C’était quand même assez rare de voir une tache blanche et noire lancée au grand galop dans les rues de Lunapolis.
C’était encore plus rare que de voir cette même tache blanche et noire lancée au grand galop avec un certain jeune homme blond sur le dos, poursuivant un p’tit con qui tentait d’échapper à leur vision.
Le bruit sourd des sabots frappant le sol accompagne la course de l’anima zébrée qui, malgré la vitesse à laquelle elle se déplace entre les gens, zigzague agilement entre les étalages et les piétons. Sans jamais perdre le fautif de vue, elle fonce, ne réfléchit qu’assez pour éviter les obstacles et bondir au-dessus de ceux qui prennent trop de place dans le chemin pour les contourner.
Évidemment, elle fait attention à ce que Caspian ne tombe pas de son dos, reste bien accroché à sa crinière.
Les évènements ayant mené à ce moment-là sont devenus flous dans l’esprit d’Aubépine, malgré le fait qu’ils soient très récents. C’est à peine si elle se souvient de ce qu’elle a mangé, ce matin-là, après s’être difficilement tirée de son lit. La seule chose qui lui revient à l’esprit, c’est qu’au briefing de ce matin-là, on leur avait montré la tronche d’un vilain petit garçon – évidemment, ce n’est pas un enfant, mais bien un adulte que l’on prend de haut vu les crimes qu’il a commis –, recherché pour plusieurs raisons échappant maintenant à sa mémoire.
L’important, c’est que pendant leur ronde autour des étalages du Marché, l’anima zébrée avait repéré ce visage qui était apparemment si important à retrouver. Elle n’a pas réfléchi plus de deux secondes.
« J’me transforme, tu montes et on part. On va l’ramener ce salopard. »
Rime non-intentionnelle, évidemment – elle ne s’est jamais vantée d’être poète, la petite Delacroix, car son talent réside plutôt en la poésie des coups gracieux et des dents cassées. Les mots, devenus rares depuis plusieurs années maintenant, ne sont définitivement pas ce qu’elle manipule le mieux.
Tout cela nous mène donc à ce moment – à cette course-poursuite des plus normales pour les animas d’Haklyone. Un humain témoin d’une scène pareille se demanderait certainement s’il avait pas accidentellement ingéré des hallucinogènes. Ou peut-être crierait-il un beau « Bonjour la police ! » juste pour emmerder les Miliciens.
Dans tous les cas, Aube n’y va pas à pas de tortue. Elle a l’adrénaline dans le sang, le souffle court à force d’être lancée au grand galop, les yeux rivés sur la cible que Caspian et elle ne peuvent pas laisser s’échapper.
Avec un peu de chance, ça l’aiderait à prouver qu’elle ne sert pas à rien.
Caspian a les poings serrés sur la crinière, les muscles crispés pour ne pas tomber. Aube, elle a la détermination dans les jambes, la volonté du travail bien fait. Oui, ils vont l’attraper ce criminel, lui passer les menottes et rire de cette course poursuite endiablée succédant à des heures d'attente. Caspian ne porte pas son habituel uniforme de milicien, la discrétion de cette mission l’ayant contraint à abandonner l’amour de sa vie sur la chaise de son bureau alors que leur chef beuglait des ordres, attendant d’être obéi dans la seconde. Discrétion, des heures à surveiller les étales du marché, jusqu’à ce que sa partenaire repère la petite tête de délinquant d’Arnold Kovinski, chat sauvage connu pour ses trafics de drogue et ses frasques en tout genre ; jusque là impossible à attraper, aussi vif qu’un guépard et discret comme une fouine. Ca l’embête Caspian, de devoir bosser en civil, il n’a pas les belles broches accrochées à sa veste, il n’a pas les sombres couleurs de la Milice pour lui porter chance et ça le démange comme une seconde peau qui manque.
