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Coeur à sang // PV : Caspian



 
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Coeur à sang // PV : Caspian
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Ephraïm Kurusu
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Ephraïm Kurusu
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Lun 4 Sep - 11:13
_Ou est ce qu'on va ?

Ce n'est pas le chemin pour la mer.

Ses yeux vont vers son frère et observent le sac qu'il porte sur son dos ; comme si son regard pouvait transpercer le tissu. Que cache t il, là dedans ? Uriel marche d'un pas tranquille, une main tient la lanière du sac, l'autre est glissée dans sa poche. Ses prunelles s'unissent aux siennes et la malice étire le coin de ses lèvres, son grand-frère glisse sa grande main, dans ses cheveux bien coiffés.

_ Tu verras.

Il répond, évasivement. Ephraïm retombe dans le silence. Les deux frères marchent, parfois, s'entraident, d'une main qui saisit sa jumelle, du sac qui change d'épaules -il y a beaucoup de choses dedans. Et finalement, ils arrivent.

Face au mur de roches, qui se dresse devant eux.

Ephraïm cligne des yeux. Face au Mont Hurleur, il se sent si petit. Poussière éparpillée sur les racines du monde. Uriel lève les yeux vers le sommet, croise les bras sur son torse et tourne les prunelles vers son petit-frère. Et un rire franchit ses lèvres.

Car Ephraïm a déjà les sourcils froncés. Il affronte du regard la falaise qui se dresse devant lui, les poings serrés, bien campés sur ses jambes, comme à chaque fois qu'il est dans l'adversité. Uriel s'approche d'un pas, repose une main sur son épaule.

_ Ca fait des années que tu escalades en salle et… tu as vraiment progressé. Je me suis dit qu'on pourrait essayer en vrai.

Uriel désigne le Mont d'un signe de tête. Ephraïm écarquille les yeux et s'approche d'un pas.

_Tous les deux ?!

_ Tous les deux.

Tous les deux, ils ont gravi tant de fois le Mont.

Jusqu'à il y a 8 ans.

Cet endroit a enduré la fougue d' Ephraïm, sans son frère pour le canaliser. Mais le Mont Hurleur a su lui imposer un peu de maîtrise : corniche escarpée, roche traîtresse, crevasse, intempéries. Uriel lui avait dit, ici, l'erreur est impardonnable. Et Ephraïm a appris à faire attention, à faire preuve de mesure, de retenue.

Il voulait qu'Uriel soit fier de lui.

Arrivé au sommet la première fois, Ephraïm n'avait, de longues secondes, rien exprimé. Il s'était senti soudain si vide, si seul, tous ces efforts, pour quoi au final ? Car ses yeux ne voyaient que la neige glacée, les lointaines vallées, parce que le tout petit petit frère, s'était senti si minuscule perché là haut. Il n'y avait pas Uriel. Il n'était pas là, pour l'acclamer, il n'était pas là pour lui promettre, qu'ils iraient manger une glace pour fêter ça. Il n'était pas là pour voir, qu'il avait tenu parole, qu'il avait promis, qu'il serait meilleur que lui, qu'il réussirait, ce qu'il n'a pas pu faire.

Le vent était froid, ce jour là, ses yeux étaient asséchés, déjà rougis par le froid et la lumière. Son corps faisait mal,bien que rien n'était aussi douloureux, que ce pic qui s'enfonçait dans sa cage thoracique. Ce vide, en lui, tirait sur son cœur comme pour l'engloutir, l'arracher, de l'intérieur, alors Ephraïm, encore une fois, il avait froncé les poings, les sourcils.

Ephraïm s'était mis en colère.

Il avait hurlé sa rage. Les poings levés vers le ciel, il avait crié, crié jusqu'à manquer d'air, jusqu'à ce que l'adrénaline efface le manque, jusqu'à ce que la rancune, permette d'oublier la peine. Il était en colère. Contre Uriel et contre tous les autres, en colère contre le monde, en colère, contre lui-même.

