la vie nous broie nous enchaîne ft. errrilys - puit au vœux - mai 2090
est-ce que c’est sa tête qui tourne ou bien est-ce le monde qui a un problème ? la lune hurle tout là-haut dans le ciel, à moins que ce ne soit elle ? les pavés luisant sous ses reflets et teints de quelques éclaboussures de sang. sasha, elle a l’alcool dans le sang et l’ivresse du combat qui lui monte à la tête. pourquoi elle se bat, déjà ? elle ne sait même plus, elle a oublié. ça a toujours été comme ça, à brise-cœur. ça a toujours été si facile de jouer des poings. une confrontation qui s’est mal passée, un regard de travers, des mots qui fusent trop vite et la colère qui gronde.
“J’VAIS T’ACHEVER SALE PIAF.”
en face de la mangouste se tient un paradisier. jeune homme blond qui semble avoir le même âge qu’elle, les mèches blondes collées contre le crâne à cause de la sueur. sasha crie et hurle, intimide comme elle peut et maintient sa garde bien haut devant son visage. mais sasha n’a que seize ans et c’est sa première fois ici-bas. elle n’y connaît rien, ne sait pas comment ça marche et fait face à plus gros qu’elle. si elle était la reine de la cours de récré, si elle gagnait toujours face aux autres bambins, ici ce n’est plus le cas. là où la fosse étend ses tentacules, sasha se retrouve vite à genoux.
“RAAAAAAAAAAAAAH !”
alors tant pis. de toute façon elle est ivre et exténuée. elle sait qu’elle ne gagnera pas ce combat contre l’apprenti milicien, et c’est peut-être ça qui la met autant en rogne. la milice, c’était son rêve et désormais, elle marche dessus comme des mauvaises herbes. alors quitte à perdre, autant le faire avec panache. sasha prend de l’élan, court de toutes ses forces et bondit sur le jeune homme en hurlant. elle l’emporte avec elle et les deux finissent par s’échouer lamentablement dans la fontaine.
l’eau n’est pas très profonde, mais ça suffit à amortir un peu la chute. elle aimerait bien finir par le noyé là, l’achever comme ça, mais elle n’en a pas la force. alors les corps se sont relâchés et sasha flotte un peu plus loin, à un peu plus d’un mètre de l’autre. elle sort la tête de l’eau, tente de se relever pour quitter la fontaine, mais le physique ne suit pas. alors tant pis, elle se laisse retomber dans l’eau, sur les fesses, le haut du corps et les genoux à la surface. elle penche la tête vers le ciel, tout tourne encore autour d’elle.
“...j’en ai marre…”
elle gémit doucement, l’adrénaline du combat qui retombe. elle a perdu sasha et elle le sait. elle a pris plus de coups qu’elle n’en a donné. pire, elle a perdu face à une proie, face a un apprenti milicien. c’est l’égo qui est meurtri. elle a envie de pleurer. ça tourne encore autour d’elle, l’alcool sans doute, ou juste la descente après les coups, la violence qui laisse place au vide. elle aimerait bien que la terre tourne à l’envers, histoire de remettre tout à l’endroit.
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Ven 14 Avr - 21:09
Brise-Cœur - Brise-Vie
Le Brise-Cœur. Un an jour pour jour qu’il n’y était pas retourné. Était-ce vraiment une époque désagréable ? Douloureuse certes, mais plus désagréable que le harcèlement et l’emprisonnement ? Pas sûr. Harold ne l’avait pas envoyé ici pour rien. Il avait vu beaucoup de choses, apprit beaucoup de choses. Malheureusement, s’il avait fait tout ça, Harold, c’était pour qu’il devienne milicien. Là, il se demandait vraiment si ça valait le coup, si suivre les traces de son père était une bonne idée. Mais qu’en penserais Harold ? Qu’en penserais Ilya aussi ?
C’est un Errilys mélancolique et très pensif qui foule les pavés de la place du puit. Ses pensées sont rapidement interrompues par une blonde furieuse. Il l’a vu en arrivant sur la place, mais sans vraiment la regarder. Elle, cependant, l’a bien vu. Mieux que ça, elle est venue lui mettre un bon coup de poing dans le flanc. Le souffle coupé, le paradisier a bien failli s’étendre au sol. Mais le Errilys de ce moment-là n’est plus le Errilys frêle et vulnérable qui a pénétré le Brise-Cœur presque deux ans en arrière. Il a subi un entrainement violent, des brimades, désagréables de la part de nombreux prédateurs bien plus gros que lui pendant un an. Maintenant, ça suffit. La crainte instinctive qui l’envahit en sentant la prédatrice qui l’a agressé, enrage le paradisier. D’un regard assassin à la blonde agressive, le volatile répond avec hargne. Il donne tout ce qu’il a pour l’envoyer au tapis, cette peste qui l’agresse sans raison.
