il est, épuisé de sa journée. c’est toujours compliqué, l’été. parce que les journées sont plus longues et qu’il y a dehors un plus de monde; parce que la rentrée arrive et qu’il faut profiter de ses dernières journées. alors ça grouille d’animas dans les rues, dans les bars et dans les restaurants. le renard rouge n'échappe à aucune règle
il est rentré un peu avant trois heures, parce qu’il a pris son temps, eliott. son appartement a beau être à environ trente minutes à pied de son lieu de travail, s’il se presse quand il y va, ce n’est pas le cas quand il rentre. parce qu’il aime la nuit, parce qu’il aime les ruelles vides et silencieuses où l’air frais s’empare de l’asphalte et où les étoiles se reflètent sur le macadam. c’est calme. parce qu'entre deux et trois heures du matin, on ne croise que les plus braves qui tentent de rentrer chez eux, trop éméchés pour marcher correctement. ces âmes perdus qui errent entre les trottoirs de brise-coeur et dont eliott n’a jamais peur: il sait se faire discret, le chat.
c’est son rendez-vous avec la lune, même si cela fait bien longtemps qu’il ne lui crie plus ses rêves à la figure, elle doit bien se rire de lui, tout là haut. il rentre après dans son immeuble miteux, grimpe les escaliers et les étages pour se retrouver tout en haut, au plus proche du ciel et au plus loin des animas. la clef dans la serrure, la veste jeté sur le canapé et les chaussures en vrac dans le couloir, eliott s'effondre dans son canapé.
il a sa routine, il prendra sa douche quand il se réveillera demain, pour ne pas gêner les voisins qui somnolent au milieu de la nuit à cause des bruits de plomberie. il s’octroie un instant de répit, pour se calmer, oublier les bruits du bar, l’effervescence et l’ivresse des nuits. il a de plus en plus de mal à le supporter, pourtant il baigne là-dedans depuis qu’il à commencé à bosser: que ce soit dans la fosse, au casino ou au bar, eliott à toujours été celui, dans l’ombre des foules, qui observait et s’occuper dans les coulisses du bon déroulement de la soirée.
il finit par se lever, avaler un bol de céréale, parce qu’il faut bien manger, et troque sa chemise et son jean pour un short et un t-shirt qui lui servira de pyjama. installé dans son lit, il lit une quinzaine de minutes avant d’abdiquer pour essayer de dormir, tandis que les chiffres du radio-réveil approchent quatre heure.
eliott, il a toujours eu du mal à dormir. obligé de se calmer après chaque journée de travail, sinon ça r’part trop vite dans la tête et c’est trop tard pour qu’ça s’arrête. les vieux démons cachés sous l’tapis en profite pour resurgir durant les pires insomnies. mais aujourd’hui, ça va. en ce moment, ça va.
il se sent partir eliott, dans la phase entre le sommeil et l’éveil. c’est bien, aujourd’hui il n’a pas trop d’effort à faire, pas besoin de tromper son esprit avec une quelconque fourberie pour forcer l’éteinte et passer la nuit. et puis. et puis il y a un bruit. eliott se redresse, son ouïe de félin capte très clairement les échos qui proviennent de l’appartement d’à côté. il peste un peu, hésite, et attends. peut-être que ça finira par passer, peut-être que ça ira. mais non. ça ne passe pas. son voisin de pallier, tout aussi à l’étroit sous les combles de l’immeuble, est bien décidé à jouer de la batterie à quatre heures du matin. quatre putain d’heures du matin.
il maugré un peu, mais finit par abandonner. il se lève, enfile des tongs qui traînent (celle qui serve de pantoufles quand il n’est pas en chaussette), et sort tel quel de son appartement pour venir sonner à la porte d’à côté.
