lost in paradise - flashback - - before the incident -
Ca tourne et ça tourne dans ma tête. Clank clank clank. Ca tourne et ça tourne dans l’air. Pas militaires, un deux, un deux. Quand est-ce que je suis arrivé ici ? C’est éteint, chez Astrophèle. Ah. Mais je suis en uniforme. Je n’aurais pas pu y aller. Il serre mon corps, ceinture bien posée à la taille, tenue noire, complète. Pas une poussière sur les bottes en cuir. Pas un seul pli. Parfait. Parfait. Parfait. Je suis parfait, ils le disent tous. Tous tous tous.
Soir d’été, Uriel avance. A son habitude, il s’est rendu dans le Quartier-Brise Cœur, bien à l’heure. Le milicien fait son tour de garde, surveillant alentours nocturnes. Souvent, on s’écarte sur son passage, par peur d’être arrêté peut-être, ou pire, si milicien violent il était. Personnes plus âgées, elles, faisaient un signe de main, reconnaissant l’homme qui les avait été, de temps en temps.
Il n’y prête pas attention, cette fois. Lui d’habitude si sérieux à l’ouvrage semble perdu. Son regard est plus vide que jamais. Son regard est froid, perdu. Son cœur bat vite, puis si lentement.
J’avance, il fait sombre. Il fait froid mais j’ai chaud. J’ai chaud aussi. Sur mon front, la sueur, mes cheveux qui nagent, attachés par la sangle en cuir, ils cherchent à s’enfuir. Je suis un robot. Astrophèle, l’homme que j’aime, me l’a fait remarquer, récemment. Et il a raison. J’avance, je fais tout, machinalement, sans plus trop savoir ce que je veux, sans plus même savoir quand m’arrêter.
Dans sa poche, deux biscuits se battent jusqu’à se réduire en miettes. Un petit sachet s’agite, autrefois plein de petits bonbons de sucres recouverts. Il n’en reste qu’un, qui danse là, seul. Achetés au détour d’une ruelle sombre, culpabilité certaine à l’œuvre mais besoins ô trop combien présents, pilule s’ingère comme friandise. Le milicien avait promis à Astrophèle de faire attention. Mais il n’y arrivait plus, sans ça. Sans ce petit médicament miracle, sans cette pause, sans cette toute petite chose qui coute une fortune. Son corps réclame, son âme supplie.
Je n’y arrive plus, tout seul. Je n’y arrive plus et je n’ai plus envie d’y arriver. Depuis combien de temps est-ce que je marche sans m’arrêter ?
Devant lui se trouve figure connue. Figure que tant de fois il a dû arrêter, et qui, sans doute, avait encore fait des siennes.
« Celian. »
Pourquoi est-ce que je suis vers Celian ? On ne m’a pas donné d’ordre concernant une nouvelle arrestation, si ?
« Tu… Je dois t’emmener au poste. »
Non ? Je ne sais pas ? Je ne sais plus. Une goutte de sueur perle sur ma joue. Mes mains tremblent et je resserre mes gants sur ma peau.
« Qu’est-ce que tu as fait cette fois ? Tu devais arrêter… »
Uriel ? Arrêter quoi, Uriel ? Il n’a rien fait, cette fois. C’est dans ta tête que tout s’agite.
Uriel Kurusu
Celian Dresdell
Connard d'piaf bleu
Âme : Corbeau
Métier : Organisateur de fêtes et gérant de l'ACE Casino
Double compte : Willow & Ilya & Daiam
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Date d'inscription : 09/11/2021
Sam 6 Jan - 20:20
lost in
PARADISE
entre les ruelles de brise-coeur s’éparpillent croassements et rires, corbeau moqueur dans ce dédale délabré, le coeur battant le souffle entrecoupé par les rires, celian il cherche toujours les ennuis, mais s’il peut éviter de les laisser le trouver lui ça l’arrange bien dans le fond mais il est gamin arrogant, il n’a rien de rien pourtant sa propre prétention elle est là ne l’a jamais empêché de croire avoir le monde entier à ses pieds, sous ses vieilles baskets usées, malgré la misère qui le suit à la trace, oiseau malheur.
