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Hélias » Ce soir j'suis pas là, j'suis partie j'me balade et j'ai froid + TERMINÉ



 

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Hélias » Ce soir j'suis pas là, j'suis partie j'me balade et j'ai froid + TERMINÉ
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Mer 27 Juil - 3:51


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les pas légers de Jules derrière Hélias, clés de la cave à la main, ça n'inspire rien au Palatine de devoir passer du temps avec le plus grand des Beaujardin. Et pourtant, il n'a pas le choix, le père le lui incombe et comme un chiot un peu apeuré, Jules a eu le dos rond et s'est décidé à obéir. Ça a conquis maman qui, espère toujours un peu revoir ce dernier installer les poteries ici.  
Encore un week-end à la maison, ça devient un peu récurrent ces temps-ci, de retrouver les parures satinées du lit, les limonades fraîches que Marcel et Valentin s'amusent à vendre devant la maison avec Zébulon et les petits Beaujardin.
C'est un peu seul que se sent Jules, ces derniers-temps. Dyomyre semble occupée, Esmée et lui se voient de temps à autre, ça usent les fausses relations, ça ne veut rien dire et pourtant il faut y faire attention pour ne pas souiller les tributes séraphins de la Caucase.
Les mains se cognent les unes dans les autres, Viktor a fait changé la clé de la cave puisque depuis des jours et des jours, impossible d'y accéder, Marcel a enterré la clé dans le jardin, tellement profond que même avec un museau aussi fin que celui de Jules, il n'a toujours pas remis la patte dessus.
Seul artefact qui aurait pu déverrouiller la porte fermement scellée, aujourd'hui c'est Jules qui possède le Graal, là où les bouteilles sont correctement rangées sans qu'aucune d'elles ne dépassent d'un millimètre. Viktor n'a jamais voulu laisser les clés de cette cave-ci à qui que ce soit, pas même Jules, qu'il avait toujours du se débrouiller pour les attraper dans les longs manteaux chics de monsieur Palatine, de monsieur Bien-trop-parfait-pour-vous.
La clope au bec et les sandales qui font traîner la poussière, Jules aspire la fumée le long du gosier jusqu'à la recracher puis se glisse devant Hélias pour enfoncer le métal dans la serrure, tourne et force, parce que la porte est toujours difficile. Marcel fait chier.

Parce que Marcel a toujours été le plus emmerdant des Palatine, celui qui s'entend le mieux avec la triade infernale des Beaujardin. La cigarette s'écrase sous les dents acérées et la porte s'ouvre enfin.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les marches briquées sont bien droites et alignées, Jules dont la cigarette s'écrase contre le mur puis qu'il laisse glisser dans le fond de la poche vient cliquer sur l'interrupteur et s'adosse au mur, profite de la fraîcheur sur les épaules nues, là où le débardeur laisse la peau respirer sous le soleil de plomb. Les bouteilles sont dans le fond. J'avais commencé la commande parce que t'étais pas là. Apparemment Arsène et même Mirella sont malades.
Jules soulève le regard brièvement vers Hélias, râcle la gorge et le contourne sans de trop s'approcher.
L'atmosphère est toujours pesante lorsqu'il y a Hélias, l'ambiance est toujours étrange et les mirettes qui pétillent de malice se vident pourtant un peu, ne sont plus autant explosives.
Peut-être parce que c'est Hélias de Beaujardin, le type trop prétentieux, celui dont les paumes venaient fréquemment rappeler l'ordre contre la nuque et les omoplates, là où les marques rouges scellées la colère et le mépris.
Jules s'agenouille et soulève les diverses bouteilles, grosse commande pour les restaurants chics à Babel, Viktor n'a pas pu attendre, il a accordé le congés de quelques jours et à forcé Jules, que ça lui ferait du bien de faire autre chose que de rester chez les voisins à ne rien faire.

C'est douloureux de soulever le poitrail à chaque instant, de se forcer à regarder depuis le bas le roi des Beaujardin. Ça enserre le grenat sulfurant, ça fait chauffer les oreilles sans même savoir pourquoi. Un merci serait pas de trop. Vu que j'ai fait la moitié de ton taff' d'ailleurs. Grand sourire qui casse la brève anxiété qui n'aura pas longtemps duré, Jules se redresse tout en râlant, appuie l'épaule contre l'une des étagères.
Un brin trop sûr de lui, ça n'a jamais échappé à Jules de hausser le ton et les sourcils devant Hélias. Parce qu'il a l'habitude de toute manière.
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Mer 27 Juil - 9:00
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Hélias ne prend jamais de congés qui ne soient pas nécessaires ou obligatoires.
C'est bien simple, il n'y a jamais rien eu qui soit plus important que son travail. Hormis la naissance des trois têtes blondes qui l'accueillent dans le hall de la maison, il ne se souvient pas d'une raison l'ayant poussé à ne pas se le ver pour aller parcourir les caves, les champs et son bureau.

