Ft. Helen Nos rêves anciens Et les promesses qui n'en sont pas
Pendu aux paroles, Caspian a la tête en vrac, les pensées qui s’emmêlent, se démêlent. Mélodie du fond des tripes, la cantatrice chante avec son cœur, avec sa chair, avec son âme. Au fond de la salle le milicien a les poings crispés, sans même s’en rendre compte. Ça lui avait peut-être manqué, ces notes si hautes qu’il ne les atteindra jamais. Ça lui avait peut-être manqué, le tissu trop fin sur une peau trop fraîche colorée d’accent exotique. Helen quand elle chante, c’est un gouffre sous les pieds, un soupir exalté ; loin d’être apaisé. On en redemande presque mais déjà c’est fini et déjà, on se languit.
Dernières notes et Caspian reprend un peu son souffle. Il avait oublié comment c’était. Ca ne lui fait pas blessure, d’ouvrir les vieilles blessures, se rappeler les bavures, les sourires qui idolâtre et les blagues qui font sourire (un peu rien qu’un peu). Helen, il aurait préféré que ce ne soit pas elle ce soir, Caspian est passé à autre chose ; remuer le passé, ça remue parfois les tripes. Brin de colère, brin de nervosité. Un peu d’attente. Finalement, il sourit. Elle s’en est parfaitement bien sortie. Alors il applaudit en même temps que la foule, avec fracas, avec timidité car l’Opéra, ce n’est pas pour les esclandres encore moins pour le mépris. Les muscles roulent sous le costume sombre sur mesure, il s’excuse un instant auprès des collègues avec qui il a passé la soirée (à siroter le champagne, présenter les billets d’entrée en fin de journée, rire un peu pour décompresser du travail exigeant). Une main passe nerveusement entre les mèches blondes ramenées en arrière pour l’occasion. Encore une coupe de champagne Caspian, pour se donner du courage.
Le liquide tourne entre les doigts, l’hésitation au creux du ventre. C’est comme renouer une vieille amitié. C’est comme piétiner les brèches refermées. Il n’y a plus rien à aimer. Fier de sa constatation silencieuse, il se sent un peu mieux. Peut-être juste féliciter l’étoile du soir, dire bonsoir, aurevoir. Dans les couloirs entre les loges, le personnel s’active pour la suite, observant parfois le blond en haussant un sourcil. Mais Caspian, il a son nom à maudire dans un murmure, parfois pour franchir les portes. Ce soir, ça le boufferait de l’intérieur d’avoir à le prononcer alors pour éviter les questions, les curieux et les regards méfiant, il se dépêche de frapper à la porte, l’entrebâiller, y passer la tête lorsqu’on lui en donne l’autorisation d’une voix qu’il reconnait bien.
Finalement, la voix ne tremble pas, il est presque serein alors qu’il s’autorise un léger sourire en grimace. « Bonsoir Helen. »Ca faisait longtemps.« Je passe rapidement ne t’en fais pas. »C’est peut-être même déjà de trop.. « Je ne savais pas que tu chantais ce soir. Ta représentation était remarquable. »Comme d’habitude, tu es toujours remarquable. Un peu trop peut-être. Lui, il aurait préféré passé son chemin à l’époque, en y repensant.
Silence. Tes yeux sont clos, tout est lointain et rien ne t’atteint. Ta respiration est régulière, les lumières s’éteignent mais tu ne remarques rien. La mélodie commence, les instruments se suivent, un par un, t’appellent de leurs douces voix alors que tu t’animes enfin.
Boum. Boum. Boum. Et voilà que ton coeur bat.
