Sous les arcades, les échos se multiplient et les langues se dénouent pour faire part de la présence d’un intrus, alors que les prières par dizaines espèrent être entendues. Les secrets de certains sont révolus, alors que s’enflamment les fois dans les cœurs brûlant comme l’anthracite. Joan essaie de se faire un passage entre les paroles qui médisent et les confessions qu’on récite. Elle essaie de trouver la source de tout cela : la haine qui germe dans les lippes des minois narquois.
Avant d’entrer sous les piliers du temple, Joan s’arrête à côté de plusieurs personnes qui laissent les commérages se propager. Alors qu’elle fait mine de prier, elle daigne écouter leurs échos. Leurs regards dédaigneux désignent une jeune femme se trouvant un peu plus haut. Ils proclament que son âme n’est plus, alors sa présence en ce lieu sacré laisse Joan confuse. Si cette inconnue d’une âme est dénuée, sa présence n'a pas d’excuse. Elle devrait se retirer plutôt que de profaner une religion qu’elle avilit simplement par sa présence ((son occupation)).
Ce lieu de paix est infesté. Le parasite vient s’y déposer alors qu’aucune trace de son âme ne semble se propager. Joan serpente jusqu’à la châtain pour s’asseoir sur la même rangée et pour mieux tenter de lire ses méfaits. Elle ne laisse pas un mot traverser ses lèvres et laisse son sac contre ses cuisses. Sa tête est totalement tournée vers celle qui aspire sa curiosité. De haut en bas, elle commence à l’épier. Elle ne considère pas avoir besoin de se planquer. La discrétion devrait être de cette personne la mission. Joan ne ressent que le rejet dans ses entrailles. Joan n’a que l’amertume qui la cisaille.
- Certaines personnes n’ont pas honte, on dirait.
Elle s’enfonce sur son siège les bras croisés. Comme une statue, elle ne daigne plus bouger. Dans les étreintes de son œillade, l’inconnue ne pourra se dépêtrer. Dans sa morsure, elle veut goûter à la saveur de son secret Et faire fuir cette potentielle vile entité.
Si Joan était venue prier, ses convictions se sont divisée, dédoublées. La sans-âme sera la prochaine proie qu’elle souhaite voir exilée loin de ce lieu sacré.
il ne te reste plus qu'à faire tes prières (jeudi 19 février 2099 x parc des cerisier)
plus d’âme. une semaine plus tard, une semaine après le drame. alexis n’a toujours pas retrouvé son âme.
elle est là, toujours là. elle le sait, le sent, le ressent. alexis est hérissonne tout autant que caspian est fennec, alysse varan et lys ecureuil. pourtant, dans les regards, dans les yeux miroirs, alexis sent qu’on la scrute et qu’on la dévisage. elle sait ce que les autres perçoivent, ce qu’ils pensent. son âme est là, et pourtant, elle est indécelable.
elle en a parlé à caspian, alysse, yara, tout le monde et n’importe qui capable de l’aider. apollo y est passé, et si le scientifique a promis qu’il l’aiderait, pour le moment, elle n’a aucune nouvelle. et voilà que depuis une semaine, alexis ne se sent plus tellement anima.
alors puisque personne ne peut l’aider, elle a décidé de s’en remettre à la grâce du ciel. elle ne va pas souvent prier, mais elle fait l’effort lors des moments importants, et essaye de s’y tenir deux fois par an: à la nouvelle année pour souhaiter le bonheur de ses proches, et à la procession des morts en octobre puisque toute l’île veille. mais cette année, elle n’a pas pu. la fin du mois d’octobre portrait un trop lourd tribu.
elle marche à travers le temple amanite, mais elle ne se sent pas à sa place, alexis. pour la première fois depuis longtemps, elle reconnaît les regards de travers, le jugement dans les yeux, la bouche pincée. l'anxiété grimpe alors qu’elle se sent seule parmi les foules, épiée, jugée. elle a l’impression de voir le visage de ses parents sur toutes les têtes. elle a envie de pleurer.
parce que ce n’est pas de sa faute. parce qu’elle n’est pas différente. parce qu’elle est toujours anima. c’est enfoui, juste là.
“...p…pardon ?”
mouvement brusque quand une voix l’interpelle; alexis n’a pas besoin d’analyser longtemps pour capter toute l’animosité qui se dégage des paroles prononcées. la tête se tourne vers la femme, le regard sévère et les bras croisée. si alexis n’était pas aussi apeurée par le conflit, elle aurait peut-être pris le temps de saliver devant cette âme qu’elle sent proie.