“il est quatre heure passé. c’est pas le moment de faire un foutu concert.”
pas de bonsoir, pas de s’il vous plaît. les cernes sous ses yeux, eliott foudroie du regard son voisin qui s’improvise musicien. et même si le bougre se débrouille, le chat, lui, aimerait bien pouvoir dormir.
le 29 août 2098
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Eliott Fauvel
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Jeu 2 Mar - 19:28
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les notes éclatent sur les murs mal isolés les fenêtres mal fermées qu’il soit deux trois quatre ou cinq heures du matin ou bien du soir daiam il s’en balance un peu, daiam, il avance au rythme de ses propres envies et pas selon les heures dictées par l’horloge.
de toute façon, il est jamais là, daiam. il voit pas trop où est le problème s’il veut jouer avant que le soleil lui-même ne soit levé profiter de sa journée de congé avant de disparaître juste comme ça le lendemain matin et le reste de la semaine. avant de revenir le weekend prochain histoire de ne pas abandonner sa batterie à la poussière. car le reste du temps, il veut bien leur offrir la tranquillité, aux voisins tant qu’on lui laisse ce petit moment juste pour lui.
et quand ça toque à la porte, daiam il a presque failli ne pas l’entendre, le bruit de sonnette noyé sous les notes. aurait voulu l’ignorer s’il se devait absolument d’être honnête, convaincu que cet invité indésirable ne soit encore cet homme désagréable à l’étage du dessous.
le carcajou s’arrache de son siège à contre-coeur, vêtu d’un t-shirt et d’un jogging, les cheveux attachés dans un chignon fait à l’arrache dont les mèches retombent sur la nuque. la surprise teint ses traits en reconnaissant vaguement le voisin d’à-côté, celui qu’il ne voit jamais celui dont il n’est même pas certain d’en connaitre le nom. celui qui ne sait pas dire bonjour, visiblement.
« il était bien au moins? ce concert privé?»
oui, est-ce que c’était bien, est-ce qu’il a été, bon?
le sourire railleur mais sans réelle méchanceté, peut-être un peu désolé, peut-être. c’est qu’il veut savoir, qu’il préfère se concentrer sur le bon côté des choses et non les mauvais. histoire de ne pas se mettre ses voisins à dos, plus qu’ils ne le sont déjà.
bras croisés autour de son torse, l’index qui vient tapoter en rythme son biceps, en signe d’une impatience certaine. les cernes creusés sous ses paupières laissent facilement deviner la cause de son agacement et sa raison sur le pallier. il a le sourire railleur, le voisin. homme dont il ne connaît même pas le nom, parce qu'il a oublié les écriteaux ternes sur les boîtes aux lettres. ça ne l’intéresse pas, eliott. il n’a pas le temps d’y penser. il ne veut pas s’attacher.
“bof.”
il hausse les épaules sur le même ton sarcastique. mais dans la voix de l’homme qu’il devine prédateur, il ne ressent pas vraiment de méchanceté, juste de la curiosité. eliott ne griffe pas s’il n’a pas de bonne raison de le faire, et puisqu’il veut dormir cette nuit, il préfère éviter de le provoquer. de toute façon, il est trop fatigué.
“ça manquait de rythme. trop de cymbales, les tambours résonnants sont plus agréables, je trouve. ça frappe au coeur, et c’est là qu’est le génie.”
il pointe son propre torse du doigts, le sourire narquois. citation reprise d’un écrivain célèbre, sans doute un classique, mais eliott ne sait plus, il a oublié. c’est comme pour tout: il vole et dérobe les choses et les concepts pour les faires siens et siennes. parce qu’au fond: il s’en moque.
“de toute façon, je préfère le piano.”
ou le violon. mais à choisir, il n’y a rien de plus beau qu’un piano qui chante ses notes claires, dans les graves ou les aigus. haussement d’épaule encore.
“bref. je peux dormir, maintenant ?”
toujours pas de s’il vous plaît merci bonne soirée ou bonne nuit. juste le regard qui soutient l’homme, le ton railleur mais fatiguée, la voix rauque et épuisée.
le 29 août 2098
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Mer 5 Avr - 17:22
sonate
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bof. et bah dis donc. qu’est-ce qu’il a l’air marrant, le voisin.
le carcajou hausse les sourcils, prenant appui contre le cadre de la porte les bras croisés tandis qu’il souffle bruyamment du nez. mais non moins amusé loin d’être vexé
« oh? avons-nous là un connaisseur? »
lueur amusée qui brille au fond des yeux, daiam le regarde des pieds à la tête, se demande s’il n’a pas trop froid en shorts, s’amuse de ses tongs comme s’il était à la plage, mais ici il n’est pas question d’avoir les doigts de pieds enfoncés dans les grains de sable ici il n’y a que de la poussière, et même le soleil ne parviendrait à réchauffer ce bâtiment où les calorifères sont constamment brisés. c’est peut-être misérable, cette vie cette demeure c’est un peu à son image mais c’est chez lui maintenant. et il s’y sent bien, n’a aucune raison de ne pas sourire à cet inconnu, compagnon de galère s’il se trouve ici et non ailleurs, loin de brise-coeur et des rêves brisés.
mais soit. trop de cymbales, donc. il note.