Le blond crie pour que les civils se dispersent, ne restent pas sur le chemin du zèbre lancé au galop, maintenant impossible à arrêter. Ils zigzag entre les étales, en font tomber plus d’une et Caspian grimace de mécontentement. Ça, ce n’est ni du travail discret, ni du travail bien fait. Néanmoins, la silhouette d’Arnold se rapproche, celui-ci jetant un regard nerveux dans son dos avant de reprendre sa course de plus belle. Le fennec crie pour se faire entendre de sa partenaire, sous les hurlements des civils surpris, qui s’écartent tous inextremis.
“Il se dirige vers Brise-coeur, faut l’arrêter avant !”
Car là-bas, sombres quartiers aux ruelles étroites et lames tranchantes dans tous les recoins, ils seront bien désavantagés. Alors qu’Aube se rapproche de plus en plus du pauvre Anima fuyant le danger, Caspian finit par se pencher, tendre le bras et effleurer la capuche de criminel. Jurant entre ses dents, il tente un deuxième essai, arrive cette fois à agripper le vêtement avant d’être brutalement tirer de sa charmante monture. Cris de douleur et roulades sur le béton, milicien et criminel s’écrasent au sol dans une cascade digne des plus grands films.
(c) opalescence
Caspian Matkovic
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Ven 27 Mai - 3:42
Bonjour la police !
Tout défilait si vite aux yeux de l’anima zébrée alors qu’elle coursait le fuyard avec une détermination renouvellée, évitant les civils de son mieux et défonçant un ou deux étals au passage sans le vouloir. C’était le prix à payer pour ne pas rater la cible – avec un peu de chance, on ne leur en voudrait pas trop.
La voix de Caspian lui parvient aux oreilles, malgré le vent et les cris de détresse des passants s’écartant du chemin du zèbre lancé en course folle. Mais bien sûr – c’était si clair, maintenant qu’il lui disait. Jusque-là, Aube ne faisait que suivre le criminel, lui faisait bien comprendre qu’elle ne le lâchait pas d’une semelle et qu’elle allait bien le rattraper. Le claquement des sabots sur le pavé s’accélère, le souffle s’échappe bruyamment des naseaux. Aube hennit aussi fort qu’elle le peut, avertissement agressif adressé aux passants s’étant non-intentionnellement mis dans son chemin.
Sa cadence accélère.
Elle atteint le criminel peu après, arrive à ajuster sa cadence à la sienne afin de rester côte à côte.
Puis, elle a cette impression qu’un poids lui est retiré du dos, elle entend le tumulte d’une chute, des cris de douleur.
Ça clique.
Caspian est tombé.
Zèbre freine brusquement, l’arrêt soudain la faisant glisser sur le pavé – les sabots, ça n’adhère pas très bien sur le béton. La Milicienne glisse sur quelques mètres avant qu’elle ne se retrouve en arrêt complet, faisant ensuite demi-tour aussi vite que ses pattes endolories le lui permettent. Le regard est paniqué, elle vient s’assurer que Caspian n’a rien de cassé, lui donne un petit coup de museau pour voir. Puis elle reporte son attention sur l’autre connard qui a tenté de fuir.
Aubépine plaque les oreilles en arrière, s’approche du criminel, appuie un sabot au creux de son dos.
Au moindre mouvement, elle lui fracasserait les vertèbres. Ça l’immobiliserait bien, efficacement.
Elle ne pouvait pas garantir que ce ne serait pas douloureux, par contre.
Zèbre finit par reporter son attention vers le blond, son partenaire de mission. Elle hennit à nouveau, tente de lui faire comprendre qu’elle le tient, le malfrat. Elle a même l’air bien fière.
Et elle aurait raison de l’être, s’il n’y avait pas tous ces étals mis à terre, leurs biens éparpillés un peu partout dans la rue, juste parce qu’elle a décidé que les contourner leur ferait perdre bien trop de temps.