Les visages, tu ne les distingues pas. Ce ne sont que des points noirs dans le public, les yeux rivés vers la lumière, tu renais dans sa chaleur et tu te laisses mourir dans son réconfort. Ta voix, elle t’emporte, toi et les autres avec. C’est un arrêt dans le temps, une pause dans l’espace, tout plane et s’agite, et toi tu sais exactement où est ta place. A cet instant, tu es là, au milieu de tous, les prunelles rivées sur toi, elles te dévorent mais tu ne les sens pas. Et ta voix se fait de plus en plus forte, de plus en plus haute, tu ne les entends pas mais ils t’écoutent toutes et tous. ((Religieusement))
Et finalement, tout s’arrête. Le rideau tombe, le spectacle est fini et ta vie s’achève dans le torrent d’applaudissements qui accompagne ta retraite. Le retour à la réalité est brutal. Les corps qui s’agite, les gens qui se bousculent, les lumières qui se confondent et au milieu, ton visage si expressif les secondes précédentes qui n’affiche maintenant qu’une façade sans émotions. Dans le monde commun des mortels, peu de choses sont vraiment exaltante et te voilà déjà à regretter la scène.
On te bouscule, on te touche, on te maniple et on te tourne, tu bats des cils avant de finalement te retrouver face à ton reflet. Tu t’y perds, visage de poupée, peau de porcelaine au corps creux, tu t’admire sans te regarder, te contemple sans te reconnaitre. Car tu n’es Helen que sous les projecteurs et le reste n’a pas d’importance.
Mais voilà, la bulle du temps éclate, ta peau à peine couverte par ton peignoir rougit au courant d’air alors que le visage du jeune homme se dessine dans l’encadrement de la porte de ta loge. Tu le regardes, du coin de l’œil, la réalité peine à te rattraper mais ses paroles te tirent vers le présent. Et voilà que tu plonges tes iris de glaces dans les siennes, amadouées.
« Je t’en prie, installes-toi. »
Simple courtoisie, tu avais souvent besoin de compagnie après tes représentations et, quand bien même votre passé ne jouait pas en la faveur de cet échange, tu n’éprouvais aucune gêne à être en sa présence. Pour être honnête, tu dirais même qu’il était rare pour toi d’être embarrassée de quelques situations que ce soit. Pourquoi le serais-tu, après tout ? Tu as profité de son corps autant qu’il a profité du tien et la ligne s’est dressée quand il a voulu lié vos âmes, là où toi tu n’y voyais qu’une idylle de soirée. La vie est ainsi faite.
« C’est drôle. Se rendre à une représentation sans savoir qui on va applaudir à la fin. J’imagine que ça se fait. »
Tu n’étais pas friande des admirateurs passagers. Pour toi, c’était plus important de réussir à faire revenir les spectateurs qu’à convaincre les sceptiques. Soit on venait te voir pour t’entendre, soit rien du tout. Mais qu’importe. Tu ressers le noeud de ton peignoir, ta robe bien accrochée à son ceinture dans un coin de la pièce.
« C’est étonnant de te voir ici. Qu’est-ce qui t’amène ? »
Aussi antisociale que tu puisses être, tu connaissais Caspian et tu étais à l’aise en sa présence. Faire la conversation, même brièvement, ne te posait pas tant de problème que ça. De toutes façons, te connaissant, tu finirais bien par trouver plus amusant plus tard dans la soirée. Mais pour le moment, tu lui accordais un peu de ton attention.
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Helen Mason
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Mar 7 Mar - 10:14
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Le regard balaye la loge, presque soupçonneux, peut-être un peu gêné. Helen tout en beauté ce soir, même parée d'un peignoir, même parée de haillons probablement ; toujours la grâce incrustée sous la peau, toujours la glace là en un regard. Reptile jusqu'au bout des ongles, Caspian retient un frisson, affiche le sourire de convenance un peu sincère, un peu nerveux. Mais c'est Helen, juste Helen et tout ce qu'elle renferme ; les secrets, les silences, le dédain, l'insolence sans bruit et le verre brisé dans un cri.
Comme un chiot a qui on donnerait l'autorisation, il hésite et accepte finalement de s'installer dans un siège. Pas trop près, pas trop loin non plus. Helen hypnotise plus qu'il ne l'aurait voulu. Un peu piqué pourtant par les paroles aux sous-entendus lunaires, la mine se tord en grimace avant qu'on l'efface.