Il avait bien été obligé, pourtant, la semaine passée, de poser quelques jours, parce que sa femme était malade, trop pour pouvoir s'occuper seule de Marceau, le petit dernier, trop pour pouvoir gérer le départ des deux plus grands à l'école lorsqu'Hélias avait déjà quitté la maison.
Beaucoup auraient apprécié ces vacances improvisées, quoique s'occuper d'un bambin n'était pas de tout repos, mais Hélias était agacé, bien qu'il ne pouvait pas se plaindre d'une situation que personne n'avait voulu.
C'était tombé pile lorsqu'une commande imposante, sûrement la plus importante du trimestre, était arrivée. Et quand bien même Hélias avait essayé, les premiers jours, de confier à ses parents et à ses cadets le soin d'aider Mirella, le poids du chef de famille, le poids de la responsabilité, le poids du papa un peu poule l'avaient bien vite rattrapés, et Hélias était resté chez lui, à ruminer et pester qu'il aurait dû être là, parce que les clampins du Domaine n'arriveraient jamais à gérer une commande aussi importante, qu'il aurait sûrement une tonne de choses à rattraper en reprenant ses fonctions.

Il avait été un peu étonné lorsqu'on lui avait dit que c'était Jules qui s'était occupé en grande partie de la commande.
D'abord étonné, puis profondément agacé, quoiqu'il n'avait rien pu dire devant son patron. Il avait acquiescé, avait évoqué l'espoir, complètement faux du côté d'Hélias, que cela donne envie à Jules de travailler au Domaine comme il en avait toujours été convenu, et s'était vite échappé du bureau de Monsieur Palatine pour chercher Jules, qui possédait apparemment la clé nécessaire pour accéder à la cave - et surtout ruminer.
Le chemin jusqu'à ladite cave est silencieux. La clope au bec d'Hélias accapare ses lèvres, et Jules est bien trop en retrait pour qu'une quelconque discussion soit possible ; et de toute manière, le prince Beaujardin n'a jamais rien eu à dire à l'héritier raté des Palatine.
Le dos contre le mur en crépis, Hélias observe les doigts tenter de faire tourner la clé, un peu capricieuse, dans la serrure. Le menton se secoue, les lèvres s'étirent légèrement et Hélias pouffe. Je dirais que tu fais un peu chier, aussi, à quoi ça sert d'être un clebs si t'es même pas foutu de retrouver une clé ? Sérieusement... Le soupir qui s'échappe des lèvres d'Hélias est suffisamment long et bruyant pour exprimer toute la lassitude qui lui chagrine le cœur ; il vient glisser le mégot de sa cigarette, qu'il n'a même pas pris soin d'éteindre, dans la poche de Jules, et il descend les marches rapidement, les yeux qui cherchent déjà la caisse qui l'intéresse. Ah ouais ? Ils sont malades ? Oh quelle plaie, je savais pas du tout... Heureusement que t'es là pour me le dire. Hélias a bien du mal à ne pas rire un peu, il laisse son poitrail se soulever à sa guise et regarde les bouteilles que Jules désigne, puis la pochette qu'il a emporté avec lui, censée résumer la commande dans son entièreté et son avancée. Tu peux te le foutre où je pense, ton merci. Je t'ai rien demandé, moi. D'ailleurs, je suis certain que j'aurais eu moins de travail si je devais pas repasser derrière toi. Tu dois même pas être foutu de choisir les bonnes bouteilles, donne moi ça...

La gorge se racle, les doigts attrapent les bouteilles dans les mains de Jules et il les observe, les fait tourner entre les doigts, les yeux se baladent entre l'étiquette finement accolée et le bon de commande dans sa pochette. A nouveau, les lèvres s'étirent un petit peu et il désigne la bouteille dans sa main. T'as pas picolé dedans, j'espère, putain d'alcoolo ?  
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Jeu 28 Juil - 1:55


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Hélias a les mots sévères et les compliments avares. Hélias dont l'âme est bien plus large que la sienne, bien plus bestiale, Jules qui ne rentre ni dans les prédateurs ni dans les proies, se sent un peu en marge de toutes les âmes qui se promènent dans le grand Domaine.
L'odeur de la cave est particulière, parce que Viktor n'a jamais su d'où venait l'odeur intempestive d'allumettes brûlées, celle qui se mélange aux parfums sucrées qui ne ressemblent en rien à ceux qu'on porte chez les Palatine. Augustin n'a jamais vraiment osé admettre qu'il venait ici s'enfiler les clopes et les bouteilles et il s'est toujours demandé pourquoi Hélias n'avait jamais balancé les deux gamins. J't'emmerde. Entre temps il y a eu les pluies et puis merde. J'suis pas un truffier. Fallait prendre le truc qui bip là, pour chercher les trésors dans le sol.
Jules hausse les sourcils et écarte les bras comme résolu, dépassé par ce que balance Hélias.
Le mégot mal éteint se consume sous l'amas de tissu de ses poches et ça le fait souffler -quoiqu'à force ça ne le dérange plus mais de la part d'Hélias, ça emmerde et ça fait grogner, ça murmure un connard mais ça n'en dit pas plus.
Hélias toujours trop caustique, Jules qui n'a jamais vraiment apprécié ça chez les autres mais encore moins chez le prince des Beaujardin.
Alors il ne fait qu'hausser un sourcil, roule les prunelles et s'amuse avec le collier d'argent qui enserre la gorge.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