Et la montagne accueillit, sans discuter, sans réagir, la montagne était, d'un calme olympien, d'un silence contenant, d'une impassibilité réconfortante. Car si l’amour soulève des montagnes, la haine ne leur fait rien.

Ce pic rocheux vient de le transpercer, lui et toutes ses promesses qu’ils se sont faites. Sans elles, il sent son monde s’écrouler, son être, tomber, il dégringole dans ce précipice, les roches le déchiquètent, ses os se brisent, la souffrance s’arrache de sa cage thoracique et ça détruit, ça le détruit.

Quand il n’y a plus rien, ses bras retombent. Ses lèvres entrouvertes halètent, l’air froid et incisif tranche à chaque inspiration, frotte le cœur à vif. Le membre purulent a été arraché, la chair gangrénée, tranchée, il ne reste que des chairs pulsantes de vie, son âme est vide.

Il a réussi.

Car l'important, n'était pas vraiment le fait d'être meilleur que son frère, non. Ce qui comptait, c'était qu'il ait réussi. Uriel lui avait indiqué la voie, il s'y était engouffré, jusqu'à atteindre la fin de ce chemin, le commencement d'un autre.

Ils ne pourraient plus vivre de telles expériences ensemble, ils ne pourraient plus les vivre à deux, plus comme avant. Il faudrait faire différemment. Faire avec son absence, sans pour autant l'oublier. Continuer à avancer, bien qu'il ne serait plus là pour le guider.

C'est peut-être ce pourquoi Ephraïm avait demandé à rejoindre l'Unité du Mont Hurleur ; qu'il occupait le poste de garde, depuis des années. Car cet endroit abritait tant de souvenirs, tant de moments décisifs. Car c'est dans le silence et le froid, dans cette montagne implacable où la réflexion devait dompter les émotions, qu' Ephraïm apprenait à faire son deuil. Qu’il apprenait à grandir, sans lui. Loin de la plage, qui lui ressemblait, au sommet de ce pic rocheux, où il était seul avec son avenir, sa vie entre ses mains. Car oui, tout dépendait de lui, dans les choix qu’il allait faire, dans la force qu’il allait mettre, dans son endurance.

Il n’avait plus à craindre de croiser son fantôme au détour d’un couloir ou d’une ruelle, au travers des regards, des discussions ou de tous ces quartiers où Uriel a patrouillé. Ici, il était seul avec son passé, seul avec son avenir.

L’absence devient supportable ; non pas acceptable, mais tolérable.

Il pense toujours à Uriel. Il lui manque et il s'occupe régulièrement de lui. Mais il essaye de le voir, même quand il n'est pas là, se dire qu'il est toujours au fond de lui. Qu'il observe le monde au travers de ses yeux, mais qu'il est le seul à pouvoir agir. Qu'il est seul maître et juge, de ses actions.

C'est une sacrée pression. Parfois, Ephraïm se sent submergé. Ce n’est pas à cause d’Uriel, non, bien que son frère ne soit plus cité comme exemple, bien que celleux qui osent le mentionner, le font avec respect. Ephraïm n’est pas son héritier, il ne porte pas son fardeau. son héritier. Aucun des frères ne l’aurait voulu,  et son caractère drastiquement différent fait qu'il a été rapidement mis dans un autre panier.

Depuis quelques mois, la situation au Mont Hurleur est animée. Des braconniers, des randonneurs trop assurés. Deux de ses collègues sont tombés malades, des renforts ont été demandés. Cela fait quelques jours qu'il travaille avec Caspian. Le frère d'Ilya.

Eux aussi, sont très différents. Et Ephraïm a rapidement compris qu'eux aussi, il ne fallait pas les mettre dans le même osier. L'un comme l'autre ne le supportent pas. Si Ilya le cherche et le provoque sans cesse, Caspian est davantage dans le retrait à son adresse. Pourtant, il a tout l'air d'être plutôt souriant, et pour l'avoir croisé avec d'autres collègues, Caspian est social.

Qu’est-ce qu’il lui a fait ?