"J'ai suivi des amis, ce n'était pas prévu."
Il se mord la langue, refoule l'envie de se trouver une excuse car pourquoi devrait-il le faire ? Finalement, les acerbes paroles trouvent leur chemin, légèrement lancé là comme un dé jeté, une émotion passagère aussitôt oubliée en détournant un peu le regard, délibérément. "Si j'avais su, je ne sais pas si je serais venu."
Mais finalement, peut-être n'aurait-il pas dû ; laisser les mots parler en trop. Déjà, il regrette, non pas d'être venu mais d'avoir parlé trop vite. Il pensait qu'il n'y aurait plus de rancœur Caspian, ce n'était peut-être pas totalement vrai. Il s'est trompé, il n'aurait pas dû replonger.
"Mais peu importe." Il espère se rattraper, s'accrocher aux branches de la fatalité, le buste se penche en avant dans un sourire radieux qui ne réchauffe pas les cœurs mais peut-être n'y verra-t-elle que du feu. "Ça à l'air de bien marcher pour toi, la foule criait ton nom à la fin de la représentation." Pas lui, il n'a pas osé, n'y a même pas pensé.
Caspian, il a une saveur faussement nostalgique avec un arrière goût de tendresse. Le voir s’infiltrer à pas de loup, le dos rond et le museau aux aguets, ça te rappelle des souvenirs. Avec lui ou d’autres, les hommes sont toujours un peu les mêmes avec toi. Gourmands et fiers, certains finissent toujours par revenir la queue entre les jambes, affamés et honteux. Alors quand il s’installe dans ton dos, tu t’interroges. ((Que veux-tu réellement, Caspian ?))
Tu te cambre légèrement vers l’arrière, les doigts agiles qui se glissent dans les rouages de ton chignon pour en retirer les épingles, une par une. Alors que les paroles du jeune homme planent dans l’air, tes mèches s’écroulent petit à petit dans ton dos. Tu l’écoutes sans le regarder, si bien qu’on pourrait presque croire que dans cette pièce, il n’y a que toi.
Pourtant, sa réflexion t’atteint. Si j’avais su, je ne serais pas venu, dit-il. Et ça, ça t’arracher un petit rire, discret, sans que de réponses ne viennent à sa suite. Moqueuse ou modeste, arrogante ou amusée, tu n’en dis pas plus, le laissant clôturer le sujet, la mine noyé dans un embarras qu’il cherche sans doute à cacher.
Une fois libéré de sa prison, ta chevelure se disperse sur tes épaules, les paillettes volent un peu dans l’air et voilà que Caspian réussit à t’arracher un soupire, cette fois. Alors tu te retournes vers lui, croisant les jambes alors que tes yeux le sondent avec intensité.
« C’est intéressant de voir l’image que tu as de moi, quelque part. Je ne te blâme pas, tu n’es pas le seul. Même si je m’attendais à mieux. »
En particulier de ta part. Tu ne le diras pas. Parce que ça n’a pas grande importance. Que l’on t’idéalise ou te diabolise, tu ne peux pas tout contrôler. Après tout, tu sais bien ce qui marque les gens en premier, et ce n’est pas forcément ta voix.
« Je t’avoue que je me fiche qu’on scande mon nom, au fond. Je préfère qu’on m’écoute en fermant les yeux plutôt qu’on m’admire en jouant les sourds. »
Tu es là pour chanter. C’est tellement plus flatteur de charmer avec les mots plutôt qu’avec le reste, mais ce serait hypocrite de ta part d’affirmer que tu aimes le faire avec les deux. Appuyée contre l’accoudoir de ta chaise, la joue nichée contre ta paume, tu regardes Caspian avec, cette fois, un air amusé.
« Et toi, Caspian ? Tu as crié mon nom ? »
Oh, Helen. Pauvre âme que tu tourmentes sans cesse. L’ennui te rend si mauvaise.