Quelques coups s’échangent, Errilys en reprend un, un tout petit peu de sang s’écoule se sa lèvre. Pour autant, bien vite, elle ne peut plus le toucher. Ses coups sont imprécis, ses positions pleines d’ouvertures dans lesquelles l’appentis milicien peut s’engouffrer pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Soit elle n’est pas dans son état normal, soit elle est très inexpérimentée. Peut-être un mix des deux. Réaliser cela calme un peu Errilys, qui la frappe peut-être un peu moins fort. La blonde a à peu près le même âge que lui, même dans le Brise-cœur, elle est jeune. Lui aussi, il a toujours été le plus jeune.
Alors qu’il se calme, Errilys baisse un tout petit peu sa garde. La gamine en profite pour se jeter sur lui, le projetant dans le puit. Le paradisier s’écrase dans l’eau avec fracas, repoussant juste assez la blonde pour éviter qu’elle ne lui tombe littéralement dessus. Sa tête menace de percuter le fond, mais il se retient, laissant son corps flotter légèrement à la surface de l’eau.
Cela ne dure pas bien longtemps. L’apprenti milicien se redresse et s’assoit dans l’eau, ses yeux tombant sur l’agresseuse. Il voit une fille du même âge que lui, à peu près, une petite prédatrice frustrée. Il sait qu’il a gagné, techniquement. Mais cela lui laisse un goût amer dans la bouche. Jusque-là ? Jusque dans le Brise-cœur, au plus loin de l’académie, il faut encore que des prédateurs essaient de le brutaliser ? Il ne veut plus se battre gratuitement, juste pour se défendre de la violence des autres. Il préfèrerait se battre pour en protéger d’autres., comme les miliciens sont sensés le faire.
Un cocktail d’émotions très négatives envahit Errilys alors qu’il contemple son œuvre : cette demoiselle commotionnée qui peine à sortir de l’eau. Tristesse, peur, colère… Il ramène ses genoux contre sa poitrine et les sert entre ses bras. Il n’a aucune envie de sortir de l’eau, ou même de bouger un muscle. Il ne sait pas ce qu’il veut faire, mais se battre comme cela est bien la dernière chose qu’il a envie. Captant les mots de son agresseuse, le paradisier ne peut s’empêcher de répondre d’un ton empli de tristesse et de lassitude :
- Moi aussi…
Errilys laisse son regard dériver vers le reflet de la lune dans l’eau. Il reste là de très longues secondes, jusqu’à avoir froid dans la fraicheur du crépuscule. Si, dans l’intervalle, la blonde n’avait pas bougé, le paradisier se serait calmé. Alors, il se redresserait, et lui tendrait une main pour l’aider à se relever et sortir de l’eau, sans un mot.
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Lun 17 Avr - 14:14
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sasha n'entend que la nuit pleurer. ou peut-être est-ce elle qui pleure, les larmes qui se confondent avec l’eau de la fontaine ? ou peut-être est-ce encore l’autre, sa victime du soir, recroquevillé doucement sur lui-même qui se lamente dans la défaite ? ça a toujours été comme ça, avec sasha. déjà dans la cour de récréation, elle faisait chouiner les autres gamins par ses poings.
mais ce soir, il y a quelque chose qui cloche. sasha, les muscles endoloris, le goût du sang dans la bouche, elle n’a pas la saveur d’une victoire. contrairement face aux enfants à l’école primaire, face au blondinet, sasha n’a rien gagné du tout.
“quoi toi aussi ?”
qu’elle grogne, l’air mauvais, avant de se redresser un peu. elle a mal partout et ça l’emmerde d’avoir un corps aussi faible. c’était plus simple quand elle était petite, plus masculine, plus bourru. mais là, la fin de l’adolescence frappe trop violemment. tout ça pour ne même pas avoir la taille et les formes des jolis mannequins.
il y a un silence encore, comme une contemplation dans la lune, les derniers sanglots qui se meurt dans ce quartier qui porte un peu trop bien son nom. brise-cœur. ça vous fend l’âme et ruine des vies, brise-coeur. ça fait mourir l’espoir et avaler la poussière, brise-cœur.
la vie, le coeur et l’âme de sasha se sont brisés il y a presque deux mois alors qu’il pleuvait, les gouttes chargées des giboulées de printemps, comme cadeau d’anniversaire pour ses seize ans. papa n’était pas revenu et la milice avait été très claire: il ne reviendrait plus jamais. partie, mort, disparue, elle y mettait le mot qu’elle préférait et celui-ci changeait tous les jours. sasha, elle avait perdu son dernier repère, son dernier pilier, laissé définitivement seule entre les pavés.
