, celle qui ne fait que lui rappeler que les choses ne changent pas, parce que l’orage continue de gronder, parce que la colère ne va pas tarder à jaillir sous ces nuages grisés. Au fond, elle se sent un peu attristée parce que si les choses ont évoluées, elle n’arrive pas à le constater. Aveugle devant une partielle reconstruction, loin du théâtre sanguinaire, loin du. De la tueur.se de son frère, elle ne sait plus dialoguer qu’avec les grognements et l’impulsion.
- Tu ne veux pas accepter, très bien. Alors assume et fais pas chier.
Cela fait quelques mois déjà qu’elle se terre ici. Cela fait déjà quelques mois qu’elle ne prétend pas aller mieux, que la colère est toujours de sortie. Elle a l’envie de tuer derrière cette fausse accalmie, elle veut le goût du sang contre les babines. Les envies de vengeance n’ont toujours pas cicatrisées, elles sont incarnées dans l’épiderme pour mieux la faire cracher. Bo-Ra, elle se moque bien des souffrances de Maxine. Elle se moque bien de sa couronne d’épines.
- Qu’est ce que tu fous ici alors ? Je n’ai jamais rien prétendu, ni promis… Si ça te fait tant chier, tu peux rentrer chez toi. Je ne te retiens pas. Ce n’est pas moi qui m’avoue vaincue et qui vient quémander de l’aide à une… « Ermite ».
Bo-Ra a dit qu’elle aiderait l’amie de son ami, mais elle n’a rien promis. Elle se moque bien de ce qu’il lui arrivera demain, elle se moque bien d’en venir aux mains. Elle ne compte pas demander pardon. Ses paroles raisonnent comme une agressive leçon alors qu’elle rugit contre l’oiseau jacasseur. Il ne faut pas jouer avec les vibrisses du chasseur.
- T’aider à quoi ?! Je n’ai rien promis et tu ne sais même pas ce que tu veux. Je ne vois pas comment je pourrais aider une chieuse bonne qu'à râler contre le monde entier.
La panthère grogne et se laisse tomber en arrière contre le dossier de sa chaise. Quelques griffes se dessinent dans l'angle de ses ongles et les crocs à la place des dents viennent s'allonger dans les profondeurs de sa gueule. La rage commence à dompter l'humanité, à elle seule. - Qu'est ce que tu fais pour qu'on puisse t'aider ?! RIEN.
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Jeu 4 Mai - 9:09
A l'ombre des illusions qu'ils se font
Bo-Ra + Maxine 19.04.2099
La claque résonne contre la joue, Maxine les poings serrés à s'en meurtrir la chair. Les yeux s'arrondissent de surprise, couinement instinctif, une main qui se porte immédiatement au visage. Elle n'a pas mal Maxine, elle a vu pire au milieu de la fosse, les ecchymoses encore fraîches de sa décrépitude, de la faiblesse passagère qui la fait tomber à terre. Les côtes encore bandées pour panser les blessures pleine d'orgueil. Une claque ce n'est rien, ça ne fait pas mal. Ça blesse pourtant l'égo mieux que n'importe quel coup de couteau, ça fendille l'âme mieux que la chair, arrondi les pupilles sous une trahison sans promesse. Le corps raidi se relève brusquement, les yeux dans les yeux. Furieuse. "PUTAIN mais ça va pas ?!" Elle piaille la pie, loin de gronder comme les gros félins, regarder de haut comme l'ermite Bo-ra Gang. Loin d'avoir toute la confiance qu'elle pourrait montrer, sous les jolies plumes colorées un peu de lâcheté dissimulée.
"J'suis là... j'suis là pour..." Ca bégaie car Maxine, ce n'est pas comme ça qu'elle voyait la chose. Maxine, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle voulait. Un remède miracle peut-être, loin des réponses toute faites que lui sortira un psy. Un pardon peut-être, pour être un peu ce qu'elle est et non pas ce qu'elle devrait. "J'ai promis d'essayer. Mais à quoi ça sert si toi t'essayes même pas ?!" Un cri, peut-être trop fort. Maxine lui en veut sans même la connaître. Lui en veut de rabacher les mêmes choses que les autres, laisser le monde vivre ailleurs et se contenter de ce petit bout de forêt. Une cabane aux armes qui ne servent plus à rien. Un peu de rage contre elle-même, c'est plus facile de tout balancer sur la panthère, une cible facile là qui se renfonce contre son dossier. Maxine toujours debout, un doigt pointé vers la mâchoire féline. Les griffes, les crocs, ça lui donne envie de partir en courant, remonter le temps. Les griffes, les crocs, ça la rend jalouse à en crever. Ne pas comprendre que l'on puisse rester là sans rien faire avec une telle âme.
