haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Les pétales de nos âmes



 
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Les pétales de nos âmes
Yuahn Lei
Maison du Souffle et des Cendres
Yuahn Lei
Âme : Iguane Vert
Age : 36
Métier : Sorcier
Lenss : 224
Messages : 56
Date d'inscription : 17/07/2023
Jeu 26 Oct - 22:24




Les pétales de nos âmes

PV - Ari M Niva


A l’heure où scintillent une à une les fenêtres de la ville, à l’aube où se réveillent les consciences endormies. Un nouveau jour se lève et avec lui, s’estompent les déboires passionnels et nocturnes d’une étrange humanité. Bientôt, la lumière, elle camouflera les choses dont on ne veut plus se souvenir, elle se lèvera pour faire comme si rien ne s’était vraiment passé. Encore et encore une fois. Et alors que que la ville se fait déserte de monde, un homme, encapuchonné dans une veste sombre, longue et usée, décide de casser le vide qui s’installe enfin; furtivement, plutôt silencieusement.
Les enseignes ne sont pas encore ouvertes pourtant il s’arrête devant l’une d’entre elles, il scrute les lumières tamisées intérieures qui hurlent qu’elles ne sont pas disponibles au grand public, l’écriteau FERMÉE qui clôt encore l’accès aux passants. Et pourtant, Lei, il pousse doucement la porte, parce qu’il sait qu’elle n’est pas fermée, parce que même si des années sont passées depuis son dernier passage, il la retrouvera, la veille dame, son air serein, son aura de bienveillance. Yuahn se rappelle de la pression qu’exerce la porte sous ses doigts, les premières fragrances florales des lieux qui viendront s’imprégner dans son odorat comme des taches de couleurs quand on ferme fort les yeux. Mais alors qu’il pénètre les lieux, comme à ses très anciennes habitudes, il se fige, parce qu’aujourd’hui, c’est un parfum différent; un ressenti qui ne se cale plus à ses souvenirs d’antan, une atmosphère qui ne chante plus la même mélodie.
Un courant d’air passe et la porte se referme derrière lui, doucement.

Déserte est la boutique, vide comme l’absence de familiarité qu’il pensait retrouver. Yuahn ne se retourne pas, il ne cherche la pas, la vieille dame; il ne l’a jamais vraiment cherché, c’est toujours elle qui lui a laissé une place éphémère pour chacun de ses passages furtifs. À la place il fait le tour entre deux couloirs fleuris, des compositions différentes et tente de se faire à l’idée qu’on a changé les partitions. Que le temps est passé, et que le temps n’attends jamais. Il s’accroupit devant un pot de fleurs coupées au sol, laisse leur délicatesse s’imprégner dans son esprit et s’éternise alors là, comme ça, pour oublier le reste de l’univers.

Les parfums sont des sens teintés d’une palette de couleur bien précise et malgré la lumière tamisée, malgré la semi obscurité des lieux, ce sont des tons blancs qui résonnent dans son cerveau, le blanc comme un ensemble de notes qui semblent devenir unisson dans la même portée. S’il laissait son âme se perdre à côté, c’est un orchestre entier qui s’érigerait là, puissance pleine de sens sortie de nulle part. Et dans cet ensemble musical, Yuahn Lei serait ce musicien, fou, celui au centre de la scène, à ordonner à une partie d’atténuer ou d’augmenter les sonorités, d’allumer ou d’éteindre les tons de lumières; le chef de tout cet ensemble irréel et un peu proche de la démence, le chef de tout et en même temps, vu ainsi ce jour-là de son accoutrement en toute modestie, le chef de bien peu de choses. Si ce n’est même, de rien du tout.





_________________
Avatar by Wren
Yuahn Lei
https://haklyone.forumactif.com/t1112-lei-yuahn https://haklyone.forumactif.com/t1127-chroniques#8796
Revenir en haut Aller en bas
Ari M. Niva
Maison du Chant et des Os
Ari M. Niva
Feat : Les pétales de nos âmes  888e5aa079fac212c91c9133319a27174465400c
Âme : pangolin géant
Age : 32
Métier : fleuriste
Double compte : /
Lenss : 97
Messages : 83
Date d'inscription : 27/09/2023
Lun 6 Nov - 3:35
Les pétales de nos âmesyuahn & ari
an autumn night
don't think your life
didn't matter.