L'ancien milicien regarde les caisses, s'assure que les bouteilles soient les bonnes et sous le faux ton de l'indignation, envoie balader Augustin comme à son habitude.
Le sirop Palatine s'échappe et revient entre les doigts de celui que Viktor aurait adoré avoir comme héritier plutôt que lui. Alors ça fait froncer les sourcils lorsqu'il y pense, ça gangrène un peu plus les émotions dans l'estomac jusqu'à que Jules s'approche et reprenne la bouteille des mains d'Hélias, en observe les lettres rondes et pompeuses. Si ça avait tenu à lui, Augustin aurait jeté les confettis et les feux d'artifice pour que le vin soit bien plus beau à voir. Peut-être. T'as qu'à deviné.
Jules arbore le sourire, léger et railleur. Parce qu'Hélias peut bien le traiter d'alcoolo, d'ivrogne et de soûlard, il n'aura jamais le niveau désastreux de Dyomyre et personne ne semble vraiment s'en rendre compte.
Jules pivote sur les talons, recule les bouteilles sur l'étagère et cherche le pochon dans lequel il a glissé des joints qu'il a dissimulé à son amie. C'est dommage quand même. Tu sauras pas si j'ai carrément pas pissé dans les bouteilles. Jules montre les dents lorsqu'il se marre, fourre la clope entre ses doigts déjà prêt à tout oublier de cette journée maudite en la compagnie du terrifiant Hélias.

Jules observe l'homme, Jules râcle la gorge et recrache la fumée par les naseaux. Il se demande encore comment Hélias peut-être marié à cette vie si bien rangée, pourquoi ça semble si important pour les familles que les plus jeunes se marient et aient des avortons.
Parce que Jules se l'était dit qu'avec Dyomyre, ça n'aurait été qu'elle et lui sans qui que ce soit. Et bien qu'aujourd'hui ça semble corrompu, sans aucun sens, il y a toujours l'espoir idiot dans la poitrine qu'un jour, les astres s'alignent pour que les cœurs se retrouvent.
Le bruit de la salive brise le silence et Jules retire la clope des lèvres, la tient entre ses phalanges qui tapotent la cuisse frénétiquement, le besoin incessant de se mouvoir sans arrêt. On en a jamais parlé parce que t'es pas vraiment intéressant comme type mais. Une autre bouffée de poison saupoudré de rêves qu'il aspire et qu'il recrache lentement. T'as toujours voulu avoir des gosses ? C'est un truc de Beaujardin, d'en vouloir dix ?
Mince sourire et yeux qui s'abaissent, le bout de la sandale qui cogne le sol couleur brique et Jules voudrait le lui demander, pourquoi lui et pas Jules.
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Ven 29 Juil - 3:19
 
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J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Jules est idiot, et chacun de ses mots rappelle à Hélias pourquoi il avait toujours été bien content que l'aîné Palatine ne soit jamais intéressé par le Domaine ; il n'aurait jamais supporté de devoir travailler avec lui et encore moins pour lui. Il l'aurait retrouvé, lui, la clé, truffier ou pas. " Il y a eu les pluies " tu te fous de ma gueule ? On devrait pas avoir besoin d'un putain de détecteur quand on a un clébard, c'est ce que j'essaie de te faire comprendre. Les bons toutous ils sont pas emmerdés par les pluies, la clé elle est enterrée, elle bouge pas, on te demande pas de retrouver les empreintes de pas d'un meurtrier, putain de demeuré... Hélias agite la main, pince sa langue avec ses dents, entre le sourire qui flotte sur le visage, comme il le fait souvent pour s'empêcher de s'étendre, parce que Jules trouvera toujours des excuses à sa médiocrité et qu'il n'a pas envie de débattre plus avec lui. La serrure a été remplacée, la cave est de nouveau accessible, c'est tout ce qui compte.
Il ignore le juron qu'il entend soufflé, tout bas, comme à peine assumé, parce que le mot a été entendu trop souvent par les oreilles d'Hélias, si bien que ça ne le dérange même plus. C'est de bonne guerre, après tout.

Hélias se mure dans le silence un instant, le temps de faire l'inventaire des bouteilles déjà prêtes et de celles qu'il reste à ajouter à la commande. Il regarde l'échéance, renifle bruyamment, un peu soulagé de voir qu'il lui reste largement assez de temps pour ne pas avoir à se presser. Au moins, suffisamment de temps pour pouvoir prendre le temps de voir ce qui a déjà été fait et de reprendre ce qui doit être repris, parce qu'il se connaît, parce qu'il sait, qu'il y aura quelque chose pour le faire grimacer, une autre chose qu'il ne trouvera pas assez bien, une bouteille qui, finalement, n'a pas le calibre suffisant pour la commande - ou peut-être bien qu'il considérera même de tout reprendre à zéro, rien que pour avoir la satisfaction de dire qu'il a tout repris, parce que Jules ne lui a rien laissé d'autre qu'imperfections et défauts. C'est pas bien compliqué à deviner, tu pues l'alcool en permanence... Hélias grommelle tout bas, la main qui vient enserrer la mâchoire pour y frotter le duvet qu'il ne laisse jamais pousser. Il balance sa pochette sur une étagère vide, glisse son stylo à plume dans la poche de sa chemise et se détourne vers Jules, l'air un peu blasé. On le sentirait à des kilomètres si tu pissais dans les bouteilles, un crasseux comme toi... Je me demande même si le verre fondrait pas. La voix s'amenuise, les dents reviennent mordre la langue et, les mains sur les hanches, Hélias regarde autour de lui pour vérifier que la cave est dans l'état qu'elle devrait être - qui sait si cette histoire de clé enterrée n'était pas qu'un vaste mensonge inventée par sa cadette et par Jules pour masquer le bordel qu'ils y auraient fait et pouvoir nettoyer avant que quiconque n'y mette les pieds.

