My friends don't walk, they run. Skinny dip in rabbit holes for fun. Popping, popping balloons with... guns. Getting high off helium.
La bonne ambiance habituelle aux réunions entre amis que tu avais toujours connus baigne la pièce de vie de l'appartement du Chat. Les verres se remplissent de vin blanc avec des sourires qui ne s'étaient pas vu depuis longtemps, la soirée s'annonce bonne et pleines de conneries. Vous trinquez à une nouvelle année moins catastrophique que ces derniers mois -et tu t'étonnes à penser très fort, un peu à la manière d'une petite prière, que tes deux frères amicaux puissent être protégés cette année et toutes les autres qu'ils suivent. Tu n'es pas du genre très religieuse, pas du tout même, mais pour eux, ça vaut la peine d'essayer.
Puis les visages se décomposent lorsqu'Eliott met les pieds dans le plat le premier. Tu reposes ton verre de vin sur la table après avoir bu une gorgée qui te parais étrangement amère au vu de ce que vous révèle Eliott. Il était dans la crypte qui s'était effondrée avec cette Traitresse de Charib ! Il aurait pu finir sous les décombres, ou lui arriver n'importe quoi d'autre. Un silence lourd résonne dans la pièce, tu es comme Celian, muée par le choc le temps d'intégrer toutes les informations balancées en quelques secondes. Le Corbeau est plus rapide à reprendre ses esprits, et sa réponse pour demander si Eliott va bien te fait encore plus pâlir.
« De votre côté ? Ne me dis pas que tu y étais toi aussi ?! Dire que cette Traitresse de Prêtresse aurait pu nous faire tuer... »
Tu as presque craché toute la rancœur dans le ton de ta phrase. Si le récit vague d'Eliott t'avais déjà glacé le sang en imaginant qu'il était présent lorsque la crypte s'est effondrée. Celui de Celian que tu n'as jamais vu aussi hésitant à vous faire part de quelque chose ne te rassures pas plus. Puis tu réalises, ça te frappes plus fort qu'une claque en plein visage. Le Chat et le Corbeau ont été impliqués dans cette enquête, chacun dans un groupe différent. Des cercles, des représentations du sans-âme, les notes de Charib mais surtout... Un autre éboulement. Tu sens ta cage thoracique comprimer ton cœur. Ton imagination te tortures. Tu aurais souhaité être avec eux pour les soutenir lorsque tout cela est arrivé. Puis il y a ce "ils". Ils se seraient échappés. Des membres du Culte de la Mort ? Lui aussi a dû avoir affaire à eux ?
Tout ce que tu retiens c'est qu'ils l'ont assommé et cette phrase lourde de sens à propos de sa jambe, une colère forte mélangé à l'angoisse te donnes la nausée. Tu t'en rends compte lorsque ta paume devient douloureuses, les jointures de tes doigts blanchi tant tu serres les poings, tes ongles longs ayant commencés à s'enfoncer dans ta propre peau. Tu reprends une respiration, trop concentrée sur les paroles de tes amis que tu en as oublié de respirer. Tu te sens t'enfoncer dans le canapé molletonné, ramenant tes jambes sous tes fesses, tant pis pour les bonnes manières.
Ces récits semblent trop vagues, comme si chacun cherchait à se protéger les uns les autres. Pour que personne ne s'inquiète de trop. Sauf que ton imagination est bien plus horrible que si ils avaient parlés de tout ce qui leur était arrivé en détail. Tu réussis néanmoins à te calmer, ils étaient là. En vie. Et semblaient en entier. Du moins physiquement. Celian pouvait rajouté autant d'humour qu'il le voulait, cette expérience l'avait marqué, ça s'entendait mais par politesse, tu ne le relèves pas.
« Je... J'ai du mal à réaliser. Cette soirée du nouvel an aurait pu ne jamais avoir lieu. » Tu es secouée par un petit rire nerveux, tu es plus atteinte que tu aurais aimé le montrer. « Je suis tellement désolée que ça vous soit arrivé à vous aussi et tellement contente de vous voir en vie. »
Tu croises les bras contre toi, "à vous aussi", ça t'avais échappé. Tu n'as plus le choix que de leur raconter les horreurs que tu as vu ce jour là aussi. Tu rassembles tout le courage qu'il te reste à puiser dans ces souvenirs affreux, tu sais que tu peux tout leur dire.
