Métier : Ouvrière à l'usine de traitement des eaux + combattante de la fosse
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06/05
Elle peut le faire. Elle veut le faire. Ca bouillonne sous sa chair mais Maxine est au dessus de ça, Maxine à la peau coriace sous les plumes irisées, la mâchoire toute crispée car il ne faut pas hésiter; jamais jamais. Elle a mis son plus beau jean (pour une fois), sa seule chemise bleutée pour aller avec ses mèches toutes colorées. Maxine elle voudrait bien une armure, une épée pour parader mais Maxine n’a bien que ses poings crispé avec dignité. Elle peut le faire ; pour son père, pour sa mère, pour- Oh et puis merde. Elle frappe à la porte comme une furie. Elle veut le faire pour elle-même. Se montrer qu’elle en est capable, affronter tous ces crocs et toutes ces griffes dans une ébauche d’enfer; s'imprégner de l’atmosphère. Petite pie qui n’a pas sa place ici, au club des animaux troublants, des grands conquérants. Au club du sordide et du macabre dit-on. Maxine un peu nerveuse mais Maxine toute royale dans ses baskets trop usées ; elle veut leur montrer à tous, qu’elle aussi peut y arriver. Elle n’est pas glorieuse avec son cocard à l’oeil, avec ses ecchymoses aux pommettes. Une semaine plus tôt, la fosse l’a démolie comme une fragile potterie. Une semaine plus tôt, elle a eu tellement honte qu’elle s’est juré de devenir pire.
“Tu veux quoi la mioche ? Retourne chez ta mère c’est pas pour les ptites dans ton genre ici.”
Ah. Ça commence mal. Une armoire à glace à franchir avant de pouvoir entrer, le crâne rasé et les tatouages qui serpentent sur les biceps bien développés aux manches relevées. Pfff Max aussi elle a un tatouage, elle ne le montre pas à tout le monde comme si c’était son premier né.
“Toi retourne chez ta mère !” Parce que vive la répartie. La pie n’attend pas une seconde plus, rapide comme l’éclair elle se faufile entre le bras du géant et la porte ouverte et ricane intérieurement car c’est bête d’être aussi grand, laisser filer les petites souris entre ses jambes.
Elle se pense rapide elle se pense fine comme une anguille mais après trois pas la voilà attrapée par la chemise et soulevée comme si elle ne pesait rien (ce qui est peut-être bien le cas). Ballottée dans les airs comme une poupée de chiffon, elle entend ses dents claquer Maxine et elle se mordrait presque la langue ; mauvaise idée dans ce terrier d’avidité.
“PUTAIN LACHE MOI JVAIS PORTER PLAINTE C’EST UNE AGRESSION !”
Elle se débat comme un diable entre les mains du videur, tente de lui mordre une main et de lui écraser un genoux. Malheureusement le prédateur ne bronche pas, haussant un sourcil comme s’il regardait une énigme. “J’ai dis [i]dehors les mioches !”
“RIEN A FOUTRE VA FALLOIR ME TUER”
Ou la traîner de force pour la jeter dehors, oui ça suffirait probablement. Elle crache elle postillonne Maxine comme une méchante de dessin-animé (c’est qu’elle en a trop regardé). Se débat mais ça ne marche pas. La petite pie s’est faite piéger, la petite n’a pas très envie de se faire dévorer.
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L’atmosphère y est calfeutrée, odeurs de fauves, pas de fenêtres, et l’élite du règne animal, grosses dents et appétits titanesques, s’y arrêtent pour un verre, rendez-vous d’affaire et d’amour, tout se mâche avec mépris ici.
Désiré a pris ses aises, après avoir écrabouillé le masque de bookmaker en confettis de fête, il y recompte les paris, parfois échappe quelques noms, bientôt rayés du registre civil, à Mortimer. Le puma arque toute l’échine pour détendre le corps, dans un feulement bestial et s’adonne à l’observation nonchalante du reste des habitués. Sa traque à lui, se joue assis, capter un regard déviant, sourire à des manches qu’on étire pour couvrir les hématomes et s’extasier de la pépinière à champions, du fric pour rincer l’anniversaire de mariage de Morty et Val.
Désiré vide le tabasco dans le bloody mary, trempe ses lèvres, brûlées de vulgarité, fendues par une altercation bienvenue avec son sang. La bête clôt les paupières, pour se repaître des notes de jazz, une musique qui n’adoucit pas ses mœurs, complète juste le tableau d’une journée où il s’en est mis plein les fouilles, encore. Il a les lunettes sur le nez, la lumière est trop tamisée pour travailler, et les cheveux attachés, pour que son regard soit incisif et précis, comme la guillotine d’un caïman attachant, lorsqu’il passe un index autoritaire sur l’identité des créanciers.
Désiré se lèche les babines, un parfum attise ses instincts, relent de chasse agréable. Ses sourcils se froncent, c’est pas dans l’ordre des choses, ça pourrait tourner au bain de sang, et dans ce cas, il compte bien s’octroyer le premier rôle.
Le grabuge assombrit ses iris, le poing s’abat fermement sur la table, secoue le cocktail et les clients d’un frisson dangereux, avant de tonner avec animosité.