Rouler bouler sur les pavés, la tête qui frappe le béton, Caspian couine de douleur et s’étale sans aucune gloire entre deux étales écroulées, les propriétaires criant de désespoir devant leurs biens éparpillés à terre. Le fennec jure, enlève un le tissu qui lui recouvre la moitié du corps, une belle robe rouge mais ce n’est décidément pas son genre. Un peu sonné, il entend Aube freiner des 4 fers et hennir un peu plus loin. Se souvenant de leur mission, il se redresse immédiatement en gémissant. Si son poignet droit le fait souffrir, ce n’est rien en comparaison de son crâne. Une grimace et une main passée sur son front, il la ressort en sang et se maudit d’autant plus. Heureusement pour lui, ce n’est là qu’une entaille et la surprise du choc passé, il peut se relever sans trop de difficulté. Rien de cassé. Si le sang lui coule sur la moitié du visage, l’obligeant à cligner fréquemment d’un œil, le milicien reprend vite ses esprits et retrouve un grand sourire en apercevant le zèbre, un sabot sur le dos du malfrat.
“Bien joué Aube !”
Plus solide sur ses jambes, il s’empresse de s’agenouiller et de passer les menottes à l’autre, jusque-là attachées à sa ceinture. Le délinquant jure, hurle et se débat mais avec un zèbre sur le dos et un milicien pour lui plaquer la tête contre le béton, le pauvre finit par arrêter de se débattre, préférant gémir et tenter de plaider sa cause, ignoré par Caspian qui préfère passer sa main propre sur le flanc de l’animal à ses côtés en souriant.
“Course poursuite terminée, tu devrais peut-être reprendre forme humaine.”
Si avec un zèbre à ses côtés était diablement efficace, c’était peu pratique pour la conversation.
(c) opalescence
Caspian Matkovic
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Lun 13 Juin - 4:33
bonjour la police !
Le zèbre s’ébroue, souffle d’agacement face aux simagrées du fugitif qui se débattait sous son sabot. Ne comprenait-il donc pas que ce n’est pas la peine de faire une scène pareille ? Qu’il ne serait pas relâché, qu’il se ferait réduire les vertèbres en charpie s’il continuait ? Les oreilles plaquées vers l’arrière, Aube baisse la tête, claque la mâchoire près de la tête de l’autre con. Ça mord, un équidé. Et pas qu’un peu. Qu’il se tienne tranquille, ça ira déjà bien mieux.
Mais la colère s’évapore lorsqu’elle entend la voix de Caspian l’interpeler, alors que le jeune homme s’approche afin de passer les menottes au criminel qu’ils venaient d’appréhender. Elle l’observe un instant, d’un air trahissant cette inquiétude qu’elle semblait ressentir constamment depuis quelques temps, avant de pousser un long soupir. Malgré ce sourire qu’il affichait, alors qu’il lui suggérait de reprendre forme humaine puisque la poursuite était terminée, elle savait que cette blessure devait le faire souffrir. Qu’elle aurait pu être évitée.
Alors la Milicienne fait exactement ce que lui dit son camarade et reprend forme humaine, attrape le premier vêtement qui lui passe sous la main – une robe mi-longue qui ne lui allait décidément pas – et l’enfile. Elle en déchire un pan de la jupe, assure au marchand qu’elle reviendrait lui offrir une compensation pour les dommages, avant de revenir vers Caspian et lui essuyer le sang de la tronche comme elle peut.
« Ça va pas, la tête ? Tu sais que t’aurais pu te blesser bien plus gravement en faisant ça ? »
Aube a l’air d’une maman fâchée, en train de sermonner son gamin parce qu’il a fait une bêtise. C’était un peu comme ça qu’elle se sentait, d’ailleurs, alors qu’elle s’assurait juste de bien lui retirer tout ce sang à l’aide de son chiffon improvisé.
« Même lui s’en est sorti mieux que toi et tu lui es tombé dessus. »
Elle désigne le criminel d’un geste de la tête. Il n’avait pas l’air d’être blessé, juste bien sonné à force de s’être fait cogner la tête contre le pavé. La jeune femme soupire un coup, avant de plaquer les mains sur les joues du fennec pour lui faire baisser la tête. Comme ça, elle pourra examiner sa blessure de plus près.
« T’as de la chance que ce soit rien de bien grave, Caspian. Mais refais plus de bêtises comme ça, s’il-te-plaît. »
Parce que ç’allait l’inquiéter, parce que ça pourrait l’amocher bien plus qu’il ne l’était maintenant. Parce qu’elle ne voulait pas qu’il finisse dans un état pire que ça parce qu’il a pris une décision sur un coup de tête. Littéralement.