« Je... J'étais avec le groupe dans la forêt Tue-Loup. On était un groupe entièrement féminin avec une Prêtresse... Enfin. Une vieille conne qui s'est barré dès que le brouillard a commencé à se lever. On a du continuer les recherches par nous mêmes, elle est jamais revenue. Heureusement qu'il y avait cette Chauve-Souris avec nous, son écholocalisation nous a bien aidées. »
Tu te revois, attachées les unes aux autres parcourir cette maudite forêt dont tu ne veux plus entendre parler. Les hurlements du chasseur qui font échos dans les branches des arbres. Tu passeras le fait que tu aurais pu finir la queue de reptile coincée dans un piège à ours pour éviter un piège au groupe.
« On a entendu un Anima Cheval qui demandait de l'aide. Sa nièce, une Tigresse avait le pied dans un piège à ours. Deux chasseurs, elle s'est blessée pendant une de leur partie de chasse en marchant sur un piège qu'ils avaient peut être même installés eux-mêmes. » L'ombre d'un sourire passe sur ton visage en te rappelant ce grand gaillard tomber comme une mouche quand on a commencé à aider la Tigresse. « Il s'est évanouie quand on a commencé à vouloir sauver l'autre ingrate. Et... Quand il s'est réveillé il était comme dans un état second... »
Tu regardes tes deux amis chacun leur tour, tu hésites à leur dire pour ne pas les inquiéter mais tu es déjà allé trop loin pour t'arrêter ici.
« On a pas fait gaffe mais il avait un fusil, il l'a pointé vers moi et a tiré. » Tu as parlé vite et d'une petite voix comme pour réduire l'impacte de tes paroles. Tu reprends toutefois rapidement et plus fort, comme pour les empêcher de trop réfléchir à ça. « C'était accidentel, sa nièce a mordu une des filles du groupe qui a crié, ça l'a fait sursauté et il a appuyé sur la gâchette. Puis ça m'a pas touché mais c'était pas loin. »
Vraiment pas loin, si tu y pensais trop, tu pouvais encore sentir le souffle mortel de la balle frôler ta tête. Tu soupires, c'était même pas la pire partie de toute cette histoire, bien que tu ais eu la chance que rien ne se soit effondré sur toi de ton côté.
« Ils nous ont quand même aidé après qu'on leur expliqué ce qu'il s'était passé à la Crypte, apparemment ils n'en avaient pas entendu parlé comme ça faisait plusieurs jours qu'ils étaient en forêt. Ils nous ont racontés avoir vu un groupe d'Anima masqués parcourir la forêt, dont un Anima Loup. On a remonté leurs traces et... » L'odeur du sang et de la mort te reviennent. Tout comme les images de ces pauvres petites bêtes sacrifiées. « Ces détraqués du Culte de la Mort ont fait une sorte de sacrifice avec plusieurs rongeurs, oiseaux et blaireaux, des animaux pas des Animas. Mais c'était horrible à voir. »
Tu laisses une pause pour te rappeler de celui que vous avez laissés échapper, sans vraiment savoir si vous aviez bien fait. Tu réfléchis à comment tu vas pouvoir leur raconter ça, tu te demandes comment ils réagiront. Peut être que tu aurais réagit autrement si tu avais su qu'eux aussi avaient eu des problèmes avec des membres du Culte de la Mort. Mais avec des 'si' on referait le monde.