Un pas, deux pas, trois pas, mais Hélias ne voit rien de bien suspect dans la cave, du moins rien qu'il n'ait pas déjà vu, comme le pochon entre les doigts de Jules. Il y est tellement habitué qu'aucune remarque ne franchit ses lèvres serrées ; en revanche, il ne se gêne pas pour secouer la tête et souffler du nez, histoire de bien lui montrer quand même que c'est un putain d'emmerdeur.
Confisquer le pochon ne servirait à rien, lui faire la peau non plus ; des joints, il y en aura d'autres, dans la cave, et ils le savent tous les deux, maintenant. Faut être sacrément con pour poser des questions sur la vie d'un mec pas intéressant. Hélias rit un peu, tonnerre qui gronde dans la poitrine, parce que Jules peut chanter toutes les excuses qu'il veut, affirmer qu'Hélias n'a rien d'intéressant, son intérêt pour sa vie personnelle et ses désirs dit le contraire.
Les lèvres s'étirent à l'envers, et les épaules se soulèvent. Il ne sait même pas quoi y répondre, Hélias - dix ans en arrière, il aurait affirmé ne pas vouloir d'enfants, c'est certain. Aujourd'hui, pourtant, il ne penserait même pas à les troquer, à revenir en arrière ou échanger sa vie d'aujourd'hui pour celle d'avant ne serait-ce qu'une heure. Ça a rien à voir avec les Beaujardin. S'ils sont là, mes gamins, c'est que je les ai voulu. J'en aurais pas eu trois, en tout cas, si ça m'emmerdait tant que ça. La main vient caresser de nouveau le duvet sous le menton, et il se demande quand même, Hélias, si c'est vraiment un truc de Beaujardin, un espèce d'héritage, quoique rien ne le porte à croire. Ils ne sont bien que deux, pour le moment, dans la fratrie, à avoir eu des rejetons. On aime bien les gosses, chez nous, j'imagine. On aime bien la famille, tu vois ?
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Ven 29 Juil - 6:15


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Jules reste le regard fixe sur Hélias, n'a pas envie de répondre aux provocations idiotes. Jules n'a rien d'un chien truffier, rien d'un chien entraîné à rechercher les objets disparus. Alors ça ne le touche pas plus que ça les remarques acerbes du Beaujardin, parce que ça lui glisse sur la peau comme les rayons solaires, ça ne brûle plus autant qu'auparavant.
Entre le léger sourire qu'il affiche, méprisant et ingénu, Jules préfère faire semblant de ne pas comprendre, battre des cils et hausser les épaules.
Parce que Jules n'a jamais supporté le conflit, qu'il soit avec Viktor ou avec Maurillon, encore moins avec Dyomyre et certainement pas avec Hélias qui pourrait lui arracher la jugulaire s'il le désirait. S'il devait mourir, Jules préférerait le faire de lui-même et de préférence, sans que ce soit aussi honteux. Crever en bavant, les larmes et les lèvres qui implorent la pitié, certainement pas.

Les bras se balancent et le joint retourne entre les lèvres, il tourne sur lui-même un instant avant de le tendre vers Hélias. T'es un énorme menteur. Je bois presque pas sauf quand je viens ici. Je sens l'odeur sucrée des fleurs et du mieel. Et toi, tu pues le seum. Jules ne laisse pas le temps à son partenaire de comprendre ce qu'il se passe, il lève rapidement le bras pour revenir prendre une bouffée qu'il avale jusqu'à la recracher par les naseaux. Y a un super-héros dans les livres de Simion qui a de la pisse radioactive. Tu me considères comme ça aussi, comme un mec trop fort que les gens adorent ? Un sucre.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Jules a déjà les effets de la drogue dans la tête, les lèvres qui s'étirent malgré lui et le rire léger qui perce. Il s'approche et observe le grand blond. Lui aussi sourit, lui aussi se marre et il pourra bien affirmer ce qu'il veut, Jules peut faire rire jusqu'au plus ronchon des connards. Pour l'instant il n'a connu qu'Hélias comme enflure de haut niveau, alors il peut bien se vanter de faire rire même les plus coincés.
Les boîtes sont correctement faites, les bouteilles rangées par années, entre les étaux de plastique qu'on installe pour éviter qu'elles ne se brisent lors des voyages.
Hélias peut bien l'ouvrir autant qu'il le veut, Jules a bien travaillé et Viktor pourra s'en mordre les doigts, de ne pas avoir été assez tolérant avec lui.
Je sais qu'en dehors de moi t'as pas d'ami Hélias. Il faut bien quelqu'un pour écouter tes histoires. il a une petite moue de chiot abattu par la vie, Jules. Il fait les yeux doux et le sourire tire vers le bas, les lèvres tendues jusqu'à que les mains se lient. Promis ce sera nos secrets.
Mais Jules se calme finalement lorsqu'Hélias parle sérieusement de sa famille, de ses gosses et des enfants que personne n'a vraiment envie d'avoir mais qu'on ne troquerait pourtant pas pour tout l'or du monde.
Jules comprend, Jules hoche alors la tête et pourtant, ça heurte et ça écorche la poitrine sans vergogne. Jules comme un Beaujardin, aurait pourtant aimé lui aussi avoir toutes les tendresses chez les Palatine, plutôt qu'avoir à les réclamer loin de chez-lui.
Alors il râcle la gorge, détourne le regard et tend cette fois-ci pour de vrai la moitié consumé à Hélias. Je peux imaginer. Voir pas vraiment. Marcel et Valentin sont là uniquement parce que je suis malade.
La famille, il n'en connaît que les prémices et les nouvelles parce qu'il y a les Beaujardin. La famille, ça n'a de sens que quand on s'aime suffisamment. Alors il étire les lombaires, voit déjà le monde à l'envers et il dépose les paumes contre les paupières, appuie et vient s'agenouille près d'Hélias pour tapoter les ongles contre les bordeaux. Je suis vraiment content quand même, que vous soyez là. Pas forcément toi, t'es un énorme connard depuis que j'ai sept ans. Mais le reste, carrément. Sinon aaaaah, j'aurais été... Tout seul. Tout seul. Super nul.