"J'en sais rien moi c'que je veux ! Me battre surement, pas rester là à rien faire en tout cas ! Tu penses pas à la vengeance toi, comment tu fais pour être aussi calme ?? J'veux pas devenir un putain de zombie !" Le pied tape contre le sol, une enfant certainement, une enfant les rêves de vengeance plein la tête. "Faut que je fasse quoi hein ? Que j'attende juste que ça passe et tant pis si ça passe jamais ? J'aurais passé ma vie à attendre ?!" Plutôt crever tout de suite.
Soleil mort sans rayon Colère dans les maisons Le coeur plein de questions
Tw mention de mort + violence
Les cris vont et viennent de chaque côté. Le félin n’apprécie pas de se faire marcher sur les pieds, par une inconnue qui plus est. Dans la fosse, cette dispute serait déjà réglée, à coup de coups de poing dans le nez. Dans la fosse, les griffes auraient tenté de se frayer un chemin dans la chaire pour ouvrir les veines et la peine qui vient les traverser. Bo-Ra, elle n’est plus dans la fosse, alors elle se contente de crier, de soupirer, de rugir face à l’oiseau à qui elle rêve de clouer le bec. - Alors ?! ALORS ?! T’es là pour quoi hein ?
La panthère encore rugit. Elle a déjà perdu patience Bo-Ra, elle qui semblait si calme autrefois. Maxime a appelé la pluie, elle récolte l’orage, les grondements de la voix de l’énorme chat. Elles chantent une symphonie d’éclairs et de cris : Bo-Ra, elle n’arrive même pas à se délecter de la présence de la petite proie pie.
- Attends. Attends… Tu viens chez moi, tu m’insultes et tu veux que j’essaie de t’aider ? Regarde toi. C’est même pas essayer ce que tu fais. Tu préfères me cracher ta haine plutôt que d'essayer. Tu crois que ça donne envie de t’aider ? J’sais pas… Si personne veut t’aider, si tu fais chier tout le monde autour de toi, c’est peut-être que le problème, c’est toi.
Bo-Ra, elle n’a pas envie d’aider une gamine qui la pousse hors d’elle, elle n’a pas envie de tendre la patte à quelqu’un qui ne lui laisse même pas le temps de l’aider. Elle a l’envie de choper son poignet, de le tordre ou de le capturer entre les larges griffes qui abîment le mobilier plutôt que l’oiseau qu’elle essaie de raisonner. Elle s’immobilise plutôt que de tenter de l’attaquer.
- Putain. Ta gueule. Tu sais pas. Tu sais pas à quel point j’ai envie d’arracher le crâne du connard/de la connasse qui a tué mon frère. Tu sais pas à quel point j’ai envie de jouer avec ses tripes comme je traite la barbaque. Tu sais pas à quel point, ça me bouffe tous les jours. ALORS FERME TA PUTAIN DE GUEULE.
Bo-Ra, elle pourrait tuer. Elle pourrait chercher la personne dans la fosse et jouer au bourreau. Pourtant, même son dernier combat lui a paru bien fade quand elle était devant la mort à nouveau. Bo-Ra, elle aimerait toujours tuer parfois, mais ça ne rendra pas son frère, ni qui que ce soit. Alors Bo-Ra, elle tente de se ranger, de se mettre du bon côté, mais les mauvaises manies sont comme ces armes sur les murs attachées : toujours prêtes à être manipulées pour voler la vie. C’est aussi simple que de souffler sur une bougie… Alors elle fixe Maxine comme si elle était la concernée, avant de dévisager le congélateur : elle fuit avant de faire un malheur.
- ...Mais est ce que ça le ramènerait ? Non. Est ce que ça va changer quelque chose à ma peine ? Probablement pas. La paix, elle est pas là, parce que j’en ai cogné, j’en ai tué des gens quand j’étais dans la fosse ! J'ai RIEN gagné. Ça a rien changé. J’ai tué des bêtes. Ça défoule, ça fait du bien sur le moment, mais c'est tout…
Tuer, se venger, Bo-Ra pense que ça ne console pas, même si l’envie rode dans les bois, même si elle éteint le corps des bêtes. Il faudrait trouver un moyen de consoler leur cœurs hargneux, mais les espoirs de retrouver le bonheur commencent à se faire vieux. Alors quand Maxine émet le conflit, Bo-Ra comprends à l’envers, peut-être un peu de travers, tordue dans tous les sens par ses mourrons et sa colère. - Tu veux qu’on se tape sur la gueule pour que t’ailles mieux ? On peut essayer…
Si ça peut lui clouer le bec pendant quelques instants, si ça peut la calmer temporairement. Bo-Ra est prête à cogner, mais elle aura du mal à retenir ses coups. Heureusement, elle n’est pas encore au sommet de ses courroux. - Ça fait combien de temps, que « t’attends » ?