Est-ce simplement le fait qu’ils ne se connaissent pas, qu’il est considéré comme rival d’Ilya, a-t-il été maladroit envers lui, une fois ? Ephraïm se demande ce qu'il a pu faire, s'il a peut être sa tête des mauvais jours, alors il essaye de froncer moins souvent les sourcils, d'avoir le ton plus posé, il se sent mal à l'aise seul en sa compagnie, sans réellement savoir s'il doit chercher à discuter ou simplement l'ignorer.

Installés dans la petite cabane censée les abriter, Ephraïm écoute les hululements du vent, dans la cheminée. Ses bottes de ski, glissées derrière, finissent de sécher. Il porte une tenue de repos, un jean noir qui dessine ses longues jambes effilées, un pull à coll roulé, qui accentue la maigreur apparente de ses membres, ses doigts tournent les pages d’un livre dont il a dissimulé la couverture.

Un roman à l’eau de rose, comme il les aime. Mais il s’est fabriqué avec un peu de papier, une couverture neutre pour dissimuler le réel contenu de sa lecture : bien qu’il soit prêt à endurer les moqueries sur sa petite taille, son style, ses colères ou autre, il n’a pas envie de donner un autre bâton pour se faire battre.

Ses yeux reviennent sur la silhouette de Caspian, il hésite puis se redresse. Il range le livre dans son sac à dos, récupère un paquet de cartes sur l’étagère et s’approche du jeune homme.


_ Caspian, hm… Tu veux faire une bataille ?

Il propose, levant le paquet pour l’agiter légèrement, se contentant de lever un sourcil interrogateur.

Caspian, Ilya, lui ont toujours semblé assez entourés. Il faut dire que leur nom fait beaucoup parler. Son père, chargé de la communication à la Milice, était bien sûr informé de toutes les rumeurs… Mais il a toujours élevé ses enfants, dans le fait de ne pas se fier à ce que l’on entend.

Ephraïm a fait de son mieux, pour ne pas réellement écouter ce que l’on murmurait - se connaissant, ça l’aurait sûrement énervé, de toute façon. Par chance, il n’a jamais croisé quelqu’un qui aurait osé dire quoi que ce soit de négatif sur son frère, ou il ne sait pas s’il serait ici aujourd’hui.

Il a conscience, du poids d’un nom sur les épaules. Bien que le sien ne l’ait jamais écrasé : son frère a été sa montagne à grimper. Son appui, pour grandir. Et peut-être, un modèle, qu’il suit à sa manière.
Ephraïm Kurusu
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Caspian Matkovic
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Mar 5 Sep - 13:56
Coeur à sangFT. Ephraïm // septembre 2099 - poste de garde
Les doigts crispés passent et repassent sur les bottes de neige abîmées par les intempéries, la boue et les randonnées exigées. Maussade, Caspian préfère faire ce pour quoi il est doué ; frotter, nettoyer, faire briller. Un soupir, elles sont peut-être fichues quand bien même le cuir ne laisse apparaître qu'une simple égratignure, quelques petites traces d'usures.
Fichues.
Ce n'est pas parfait et il se force à recommencer ; frotter, se perdre dans la sensation du cuir entre les doigts abîmés à force d'avoir trop gratté. Quelques jours déjà coincé dans le petit poste de garde, mais Caspian n'arrive plus à apprécier l'air frais, à aimer le bruit des bêtes sauvages une fois la nuit tombée. Ces oreilles sensibles s'agitent au moindre bruit qu'il ne connaît pas, loin du chaos de la ville, du bruit des fêtards et des rires dans les rues qu'il connaît comme sa poche. Ici, les sons s'emmêlent en bruissement discret, on les croirait seuls au monde, livrés à eux-même entre quelques murs bien isolés.
Les doigts s'arrêtent de frotter, le dos courbé se délie pour faire craquer les lombaires dans une grimace passagère. Il n'aime pas cet endroit : la boue, le silence, les sapins à perte de vue et l'espace exiguë du poste de garde. Son lit lui manque, il pensera à appeler Alexis ce soir, se perdre en l'écoutant raconter sa journée. Oublier la sienne.