Bashō
(elba rose→ fleeting fickle )
❀❀❀

C'est toujours une drôle d'expérience que ces moments où il fait la comptabilité de la boutique. Assis dans le petit bureau à l'arrière, il empile les chiffres comme il le faisait si bien dans sa vie d'avant. C'est presque comme un retour en arrière, et pour dire vrai, ce voyage en amnésie n'est pas tellement agréable, et n'a rien d'une petite balade nostalgique dans ses souvenirs. Ari n'avait jamais particulièrement aimé les chiffres. Pourquoi avait-il choisi ce métier alors? Eh bien, il n'avait pas vraiment choisi. Les études n'étaient pas particulièrement longues, il était facile de trouver du travail dans cette branche, et ça ne nécessitait pas de contact humain. Alors ses parents l'avaient poussé dans cette voie. Et lui, avait suivi docilement, comme il faisait toujours depuis l'adolescence. C'était fini, les caprices enfantins. On lui avait bien rentré dans le crâne qu'il ne fallait pas faire de vagues. Sous aucun prétexte. S'il ne s'était pas jeté d'un toit, il aurait fini par mourir d'une crise cardiaque assis sur un trottoir sans que personne ne s'en rende compte parce qu'il était trop gêné pour appeler à l'aide.

Mais maintenant... Maintenant les choses sont différentes, c'était comme s'il avait vécu une sorte de renaissance. Bon, bien sûr, tout n'était pas encore parfait, loin de là. Il lui reste un milier de progrès à faire. Mais... au moins, il ne réfléchit plus chaque jour à comment en finir, comment s'échapper. À vrai dire, sa première tentative l'a aussi un peu vacciné. La peur, le sol se rapprochant à une vitesse inouïe, et puis la douleur, atroce, qui ne s'arrêtait pas, qui continuait à faire convulser son corps, pangolin, humain, ce corps qui n'avait tout simplement pas voulu mourir, et avec lequel il faut bien composer à présent, malgré les séquelles. Et encore, il est miraculé, lui a-t-on dit, alors il s'estime heureux.

Il termine ses calculs et va se coucher, son corps est fourbu alors qu'il se glisse entre les doigts sans même se demander s'il a bien tout fermé. Il l'a fait, il en est certain, la mémoire musculaire ne trompe jamais. Ce n'est que plusieurs heures plus tard qu'il se réveille d'un coup, comme saisi par l'intime conviction qu'il se passe quelque chose. Il passe un cardigan sur son pyjama à carreaux, prend son téléphone en mode torche, et descend à la boutique. C'est l'heure bleue, et il ne peut s'empêcher d'en profiter un instant par la fenêtre de l'escalier, avant d'ouvrir la porte en bas des marches, qui donne à l'arrière de la boutique. Il frotte ses yeux, bâille... Et soudain se fige, raide comme la justice. "Qui est là?" demande-t-il, certain d'avoir entendu un bruissement. Léger, peut être rien, mais son instinct lui dit que ce n'est pas rien. Alors, il rang le téléphone dans une poche, et se saisit d'un gros vase en céramique qu'il tient un peu levé en s'avançant. Dans la pénombre, entre chien et loup, il est difficile de distinguer les choses, et puis Ari n'est pas un violent, ni un combattant, alors son souffle tremble un peu de la perspective de devoir se battre avec quelqu'un. "La boutique est fermée, il faudra repasser plus tard!" Et alors, il la voit. Une silhouette, accroupie, sombre, immobile. A vrai dire, elle est un peu moins impressionnante qu'il ne s'y attendait. "Qui êtes vous? Si vous voulez des fleurs, je vous demanderai de revenir aux heures d'ouverture de la boutique... Comment êtes vous entré, d'ailleurs?" Il parle pour se donner contenance, Ari, parce que malgré tout, la présence face à lui est troublante, sinon effrayante, dans son immobilité semblable à une transe.



:copyright: 2981 12289 0


hrp:
Ari M. Niva
https://haklyone.forumactif.com/t1228-you-are-such-a-soft-and-me https://haklyone.forumactif.com/t1233-peace-for-lonely-monsters-ari
Revenir en haut Aller en bas
Yuahn Lei
Maison du Souffle et des Cendres
Yuahn Lei
Âme : Iguane Vert
Age : 36
Métier : Sorcier
Lenss : 224
Messages : 56
Date d'inscription : 17/07/2023
Mar 14 Nov - 22:32
Lei le sait, ce matin là il ne retrouverait pas la vieille, elle ne serait pas là pour lui déposer une infusion sur le comptoir sans échanger un mot, elle ne se tiendrait pas là, à accepter qu’il arpente les allées fleuries. Leur mutuelles présences silencieuses, une histoire apprivoisée des années durant. Malgré tout, quand il entend cette voix qui n’est plus aussi familière qu’elle aurait dû l’être, Yuahn tilte, Yuahn se retourne, il ne se relève pas, parce qu’une silhouette allongée est sur le point d’abattre un pot sur sa tête. L’instant se fige, plus personne n’ose bouger, juste des mots qui viennent zébrer cet instant suspendu.