“... tu veux quoi ?”
elle a baissé la tête pour quitter la lune, pour quitter les étoiles des yeux. devant elle, une main se tend, celle du blondinet, qui sans un mot, lui propose de l’aide pour sortir de l’eau. sasha hésite, trop fière, trop bête, trop farouche, mais tandis qu’elle veut se lever seule, le corps ne répond pas et les jambes restent dans l’eau. la mangouste fronce les sourcils avant de pousser un râle de frustration et de finir par attraper la main de l’autre.
“pourquoi t’es à la milice. c’est que des enfoirés là-bas. ils te disent qu’il te protégeront et qu’ils seront toujours là pour toi mais c’est les premiers à partir sans jamais revenir.”
elle se veut menaçante mais sasha chouine encore. elle s’est extirpée de la fontaine pour finalement lâcher brutalement la main de l’autre, comme si elle ne voulait pas le toucher plus longtemps. le regard sur la défensive et le corps sur le qui-vive, elle le toise un instant, la remarque assassine mais maladroite sur la milice. sasha, elle ne comprend vraiment pas, elle ne comprend vraiment plus. la milice, c’était son rêve, la milice, c’était son père. mais papa est parti et sasha à cramer ses chances d’intégrer le corps armé, saleté d’adolescente paumée. parce que dans les rues de brise-cœur, ce sont surtout ses rêves qui se sont brisés.
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Lun 17 Avr - 20:21
Brise-Cœur – Brise-Vie
La blonde grogne, elle ne comprend pas. Mais a-t-il vraiment envie de lui expliquer, Errilys. A-t-il envie de lui dire qu’il en a marre de se faire harceler par des prédateurs pédants. Qu’il en a marre de subir partout cette discrimination stupide. Qu’il en a marre de devoir se battre pour un oui ou pour un non. Non. Il n’a pas envie de lui dire ça. Alors il ne réagit pas, ne répond pas.
Finalement, le paradisier se relève. Il est calme, mais toujours triste. Son problème ne trouve pas de solution. Il tend la main à son agresseuse, pour l’aider à se relever. Elle n’a pas l’air dans son assiette et ne semble pas parvenir à se relever. Errilys n’est pas un monstre, il l’aide juste à se relever après l’avoir violenté, le minimum de courtoisie. Il ne peut tout de même pas s’empêcher de répondre avec lassitude et agacement à la deuxième provocation :
- Ça se voit non ?
C’est stupide, c’est évident qu’il essaie de l’aider, non ? Elle a bien ce comportement hautain des prédateurs qui se croient au-dessus de tout. Il aurait presque envie de la planter là et de la laisser mourir de froid dans la flotte. Mais non. Finalement la brute saisit de mauvaise grâce la main secourable avant que le garçon ne se soit ravisé. Il porte toujours cette expression peinée sur le visage, celle de celui qui n’est désespérément pas satisfait.
La question qui tombe prend le volatile de court. La blonde retire sa main violemment, il lève les mains et écarquille les yeux. De quoi ? D’où sort cette phrase qui va droit au cœur du garçon et s’encastre parfaitement dans le carcan de ses préoccupations. Il est soudain prit d’une envie de tout expliquer à cette fille qui débarque de nulle part. Il n’en faut pas beaucoup, habituellement, au paradisier pour parler à tort et à travers. Mais il n’était pas du tout dans cet état d’esprit.
Après quelques secondes de blanc, Errilys baisse les mains et s’assoit sur le rebord du bassin, comme pour accuser le coup. Il pose les mains sur ses genoux. Ça fait tellement de bien de s’entendre dire tout haut ce qu’on ressent sans jamais pouvoir l’exprimer. Le volatile lève les yeux, vient fixer ceux de la blonde, et lui répond avec emphase :
- Waaah, si je m’attendais à entendre ça de la bouche d’une fille qui sort de nulle part et m’agresse. Ça me bute. Sache que je me pose la question justement. Pourquoi je me suis pas encore cassé ? Pourquoi je supporte cette milice hautaine et désagréable qui fait tout sauf ce que j’espérais. Enfin j’exagère, le travail de la milice est important et ils protègent quand même les gens. Mais je me dis que ce n’est pas vraiment pour moi…
Le regard du garçon dérive un instant alors qu’il raconte sans plus s’arrêter.