« Un Capucin nous surveillait depuis les arbres, il faisait parti du Culte lui aussi. J'ai du lui mettre la main dessus en lui courant après pour qu'il nous en dise plus. C'était qu'un gamin. Il a dit que ça faisait partie d'un rituel ou quelque chose du genre. Ce qui est sûr c'est qu'ils font ça en contradiction avec nos croyances actuelles. Ces propos avaient pas vraiment de sens. Je crois qu'il a dit qu'ils ne cherchaient pas la réincarnation mais la vie éternelle. La Crypte n'était que pour faire passer un message selon lui. Il ne faisait pas partie des pilleurs de la Crypte et c'était qu'un gamin, on aurait dit qu'il avait lui aussi du mal à comprendre ce qu'il nous racontait. Alors... On l'a laissé partir. Il... Il nous parlait de son père comme s'il avait un rôle important dans tout ça. On s'est mises d'accord pour ne rien dire à la Milice. On voulait éviter les représailles. Mais... Je suis incapable de dire si on a bien fait... »
Tu attrapes ton verre et boit deux grandes gorgées de vin d'un trait, comme pour essayer de noyer les souvenirs dans l'alcool.
et ils s’écoutent, tous assis sur le canapé d’eliott, le soir du réveillon. moment hors du temps après la tempête que fut l’affaire de la crypte. la fin d’année 2097 aura été décidément bien compliqué pour le trio. entre la réapparition d’eliott début décembre, puis l'apparition du culte de la mort. les pièces du puzzle sur cette affaire qui s’agencent petit à petit alors que les trois amis témoignent.
le récit de celian lui glace le sang. l’effondrement, la prise d’otage par le type du culte, le pauvre oiseau assommé… celian qui blague sur le verre, celian qui blague sur les vêtements, mais celian qui a la voix qui déraille, la gorge qui se noue. ça s’entend, que ça lui pèse.
“je te présente ma copine si tu me présente ton mec du culte de la mort. même si franchement, paye ta relation toxique s’il t'assomme au lieu de te payer un verre…”
l’ironie, c’est plus simple pour tout noyer.
c’est au tour d’alysse de prendre la parole. son récit n’est pas plus joyeux. la chasseresse qui a mordu quelqu’un, la balle en la direction d’alysse, les cadavres d’animaux de la forêt… et puis la grosse révélation sur le capucin rencontré et le silence gardé face à la milice. eliott écoute en silence, perçoit le doute dans la voix d’alysse, les images qui reviennent et qui la hante… décidément, ce fût difficile pour tout le monde.
“hé, alysse.” il pose la main sur son épaule, dans un geste fraternel, dans un geste rassurant. “c’est fini. je pense que vous avez bien fait. c’était un gamin, comme tu dis. et tu connais mon avis sur la milice.” il fut un temps, c’était eux, les gamins fuyant la milice. c’était lui, le gosse paumé, d’un quartier défavorisé, qui n’avait pas d’autre choix que de sombrer pour survivre. petite frappe et milicien, c’est comme chats et des chiens. “de toute façon c’est passé, ce qui compte c’est que vous alliez bien.”
la dernière phase, elle est pour tous les trois. alors eliott se relève, s’étire un coup. eliott l’aîné du groupe, d’un an seulement, certes, mais tout de même. eliott comme un grand frère, parfois, quand il est là, quand il ne disparaît pas.
“bon… on est là pour profiter, non ? alors venez à table, le repas est presque prêt ! celian, tu nous serres une autre bouteille ?”
il dirige de loin, espère que ça les aidera à passé à autre chose et à profiter de la soirée. il rejoint la cuisine qui donne sur le salon, séparé par un comptoir.
“ce soir, c’est spaghetti bolognaise faits maison. j’espère que ça vous plaira parce que je me suis donné…”
eliott vieux ronchon, qui fait semblant de râler devant l’effort. mais ça lui a fait plaisir, de se décarcasser pour leur offrir un repas qui tienne la route. il dépose la marmite sur la table, et sert tout le monde avant de s’installer. celian leur a servit un verre de vin rouge de son côté, et les trois amis trinquent à nouveau avant de commencer à manger. ça parle, ça rit, ça se vanne. eliott, il se surprend à avoir le coeur un peu léger devant ce moment de convivialité. au fond, alysse et celian, ils lui avaient terriblement manqué. alors tout à coup, il murmure.