« ah, le piano! excellent choix! alors t’es plus du genre chopin ou beethoven? ou peut-être même aucun des deux? » baguettes toujours entre les doigts, il tape dans ses mains soudainement enthousiaste « j’avoue qu’en dehors des classiques, je sais plus trop ce qui est à la mode, de nos jours… »
moue soudainement un peu triste pour cet instrument longtemps oublié dans un recoin de sa tête. maman aimait bien les vieilles mélodies, celles venues d’ailleurs, seul memento d’une vie que ses ancêtres ne sont plus en mesure de raconter. alors pour elle il les jouait et enfin il y avait le silence la paix le temps d’une chanson ou deux.
à quelque part il trouve rassurant de savoir que la musique perdure dans le temps et l’espace peu importe les années qui passent la distance qui les séparent d’une civilisation dont les traces s’effacent lentement marchent tout droit direction l’oubli.
daiam s’arrête un instant pour le fixer en silence l’homme a les traits tirés la voix éreintée mais gondolée de la même raillerie qui sévit dans la sienne.
« ça dépend. si ma performance est juste…. « bof » comme tu dis, peut-être que je devrais tout simplement continuer de me pratiquer encore un peu, alors. j’hésite… »
il fait mine de réfléchir, le doigt triturant une barbe non existante comme s’il s’agissait là d’une question existentielle. mais sous ses airs faussement hésitants, il rit, daiam amusé par les types dans son genre. détaché, avec une once d’arrogance, mais réellement méchant? ça, il ne croit pas.
il a ce ton teigneux, ce ton provocant qui dans les meilleurs jours, tend à amuser eliott. mais là, il est quatre heures du matin. là, eliott a la journée, le mois, de boulot dans les pattes et il n’a pas le coeur à perdre son temps pour gagner un débat. tant pis pour son égo, tant pis pour sa fierté. petit chat de gouttière veut juste retourner pioncer.
alors il hausse les épaules, nonchalant. si ça lui a plu d’étaler sa culture, de provoquer un peu lui aussi, désormais il veut juste partir. pas besoin des conversations qui durent artificiellement pour passer le temps, pour apprendre à se connaître. si eliott voulait préserver et tisser des liens avec son voisinage, voilà longtemps qu’il l’aurait fait.
“il n’y a que les incultes qui n’y connaissent vraiment rien, en musique.” oh ça, il le pense eliott. c’est peut-être le seul art qu’il respecte vraiment. l’air des notes et des mélodies. “mes goûts ? hm, laissez-moi réfléchir…plutôt le genre de sonate qu’on ne joue pas en plein milieu de la nuit.”
qu’il lance, assassin. parce qu’il est là pour ça, à l’origine: pour réussir à dormir. sauf qu’il se retrouve dans une impasse. c’est rare mais ça arrive. petit chat trop fatigué pour se bagarrer face à un carcajou un peu trop amusé. s’il évalue les rapport de force, eliott perd sur tous les fronts. il est exténué donc il n’aura pas la patience de le tromper et de le convaincre parles mots. sur le plan physique et l’intimidation, eliott n’a jamais été bon, et son âme sait qu’il n’a aucune chance. appeler la milice alors ? oh, elle lui rira au nez dès qu’elle saura qu’il s’agit d’un appartement miteux dans le quartier de brise-cœur.
ça ne lui ressemble pas d’abandonner mais peut-être que cette fois-ci, petit chat rentrera bredouille jusque dans son lit.
“...soit.” qu’il soupire alors qu’il vient masser ses tempes. “bonne fin de nuit alo…”
et puis il relève la tête. prend enfin la peine d’observer ce qui se trouve derrière le voisin. le meuble d’entrée dans le couloir, les manteaux en vracs en face. et puis et puis. un cadre.