Jules fait une petite moue, les coudes sur les genoux et les mains qui soutiennent les joues, il regarde Hélias et affiche un grand sourire. Les yeux déjà vitreux, Jules déjà défoncé et pourtant, il ne ment pas une seule fois sur les mots mièvres qu'il prononce, qu'il a déjà chanté à Maurillon, susurré à Dyomyre et écrit à Venette.

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Sam 30 Juil - 23:53
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Hélias n'a plus rien à faire dans la cave et il devrait sûrement retourner à ses occupations, finir de s'occuper de la commande, reprendre son travail là où il l'avait laissé quelques jours plus tôt. Parce qu'écouter Jules, c'est comme passer toute une journée sans jamais boire un verre d'eau, passer une nuit sans fermer l'oeil ou rester trop longtemps au soleil ; ça donne mal au crâne, ça assèche la gorge et ça pique les yeux. Et Hélias, dont l'emploi du temps est toujours surchargé, il n'a pas le temps de le regarder se payer sa gueule, faire comme s'il ne comprenait pas et souffler des jurons entre deux regards idiots, d'autant plus que le type se met à enfumer la cave.

Le sourire à l'envers, les yeux qui détaillent le jeune homme face à lui, Hélias passe sa main sur son front, comme s'il sentait la migraine arrivée. Il ne compte pas le nombre de fois où il a dû jeter Jules et Dyomyre sous l'eau glacée de la douche parce qu'ils étaient bien trop arrachés pour ne serait-ce que marcher droit et qu'il ne comprenait pas comment ils étaient rentrés en un seul morceau, comment ils avaient retrouvé le chemin de la maison et comment les boissons ne les avaient pas tué. Oui, bien sûr. Trou du cul. Les bras se croisent, la grimace s'accentue, le mépris peint un peu plus le visage tandis qu'il l'écoute déblatérer sur ce soi-disant héros qui, il en certain, n'est pas populaire du tout. T'es vraiment pathétique, c'est triste que tu ne t'en rendes pas compte.

Quand bien même Hélias a fait ça des années, il ne trouve pas la force de répondre quoique ce soit d'autre. Il l'observe, atterré, le visage qui continue de se secouer de droite à gauche, la langue qui humidifie les lèvres, vient se caler entre les dents. Le joint se dirige un instant vers Beaujardin mais repart aussitôt entre les lèvres du chien en face de lui. Hélias reste muré dans le silence, comme toujours horrifié par la simple présence de Jules, qui sourit, qui rit, qui s'agenouille, fait disparaître le rictus et les paillettes factices dans les yeux.
Horrifié, c'est le mot.

Ça, pour être malade... Les mains quittent les hanches et claquent légèrement contre les cuisses. Jules n'a rien de détestable, en soi, mais l'odeur pathétique qu'il dégage fait grimacer Hélias.
Pauvre type amenuisé par la vie, pauvre type à qui la vie a souri mais qui a préféré la saboter pour pouvoir se sentir légitime de s'apitoyer sur son sort en permanence.
Pauvre type, tout simplement. Parce que t'es pas un connard, toi ? Tu verras, il faudra pas longtemps avant que tout le monde ouvre petit à petit les yeux... Ça arrive déjà, non, avec Dyo' ?
Les dents mordent la langue de nouveau, entre les lèvres étirés et le rire bref qui secoue le poitrail. Les doigts se tendent pour attraper le joint, tirer dessus brièvement, mais le goût n'a rien à voir avec celui des cigarettes d'Hélias.
Le menton s'agite de gauche à droite, il rend le joint, inspire longuement et se penche pour ranger correctement les bouteilles et glisser la caisse là où elle était. Tu finiras tout seul, quand les gens arrêteront de faire la charité.
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Dim 31 Juil - 0:36