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Dim 12 Mar - 11:10
Ft. Helen Nos rêves anciens Et les promesses qui n'en sont pas
Courant d’air entre les viscères, Helen glaciale jusqu’à en faire mal, mais n’a-t-elle pas toujours était comme ça ? Entre deux étreintes et le sifflement boa, Caspian ne se rappelle pas. Peut-être, qu’il ne voulait pas voir. que le monde chavire et qu’il n’y prête plus attention, les yeux ronds comme un chaton. Un bouclier fièrement dressé en se disant pouvoir résister. Les belles paroles c’est vrai, il ne les a pas attendus ; il n’attend jamais, pas quand il y a tant à faire, encore plus à défaire. Plonger sous la glace, Caspian a oublié de prendre une dernière inspiration ; peine perdue le cœur trop lourd fait couler les plus sots. Ceux qui pensent pouvoir tout partager au milieu des toiles d’araignées. Alors une main nerveuse vient fourrager dans les mèches blondes, il a peut-être oublier des choses Caspian, le regard froid et les manies princesses, mais il se souvient toujours un peu ; de la plus mauvaise des façons.
Comme une reine sur le trône, le milicien a l’impression d’être piètre soldat à genoux dans ses bras, la nuque abaissée pour contempler les pieds. A côté des reines, il fait pâle figure peut-être bien ; se préférera toujours chevalier que couronne sur ses cheveux de blés. Il souffle du nez sans pouvoir s’en empêcher, préfère ne pas observer la cascade de cheveux libérés, il a l’impression que c’est délibéré. Encore de la déception, Helen a les mots tranchants si bien qu’il pourrait sursauter. Il n’en fait rien, se contente de froncer les sourcils d’un air un peu mauvais. A elle, il n’a plus rien à prouver.
« C’est pourtant l’image que tu as l’air de vouloir renvoyer, Helen. Ne critique pas les gens observant le tableau que tu leur tends. » C’est hypocrite et tu le sais.
Le dos droit vient se caler confortablement contre le dossier, ça lui remet un peu les idées en place, les critiques et les mines de glaces. Rusée un peu pour se maîtriser. Ça lui remet les idées en place ; Helen, il ne saura jamais s’il la connait vraiment. Même après tout ce temps.
« Tu es cantatrice, pas mannequin, évidemment qu’ils viennent pour ta voix. Ou tu penses être assez spectaculaire pour qu’une foule s’amasse pour t’observer bouger les lèvres sans rien écouter ? » Ça le fait rire un peu, résonne contre la gorge avant d’éclater doucement une seconde. Il se reprend en secouant la tête.
L’assurance lentement gagné s’écroule comme un château de cartes. Et toi Caspian.. Le rouge aux joues bien vite balayé dans une grimace peu maîtrisée. Durant une seconde, il ne sait plus quoi dire. Oui. Non. Finit par hausser les épaules. « Avant peut-être, plus maintenant. Et ça n’a pas l’air de te manquer tant que ça. »
Frustrant ? Peut-être un peu. Ce n’est jamais bien bon pour l’égo, mais il s’en remettra. S’autorise une œillade un peu amusée.
Tu ne sais pas quand est-ce que le monde est devenu aussi fade à tes yeux. Tu as beau réfléchir, tu n’arrives pas à te souvenir à quel moment les choses simples de la vie ont perdu leurs saveurs, les plaisirs modestes ont perdu de leurs couleurs, tout a disparu pour ne laisser dans ton coeur que ta foi et ton chant. On pourrait se dire que c’est suite à un moment dramatique survenu dans ta vie, comme la mort de ta grand mère ou ta première déception amoureuse, et peut être était-ce un cumul de tout et rien à la fois. Pourtant, tu ne peux t’empêcher de te dire que, quelque part, au fond, tu as toujours été comme ça. ((Détachée))
Avec Caspian, quand tu y penses, peut être que si tu lui avais laissé une chance, vous auriez pu vivre une belle histoire. C’était un beau jeune homme, milicien et de bonne famille, par dessus le marché. Peut être que si tu lui avais laissé une chance, il aurait su faire tomber les barrières qui se dresse entre toi et la terre entière. Peut être que si tu lui avais donné une chance, tout serait différent aujourd’hui. Mais Caspian, il baigne dans le soleil et t’aveugle de ses rayons. Alors que toi, enfant de la nuit, tu voues ton âme aux reflets tendres de la lune.