il se sent invincible il ne devrait pas.
il a embêté un homme plus tôt, n’a rien fait de grave, pas cette fois s’est moqué peut-être un peu mais ça ça ne vaut pas la prison si? il s’est enfui à tire-d’ailes, les vêtements laissés il ne sait plus où sur une corde à linge, des habits encore humides y pendent. alors sur sa carcasse il a fait glissé une robe ample et fleurie on lui pardonnera, il a dérobé des choses plus coûteuses dans sa vie, une robe ce n’est pas la mer à boire elle n’est même pas jolie de toute façon, ce bout de chiffon il ne peut s’imaginer qu’elle manquera à quiconque.
il y a dans son dos une voix qui doucement s’élève
la raideur ancrée dans ses os, lentement il se retourne. l’uniforme le fait grimacer mais c’est uriel, juste uriel et un sourire s’étire sur ses lippes, comme s’il ne les avait jamais quitté.
« si c’est pas ma babysitter préférée! »
celian il rit, un peu plus nerveusement d’un coup, il se gratte la tête, presque embarrassé.
« on vous a averti vite, cette fois, haha…. si c’est à propos de la robe, promis je peux juste… aller la remettre à sa place et on oublie ça…? »
il se tortille sur place, n’ose pas le regarder dans les yeux. mais il y a dans sa voix quelque chose d’étrange, et doucement, il se force à affronter son regard qui a l’air plus absent que prévu.
« kurusu? » il s’approche, il n’est sûr de rien. il remarque, les mains tremblantes, les cheveux collés sur sa peau par la sueur. « uriel. qu’est-ce que toi, t’as fait? » et c’est peut-être bien la première fois - et dernière - qu’on le verra s’inquiéter pour un milicien. parce qu’uriel est trop bon pour ce monde, ça même lui il le sait.
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tw: emetophobie
« Faut que je t’embarque. »
Il ne réfléchit pas, Uriel. Il annonce ses phrases. Il fait le milicien. Il fait le sévère. Il n’est pas comme ça d’habitude, Uriel. Il a ce sourire sur les lèvres, celui qui nous fait comprendre qu’il ne nous fera pas de mal. Il annonce toujours les droits de la personne et les devoirs de la milice, Uriel, quand il doit procéder à une arrestation. Il reste courtois, il reste poli, il reste lui-même.
« Faut que je… »
Les mains tremblent, les mains s’agitent. Il déglutit, regarde autour de lui, ça tourne.
Ressaisis-toi.
Il connait la personne en face de lui. Il le connait bien. Combien de fois a-t-il arrêté Celian pour tous ses larcins ? Combien de fois lui a-t-il demandé d’arrêter ? Combien de fois a-t-il tenté de le guider vers de meilleurs horizons ? Pourtant voilà qu’il se retrouve face à lui, encore. Et en temps normal, sans hésitations Uriel se serait-il contenté d’une main sur l’épaule, d’un autre sourire habituel, et de quelques mots sympathiques.
Mais pas là.
Uriel, reprends-toi.
Là, il angoisse. Là, il est sérieux. Là, il montre une part de lui que même lui ne connait pas. Une part qui n’existe pas.
Uriel !
Un Uriel qui commence à… Vomir.
Un pas de côté et voilà qu’intérieur du corps se répand sur les briques du mur à côté d’eux. Sans un instant de pause. Il en tremble, Uriel.
Ce n’était jamais arrivé.
Il aurait préféré que ça n’arrive jamais.
Surtout dans son uniforme. Surtout devant quelqu’un. Surtout devant Celian.
Parce que Celian, il veut l’aider. Il veut lui montrer autre chose que la milice qui frappe. Il veut lui montrer autre chose que la vie dans ces quartiers.