La mauvaise humeur s'égare en souvenir alors qu'il reprend son nettoyage, ses bottes déjà luisantes de propreté. Hazgar Matkovic a appelé ce matin pour ne rien arranger. Il n'a pas décroché, le paternel à insisté. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. Caspian a capitulé et l'a regretté, l'amertume de leur discussion encore gravée sous ses paupières plissées, concentrées.
Le Mont Hurleur Caspian ? Ne fait pas l'innocent je l'ai appris des hauts gradés. Dégage de là, c'est à la capitale qu'on fait son trou. Tu penses pouvoir monter les échelons en gambadant dans la montagne et racontant des histoires au coin du feu ? Le fennec n'a rien répondu d'autre qu'un affreux juron. Il aurait dû s'en douter, rien n'est assez bien pour Hazgar Matkovic. Tout le monde se fiche bien des braconniers, ils n'ont pas besoin de toi là-bas, qu'est-ce qui t'as pris d'accepter le remplacement fils ?! A ton âge j'avais déjà... Il n'écoutait déjà plus, une grimace désabusée lancée au paysage devant lequel il s'était réfugié. S'il se poste au bon endroit, il pourrait presque apercevoir Lunapolis au loin, le point minuscule de la tour Gemeau et son paternel probablement à son bureau. Il l'imagine pester contre son téléphone, avoir déjà appelé ses collègues pour trouver une mission digne de ce nom à son fils aîné. L'air de dire ce n'est pas comme ça qu'on élève un héritier. Caspian a ricané tout seul, Hazgar n'a élevé et n'élèvera jamais personne, il en est incapable.
Caspian a brutalement coupé la parole. Laisse tomber papa, personne ne veut devenir comme toi, surtout pas moi.
Numéro bloqué, mais il est certain que son paternel réussira encore à s'incruster dans les failles qu'il ne cesse d'exhiber.
Parfois, Caspian ne sait plus comment dire non, laisse les problèmes s'accumuler dans son giron.

La tête ne se redresse que brièvement, croiser les iris pâles d'Ephraïm dans une interrogation muette.
Un jeu de cartes.
Un refus s'apprête à franchir les lèvres jusqu'ici résolument close en la présence du pur-sang, mais Caspian s'interrompt. Être un connard, il déteste ça, et c'est bien le premier rapprochement que son collègue tente depuis quelques jours. Caspian a préféré prendre ses distances, rester professionnel. Pour quelques jours, uniquement quelques jours. C'est idiot il le sait, il n'a rien à lui repprocher, au contraire. Mais le blond a les pensées nouées en guirlandes d'idées sombres. Ephraïm, c'est un peu d'Ilya, un peu d'Uriel. Un peu de tout ce qu'il regrette mêlé à tout ce qu'il n'a jamais eu. Ephraïm, il n'a rien à lui reprocher malgré le visage si semblable à celui de son aîné, malgré ses liens étroits avec Ilya. Ephraïm, peut-être qu'il lui en veut pour cette famille de miliciens qui ne ressemblera jamais en rien à la sienne.
Mais c'est injuste et il le sait, la culpabilité naissante au creux de l'âme.

"Bon... ok." Il ne sourit pas Caspian, préfère pousser un profond soupir, poser délicatement ses bottes reluisantes dans un coin et se lever à la suite de l'autre. Là à même le sol, il s'installe devant la petite table basse. Il a déjà enchaîné les jeux de cartes la veille avec les autres, sans Ephraïm mais en cet instant, ils sont seuls. Quelques collègues s'entraînent à l'extérieur, d'autres sont déjà partis patrouiller, il les appelleront au moindre souci, le petit talki walki négligemment posé à l'entrée. Caspian ramène ses mèches blondes en chignon, concentré et laisse l'autre battre les cartes. Dans une nonchalance feinte, il l'observe en plissant les yeux. "Il n'y a rien à faire ici de plus que des batailles de cartes ? C'est un peu... ennuyant à force."  Et dire que certains soldats restent là toute l'année, Caspian en grimace de nervosité.