« … Mais c’était bien joué, oui. On l’aurait pas eu si t’avais pas réalisé qu’il comptait rejoindre Brise-Cœur. J’y avais même pas pensé. »
Petit sourire forcé de sa part, parce qu’au fond, elle s’inquiète encore. Elle n’a jamais arrêté de s’inquiéter. Parce qu’elle tient à lui et qu’elle préfèrerait que ce genre de choses ne se répètent pas.
Plus de peur que de mal, Caspian essuie sans même s’en rendre compte le sang sur son front, souriant comme le plus heureux des hommes. Les courses poursuites, ça le rend aussi radieux qu’un soleil, lui font oublier tout le reste. Un zèbre sur le dos, le malheureux ne fait plus le malin alors que Caspian lui récite rapidement ses droits. Aube reprend forme humaine et comme il s’en doutait un peu, se met à le sermonner comme une mère une fois la robe passée sur le corps. Le blond grimace, tente de se dégager des doigts sur son visage mais décide de se laisser faire après quelques secondes. Ne jamais énerver un zèbre.
“Laisse tomber Aube c’est rien, juste une égratignure !”
Autour d’eux, ça se remet en mouvement et ça crie un peu, des plaintes s’élevant de partout. Un zèbre lancé au galop, ça fait des dégâts. Le propriétaire de l’étale sur laquelle ils ont fini leur course poursuite les regarde étrangement. Entre l’homme menotté à terre et la femme à moitiée nue s’occupant du grand milicien musclée comme d’un gamin ronchon, ils doivent avoir fière allure.
“Et puis on l’a eu, c’est compliqué d’attraper un fuyard sur le dos d’un zèbre tu sais…”
Il ronchonne un peu mais ne peut pas s’empêcher de sourire en grand lorsqu’elle lui prend les joues pour lui faire baisser la tête, inspecter la blessure. Blagueur, il enchaîne. “Tu penses que j’aurai droit à un congé payé pour blessures en mission ?” Il en rit mais le milicien préfère nettement se tuer à la tache qu’avoir les pieds en éventail au bord de l’eau. Les congés, ce n’est pas pour un homme qui ne jure que par la Milice. Le fennec finit par lui écarter les mains pour venir passer un bras autour de ses épaules, amusée.
“Arrête de faire la mère poule, on a un millier de commerçant furieux à gérer là…”
S’il est fier d’avoir effectivement deviné la direction du fuyard, passer par le marché n’avait pas été une si bonne idée. Un regard derrière eux, et c’est effectivement des regards mauvais qui leur sont lancés alors que les vendeurs se hâtent de ramasser les affaires envoyées ici et là, sans compter les objets cassés de quelques échoppes… Le blond grimace, un zèbre au galop ce n’était peut-être pas une si bonne idée finalement.
(c) opalescence
Caspian Matkovic
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Ven 17 Juin - 17:50
bonjour la police !
Aubépine, elle n’a jamais roulé des yeux aussi intensément de sa vie. Qu’il ronchonne autant qu’il en a envie, hein. Au moins, elle s’était assurée que rien de vraiment grave ne lui était arrivé. Il a toujours l’air bien alerte, Caspian, vu ce grand sourire qu’il affiche et le ton blagueur qu’il prend pour s’adresser à elle. Heureusement pour lui qu’il s’était blessé, d’ailleurs. S’il ne s’était pas cogné contre le pavé déjà, elle lui aurait certainement collé une taloche au dos de la tête.
« On sait très bien tous les deux que t’en prends pas, des congés. Et qu’il faut t’y forcer pour que tu prennes même deux minutes de repos. »
Aube hausse un sourcil, se laisse faire lorsque le Fennec chasse ses mains de son visage et passe le bras sur ses épaules. Lui, il se soucie des commerçants furieux – il lui semble en entendre un crier à propos de ses choux ruinés dans le lointain – dont les étals se retrouvent malheureusement en pièces, leurs marchandises éparpillées çà et là sur le pavé. Elle, elle se soucie plutôt du fait que tout ce carnage leur vaudra certainement une bonne engueulade à leur retour au quartier général.