- C’est l’armée, tu n’as aucune liberté, tu fermes ta gueule et tu marches droit… Sans parler de tous ces prédateurs insupportables qui n’arrivent pas à tolérer qu’un oiseau comme moi essai de faire le même travaille qu’eux. Elèves comme professeurs y en a pas un pour rattraper l’autre. Presque…
Les yeux d’Errilys reviennent brutalement se ficher dans ceux de son interlocutrice.
- Tu fais bien office de prédatrice hautaine aussi ! Haha ! Au moins avec toi je ne me suis pas fait défoncer c’est déjà ça.
Air malicieux, ton moqueur, on retrouve le Errilys joueur dans cet échange. Plusieurs interrogations lui viennent en tête alors que son attention se reconcentre vers la fille qui lui parle.
- Mais d’ailleurs pourquoi tu m’as attaqué ? Et pourquoi tu m’as posé cette question sur la milice.
Le regard d’Errilys est intense, très concentré. Il attend avec impatience les réponses à ses questions, curieux de cette fille qui a réussi à le dérider. Toute sa mélancolie s’est envolée, comme soufflée par l’honnêteté et la malice.
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Mer 19 Avr - 20:27
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elle hausse un sourcil, pas tellement sûr de comprendre de quoi il parle ni même ce qu’il faut voir. l’implicite, la subtilité et les non-dits n’ont jamais été le point fort de sasha. un peu trop premier degré, un peu trop brute de décoffrage, un peu trop sarcastique pour son propre bien.
“chais pas, ‘fait nuit.”
alors non, sasha ne voit pas. ou plutôt, elle n’accepte pas qu’un inconnu qu’elle vient d’agresser pour rien ne se décide à l’aider. sasha, elle n’a pas besoin d’aide. sasha, elle est très bien toute seule.
ça finit un peu interdit, comme si la question avait fait mouche. la mangouste ne remarque pas l’effet produit sur l’oiseau, parce que sasha ne remarque jamais vraiment l’effet qu’elle fait aux autres: il faudrait pour cela s’y intéresser. le manque d’empathie comme premier défaut et l'égoïsme en second. alors quand il s’assoit sur le rebord du puit au vœu pour lui déballer toute sa vie, la mangouste reste plantée là, devant lui, le corps bien droit comme un piquet.
“ah ! voilà !” elle le pointe du doigts. “t’es bien apprenti milicien, j’avais pas mal entendu !!! j’avais donc une bonne raison de te cogner !” ça sonne parfaitement logique depuis ses babines un peu trop retroussées. “moi j’déteste les miliciens. voilà.”
elle finit par se laisser tomber à côté du blondinet, non sans lâcher un “aïe” étouffé lorsque ses fesses heurtent le béton un peu trop fort, un peu trop vite. ça lui apprendra à se laisser tomber avec nonchalance plutôt que de s’assoir correctement.
“mmhhhh… pourquoi tu m’racontes ta vie ? j’m’en fou.” qu’elle crache quand il finit son monologue sur l’école de la milice et la préparation pour en obtenir le titre. elle attend quelques instants, mais finalement, peut-être que sasha ne s’en fiche pas totalement. “... ça à quand même l’air vachement naze, de c’que tu racontes. moi j’aime pas quand j’ai pas d’liberté.” et ça lui est trop souvent arrivé. ““t’as qu'à te barrer si ça t’plaît pas.” elle hausse les épaules, avant de se pencher vers lui, les canines sorties, comme pour l’intimider. “moi j’suis sûre j’aurai réussi première de la promo si j’avais été à ta place !”
et toc. sasha, toute fière, lui tire la langue.
“t’es débile ! j’suis pas hautaine parce que j’suis une prédatrice. j’suis hautaine parce que je suis meilleure que toi. c’est totalement différent !”
la gamine de seize ans est encore bien loin de la politique insidieuse de l’île. proie, prédateur, femme ou homme, pour l’instant sasha s’en fout bien de savoir à quel camp elle appartient. tout ce qui lui importe, c’est d’être la meilleure. le clivage et les privilèges viendront sans doute plus tard, quand elle se sera forgée une opinion tangible sur la société qu’une adolescente rebelle et paumée n’en a que faire pour le moment.
“j’te l’ai dis. je t’ai attaqué parce que j’aime pas les miliciens…”
elle tourne la tête pour contempler le vide, pour contempler la rue. elle a étendu ses jambes bien droite devant elle pour que le talon touche les pavés trempés, le dos un peu arrondi et les mains qui pendouillent entre ses jambes, les bras contre son ventre.