“hé… ça vous direz pas…” il hésite, eliott. c’est pas son genre de proposer des choses comme ça, de laisser place à ses émotions. “de faire un tatouage commun ?”
il dévisage celian, puis alysse. après tout, ils ont au sein de leur groupe une des meilleures artistes tatoueurs de tout haklyone. alors pourquoi pas ?
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réveillon
i'm so glad i found you both
appartement d'eliott
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31 décembre 2097
Tes mains tremblent légèrement, tu n’as plus cette expression rayonnante comme auparavant. La joie, comme les couleurs, se sont drainés de ton visage en écoutant le récit des deux personnes que tu chéris le plus en ce monde. Tu es passé si près de les perdre. À un éboulement, à un coup de fusil. Et tu n’en savais rien, tu ne l’aurais appris que trop tard. Avec vous, les insultes ont toujours sonné comme des mots d’amour dans vos oreilles, mais la pensée de les quitter un jour sans leur avoir dit à quel point ils comptent pour toi te fend le coeur. Une vie sans Alysse, sans Eliott, ce n’est pas une vie, c’est pire que la mort.
Eliott a raison. C’était qu’un gamin, et d’après tes dires… Si ça se trouve, il a été forcé d’agir ainsi. C’est mieux de l’avoir laissé filé, ne t’en veux pas d’avoir pensé à ta sécurité d’abord, au moins ça t’évite d’avoir une cible dans le dos. De toute façon… Ces incapables de la milice n’ont même pas été foutus d’aller les chercher eux-mêmes, ces salauds du culte de la mort.
Tu lui offres un hochement de tete, l’air compréhensif. Pendant quelques secondes, ton expression change en une grimace en repensant à la dernière silhouette qui s’est échappée dans les grottes. Est-ce que toi, Orca et les autres personnes de ton groupe venez de vous faire des ennemis après avoir arrêté deux de leurs compatriotes? Tu n’oses pas penser à la suite des choses, préfère chasser de ton esprit ce scénario horrible. Eliott l’a dit lui-même, c’est du passé, c’est fini maintenant. Inutile de s’y attarder plus longtemps. Le chat s’est déjà levé en direction de la cuisine et lorsqu’il t’interpelle pour te demander d’ouvrir une nouvelle bouteille, tu t’exécutes sur le champ,
J’y pense, mais… Il semblerait que même la mort ne veuille pas de nous.. C’est presque vexant. Je suppose qu’on a pas le choix de se supporter mutuellement alors. Jusqu’à la fin des temps. Sinon, qui d’autre le fera?
Un sourire railleur apparaît sur tes lèvres, tentative maladroite de clore le sujet pour de bon sur une note d’humour. Après avoir versé l’alcool dans les coupes, tu prends place à table, sourit au chat lorsqu’il te sert. Tu as la bouche pleine lorsqu’il reprend la parole.
Je veux le mien sur les fesses.
Sont tes seuls mots, manière de leur signifier que t’es d’accord avec l’idée, à la sauce Celian Dresdell. Gâcher les beaux moments, c’est tout un art.
(c) opalescence
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Lun 26 Sep - 14:50
Réveillon
My friends don't walk, they run. Skinny dip in rabbit holes for fun. Popping, popping balloons with... guns. Getting high off helium.
Cette année a été un roller coaster d'émotions trop forte que tu faisais semblant de réussir à gérer depuis maintenant trop longtemps. Leur dire tout ce qui s'était passé cette nuit là était libérateur mais n'enlevait pas le sentiment de culpabilité. Mais en cette soirée de réveillon, entourée des connards les plus chers à ton cœur, tu souhaites laisser tout le négatif de côté. La main d'Eliott sur ton épaule te réchauffes de son aura protectrice, toi qui aurait sursauté et te serais défait de tout contact en temps normal, tu te surprends à te détendre à ce simple touché fraternel. Tu te souviens de la courte étreinte partagée le jour de son retour. Il y avait définitivement pire qu'une main sur une épaule. Les expressions compréhensives et rassurantes de Celian et Eliott finissent par te convaincre, le temps de cette soirée tout du moins, que vous avez fait le bon choix. Qu'est-ce que tu serais devenu sans eux ?