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Ça tambourine fort dans le crâne jusque dans les orteils, il y a le cœur qui pompe trop vite l'hémoglobine que ça en donne presque les vertiges. Peut-être qu'il s'agit uniquement d'Hélias et de l'effet acerbe qu'il inflige au corps, celui de le rendre plus lourd et plus terrible, de tordre les boyaux dans tous les sens avec l'acerbité qu'il crache sur les chairs.
Hélias il aime enfoncer les doigts là où les plaies sont encore ouvertes, là où le moindre à-coup reviendra déchirer pour en faire couler les fleuves de souvenirs cauchemardesques.  
Pathétique comme Pas capable, pathétique comme l'enfant qu'il n'a jamais su être.
Jules ne sait pas si c'est l'herbe qui lui fait avoir les émotions aussi vives, si c'est seulement lui qui, depuis Dyomyre se voit être un peu plus fragile jusqu'à complètement craqué.
Alors Jules il laisse plutôt le silence parler pour lui, les prunelles olives qui migrent dans celles azurées du Beaujardin. Il a les babines qui tressautent et qui tirent, le menton qui tremble sous la colère qui s'amasse un peu plus sur les épaules.
La colonne d'Hélias se déroule pour laisser le tintamarre des disques gronder et à son tour, Jules se redresse à son tour tandis que ce sont les genoux qui tonnent, il laisse ce dernier prendre le joint et sans vraiment comprendre les injures, il s'approche. Ouvre les yeux sur quoi, au juste ? Qu'est-ce que j'ai fait qui mérite ça, Hélias ?

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les sourcils se haussent et Jules retient les arceaux de colère entre les étoiles, celle qu'il voudrait abattre tout de suite contre le crâne du caviste.
Jules, il n'a pas envie de finir seul. Jamais. Parce qu'il en crèverait et si Hélias n'en a rien à foutre, Jules, il voudrait aller mieux pour aller de l'avant et effacer les erreurs rances.
La fumée irrite les naseaux, les parfums engourdissent un peu plus les sens et Jules bouscule alors Hélias, lui arrache des lèvres le joint pour le laisser se consumer sur le sol.
Il a toujours eu les colères fiévreuses, les coups perfides et les mots blessants, Jules.
Jamais pour faire mal, jamais pour heurter, pourtant, parfois, c'est incontrôlable.
Les doigts se tordent et se tendent vers le visage d'Hélias, il a la voix qui tire et la gueule qui roule dans des traits chagrinés. Va te faire foutre, Hélias. Va te faire foutre, putain de connard. Tu passes ton temps à me juger alors que putain, je t'ai jamais rien fait et t'es le mieux placé pour savoir ce qu'il se passe ici. Putain.

Les larmes crèvent de vouloir s'enfuir, elles crèvent de vouloir faire courber l'échine du Palatine jusqu'à qu'il tombe à terre et qu'il ne se redresse plus.
Mais Jules toujours debout, ravale les rêves brisés et les souvenirs terribles, les mains qui frappent les épaules.
Déjà mort, déjà annihilé par le quotidien, Hélias ne va en mettre qu'un couche de plus, parce que sur ce terrain là, Jules n'a rien des héros des guerres passées, ceux qui peuvent soulever les marteaux afin de fendre les cieux et les colonnes divines.
Jules, il n'a que les toiles d'ecchymoses sur la peau, les visions effacées des nuits où les coups se sont envoyés pour des raisons d'égo.
C'est la patience qui grignote l'estomac, les bras ballants le long du corps et l'air déjà éreinté de n'avoir pas assez vécu.
Insomnies, jusqu’à l’aurore
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Dim 31 Juil - 1:08
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Jules semble toujours inaccessible, comme si on pouvait lui lancer tous les mots de la Terre sans qu'ils ne réagissent ; pourtant, lorsque les sens s'embrument, que la tête tourne et que les yeux ne sont plus si clairs, c'est au quart de tour que Jules se lève pour s'insurger, se défendre et assurer qu'Hélias a tort.
Pourtant rien qu'à voir l'air sur son visage, rien qu'à voir la façon dont les mots ont creusé la carapace, Hélias comprend que non seulement il a tapé juste, mais que Jules s'en rend compte aussi.

Beaujardin ne sourcille pas, bien qu'il entend son interlocuteur se redresser derrière lui, parce que Jules a souvent eu la mauvaise manie de se montrer un poil violent, malgré ses bras tout fins et sa carrure qu'il peine lui-même à soutenir, semble-t-il. Hélias finit calmement d'arranger ses bouteilles, se redresse et pivote sur lui-même pour regarder le visage noyé par les boucles brunes et le malheur.
Les yeux ciel se lèvent vers le plafond, là où il pourrait voir le reflet de ses iris. Le torse se gonfle d'air, le visage se secoue, comme s'il avait peine à croire qu'il demande vraiment ce qu'il y avait à réaliser, à voir derrière le masque Jules. Je viens de le dire, pourtant. Que t'es pathétique. Tu fais pitié, Augustin, c'est un fait. Hélias ne cille pas, malgré les mains qui viennent arracher le joint, pousser la carcasse. Pour l'instant, rien ne le pousse à rendre les coups ; il pouffe un peu, mord sa lèvre inférieure et se penche pour récupérer le mégot fumant.

Jules n'a pas bien l'air de réaliser que sa misère, il l'a construite lui-même ; et si, bien sûr, Hélias admet à mi mot que certaines choses lui sont tombés dessus sans qu'il ne les mérite, que ces choses là n'ont jamais rien arrangé, aujourd'hui, elles paraissent bien plus sous contrôle qu'avant.
Après tout, Jules n'a t-il pas quitté le Domaine et, avec lui, le joug cruel de Viktor ? Qu'est-ce qui pourrait bien rendre la vie de Jules aussi misérable, sinon sa propre tendance à pleurer sur sa propre personne ?
Hélias fait un pas, le mégot tendu vers Jules, le bout fumant à quelque centimètres du nez de ce dernier. Si j'avais un frère aussi miteux que toi, je lui aurais dit exactement les mêmes choses. Tu vois, même là, tout ce que tu trouves à faire, c'est chialer que c'est injuste, que t'es qu'un pauvre malheureux, au lieu de porter tes couilles et d'admettre que tu te mets des bâtons dans les roues.

