haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Hélias » Ce soir j'suis pas là, j'suis partie j'me balade et j'ai froid + TERMINÉ - Page 2



 
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Hélias » Ce soir j'suis pas là, j'suis partie j'me balade et j'ai froid + TERMINÉ
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Dim 31 Juil - 6:20


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Jules ne veut pas de la pitié et des sermons, pas des promesses faites aux petits doigts et liées sur le bout de la langue des mots mâchés et jurés.
Jules ne veut pas de la pitié d'Hélias ni de Dyomyre, ni de Venette et encore moins de Maurillon.
Jules il veut que le monde comprenne sa souffrance et ses angoisses, celles d'un jour ne jamais se réveillé, n'avoir personne pour le pleurer de là où il est.
Les bronches s'amenuisent à force d'évacuer l'air, il a le souffle qui se tord et les paupières fébriles. Ça fait tordre les expressions du visage dans les souffrances terribles de ne jamais pouvoir aller mieux, de ne jamais pouvoir se plaindre sans qu'on ne l'arrête et qu'on mâche les mots tu ne devrais pas te plaindre mon chéri, pas de la sorte, tu as ton traitement et des amis, tu devrais t'estimer heureux.
Et quand il y pense Jules, ça brûle dans la poitrine, ça rompt les liens encore un peu intacts qu'il entretient avec la génitrice.
Alors maladroitement Jules est venu se plaindre à Hélias, maladroitement il a renversé les psaumes d'une tragédie inévitable.
Parce que les tragédies sont toujours chagrinantes, elles abîment les carcasses malgré les avertissements du début à la première page. Pitié Hélias ferme là. Tu parles d'un sujet que tu ne comprends même pas. Tu ne sais rien, de ma vie. Tu ne sais rien, de ce que je traverse. Tout le temps.
Jules à la voix basse et les émois fiévreux, il laisse les doigts arrangé le col de la chemise trop large et à la fois trop courte sur le ventre, renifle et baisse le visage pour ne plus avoir à affronter le regard cruel d'Hélias.
Jules est un lâche, Jules n'a jamais eu le courage de faire les choses comme il aurait du les faire.
Les changements sont brutaux, d'abord celui qui mettait un mot sur les problèmes dans la tête n'est plus, Jules est aujourd'hui avec une femme qui ne lui inspire ni confiance ni envie de s'ouvrir puis il y a eu Dyomyre et les sentiments effacées comme les vieilles typographies au stylo.
Alors Jules est un peu perdu, Jules est complètement amer et a l'impression qu'il ne pourra jamais vraiment s'en remettre. J'ai jamais dit le contraire.
Le silicium dans les yeux, ça ne pétillent plus comme lors des journées au bord du lac, ça ne vibrent plus comme les mains qu'on tient en ronde pour attraper les plus petits à l'intérieur.

Loin de contesté l'aptitude d'Hélias à être père, Jules lui reproche simplement le manque d'empathie et il en a tous les droits.
Il y a a colère encore sur le visage malgré les messes-basses et les épaules affaissées, Hélias bouscule et embrase un peu plus les enfers, prononce les mots infectes aux oreilles du Palatine.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les rangées droites de dents s'alignent pour serrer fermement l'étau de chair et d'os, ne supporte plus d'entendre les erreurs et les remords de ne jamais avoir prononcé les mots mielleux.
Jules dont les poings démangent, Jules dont les phalanges se plient afin de protéger la paume et le pouce par dessus ces dernières, il retient la colère comme on ne le lui a jamais appris et ravale tout le mépris et la fierté pour simplement fixer Hélias.
Ce dernier ne semble jamais avoir connu les péripéties des détresses, semble se porter le mieux du monde à pouvoir se pavaner d'avoir trouvé l'amour d'une vie et d'avoir de beaux enfants avec lui.
Hélias qui heurte et dont le sourire font remonter les relents dégueulasses des nausées, ça lui filerait la gerbe s'il n'avait pas rien dans le ventre que la bile et les glaires. Pourtant les dents finissent par se desserrer, les muscles du visage se détendent et Jules relâche l'étreinte des poings. Va te faire foutre, Hélias.
Le Palatine pivote sur les talons, prêt à dégager d'ici, à tout balancer et à continuer de se murger dans son lit et à prier les étoiles que tout s'arrête.
Pourtant Jules revient sur ses pas, attrape le col droit d'Hélias et le bouscule avec hargne, avec violence jusqu'à qu'il percute l'armoire scellée derrière-lui, là où on enferme les vêtements et les vieux souvenirs. T'es la seule personne que je déteste Hélias. Encore plus que mon putain de paternel. et la main relâche l'étreinte pour venir frapper la joue sans prière, recule vivement en l'agitant tout en grimaçant, jette finalement un œil sur les phalanges cramoisies par l'action. J'espère que...

Jules avale les perfides paroles, déglutit l'écume jusqu'à que la gorge soit complétement claire et il hausse finalement les épaules, renifle et soulève les prunelles jusqu'à Hélias, déjà prêt à sentir les os craquer et les muscles tirées pendant des jours.

Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Lun 1 Aoû - 6:50
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Hélias pince son nez, ferme un instant les yeux et réfléchit.
Jules n'a pas réellement tort lorsqu'il évoque l'incapacité d'Hélias à réconforter les autres, quoiqu'il s'est toujours trouvé doué lorsqu'il s'agissait d'endormir les petits après un cauchemar. Hélias ne manque pas d'empathie, pourtant, contrairement à ce que beaucoup disent, à ce que Jules dit.
En ce qui concerne ceux qui ne sont pas petits, pourtant, ceux qui sont censés avoir les ailes déployés et les épaules solides, Hélias avoue une difficulté au réconfort qu'il n'explique pas vraiment. Ce n'est pas faute pourtant de vouloir écouter le malheur de ses petits frères et de ses petites soeurs, ce n'est pas faute pourtant d'espérer parfois qu'il y en ait un qui vienne vers lui pour évoquer quelque chose qui a particulièrement touché, embêté, blessé. Ce n'est pas faute de vouloir ouvrir les bras, alors même qu'il semble les fermer, qu'il semble décourager quiconque de s'approcher pour un moment de sérénité et de tendresse.