Un murmure. Comme d’habitude.

- … par la porte.

Yuahn Lei n’élève pas souvent la voix. Il pointe l’entrée du doigt. Puis le vase toujours tenu à bout de bras au dessus de lui, pour esquisser à mi voix.

- …Tu vas le faire tomber ?

L’accalmie s’abat, un peu trop brutalement. Et alors Yuahn se redresse, sans précipitation. Il ne se battra pas, l’aura n’est pas la même que celle de ceux qui cherchent vraiment la violence. Un jour, trop de jours, il a coché la mauvaise suite au loto : le mauvais moment, le mauvais endroit, les mauvaises personnes. Il a appris. À sentir ces ondes là, riposter pour sauver sa peau. Perdre. Gagner. Gagner quoi, il ne l’a jamais su.

- Un avis. Je voulais le sien.

Il jette un autre regard sur le comptoir désert de son ancienne propriétaire. Parfois, c’est quand il revient à la civilisation que le sorcier se rend compte que le temps est passé, que c’est une notion qu’il a sous estimée. Ses attaches en ville dans les remous de la population dénombrent bien peu de personnes qui ont un jour compté dans son existence, mais quand bien même ce petit nombre s’effiloche petit à petit. À cet instant, bien d’autres questions auraient pu être posées, où est la vielle dame, qui es tu toi, depuis combien de temps tu es là. Est ce qu’elle va bien. Mais Yuahn n’a pas cette logique là en tête.

- Peut être que tu peux me donner le tien. Alors je m’en irai après.

Au comble de cette scène improbable à une heure impossible où l’intrus et un type en pyjama un vase à la main engage une discussion florale… Yuahn Lei aime les fleurs mais n’est pas fleuriste. S’il apprécie les fleurs et les vertus qu’elles peuvent offrir, les significations que les coutumes et les us qu’on leur attribue lui sont étrangères. Alors il recule de quelques pas sur le côté, pensif, loin de se soucier de l’heure matinale, il hésite et puis fixe les motifs à carreaux de son interlocuteur.

- Je vis loin des foules. Les gens… sont bruyants.

La probabilité qu’il repasse avant l’année prochaine et à des heures plus conventionnelles était nulle.
Bientôt, le jour ne tarderait pas à poindre ses lueurs et avec les passages des premiers réveillés, il s’en retournerait.

- Je cherche certaines fleurs contre…

Il réfléchit encore.

- Contre des remèdes de toutes sortes.

Il est un sorcier bien fauché qui n’a que faire de la valeur de l’argent. Yuahn a laissé glisser son regard sombre vers l’extérieur, un regard en perpétuel fuite de ceux des autres. Il se souvient que c’est à la vieille à qui il devait ses premières amulettes. Monde bien étroit…




_________________
Avatar by Wren
Yuahn Lei
https://haklyone.forumactif.com/t1112-lei-yuahn https://haklyone.forumactif.com/t1127-chroniques#8796
Revenir en haut Aller en bas
Ari M. Niva
Maison du Chant et des Os
Ari M. Niva
Feat : Les pétales de nos âmes  888e5aa079fac212c91c9133319a27174465400c
Âme : pangolin géant
Age : 32
Métier : fleuriste
Double compte : /
Lenss : 97
Messages : 83
Date d'inscription : 27/09/2023
Jeu 23 Nov - 22:36
Les pétales de nos âmesyuahn & ari
an autumn night
don't think your life
didn't matter.

Bashō
(elba rose→ fleeting fickle )
❀❀❀

Drôle de cambrioleur, se dit le fleuriste alors qu'il est forcé de tendre l'oreille pour entendre la voix de son invité inattendu. Il se dégage de lui une sorte de calme qui l'intrigue, et surtout le rend assez confus, car l'homme n'a l'air ni surpris, ni effrayé, ni en colère de le voir là. Il ne l'agresse pas, ne lui tire pas dessus, à vrai dire il n'essaie même pas de s'enfuir... Mais tout de même, on ne rentre pas comme ça dans une boutique en pleine nuit! Toutefois, il se sent un peu ridicule lorsque l'inconnu souligne la présence du vase au dessus de leurs têtes, qu'Ari a pris comme arme de fortune. Il se sent rougir, le regard calme de son interlocuteur lui donnant l'impression de le brûler. Alors, il repose le vase. "N-non, je... vous n'allez pas m'agresser, pas vrai?" demande-t-il. Bon, évidemment, si l'inconnu a prévu de se jeter soudainement sur lui, il y a peu de chance qu'il le dise comme ça avec décontraction. Mais ça vaut de tenter le coup. L'homme se redresse et Ari serre un peu les dents, avec un léger mouvement de recul... jusqu'à ce qu'il explique la raison de sa présence, et le voilà à oublier d'avoir peur, son anxiété remplacée par... de la confusion. Un avis? Le sien? Alors, tout s'éclaire. Il parle de la propriétaire. Quelque part, ça n'a rien d'étonnant de la part de madame Kusakabe de laisser venir des vagabonds en pleine nuit pour leur donner des avis sur des choses et d'autres. Et... Madame Kusakabe est quelqu'un dont Ari a toujours admiré la décontraction. Alors... Il s'efforce de se calmer. Il force même un sourire.