_C’est bientôt fini de gueuler comme un putois. Le puma quitte sa table brutalement, bondit sur le duo comme s’il était au pied des crevasses de ses montagnes, l’expression aussi abrupte. Avec austérité, ses yeux cyans détaille une poupée blonde, sous des mèches lavande, avec une ecchymose du même bleu douloureux, s’égosille à y laisser la peau. Les bras de son bourreau forment un étau infaillible, triceps tendus par l’effort, promettent de briser quelques côtes, si pas de reddition immédiate. L’éclat enragé lui plaît, à Désiré, il connaît ça, ça soulève ses envies de chaos, la castagne en grande pompe. La voix infectée de fiel, il referme une main amicale, griffes rétractées, sur l’épaule du vigile. Laisse-la moi. J’avais justement envie d’une putain de collation.
Bourru, la montagne plisse les yeux. Désiré, ce salopard à problèmes. Désiré, ce bourgeois ensanglanté. Désire, qui toujours s’en tire, sans rire, a une influence empoisonnée et un bourreau à la sinistre réputation. Pas de mots, mais le corps chétif qu’on balance, au sol le sac d’os impertinent, et un coup d’œil peu amène à l’égard du bookmaker, dont les crocs ont déjà fissuré la forme des fossettes, exquise irrégularité de l’impatience. Le chauve repart, avec son pas lourds, traduction évidente de sa propre irritation. Il en faudra plus pour l’émouvoir, le fauve, qui s’agenouille pour mater sa prise, avale la salive sécrétées en abondance sur sa langue, affamé. C’est le fardeau des insatiables, les prédateurs aux dents longues, ça embrume la première impression avec un soupçon d’attraction. Les phalanges se sont muées en corne noire aiguisée, poignards de son âme, pour caresser la ligne de la mâchoire, soulever le menton dans sa direction. Elle est pitoyable, sa jolie chemise, la pagaille de ses cheveux, prête à mordre comme un roquet éperdu, de colère ou de désespoir, même les deux. Désiré ça l’énerve, c’est trop familier, c’est trop nostalgique, de l’imaginer ramper dans le coupe gorge, jambes brisées et les ongles incrustées de sang séché.
_T’as une sale gueule, poupée. On va demander d’la glace. Tu vas m’expliquer si ce sont des pulsions meurtrières ou suicidaires, ton bordel de tapage. L’héritier Chanteloup se redresse, l’assemblée étudie la scène, comme lui, passe la langue contre les lèvres, laisse les canines brillées, sous la réverbération de l’éclairage artificielle. Ce le fait gronder, c’est à lui maintenant, jusqu’à ce qu’il ait déterminé si c’est une perte de temps, ou peut-être pas. Encore un regard et c’pas la seule que j’vais passer au fil du rasoir.
Il s’affale dans le rembourrage vert bouteille du canapé, prend autant de place que s’il avait un territoire à marquer. Avec la paume, il indique le fauteuil face à la table, un dossier surpiqués d’écus dorés, avant de l’élever dans l’air, héler sa serveuse, joli cul et décolleté plongeant, son regard s'attarde.
_D’la glace dans un torchon, une planche de Serrano, mon couteau et c’que voudra boire la gamine. Œillade au corps échevelée, et un sourire, sauvage, s’immisce de nouveau sur ses traits. Désiré. J’te dis pas enchanté, c’pas vraiment ce que t’inspires.
Le brun plante ses mirettes sarcelle dans les siennes, un peu intrigué de ce confronter au reflet de ses frasques, il était sûrement plus beau, même en vrac, à l’époque.
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Maxine secouée comme un pantin désarticulé, elle sent ses dents claquer, ses os craquer. Est-ce qu’elle va mourir ? Oh il en faudra plus que ça pour démembrer une pie, la forcer au silence. Il en faudra plus que ça pour que son monde flanche, qu’un misérable cri franchisse ses lèvres. Intérieurement, Maxine promet vengeance, Maxine jure de revenir et de faire pire. Un poing s’abat violemment sur une table et la jeune femme se fige comme tout le reste de la salle. C’est quoi ça ? Un minable en manque de violence ? Elle oublie de continuer à se débattre, tout d’un coup complétement absorbé par la bête qui rode, le grand homme qui dans sa démarche féline (félin félin félin à n’en pas douter lui cris son instinct de petit oiseau effrayé) vient demander les comptes, vient mener la guerre à la seule lueur de ses yeux clairs. Toute contorsionnée, Maxine n’ose même pas bouger. Il est intense. Veut-il lui aussi la dévorer ? A en croire les mots, oui. Maxine ouvre encore plus les yeux, comme des soucoupes volantes regrettant d’avoir posé pied sur terre. Oups. Elle a l’impression qu’on lui lacère les côtes Maxine, qu’on lui enserre la poitrine avec l’espoir d’en déverser les chairs, les os, les passions. Est-ce qu’elle a peur ? Oui oui oui la pie a l’instinct tout focalisé sur l’ennemi. Est-ce qu’elle veut rester ? Putain oui. Plus que jamais. La pie se réceptionne peu gracieusement sur le sol, se redresse rapidement comme si de rien n’était. Elle aurait bien aimé faire une roulade comme les super-héros mais il faut croire que son truc à elle, ce sont les super-vilains. La tête qui se relève pour observer le nouveau venu. Il est beau, très beau. Et méchant, très méchant. Ok elle veut bien aller elle-même dans l’assiette, s’assaisonner toute seule et se laisser dévorer. Mais il va probablement le regretter, elle n’est pas bien en chair Maxine, elle a les os un peu saillants et surement que ça croustillera quand on croquera. Elle se redresse pourtant bien fièrement, les bas croisés sur sa poitrine en un geste de défis. Une sale gueule ? Ah elle avait oublié sa tête de zombie shooté à l’héroïne. Elle voudrait bien répondre d’une remarque bien sentie mais elle malgré ses grands airs elle a un peu peur la voleuse, entourée de tous ces grands prédateurs, entourée de gros chats qui se lèchent les babines. brrr venir ici n’était peut-être pas la meilleure des idées finalement.