Hélias a la carapace si dure, si impénétrable, qu'il ne sait même plus vraiment lui-même comment la retirer un instant. Et lorsque les yeux se rouvrent, que les yeux se posent sur le visage déconfit de Jules, les yeux au ciel et les lèvres à peine stables, Beaujardin ne sait pas quoi dire qui puisse être positif aux yeux de l'héritier Palatine.
Dans ces moments de doute et d'incompréhension, lorsque l'hésitation prend Hélias, il fait ce qu'il connaît le mieux. J'ai jamais prétendu connaître ce qu'il y avait là-dedans. Hélias tend l'index pour l'appuyer contre la tempe de Jules, la grimace qui déforme les yeux et crée des plis entre les sourcils. Je dis juste... Et c'est un fait... Que t'es son esclave, tu vois ? Ça décide pour toi... et toi tu te laisses faire. En d'autres circonstances, il aurait sans douté ajouté que c'est ce qui fait de Jules un faible . Pourtant, pour le moment, Hélias sent qu'il n'a pas besoin d'appuyer plus ; on ne pourrait pas être plus miséreux que Palatine en cet instant, et Beaujardin n'est pas non plus tout à fait sans cœur, pas pour ceux qu'il doit protéger en tout cas. Si tant est qu'il puisse jamais vraiment protéger Jules, lui dont les maux dépassent tout ce qu'Hélias peut imaginer et comprendre.

Dans le silence de la cave, les coeurs cognent contre les murs sans jamais se croiser, les yeux se baladent sans jamais se rencontrer et les carcasses se toisent sans jamais vraiment voir l'autre. Hélias, parfaitement immobile, en l'attente d'un mot, d'un mouvement autre que les veines qui ressortent un peu sous l'impulsion de la saillie que fait la pomme d'Adam sous la peau, que le poing qui se crispe pour se détendre, comme si même la colère était niée.
Les mots font sourire Beaujardin, la langue se coince sous les dents à nouveau, le visage exprime la négation ; pourtant c'est tout Jules. Le déni, la fuite, la cécité,
et c'est pour ça que t'es faible, Jules, mais on n'aurait pas idée de prononcer des mots pareils à celui qui doit gravir à nouveau la pente et, avec lui, emporter le rocher.

Palatine, quoique la phrase n'ait jamais quitté la gorge du blond, semble pourtant avoir senti les mots, comme si Hélias les avait pensé si fort qu'ils s'étaient installé dans la pièce pour narguer Jules, lui faire part de leur présence, en grosses lettres sur les murs en béton, en traits fluorescents qui abîment la rétine, énième provocation, énième clou qu'on enfonce pour sceller le cercueil.
Les doigts qui accrochent, poussent, cognent et font saigner la lèvre, Hélias s'y attendait autant qu'il ne s'y attendait pas. C'est la surprise qui le maintient statique un moment, à simplement fixer celui qu'il aurait pourtant bien traité de faiblard plus tard.
Hélias renifle, Hélias essuie le coin de sa lèvre, où l'hémoglobine s'est déjà accumulée, et se redresse correctement, arrange sa chemise que Jules a froissé. Tant que ça, vraiment ?
La main de Beaujardin empoigne les boucles brunes qu'il a trop souvent tenues entre ses  doigts de la même manière, pour extirper d'un placard dans lequel il se cachait, pour jeter hors de la maison lorsqu'il s'y glissait sans que personne ne sache comment,
pour jeter dans l'eau du lac, parfois, avec les petits frères qu'il y a déjà balancé, pour agiter les boucles en se levant de la longue table du jardin pour se rendre à la cuisine. T'espères quoi ? Que je crève ?

Hélias pourrait bien se plaindre, dire qu'il a bien essayé d'écouter Jules, pour une fois, de le faire parler, et quand bien même on lui expliquerait qu'il s'y prend mal, quand bien même on soupirerait, quand bien même on lui expliquerait qu'insulter les gens de faible n'est pas une invitation à se confier,
Hélias ne comprendrait pas vraiment. Le front s'appuie contre celui de Jules, les sourcils se froncent, la bouche se tord, la mâchoire se crispe tellement qu'il sent la crampe venir accompagnée la douleur du coup précédent. Bah vas-y, dis le. Porte tes couilles, pour une fois, non ? C'est pas plus compliqué que de me foutre un pain dans la gueule, pourtant. Qu'est-ce que t'as à lui dire, au mec qui est pire que ton paternel ?  
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Lun 1 Aoû - 7:44


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les chérubins par dessus les épaules s'affolent et retirent les flèches aux embouts vermeils des poitrails, on les réserve pour les amoureux et les flammes mystiques. Ça ne se gaspille pas pour les voisins qui heurtent les sensibilités, encore moins pour ceux qu'on méprise et qu'on veut voir ployer genou à terre.
Jules il a le dégoût sur le bout de la langue, les grimaces folles et les pleurs rauques. Les larmes gravent les joues au fer rouge du chagrin et de la nostalgie, celle des mains qu'on tient autour de la table Beaujardin avant les repas d'anniversaires, des bougies soufflées et des vœux qu'on jure comme des serments sacrés.
Hélias ne peut rien prétendre si ce n'est connaître la dureté des ricochets sous la mâchoire, des ecchymoses parmes et des échines blessées de la Milice, les disputes fraternelles puis les poignets qu'on enserre de jurons.
Hélias ne pourra jamais prétendre comprendre quoi que ce soit de la vie de Jules jusque dans sa psyché, que ce n'est pas juste dans son crâne.
Le doigt qui frappe la tempe fait mal et ça fait serrer les paupières un instant, affaisser les épaules et même si Jules le répétait encore et encore, le chef des Beaujardin continuerait d'insinuer la faiblesse de l'âme du garçon aux boucles noires. Tu comprends, rien.