Il soupire légèrement, et allume la petite lumière sur le comptoir, pas assez pour illuminer toute la boutique, juste pour pouvoir se distinguer l'un l'autre. "Je peux vous donner le mien, oui," dit-il. L'homme explique choisir délibérément les heures les moins fréquentées... Et Ari hoche la tête. Ses années de solitude forcée lui font parfois oublier que d'aucuns peuvent la choisir. À vrai dire, il ne peut qu'être d'accord. Les gens sont bruyants. Mais après toute une vie de silence forcé, le bruit semble parfois salvateur. Lui même est parfois malmené par la vie urbaine, les inconnus, le flot d'information et d'activité continu... Mais il s'en accommode. Il tend l'oreille pour saisir ce que l'inconnu souffle, et il hausse un sourcil. "Des remèdes?" Madame Kusakabe n'était pas du genre à prendre de la drogue, pas vrai? "De toutes sortes, c'est à dire?" Il suppose alors que son interlocuteur est une sorte de... guérisseur. Il a déjà entendu de telles histoires, aussi le voilà avec un intérêt renouvelé. À vrai dire, un baume qui lui éviterait de prendre des antidouleurs constamment ne serait pas de refus... Alors il écoute attentivement la réponse. Puis, il se rapproche un peu de son invité surprise. "Je vois. Alors... Je peux vous laisser regarder les fleurs un moment, pendant que je prépare du thé? Si vous en voulez? Ça vous réchauffera, il fait froid dehors." propose-t-il, laissant l'attitude de madame Kusakabe l'inspirer. "Est-ce que vous cherchez quelque chose en particulier? Je peux peut être vous indiquer son emplacement." Nouveau sourire qui se veut le plus bienveillant possible, car après tout le fleuriste a décidé d'aller avec le courant, une fois n'est pas coutume. De toute façon, il se verrait mal jeter l'autre dehors, alors autant acceoter cette situation, aussi saugrenue soit-elle, et profiter d'être dans un espace apparemment hors des conventions sociales, ne serait-ce que pendant un instant. "Vous aimez un type de thé en particulier?" demande-t-il, avec malgré tout au fond de sa tête une petite voix qui semble confuse par la situation, maugréant des "non mais quoi mais quoi mais quoiiii..." à répétition.



:copyright: 2981 12289 0
Ari M. Niva
https://haklyone.forumactif.com/t1228-you-are-such-a-soft-and-me https://haklyone.forumactif.com/t1233-peace-for-lonely-monsters-ari
Revenir en haut Aller en bas
Yuahn Lei
Maison du Souffle et des Cendres
Yuahn Lei
Âme : Iguane Vert
Age : 36
Métier : Sorcier
Lenss : 224
Messages : 56
Date d'inscription : 17/07/2023
Lun 4 Déc - 22:34
Les secondes incertaines cessent de trembloter, les minutes défilent et s’apaisent. Yuahn fixe le vase au dessus de sa tête, son assaillant qui recule tandis qu’il se relève. Ils sont à même hauteur… Une agression? Lei secoue silencieusement de la tête. S’il ne montre pas de signes offensifs, le sorcier n’a pas l’intention de rentrer dans ce jeu non plus. Alors, l’ambiance se détend, les lumières tamisées relèvent l’atmosphère et les mots se mettent d’un coup à tourner autour d’un autre champ lexical. Oui, des remèdes. Yuahn se contente d’acquiescer.

- Quand tu as mal quelque part. Dans la tête. Ou ailleurs…

Son regard balaie la pièce éclairée et il murmure.

- Quand tu ne peux pas dormir. Quand tu veux laisser ton esprit s’échapper de la réalité. Quand tu veux…

Le sorcier réfléchit et laisse le loisir au fleuriste de s’imaginer à peu près tous les remèdes qui peuvent lui passer par la tête. Yuahn glisse un œil distrait sur son interlocuteur en évitant son regard, comme à ses habitudes. Il hoche de la tête à l’invitation du thé, ça lui rappelle presque les manies de la vieille.