Bo-Ra finit par se lever, fait face à sa colérique invitée. Elle la fixe et les babines sont léchées alors qu’elle lutte pour de nouveau la gifler, ou de lui donner un coup de pieds. Pourtant, elle est censée l’aider, elle a accepté… Eliott l’a aidée quand ça n’allait pas, mais elle n’est pas sûre de savoir faire ça Bo-Ra. Pas avec ce genre de cas.
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Ven 5 Mai - 10:42
A l'ombre des illusions qu'ils se font
Bo-Ra + Maxine 19.04.2099
Sous la violence traîne la longue attente du trépas, des promesses faites avant d'y mettre fin. Sous la chair de poule face au prédateur, le feu brûle de tout dévorer ; ne jamais s'arrêter. Perdue jusqu'au bout des ongles vengeurs Maxine, enlisée dans le gouffre de ses propres choix peut-être, des personnes à qui elle n'aurait dû s'attacher de peur d'être encore une fois abandonnée, laissé là sur la pavé fissuré. Maxine, là pour quoi au final ? Pour tenter de se racheter ou vouloir s'enfoncer dans une monstruosité rêvée. Il n'y a pas de bonne réponse, elle en cherche pourtant une inlassablement. Amaryllis les yeux clos sur la vie, c'est une goutte d'eau qui fait déborder le vase, le dernier cauchemar qui fait tout basculer. Parfois Maxine se dit qu'elle n'aurait jamais dû tisser les liens qui l'achèvent après coup. Sous la fureur féline la pie recule d'un pas, se sent tout à coup plus petite qu'une fourmie. C'est vrai, Maxine personne ne voudra jamais l'aider, elle s'est mise à cracher sur les mains tendues, à ignorer les regards compatissants. C'est vrai Maxine, elle pensait pouvoir y arriver seule, mener sa guerre comme seule combattante. Cri de fureur encore une fois, perle l'angoisse et la tristesse.
"J'en sais rien moi !! J'ai pas besoin de la pitié des autres, j'ai pas besoin de vous !" Elle se contredit, s'en rend compte et dans un hurlement rageur, vient balancer son à dos à l'autre bout de la pièce dans un geste exutoire, la fureur dirigée contre le monde entier. "Vous êtes tous là avec votre pitié et vos mots bien trouvés ! Evidemment que c'est moi le problème et alors ? C'est un problème d'être un problème ?!" Le pied tape encore sur le sol, violemment. Au fond, ce n'est pas vraiment à Bo-ra qu'elle en veut. Le monde entier contre qui jurer pour se sentir exister.
Les mots de la chasseuse sont violents, la pie tressaille. Les viscères, elle se dit qu'elle connait. Tuer, elle se dit qu'elle pourrait surement, le moment venu. Peut-être, sûrement, un jour. Que des mots qui la placent face au mur, la mort elle la regarde passer depuis tout ce temps sans jamais oser prendre les devants. Bo-ra Gang n'a certainement jamais eu à réfléchir elle, pour arracher les jugulaire au petit-déjeuner. Maxine jalouse mais Maxine a peur de devenir son quatre heure, déglutit dans un infime mouvement de recul. Mais la vengence la fait tenir, la vengeance la fait rester droite juste devant les sanguinaires, ne pas partir en courant au moindre coup de vent. Maxine aussi, ça la bouffe tous les jours, elle comprend, le regard se baisse dans une grimace sincère. Dans un murmure pour elle-même. "Si, je pense que je sais." Si elle avait les griffes, elle ne se gênerait pas elle, pour tous les massacrer jusqu'au dernier. Mais Maxine n'a pas de cible non plus, seulement le cancer pour lui avoir pris Amaryllis. Seulement la voix sombre comme souvenir de celui qui lui a pris ses parents. Aucune piste, rien. Le temps avance et elle, elle ne fait rien.
Et si la vengeance ne rime à rien, alors Maxine, il lui restera quoi ?