Les rêves ça s'apparentent aux cauchemars. Les rêves ça se racontent comme les histoires mièvres des contes de fées. Jules, il aimerait raconter à Hélias les songes miels parsemés de douceur, qu'il comprenne pourquoi il voudrait que tout ça s'arrête, pourquoi ça fait aussi mal là, sous le thorax.
Mais les rêves, Jules il n'y a pas le droit. Les rêves sont devenus des cauchemars. Il n'y a que les horreurs et la sueur qui constituent les réveils, le rachis tendu par l'angoisse et les orteils crispés par les monstres de sous le lit.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

La violence dans le coup irréfléchi perce la peau du tyran devant lui, la preuve toute faite que même Hélias n'est pas impénétrable, que même lui peut-être heurter et ça réconforte Jules un instant, de voir qu'il peut à son tour frapper aussi fort que le lion en cage.
La stupeur ça rend les émois statiques, ça empêche le cerveau d'assimiler correctement les mouvements et la provocation, ça marche même sur les plus grands conquérants.
Hélias de Beaujardin qui ne semble pas réagir aux premiers abords reprend pourtant bien vite le gouvernail et s'approche du Palatine qui recule, manque de trébucher et grogne lorsque les ondulations sont arrachées sur le crâne.
Les phalanges entourent le poignet tandis que l'autre accroche la gorge, enfonce la paume là où la rondeur titube entre les clavicules.
Jules il a le silence glacial et les colères légères, parce que ce n'est jamais fait pour durer et qu'à force de s'excuser, Jules ne sait plus vraiment comment aller au bout des choses ni même comment avoir l'ascendant total.
Alors les lèvres se tordent pour retenir la détresse, les dents mordent jusqu'à y laisser les rainures rosées et relâche la pression contre le gosier d'Hélias. Elle m'aime pas.
Les pulsions sous l'amas de chair et d'os s'accélèrent, fendent l'air et font brasser le sang trop vite pour Jules qui n'a déjà pas l'esprit cristallin.

Elle m'aime pas, alors que je lui ai dis plusieurs fois et.. Jules baisse le visage et se débarrasse de l'étreinte qui emprisonne les mèches, arrache des vitres vertes les larmes qui s'écoulent pour appuyer le front contre l'épaule.
Jules, il garde les problèmes contre lui, comme des joyaux précieux qu'il ne faudrait surtout pas lui arracher, comme les régalia de la monarchie, ceux qu'on accroche fièrement sur les murs des salons.
Pourtant, ça le démange de ne pas pouvoir en parler à qui que ce soit, ça le démange ne pas pouvoir pleurer les échecs, parce que Viktor ne l'a jamais permis, que les habitudes sont comme les guirlandes festives sur les devantures des maisons et dans les rameaux des sols pleureurs. Ça s'oublie et on vit avec.

Les doigts glissent maladroitement sur la chemise qu'il tire, relâche la pression tout en haletant, les mots défilent et saccadent. J'ai essayé, tu vois, j'ai essayé et ça a pas marché.
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Lun 1 Aoû - 9:45
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Il fallait bien croire qu’Hélias avait raison, et que Jules n’était pas encore prêt à s’extirper de la lâcheté qui le faisait fuir trop souvent. Les yeux larmoient, les lèvres tremblent, mais aucun son n’en sort, si ce n’est celui des souffles irréguliers, seuls témoins physiques des irrégularités du coeur et de l’esprit.
Beaujardin, dans un coin de sa tête bien dissimulé, il aimerait pouvoir prendre dans les bras et chuchoter les sonnets qui apaisent les maux, ceux qui font sourire comme ceux qui font rougir, ceux qui font s’endormir les petits comme les plus grands, les têtes blondes qu’il vient border tard dans la nuit pour s’assurer que rien ne vient perturber le sommeil et les rêves, les souvenirs caramels et la nostalgie praliné, les berlingots qu’on faisait fondre sur la langue lorsqu’on était plus petit et les sucettes qui transformait le rose en violet.
Beaujardin, il aimerait pouvoir s’assoir et dire ça ira, et rien d’autre. Ne pas s’étendre, ne pas expliquer, ne pas chercher la logique là où elle n’a pas sa place, les enseignements ardus d’un grand-père qui n’est plus de ce monde.
Pourtant ça bloque, et Hélias ne fait rien d’autre que soupirer et accrocher un peu plus les fils châtains entre ses doigts. Tu comprends pas grand chose non plus, Augustin.

Dialogue de sourds, il ne faut pas longtemps à Hélias pour s’en rendre compte.
Peut-être que Jules et Hélias ne sont pas faits pour parler, et simplement pour se toiser, s’arracher l’épiderme avec férocité, l’écume au bord des lèvres et les yeux ensanglantés par la rage aveugle.
Peut-être qu’Hélias n’entendra jamais Jules, et que Jules n’entendra jamais Hélias. Et quoiqu’il n’y a jamais pensé, quoiqu’il n’y a jamais vu un quelconque problème, Hélias, aujourd’hui, il regrette peut-être un peu, de ne pas avoir tendu l’oreille, parce que ça cogne, malgré tout, dans la poitrine, ça cogne et ça lui dit qu’il a échoué, qu’il sait pas aider, qu’il sait pas protéger, qu’il aurait pu, qu’il a rien fait.
Hélias n’est pas coupable, jamais. Hélias ne connaît pas les poids qui tombent sur les épaules et ne s’en délogent pas.
Pourtant Hélias, il a bien l’impression d’avoir failli à l’un des siens.

Et même lorsque les ongles s’enfoncent dans la chair, alors même qu’Hélias sent sa gorge se compresser, et resserre l’étau sur les boucles pour y répondre, ce n’est pas à la violence qu’il pense, à ses doigts qui font pencher le crâne vers l’arrière pour prendre le dessus, passer son visage au dessus de Jules,
Hélias il ne pense qu’aux rochers qui s’abattraient sur ses épaules si jamais il leur laissait la place.

De Jules et de Dyomyre, personne n’a jamais rien vu d’autre que les songes vermeils et les couchers de soleil, le lac sous la lune et les nuits chaudes d’été.
De Jules et de Dyomyre, personne n’a jamais vraiment douté, et on a toujours trouvé ça idiot qu’ils soient les seuls à le faire.
Hélias, bien sûr, aurait aimé ricaner et avouer qu’il n’a jamais vu plus stupide que Jules et Dyomyre, qu’il n’a rien entendu de plus stupide que les mots qui se glissent entre les perles salées qui viennent humidifier les lèvres sèches.
Pourtant Hélias se tait, ne prononcera pas les mots qui fâchent, n’affichera pas le sourire dégueulasse de celui qui maquille le cœur. Elle a dit ça ? Parce qu’il n’y croit pas une seule seconde, qu’il connaît sa petite mieux qu’on ne le pense, et qu’il parierait son bras, que Dyomyre n’aurait jamais dit ça. Elle l’a dit ou tu penses que c’est ce qu’elle pense ? Il a entendu les échos de la colère et de la détresse, dans la maison Beaujardin, mais il n’a pas creusé plus loin, parce que la petite blonde n’en aurait jamais parlé avec Hélias. Pourtant il a bien vu les yeux fuyants, la mâchoire crispée et l’humeur sautillante, trop fragile, trop friable.
Ça lui paraît insensé, pourtant.