« Vous avez raison les gars... On devrait arrêter de penser à tout ça, on est là et on recroisera, j'espère, jamais ces... »
Toi qui n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour laisser échapper des grossièretés, tu ne trouves pas de qualificatif assez fort pour décrire les sales types du Culte de la Mort. Fronçant les sourcils, bâtards, finit par sortir, à défaut de trouver plus élogieux encore.
« Puis ça leur ferait trop plaisir de savoir qu'on pense encore à eux au lieu de profiter de ce qu'on sait le mieux faire : La fête. »
Et foutre le bordel accessoirement mais pour une fois, vous modérer ne serait pas une mauvaise idée pour éviter une catastrophe dans l'appartement du Chat qui a surement mieux à faire d'un lendemain de réveillon que de nettoyer vos conneries. L'ambiance, comme un l'arc-en-ciel après la pluie, revient à la normale, reprenant sa dynamique chaotique du trio infernal heureux plus que jamais de pouvoir passer à nouveau une soirée ensemble. Tu suis le mouvement général, te levant pour tenir et distribuer les verres que Celian sert en riant à sa réflexion sur la mort.
« Personne ! Et si on se réincarne, peut importe notre forme, je fais un scandale si vous n'êtes pas à mes côtés ! »
Tu n'as aucun doute que tu te ferais entendre. Tu ne veux pas d'une autre vie où tu ne connaitrais pas ces deux-là. L'odeur des pâtes à la bolognaise faites maison fait gargouiller ton ventre, il n'y a pas à dire, Eliott est bien plus doué en cuisine que toi. N'importe qui, est bien plus doué en cuisine que toi, il suffit de voir la photo de la tarte au charbon envoyé quelques heures plus tôt pour s'en rendre compte. Les trois gamins de nouveaux réunit, tu essaies de te contenir pour ne pas faire trop de conneries malgré l'alcool, les rires et vannes aux piques bien placées mais au fond plein de tendresse, dans le tas, tu ne manques pas de féliciter l'hôte de la soirée pour son plat. Alors que les assiettes se vident, la conversation dérape sur une proposition que tu n'aurais jamais pensé venir de la bouche du Chat. Tu ouvres de grands yeux, mi-surprise mi-enthousiasmée, comme une enfant à qui l'on promet un cadeau pour son anniversaire. Tu en manques presque de t'étouffer avec ton verre d'alcool quand Celian vient renchérir par dessus la proposition du barman.
« Merde Eliott, tu sais que maintenant que tu as proposé ça, tu peux pas revenir en arrière ? Tu en es conscient hein ?... Par contre, par pitié, dis-moi que tu veux pas le faire au même endroit que Celian, j'veux pas voir vos deux culs d'aussi près dans la même journée. »
Tu fais une mine faussement dégoûtée en riant à moitié. Ta période d'apprentissage t'avait appris qu'il y avait bien plus traumatisant qu'une paire de fesses à tatouer. Ah, les joies du bizutage de début d'apprentissage. Reposant ton verre sur la table, tu te mets à y réfléchir un peu plus sérieusement.
« Je suis plus à un tatouage près de mon côté, j'peux bien vous réserver une petite place quelque part. Pas ce soir, vous comme moi avez trop d'alcool dans le sang et ce serait con d'avoir un truc moche. En plus la peau de gens qui ont bu c'est une horreur à tatouer. »
C'est la première leçon qu'on apprend en tatouage et tu te souviens l'avoir fait une fois, le sang était tellement fluidifié que tu ne voyais pas ce que tu tatouais. Posant ta tête dans tes mains, ton regard épie les deux Animas dans les yeux comme pour sonder s'ils ne se défileraient pas à la première occasion suite à cette idée lancée sur un coup de tête.