Suivant le gros chat, Maxine s’assoit doucement en face de lui, pas très certaine de la marche à suivre. Ok, elle est compétemment perdue. Et paniquée. Mais comme il ne faut pas le montrer, elle relève crânement le menton.
« J’me débrouillai très bien toute seule vous savez. »
Inconsciemment, elle le vouvoie et se maudit immédiatement. Maxine ne vouvoie personne non, elle crache sur les vieux et tacle les autres. Sa traitresse de langue à fourché, elle va devoir la couper. Petite hésitation, est-ce que Maxine Dupuy peut vraiment commander une limonade dans un lieu comme celui-ci ? Elle imagine déjà l’autre hausser un sourcil et la traiter de gamine. Non au club Geolis on ne commande pas de limonade, c’est donc la mort dans l’âme qu’elle se décide à prendre tout ce qu’elle déteste.
« Une vodka pour moi. Et des cacahuètes. »
Le regard mauvais, elle fusille le serveur des yeux, certaines qu’il en profitera pour lui servir la vodka la plus forte. Mais Maxine ne peut clamer haut et fort qu’elle voudrait bien le truc le moins fort ici parce que l’alcool elle trouve ça un peu dégueu et qu’ils sont tous tarés d’en ingurgiter à longueur de journée. Téméraire la pie, mais pas suicidaire. Elle reporte son attention sur son sauveur, l’air de vouloir attendre qu’il s’explique en premier. Car clairement, personne ne la sauve jamais d’habitude.
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Dim 8 Mai - 13:24
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L’angoisse, ce parfum qui colle, la peau et les cheveux entre eux, émane de la gamine, à en embaumer Geolis d’un avant-goût de festin, le genre pas assez sous la dent. Désiré, les yeux plissé dans une moue appâtée, étire le cou pour en percevoir mieux l’effluve, le trémolo lancinant même sous la mâchoire crispée. Les mirettes vertes le défient, la parure de l’orgueil, et sa poitrine se soulève dans un ronronnement amusé, vibrant dans les expirations, et l’espièglerie aux coins de la bouche. Elle est marrante. Le portrait amoché mais la vanité de la victoire, tressée mieux que sa teinture dans ses expressions alertes, c’est un contraste méchant. L'héritier Chanteloup en scrute les mimiques, et veut savoir, cette rage solitaire pleine de fierté, ça tire sa cheville comme un boulet, pour la vie c’est ainsi, ou l’éclaire mieux que les cierges de la foi, brûler vif c’est toujours une façon de vaincre les ténèbres.
_Oh oui. J’ai vu ça. Il a la malice qui s’immisce jusque sous la rétine. Désiré ravale un trait de bave. Il a faim. Vodka-cacahuètes, pour la porcelaine ébréchée, le minois fendu de mauvaise humeur que lui voudrait démasquer, savoir si c’est du flan. Un piaf ? coup d’œil moqueur. Le plateau d’argent glisse entre eux, d'une main il engouffre un tiers de la charcuterie, salé et ça manque d’Espelette, de l’autre il pose le sceau de glace, couvert par un torchon imbibé d'eau, plus près dans un fracas métallique contrarié. Il mastique avec assiduité, avale son bloody mary, ça réhausse ses papilles. T’as un nom poupée ? Ou faut t’saigner à blanc pour l’entendre.
Désiré est concentré sur l’apéritif. L’estomac, ça le travaille, les affaires n'aiment pas trop, les gargouillis contrariés qui froissent les humeurs, font des hachoirs avec les poignées de mains, viriles et vermeilles. Sa proie, un ramequin de noix de cajou suffira, et puis les gonzesses ça veut toujours l’épiderme collée à l’échine, cassant comme les brindilles, pour que même le plus chétif des gringalets puisse se pavaner, en clamant qu'elles sont protégées.
Pas elle, pas le volatile esquinté. Il le sent, parce que la haine et la rancœur, c’est volubile, les esprits détraqués sifflent entre leurs dents, montrent les crocs même aux enfants de cœur, l'enfer c'est les niais. Le puma plante fermement le couteau dans le bois, le manche à portée de phalanges, prêt pour l'entretien, la bousculer pour faire le tri dans son esprit, et départager l’irritation de l’intérêt.