Tu le regardes sans détourner les yeux, prunelles fixées à son buste gonflée, son air satisfait qui disparait sous tes viles taquineries. Le passé est passé, et tu ne peux pas remodeler le présent. Alors tu te contentes d’un fin sourire énigmatique. Avant, peut être, qu’il dit. Plus maintenant, qu’il ajoute. Tu te lèves de ta chaise en retirant ouvrant délicatement ton peignoir, un morceau de peau s’offre à la vision de ton invité avant que tu ne lui tournes le dos.
« Je ne sais pas si ça me manque ou non. En revanche, je mentirais si je disais que notre amitié, elle, ne me manque pas. »
Finalement, le seul bout de tissu qui couvre ta peau s’échoue à tes pieds. Sans embarras, d’autant plus devant un homme qui t’a déjà vu dans le plus naturel des accoutrements, tu enfiles patiemment tes sous-vêtements suivi de ton pantalon.
« Je sais bien qu’en théorie, les gens viennent pour m’écouter. Pourtant, il n’y a que ceux qui sont là pour me regarder qui restent à la fin. Comme tu dis, je ne suis pas mannequin mais cantatrice. Et j’aimerai bien que ces personnes gardent ça en tête. »
Vous êtes si belle, Helen. Vous m’avez charmé, Helen. Seriez-vous disponible pour boire un verre, Helen ? Au début, tu pensais à des cas isolés, un homme ou deux parmi tant d’autres. Mais quand ils ont commencé à être de plus en plus nombreux, la colère s’est intensifié. Et chaque soir, tu chantes un peu plus fort dans l’espoir de les faire fuir. Tu ricanes amèrement, enfilant en douceur le chemisier que tu avais préalablement préparé.
« C’est presque ironique de me comparer à un tableau. »
Tu voies, Helen. Œuvre d’art sans vie, tu ne prends sens que lorsque les regards sont braqués sur toi. Et pour une fois, ce n’est pas toi qui le penses, mais Caspian qui le dit. ((C’est que quelque part, ça doit être vrai))
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Lun 20 Mar - 9:58
Ft. Helen Nos rêves anciens Et les promesses qui n'en sont pas
Helen toujours les belles paroles enrobées de non-dites, compliments saccadés d'horripilantes faussetés. La tête en vrac peut-être, c'est étrange de se replonger dans le passé, s'échouer sur les bocaux brisés, fracassés de leur plein gré. Peur d'avoir les pieds tailladés peut-être, Caspian n'osera plus se rapprocher ; de loin ça lui paraît beau, de loin ça lui paraît terrible. Peignoire de soie que l'on fait glisser sur l'épaule, le fennec hausse un sourcil avant de se rappeler qu'Helen a toujours été comme ça ; emmerdeuse jusqu'au bout peut-être, à sa façon froide et distinguée comme si elle pouvait tout rabaisser. Belle jusqu'au bout, savoir parfaitement en jouer sans vraiment chercher. Il soupire, laisse son regard errer sur les restes de la loge, le maquillage encore ouvert, les accessoires laissés là comme si on avait hésité. Mais il se souvient un peu, qu'avec elle l'intimité ne rime à rien, et le regard finit par se reposer sur la peau basanée qu'il connaît par cœur pour reprendre la conversation, un peu nostalgique.
"Tu me considérais comme un ami Helen ? Je me suis longtemps demandé, après tout ça, ce que tu pensais vraiment. Je me suis dis que tu avais dû m'oublier en moins de quelques heures. Je me suis dis que toi aussi tu devais avoir le cœur en vrac... j'ai imaginé beaucoup de choses, toutes contradictoires mais certainement pas que notre amitié allait te manquer."