“je viens prier, c’est tout…”
elle détourne les yeux, fixe le sol en un mouvement de recul. alexis est intimidée. elle déteste le conflit, elle ne veut pas d’accroches. elle veut juste être discrète, se tourner vers sainte haklyone, et repartir aussi vite, avec son âme, si possible. que tout redevienne normal.
“je comprend que ce soit déstabilisant, mais je vous jure que je suis normale…”
tout du moins, elle n’a plus que ça à se raccrocher, à la normalité.
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Alexis Ross
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Mar 7 Mar - 12:02
il te reste plus qu'à faire tes prières
tw propos hostiles par principe aux sans-âme
Joan se contente de tomber dans le marasme. Le culte de l’âme n’apprécie pas ceux qui en dépourvus. Joan ne fait pas d’exception, elle n’a l’air d’être qu’une sans-âme corrompue. Les bras croisés et ramenés contre son buste ne bougent plus, mais ses œillades sont accusatrices. Le serpent aux comportements habituellement calmes se fait dénonciatrice devant les regards de quelques curieux prétendus dévotieux. Leur chuchotements se font lourds dans le temple dans courants pieux.
- Tu as très bien entendu. Ne joue pas la sourde oreille.
Joan est à l’image de ses parents. Elle ne répond qu’à l’ordre, aux règlements, à une foi qui l’aveugle totalement. La pratiquante n’œuvre que pour ce en quoi elle croit : ce n’est pas la sympathie qui la foudroie. Elle a la mâchoire serrée, le corps droit et tendu sur son dossier. Sa voix reste impassible mais elle est traversée par une sécheresse éternelle. A Mélissandre et à sa foi : elle reste fidèle. Joan ne compte pas d’adoratrices, quand elle se voue à jouer les moralisatrices.
- C’est quand même culotté pour une sans-âme de prier dans un des temples du culte de l’âme… Tu fais tâche.
La sans-âme est une bavure, une erreur à effacer, une présence à éliminer. Si le petit serpent n’est pas un gros prédateur, elle ne sent pas pour autant en danger. Dans ce lieu, elle a conscience de celle qui devrait laisser sa place aux dévots habitués. L’intruse devrait s’enticher de la retraite, mais sa prise de conscience n’a pas l’air d’être faite.
- Personne ne te croit. Tu es probablement la seule à croire en ça.
Si la normalité était d’être d’âme dénuée, la population le saurait. Cependant, ce n’est pas la normalité que Joan considère comme vrai. Pour elle, la normalité est d’avoir reçu une âme que l’on peut ressentir. La normalité est de pouvoir compter sur cette dernière pour que dans une autre vie l’on puisse se repentir. Pourtant, elle n’a pas l’air d’avoir fait face à ce phénomène.
- Tu es aussi la seule à oser venir profaner notre lieu de foi. Ça n’a pas l’air de déranger ta petite conscience.Faudrait-il que tu en es une… Qu'elle susurre entre ses lèvres assez bas pour n'être que la seule à s'entendre.
Si la couleuvre n’a pas de venin, elle imite si bien la vipère, fait usage de son mimétisme batésien. Elle ne fait qu’appuyer sur cette incartade, puisque l’inconnue préfère se confondre dans ses paralogismes plutôt que la raison. Et Joan n’aime pas les imperfections.
il ne te reste plus qu'à faire tes prières (jeudi 19 février 2099 x parc des cerisier)
les bras croisés et le ton sévère. il n’en faut pas longtemps à alexis pour comprendre que la demoiselle sera fermée à la discussion, bien campée sur ses convictions. elle a un soupire las qui ne sortira jamais d’entre ses lèvres. parce qu’alexis baisse les bras et rend les armes. elle en a marre de se traîner ces chaînes, cette pancarte sur la tête, depuis une semaine. de devoir dès qu’elle croise quelqu’un, se justifier encore une fois.
“je ne suis pas une… agh… c’est pas grave, laissez tomber…”
juste une moue contrite et un regard désespéré. elle ne s’attendait pas à ce qu’on l’a croit.