Hélias inspire longuement, relâche un peu la pression sur les cheveux, que les doigts ne tirent plus le crâne, que la douleur ne lancent plus le cuir chevelu. Les phalanges finissent par s’échapper, regarde les mèches désordonnés, le garçon que le monde a écrasé, que les bulles de savon qui s’envolent sur la terrasse des Beaujardin le dimanche après-midi n’auront pas protégé.
Le front frappe un instant contre le sien, se recule un peu pour qu’il puisse passer sa main sur son visage perplexe, et Hélias écarte les doigts pour voir Jules à nouveau. Je sais pas ce qui s’est passé, entre elle et toi, ni ce qu’elle a dit, mais crois-moi, c’est du pipeau. Il peine à y croire, Hélias ; il n’aurait qu’à demander à n’importe quel membre de la famille, tous lui diraient la même chose. Il renifle à nouveau, appuie la main sur l’épaule frêle de Jules ; une pression, un truc qui se veut réconfortant, un truc qui devrait l’être. Elle dit beaucoup de choses, hein. La moitié c’est des conneries, l’autre moitié ça a aucun sens.
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Mar 2 Aoû - 3:28


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Augustin sans Jules ça n'a pas vraiment de sens, Jules sans Augustin ça en fait pourtant bien plus.
Les yeux continuent de larmoyer malgré les essaies tragiques de les faire s'arrêter, le garçon des vignes se serre contre la carrure plus solide que la sienne.
Hélias, celui que personne ne peut faire céder sous la force et la contrainte. Hélias, bien plus courageux que Jules-Augustin.
Sous les à-coups du cœur qui ne veut pas cesser de rugir, Jules déglutit et se détache un instant tout en secouant le visage, les poignets s'appuient contre les tempes, cognent lentement et en cadence. Je lui ai dis y a déjà presque un mois.
Les moments sont pénibles à ressasser, ils mordent la peau et accrochent sous les paupières, tirent les ridules pour être sûr de garder éveiller Palatine de ces cauchemars incessants. La gorge se resserre et même s'il désirait cesser de couiner comme un chiot, Jules ne peut s'en empêcher. Et on en a reparlé il y a quelques jours. Elle ne m'aime pas. Elle me l'a dit. Elle..

Jules calme les pulsions lancinantes de la poitrine, mord fermement la lèvre inférieure parce qu'il n'a pas envie de le dire. Parce que s'il le prononce à voix haute, qu'il l'avoue devant Hélias, alors ça deviendra bien réel et il ne pourra plus fuir l'évidence.
Les prunelles esquivent celles plus claires devant lui, laisse le front tomber contre le sien un instant. Les frissons font crisser l'épiderme et les poils sur les avants bras, le menton se lève pour pouvoir retrouver le visage devant lui.
Celui moins enclin à la colère et à la dureté des mots. Celui un peu plus doux et tendre, alors Jules retient les élans des amoureux, ceux qui s'entichent des corps lorsque le mal être frappe contre le thorax osseux, là où le cœur fiévreux réclame les baisers et les passions. Elle aime quelqu'un d'autre. Je, sais pas qui... C'est. C'est Venette qui m'en a parlé, Dyomyre m'a juste avoué que je... Enfin, c'est pas réciproque. Tu dois être content, non ?
Jules se met à sourire bêtement, les linéaments tremblants et le nez qui se fronce sous la rancœur des mots prononcés lors des empoignades morbides.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Pourtant Hélias a essayé à sa manière de réconforter le garçon et il peut s'en rendre compte, Jules peut le sentir et il baisse alors le visage, arrache de ses pommettes grenats les traces humides de l'abandon. Pardon. Je voulais pas dire ça. C'est pas du pipeau, Dyomyre c'est pas une menteuse. Je suppose que... C'est juste pas le bon moment.
Jules essaie de se convaincre que cette histoire ne va pas durer. Parce que celles de Jules ont toujours été écourtées, parce que la jalousie qui rongeait les corps et les liens des amis, les moments où Jules finissait toujours par abandonner les cœurs pour suivre celui plus cosmique de son amoureuse amie.
Les phalanges s'appuient un instant contre le bassin, craquent et viennent retrouver l'intérieur des poches du short. Tu penses... Qu'elle reviendra ? Que ce sera pas sérieux avec ce mec ? Je me vois pas, pouvoir vivre sans elle. Je l'ai jamais laissé tomber pour qui que ce soit et elle avait toujours peur que quand j'ai une copine ça arrive, qu'on ne puisse plus se voir autant. Pourtant ça a jamais rien changé et... Et si ça marche entre eux, qu'elle ne veut plus me voir ?

Jules arrache les paroles de la poitrine comme il ne l'avait jamais fait, ça sonne les échos de la faiblesse, ceux du paternel toujours déçu du garçon incapable de passer outre les émotions perforantes et abrasives.
Parce que Jules a certainement trop pleuré, parce que Jules a certainement encore trop de chagrin à évacuer qu'il vaut mieux en garder pour les jours à venir. Le nez grince et les paupières se serrent pour en arracher les larmes qui persistent, s'approche du blond devant lui et appuie la joue contre la sienne, geste tendre réservé pour elle, s'entiche d'Hélias pendant un instant, frotte et caresse jusqu'à faire tomber la tête lourde des pensées contre l'éclanche large.
Il y a les milliards de questions qui se promènent à travers le crâne, celles qui resteront longtemps sans réponses et celles auxquelles Hélias pourrait peut-être répondre puis celles dont Jules ne voudrait jamais avoir la réponse. Finalement, il s'arrête d'arracher les fils du pantalon, enroule les bras autour de la taille du Beaujardin et essaie de calquer le rythme sous le poitrail au sien.

Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Mar 2 Aoû - 8:39
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
On a rarement coupé la chique à Hélias parce qu'il trouvait toujours quelque chose à redire, même  dans les situations délicates où il semblait qu'il n'avait plus rien à rétorquer, Hélias revenait toujours à la charge, et il avait toujours été plutôt doué pour avoir le dernier mot.
Il y a une première fois à tout, paraît-il, et Hélias devait admettre que c'était bien vrai, puisqu'il ne se souvenait pas avoir jamais été aussi silencieux.
Silencieux parce qu'il peine à croire ce qu'il entend, silencieux parce qu'il n'a jamais eu à regarder quelqu'un s'écrouler de la sorte ; loin de le rendre mal à l'aise comme il aurait pensé l'être, Hélias a bien l'impression qu'il se sent bien plus peiné que gêné. La lèvre inférieure passe entre les dents et Hélias secoue la tête, les yeux qui se lèvent vers le plafond. Les méninges s'agitent, réfléchissent à quoi lui dire, et surtout comment, mais les syllabes ne s'alignent pas, les sons ne sortent pas, Beaujardin se recule pour s'appuyer contre l'armoire contre laquelle Jules l'a bousculé plus tôt. Et pourquoi elle a dit ça...?

Hélias lui aurait bien répété qu'il ne faut pas écouter ce que Dyomyre dit, ce qu'elle répète comme pour se convaincre elle-même, parce que c'est ce qu'elle a toujours fait, et que Jules devrait le savoir.
Mais à en voir les bijoux transparents qui s'échappent, les hoquets qui semblent compresser la gorge, si bien que les mots finissent par se perdre dans des souffles, des gémissements muets que même le plus grand des colosses ne pourraient retenir, la Beaujardin a été on ne peut plus clair sur ce qu'elle ressentait, et Hélias ne peut pas insister, Hélias ne peut pas prétendre encore que Jules n'a pas vraiment compris.

Alors la seule raison qu'il voyait, c'est qu'il y avait quelque chose qui  s'était mis sur le chemin de l'honnêteté, parce qu'il ne pouvait pas imaginer, Hélias, même dans le plus fou et le plus illogique des mondes, que Dyomyre ne réciproque pas les sentiments de Palatine. Allez, ça va aller...
Hélias tend sa main, récupère sur le flanc de son doigt les larmes qui ont coulé, les débris d'âme qu'elles ont arraché dans leur course. Il ne sait pas quoi en faire, Hélias, des petits morceaux de soleil éteint qu'il voit briller faiblement sur sa peau. Il ne sait pas comment les recoller, il ne sait pas s'il doit les rendre, les garder pour lui, les mettre à l'abri quelque part, là où les malheurs ne viendront plus les dérober.

Quoiqu'il en dise, Hélias sait que ça n'ira pas vraiment, du moins pas maintenant.
Il se doute bien qu'un jour, Jules passera à autre chose - quoique même ça, ça lui paraît insensé - mais pour l'instant, les chérubins se sont envolés, laissent le coeur en sang et les espoirs anéantis. Et quand bien même c'est un bon menteur, Beaujardin ne pourra jamais convaincre le gamin aux yeux meurtris que les jours ne seront pas toujours aussi gris, et il ne peut pas prétendre non plus que quelqu'un d'autre réactivera la machine dans ses tripes, celle qui lui colore les joues, celle qui lui donne envie de veiller jusqu'à tôt le matin au bord du lac, les pieds dans l'eau, les yeux sur les étoiles et la tête dans les nuages.

Comme il le peut, Hélias cache surprise et curiosité, parce qu'il semblerait que la conversation n'apporte rien d'autre qu'un tas de choses qu'il ignorait et pensait impossible.
Et c'est bien parce que ce n'est pas le moment qu'il n'en demande pas plus sur le fameux garçon qui aurait fait chavirer le coeur de Dyomyre à tel point qu'elle en oublie Jules,
Jules qu'elle peignait dans ses cahiers, Jules dont le nom n'a jamais quitté les lèvres, Jules pour qui elle a versé la majorité de ses larmes, Jules pour qui étaient dédiés la majorité de ses sourires, Jules sans qui elle avait du mal à dormir lorsqu'elle était plus jeune, Jules qui a coloré le visage qu'on pensait immuable, Jules qu'elle a accroché sur ses murs, parmi les astres incandescents, près de la lune et du soleil.

Poigne féroce sur l'épaule, un peu moins douce que la précédente.
Ce serait mentir que de dire qu'Hélias n'avait jamais approuvé Jules et Dyomyre et les papillons qu'ils faisaient naître entre les vignes.
Pourquoi c'est amer, alors, derrière la luette ?
T'es vraiment... Hélias ravale les mots durs, les jurons qui se seraient naturellement échappé s'il n'essayait pas d'être un peu plus contrôlé. Il relâche l'épaule pour pincer l'arête de son nez en grommelant un peu. N'importe quoi. Je me serais juste cassé, si c'était le cas, je resterais pas là à écouter... Silence à nouveau, et Hélias pose ses mains sur ses hanches. C'est une très bonne menteuse. Mais peut-être que cette fois-ci elle a été sincère.

Les paroles défilent, embêtent Hélias au plus profond de lui, parce que décidemment, il n'est pas fait pour entendre des choses aussi déprimantes.
Hélias aimerait bien répondre, qu'elle reviendra dans un moment, que c'est certain et que ça peut pas être autrement, parce qu'il est à peu près sûr que ce type n'est là que pour combler le manque affectif qu'elle a tant cherché en vain chez Jules, parce que le quiproquo, les silences et les malentendus les ont tenus éloignés trop longtemps. Et ce type, quel qu'il soit, il n'animera jamais Dyomyre de la même façon qu'Hélias, parce que ça n'a pas d'égal, que ça doit être un truc trop unique, qu'elle finira par se rendre compte que c'est fade, que ça n'a rien à voir, que c'est pas Jules et les rires écarlates, les étendues bleus de souvenirs et de rêves, le macrocosme qui gravite autour d'eux et qui pourrait mourir s'ils cessaient de le baigner des sourires et des mains liées. Je peux pas te dire, si c'est sérieux ou pas, je savais même pas...
Hélias il aimerait dire oui, mais ce serait occulté le fait que Dyomyre ne se mettrait pas avec n'importe qui. Puis c'est pas parce qu'elle a un mec qu'elle va te larguer du jour au lendemain... Elle est pas comme ça, vraiment, ça lui ferait trop de mal de toute manière. Elle est idiote, mais pas à ce point.
Il y a un tas de choses qui séparent les âmes, pourtant, et le monde est bien assez tragique pour couper le fil rouge qui retient Dyomyre à Jules si fort. C'est peut-être qu'une aventure, ce type. Elle se cherche peut-être, c'est bien son genre. Léger sourire, repense avec amusement à l'adolescence de la blonde et à toutes les personnalités qu'elle avait emprunté, toutes les passions qu'elle se découvrait pour finir par se lasser. Allez, ça va aller.