“et toi alors ? pourquoi t’es v’nu à brise-cœur. ça traîne pas par ici normalement, les miliciens, si ?”
elle pourrait se poser la même question. petite mangouste qui débarque à brise-coeur, qui y a mit les pattes pour la première fois il y a peut-être deux, trois, cinq ou sept jours. elle ne sait même plus, sasha. depuis qu’il est parti, tous les jours se ressemblent. depuis qu’elle est seule, la vie n’a plus le même goût.
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Ven 28 Avr - 0:30
Brise-Cœur – Brise-Vie
Elle avait une bonne raison de la cogner ? Comment ça elle avait une bonne raison de le cogner ? Parce qu’il était milicien ? Errilys ne réagit pas mais n’en reste pas moins très dubitatif. Donc son raisonnement est que lorsqu’on n’aime pas quelque chose, on le cogne. Un raisonnement binaire, qui n’est pas du tout du goût du paradisier, qui fait la moue. Son état émotionnel se lit sur son visage comme dans un livre ouvert à chaque parole de la prédatrice.
Petit pincement au cœur lorsque la gamine dit s’en foutre de sa vie. Errilys a besoin d’attention, Errilys aime qu’on le regarde, Errilys n’aime pas les critiques ou le déni. Il ne peut pas s’empêcher de lâcher alors :
- Ben va-t’en alors ! Non mais oh…
Cependant, les paroles sont dites doucement, comme si elles n’étaient pas vraiment adressées à son interlocutrice. Car en effet, elle n’a pas terminé et le volatile a bien envie de savoir ce qu’elle a à dire. Or la suite l’intéresse beaucoup, expriment encore tout haut ce qu’il pense tout bas. Il répond donc avec un peu de détresse dans le regard.
- Mais j’aimerais bien ! Mais… Je ne sais pas ce que je ferais et puis… Il y a des gens qui veulent que je sois milicien. Ça leur ferait du mal si j’arrêtais…
Face à la vantardise qui suit, le volatile fait juste une mimique pas très très adulte, secouant la tête et agitant les lèvres l’air de dire « gnagnagnagna ». Pourtant, il se garde de répondre, sachant que cela ne serait pas très productif. D’autant que la prédatrice donne le bâton pour se faire battre l’instant d’après.
- Ah ouais, c’est meilleur que moi mais ça se fait casser la gueule en combat singulier. Tu feras gaffe mais je crois que l’expérience montre que je suis plus fort que toi.
C’est au tour de Errilys de tirer la langue et de se moquer de la demoiselle, un peu hautain.
Les réponses de la prédatrice à ses propos ne satisfont pas vraiment le volatile. Elle n’a pas vraiment répondu à sa question. Pourquoi lui a-t-elle parler de la milice ? Si elle cogne ce qu’elle ne l’aime pas, elle n’a pas de raison de demander à un futur milicien pourquoi il veut le devenir. On cherche pas à comprendre ce qu’on aime pas quand on est con comme un manche comme ça. Sauf si la demoiselle est plus intelligente qu’elle ne le laisse paraitre. Quoiqu’il en soit, Errilys ne vocalise pas ses doutes. Une question lui est posé et il ne gâchera pas un instant sans parler un peu plus de lui, instinctivement, même si la réponse à la question posée le rend triste.
- Ben… J’ai combattu dans la fosse à Brise-Cœur pour m’entrainer avant de faire le concours de la milice. J’étais vraiment trop nul à l’époque et la fosse faisait parti des entrainements de mon oncle. D’ailleurs c’est l’un de ceux que je risque de décevoir beaucoup en arrêtant la milice…
Petit blanc. Errilys n’est pas très heureux de penser à Harold, car il pense de plus en plus à quitter l’académie. Or il angoisse vraiment à l’idée de le lui annoncer.
- Enfin du coup je me suis dit qu’en revenant ici je trouverais peut être une réponse à mes questions. Pis je pourrais vraiment prendre la décision de partir ou pas. Mais il y a Ilya aussi et aaah.
Sur ces mots, le paradisier prend sa tête dans ses mains et s’arrête de parler. Il ne sait pas quoi faire, trop de personnes qu’il ne veut pas décevoir ; Pourtant ? il ne supporte tellement pas l’environnement cadenacé et discriminant de la milice…
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Lun 1 Mai - 21:43
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elle ne sait même plus ce qu’elle fout là, assise sur le rebord d’une putain de fontaine crasseuse. brise-coeur, ça craint. papa le répétait tout le temps. déformation professionnelle, sans doute. il avait peur pour sa gamine, peur qu’elle se fasse agresser ou qu’elle tourne mal peut-être.
mais sasha est vidée. c’est la première fois peut-être depuis le drame. elle n’a toujours pas fini son deuil, trop longtemps en colère. mais ce soir, elle n’a plus la force de rien. elle n’a même pas gagné son combat.
alors quitte à faire quelque chose, autant discuter avec premier blondinet qui passe, quitte à la défoncer (et se faire défoncer) juste avant.