Le joint retrouve les lèvres d'Hélais brièvement, le temps qu'il tire un peu dessus et laisse la fumée quitter la narine pour enfumer le visage d'Augustin.
Hélias ne dirait pas que c'est son rôle, de dire les choses à Jules, mais personne ne le fera à sa place, sinon Viktor, mais Jules a décrété que les paroles de ce dernier ne valaient rien et ne méritaient pas d'être écouté.
Et peut-être bien qu'Hélias, d'avoir vu Jules grandir avec lui, parmi les têtes blondes qu'il a élevé, forgé, renforcé et chéri,
peut-être bien qu'Hélias, ça le fait chier, de regarder ce chien battu qu'il n'aura pas su rendre aussi féroce que ses autres lionceaux,
peut-être bien qu'Hélias il aurait pu en faire autre chose, de Jules.
Je dis ça pour toi, mon grand, alors arrête de chialer comme une pisseuse et de croire que le monde est contre toi. Rien que ça, ça fout la gerbe.
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Dim 31 Juil - 1:52


 

   

 
à quelques larmes de toi

J'me dis que c'était pas lui, que c'était pas moi
Le ciel gris, les orages
Quelques griffes nous survivent dans ton dos
C'était la dernière fois

Alors je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

Les énoncées rauques font mal, ça tire les filaments du cœur jusqu'à les exploser et ça renvoie à Jules toute la médiocrité dans laquelle il baigne depuis l'enfance.
Les narines s'étirent légèrement lorsqu'il reprend le souffle, qu'il assimile le débit affligeant et il mord les lèvres pour retenir les pleurs rances.
Jules qui ne se plaint jamais, Jules qui n'aboie jamais trop fort, Jules qui a toujours cassé l'échine pour complaire au monde entier, ne parvient pas à avaler les paroles médisantes d'Hélias en face de lui. Sûrement.
Les doigts se tordent et les yeux s'échappent, ça regarde les veines violacées sur les pieds et la rancœur qui tombe comme des gouttes au fond de l'estomac.
Jules écoute sans vraiment le faire. Jules écoute mais n'entend rien, il a fermé les écoutilles et il n'y a plus que le silence qui canarde fébrilement à travers la carcasse maigre.
Les lèvres se tassent et se tirent sur les rebords, ça devient difficile de ravaler toutes les émotions qui font tanguer le Palatine qui peine à tenir correctement. Lentement, il attrape la chemise d'Hélias, arrange les fils qui s'écorchent des boutons blancs, les plis qui cassent la silhouette bien plus épaisse que la sienne puis il frappe la paume contre le poitrail de ce dernier en souriant. Tu sembles tellement, bien, connaître ma vie Hélias. Vraiment. C'est tu vois.. Comme dans les films. T'es un type omniscient qui sait absolument tout ! Jules se met à rire, la bouche s'ouvre un peu plus et les dents font barrage aux injures qui veulent pleuvoir. Les prunelles brillent un peu plus et laissent échapper les dernières vagues de chagrin sur les joues.

Et je pense mal, je pense mais je pense à quoi
Je pense que j'assume pas
J'pense trop dans ces cas-là

J'espère que tes gosses seront jamais malheureux alors, parce que putain, qu'est-ce que je les plains d'avoir un mec comme toi comme père.
Jules se marre et s'arrête aussitôt lorsque la poitrine bombarde trop vite, que le visage de Dyomyre lui revient en tête, elle et les mots doux pour un autre, elle qui s'est vite éloignée de lui sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Peut-être que t'as raison, je suis qu'une sale pédale qui fait que chialer.
Les bras s'ouvrent comme à la fin des spectacles, la tragédie n'est cependant pas terminé et le Palatine tourne le dos à Hélias, s'approche des rangées bien garnies avant d'attraper une bouteille. Tu devrais le dire à tout le monde alors, que Jules-Augustin n'est qu'un connard à qui on ne devrait pas parler ! Va l'annoncer à ta famille aussi. Si tu veux je t'accompagne, on se tient la main ? Les lippes s'étirent jusqu'aux tempes et Jules range la bouteille sans y prêter attention, lui tourne encore le dos et essaie de calmer les ardeurs qui font valser les épaules et le poitrail, ternissent le cœur, qu'il a peur de finir par exploser. T'essaies même pas. Tu fais que m'agresser en permanence. C'est quoi ton problème avec moi, au juste ? Tu peux pas juste me détester parce que je suis une chialeuse.
Jules revient vers Hélias et efface les vestiges humides des joues et du cou, le regarde les mandibules tordues sous la colère et l'envie de tout savoir.