“je voudrai juste venir prier. s’il vous plaît.”
elle ne fera pas de vague. juste s’agenouiller près de l’hôtel. joindre les mains devant le ciel.
mais la jeune femme n’a pas l’air décidé à la laisser passer. alexis réfléchit. peut-être est-ce une prêtresse ? pour autant, elle n’en à pas l’air. civile sans doute. fidèle de la maison du chant et des os pour sûr. alors pourquoi autant de véhémence ?
“votre ? il me semble que les temples sont un lieu public pour tous les animas, qui par ailleurs naissent libres et égaux. en temps qu’anima c’est dans mon droit de pouvoir venir me recueillir ici.”
elle le sait, alexis. le code civil trop souvent transporté dans le fond de son sac. elle pourrait citer les chapitres et les paragraphes, mais elle n’est pas à la fac. et puis, ça la déstabilise trop de se faire malmener ainsi, de se faire refuser, de se faire discriminer. hérissonne trop sensible au regard des autres, aux jugements et aux stéréotypes. elle a envie de pleurer, de faire demi-tour et de s’enfuir. mais il faut qu’elle fasse face, il faut qu’ell soit brave; sinon, elle n’arrivera jamais à rien.
“très bien…”
elle soupire, les yeux tristes. elle finit par tendre sa main gauche, le poignet cassé pour ne montrer aucun signe d’animosité. et puis, les yeux voilés, parce qu'elle déteste faire ça, parce qu’elle déteste devoir se justifier… alexis adopté du bout de ses doigts jusqu’à son avant-bras une forme partielle d’anima. la main se rétracte et l'index, le majeur et l’annuaire s’allonge tandis que les deux autres doigts passent sur le côté. des griffes et des petits poils bruns apparaissent pour dévoiler une petite patte de hérisson. maintenant c’est sûr, il n’y a plus de doute possible.
“est-ce que je peux aller prier, maintenant ? s’il vous plaît.”
elle ne soutient même plus le regard de la croyante. elle n’a pas envie de combattre ou de devoir se justifier.
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Alexis Ross
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Lun 20 Mar - 21:52
il te reste plus qu'à faire tes prières
- Venir prier Haklyone ? Ce serait lui manquer de respect.
Qu’elle annonce, toisant la plus jeune soulignant ses paroles par un visage froid et circonspect.
- Si vous n’êtes pas des nôtres, je n’ai pas à vous considérer comme tel.
Un anima, c’est probablement ce qu’elle n’est pas, puisque quand Joan essaie de se concentrer, de lire dans les détails de son âme, elle ne trouve que la neutralité. S’il y a une âme cachée derrière cet être, elle ne se prononce pas. Alors Joan reste là, à fixer l’énergumène : la provocation a l’air de fonctionner puisque la demoiselle se sent obligée de se justifier. Alors la membre de la maison du chant et des os a l’impression d’avoir un peu raison, d’avoir touché la vérité. Cependant les secrets sont plus difficiles d’accès dans les détails s’unifient pour lui dévoiler qu’elle est prédateur, devant une forme partielle qui n’est pour la croyante pas la meilleure. Elle ne sait pas si la forme partielle ou les prémisses de hérisson qui réveillent en elle l’intimidation.
- Quoi ?…(feur)Je me suis trompée.
Joan n’a fait qu’écouter les ont-dit. Elle n’a pas vérifié ses sources, mais son minois est dubitatif. Si Joan laisse la jeune fille prier pendant quelques instants, elle ne peut s’empêcher d’y penser. C’est la première fois qu’elle n’arrive pas à sentir un prédateur à proximité. C’est la première fois qu’elle se sent dupée par les âmes pour lesquelles elle vient prier. Alors Joan garde le visage tournée vers celle qu’elle continue de tenter de sonder sans pour autant sentir qu’elle ait l’envie de la dévorer, sans pour sentir l’ombre de la menace qui aurait du planer. Alors l’espionne de Mélissandre ne peut s’empêcher de rester sans réponse, de la laisser filer. Dans le marbre qui confine ses traits, elle attend que la hérissonne termine ses prières pour la questionner.
Elle ne peut rester dans l’attente, sans réponse. Alors elle se contente de faire ce pour quoi elle est venue. Elle se met à prier à son tour, sans pour autant la quitter de vue. Et quand le mammifère se met à bouger pour finalement s’en aller, Elle daigne se lever pour finalement la rejoindre et s’expliquer. - Venez avec moi, j’aimerais m’expliquer, s’il vous plaît...