Une moue sincèrement ennuyée, beaucoup de questions sans réponses. Helen et Caspian, ils n'ont probablement jamais vraiment su communiquer. Trop frustré de n'être qu'une passade finalement, un coup en plein dans le cœur qu'il offre trop facilement. Et Helen elle, a-t-elle jamais donné ?
La peau bronzée se pare de nouveaux sous-vêtements, le fennec comme spectateur dans une moue à la fois froissée et amusée qu'elle soit à ce point restée la même. Il ne s'offusque pas, Helen a toujours été comme ça, les baisers silencieux et les œillades douloureusement aguicheuses.
"C'est peut-être un tout qui les attire, sans ta voix ils ne viendraient pas mais sans ton charme, peut-être qu'il ne viendrait pas non plus." Il hausse les épaules, peu convaincu par ses propres paroles. Il connaît assez Helen pour savoir qu'elle préfèrerait de loin être idolâtrée pour son chant mais dans un monde où les apparences comptent, ça n'arrivera jamais. "Il fallait être moins belle Helen, tu aurais été beaucoup moins connue mais tu ne te poserais plus ce genre de question."
Les lippes finissent pas s'ouvrir en sourire, comme pour rassurer, il ne peut pas s'en empêcher ; preux chevalier. Il se lève finalement d'un mouvement souple, réajuste sa veste de costume sombre d'un mouvement d'épaule avant de s'avancer vers le miroir et tous les accessoires disposés devant sur le marbre blanc, dépassant le boa pour s'intérresser une seconde à un collier de perles trainant sur le bord, parlant sans la regarder, sourcils froncés devant un univers qu'il ne connait pas bien.
"C'est la première fois que je rentre dans la loge d'une star, c'est fascinant. Est-ce que tu hésites pendant des heures sur tes bijoux ou ta robe ?" Habitué à l'uniforme strict et les bancs de la salle de sport, tout ça lui paraît venir d'un autre monde. A la maison, Alexis a beau être féminine elle n'a jamais eu autant de palette de maquillage sur son bureau, ni de pierre précieuse aussi grosse. Un mince sourire s'étire sur les lèvres rien qu'à l'imaginer.
Caspian, devant tes a vœux, parait surpris. Tu ne peux le blâmer, il ne serait pas le premier. Car en belle poupée de verre, ton visage ne montre jamais les subtilités de ton coeur et pour toutes et tous, tu restes un mannequin de porcelaine sans sentiments. Comment les blâmer de ne pas te comprendre, alors qu’iels ne voient que les pores lisses d’un visage sans émotions ?
Tu l’as bien compris, il n’y a que sur scène que tu arrives à transmettre. Tristesse, colère, peine et joie, sous les projecteurs, il devient si facile de lire en toi. Tu as toujours trouvé ça étrange qu’en chantant les paroles d’une autre, tu arrives si naturellement à être toi. Il faut croire que tu es bel et bien vide, dans le fond. C’est du moins ce que tu viens à penser, les soirées que tu passes seule, quand ton lit n’est pas occupé.
« C’est si étonnant que ça ? » dis-tu, un sourire au coin des lèvres. « C’est d’un ami dont j’avais besoin, pas d’un petit ami. »
Les boutons de ta chemise glissent chacun dans leurs trous, tu adresses un petit regard en coin à ton invité, laissant planer un silence pour quelques secondes.
« J’ai pas le coeur en vrac. Et je t’ai pas oublié en quelques heures. Disons plutôt qu’à cette période là, on ne cherchait pas les mêmes choses. J’ai pas besoin d’une relation amoureuse, j’en ai pas envie et c’est pas ce que je recherche. »
J’ai peur. Oh, mais ça, Helen, tu ne peux pas le dire. Ni à Caspian, ni aux autres, ni à toi. Car oui, te lier aux autres, abandonner ton âme pour l’offrir à quelqu’un d’autre, ça te terrifie. Il y a dans l’union quelque chose de si sacré que t’offrir à n’importe qui, au risque d’en revenir abîmée, c’est quelque chose que tu n’es pas encore prête à faire. Au fond, peut être n’es tu pas aussi courageuse que tu le croies.