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Dim 31 Juil - 5:16
 
à quelques larmes de toi
J’ai pas vu venir la nuit ni les ombres qui passent On m’a dit que celle-ci porte conseil, si seulement je dormais Quatre heures du matin, cette musique me dit rien Et je ferme les yeux, on est déjà demain J’ai essayé en vain À trop attendre le sommeil, je fatigue
Le visage souffrant de Jules, Hélias en a l'habitude, il l'a vu si souvent que ça ne l'étonne plus vraiment, les gouttes qui dévalent les joues sans s'arrêter, l'étincelle dans les yeux sylvestres qui s'éteint un peu, pour un moment, une minute ou une heure, une vie sûrement, Hélias l'a remarqué, déjà.
Le visage souffrant, Hélias en a aussi beaucoup entendu parler, parce qu'il avait beaucoup perturbé Dyomyre, parce qu'elle chuchotait ses inquiétudes dans la chambre des filles, mais que les murs n'ont jamais été assez épais pour qu'on ne l'entende pas, de l'autre côté.
C'est bien différent, pourtant, cette fois-ci, de voir les yeux éteints d'aussi près, les aigreurs qui font rouler la bosse dans la gorge et les mots qui font vaciller les chevilles. Hélias pourrait presque se dire qu'il a été trop loin, qu'il en a trop dit, mais il ravale les mots, chasse la pensée - Dyomyre a toujours été douce avec Jules et ça n'a jamais chassé la misère, les parents Beaujardin ont toujours essayé de consoler sans que ça ne chasse jamais le malheur. Contrairement à ce que Jules croit, la pitié ne le sauvera pas.

Même dans la détresse, pourtant, Jules trouve le moyen d'être particulièrement insupportable, de répondre avec ce sourire insolent et l'air de défi sur le visage qui ne lui sied même pas un peu, si bien qu'Hélias ne retient pas longtemps le rire qu'il dissimulait dans ses entrailles.
Les yeux se baissent un instant sur les boutons, dont on cache les fils désordonnés, dont on lisse les plis qu'ont fait les mouvements trop brusques, les caisses qu'on a porté, les enfants qu'on a enlacé. Le sourire ne quitte pas le visage, les yeux s'amusent un peu, et la main accroche légèrement le col pour l'arranger, lui aussi, le remettre correctement vers les épaules, loins des clavicules et du collier en argent qui balance parfois contre le poitrail. Exactement. En tout cas j'en sais assez sur ta vie pour savoir que t'es pas non plus tant que ça à plaindre... Aujourd'hui, en tout cas. Dix ans en arrière, je dis pas... Mais aujourd'hui, franchement, regarde moi Augustin, elle est si misérable que ça, ta vie ?

Hélias grimace, garde un peu le col entre ses doigts pour bousculer l'héritier Palatine vers l'arrière et secouer la tête.
Sur la maladie qui ronge, la tristesse sans nom et sans raison, Hélias ne dira rien.
Mais s'apitoyer là-dessus alors que la vie lui sourit maintenant de tous les côtés, ça le dépasse.

La mâchoire se crispe, les yeux se lèvent au ciel, de nouveau le torse s'esclaffe de ce qu'il entend, mais Hélias est bien loin de s'en amuser. C'est bien mal le connaître que de penser que le malheur viendrait jamais un jour effleuré ses petits ; il ne le permettrait pas. Et quoiqu'Hélias se place en fervent défenseur de Viktor Palatine, il doit bien malgré lui avouer qu'il fait un bien piètre père, et que c'est là sa faiblesse.
Et si Hélias affiche fièrement sa proximité avec son patron, il y a bien une chose qu'il espère ne jamais hériter de lui, et c'est bien ça. Mes gosses s'en portent très bien, de m'avoir pour père, merci de t'en soucier, ducon.

Beaujardin passe le dos de sa main contre son nez, les yeux qui suivent chaque mouvement de Jules, le regard sévère et la mâchoire toujours fermement serrée. Eh ben tu vois, c'est pas si compliqué ? Accepter c'est le premier pas vers la guérison. Bientôt tu seras plus un moins que rien, c'est pas génial ?
Un pas, un deuxième, le sourire qui est revenu sur les lèvres et la main qui se tend pour bousculer, un peu plus fort que la fois précédente, l'épaule de son interlocuteur.
Il pourrait passer une éternité à tenter de convaincre les Beaujardin que Jules n'en vaut pas la peine, mais Hélias sait d'avance que c'est perdu d'avance. Hélias ne soufflera jamais les mots, Hélias ne le confirmera jamais auprès de Jules, mais sa place dans la maison est acquise, éternelle et immuable, et rien n'y changera quoique ce soit. J'en ai pas besoin, tu sais ? Le temps fait les choses tout seul. T'as vu la vitesse à laquelle Dyo' s'est barrée dès qu'elle a trouvé quelqu'un ?

Hélias se gausse un peu du malheureux face à lui, qui, des années après, ne semble toujours pas comprendre d'où le mépris d'Hélias vient. Il lui répondrait bien qu'il n'est pas le seul des Beaujardin à ne pas nécessairement le porter dans son coeur, mais un simple haussement d'épaules suffit ; il enfonce ses mains dans ses poches et penche la tête sur le côté. J'aime pas les chialeuses, c'est un fait. J'ai bien le droit de ne pas aimer quelqu'un parce que c'est une chialeuse ? Y a bien des gens que t'aimes pas parce que, je sais pas moi... Nouveau haussement d'épaules ; y-a-t-il quelque chose que Jules n'aimerait pas chez quelqu'un, lui qui a l'air de s'accorder avec tout le monde ? Y a des gens que t'aimes pas, Augustin ? Je compte pas, évidemment...
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