« Je vous propose de faire ça ce week-end. Vous avez une idée de motif ? Je suppose que vous voulez pas d'un truc énorme, ni d'un truc trop réaliste. Non Celian, je ne veux pas tatouer nos tronches sur ton cul... »
Comme si tu pouvais lire dans les pensées du Corbeau.
il hoche la tête, eliott, quand alysse, épuisée à tout ressasser, propose de passer à autre chose. ses convives, amis, famille, passent à table, tous ensembles. ça lui fait plaisir, eliott, d’être enfin tous ensembles. six mois sans eux, c’était long. trop long, beaucoup trop long. il se mord un peu la lèvre en repensant à ces jours de silence face au harcèlement de message de celian, à sa sortie de prison. il se sent toujours un peu coupable d’avoir été aussi lâche, surtout quand il les voit rire et trinquer devant ses yeux, avec lui. quand il les voit l’accepter comme il est, avec son fardeau et sa culpabilité. quand il se rend compte qu’ils seront toujours là pour lui. celian et alysse. que rien ne pourra jamais les séparer et leur dérober ces moments chaleureux passé tous ensembles, même dans le plus pittoresque des appartements.
alors il sourit en silence, eliott. il ne dit rien, observe d’un air amusé et reconnaissant ses deux amis. fini par murmurer, au milieu des rires et des commérages sur la mort et la réincarnation, des mots sincères, tout doucement:
“merci. merci d’être venu, les gars. ça me fait plaisir que vous soyez-là ce soir…”
c’est rare de voir eliott se confier. c’est rare de le voir exprimer ses émotions. eliott l’introverti, eliott qui observe, contient, écoute. eliott qui a toujours été là pour les accompagner, comme un frère, voilà que les rôles s’inversent. lui qui s’est toujours demandé qui le tirera vers le haut quand il sera plongé dans le chaos, il a enfin sa réponse. si seulement il s’en était rendu compte avant, peut-être que ça lui aurait évité bien des soucis.
“la mort, la vie et ses problèmes… ouais, je crois bien que rien ne nous séparera.” il souffle du nez, riant doucement. “merci encore de m’avoir récupéré malgré toutes les conneries que j’ai faite. je crois pas vous l’avoir déjà dit mais… j’ai de la chance de vous avoir et.. je tiens à vous.”
c’est un “je vous aime” à demi-mot, parce qu’il est pas encore prêt à le dire cash, eliott. la prison, la crypte, c’est trop frais dans son esprit pour relâcher totalement la pression. mais il espère que bientôt, quand l’hiver touchera à sa fin et que la chaleur reviendra… il espère qu’il pourra leur dire sans barrière et sans limite.
les émotions n’ont jamais été son fort, alors il change de sujet. rembraye la conversation sur le repas du soir. remercie alysse dans un sourire pour ses compliments.
“merci ! j’espère être un jour à tout niveau, ceci-dit, alysse… vraiment, tu sembles avoir une technique de cuisson assez exceptionnelle.”
il ricane, vanne sa compagne pour oublier un peu les émotions trop vite libéré. eliott, il s’en sort mieux dans l’ironie et le sarcasme. et puis, la proposition du tatouage semble faire du remou dans les esprits d’alysse et de celian. eliott, finissant son assiette et reprenant du vin, manque de tout cracher à la figure de celian en entendant sa seule et unique réponse à sa proposition. sur les fesses. ben tiens.
“hahahaha !” et il explose de rire, eliott. s’enfonce un peu contre le dossier de sa chaise pour rire à gorge déployée. c’est la première fois qu’il rit depuis des mois. c’est étrange, même pour lui, mais devant celian trop sérieux et alysse désespérée, il ne peut s’en empêcher. “ouais, j’suis totalement sérieux, alysse.”
il se redresse, coude sur la table, la main qui vient tenir son menton. il fixe alysse de son regard joueur.
“mais ne t’en fais pas, il est hors de question que je partage les idées de cet idiot de piaf. j’ai plus de neurones que lui et tu le sais…” regard provocateur vers celian. “nan, moi, j’aimerai bien derrière la jambe, au dessus du pied. ou bien sur le bras… à voir ce qu’on fait.”
ce qui devait arriver arriva, comme à chaque fois avec les deux-là. dès qu’une idée stupide était proposée, celian et alysse foncent toujours dans le tas, persuadés que s’en est une bonne. et normalement, c’est eliott qui les raisonne. mais là, c’est le chat en personne qui vient de lancer l’idée.