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Caspian Matkovic
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Ephraïm Kurusu
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Jeu 7 Sep - 10:50
Les gestes sont d’une mécanique redoutable.

Rouages bien huilés, de cette main qui parcourt inlassablement le cuir usé. Il n’y a plus de traces, ni de boue ni de poussière, il ne reste rien que l’usure d’un cuir que l’on ne cesse de frotter, Ephraïm se dit qu’il faut peut-être le nourrir. Lui a l’habitude de tout entretenir, ça évite d’acheter, ça évite, l’argent gaspillé.

Caspian n’arrête pas, il est pris, dans cette machine.

Et Ephraïm, à force de l’observer, il se sent étouffer. Il le sent prisonnier. Emporté, par cette pulsion de tout nettoyer, comme Ilya dans leur chambre, passait son temps à refaire son lit, à déplisser ses vêtements, à frotter, inlassablement, c’est insupportable. Et le pur-sang, voit dans ces rituels des chaînes qu’il veut briser, des habitudes qu’il faut arrêter ; il faut couper les fils, de ces marionnettes. Qu’elles puissent être libres d’agir, et non plus contraintes par des règles imbéciles, par un soulagement qui ne vient jamais, car leurs mains continuent toujours de s’afférer. Comme s’il pouvait rester quelque chose, à force de gratter, depuis des heures, pour s’occuper.

S’empêcher de penser, s’empêcher de réfléchir, s’empêcher d’agir.

Car Ephraïm voit bien, que quelque chose ne va pas.

Caspian ne sourit pas. Il est dans son coin, isolé, réfugié loin, comme s’il n’attendait qu’une excuse pour partir, pour s’en aller. Et Ephraïm réfléchit, aux journées qu’ils ont passées, aux personnes qu’ils ont croisées ; il a bien vu que Caspian était différent, avec lui. Qu’est-ce qu’il a fait, pour l’énerver ? Il ne sait pas vraiment comment aborder le sujet, car lui, lorsque ça ne va pas, ça finit toujours par se savoir.

Et d’ailleurs, il commence à le faire voir.

Car Ephraïm a rompu sa routine, il a décidé d’arrêter la machine. Car la liberté, c’est avoir le choix, c’est être en capacités d’affirmer, ce qu’il a envie ou non de faire et là, tant pis, même s’il a envie de lire, il en a assez, assez de sentir ce fer mal placé, cette épine dans son sabot, ce cuir que Caspian n’arrête pas, n’arrête PAS, de frotter.

Alors tant pis, il est prêt à faire une partie de cartes qui va l’exaspérer, parce qu’Ephraïm n’est pas très bon perdant.

Le lourd soupir de Caspian le surprend et quelques secondes, Ephraïm cligne bêtement des paupières. Décontenancé, il ne suit pas immédiatement le blond jusqu’à la table, le jeu de cartes entre les doigts. C’est lui, ou l’autre vient clairement de lui signifier qu’il le faisait chier ?

C’est ainsi qu’il prend le geste d’exaspération.

Prends sur toi, Ephraïm. Ne t’énerve pas, Ephraïm.

Autant dire à la rivière d’arrêter de couler.

Les sourcils du brun se froncent. D’un pas lourd, il s’approche et s’assoit lourdement à même le sol. S’efforçant de baisser les yeux vers le paquet de cartes, qu’il ouvre puis commence à battre, la remarque du blondinet lui fait lever un sourcil.

L’équidé ne supporte pas les mouches qui viennent voleter près de ses oreilles. Celles qui viennent piquer sa peau, de leurs trompes étrangement aiguisées. Là, ce qui vient le titiller, c’est tout le mal être de Caspian, c’est cette rancune qu’il ne saisit pas, c’est ce rejet que le blond n’avoue pas.

Et Ephraïm n’a pas la patience, de tourner autour du pot.

Il n’a pas la patience, pour laisser cette machine reprendre son cours, pour endurer l’hypocrisie, pour supporter l’agressivité passive. Pour laisser Caspian s’enfoncer, dans ce bourbier.