Ce ne sont pas des excuses que la couturière veut bien accorder, puisque son anima semble invisible quand elle se dote d’humanité. Elle veut seulement comprendre pourquoi elle n’arrive pas à sentir qu’elle est hérisson quand elle devrait s’écrier au danger, de marcher à reculons.
il ne te reste plus qu'à faire tes prières (jeudi 19 février 2099 x parc des cerisier)
mais le visage de la jeune femme se fige quand alexis achève sa transformation partielle. alexis peut comprendre le choc de dévoiler son animal, après les convictions si fortes qu'avait la croyante sur son absence d'âme. mais son instinct de hérisson, un peu plus alerte alors qu'elle en aborde un peu la forme, s'active, et alexis comprends que ce n'est peut-être pas tout. elle capte la présence d'écaille sous la peau de l'autre, l'odeur serpentine et l'envie de croquer ce pâtit serpent grimpe dans le creux de son ventre.
mais alexis n'est pas de ceux à laisser son âme guider ses rapports. et si son statut de prédateur à le dessus face à ce qu'elle devine être un petit reptile alléchant, alexis n'a pas absolument pas l'ascendant sur la situation actuelle. alors elle se contente de baisser les yeux, de vite se retransformer comme si elle était une atrocité.
“...je sais...”
devant la surprise et l'air déconcerté de la femme. elle sait, alexis, le choc et le déni qu'il s'en est suivi quand elle a découvert elle-même qu'elle avait perdue son âme. quand il a fallut expliquer à ses proches, à caspian, alysse, socorro, apollo et lys.
finalement, l'autre la laisse prier tranquillement et alexis en profite pour y mettre tout ce qui lui reste de son âme, les mains jointes et la tête baissée entre les colonies du temples, près de l'hôtel aux âmes où brûle un peu d'encens. la femme prie à son tour, non loin d'elle, mais alexis l'oublie le temps de sa prière.
quand elle a fini, alexis se lève, plus tellement à l'aise dans ce lieu de culte. elle décide de partir, de fuir. mais on l'a rattrape vite, la femme de tout à l'heure l'interpelle encore. alexis sur la défensive, elle ne veut plus de conflit, plus de dispute, plus de procès public. mais finalement... on lui tend la main, on lui propose la discussion. ça la surprend un peu, elle cligne des yeux, mais elle finit par soupirer et accepter.
“... d'accord. mais à l'abri des regards alors... je suis la première gênée par... par ce qui m'arrive.”
elle accepte d la suivre sans faire de vague. elle ne lui en veut même pas, alexis. elle-même trouve que ce n'est pas normal d'être ainsi.
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Alexis Ross
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Lun 27 Mar - 23:21
il te reste plus qu'à faire tes prières
L’anima caché finit par accepter l’offre de la couleuvre. Joan ne sourit pas, ne montre pas la bienveillance puisqu’elle ne transperce pas ses pensées. Dans les rouages de ses songes, Joan ne piège que les questions à l’arrachée. Elle ne se saisit que les armes pour se servir des sévères vérités de la hérissonne dissimulée. Le serpent ne fait que répondre à ce qu’elle considère être la justice : elle ne fait que longer les piliers de la croyance pour pouvoir toucher dans son chemin funeste les louanges de sa future providence.
- D’accord. Allons-y.
Joan n’ose pas la toucher, elle se contente de marcher à ses côtés. Dans le temple, elle cherche un coin à l’abri des regards pour répondre à ses propres questions puisque dans les paroles de la factice sans âme « quelque chose est arrivé ». Joan n’arrive pas à croire que l’on puisse faire disparaître son âme de la sorte pour la cacher. Si la jeune femme semble aussi bouleversée, si elle cherche de l’aide, si elle est prête à sacrifier son image pour cueillir la pitié d’Haklyone, Joan ne pense pas qu’elle est à sauver. Il est sûrement déjà trop tard pour l’aider, cela doit être un combat de plus qu’elle doit affronter avant de goûter à la résurrection promise dans l’existence d’après Cependant, il n’est pas inutile de se renseigner.
Une fois toutes les deux isolées, dans les ombres que le temple s’évertue à garder, Joan continue de la dévisager. Sa voix se souhaite plus basse pour cacher leurs paroles, les échos de la vérité, les échos de son secret.
- Et bien… Vous avez dit que quelque chose vous étiez arrivée. Qu’est-il arrivé exactement ? C’est bouleversant.