_Alors ? C’est lequel de ces connards que tu veux crever ? Le fauve reprend la lame, l’a fait tourner, mouvements circulaires sur une assemblée de cibles, pas d'innocents, et même si c'était le cas ça n'apaiserait pas ses pulsions sanguinaires. Parce que c’est limpide dans ses yeux sarcelle, la bave aux lèvres, c’est le talion, les enfants ça veut toujours venger un doudou, et un jour, sur le trône des crânes polis, ça embrasse les dérouillées comme on étanche sa soif l’été, avec avidité. T’auras le cran.
Le bookmaker l’affirme, son timbre grave en octaves, la provocation pure et dure, il faut se donner les moyens de ses ambitions. Ses iris électriques transpercent, lui n’a pas reculé, la terreur aussi ça flambe, le cœur pourri de fiel en pierre à feu, et les incendies sont grandioses, toujours.
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Lun 9 Mai - 13:35
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Elle crispe les muscles et se force à ne pas trembler Maxine, elle mourra avant d’avouer la moindre faiblesse, avant de laisser le parfum de sa peur titiller l’odorat des géants d’acier. Elle a les sourcils froncés comme une mère énervée, une gamine esseulée. Elle a les poings crispés sous la table, les ongles plantés dans la chair jusqu’à lui en faire mal ; jusqu’à la réveiller. La brusquer. Les sourires narquois qu’on lui offre en guise de bienvenue, les regards perçant qui lui transperce la peau aussi bien qu’un couteau. Elle se force à ne pas les voir, à ne pas baisser la tête. A faire comme si les brutes le sang le carnage c’était son monde à elle aussi ; car bientôt bientôt elle en fera partie.
Il se moque, elle le sait. La malice dans les yeux, jusque dans les griffes qui percent la table, lacèrent la chair imaginaire. Maxine déglutit. Elle s’en veut d’être aussi lisible, d’être la proie naïve des chasseurs ; d’être pie et non vautour. Elle baisse les yeux quelques secondes sur le verre qu’on lui tend, les cacahuètes qui suivent juste après.
“Ouai.”
Parce qu’elle n’a aucune raison de mentir, l’autre doit le sentir jusque dans ses tripes. Elle relève les yeux, orgueilleuse. “Un chaton ?” A son tour d’être certaine. A son tour de défier. Peut-être ne devrait-elle pas oh non elle le regrette déjà un peu. Il va la bouffer, c’est sûr. Après avoir ingurgité tout son plateau de charcuterie comme un porc. Ouai, elle s’est certainement trompée d’animal. Elle trempe les lèvres dans sa vodka, se force pour ne pas grimacer. C’est dégeux. Une cacahuète pour se donner contenance. Et puis merde ! Elle ne va pas faire tout ce qu’il demande quand même ? Subir comme une petite marionnette !
“Faut pas donner son nom aux inconnus.”
Elle sourit un peu, montre les dents. Elle doute que ça lui fasse peur mais c’est comme ça, Maxine elle n’a que ça ; son ardeur ses mots violents sa hargne sa vengeance. Et en parlant de vengeance… Lequel lequel lequel ? Maxine elle veut le cœur de l’ennemi écrasé à ses pieds, celui dont elle ne connaît pas le nom, pas l’odeur, pas l’ardeur. Celui qui remplit ses nuits, doux cauchemars à chérir, ne pas laisser partir. Celui qui la fait crier de rage quand personne ne la voit, frapper le mur en béton jusqu’à s’en casser les phalanges. Maxine elle ne sait pas où chercher elle ne sait pas par où commencer. Maxine elle veut un nom à murmurer le soir sous sa couverture rêche, un nom à hurler de desespoir dans la nuit noir. Mais elle n’est probablement pas prêt de l’avoir alors elle se contente de livrer un autre point de sa liste :
“Tous.”
Parce qu’elle se dit que ça ne lui fera ni chaud ni froid et qu’il faut bien commencer quelque part. Elle gigote sur son siège, un peu mal à l’aise avant de relever un genoux pour venir y poser son menton et observer l’inconnu de tout son saoul. De ses cheveux bruns un peu longs aux yeux comme un lac glacée. De la mâchoire carrée aux épaules bien dessinées. Lui non plus il n’a pas de nom. Mais il pense qu’elle a le cran et ça, ça lui plait. Il vient de balayer tous ses doutes avec quatre petits mots alors elle sent ses entrailles faire des cabrioles Maxine, elle sent qu’effectivement, elle pourrait avoir le cran.
“C’est ça que tu fais de ta vie ? Tu bouffes ta charcuterie avec les doigts et tu joues avec les couteaux ? T'attends que quelqu’un te le prenne et essaye de te le planter dans la gorge ?”
Elle n’en sait rien Maxine, elle joue avec le feu. Mais si elle a raison, c’est un peu décevant.
“C’est un peu décevant.”
Voilà elle l’a dit. Pour se donner contenance et ne plus fixer le regard fauve elle baisse les yeux sur la coupelle devant elle et attrape une autre cacahuète.
