hey brother, for you theres nothing in this world i wouldn't do
(10 octobre 2098 x le palais des rois)

eliott, il suffit d’un mot. eliott, il suffit d’un ordre.
et il accourt, eliott. il plaque tout, annonce à son patron qu’il prend sa soirée. tant pis pour le salaire, il y a plus important. alors il récupère son manteau au vestiaire et il se casse du renard rouge.
parce qu’il suffit que tu demandes, celian, pour qu’eliott apparaisse.
et tu seras bien le seul, avec alysse, pour qui il fera toujours le déplacement.

il a rien demandé, eliott. pas de pourquoi, pas de qu’est-ce qu’il se passe. il a pas besoin pour savoir, pour ressentir, que le corbeau à besoin de lui, tout en haut de son arbre. alors il ne demande pas de détails, répond sobrement qu’il arrive. les questions, ça peut attendre, ça peut venir plus tard. il sait que ça viendra, eliott, il sait qu’il finira par savoir.
mais chaque chose en son temps.
alors le voilà au pied du palais des roi. ça fait trois ans que celian trône tout en haut de cette tour qui sent le luxe, l’alcool et le caviar. et quand le domestique vient le chercher, eliott, il n’arrive toujours pas à s’y habituer. eliott, il préfère la simplicité que le succès.
mais si ça convient à celian, alors il n’y a que ça qui compte. de toute façon, il sera toujours là pour le faire redescendre sur terre et l’empêcher de brûler ses ailes.

et le voilà au balcon, le dos de celian en face de lui qui semble contempler la ville, comme un roi devant son empire. il se demande si on peut voir le shop d’alysse, d’ici. et celian se tourne doucement pour accueillir eliott. et le roi semble bien fatigué.

alors eliott soupire, ne brise pas le silence. se contente d’avancer et d’ouvrir ses bras pour prendre celian dans les siens. il est un peu plus grand, celian. ça fait bien six ans qu’il a complètement dépassé eliott. lui qui a dix-neuf ans, se vantait d’être le plus grand des trois, ça n’a pas duré longtemps.
mais ça ne l’empêche en rien de l’étreindre comme un grand frère. une tape dans le dos, doucement, pour lui dire qu’il est là. pour lui dire qu’il ne le lâchera pas.

“faut arrêter de te mettre des mines et dormir la nuit, stupide corbeau.”

il n’est pas très doué pour les remontrances, eliott. préfère le sarcasme aux émotions et le cynisme à la compassion. mais il s'inquiète de voir celian aussi épuisé. d’habitude, c’est eliott qui a les cernes creusées, pas lui. il le regarde un peu, la moue triste. lui non plus n’est pas à l’aise. et s’il devine la honte qui ronge le coeur de celian, la honte des sms envoyés torchés, la honte du secret caché… eliott aussi, à un peu honte.
honte d’avoir mal réagi, mercredi. honte d’avoir été ivre, lui aussi. honte d’avoir eu peur.

“je suis désolé pour les messages de la dernière fois. j’avais bu aussi et j’ai réagis à chaud. je ne voulais pas te blesser, j’espère que ce n’est pas le cas. et que le réveil n’a pas été trop difficile.”

c’est rare qu’eliott s’excuse.
c’est rare qu’eliott s’excuse en premier.
c’est même miraculeux.

“j’y ai réfléchi et… je suis content pour toi.”

nouvelle tape dans le dos, amicale, avant de venir se poser contre le rebord du balcon. eliott, ça le fait quand même un peu chier. parce qu’eliott, il n’a jamais eu de père. parce qu’eliott, cen’est pas la première fois qu’une personne chère débarque à nouveau dans sa vie, un gamin dans les pates. il pense à l'harmonie, il pense à sa mère. les deux encore plus jeunes que celian quand un garçon à débarqué dans la vie.
eliott au fond de lui, il est persuadé que c’est un peu de sa faute. que c’est à cause de lui, de sa naissance, que sa mère à eu la vie qu’elle a eu. alors c’est pour ça qu’il a couru après l’argent, comme pour chercher à se racheter. eliott, il se sent un peu coupable de la misère des orphelins. de ceux qui n’ont pas eu la chance, de ceux qui sont venus trop tôt. eliott, il a du mal avec la paternité.
alors il a eu peur.
pour celian.
pour son gamin.
pour lui.