“moi ce week-end ça me va. et oui, quitte à choisir, je préfère encore que tu ne me marque pas à vie bourrée.” il se tourne alors vers celian. “une idée de motif, cel’ ? pas tes fesses ou ta tête, pitié.”
il anticipe à son tour, eliott. parce que celian est en forme ce soir, alors mieux vaut se méfier. mais c’est la bienveillance dans le regard qu’il lui lance une pique. et dans le fond, avoir la grosse tête du maître des fêtes tatouée quelque part sur son corps, est-ce que ça le dérangerait vraiment ? après tout, la vie est trop courte pour regretter, il le sait bien. et celian et alysse, se sont ses rayons de soleil. alors il peut bien leur faire un geste… mais il espère tout de même qu’ils ont une meilleure idée que ça. il tient un minimum à sa dignité, eliott.
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Mar 1 Nov - 15:59
réveillon
merci
appartement d'eliott
ft. eliott & alysse
31 décembre 2097
Les mauvais souvenirs désormais ensevelis dans un coin de ta pensée, tu espères ne pas devoir les déterrer de si tôt, du moins pour le restant de cette soirée seulement. Vous êtes en vie et c’est tout ce qui compte. Il y a eu plus de peur de mal au final. En cet instant, tu préfères célébrer la vie que de te pencher sur des possibles scénarios face à des choix déjà passés.
Ils sont là. Tout va bien. Ta famille est là et ils vont bien. Tu n’auras pas à revivre le déchirement d’une famille une seconde fois.
Au coin de l’oeil, les larmes se pointent. Ému, soulagé. Heureux. C’est un trop plein d’émotions que tu ressens en cet instant. Du pouce, tu chasses les gouttes avant qu’on ne remarque, te contente de renifler un coup avant de retrouver le sourire.
Eliott est meilleur cuisinier que tu ne l’aurais cru, ça se voit que tu apprécies sa cuisine à la manière dont tu engloutis tes pâtes, manque de t’étouffer de rire plusieurs fois suite à l’échange entre le chat et le varan.
Mon cul est très beau, tu sauras, ma chère Alysse! C’est un véritable honneur que je te fais là!
Avec ces deux-là, les mauvaises pensées ne restent jamais bien longtemps. Ils sont un peu comme tes anges gardiens, avec des cornes toujours en mesure de chasser les cauchemars, les démons dans ta tête et dans ta vie. Tu fais un doigt d’honneur au chat à la mention de l’idiot de piaf, en t’esclaffant bruyamment. Les larmes qui perlent aux cils n’en sont plus de tristesse, mais bien d’une joie profonde et sincère. Néanmoins, tu t’arrêtes lorsque Alysse te dit que non, elle ne fera pas une copie conforme de leurs têtes sur tes fesses. Le regard se tourne ensuite vers Eliott qui semble te supplier de ne pas le faire là ou encore sur ta tête. C’était ta seconde idée. Tu lèves ta fourchette d’un air faussement menaçant, pointe Alysse et Eliott en alternance.
Sortez de ma tête tout de suite, mes pensées sont privées! P-R-I-V-É-E-S.
À croire qu’ils te connaissent par coeur, encore mieux que tu ne te connais toi-même. Un nouveau fou rire quitte tes lèvres, avant que tu ne te calmes de nouveau, pose ta fourchette dans l’assiette désormais vide. Ça faisait longtemps que tu n’avais pas ri autant, sincèrement.
Tu portes soudainement une main à ton coeur.
Je le veux ici.
Tu leur offres un sourire, ferme lentement les yeux. Silencieusement, tout bas, les lèvres remuent dans le vide.
(Merci Sainte-Haklyone. Merci de les avoir mis sur ma route)
Parce qu’il y a des gens pour lesquels on mourrait. Et il existe ceux pour qui on veut vivre.