Hélias hésite un peu, reste un moment immobile, sans pour autant chasser la joue humide qu'il sent contre la sienne. On n'aurait pas idée d'enfoncer quelqu'un de la sorte, après tout,
alors juste pour cette fois, peut-être, Hélias sera un peu plus patient, un peu plus tendre,
pour cette fois, peut-être, il ne réservera pas les bras pour les gamins qui pleurent dans la nuit après un cauchemar, sous le soleil après être tombé à vélo ou s'être fait piqué par une guêpe. Elle a pas dit qu'elle allait te tourner le dos non plus, elle est partie nulle part.
Pour cette fois, Hélias il veut bien passer ses bras autour de Jules, secouer les boucles brunes qui s'emmêlent, tenir la nuque pour que les démons ne viennent plus y frapper. Allez, ça va aller.
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Mar 2 Aoû - 10:34


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

C'est un peu moins terrible tout de suite, la douleur qui martèle sous le plexus solaire. C'est un peu moins pénible, de devoir supporter la présence d'Hélias et les envies dans le ventre, celles qui demandent à s'échapper, à crever la chair des baisers et à arracher de la gorge les rugissements.
C'est un peu moins pénible et pourtant toujours difficile, de réussir à tout engloutir dans les abysses des désirs éteints, ceux qu'on ne veut pas accomplir parce qu'ils ne mènent à rien, parce que c'est céder à l'échéance, par peur de n'avoir personne à ses côtés un jour.
Alors si les phalanges se serrent en étau derrière le dos d'Hélias, paumes contre omoplates, il essaie de sentir les odeurs cuivrées dans le cou, là où le col de la chemise se détache, s'abstient de planter les incisives pour y laisser les marques framboises.
Hélias est silencieux, bien trop silencieux et si d'ordinaire ça aurait inquiété Jules, là, le silence est agréable.
Pour une fois, le silence ne consume pas les idées claires pour donner naissance à celles un peu plus noires, comme des poignards le long des poignets fins qu'on voudrait égorger.  
Elle a dit ça parce qu'elle ne m'aime pas, Hélias. c'est ce que Jules se prononce à lui-même, dans la rondeur des trapèzes musclés, ceux qu'on a l'habitude d'entretenir comme les carreaux mosaïques des cuisines argentines.
Le son de la voix berce pendant un instant les songes éclairés qui se forment dans un coin de la tête, ceux où les étreintes charnelles écrasent les années de colère, ceux où les gestes sont gouvernés par l'avidité et la luxure.

Pourtant Jules doit calmer les ardeurs animales, là où le nez frotte un instant jusqu'à que les lèvres s'y posent et s'en arrachent brusquement, lève le nez pour apercevoir Hélias et les rangées touffues par dessus les paupières se froncent et s'abaissent jusqu'à que les yeux tournent encore ailleurs, là où la honte ne peut pas le ronger. La sensation sous la pommette anguleuse fait vibrer les iris brunes, ça force Jules à retenir la lucarne dans celle d'Hélias, imbriquée dans le plus profond de l'âme, là où on discerne les lueurs d'espoir et les déceptions, elles se mélangent et forment le courage.
Jules dont l'habitude néfaste de se lover dans les bras des inconnus lui murmure de succomber encore, d'étirer le poitrail en deux et de s'immiscer au plus près de lui, qu'à son tour il s'amourache et ressente tous les émois terribles qui rendent le corps fragile et à fleur de peau. Je suis pas certain.

Jules à tout du mauvais menteur, celui incapable de cacher la vérité aux autres et pourtant, d'hâbler sa propre personne des plus vils mensonges que l'humanité puisse connaître. Les muqueuses sous les dents font mal lorsqu'il perfore la pulpe passerose.
Hélias répète les mots tendres, ceux qui veulent étoffer les cœurs des rubans ocres de la joie et de l'émeraude de la vaillance chevaleresque. Hélias, presque comme les princes des contes de fées devant lui, ça fait danser les abeilles sous le poitrail, elles butinent les ivresses et bourdonnent si fort que les rebonds du cœur cognent jusque dans les endroits les plus incongrus. Je me suis excusé. J'étais pas sincère quand je disais ça...
Hélias amer, Hélias qui serre l'arête du nez et garrotte les paupières pour cacher le mécontentement, inspirer les injures. Jules se sent idiot, Jules se sent comme les enfants qu'on sermonne pour les mots crachés vulgairement aux camarades. Elle ne l'a dit qu'à Venette, forcément.

Jules un peu en colère après cette dernière, elle qui l'a poussé jusqu'à qu'il prononce les paroles vernies de peine. Jules un peu en colère après lui certainement de ne pas avoir osé pendant des années.
Jules complètement lâche et défusionné, c'est certain.
Hélias est sur la bonne voie, Hélias emprunte les chemins des plus attentionnés, ceux qui veulent bien gaspiller du temps précieux pour ceux qui se complaisent dans la misère, qui s'y enfoncent jusqu'à en crever.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Personne ne peut savoir ce que le destin voudra offrir à Jules et Dyomyre. Pourtant, Jules il sait que la blonde ne laisserait personne pénétrer les claies autour du rubis grenat si ils n'en valaient pas totalement la peine.
Parce que Dyomyre, elle aime entièrement, des orteils jusqu'au sommet du crâne, des plus petites imperfections aux plus grands défauts.
Parce que Dyomyre, si c'est pas elle, alors Jules ne veut de personne.
Parce que Dyomyre, si c'est pas eux sur une plage à se natter les mèches abîmées par le sel, alors Jules ne veut d'aucune histoire.
Parce qu'elles auront l'air toutes trop fades.