Une hésitation et puis.

- …Un thé au citron.

Les phrases sont courtes. Malgré l’absence de fioritures sociales verbalisées en politesse et en remerciement, le sorcier est reconnaissant sans le dire. Les codes il les connait bien, mais il ne les utilise que trop rarement, à travers les mots.
Dehors, il fait froid mais Yuahn a l’habitude du grand air. L’hiver approche et les boissons chaudes sont toujours appréciables.

- Est ce qu’elle est partie…?

La vieille. Il ne lui a jamais demandé son nom… il n’a jamais eu besoin de la nommer. Juste de la retrouver, par moments imprévus. Elle l’a vu sous ses jours les moins glorieux, il y a longtemps.

- Quelles fleurs pour la mort?

Yuahn s’éloigne et se met à errer en regardant chaque bouquet rangé par catégorie. Tant de couleurs, de teintes, des textures et des fragrances. Il aurait pu rester là à s’oublier dans le réveil de tous ses sens et Fleur lui aurait dit que les herbes lui étaient un peu trop monté au cerveau. Sans doute…

S’il connaît les vertus d’un large champ végétal, il ignore les étiquettes des plantes au regard de la société. Les fleurs de l’amour. Celles de la mort. Celles pour célébrer des instants de vie. Ces codes là, il les a délaissé et en cet instant précis, il s’en remet à un autre pour l’aiguiller sur les bons paliers. Étrangement, ses tonalités restent relativement monocordes, il n’y a pas de lourdeurs mélancoliques: Yuahn Lei n’a pas de deuil émotionnel à traverser.

Il se détourne des chrysanthèmes. Ces fleurs que tout le monde offre, il ne les veut pas. Il voudrait déposer des fleurs pour des remerciements et de la reconnaissance. De la douceur infinie pour Megumi Lei qui a dédié sa vie à son éducation et à son évolution. Serait-il le quart de ce qu’il est aujourd’hui sans elle ?

- Pour une âme défunte. Pour un hommage… pour le respect. Une belle composition.

La capuche rejetée en arrière dévoile un visage qui semble toujours plongé dans une étrange accalmie. Yuahn fait quelques pas et scrute les plantes;  ce ne sont pas les mêmes dispositions qu’avant mais c’est un lieu qu’il trouve tout de même harmonieux, différemment.

- Fleuriste, c’est un beau métier.

_________________
Avatar by Wren
Yuahn Lei
https://haklyone.forumactif.com/t1112-lei-yuahn https://haklyone.forumactif.com/t1127-chroniques#8796
Revenir en haut Aller en bas
Ari M. Niva
Maison du Chant et des Os
Ari M. Niva
Feat : Les pétales de nos âmes  888e5aa079fac212c91c9133319a27174465400c
Âme : pangolin géant
Age : 32
Métier : fleuriste
Double compte : /
Lenss : 97
Messages : 83
Date d'inscription : 27/09/2023
Dim 24 Déc - 19:18
Les pétales de nos âmesyuahn & ari
an autumn night
don't think your life
didn't matter.

Bashō
(elba rose→ fleeting fickle )
❀❀❀

Quand tu as mal quelque part. La réponse est simplette, presque naïve, pourtant elle suffit au pangolin. Il n'est pas un jour qui passe sans qu'il n'ait mal quelque part. Que ce soit au corps, à l'esprit, à l'âme, il y a toujours une quelconque douleur qui l'habite, même si quand elles sont assez ténues il fait de son mieux pour les ignorer. C'est sa punition, se dit-il, son châtiment pour avoir voulu jeter aux ordures la vie qui lui a été donnée. Il l'endure sans se plaindre. Toutefois, un peu d'aide ne serait pas de refus. Tous les onguents dont lui parle l'inconnu lui donnent assez envie, toutefois... "Vous... ne parlez pas de drogue, n'est-ce pas? Rien d'addictif?" Manquerait plus que le type soit entré là pour lui vendre de la drogue. Ça serait possible, pas vrai? Alors, il se méfie un peu, Ari, il n'est pas tombé de la dernière pluie. Toutefois, maintenant l'invitation a été lancée, et il n'est pas de ceux qui, manquant de courtoisie, retirent leurs offres après les avoir faites. Toutefois, le fait que l'inconnu réclame un saveur particulière l'amuse autant que ça l'étonne. Il ne manque pas d'air, se dit il avec toutefois une pointe de jalousie. Il faut bien admettre qu'il aimerait être capable de faire ce genre de choses avec le même aplomb. Alors, après un bref instant d'hésitation, il se détourne, va mettre en route la bouilloire, sélectionner le thé, sortir la théière.