“peuh !” elle se racle la gorge avant de cracher par terre. “on s’en branle des autres. tu vis pour toi ou tu vis pour ces “gens” ? si t’as pas envie t’arrête et puis c’est tout… t’as le choix toi, au moins.”
ça la fout en rogne sasha, parce qu’elle, quel choix elle a ? et qui est-ce qu’il lui reste dans sa vie pour être fière d’elle ? qui elle peut encore impressionner ? plus personne. elle est toute seule.
elle ferme les yeux à la détresse dans le regard parce qu’elle ne sait pas murmurer de belles paroles rassurantes. mais dans les mots crachés, dans sa colère, le conseil reste le même. qu’il vive pour lui et rien d’autre. c’est le plus important.
“t’auras l’air con quand tous tes proches seront mort et que t’aura foutu ta vie en l’air pour un truc dont t’avais même pas envie. crois-moi.” elle relève la tête vers la lune. ça fait mal de le dire à voix haute. “eh oh ! c’est parce que j’suis claquée et que j’ai la dalle. j’te jure que demain j’te défonce en un contre un !!!”
elle mime un coup de poing, fait gonfler son biceps pour se la frimer, en vain. elle fait peine à voir, sasha. affamée, assoiffée, fatiguée et probablement bourrée. elle lui tire encore la langue pour se donner un genre, mais dans le fond, ça lui fait du bien se crêper le chignon comme ça. c’est presque bon enfant alors qu’ils ne se connaissent même pas. c’est con qu’une après baston soit le seul moment d’accalmie dans sa putain de vie depuis presque deux mois.
et puis il parle de la fosse et sasha tourne la tête, soudainement intéressée.
“la fosse !!! c’est vrai alors, la rumeur ? y’a vraiment une arène clandestine et tout ? des projecteurs dans tous les sens et la foule en délire quand tu gagnes ton combat ?!”
elle a les yeux qui brillent. l’adolescente est loin de se douter des ténèbres qui l’attendent en contrebas. petite mangouste bien naïve. elle presse l’oiseau pour en savoir plus. elle crève d’envie d’y aller, d’y trouver une réponse, quelque chose à se raccrocher. mais le blond décide de craquer. sasha hausse un sourcil, elle ne sait pas qui est ce ilya, ni de quoi il peut bien discuter. fatiguée donc impatiente, elle ne sait pas quoi faire alors elle fait la seule chose qu’elle est capable de faire: frapper. le bras prend de l’élan et vient s'abattre dans le dos de l’oiseau, comme une frappe amicale pour le ressaisir. sauf que ce n’est pas amicale, et que ça en le ressaisit pas trop.
“eh oh ! tu penses trop ! faut pas réfléchir trop sinon on devient bête après.” oui oui, foi de sasha. “t’as qu’à lancer une pièce si tu sais pas. ou alors tu fais la liste des raisons pour et celles des raisons contre et puis tu voir… j’sais pas moi ! t’es chiant à tortiller du cul alors que t’as déjà tout pour toi.”
il a des gens sur qui compter, des gens à impressionner. une place à l’académie même s’il veut abandonner. un toît et de quoi manger. et en plus de ça, il est plutôt mignon. franchement sasha, à sa place, sa vie serait bien plus simple.
“bref. c’quoi ton nom, la mauviette ?” ça sera son surnom provisoire. “et c'est où qu'on peut accéder à la fosse ?”
elle perd pas le nord, la mangouste. elle se fait pressante, mais elle a besoin de savoir.
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Jeu 4 Mai - 17:57
Brise-Cœur – Brise-Vie
Même s’il fait mine de ne pas les écouter, les conseils de la brutasse touchent juste. Errilys aimerait pouvoir juste l’écouter, faire ce dont il a envie, ignorer les autres. Mais il y a encore un problème, il ne sait pas ce dont il a envie, à part quitter l’académie.
Provocation sur provocation, le volatile n’y répond plus, si ce n’est par une moue un peu dégoutée. Il n’a plus envie de se battre. Il n’en voit pas l’intérêt. Il se bat trop au quotidien, tout le temps. On ne peut pas juste discuter calmement ? Enfin, quoi qu’il réponde, cela pourra être prit comme une provocation par la prédatrice, le paradisier ne surenchérit pas.