Tu te penches vers le miroir, saisissant un gloss laissé sur un coin de table pour repulper légèrement tes lèvres. Tu t’appliques tandis que l’embout glisse sur ces dernières, ta parole reste en suspens le temps que les paillettes s’étalent.
« Toutes ces questions que tu te posais, moi, elles ne m’ont jamais traversé l’esprit. En vérité, il n’y a rien de plus simple : J’apprécie ta compagnie, je te trouvais aussi très attirant et je te considère toujours comme un ami, quoi qu’il se soit passé. »
Il fallait dire que des amis, tu en avais pas beaucoup. Alors peut être que pour certains, c’était peu commun d’avoir des relations sexuels avec eux mais pour toi, ce n’était pas si choquant. De toutes façons, ce n’était pas ce que tu retenais de Caspian. Toi, tu retenais que ses sourires, sa lumière, vos rendez-vous au Temple.
Et là, alors qu’il essaie de te rassurer, tu ne dis rien. Tu te contentes de le regarder, ton petit sourire énigmatique qui ne quitte pas tes lèvres. Alors tu t’approches pour déposer un simple baiser sur ta tempe, avant de revenir au tri de tes affaires. « T’es mignon. », que tu murmures en t’éloignant, tandis qu’il commence à scanner ta loge du regard. Un rire t’échappe.
« Oh, Caspian. C’est pas moi qui décide. »
Toi, tu es la poupée de l’Opéra. On t’habille, te maquille et te couvre de bijoux sans que tu battes des cils. Rêve ou prison, tu n’as pas encore décider comment tu le ressentais.
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Jeu 6 Avr - 11:27
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Helen toujours en fierté débordante, en vagues de douceur éclipsées sous la froideur. Le cœur amer Caspian peut-être, entre les résolutions d'un temps et les passades d'un soir. Peut-être rien de plus que ça, l'ennui comblé entre les baisers, draps satins froissés pour se sentir exister. Il y a cru, un temps seulement avant que ne tourne le vent. Il y a cru mais c'est fini, laissé dans l'oubli. Une amie vraiment ? Il n'a jamais vu les choses ainsi, on donne tout et on oublie de demander la suite. Peut-être pour la vie, peut-être à l'infini, peut-être juste un ami. Avant probablement pas, maintenant peut-être, l'idée lui plaît et la mine s'orne d'un sourire triste.
"J'aurai aimé savoir ça avant." Bien qu'il ne regrette rien. Helen fait glisser les tissus, referme la chemise dans un silence qu'il ne trouve plus si pesant. Il comprend un peu maintenant. Un soupir presque amusé. "Pourquoi est-ce qu'on commence à communiquer que maintenant ? C'est idiot. En y repensant j'ai probablement était le pire, les signaux devaient être évidents." Il ne s'en souvient plus vraiment mais il en rit maintenant. Avec le recule le fennec n'imagine pas Helen la bague au doigt, armée de sourires doux devant le temple, dire oui à n'en plus finir. Avec le recul, il a peut-être été trop naïf, elle est peut-être restée incomprise.
Les mains s'arrêtent une seconde sur un bracelet doré laissé là, le regard divague ici et là sur les moindres détails. La robe dans le coin, le gloss pour maquiller les lèvres, le regard simple au fond du miroir. L'impression de découvrir Helen pour la seconde fois, sans le luxe d'une séduction spontanée et les messes basses badines.
"Je me prends toujours trop la tête. Mais je ne regrette pas." Il hausse les épaules, reporte son regard sur la brune penchée sur son miroir. "Ca sera surement beaucoup plus simple de t'avoir comme ami." Les lips s'arquent une seconde en sourire doux rien que de l'imaginer. Peut-être ont-il toujours mieux fonctionné ainsi.