Les prunelles vertes s'humidifie mais Maxine encore et toujours, elle promet qu'elle ne pleurera pas, qu'elle ne pleurera plus. "Ca défoule mais c'est tout..." Elle reprend les paroles de l'autre, la colère toujours grondante entre les mots. Elle répète. "Ca défoule mais c'est tout. Et si on se défoule assez, peut-être que ça passera ?" Autant essayer, s'il ne reste plus que ça. Maxine, elle ne veut pas laisser tomber. C'est un défi chez l'autre, une ouverture pour engager la guerre. Oui peut-être qu'au fond, ça suffira. La pie recule un peu, les bons appuis sur ses pieds comme le lui a appris Désiré. Une dernière parole peut-être, avant qu'elle ne se jette dans la gueule du loup. "J'suis pas d'accord avec toi, si tu trouves le responsable et le fait payer, alors tout ira bien. " paroles teintées de conviction, elle y croit. Elle parle un peu pour Bo-Ra, elle parle beaucoup pour elle. Tout ira bien quand elle l'aura trouvé, éviscéré. Tout ira bien, et après elle pourra enfin rêver.
Alors subitement, Maxine se jette sur la panthère, rapide comme à la fosse, ces enchaînements elle les connaît, commence à les maîtriser. Si elle n'a pas la force, elle aura peut-être l'intelligence de ne pas se faire attraper entre les griffes de la mort, tourbillonner jusqu'à en avoir mal au crâne. Maxine ne se fait pas d'illusion, les vieux hématomes sous ses vêtements veulent tout dire, mais les lippes se courbent en défis, les yeux emplis de tristesse. Peut-être que juste se battre, ça suffira. Peut-être que juste crever là, ça ira.
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tw violence
- Alors demande pas notre aide.
Bo-Ra a compris que Maxine est probablement perdue, un peu pommée, mais elle ne sait pas comment agir avec l’opprimée. Bo-Ra, elle ne sait même pas vraiment s’aider, ne sait pas jongler habilement avec les mots, surtout quand les phrases s’alimentent et se contredisent. Plus rien a de sens, quand les âmes collectionnent l’absence.
- Mais t’as conscience de ce que tu dis ?…
Bo-Ra, elle est embourbée dans les rouages de l’énervation, car Maxine ne fait rien avancer. Elle ne déploie aucun effort, préfère résister. Maxine veut se mouvoir, mais à reculons, alors la panthère noire se laisse entraîner dans ses vieux tourments, dans les rageux sillons. Si elle avait su, elle aurait probablement refusé, elle regrette un peu mais elle ne peut constater que la mort est l’ennemi commun de celles bonnes qu’à hurler. La mort, c’est leur ennemi commun, mais on ne peut pas toucher à la mort sans se salir les mains, on ne peut pas l’étrangler sans ne plus se défaire de son destin.
- Ca revient toujours. Toujours quand tu pensais que c’était terminé… Mais si tu veux, on peut essayer.
Se battre, ça n’a jamais rien réglé. Dans l’immédiat, ça fait du bien. Bo-Ra sort d’elle même pour exploser en milles éclats. Ça fait s’exprimer un corps endormi depuis les dernières fois. Le combat, ça fait du bien, mais ça ne suffira pas. Elle le sait, alors elle souffle déjà. Elle ne s'attendait à rien, probablement pas à ça. - Je ne sais pas si ça marche vraiment comme ça.
Si Maxine fonce dans ses bras, peut-être qu’elle ne devrait pas. Bo-Ra saisit entre ses crocs et ses griffes la petite proie et l’enlace que ses canines détaillent son épaule quand sa mâchoire l’emprisonne pour la paralyser entre ses rangées de dents. Elle retrouve sans surprise la saveur du sang. Dans cette étreinte ses griffes se réfugient dans son dos pour la marquer et flinguer une tenue qui plus est. Ce goût hémoglobine contre la langue, elle ne savait pas si il lui avait manqué, elle reste ainsi pendant quelques secondes pour que la douleur la fasse regretter et l'entraîne dans la pièce sans la soulever : la panthère la traîne une comme carcasse dont elle se délecterait sur quelques maîtres avant de la balancer contre sa table. Elle aurait bien pris sa forme anima, mais sa tenue l’en empêche plus d’une fois.
- Fonce pas tête baissée dans les bras de l’ennemi.
Qu’elle lui jette les lèvres tâchées de sang. Pour une fois, Bo-Ra n’a pas juste l’air féroce. Entre ses paupières, elle offre une œillade attentive et attristée à l’invitée. Elle ne veut pas la sous-estimer, mais elle ne peut s’empêcher de lui demander : est-ce qu’elle n’est pas fatiguée ? - Tu n’en as pas marre de te battre contre tout le monde ?… Qu’est ce qui t’y gagnes ?!