Joan oublie de s’excuser. Sans aucune méchanceté, sa voix sèche lui offre un peu de pitié. Elle n'aimerait pas traverser le même sort que la condamnée. - J’aurai tellement honte à votre place. C’est difficile, n’est ce pas ? Cela fait depuis combien de temps qu’elle n’est plus… Vraiment là.
Elle demande tout bas. Joan ne fait pas dans la gentillesse, si elle demande c'est pour que ce fléau ne se propage, qu'il cesse.
il ne te reste plus qu'à faire tes prières (jeudi 19 février 2099 x temple amanite)
elle se laisse guider à travers le temple, vers un endroit un peu plus calme, à l'abri des regards. mais alexis, elle a pourtant l’impression que tous sont braqués sur elle. même plus: que le plus terrible est devant elle. les prunelles de la croyante qui luisent, l’air de voir ce que les autres ne peuvent même pas imaginer. pourtant des deux, c’est elle le prédateur. mais l’âme ne fait pas tout. la personnalité joue beaucoup.
le ton est moins sec, moins cassant, moins accablant qu’avant la prière. alors alexis se sent un peu rassurée, peut-être même un peu comprise. il n’y a plus une once de méchanceté, juste de la curiosité. alors, la hérissonne veut bien tout expliquer. ça lui fera du bien de se confier. elle l’a déjà fait mille fois, mais toujours à ses proches, pour se justifier, pour expliquer. peut-être que parler à une inconnue lui fera du bien, d’une certaine manière.
“et bien… c’est arrivé la semaine dernière… je sortais de la fac, jeudi dernier, et une amie m’a rendu visite… enfin, une amie… c’est encore une enfant, je la vois comme ma petite sœur…bref.” elle secoue la tête pour se reprendre, ces détails ne sont pas importants. “on est allé au parc des cerisiers, à lunapolis. on discutait et on jouait un peu, vous savez, ces histoires que les enfants s’inventent quand ils sont petits, avec des dragons et des chevaliers. et puis, j’ai bu un breuvage qu’elle avait, pensant que c’était du thé ou du jus de fruit… j’ai vérifié, il n’y avait absolument aucune odeur louche ni quoi que ce soit.”
elle se mord la lèvre, un peu peinée. elle s’en veut, alexis, de ne pas avoir vérifié un peu plus, d’avoir bu comme ça, d’avoir fait confiance à wendy. c’est elle, l’adulte. alors c’est surtout de sa propre faute.
“et une fois que j’ai bu ça, mon âme s’est… envolé ? moi je n’ai rien ressenti et je ne ressens toujours pas la différence. elle est toujours là, je peux me transformer, lire les âmes… des autres.” regard glissant vers la femme, petit serpent contre hérisson, alexis espère ne pas lui faire peur. “mais mon amie m’a dit clairement que mon âme avait disparu. mes proches l’ont confirmé derrière aussi… et rien n’a changé depuis.”
alexis, elle a l’air un peu triste.
“elle m’a expliqué qu’en fait, elle avait volé une fiole au… centre de recherche. vous savez, quand le docteur harken a été arrêté, fin octobre ? quand on a découvert pour… pour les miliciens disparus.”
ces histoires entre les maisons, entre sa maison,ça lui brise un peu le cœur. est-ce si difficile de vivre en paix.
“voilà.”
voilà toute l’histoire. elle redresse la tête, les yeux rempli d’espoir. peut-être que cette femme à une solution miracle. alexis, elle ne sait pas à quoi d’autre se raccrocher aujourd’hui.
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Alexis Ross
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Mar 28 Mar - 22:28
il te reste plus qu'à faire tes prières
Les portes des vérités s’ouvrent devant le serpent qui se faufile entre les paroles de l’anima en détresse. Joan fait attention à chaque petit détails que la moitié hérissonne laisse traîner, elle réceptionne les indices qu’elle mélange pour se faire une idée, pour former dans sa mémoire un souvenir à raconter. Joan écoute une histoire qui pour l’instant n’émerveille pas son intérêt. Elle se moque bien des petits enfantillages, des jeux de gamins, de la cours de récré : Joan, elle n’arrive plus à éveiller les comportements enfantins depuis une éternité, elle s’est lassée de tellement de choses.