Les cartes ne sont plus battues ; réunies en tas, elles se reposent fermement sur la table, dans un bruit sourd. Ephraïm garde une main sur le paquet, son coude se repose sur la table, il appuie sa tête contre son poing libre.

_ Hey. Si tu n’as pas envie de jouer avec moi, tu es libre de refuser. Rien ne t’y oblige, surtout pas moi. Je préfère un non que te voir faire la gueule. Ce jeu t’emmerde ? Bah écoute. On le fait pas. C’est pas grave.

D’ailleurs, les cartes rejoignent leur paquet – et le paquet finit balancé sur un fauteuil voisin.

Les gros mots qui viennent à présent ponctuer ses phrases trahissent la tension qui monte d’un cran, ses bras se croisent sur son torse et cette fois, ses yeux se lèvent vers ceux de Caspian pour le fixer longuement.

_ Qu’est-ce que tu préfères faire ? Je peux nous bricoler un jeu de dames, si tu préfères. Bataille navale, s’écrire un mot que l’autre doit deviner par des questions, ou encore le « apprends à me connaître », on écrit des questions, on les tire tour à tour et on y répond… Je peux continuer à me creuser la tête, mais tu as peut-être des idées de jeux plus sympas à proposer ?

Comme astiquer ses bottes ? Il renifle un peu et dévie le regard, frottant son nez du dos des doigts. Vexé ? Oui, un peu.

Il hésite mais ronger son frein, ça ne lui ressemble pas.

_ Qu’est-ce que tu as ?

Ephraïm se redresse.

_ D’habitude, tu as toujours le sourire. Qu’est ce qu’il se passe ? C’est le fait d’être ici ?

Ses sourcils se froncent davantage.

_ Au moins cette fois, tu ne caches pas que ça ne te plaît pas ou que tu ne m’aimes pas. Mais tu ne le fais qu’à moitié. Qu’est-ce qui se passe, Caspian ?

Car si Uriel suit le courant, Ephraïm est le barrage.

Car si Uriel se laisse emporter par la course du monde, Ephraïm sera le bâton dans les roues, la pierre dans la chaussure, le gravier dans le rouage si bien huilé.

Car Ephraïm, veut que toustes aient droit à la liberté ; liberté d’être et s’exprimer.

Et qu’il n’est pas prêt de laisser Caspian s’emprisonner. Dans ces mensonges, ce masque, ces habitudes routinières, derrière ce poids qu’il s’impose sur les épaules.

Car Caspian, il ressemble beaucoup à Uriel.

A sourire, toujours, comme si rien n’était.

Et qu’aujourd’hui, Ephraïm a compris : ce n’est qu’un masque.

Qu’il compte bien lui arracher.  

Car quand Ephraïm a compris pour Uriel, c’était trop tard, trop tard, pour le libérer : Uriel a étouffé.  
Ephraïm Kurusu
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Caspian Matkovic
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Ven 8 Sep - 10:54
Coeur à sangFT. Ephraïm // septembre 2099 - poste de garde
L'humeur morose s'étale en silence pesant, le battement des cartes comme un doux bruissement à ses oreilles sensibles. Concentré sur les mains qui s'animent pour four faire jouer les cartes, mélanger les rois des grandes dames, Caspian n'ose pas relever les yeux, croiser les regards. Il a accepté pour faire taire cette idiote culpabilité, les prémices d'un cauchemar récurrent ; refermer les doutes avant l'hémorragie fatale.
Ce n'est qu'une simple partie, il peut bien sourire, accepter, faire comme si tout finirait par aller. L'ébauche d'un faux sourire apparaît, un ongle qui gratte paresseusement le bois de la table pour s'occuper les mains.
Une simple partie de carte, il gagnera ou admettra sa défaite dans un sourire humble avant de peut-être demander à partir pour les hauteurs, une patrouille qui lui ferait le plus grand bien malgré les roches escarpées qui diffèrent tant de ses belles rues bétonnées.