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Mar 10 Mai - 1:31
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L’âme intoxiquée, les sursauts nerveux de la démence, sent ses pairs, éclats de lui, ciselages et couleurs uniques, disséminés au fond des yeux vitreux, incrustés avec l’hémoglobine séchée sous le vernis, pliés contre la cassure d’un rire. Désiré est un chasseur de tête, les taux d’échec minimisés, l’as de la bonne pioche depuis qu'il en a fini de s’en remettre à la roue de la fortune, lui préfère le rouet des coups.
La blonde, la gorge qui fait des valses et les yeux verts veinés de brun, fleurs de Jusquiame vénéneuses, a la langue brûlante et le timbre crépite. Désiré sourit, les dents aiguisés, laisse la main grossir et s’étoffer de fourrure sable, à en creuser des sillons, le bois qui crisse, et gronde, la menace qui sommeille.
_Un gros. Il dévore, tasse la faim, lucide encore, l’estomac est contenté. Désiré n’est pas affable, n’essaye pas, se contenir à en avoir le visage ébouillanté, il le laisse aux amateurs de thé. La gamine picore, les noix, son intérêt et bientôt sa patience, le sourire insolent. Quelle est bien élevée la poupée, et maman, elle a dit aussi, faut pas aller à Brise Cœur, on s’y fait zigouiller par des inconnus. Les traits de son visage se durcissent, exhibent la mâchoire et ses lignes. T’es quoi ? une putain de princesse ?
Le puma ça lui plait, qu’elle veuille tous les crever, les buter, même voir leur tête au bout d’un pic, ça leur ferait un souhait commun pour commencer, avoir des choses à partager c’est charmant, et puis ça voudrait dire qu’elle est bien bousillée, pas juste le minois. Elle a rien pour elle, épaisse comme trois feuilles collées ensemble, et l’écume acide qui dégouline de ses prunelles, l’arrosage des prises de becs des salles de classe, à la rigueur.
Le bookmaker ça l’irrite, qu’elle le sache et garde la tête haute, cherche petit à petit le moyen le plus efficace de se faire descendre. Les mandales ça sifflent au-dessus des oreilles avant de s’incruster dans le crâne, mieux que les acouphènes, et cabossent en marbré le camaïeu des contusions. La première fois ça tire comme une détonation, du barbelé sur le cœur, ça chiale et ça bave dans la confusion d’avoir le nez englouti dans son propre fer et le désordre des pulsations, l’adrénalines des enragés. Désiré ça ne l'a jamais empêché d'y retourner.
Tassée dans le fauteuil, un genou ramené à elle, le piaf cherche encore sa place dégobille un chapelet de provocations. Parce que les oiseaux ça piaillent, ça croit toujours qu’on s’chamaille. Parce que les enfants c’est curieux, ça souffle trop fort sur le feu. Parce que poupée est un peu radieuse, un poil audacieuse, un brin aventureuse et qu’elle va finir six pieds sous terre la face crayeuse. Les iris pailletés d’or, Désiré détend le bras dans un geste souple, pique la pointe de la lame, froide et acérée, contre la jugulaire, appuie sans percer, déforme le velouté de la chaire. L’expression placide intacte, il mâche encore, le gras colle sur les crocs, avale sans se presser, la langue râpeuse qui se presse sur les lèvres, lape le sel.
_Avec les gnons que t’as sur la gueule, on te le dira pas souvent mais tu mets l’eau à la bouche. Ca l’amuse un peu, des vibrations rondes dans sa voix de ténor, s'il se bâfre c'est pour arrêter de la fixer comme la plancha de Morty. Je suis pas une putain de bête de foire, si tu veux du spectacle y a une arène à deux rues. T’auras qu’à glousser et j’ter des noix si t’as les jetons de te faire débiter en p’tit bois.
Désiré retire le couteau, un manche noir et une prise solide, ça lui rappelle ses clubs de golf, il veut les mêmes pour l’hôtel. Avec le tranchant, le fauve poli ses dents, blanches et effilées d’avoir mangé, lustre les intersections sans lâcher sa cadette du regard. Les volatiles c’est vif, ça survit aux cauchemars en se planquant plus habilement que la vermine, souvent ça décroche la victoire sur un coup de poker magistral.
_C’est triste à en crever ta dégaine, à c’rythme tu vas te faire écorcher sans même connaître le goût d’un autre sang que le tien. L’héritier Chanteloup se fend d’un rictus carnassier, les mirettes fiévreuses, excité du challenge, fait glisser la lame sous ses ongles, y décolle les amas noirs d’avoir balafré un poulain de son écurie, leçon apprise, garder la tête plus basse. Mais peut-être bien que ça te plairait poupée, de mordre autre chose que la poussière. J’pourrais faire en sorte que tu jacasses moins, qu’tu tabasses plus.
Le félin, il y pense, aux poignards qu’il pourrait loger dans les paumes, aux muscles qui pourraient s’affiner, le cuir sa tanner, transformer le gringalet en terreur, en faire son putain de majeur au destin.