Elle croise les bras, lèvres pincées alors qu’elle observe le chaos s’étalant devant eux. Que pouvaient-ils vraiment faire pour remédier à la situation ? Aider les gens à rassembler leurs marchandises dispersées ? Réparer les étals, appeler des renforts pour que la situation se règle au plus vite ? Elle avait beau y réfléchir, retourner la question dans tous les sens, rien n’y faisait. Aubépine n’avait pas de vraie bonne solution à proposer. Alors elle pose son attention sur Caspian, l’air assez confuse.
« T’as une idée de ce qu’on pourrait faire pour les aider ? On a tout de même ruiné leur journée, là… Ce serait con de les laisser se démerder avec ça. »
Et l’anima zébrée n’avait pas tort, au bout du compte. C’était bien leur faute si les étals étaient réduits en charpie, si leurs biens étaient éparpillés au sol et potentiellement endommagés. Enfin… C’était plutôt sa faute à elle et non celle du Fennec. Car ce n’était pas lui qui avait décidé de couper à travers le marché pour empêcher le fuyard d’atteindre le quartier Brise-Cœur. Mais elle n’en dirait rien, de ça. Car elle savait qu’il n’en finirait plus de l’ennuyer avec ça. De toute manière, il ne l’avait pas arrêtée et n’avait pas non plus tenté de lui faire comprendre que prendre une autre route était certainement une meilleure option. Alors, à la fin, Aube jugeait qu’il était tout aussi fautif qu’elle, dans cette affaire.
« Tu crois qu’ils nous pardonneront si on les aide à tout récupérer ? »
Aube comme une mère poule, les yeux vérifiant ici et là les quelques égratignures, la peau éraflée par le béton et la minime blessure au front qui commence petit à petit à s’arrêter de saigner. Ce n’est rien et Caspian a le sourire joyeux du travail bien fait, comme si rien ne pouvait l’arrêter. Lève une seconde les mains en l’air en rigolant.
“Mince c’est vrai, je suis juste un bourreau du travail terriblement ennuyeux !”
Caspian toujours en mouvement, Caspian et l’effervescence même dans le sang, les moindres gestes un peu précipités ; il ne sait pas se poser. Délaissant l’épaule de son amie, le fennec la laisse constater le massacre, préférant s’occuper d’attacher le criminel à un un panneau plus ou moins robuste. Un regard noir pour lui intimer de ne pas bouger et mieux, de ne faire aucun commentaire sur la situation.
“Les aider un peu ne fera pas de mal non…”
Soupire de frustration. Si le milicien a les manies presque obsessionnelles en ce qui concerne l’ordre et le rangement, l’idée de ramasser tout ce bazar sous les regards furieux des commerçants ne l’amuse pas, loin de là. Un sourire crispé pour l’homme vendant pourtant de si belles étoffes et accessoires.
“Heu désolé, on va ramasser tout ça..”
Caspian finit presque à quatre pattes, quelques tissus calés dans ses bras, s’efforçant de limiter les dégâts. Si certaines robes ont juste été un peu salis par le sol du marché, certaines ont malheureusement quelques déchirures ici et là. La grimace du blond s’intensifie, il lance un regard navré à Aube à ses côtés. L’idée de se faire une nouvelle fois réprimander par ses supérieurs ne l’enchante pas. Caspian a encore en tête le fiasco de son alerte à la bombe et les regards furieux des autres miliciens.
(c) opalescence
Caspian Matkovic
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Lun 27 Juin - 16:55
Bonjour la police !
Le regard passe des étals massacrés à Caspian, puis de Caspian au criminel, puis du criminel de retour aux étals. Le désastre était bien pire qu’elle ne l’avait imaginé, en réalité. Heureusement que Caspian avait acquiescé, partageait son avis sur la question – aider un peu ne ferait pas de tort, non. Peut-être que, s’ils étaient bien chanceux, personne ne rapporterait l’incident auprès du reste de la Milice. Balayer tout ça sous le tapis, ce serait bénéfique autant pour eux que pour leurs supérieurs – aucunes remontrances d’un côté, pas de situation chaotique à gérer de l’autre. Winner, winner, chicken dinner, comme on dit.