“allez, raconte moi.”

eliott l’égoïste, jamais trop longtemps quand il est avec eux.
quand il est avec lui.
alors il sourit.

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(10 octobre 2098 x le palais des rois)

c’est égoïste mais ça soulage. les épaules se détendent et l’anxiété redescend. la culpabilité reste là, sournoise, cachée. sur ça il n’y a rien à faire, eliott se sent toujours un peu coupable. mais au moins, les messages envoyés ont moins de chance de blesser une fois supprimés. alors tant mieux comme ça. c’est lâche mais ça lui va bien.

“tant mieux, je suppose.”

sans grande conviction non plus. c’est qu’il s’en veut un peu. est-ce que si les messages du corbeau était tombés un autre jour, un autre soir, ça se serait passé comme ça ? probablement. mais à la place des sms à moitié torchés et du regard incrédule de la dragonne à ses côtés, le chat aurait traversé l’île pour attraper celian par le col et lui en mettre une. alors finalement, quelques mots acerbes aux détours de deux ou trois sms, ce n’est pas si mal. pauvre eliott. l’âme qui frémis de peur face au lieu de parenté, face au mystère de la paternité.

“putain.”

quatre ans. celian en a vingt-sept. et ça le rend malade, eliott, de voir qu'à la naissance de son fils, le corbeau avait le même âge que tous les autres. maman, jayson, harmonie. les visages qui défilent tous dans son esprit. mais devant la mine fatigué de son ami et les lames qui perlent doucement sur ses joues meurtris, eliott prend sur lui.

“ouais, je sais... ”

il soupire, prend le temps de réfléchir. le félin n’a jamais été très bon pour réconforter, et dans un sujet aussi épineux que celui-là, il n’est pas sûr de faire le poids. mais il veut bien essayer.

“bon, celian. je suis pas le mieux placé pour te donner des conseils, mais je peux au moins être honnête avec toi. alors deux choses: premièrement, je te jure que la contraception c’est pas pour les chiens. c’est quand même dingue de devoir le rappeler en 2098. donc maintenant tu me jures que tu seras prudent et que tu feras pas n’importe quoi avec ta queue, ok ? et j’parles même pas d’faire un gamin à quelqu’un ou pas. juste protège-toi, parce que y’a pas que ça.”

ça l’rend fou, eliott, de s’imaginer alysse et celian malades à tout jamais à cause d’une protection oubliée. si ça leur arrive, eliott ne se le pardonnera jamais. et eliott, gamin des quartiers défavorisés, de ceux qui n’ont que les vices pour oublier, il sait à quel point c’est un fléau terrible. ça en a emporté plus d’un, autour de lui. et chaque jour, eliott, il a peur de perdre sa génératrice de la même manière.

“concernant le reste…” le reste s’appelle camillo. “celian, je suis sûr que tu feras un bon père.”

eliott est sincère. si celian tourne la tête, il pourra découvrir que le félin lui sourit doucement. il pourra découvrir les traits doux et bienveillants d’eliott qu’on ne voit jamais, ceux-là inondés des rayons de la lune qui vient pointer le bout de son nez.

“je vais rester poli par respect pour ton fils, mais cette… hm… yara, elle n’a aucun droit de te l’enlever. t’es son père. et t’as envie de l’être. c’est tout ce qui compte. je ne dis pas que ça sera facile parce que ça ne le sera pas. et il faut que tu ais conscience que ce gamin à grandit quatre ans comme ça, et qu’il va te falloir batailler et s’armer de patience pour te faire une place dans sa vie.”

la main plonge dans le manteau, il est temps de s’allumer une clope pour se détendre. il en propose une a celian, silencieusement.

“t’as réussi à le faire avec d’autres, alors je n’ai aucun doute en ta capacité à l’apprivoiser et à te faire aimer.” et quand il dit autre, il parle de lui. “on est trois clampins sans figure paternelle, et on sait à quel point ça peut être important… alors je te jure qu’avec alysse, on sera là si t’as besoin.”

l’un disparu, emporté par les vagues de son désir de liberté. les deux autres jamais mentionnés. celian, alysse et eliott. trois gamins dépourvus de ce qu’on appelle un père.
alors il comprend, eliott. il comprend que le jeu en vaut la chandelle et il sait à quel point celian veut bien faire. alors il promet en silence, recrachant une bouffée de fumée, qu’il le soutiendra à tout jamais.