“...qu’est-ce que ?”
la fatigue le rend impulsif, eliott. malpoli aussi, bien qu’il s’autorise à l’être face à ceux qu’il ne porte pas dans son coeur. alors d’un bond, en un sursaut et le coeur qui manque quelques battements, eliott pousse son voisin pour pénétrer dans le couloir. au mur il y a un cadre et dans le cadre il y a trois visages. mais il y en a surtout un. un visage vieux de huit ans. qu’eliott n’a pas oublié dans ses cauchemars.
il est tendu eliott, un peu paniqué aussi. facette de sa personnalité qu’on ne connaît pas, celle des regrets, de la fougue, et de l’impétuosité. ses mains frêles viennent décrocher le cadre pour le regarder de plus prêt. il tremble un peu eliott, il se mord la lèvre inférieure. alors le regard glisse vers le musicien et à cet instant eliott, il a l’air si faible. si perdu. comme un animal sauvage.
“...c…c’est… c’est qui, lui ? pourquoi il y a…”
les trémolos dans la voix parce que c’est huit ans d’absence, huit ans de souvenirs, huit ans de serments partis en cendre. c’était plus facile avec celian et alysse, après la taule, parce qu’eliott s’y était préparé. mais là, ça revient comme une claque, les souvenirs de jeunesse, des soirées dans la fosse à feuler. et ça fait mal.
“...jayson ?”
il l’a dit. ce prénom maudit. et la honte le transperce parce qu’eliott il se souvient désormais. il avait une promesse à tenir.
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Lun 17 Avr - 22:40
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les lèvres se plissent en une ligne mince tandis qu’il lui fait les gros yeux. non, décidément son voisin devait être allergique à tout ce qui touche de près ou de loin aux rires et à l’art de s’amuser. le carcajou se fait la réflexion qu’il est sûrement du genre un peu coincé, se garde bien de garder ses pensées pour lui seul. le pauvre risque d’avoir des rides avant l’âge s’il continue de le dévisager ainsi, mieux ne vaut pas en rajouter.
« mec, j’plaisantais, c’est bon j’arrête. »
les bras croisés, le rictus qui pend toujours aux lèvres se brise pendant une fraction de secondes pour laisser sortir un soupir. mais il doute soudainement que le type l’ait entendu quand il le voit lever la tête pour jeter un regard derrière lui. c’est comme s’il n’était plus tout à fait là d’un coup tandis qu’il s’avance machinalement dans son appartement un peu en mode pilote automatique, peut-être bien inconscient qu’il vient de le bousculer inconscient ou carrément insouciant. le carcajou papillonne bêtement des yeux en le regardant faire.
« euh. fais comme chez toi, j’imagine? »
daiam ne fait rien pour l’en empêcher malgré sa surprise, curieux de savoir ce qu’il fout là avec son cadre dans les mains. daiam se dit que ce n’est pas la mer à boire de toute manière, qu’un presque inconnu se glisse chez lui. il n’y a rien à voler chez lui, sauf peut-être sa batterie, trop grosse pour qu’on s’en empare de manière discrète, ou encore le paquet de clopes qui traine sur le vieux sofa d’un bleu défraîchi. et de toute façon… ..qui n’est jamais entré par effraction chez quelqu’un d’autre?
les baguettes viennent se planter dans son chignon, carcajou demeure un peu interdit, incertain de savoir quoi faire dans ce genre de situation. son voisin a l’air perdu, il porte dans son regard le même égarement qu’ont les animaux un peu farouches, ceux qu’on a du mal à apprivoiser. ça lui rappelle kaien un peu, en moins agressif peut-être.
« ..ouais, lui c’est jayson, t’as vu juste. c’est mon père. » daiam marque une pause l’instant de quelques secondes, à l’affût d’une quelconque réaction de sa part « m’enfin, pas.. pas littéralement, j’veux dire. mais un peu comme ci, tu vois le genre… »
les yeux plissés dans une expression de douceur quand il repense à jayson, à ashe, la voix n’a plus rien de celle dans laquelle il a prononcé railleries et boutades précédemment.