Un sourire amusé enrobé de silence quand les lèvres de l'autre viennent frôler la tempe, Caspian un peu surpris mais ça lui parait si simple ; un baiser comme à un ami, comme à un frère. Il la laisse repartir sans plus aucune envie de la retenir. C'est doux et ça lui suffit, c'est simple et ça lui suffit. Il ne peut s'empêcher d'en blaguer doucement. "Je sais." Car on le lui a répété souvent, les boucles blondes à faire fondre tout le monde au manoir Matkovic, tout le monde sauf son propre père.
Il tourne sur lui-même, observe ici et là les costumes en haussant un sourcil. "Tu laisses des employés tout décider pour toi et tu ne râles même pas ?" Caspian petit prince doré encore aujourd'hui, émancipé mais la folie des rois lui court encore après. Difficile d'oublier d'où on vient.
Aussi lisse puisse être ta carcasse de marbre, avec l’effort, la patience et les bons regards, on peut les voir : tes fissures. Poupée ou non, fantaisie en béton, tu auras beau tromper qui tu voudras, la vérité toujours éclatera. Tu n’es pas moins humaine qu’une autre. Avec tes faiblesses et tes défauts, dans ta posture droite tu arrives quand même à flancher.
Caspian, tu le sens amer sans agressivité, et même si vous n’êtes pas taillés dans la même pierre, tu arrives à capter la logique de ses courbes rocailleuses. Dans cette histoire, tu n’en voudras jamais à Caspian de ne pas avoir pu te comprendre, tout comme tu attends à ce qu’il respecte tes décisions. Il te fait rire, encore un peu, un peu comme avant, un peu comme maintenant.
« Félicitation, tu as découvert que je n’étais pas aussi parfaite que ça. »
Oh, ça te tue de l’admettre, mais à lui, ça sonne plutôt comme un semblant de délivrance. Tu retires les ornements qui emprisonnent tes mèches pour les replacer plus naturellement, des paillettes planent dans l’air tandis que tu surveilles tes gestes dans le reflet du miroir.
« A vrai dire, c’était plutôt le contraire. Tu étais trop bon. »
Trop bon pour moi. Ça, tu ne le dis pas. Dans le rôle du petit ami, Caspian aurait pu remporter la couronne et les offrandes qui la suivent. Mais vous ne vous battiez pas pour le même prix, alors il n’y avait ni de meilleur, ni de pire. Le silence de nouveau, un soupir alors que tu tournes la page, fatiguée de communiquer, toi qui ne sais que chanter.
Quelque part, aussi solitaire te considères-tu, il était peut être temps de sans cesse fuir la compagnie durable. Même si les relations ne t’intéressaient toujours pas, rien n’avait vraiment changé : tu avais toujours besoin d’un ami. De ton ami.
Tu laisses Caspian tourner encore un peu le temps que tu rassembles les dernières affaires. La silhouette en constant mouvement, tu laisses cependant échapper un ricanement, attendrie par la candeur du garçon. Quelque part, il devrait bien trouver la réponse tout seul, mais tu décides tout de même de la lui donner.
« Je n’ai pas mon mot à dire. Après tout, je ne suis là que pourchanter. »
Tu te tournes vers lui, taquinerie au bout de la langue, les mots du blond énoncés plus tôt flottent toujours dans la pièce. Tu penses être assez spectaculaire pour qu’une foule s’amasse pour t’observer bouger les lèvres sans rien écouter ? Tu viens saisis délicatement son bras pour l’entraîner avec toi vers la sortie.
« La vie de star, ce n’est pas vraiment comme tu l’imagines. Même si ça a certains avantages. Comme avoir des beaux garçons qui se glissent dans ma loge après mes représentations. »
Tu ricanes, tes yeux le scrutant du coin du bord des paupières tandis que tu prends lentement le chemin des sorties dissimulées. Ce soir, tu n’es pas d’humeur à te montrer jusqu’au petit matin.
« Caspian. »
Tu l’appelles une dernière fois, lui adressant quelques mots avant de disparaître dans la pénombre.