“soit juste patient, ok ? ait confiance en toi. nous on a confiance en toi. t’as toujours réussi à t’en sortir.”

et voilà, c’est tout ce qu’il est capable de lui dire. c’est une maigre consolation mais au moins, eliott n’a jamais été aussi sincère. alors doucement, il vient passer ton bras autour de la nuque de celian pour le ramener contre lui. le corbeau le dépasse de quelques centimètres alors de sa main, il vient pencher sa tête pour le forcer à être à sa hauteur, sa ête qui vient se poser contre l’épaule d’eliott.

“t’as le droit de prendre une pause et de souffler un peu.”

alors souffle, celian.
les amis c’est fait pour ça.

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(10 octobre 2098 x le palais des rois)

et celian éclate de rire, laissant eliott un peu confus. le chat fronce les sourcils, un peu vexé que sa tirade sérieuse soit accueilli d’un rire. mais les yeux s'écarquillent devant les propos peut-être un peu trop brutes du corbeau. il le sait, eliott, que celian n’est pas un sain. qu’entre eux trois, c’est probablement celui qui a le plus profité de la vie.
et il se souvient, eliott. des ragots ivres dans son appartement. celian qui racontent ses aventures et alysse qui chouine d’avoir coucher avec un milicien. eliott au milieu de tout ce chaos, dubitatif et saoulé sans que ce ne soit l’alcool ingurgité.
alors il lève les bras comme un homme innocent, l’air de dire je te crois et de calmer le jeu. il se contentera de ça.

“d’accord, d’accord. je te crois monsieur le maître des fêtes. néanmoins une piqûre de rappel ne fait jamais de mal. et deux protections valent mieux qu’une, ok ?”

ça évitera les coups de malchance d’un préservatif qui cède ou d’un oublie trop ivre. eliott n’est pas un sain, c’est même tout l’inverse. il a la morale égoïste et les envies égocentriques. mais avec les filles, c’est peut-être le seul domaine où il est irréprochable.

celian semble se détendre un peu. les remerciements qui s’échappent pour rejoindre les étoiles. les yeux d’eliott se plissent et le sourire devient bienveillant. il ne répondra rien, se contentera d’observer celian d’un regard réconfortant. comme un grand frère qui surveille ses arrières.

“ouais…”

il soupire à son tour. le temps passe vite, c’est vrai. eliott qui approche les vingt-huit années, l’hiver qui arrive et la prison qui commence à être bien loin.

“c’est qu’on en a fait du chemin. alysse, toi et moi.”

quand il est sur cette terrasse avec babel qui s’étend à perte de vue, il s’en rend sacrément compte. ils sont partis de rien, alysse celian et eliott. l’une fuguant de chez sa tortionnaire de mère, l’autre bâtard et les chaussures pleine de terre, le dernier dans la fosse à mordre la poussière.
et maintenant ?

“on peut être fier de nous…”

nouvelle tape dans le dos alors que le sourire revient. il ne l’est que rarement, eliott, fier de lui. mais aux côtés d’alysse et celian, ça lui donne du courage.

et puis les corps se décollent et eliott tourne la tête vers son frère, l’air interdit. les yeux grands ouverts de surprise et les phrases qui tournent en bouclent dans son esprit.

“pardon ?” il s’étrangle. “t’es sérieux ?”

il n’y croit pas, eliott, mais face au regard un peu trop déterminé de celian face à lui, il déglutit et se concentre. eliott, il lui dira oui, mille fois oui.

“je suis un ex-taulard, un escroc… ton casino c’est super important, plus que moi… t’es sûr de toi là ?”

eliott, il n’a pas confiance en lui. pas comme ça, pas après avoir fait six mois de taule. pas après les avoir déçus.
eliott, il a trop peur de tout faire foirer.
encore et encore.
et eliott, il s’en voudrait à en crever si,  à cause de lui, le nom de dressdell est sali.

