ça y est. enfin. après des jours de recherches, elle a enfin une piste. un nom, une indication, un chemin, un endroit où aller. la fosse est à portée de main et sasha jubile. elle sera bientôt dans l’arène, bientôt jetée dans la mêlée, prête à se venger. de quoi ? de tout et de rien. elle n’a pas besoin de raison. elle a juste besoin d’un endroit pour se déchainer. un endroit pour trouver un sens à sa vie merdique.

“merci !!!”  tout sourire. “j’ai bien fait de te frapper !”

sasha se dit qu’elle est vraiment trop forte. un vrai génie. et qu’il faut qu’elle continue d’agresser les gens au hasard. ça porte ses fruits.

les étoiles pleins les yeux en pensant à ses triomphes futurs, elle ne voit pas la manière dont errilys la regarde. tant mieux pour lui, parce que sasha n’est pas du genre à aimer qu’on la prenne en pitié. heureusement le regard incrédule se troque bien vite pour un sourire chaleureux. sasha tourne la tête, surprise. cela fait longtemps qu’elle n’a pas été face à ce genre de regard, ce genre de parole. il n’y a plus que les poings, la colère et les menottes de la milice dans son quotidien. alors elle cligne un peu les yeux sans trop comprendre, sans trop savoir si elle doit le croire.

mais le ton de l’oiseau est si sérieux qu’il lui intime d’au moins se taire.
et d’écouter.

“...”

elle ne dit rien pour son père parce que ça fait encore mal. mal de se dire qu’il est vraiment mort. mal de se rassurer en disant qu’il l’a abandonné. elle ne sait pas ce qui est le pire, ce qu’elle préfère. il n’y a peut-être pas de bonne réponse. pour elle la discussion avec errilys est close. elle l’a mentionné une fois, elle a flanché une fois, mais pas deux. c’est fini maintenant. elle n’en parlera plus jamais.

“t’as intérêt….”  elle pousse un soupir avant de se ressaisir. être fragile ne lui va pas. “t’sais quoi, j’t’aime bien !  faudra qu’on s’recapte comme ça on verra si t’as réussi et moi aussi. tiens, c’mon num. tu me payeras une tournée si t’arrive à quitter l’académie ok ?”

stratagème peu fin pour se faire offrir des verres. c’est qu’elle n’a pas un sous et n’en aura probablement pas avant un moment, même si dans sa petite tête d’adolescente rebelle, la fosse sera la clef du succès.
elle récupère son téléphone et finit par s’ébrouer. elle se sent vulnérable et même si elle fait semblant que ça va, elle est épuisée. la fatigue, la chute de l’adrénaline et la discussion un peu trop émotive finissent de l’achever.

“bon ciao. merci pour la fosse et t’as intérêt à tenir ta promesse sinon j’te jure que si on se revoit, cette-fois c’est moi qui gagnera.”

parce que tout de même, elle l’a un peu mauvaise d’avoir perdu face à un apprenti de la milice.  elle se libère de l’étreinte, regarde une dernière fois la lune.
il est temps de rentrer dormir.