"J'ai du thé au citron mais pas de citron à ajouter dedans," dit-il, d'ailleurs un peu surpris d'en avoir car il ne se souvient pas en avoir acheté, mais l'homme lui pose une nouvelle question qui le prend de nouveau de court. De qui parle-t-il? Et puis les pièces du puzzle s'emboitent. Le thé au citron déjà présent dans boite, la placidité confiante de l'homme en venant, l'évocation d'une figure qui lui serait familière... "Madame Kusakabe?" demande-t-il. "Elle a pris sa retraite. Elle vit à la campagne et elle voit souvent ses petits enfants. Elle ne vient ici que rarement." Il peut imaginer la vieille avoir ce genre d'invités imprévus, à vrai dire. La bouilloire grésille et il coupe juste avant l'ébullition, versant l'eau dans la théière.

Par dessus le comptoir, il observe le type, dans sa drôle de tenue mais toutefois assez élégante, qui lui sied bien. Il le regarde déambuler et il a l'impression que celui ci ne laisserait pas de traces s'il marchait sur le sable. Il laisse le thé infuser et fait le tour pour rejoindre le visiteur, sur ses talons, tant et si bien que quand celui ci l'interroge de nouveau il est presque collé à lui et doit faire quelques pas en arrière. Il se demande un instant si la question n'est pas une menace voilée, mais il ne semble pas, le type trop pris dans ses propres pensées et son calme olympien, venant préciser ce qu'il cherche. Ari va pour suggérer les chrysanthèmes, mais elle ne semblent pas l'intéresser, alors il se creuse un peu la tête. Il se dirige, un peu à tâtons, vers les cempasúchil, dont les froufrous orangés affriolants sont réputés pour guider les âmes. "Il y a celles ci. Elles sont aussi utilisées séchées en infusion, elles ont des vertus apaisantes. Et avec... On pourrait associer ces glaïeuls. Les glaïeuls sont l'image du lien entre la vie et la mort." Il en prend quelques branches qu'il ajoute à la botte, les montrant à son visiteur. "Et puis... des orchidées. Elles sont symbole d'amour éternel." Il se dirige vers le vase qui en contient quelques unes, qu'il prend pourpres, pour aller avec les cempasúchils oranges et les glaïeuls roses. "Avec une poignée de gypsophile en guise d'espoir, je crois qu'on pourrait avoir quelque chose de bien."

Tout à son bouquet, Ari n'a pas remarqué que l'inconnu avait dévoilé son visage, qui n'est pas à première vue celui d'un assassin, quoiqu'ils soient difficiles à distinguer des honnêtes gens, et il se prend à croiser son regard, l'air un peu hébété. "Oh, merci," balbutie-t-il simplement, non sans rosir. "Et vous, vous... faites quoi comme métier? Guérisseur?" demande-t-il en référence aux fameux onguents évoqués plus tôt. "C'est beau aussi."



:copyright: 2981 12289 0
Ari M. Niva
https://haklyone.forumactif.com/t1228-you-are-such-a-soft-and-me https://haklyone.forumactif.com/t1233-peace-for-lonely-monsters-ari
Revenir en haut Aller en bas
Yuahn Lei
Maison du Souffle et des Cendres
Yuahn Lei
Âme : Iguane Vert
Age : 36
Métier : Sorcier
Lenss : 224
Messages : 56
Date d'inscription : 17/07/2023
Sam 30 Déc - 19:22
Face à la douce hésitation du fleuriste, un secouement léger de la tête. Pas de drogues, pas d’addictifs. Dans la nature hormis les Hommes, les êtres ne cherchent pas à s’échapper de la réalité avec des substances modifiées; dans ses intuitions instinctives, Yuahn se détourne de ce domaine là, même si on lui en a déjà demandé. Plusieurs fois.

Le thé au citron sec et sans citron frais.

Celui dont il se rappelle le parfum en humant les airs avant même que le thé soit prêt.
Habitué aux gestes de la vieille, à ses rangements et à ses boites, le sorcier ne relève pas. Sans pouvoir s’en empêcher, il suppose que ses souvenirs sont restés intacts; effleurant d’une pensée, comme un rappel lointain d’une mélodie délaissée et enfouie longtemps derrière la pile de ses mémoires. Entendre aujourd’hui que la vieille est encore là, a quelque chose de doux et rassurant; ses épaules se relâchent davantage. Et comme Yuahn n’est pas un inquisiteur, l’explication lui suffit amplement, même si elle vient de cet inconnu, cet homme en pyjama qui ne semble pas être un des petit fils de la vieille. De cette dernière, il ne connaît pas grand chose, et malgré l’absence de discours animés lors de leurs rencontres, elle voyait sans doute plus que ce qu’il ne disait, à l’époque.