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(10 octobre 2098 x le palais des rois)

ça lui fait toujours étrange que quelqu’un l’appelle “frangin”. eliott fils unique, eliott qui a grandit seul, eliott sans personne. même les gamins et les gamines avec qui il jouait petit ne sont pas restés dans sa vie. même elle, même lui; même timothée et jayson, ceux qui le connaissent depuis plus longtemps encore que le corbeau et le dragon, voilà quoi ? quatre ans, cinq ans ? qu’il ne les as pas vu ?
sûrement.
pour eliott, un lien pareil, une amitié comme ça, ça n’existe pas. on finit toujours par l'abandonner, comme harmonie, ou lui finit toujours par partir pour que ce ne soit pas à lui de souffrir. le mauvais rôle, eliott, il le prendra mille fois si c’est plus facile comme ça.
alors le coeur se serre un peu quand celian l’appelle son frère, quand alysse lui tape dans le dos et lui dit qu’elle l’aime.

avant, il aurait fuit. il n’aurait rien répondu, aurait baissé la tête en enfilé sa capuche et aura disparu dans la nuit. mais alysse et celian, c’est différent. pour alysse et celian, il veut bien essayer. il veut bien tenter de rester.

“merci, celian. toi non plus t’es pas mal comme abruti… frangin.”

c’est pas facile à dire de vive voix, à dire le visage face à face. même par sms il a encore du mal. mais il a compris que ces moments étaient précieux et que tout pourrait s’effondrer du jour au lendemain. une disparition (harmonie), les menottes aux poignets (lui), la mort qui nous guette (tant d’autres). alors c’est peut-être la dernière fois qu’il aura l’occasion.

et puis celian qu’il traitait d’abruti il y a un instant commence un argument pertinent. si dans d’autres circonstances, eliott se serait moqué de cet élan soudain de sagacité, ce soir il se contente de baisser la tête. parce que c’est comme un sermon de la bouche du corbeau. de tels antécédents, ça fait un peu mal à entendre. ça rappelle les regrets et la culpabilité. la honte d’avoir déçu ceux qu’il aime.
mais eliott l’a toujours dis.
le mauvais rôle, ça ne le dérange pas tellement.

“j’sais bien…”

comme un gamin qui se fait sermoner. peut-être qu’enfant, c’est ça qui lui manquait ? une figure pour lui dire non, pour lui dire stop, pour le ramener à la réalité.
et puis, les reproches cessent pour une main tendue, une lumière étrange et l’incrédulité qui perle dans les yeux gris du félin.

“oh.”

oui, oh. c’est tout ce qu’il trouve à dire pour le moment, le temps d’encaisser la nouvelle. personne d’autre que toi. lui, eliott fauvel. eliott aux arnaques trop longues, à la morale grise et au casier un peu rempli.
il prend la peine de réfléchir, eliott. toise celian, yeux dans les yeux, pour le jauger. mais dans le regard du corbeau, eliott n’a pas besoin de s’attarder pour voir que ce dernier est convaincu et qu’un “non” ne lui conviendra pas.

“écoute, celian.” parce que la conversation devient tout à coup trop sérieuse et qu’eliott veut être à la hauteur. “comme tu dis, j’ai un passif franchement pas exceptionnel. mais on va pas se mentir, toi comme moi on sait que les hautes sphères ont probablement plus de sang sur les mains que moi. concrètement, si t’embauche le premier manager que tu croises de la maison des roses et de l’ombre, ou de n’importe quelle autre maison d’ailleurs, je suis prêt à parier qu’il a dû bouffer les autres pour en arriver jusque là.”

il souffle du nez. le regard tout à coup un peu méprisant, parce qu’il arrive de moins en moins à masquer l’animosité qu’il éprouve pour ces gens là.

“l’argent régit le monde, et ces gens là feraient tout pour un gros chèque de lenss.”

il le sait, il était pareil avant. attirer par les gros billets et l’envie d’étendre son influence, de gagner à tout prix face aux autres.

“donc objectivement, ça me semble pas déconnant que tu proposes à un brigand comme moi de s’occuper de ces affaires là.  comme tu dis, j’ai bossé plus de deux ans à l’hôtel beauregard et, je vais être honnête… mais infiltrer des grandes compagnies et les gérer de l’intérieur, certes pour mon profit, j’en suis capable.” il hausse les épaules. “donc je sais aussi ce qu’il ne faut pas faire pour que ton casino se porte bien.”

pour quelqu’un qui doutait de lui, l’argumentaire semble bien mal parti puisqu’il ajoute des arguments en faveur de celian.