Là où il surenchérit, cependant, c’est sur la fosse. Pas immédiatement cependant, le premier commentaire fasciné ne coupe pas le fil de pensée d’Errilys, qui finit tout de même de se morfondre en pensant à toutes les personnes qui verraient d’un mauvais œil qu’il quitte la milice. La tempête de pensée est bien vite soufflée par le pragmatisme brutal et les visions de gloire de la fille. Tout parait si simple dans sa bouche, pourquoi se prend il la tête ? De nombreuses objections rugissent dans la tête du garçon, mais peuvent effectivement être classées : pour ou contre. A partir de là, sa situation semble un peu moins insoluble. Cependant, il n’a pas vraiment le temps de s’interroger plus avant. La blonde veut absolument en savoir plus sur la fosse.
Errilys est désarçonné par l’insistance de son interlocutrice. Assis au bord du puit, il la regarde avec un air inquiet et perplexe. Sa tête est légèrement inclinée dans une mimique un peu animale. Il laisse passer quelques secondes avant de répondre, retrouvant sa contenance.
- Heu… Je m’appelle Errilys, pas mauviette. Pourquoi tu veux en savoir plus sur la fosse ? La foule en délire et des projecteurs, ça il y a. Mais ce qu’il y a aussi, c’est du sang et de la mort. Bizarrement, il y a plus de hurlements quand le sang coule, les gens aiment le massacre là-bas, entre autres. Des gens crèvent tous les jours, et si t’es pas aidée, tu pourrais bien caner au premier combat. C’est vraiment pas un endroit que je recommande.
L’oiseau exagère un tout petit peu, mais à peine. S’il a survécu à l’horreur de là-bas, c’est juste à cause de l’influence de son oncle. Si Harold n’était pas là, il n’y aurait peut- être eut personne pour l’empêcher d’être saigné à blanc. Bon, les morts ne sont pas la coutume. L’objectif n’est pas de voir tous les combattants mourir, mais un accident est si vite arrivé…
- En tous cas… Merci pour tes commentaires. J’ai l’impression qu’en suivant ta méthode je pourrais peut-être résoudre mon problème. Enfin ça ne me dit pas ce que je ferais si je quitte l’académie. Tu t’appelles comment, toi ?
Ce disant, le paradisier se lève et se secoue. L’eau qui trempe ses vêtements est tout sauf confortable. Immobile, il commence à avoir froid dans la fraicheur du soir. Il fait donc quelques pas et vient se positionner debout face à son interlocutrice, pas pressé de mettre fin à cette conversation, étonnamment intéressante malgré la manière désastreuse dont elle avait commencé.
Souffle Orange - Brise étrange - Joie
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Sasha Johnson
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Sam 6 Mai - 4:34
la vie nous broie nous enchaîne ft. errrilys - puit au vœux - mai 2090
si sasha était un tout petit peu plus attentive, elle aurait remarqué le regard interloqué que lui jetait l’oiseau. mais pour cela, il aurait fallu être capable de se concentrer sur lui, sur son expression, sur ses émotions. mais sasha n’a que la fosse à la bouche. elle s’en fout de savoir si l’adolescent est capable d’en parler, s’il y consent. c’est pas son style, à sasha. elle est trop égoïste pour se préoccuper des autres. elle veut juste savoir, alors elle saura.
“ok errilys la mauviette.” elle n’en démord pas. elle ricane, même. “moi c’est sasha !”
elle ne sait pas pourquoi, mais elle est toute contente de cet échange de prénom. elle a l’impression de s’être fait un copain, là, contre la fontaine, à moitié trempée et morte de froid. il faut dire que sasha a du mal à parler, communiquer, et aimer. ça passe à travers les poings, à travers le corps. alors quoi de plus naturel pour elle que de sympathiser après une bagarre ?
“et pourquoi pas ? ça fait un moment que je cherche à y accéder. j’ai juste pas trouver encore mais ça saurait tarder, la preuve, je t’ai rencontré toi !” même si rencontre n’est sûrement pas le bon terme. sasha a déjà oublié son agression et préfère y voir un amical face à face. “la foule… les projecteurs… les combats ! ça à l’air génial !”
elle a les yeux qui brillent. elle a bien entendu pour la mort et le sang, pour le danger et la violence. sauf que sasha, du haut de ses seize ans, est déjà bien fêlée depuis huit ans. elle n’a pas peur. ça ne l’arrêtera pas. elle sait qu’elle finira là-bas, elle le sent. c’est écrit dans les étoiles.
“eh, tu peux m’indiquer l’entrée ? j’te demande pas de m’y emmener, juste dis-moi comment y aller, je me débrouillerai !”
elle ira seule sans problème sasha, mais c’est sûr qu’elle ira. elle se voit déjà descendre dans l’arène, comme une reine, et mettre à terre tous ses adversaires. elle pourrait même gagner un peu d’argent, de quoi s’acheter à manger. avoir un bol de nouille tous les soirs, ça, ça serait du luxe !