Alors Aubépine ne tarde pas à se mettre à la tâche, commence à ramasser les trucs jonchant le sol et allant les ramener aux propriétaires des étalages démolis. Les excuses fusent de ses lèvres à profusion, alors que les regards lourds de jugement et de frustration s’abattent sur elle. Ça lui rappelait ses jours à l’Académie – et encore, c’était souvent le cas même ces jours-ci –, quand les autres élèves la regardaient de travers juste parce qu’elle avait l’âme d’un animal herbivore. Heureusement, en cet instant, on ne la dévisageait pas pour les mêmes raisons. Mais les souvenirs étaient toujours assez douloureux.
Un regard en arrière lui permet de repérer son ami, qui lui ne semble pas trop apprécier l’ouvrage. C’était tout à fait normal, après tout – ce n’était pas de sa faute si tout était sens dessus-dessous. C’était de sa faute à elle. Si elle avait pu arriver à aider tous les commerçants qui avaient été affectés par son passage précipité dans le marché, elle l’aurait fait d’elle-même. Elle aurait laissé Caspian repartir avec le connard, qu’il avait attaché à un panneau qui lui semblait peut-être un peu fragile. Elle l’aurait laissé récolter les félicitations et se serait pris les remontrances à sa place. Mais le désastre étalé devant eux à l’heure actuelle était bien trop important pour qu’elle puisse aider tous ces gens seule.
« Au moins, d’ici une heure, j’crois qu’on aura aidé à peu près tout le monde. »
Elle se relève, quelques objets bien calés dans ses bras. Certains ont fissuré, d’autres sont en pièces. Quelques-uns ont survécu à la tempête zébrée qui les avait malheureusement frappés. « J’te laisserai ramener l’autre con là, si tu veux. C’est de ma faute si tout ce bazar est arrivé, t’es pas à blâmer pour ça. »
Aube retourne ensuite ramasser quelques affaires laissées plus loin, qu’elle ramène aux commerçants qui les lui réclâment. Au moins, certains d’entre eux semblent compréhensifs, mais ce ne sont pas tous les marchands qui le sont vraiment. Elle espère simplement que Caspian accepte de la laisser prendre le blâme pour cet incident, surtout si ça peut lui laisser un peu de répit après certains évènements.
A la fierté se mêle la culpabilité, poteries fracassées et étoffes déchirées. Pas de quoi sauter de joie, redresser le dos et garder la tête haute. Pas de quoi fanfaronner devant la prise d’un délinquant de seconde zone. Menton baissé, Caspian s’affaire à tout ramasser alors que sa partenaire du jour fait de même. Effectivement, ça sera vite réglé mais les regards noirs, eux, le suivront jusque dans ses cauchemars. La Milice bien belle, Milice bien propre, on en chante les louanges de l’intérieur mais loin des murs parfaits qui encercle le quartier général et leur petite vie tranquille, personne n’oublie les dégâts causés par Hazgar, Caspian le premier. S’il le pouvait, le milicien plaquerait ses grandes oreilles animales en arrière, se cacherait sous un tas de sable jusqu’à ce qu’on oublie le nom maudit, pourtant réputé des Matkovic.
“Si on se dépêche on pourra livrer celui-là sans qu’on nous pose trop de question.”
Un geste du menton en direction du délinquant qui semble ne plus vouloir prononcer un mot. Caspian balaye les commentaires d’un geste rageur de la main.
“Et te laisser toute seule réparer les dégâts ? Sûrement pas !” Aube oubliait probablement à qui elle parlait en cet instant. Caspian a les sourcils froncés d’indignation. “C’est autant ma faute que la tienne, je t’ai demandé de foncer… On aurait pu prendre un chemin différent mais au risque d’arriver trop tard. Tant pis , c’est fait.”
Le blond se relève, replace sur l’étale branlante les étoffes et objets ramassés en s’excusant une nouvelle fois devant le commerçant lui aussi affairé à remettre de l’ordre.