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Jeu 12 Mai - 11:18
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Petite pie coincée dans cette grande cage d’acier, elle déglutit en voyant la main devenir patte, se couvrir de fourrure doré ; les griffes qui d’un coup bien placé lui lacèrent la gorge, gouffre béant sur la noirceur intérieur, les doutes un peu profond si longtemps enfouis. Elle ne bouge pas, se force à paraître impassible bien qu’intérieurement, cette patte de félin la fait trembler d’effroi. Fuis lui cri son instinct, fuis fuis fuis car ça, c’est l’arme d’un gros félin et petite dans ses belles plumes noires irisées, elle ne fait pas le poids. La rage se coince dans la gorge, dévale les pentes et les cauchemars. Petite poupée c’est ainsi qu’on l’appelait, petite poupée c’est ainsi qu’elle a été. Un jour pas si loin, une autre vie dans l’oublie. Petite poupée, c’est ce qu’elle ne veut plus jamais redevenir. Les iris noirs de colère elle crispe la mâchoire, les mots franchissent ses lèvres.
“Elle aurait dit ça ouai.”
Maman pour une vie maman pour la vie, 6 pieds sous terre à nourrir les asticots ; peut-être réincarnée un soir d’été mais personne ne sait et Maxine encore moins parce c’est ainsi, la réincarnation ça craint. Mauvaise, elle baisse la tête sur son accoutrement, inspecte sa chemise bon marché et son jean élimé. Tate les ecchymoses sur son visage en fusillant l’autre du regard.
“J’ai l’air d’une putain de princesse ?! Donne moi une robe et promis j’t’étrange avec.”
Yeux plissés et sourcils froncés par la méchanceté qu’elle veut faire transparaître. Non Maxine ne veut pas qu’on l’imagine princesse virevoltant dans le vent (ça, c’est bon pour un temps), non Maxine ne veut pas qu’on l’imagine cheveux joliment bouclés, créoles aux oreilles (ses perçages aux lobes se sont depuis longtemps rebouchées). Malgré l’estomac qui fait des looping et la peur qui la tiraille encore, la pie picore dans son bol, cacahuète après cacahuète. Elle a appris à ne pas gacher, elle a appris à faire avec un frigo toujours vide et les entrailles qui grondent. Elle se dit qu’elle était probablement plus en chair à l’époque, plus de rondeur. Mais elle s’en fou, avec ses nouveaux os saillants peut-être pourra-t-elle entailler quelqu’un.
Mais pour l’heure, c’est sa gorge à elle qui se retrouve sous l’emprise de la lame, pointe contre sa chair comme une promesse d’enfer. Elle déglutit, sursaute un peu mais se reprend, s’oblige à ne pas lâcher l’autre des yeux malgré ses tremblements. Il mâche la chair rosée comme un monstre d’éternité, la bave aux lèvres dans une si belle avidité. Maxine un peu jalouse, Maxine un peu dégouté. Maxine tellement fascinée.
“T’embête pas j’ai que la peau sur les os.” Parce que finalement, elle n’a plus très envie de se faire bouffer. Elle grogne, les yeux maintenant rivés sur la lame contre sa jugulaire. Peut-être que ça la fait un peu loucher. Maxine ne dit rien, elle le sait elle a une sale tête, elle ne sait elle ne fera jamais fureur dans la fosse, personne ne pariera un demi lenss sur elle et sa misérable carcasse. Et ça l’enrage encore plus, elle fusille la lame du regard. Soupire de soulagement alors qu’elle s’éloigne, Maxine elle a probablement retenu un peu son souffle sans s’en rendre compte. Elle se renfonce immédiatement dans son fauteuil au cas ou l’autre aurait la mauvaise idée de recommencer. Lueur soupçonneuse dans les yeux verts, elle se masse la gorge sous une douleur qui n’existe même pas. Encore entière, pour l’instant.
“C’est toi qui jacasse là… tu peux pas être plus direct ? Qu’est-ce que tu veux ? Parce que là ça me gonfle de me faire tourmenter par un gros chat qui bouffe n’importe comment et promet des trucs impossibles. On le sait dans la fosse j’tiens pas deux secondes.”
Ça l'enrage ça l’enrage ça l’enrage. “Merde j’ai même pas touché cette connasse la dernière fois !” Elle a parlé trop fort, presque crié la dure réalité.
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Ven 13 Mai - 0:55
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Poupée n’a plus de mère, et un père ? ; cherche à prouver, peut-être, que la misère aussi ça s’attache en rubans, tresse la crinière des guerrière, et la rancœur en diadème, la couronne des infortunés. Elle a les iris assombris, le timbre qui gronde, avec ses serres, elle s’est peut-être vu arracher sa jugulaire. Désiré n’est pas effarouché, pas l’ombre d’un doute, qu’elle a l’étoffe pour faire des nœuds avec les volants, rose poudrée ça se tâche, maculée avec la rouille et la bile peut-être toute sa garde-robe y passera, sous le brasier de sa rage. Le puma détaille, sans l’embarras de s’en cacher, le minois fripé par l’aigreur.