Elles se sont fanées les jeunes époques à préférer le rose, pour toujours elle les a laissé sur pause. Seuls les costumes et ses poupées entières faites d’os de chaires savent l’émerveiller quand elle leur fait porter les plus belles pièces pour aller chanter ou danser. Il ne reste plus que la petite fille qui créé les jolies robes, il ne reste plus que cette petite fiche cachée derrière les murs pour que les chuchotements des loups-garous ne se dérobent. Alors Joan, elle a les yeux rivés sur Alexis. Elle essaie de voler les syllabes sur ses lippes, elle écoute sagement son récit. Les bras croisés, affamée par des abysses de curiosité que son visage ne pourrait illustrer : dans le marbre Joan est gravée.
Pourtant, quand l’élément perturbateur est enfin révélé. La couleuvre se remet à bouger, elle plisse les yeux, fronce le nez. Ses lèvres s’entrouvrent pour laisser des commentaires parfumer l’ambiance désastreuse que la fausse vipère à volontairement envenimé.
- Imaginez ce que ce « breuvage » aurait pu contenir. Il aurait pu vous arriver encore bien pire… Vous avez de la chance d’être encore en vie.
Joan, elle ne peut s’empêcher d’être réaliste, impartiale. Elle daigne rester juste, entremêlées dans les écailles de sa propre morale. Alors, la couturière se déguise derrière les tenues d’intérêt, de gentillesse. Elle est serpent pendu au dessus de l’épaule d’Alexis : elle tente de lui faire croire qu’elle a gagné une amie.
- C’est inquiétant. J’imagine qu’ils ont sûrement d’autres prototypes… Allez savoir ce qu’ils cachent dans les laboratoires.
Joan, comme pour pondre ses œufs, elle continue de creuser. Elle chasses les petits poissons qui tenteraient de filer, Les yeux toujours fixés sur le prédateur dont elle n’arrive pas à se méfier.
- D’ailleurs… J’y pense mais je ne vous ai pas demandé, comment vous appelez vous ? Je suis Joan, Joan Bronson.
il ne te reste plus qu'à faire tes prières (jeudi 19 février 2099 x temple amanite)
oh elle sait, alexis, à quel point ça aurait pu être dangereux. que derrière son sourire, la petite fée aurait pu être sorcière si elle l’avait voulu, empoisonnant alexis d’une potion couleur corail. elle le sait, que c’est de sa faute, que c’est elle l’adulte. la responsabilité sur les épaules, alexis n’acceptera plus rien d'inconnus, et même d’âmes connues sans vérifier auparavant. alors elle soupire doucement.
“oui, vous avez raison… j’en suis consciente. et je suis contente qu’il n’y ait rien eu d’autre. j’ai donné ma confiance trop facilement.”
parfois parfois. les coups viennent de là où on ne les attend pas.
“oui. en réalité, c’est peut-être ça qui m’inquiète le plus. c’est tombé sur moi pour ce coup là, mais si ça vient bel et bien du centre de recherche, ils ne doivent pas en avoir produit qu’un seul… de ce que j’ai lu dans la presse, le docteur harken a été emprisonné et ses complices arrêtés mais.. on ne peut jamais être vraiment sûre. si de tels produits existent, est-ce que la milice à tout réquisitionné ou détruit ?”
ça la travail alexis, ça la peine un peu aussi. les tensions qui montent entre les maisons, la sienne impliquée dans une affaire pareil, les miliciens disparus, le docteur harken, la perte de son âme… tout s’enchaîne un peu trop vite, en ce moment, dans l’actualité de l’île.
“après, je n’en sais rien. je n’y étais pas… mais pour qu’une potion comme ça se soit retrouvée dans les mains d’une ado de quatorze ans, j’imagine franchement que ça ne devait pas être la seule.”
alexis aussi est réaliste, garde la tête froide. elle hésite à se livrer elle-même à la milice pour avertir, pour sensibiliser. ça ne fait qu’une semaine, mais elle compte en parler avec caspian dans les jours à venir. peut-être est-ce la meilleure chose à faire.
“oh ! je m’appelle alexis. alexis ross. enchantée joan.”
alexis rougit un peu, surprise par cet élan de politesse et les salutations enfin prononcées normalement. elle est un peu soulagée que cela se termine ainsi, après les remarques désobligeantes et les tensions du conflit. alexis, elle préfère quand tout va bien, quand on se dit bonjour et merci.
“je vais rentrer je pense. merci de m’avoir laissé prier et… désolée pour tout ça.”
alexis alexis. un peu persuadée. que c’est elle la fautive. que c’est elle qui dérange. âme de hérisson bien cachée dans sa poitrine. invisible pour les fidèles. comme une anomalie.