Pourtant, il veut bien y croire aux histoires d'Hélias. Il veut bien croire que ça va aller, lui qui encourage les plus fébriles et les plus solitaires.
Le souffle dans la nuque se projette contre son propre visage lorsqu'il creuse l'épiderme blanche au dessus des clavicules. Non. Oui. Enfin j'en sais rien. Je sais pas.
Les muscles forcent les olives à se serrer pour ne laisser que les kaléidoscopes fourmiller à travers la pénombre et Hélias à son tour dépose les bras autour de Jules.
Apaisé comme ceux qu'on berce dans les couffins, les effluves vanillées qui font gonfler les naseaux et rappellent les parfums entêtants des étés au bord du lac, là où les gamins se jetaient par dessus les épaules des plus âgés. Merci. Mais je suis défoncé tu sais, c'est pour ça que je suis aussi... Couinard. Je te jure que je pleure pas autant d'habitude.

Les humeurs sont souvent passagères, elles prennent les wagons en trombe pour s'échapper au plus vite et laisser place aux nouvelles, celles un peu plus festives et accueillantes. Sans relâcher les paumes qui maintiennent l'échine raide d'Hélias, Jules penche sa nuque pour être sûr de bien sentir les phalanges épaisses qui soutiennent les cervicales. Je savais pas que t'étais aussi tactile, au fait. Mais ce sera juste entre nous, promis. Ju-ré.
Jules approche le visage, le sourire pincé pour ne pas qu'il s'étire dans des hilarités d'enfants, pourtant c'est plus fort que lui et il dandine les épaules de la gauche à la droite, balance les reins jusqu'à pouvoir sentir le souffle d'Hélias par dessus le sien. J'suis raide. C'est quoi ton parfum ? Glace vanille ? Je prendrais, quatre boules monsieur.
Les yeux se rondissent et il s'esclaffe le Palatine, revient se serrer jusqu'à embrasser la mandibule gauche. Réflexe certain des copains, réflexe honteux devant Hélias.
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Jeu 4 Aoû - 7:37
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Jules semble un peu plus apaisé, et ça surprend Hélias, lui qui pensait ne jamais pouvoir consoler qui que ce soit, surtout pas quelqu'un d'aussi affligé que Palatine.
Il n'est pas très certain de ce qu'il doit faire ensuite ; se détacher parce que Jules se sent mieux et qu'il n'a nul besoin d'être consolé à nouveau ? Ou au contraire lui laisser, à lui, la décision de se reculer, lorsque le coeur sera vraiment apaisé et qu'il sentira qu'il n'a plus besoin du réconfort et de la douceur un peu étrange, quoique bienvenue apparemment, des bras d'Hélias ?
L'hésitation le prend, mais ne reste pas longtemps.
Jules est un peu comme les gamins, après tout, et il le gardera dans ses bras jusqu'à ce qu'il dise de lui-même qu'il n'en veut plus, comme Marceau lorsqu'il affirme qu'il n'a plus peur des monstres sous son lit et qu'il peut aller dormir, comme Fernandin après un mauvais cauchemar, comme Zébulon qui ne parle pas de ce qui l'effraie, mais qui cherche tout de même la sûreté quelque part.

Jules comme les gamins. Les doigts s'accrochent fermement à la chemise, le visage s'enfonce si profondément dans le cou qu'il pourrait presque en percer la carapace, aller se loger derrière la prison d'os qui protège la gemme écarlate qu'Hélias pensait, décidément, dénuée de toute empathie pour quiconque n'est pas réellement un de ses petits.
Il fallait croire, qu'il le veuille ou non, que Jules y avait toujours eu une petite place, que Jules était bien Beaujardin a ses yeux, qu'il avait en horreur les larmes de Jules sûrement parce qu'il n'avait jamais rien su y faire plus que parce que Jules était une chialeuse, quoiqu'il en était vraiment une, quoiqu'Hélias lui répétera toujours en boucle que c'en est une.
Si les larmes ne séchaient pas sur les jours, Hélias aurait juré qu'il avait senti l'humidité des lèvres plutôt que celle des joues. Pourtant ça lui paraît tellement absurde qu'il n'y pense même pas ; le visage se frotte simplement, les lèvres effleurent, comme les gamins qui s'accrochent fermement aux jupons de leur maman, qui essuient les larmes sur le tissus en dentelle. Écoute, faut laisser le temps faire ce qu'il a à faire, ok ? C'est dur, aujourd'hui. Ça le sera moins demain, encore moins après-demain. Et peut-être qu'il aura tout oublié d'ici quelques semaines, totalement passé à autre chose. Peut-être que c'est mieux ainsi, peut-être que le monde avait besoin de séparer un peu Jules et Dyomyre pour que les choses tournent un peu mieux, pour que le monde pivote droit, quand bien même on aurait l'impression que tout est à l'envers. Peut-être que ça vous rapprochera différemment, elle et toi, si y a plus cette ambiguïté bizarre... Peut-être que tu seras hyper copain avec ce type... Y a sûrement plein de bonnes choses qui peuvent en découler.

Bien sûr, comme toujours, Venette connaît tous les secrets, tout ce que les gens lui confient, parce que c'est aisé, de se confier à Venette, ses sourires attentifs, son regard compatissant, son cœur trop grand. Venette qui mérite mieux, Venette qu'il aurait peut-être du protéger un peu plus. J'imagine que Simion sait aussi, mais bon... Simion...
Les iris roulent, parce que Simion a une grande gueule, mais malheureusement, ni Jules, ni Hélias ne figuraient dans la liste des personnes à qui il aurait balancé, si jamais il l'avait fait.