-  …Merci. 

Un murmure.
On ne sait trop quoi Yuahn Lei remercie à ce moment là, si ce sont les nouvelles de la vieille à qui il n’avait jamais fait le lien avec le nom de sa boutique, ou si c’est le thé au citron d’autrefois qui lui tire ces mots de politesse sociétales auxquels il ne pense que trop peu. Ce mot qu’il n’a rendu qu’à la vieille en de trop rares occasions, et qui sonne un peu trop étrange venu de sa bouche. Le silence s’installe -ou alors n’était-ce que sa propre impression, et lui il s’oublie, juste un petit instant, tandis que le thé infuse lentement, et lentement aromatise l’air de ses parfums agrumes teintés par à-coups d’hésitations et de doutes mêlés de celui qui le prépare.

Il n’a plus besoin d’aller s’échouer entre les fleurs pour dissimuler son désespoir, maintenant. Voilà longtemps qu’il aurait dû le réaliser.

Les quelques pas derrière lui le font se retourner tandis qu’il écoute des mots percer ses réflexions. Des mots qui parlent de couleurs et de fleurs, ravivant ses sens et le présent. Il observe attentivement le fleuriste proposer un assemblage fin de fleurs, imprime le mélange qu’il lui propose dans sa tête pour pouvoir lui redemander la même chose l’an prochain.

- Les couleurs sont des sonorités, les sons sont des couleurs. Mais je ne peux pas les assembler, déclare t-il sans jamais forcer sur sa voix, -Mes accords ne plaisent pas. 

Ils sont dissonants.

À demi voix, il souffle et s’approche des fleurs pour ajuster leurs couleurs à la bonne tessiture, dans son ouïe. Un orange proche d’un sol dièse rehaussé d’un quart de ton qui tend vers le la. Il se doit de faire confiance en la délicatesse du connaisseur. Les significations qui lui sont citées semblent convenir à ce qu’il était venu chercher ce matin. Et c’est sans se soucier de l’étrangeté de ses propos qu’il poursuit, à demi voix.

-D’accord. 

Les regards se croisent et Lei laisse dériver à chaque fois le sien sur le côté pour ne pas avoir à y faire face. Les yeux, c’est toujours compliqué à définir, difficile à soutenir, parce que ça lui provoque des comme des picotements dans l’échine. Le visage de Lei est un visage lisse, plat, aux yeux particulièrement étirés et sans expressions particulières. Derrière ses gestes placides, une impression de candeur, un air perché sans être complètement ailleurs qui lui donne cette impression d’être distrait de manière constante même quand il est présent.

-Un guérisseur peut guérir plus de maux, je ne peux pas être un guérisseur. 

Il réfléchit, effleure la petite botte constituée tout en humant les fragrances fleuries.

-Certaines plantes soignent, d’autres ravagent.

Plus proche d’un herboriste. Il répond, comme si sa réponse était parfaitement complète. À travers les plantes, il fixe brièvement le bas du visage du fleuriste.

-Et toi tu as des maux. Certaines guérisons peuvent venir de l’extérieur et celles-là, peut-être, je peux les soulager. Mais d’autres, elles se soignent de l’intérieur… 

Yuahn se redresse et retourne au comptoir.
Silencieux.

De l’intérieur, avec l’équation du bon moment, du bon endroit, et de bonnes personnes. Des fois, c’est pour jamais. Et toi, fleuriste, ce que tu laisses voir, c’est des cordes frottées avec un archer tenu avec des doigts tremblants alors que tu connais ta partition. En prison, la prison de toi-même. Ça, ça crée beaucoup de maux.

Il laisse ses narines s’imprégner de l’odeur plus prenante du citron et attrape la tasse qui fume. La lumière est trop faible pour espérer un reflet et les ondes qui se dessinent sur l’eau qui bouge semble absorber toute son attention.

-Pourquoi tu as mal?

Il aurait peut être dû commencer par où il avait potentiellement mal. Mais Lei a ce côté absurde et sorti de nulle part, dicté par la seule force de son instinct. Celle de son intuition.




_________________
Avatar by Wren
Yuahn Lei
https://haklyone.forumactif.com/t1112-lei-yuahn https://haklyone.forumactif.com/t1127-chroniques#8796
Revenir en haut Aller en bas
Ari M. Niva
Maison du Chant et des Os
Ari M. Niva
Feat : Les pétales de nos âmes  888e5aa079fac212c91c9133319a27174465400c
Âme : pangolin géant
Age : 32
Métier : fleuriste
Double compte : /
Lenss : 97
Messages : 83
Date d'inscription : 27/09/2023
Dim 21 Jan - 15:31
Les pétales de nos âmesyuahn & ari
an autumn night
don't think your life
didn't matter.