“mais…”

parce qu’il y toujours un mais.

“putain je veux pas te décevoir, tu comprends ? je peux pas te dire non et franchement… j’en peux plus de ce taff de barman de merde. ça m’épanouie pas des masses. c’était cool au début, j’avais un taff et j’pouvais vivre, mais là ça va faire un an que je sers des bières à des ivrognes et que je nettoye les assiettes. ça me fatigue.”

il l’a dit à alysse, deux jours avant, mais pas encore à celian.
eliott baisse la tête encore, comme un enfant qui aurait honte de réclamer. honte de recevoir un présent.

“alors en vrai… ta proposition…” sourire timide. est-ce qu’on l’a déjà vu comme ça ? “elle tombe plutôt bien, tu vois ?”

il relève la tête, plante ses yeux dans les siens. eliott, il s'arrête à être sincère. parce que c’est pas une décision à prendre à la légère.

“je veux juste être sûr que t’es certain de ce que tu t’apprêtes à faire. si oui, tu auras mon temps, mon cerveau et mon coeur à ta disposition.”

le regard bien droit, le visage neutre mais les yeux qui brillent.
eliott, il ne ment pas.
pour celian, il est prêt à brûler le monde.

hey brother, for you theres nothing in this world i wouldn't do
(10 octobre 2098 x le palais des rois)

le cœur qui s’ouvre devant celian, les angoisses et les doutes sont présents. parce qu’on joue avec les gens, on joue avec l’argent, mais on ne joue pas avec les sentiments. et ceux qu’il éprouve pour le maître des fêtes sont bien trop importants pour qu’eliott puisse se permettre de briser un serment. celui de se dévouer coeur, corps et âme pour celui qui met de la lumière dans sa vie bien terne.

“bon…” il soupire et hoche la tête d’un air faussement résigné. il l’avait compris bien vite à la lueur du regard de celian. “si t’es sûr de toi, je suppose que je suis bien mal placé pour te faire changer d’avis.”

eliott finit par lui adresser un sourire à peu près sincère, lui tendant la poing comme pour l’inviter à y frapper le sien. si dans les affaires c’est plutôt les mains que l’on serre, le chat n’a pas envie de s'embarrasser de telles commodités avec son frère.

“laisse-moi quelques jours pour réfléchir et faire le point, ok ? c’est pas le genre de décision à prendre à la légère, et je parle plus pour toi que pour moi.”

parce qu’eliott, il sait. il sait qu’il le suivra au bout du monde les yeux fermés. mais il préfère lui laisser du temps, leur laisser du temps. il n’est pas sûre que ce genre de décision soient bonnes à scellé au sommet d’un palais juste après avoir appris que celian était père d’un gamin de quatre ans.

“j’vais voir pour mettre fin à mon contrat au renard rouge. puis ptet me prendre un appart à ithloreas, si je dois être sur place. j’pense garder celui à brise-coeur, je l’aime bien au fond.”

il en parle pour en parler, mais se trouver un endroit où crécher  au bord de la mer ne devrait pas poser beaucoup de problème. eliott à assez de lenss de côté, et de toute façon, cela fait des années que ça n’a pas manqué, même en frôlant l’illégalité.

“faudra prévenir alysse quand tout sera officiel, sinon elle va râler.” il rit doucement. “en tout cas, merci celian. et t’sais, pour le casino, pour camillo ou pour toi… on est là hein.”

la frappe dans le dos qui revient, une fois, deux fois. parce que les étreintes au fond, il n’aime pas ça. alors une fois ce soir ça suffira. les bras viennent de nouveau se retourner vers la rambarde du balcon et les yeux se perdre à l’horizon. la nuit est tombé sur babel et les étoiles qui brillent dans le ciel n’ont rien à envier aux néons incandescents de la ville la plus agitée de l’île.
ce soir, le coucher de soleil avait une drôle de saveur.
celui d’un avenir qui, pour une fois, ne fait pas peur.