« tout… tout va bien? t’as pas l’air d’aller bien… tu peux t’asseoir, si tu veux, si t’en as besoin. tu veux un verre d’eau, peut-être…?»
car si daiam n’a aucun lien de sang avec jayson faut croire qu’il a tout de même hérité de sa bienveillance.
eliott cligne des yeux, un peu décontenancé. il a la sensation de revoir un fantôme vieux d’une dizaine d’années. combien de temps est-ce que ça fait ? c’était le soir de son vingtième anniversaire. il était reparti le coeur à vif, un livre, du chocolat et d’autres cadeaux dans les bras en pestant devant cet élan de bienveillance et d’affection que le garçon n’avait jamais vraiment connu. jayson. jayson wymer. un des nombreux visages qu’il avait préféré oublier pendant son ascension, avant que tout ne parte en fumée.
son père ? eliott grimace, un peu interdit, toujours sous le choc. il se met à réfléchir vite, à puiser dans sa mémoire pour se souvenir. jayson, il lui avait dit qu’il avait un fils. ça l’avait enervé car il l’avait vu se lamenter, abandonner. mais le rejeton en question devant à voir à peine dix ans, à l’époque. ça ne pouvait donc pas être son satané voisin. ah, il comprend derrière. une adoption, une prise sous son aile. ça ressemblait bien au clebs.
“ah. euh… ouais.”
pour une fois que le grand eliott fauvel ne sait pas quoi dire. c’est qu’il se sent mal, pris de vertige. tout lui revient dans la gueule comme une violente claque. il a des sueurs froides, le cœur qui bat à la chamade. c’est comme voir un mort revenir huit ans plus tard. alors il se laisse faire, avance dans le couloir pour tomber sur le salon et se laisser tomber en silence sur le divan. eliott recroquevillé, les coudes sur ses cuisses et les mains qui tiennent sa tête.
bordel de merde.
il se redresse quand son voisin le rejoint. ça fait combien de temps qu’il habite là ? ilen sait rien, il a dû le croiser deux ou trois fois. c’est qu’eliott, entre ses horaires bien précises et sa mauvaise manie d'être toujours en vadrouille, il n’a jamais pris le temps de s’intégrer au voisinage. il n’en a jamais vraiment eu l’envie.
“t’as jamais mis ton nom sur la boite au lettre en bas, non ?”
sinon, il est sûr qu’il aurait remarqué ce putain de nom de famille qui revient le hanté. il avale amèrement son verre d’eau, ça lui permet de se calmer et de retrouver les pieds sur terre. il remercie son voisin d’un signe de tête avant de contempler ses pieds.
“désolé, tu dois rien comprendre… wymer, je le connais depuis… depuis un bail.” l’infirmier, le sauveur de brise-coeur, le vieux, le sale clebs. “...mais ça va faire huit ans.”
huit ans d’absence. finalement le silence se brise. c’est vrai qu’il a l’air con, eliott d’un coup. il le savait pourtant. il s’est sentie aussi stupide face à celian, puis face à alysse. face à tous ceux qu’il a lâché comme un malpropre et qui l’ont cru mort. et il en restait un. il restait jayson.
“je… comment il va ?”
est-ce que lui, il a tenu ses promesses ?
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Mar 25 Avr - 2:32
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les bras croisés carcajou immobile pour une fois se sent presque mal pour cet homme dont il ne connait rien lui qui était si insolent quelques minutes plus tôt à peine ne demeure plus rien de cette fierté à présent, celle-ci troquée contre une allure qu’il qualifierait presque de fragile.
doucement il vient refermer la porte derrière d’un geste lent comme s’il craignait de l’arracher à ses pensées le déstabiliser plus qu’il ne l’est déjà.
les mains piochent dans l’armoire pour récupérer un verre à la mention du vide là où devrait être son nom sur la boîte aux lettres carcajou lui offre un haussement d’épaules nonchalant, évasif en guise de réponse son nom y a déjà été, oui mais le temps a effacé les mots et ça lui va très bien comme ça, à daiam d’être ce petit fantôme de passage absent de la mémoire de tous qui aimerait bien continuer d’exister en passant sous les radars en paix son identité effacée, emportée avec les mots envolés de cette foutue boîte aux lettres.
iel lui tend le verre, le regard cloué sur son étrange voisin pendant quelques secondes avant de s’en détacher pour venir se pencher ramasser le carton de cigarettes à ses côtés avant de finalement s’asseoir à son tour, à l’autre extrémité histoire de ne pas pénétrer dans sa bulle, lui laisser un peu de cet espace dont il semble tant avoir besoin pour mieux respirer (mieux digérer l’information?)