_J’vais chialer tiens. Il pique dans l’assiette, taillade le bois du manche, hameçonne avec l’acier trempé la ligne sur le cou. Le peur aussi ça se dévore, Désiré, cet insatiable, il y goûte avec un plaisir à peine dissimulé derrière sa voix qui ronronne. T’as vraiment l’air d’être une chieuse. Déjà las des relents terrifiés, la fauve est ferme, il la veut, pour son cirque macabre, pour sa revanche personnelle. Il laisse ses épaules se dénouer, le pointe qui s’évade. Enfin au moins t’as pas froid aux yeux.
Suicidaire ou sanguinaire, la poupée ne le sait peut-être pas elle-même. L’héritier Chanteloup n’en est pas bien certain lui non plus, de ce qui rythme ce chaos d’adrénaline sous ses veines, fracasse et les crânes et la quiétude, des éclats disloqués à travers l’île, sa haine, rouge, à rendre sourd et aveugle.
La poupée se tasse un peu plus loin et lui s’étale à nouveau contre le dossier, un souverain ça détend colonne et échine, le port de tête altier. Elle est furibonde, amère, d’être une laissée pour compte impuissante, même pas capable de tenir, entre les cordes de l’arène, face à face avec un corps pitoyable mais de toujours la volonté de prouver le contraire.
Il lâche un rire, brutal et sec. Désiré de bonne humeur, les belles idées ça l’excite un peu, il lui donnera les armes et le moment fatidique, elle choisira qui d’elle ou l’adversaire elle voudra empaler.
_Je dis poupée que je peux être ton mentor, si tu le mérites, le sourire avec les canines qui découpent un masque, celui de l’expérience, celle des yeux exorbités et des rotules écrabouillées. Garde la cette rage, qu’elle macère surtout.
Désiré ne veut pas d’une pouliche naïve. Il la veut dure, terrible et avide. Désiré aime les preuves, pas de celles qu’on accole aux articles de lois, celles qui impriment douloureusement, la rétine et tous les nerfs, le trouble des sens et de la lucidité. Il enfonce le manche du couteau dans la paume de la blonde, écarte la main gauche, les phalanges en étoile, contre le bois de la planche, les tranches qui s’immiscent entre les jointures. Désiré le regard fou, veut savoir jusqu’où, Désiré veut en être convaincu, que ce n’est pas juste le chant d’une corneille, celui qui s’éteint avant d’avoir changé l’univers.
_Plante moi.
Ca l’excite Désiré, tirer les cheveux des copines ce n’est pas un fait d’arme, crier, hurler, c’est le lot des miséreux. Il veut l’assurance, de son audace.
_Maintenant.
La voix, une balle qui siffle plus fort que le fusil de Morty, que la détonation de son driver. Pour en avoir le cœur net, de son cran, à la poupée.
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Ven 13 Mai - 13:58
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Devil's song
06/05
Les poings crispés dans un tonnerre de haine, elle a les pensées chamboulées Maxine, les entrailles qui se tordent et s’entremêlent jusqu’à lui donner l’envie de vomir ses tripes. Peut-être qu’elle devrait, ça lui gâcherait son déjeuner à ce matou arrogant. Pourtant, elle ne peut pas s’empêcher d’avoir les pupilles qui s’éclairent, l’envie de titiller le gros chat et de compter ses canines. L’envie d’être un peu pareil, un jour ; taper du poing sur la table et que tous se taisent, tous s’abaissent. Triste vie que d’être une simple pie qui ne chassera jamais plus gros qu’un scarabé hors du sentier. La charcuterie sur la table ne lui donne pas envie, ça la dégoute un peu et elle repousse son bol de cacahuète presque vide. Trop de sel sur la langue, elle s’oblige à boire une nouvelle gorgée de sa vodka dégueulasse. C’est sa faute, elle aurait tout simplement pu commander un diabolo menthe et rester à sa place. Mais c’est peut-être là le problème, Maxine elle n’aime pas sa place, elle veut brandir les poings haut vers le ciel, sourire ensanglanté aux lèvres dans une parade de victoire ; exploser dans la gloire. Elle a des lignes à respecter Maxine, des gens à trouver, des choses à racheter. La vengeance qui lui coule dans la gorge comme le choléra dans sa chair. Se dit finalement que pour ça il va falloir un peu plus de muscles, un peu plus de capacités meurtrières. Alors si elle a l’air d’une chieuse c’est tant mieux, elle prend finalement un malin plaisir à déplier ses membres et lui offrir un affreux sourir.
“J’vais prendre ça pour un compliment” Et te le renvoyer dans les dents.
Elle a peur mais elle est fascinée, la poupée d’acier. Si elle a du mal à y croire, hausse un sourcil soupçonneux, elle pense une seconde que c’est possible. Une seconde de trop. Oui oui oui apprend moi comment font les rois, comment meurt les rats. Oui oui oui elle peut bien accepter une main tendue de temps en temps, quand elle se retrouve tachée de sang, tachée de graisse.
“M’apprendre à me battre dans la fosse ? Elle est où l’embrouille ?”