Les bras enserrent un peu plus le corps dans une ultime étreinte. Les boucles brunes sont agitées, la main parcourt le cuir chevelu, parce qu'il est certain qu'un toutou comme Jules doit bien aimer les caresses qui parcourt la fourrure foncée.
Jules semble vraiment apaisé, maintenant, si bien que les phrases se font courtes, que l'attention se détourne un peu du sujet, jusqu'à complètement le laisser de côté, maintenant que les larmes ont réconforté, maintenant que le corps s'est exprimé, que l'âme a étalé toute sa tristesse. Et Hélias, ça lui fait toujours bizarre, de se dire que Jules a vomi son malheur auprès de lui, plutôt que d'attendre quelqu'un d'autre pour se laisser aller.
J'avais remarqué. A nouveau, les yeux roulent. Il n'imaginait pas qu'on puisse être dans un état si médiocre avec si peu dans le sang et dans la tête, mais soit. Les justifications sont bancales, alors Hélias ne leur donne aucun crédit, si ce n'est un rire qui vient secouer le poitrail, entraîner un peu avec lui le corps si frêle de Jules. Ouais, bien sûr. T'es une putain de chialeuse, c'est un fait. C'est ok, c'est pas grave, j'ai l'habitude.

Les aigreurs sont définitivement passés, Hélias le voit dans les yeux boisés qui se posent sur lui, dans le sourire bête et le visage loin de celui que le monde tente d'écraser. Beaujardin arque un sourcil, les doigts quittent les cheveux et se posent sur la nuque pour pencher la tête en arrière, poser les pouces en dessous de la mâchoire, dans le creux prononcé que forment les os saillants. Tactile ? Tu te fous de ma gueule ? Brièvement, les sourcils se froncent ; il n'est pourtant pas celui qui s'est jeté dans ses bras, mais soit. Jules est stupide, et surtout, Jules est défoncé. Il ne devrait pas en tenir rigueur.
Le baiser arrache une grimace, une plainte bruyante, un râle incontrôlé, et Hélias attrape Palatine par les épaules pour le faire reculer, dégager les bras de son corps et le toiser de haut en bas. Tu vas mieux, apparemment, t'as plus besoin qu'on te console comme une fillette. La main tapote la joue, Hélias renifle, l'air las et dépité, et se décale du mur pour aller rassembler ses affaires. J'en ai que deux, malheureusement. Beaujardin récupère la pochette qu'il avait abandonné sur une étagère et se détourne vers Jules, la tête penchée et le soupir qui soulève la poitrine. Tu ferais franchement mieux d'arrêter de fumer si un joint te met dans des états pareils. Que j'en retrouve plus un seul dans la cave, parce que je te ferai fumer autre chose, crois-moi.
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Ven 5 Aoû - 9:18


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Jules a peut-être tiré les conclusions avec trop de hâte, il sent la légère culpabilité des mots perfides et de la violence inopinée contre les jointures de la mâchoire. Le front se couvre des ondulations noires, elles s'éparpillent par dessus les sourcils et font se mouvoir le visage dans tous les sens pour s'en débarrasser.
S'il avait été persuadé qu'une force supérieure bâtissait des Monts par dessus les arceaux nuageux, Jules, il aurait prié cette dernière afin que Dyomyre ne se lasse jamais de lui, que les beaux yeux cosmiques ne lâchent jamais et que les phalanges ne s'arrachent que les boucles foncées par dessus la nuque. Mais Jules n'a plus huit ans, à tordre la colonne par dessus la parure du lit pour implorer le ciel que sa vie soit un peu plus simple, que papa soit plus gentil, comme celui de Dyomyre.
Parce que finalement, peut-être qu'Hélias n'est pas un si mauvais frère ni même un si mauvais père, avec son air inquiet et tendresses contre le crâne, comme un chiot en mal d'amour, comme un enfant en mal de patience. Ça gargouille plus fort les envies dans le bide, ça remonte comme des torrents d'ivresses et ça agrippe le cœur, le creux des reins jusqu'à murmurer d'y aller. Cependant les vagues qui cognent ne déferleront pas hors du thorax aujourd'hui, elles resteront brimées entre les secrets et les remords.
Simion sait toujours tout, d'une manière ou d'une autre. Alors ça ne l'étonnerait pas non plus qu'il sache pour cette situation et ça le rend un peu amer, de se l'imaginer dire à Dyomyre qu'il ne l'aime pas vraiment, qu'il ment, parce qu'il en serait capable.

Peut-être que Jules aurait pu susurrer un peu plus de désolé et de pardon si l'égo envers Hélias n'était pas aussi aberrant. Alors à la place il observe un instant la paume qui s'écarte des mèches qu'il caressait un peu plus tôt. À la place les doigts retiennent les cervicales pour éviter qu'elles ne s'écrasent avec le chagrin contre le sol frais de la cave, le sourire qui s'allonge un peu plus fort. Les lèvres se pincent entre les rangées de dents blanches, les bronches qui compriment l'air afin de retenir les rires. Oh tu peux le dire... Me toucher les cheveux, le cou... C'est pas grave, j'ai l'habitude.
Sans mensonge et juste la vérité, Jules a les yeux qui tanguent dans ceux d'Hélias jusqu'à s'amarrer contre ses lèvres cramoisies et les paupières se serre lorsqu'il le bouscule.
Doucement dans la tête, les rouages se remettent en marche et il réfléchit à ce que le Beaujardin à murmuré auparavant, loin d'être certain que sur ce coup là, il ait raison.
Parce que sous les pulsations encore amoureuses du cœur, Dyomyre gardera toujours cette place si spéciale, celle du regret de ne pas avoir fait les choses convenablement, de ne pas avoir été au bout.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Le garçon des vignes recule sous la bousculade, il a toujours l'air mièvre et les yeux cernés, les joues vermeils jusqu'aux lèvres pincées. Hélias n'a plus besoin de poser les yeux célestes contre sa carcasse, pourtant, pourtant, Jules dans l'fond il crèverait qu'il continu un peu de le regarder, d'avoir les mains qui échafaudent les sentiers houleux de la gorge jusqu'au bas-ventre.
Jules tourne sur lui-même, laisse le garçon aux mèches solaires s'éloigner pour ramasser ses affaires et prétendre que le garçon est toujours une fillette, une chialeuse, qu'importe les mots, ils veulent tous dire la même chose, quelque chose de péjoratif. Ça va relax... Il était hyper chargé, enflure..
Jules fait la moue et si la séance de psychothérapie se termine, lui, s'assure de suivre le mouvement derrière le type plus musclé, ne peut s'empêcher de continuer de parler et de parler, des choses qui traversent l'esprit et qui n'intéresserait même pas une seconde le plus petit des Beaujardin.
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