“bah, de rien.” elle hausse les épaules. peu habituée à recevoir de genre de mots. elle ne sait pas vraiment quoi dire, comment réagir. on pourrait presque croire que ça la gêne. “franchement tu t’compliques la vie hein. arrête de réfléchir ça sera plus simple. t’as juste à faire c’que tu veux et puis c’est tout.”
l’oiseau est épargné d’un dernier commentaire désagréable. c’est qu’elle commence à fatiguer. il se relève pour s’ébrouer un peu et se planter devant, elle, debout. il y a un moment de flottement, de silence un peu gênant.
sasha n’aime pas les silences. se taire c’est admettre sa défaite. se taire c’est laisser ses pensées prendre le dessus. c’est risquer de se perdre dans une spirale infernale. et plutôt crever que de penser.
“t’sais…” non, il ne sait pas. mais il va bientôt savoir. “mon père est milicien.” elle relève la tête. plante ses yeux bleus dans ceux du garçon. “il est mort. ça fait deux mois.” elle crache ça comme du venin. “vous les miliciens, vous êtes que des putains de lâches. vous dites protéger les animas, protéger l’île, mais vous êtes les premiers à disparaître quand on a besoin de vous.” elle lui en veut sasha. à en mourir. à en pleurer. “peut-être qu’il s’est juste barré parce qu’il ne m’aimait plus. parce que j’ai tout fait foiré. parce que j’étais pas assez bien comme fille…”
elle baisse la tête. elle sait plus. est-ce qu’il est vraiment mort ? est-ce qu’il a vraiment disparu ?
“bref. voilà pourquoi je déteste la milice. fini pas comme ça sinon j’te jure que la prochaine fois qu’on se croise, j’te bousille.”
il a intérêt à se bouger les plumes et changer sa vie. lui qui le peut encore.
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Sasha Johnson
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Ven 12 Mai - 0:47
Brise-Cœur – Brise-Vie
Affligé, Errilys contemple la jeune femme parler avec des étoiles dans les yeux d’un lieu de sang et de mort. Il ne sait pas ce qu’elle a vécu, la raison pour laquelle elle est tellement attirée par la souffrance. Lui ne l’a jamais été. Le combat, la violence, le sang, la douleur… Ce n’est pas son style. Il adore affronter les autres, mais il préfère le faire d’autres manière qu’à grand renfort d’ecchymoses. Un vague espoir dans l’esprit du paradisier lui faisait penser qu’elle veut juste assister à un combat, mais la probabilité est très faible. Elle veut se battre.
Quoi qu’il en soit, le jeune milicien est partisan du libre arbitre. Si elle veut se battre, il n’a aucun droit de l’en empêcher. Autant lui donner les bonnes adresses plutôt que de la laisser interroger tous les malfrats du Brise-Cœur. Il répond donc d’un air laconique.
- J’espère que tu ne te feras pas trouer le bide. Et j’imagine que tu veux combattre, vas donc voir cette personne…
Errilys lui indique comment rejoindre la fosse, et comment contacter une personne qui fait partie des organisateurs des combats. Le commentaire suivant se Sasha enfonce les portes qu’elle a déjà ouverte. Il fera ce qu’il veut. Il ne sait pas ce qu’il veut, mais il trouvera. Si le volatile est assez décidé, il n’a rien à répondre. Pour une fois, aucune réparti ne lui vient, ce qui crée un blanc. Les silences ne gênent pas vraiment Errilys. Ce qui le gêne beaucoup plus, cependant, c’est la confession de la fille.
Le volatile écarquille les yeux. Il regrette presque de lui avoir indiqué comment rejoindre la fosse. Elle est si mal. Elle manque tellement de confiance en elle. Elle porte un deuil si profond. Il doit l’aider. Avec un sourire chaleureux, Errilys surenchérit donc sans attendre. Il regarde Sasha droit dans les yeux, très sérieux dans son ton, heureux dans son expression.
- Sasha. Je ne te connais pas très bien. Mais du peu que je sais, je sais déjà dire que tu n’es pas le genre de fille que son père abandonne. Rassure-toi, il n’y a aucune chance que je termine mes études à l’académie. Je serais pas milicien. Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je vais faire autre chose. Toi aussi, trouve ce que tu veux faire, et fais-le.
Ce disant, le paradisier pose précautionneusement une main sur l’épaule de son interlocutrice. Si elle le laisse faire, il lui sert l’épaule, comme pour lui apporter son soutien au travers de ce contact physique.