« il va bien. il a vécu des hauts, des bas… mais il va mieux maintenant. du moins c’est ce que je pense… »
doucement il hoche la tête comme pour confirmer ses propos, se rassurer, s’affirmer à lui-même que tout va bien. jayson, il en a vécu des choses, ces dernières années il y a eu l’ombre d’agnès qui a toujours semblé plané au-dessus de lui il fut un temps, les fenêtres brisées le café saccagé. mais de nos jours daiam il se plait à croire que l’influence d’agnès s’est peut-être enfin estompée au fil des années suffit de voir à quel point le sourire de jayson est radieux aujourd’hui plus qu’autrefois.
les yeux retournent s’accrocher à lui un moment, sur cette silhouette recroquevillée sur elle-même un fantôme vieux de huit ans dans la vie de jayson.
« eliott fauvel. »
dans ses souvenirs un nom émerge un qu’il n’a pas connu personnellement une histoire racontée de la bouche d’un autre celle d’un garçon traînant dans les tréfonds de la fosse qui il y a de ça une dizaine d’années, s’en est allé sans jamais plus donner de nouvelles, disparu de la surface de la terre dont l’épilogue se conclue avec un chien dévasté qui l’a cru peut-être mort.
eliott. ça fait du sens, ça lui dit quelque chose. ce nom il l’a entendu circuler dans l’immeuble une ou deux fois peut-être.
« jayson a cru que t’étais peut-être mort. »
la langue comme une guillotine les mots tranchants le regard un peu sévère quand il les prononce daiam se souvient du visage triste de jayson quand il lui a parlé de ce gamin qu’il a un jour connu carcajou redirige son attention vers le carton de cigarettes duquel il en extirpe une dose de poison, la place entre ses lèvres après un dernier soupir, cherchant du regard son briquet qui est-il pour juger? lui qui a tout plaqué de sa vie d’avant tout pareil tout comme lui qui est disparu un beau jour de la vie de tous ceux qu’il a un jour aimés.
il reste un instant dans le silence, le dos courbé, les mains croisés autour d’un verre d’eau à la saveur amer. jayson. jayson wymer. eliott vient de se prendre une claque de huit ans dans la gueule. et putain, que ça fait mal.
il va bien. les mots restent gravés dans le blanc de son esprit. jayson va bien. il s’en est sorti. c’est la seule chose à laquelle eliott arrive à se raccrocher dans le maelstrom de ses souvenirs. et si la tête fusent de milles interrogations, de doutes, de colère, de culpabilité… lui reste étrangement silencieux. après tout, qu’est-ce qu’il y a vraiment à dire ?
le félin tressaille lorsqu’il entend son nom et son prénom. il relève l a tête vers son voisin et plisse les yeux d’un air indéchiffrable.
“ouais, c’est moi.”
comme un ton las parce que pour une fois eliott ne contrôle pas la perception que se font les gens de lui. eliott ne contrôle pas l’image qu’il revoit. il se retrouve l’âme démunie avec pour seul option l’honnêteté et l’espoir d’être pardonné. et ça, ça fait mal, à l’égo.
le remarque est assassine mais eliott ne bronche pas. il s’en doutait bien. tout le monde l’a cru mort: sa mère, celian, alysse, fidji, micheletto. il n’y a bien qu’harmonie qui ne l’a même pas remarqué. mais après tout, ça a toujours ressembler à eliott de disparaître du jour au lendemain sans donner de nouvelles. et puis, peut-être aurait-il préféré, être mort.
“j’imagine.” pour ne pas dire: comme tout le monde. “qu’est-ce que qu’il t’a dit sur moi ?”
il ne sait même pas eliott. c’est tellement loin. et à l’époque où il n’était qu’un gamin arrogant, il se foutait bien de ce que jayson pouvait bien penser de lui. imperméable à l’affection du chien, eliott devait probablement croire que jayson ne l’appréciait pas tant que ça.