Elle voudrait y croire mais c’est compliqué et une pie, ça ne se jette pas comme ça dans la gueule du loup. Non pour ça, elle doit d’abord regarder la dentition, observer les frissons. Juger si c’est assez aiguisé, assez tordu pour elle. Qu’on ne la laissera pas au milieu sur le sentier qui mène aux enfers ; qu’on ne lui retire pas la main tendue sous prétexte que c’est peine perdue. Qu’on ne lui fasse pas miroiter de faux espoirs comme ces sales prêtresses, ces girouettes. Le manche du couteau vient prendre place dans la petite main qui hésite, tremble un peu dans celle plus grande du puma.
Plante moi.
Maxine ouvre de grands yeux avant de fixer cette main plaquée contre le bois. Plante moi plante moi plante moi. Est-ce une promesse ? Un pacte de guerre ? Un piège ou une souricière ? La pie est réfléchie et en quelques secondes elle a déjà décidé des possibilités. Si elle ne le fait pas, alors autant faire demi-tour, tourner le dos à l’absolue comme elle le fait bien trop souvent, un peu trop lâche dans ses vêtements élimés. Si elle ne le fait pas, alors pour quoi d’autre est-elle venue ici ?
Si elle ne le fait pas, alors quelqu’un d’autre le fera.
Elle ferme les yeux, inspire. Les rouvre sans croiser le regard de l’autre. La main, juste la main. Et sans cri de rage (elle a la gorge un peu coincée mais ce n’est pas l’envie qui manque), elle plante la lame pour charcuter la chair. Elle ne l’a jamais fait avant, elle espère ne pas vomir après.
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Dim 15 Mai - 13:51
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Désiré est excessif. Il achète son vin, épais et bordeaux, par barriques, la cave subitement étroite. Il parle trop, le public est servile, finit toujours par hurler, la vulgarité en guise de ponctuation. Il se bat, écorche, éborgne, écrabouille, sans la conviction de tuer, martyriser suffit. Il le sait.
Ca ne l’empêche de continuer, le naturel ça ne se chasse pas, et d’y trouver même satisfaction, le rictus d’un dément. Elle est un peu comme lui, même si c’est moins réussi, la rage et plus aucune limite, ces barrière superficielles. Elle ne chante pas sous l’acier trempé, le macchabé de sa mère ne saurait être invoqué, le regard vif, vert c’est l’intelligence, et le sourire terrible, pour ne pas juste cracher. Elle va faire un carton. Quand il l’aura redessinée, à son bon vouloir et à sa gloire. Désiré est impatient, du regard ahuri de Mortimer, des salves d’applaudissements, du concert de l’effroi. Il veut la voir crever des tympans, les hurlements sont la mélodie du triomphe, Chanteloup oblige, et dépecer les corps, lames et serres acérées mieux que celles du boucher.
_Apprendre… Désiré se marre, bruits sourds entrechoqués, et inspire, le tabac froid et son excitation. T’attends pas à réciter poupée. J’vais te faire suer jusqu’à ce que tu rampes pour te barrer et t’faire voir du sang jusqu’à ce que tu tournes de l’œil et rende tripes et boyaux.
Désiré est un entraîneur, un fin connaisseur. Il a la pédagogie d’un monstre, le répit c’est pour les mauviettes, et le parcours est cruel, jalonnés par les pleurs, pavé comme l’enfer. Gare aux déserteurs, les appétits du fauve ne tolère pas la lâcheté, les ultimes course poursuites dans le labyrinthe du manoir, fatales et décadentes. La blonde a les mirettes qui s’écarquillent, c’est le bordel à l’étage, ça doit faire un fracas de tous les diables. Désiré, s’il tend l’oreille, il en entendrait presque les harmoniques, de ce chaos des premières corruptions.
Le couteau enfonce la chaire, transperce l’épiderme, macule en carmin le mobilier, leur visage, bute contre les phalanges, les os ça brise mal en un seul coup. Ca brûle, la douleur est familière, le fauve étouffe le râle, sort les crocs et le visage se fripe dans une grimace de fièvre. La plaie l’embrase, fort et impétueux, il a la main droite qui rattrape manche dans un souffle, choppe celle de la pie, ça n’attend pas le défilé d’une seconde, il la plaque et l’entaille avec assez de force pour toucher le bois de la table.
Ca l’excite, ça sent le fer partout, ça siffle et ça gronde, tout autour, Geolis retient son souffle. Lui, lui seul, personne d’autre n’existe, peut se tailler la part du roi. Il feule avec hargne, rit avec aliénation, tonne avec autorité.
_Une putain de harpie ! Ce sera un nom parfait pour tes débuts.
Désiré est emballé, il est galvanisé par la souffrance lancinante, l’étincelle de ses meilleurs espoirs. Il balance l’arme ensanglantée derrière, bruit de succion de la chaire ouverte, et empoigne les paumes tuméfiées entre elles, ça le lance et le brûle, ça annihile tout trace de composition de son expression enragée, sans lucidité les yeux s’injectent de sang et des sabres pointent au bout des canines.
_Félicitation poupée ! Tu es retenue. Première leçon : si t’as pas la poigne, tu tiens l’arme à deux mains.
Et Désiré sourit, il a toujours eu un faible pour l’épique, les aurores crépusculaires.