Bashō
(elba rose→ fleeting fickle )
❀❀❀

Les volutes légères qui s'échappent de la théière parfument petit à petit la boutique alors qu'Ari compose le bouquet qu'on lui a demandé. Il contourne de nouveau le comptoir pour faire la composition, passant un tablier sur son pyjama à carreaux beiges, et se mettant à dépiauter les tiges des fleurs. Il les arrange sans rien dire d'abord, continuant d'observer son invité. Il l'écoute faire des métaphores, (du moins il suppose que ce sont des métaphores?) et sourit. "Ah, ne vous en faites pas, je m'en occupe. Ce n'est pas vraiment aussi simple qu'on pourrait le penser." dit-il, en espérant ne pas avoir l'air trop pédant, tout en réalisant l'absurdité de cette pensée. Le type s'est littéralement introduit dans sa boutique au milieu de la nuit, et Ari, lui, il s'inquiète de ne pas lui paraître trop pédant. C'est presque drôle, en fait.

Leurs regards se croisent et alors que Lei détourne le sien sur le côté, Ari baisse les yeux sur la tâche qu'il fait actuellement, son nez légèrement busqué accrochant la lumière de la lampe à laquelle il s'abime les rétines. Il s'intéresse un peu plus à son visiteur mystérieux, profitant d'une faille dans laquelle s'engouffrer. Mais celui ci ne semble pas être un guérisseur. Du coup, Ari se retrouve un peu confus, parce qu'il ne sait pas trop quoi dire maintenant. "Ah, euh..." Serait-il face à un genre d'empoisonneur? Il retrouve un peu de sa nervosité précédente. Il a dit pas de drogues, mais jamais qu'il ne vendait pas des choses qui pourraient faire du mal. Il sent son coeur battre un peu plus alors qu'il se rend compte qu'il est face à une sorte de sorcier, finalement... Mais celui ci n'a pas l'air d'avoir d'intentions hostiles, et Ari n'a aucune envie ni intérêt à le provoquer.

Il s'efforce de reprendre, l'air de rien, finissant le bouquet qu'il noue ensemble avec un raffia. Avant de l'emballer, il sert le thé, et pose l'une des tasses fumantes sur le comptoir. Il va pour prendre une gorgée, délaissant finalement l'idée alors que ses lèvres effleurent le liquide ambré décidément bien trop chaud pour lui. Heureusement, d'ailleurs, car la question le prend un peu de court. Enfin, pas tant la question que la phrase qui la précède. Il rougit légèrement, les doigts un peu crispé sur sa tasse.
"Euh, je ne sais pas vraiment," dit-il d'abord. "Enfin, si, je sais pourquoi j'ai mal... physiquement. Ce sont les séquelles d'un... accident que j'ai eu." Il se questionne sur l'utilité de mentir à quelqu'un qui a manifestement des capacités extra-sensorielles. C'est assez libéral de sa part de parler d'accident, quand clairement c'était volontaire. Il grimace un peu. "Enfin, une chute que j'ai faite. C'était assez grave, on m'a dit que j'avais beaucoup de chance d'être encore en vie." Il triture un peu la tasse, puis les tiges des fleurs qu'il vient d'embouqueter. "P-pour ce qui vient de l'intérieur... Je sais bien qu'il n'y a pas de baume pour ça. Je travaille dessus autrement..." Il baisse de nouveau les yeux. Il aime à croire qu'il a fait des progrès, mais il ne peut pour autant dire qu'il est fier de ce qu'il a fait ni de qui il est, du moins pas à l'heure actuelle. Il y a du mieux, mais ce n'est pas vraiment ça.

Il relève toutefois les yeux vers l'homme, qu'il observe un peu sans vraiment se cacher. "Pour qui sont les fleurs?" demande-t-il, un peu curieux d'en savoir plus. Normalement, il ne poserait pas ce genre de question, mais les circonstances ne sont pas exactement normales, et on lui a aussi posé des questions indiscrètes. Alors, il se dit qu'il peut s'y autoriser. Pour une fois, peut être pourra-t-il satisfaire sa curiosité.



:copyright: 2981 12289 0


hrp:
Ari M. Niva
https://haklyone.forumactif.com/t1228-you-are-such-a-soft-and-me https://haklyone.forumactif.com/t1233-peace-for-lonely-monsters-ari
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut Page 1 sur 1
Sauter vers:
nos partenaires