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Jeu 11 Mai - 20:10
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accoudé sur le sofa, ses yeux refusent de quitter la silhouette à ses côtés, comme s’il cherchait le mot exact à coller à ses moindres faits et gestes ce sentiment qu’il semble reconnaître pour l’avoir souvent ressenti lui aussi. replié sur lui-même, les paumes couvrant son visage, érigées comme une barrière. serait-ce de la honte que voilà?
« que t’étais un gamin qui n’avait pas froid aux yeux, un peu dur dans ses regards ou ses gestes, mais qui n’avait pas mauvais fond. que t’essayais seulement de t’en sortir dans un monde loin d’être facile. »
la tête roule légèrement sur le côté, soudainement occupé à le détailler. daiam il veut bien le croire, jayson, maintenant qu’il a le spécimen en question sous ses yeux. s’il a eu le culot d’entrer chez un inconnu, de critiquer sa musique alors c’est que ce eliott ne manque pas d’audace pour sûr.
« il a aussi dit qu’il s’en voulait de pas avoir réussi à en faire plus pour toi… »
la voix réduite à un murmure, presque triste en se remémorant des mots du chien jayson a toujours eu le coeur sur la patte que ce soit avec lui avec eliott avec les gens comme eux ceux qui ont besoin qu’on leur tende la main. la différence entre ellui et son voisin, c’est que daiam lui, n’a pas hésité à la prendre, cette seconde chance à la vie.
« …t’as honte? d’être parti sans rien dire? »
carcajou lui glisse un regard curieux, avant que sa main ne coule jusqu’à sa poche lorsqu’il se rappelle où avoir mis son briquet. vu son attitude précédente, il se doute que ça doit être dur d’entendre de tels mots sans être préparé à vivre telle situation de si bon matin.
« j’te juge pas. je t’assure. je suis mal placé pour te faire le moindre reproche. » iel appuie une fois, deux sur la touche du briquet, et une flamme ne tarde pas à prendre vie, embraser le mégot. « j’ai fait pareil. j’ai tout plaqué, sans rien dire à personne. pas huit, mais douze ans pour ma part. je crois que je peux comprendre, un peu, peut-être… être confronté à son passé si soudainement… y’a de quoi se remettre en question. voir, se sentir con. »
daiam grimace, lui tend le paquet de clopes, visiblement peu perturbé par le fait de fumer à l’intérieur ou encore à l’idée de déranger le voisin. ce n’est ni prudent, ni malin, mais daiam n’est ni l’un ni l’autre de toute manière. la fenêtre est ouverte, ça suffira à aérer les lieux. dans le pire des cas, l’alarme d’incendie résonnera encore par sa faute. rien de grave.
« ça me regarde pas, ce qui s’est passé, ce qui t’a poussé à partir comme ça. on a tous nos raisons d’agir comme on le fait. que ce soit par égoïsme, ou stupidité, peut-être. » haussement d’épaules las. quand on est jeunes, on fait souvent des erreurs. c’est la vie, c’est ainsi. parfois on regrette, d’autres fois, non. « mais… »
daiam n’en connaît pas les raisons, mais fuir ah, ça ça il connaît. mais en repensant à jayson, à cette tristesse qui se dégageait de lui chaque fois qu’il lui parlait du chat, ça le remue un peu à l’intérieur. lui quand il est parti, est-ce que ses parents se sont inquiétés? est-ce que ses adelphes l’ont cherché?
« mais… je pense que tu lui ferais énormément plaisir, si tu passais le voir. personnellement je crois que ça apaiserait sa conscience aussi, de savoir que t’es toujours en vie, qu’il a rien à se reprocher… j’peux pas te forcer à le faire, mais je peux toujours te noter l’adresse si jamais tu le voulais… »
le regard perdu dans le vague distant, en plein voyage au coeur de ses souvenirs. et sa famille à lui est-ce qu’il lui en voudrait ou seraient-ils soulagés de le revoir? un peu comme il s’imagine le visage de jayson s’illuminer s’il voyait eliott franchir le pas de la porte en vie.