Tout à ses pensées, le blond sursaute lorsque le paquet de cartes claque contre la table. La mine se relève en lueur inquisitrice, suivi d'un haussement de sourcil surpris alors qu'il se redresse complètement, comme prit sur le fait. Un brin agacé, la main crispée contre le bois.  "J'ai dis que j'allais jouer, ou est le problème ? Faut absolument te faire un grand sourire pour démarrer la partie ou quoi ?"  Pourtant, les lèvres restent résolument crispées en ligne peu amusée.

La suite ne lui plait pas bien non plus et les muscles se tendent alors que le blond croise lui aussi les bras sur le torse à l'instar de son collègue. Le paquet vole et il ne le suit pas des yeux, concentré sur l'autre et ses insinuations pourtant véridiques.  "C'est quoi ici, une kermes ? Non Ephraïm on ne va pas se raconter nos vies parce que des petits bouts de papier l'auront dicté. Si t'as des questions, poses-les directement."  Il se fera alors une joie d'y répondre par de jolies phrases toutes prêtes.

Mais la colère qui lui noue les tripes en cet instant ne mène à rien, il le sait. Force les muscles à se détendre, les épaules roulent et une main vient gratter sa nuque dans une grimace maladroite, sans se soucier de défaire les mèches jusque là parfaitement attachées.

Qu'est-ce qu'il a ? Probablement trop de choses à raconter au premier venu, des tracas qui n'intéressent personne ici, pas même Ephraïm. Dans une famille parfaite ou les drames surviennent malheureusement sous les coups de la mauvaise fortune, Caspian en est certain, il ne comprendrait pas.  "C'est différent de Lunapolis c'est vrai..."  Une malheureuse réponse alors qu'il n'ose plus s'emporter, évite le regard avant de le fixer sur point au hasard dans la grande pièce. Partout sauf sur lui. "C'est peut-être juste trop fatiguant de sourire tout le temps."  Un aveu, une confidence avant que la suite ne le fasse grimacer.
C'est donc ce que son comportement laisser croire ? Qu'il ne supporte ni cet endroit, ni le pur-sang ? Il s'en veut encore, soudainement, gonfle les poumons pour un peu de courage avant de se pencher par-dessus la table, le regard à nouveau concentré sur lui tout entier. Caspian a beau savoir mentir comme il respire, enjoliver les choses et parsemer le monde de fausse complicité, il n'apprécie pas les quiproquos, encore moins laisser penser qu'il pourrait ne pas aimer quelqu'un sans mobile valable.

"Ecoute, je ne sais pas ce que mon comportement t'as laissé croire depuis tout ce temps, mais je ne te déteste pas. T'es un bon milicien, dans la montagne je te fais confiance pour assurer mes arrières s'il le faut."  Il pense que c'est là le meilleur des compliments, Caspian, espère rattraper un peu les conséquences de sa mauvaise humeur quand bien même il n'aurait pas l'envie de s'épancher dessus.

Alors il se lève, vient ramasser le paquet balancé sur le vieux fauteuil et se rassoit, sans plus aucun soupire. Sans sourire, un brin sérieux, il mélange les cartes à son tour.

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Mer 13 Sep - 11:54
Souris pour la photo, Ephraïm !

Non.

Quelques secondes de silence, la stupéfaction des parents, les regards qui s'échangent. Le grand-frère cligne des paupières, alors que son père repose une main sur l'épaule du plus jeune. Pression.

S'il te plaît Ephraïm. Sois sage, fais comme ton frère.

Les mots sont glissés, l'on sent dans la voix, toute la supplice et l'agacement d'un homme consterné. Comment dompter ce sale caractère ? Père et Mère sont usés, car si Uriel suit les courants tout tracés, Ephraïm se jette sans cesse à contre-courant. Combien même, ses efforts sont vains, combien même sa lutte ne mène à rien, l'enfant ne baisse pas les bras.

Dans ses yeux, éclate l'orage, dans ses poings serrés, l'enfant contient sans réussir, la marée. Il ne suit pas les cours des rivières, car il est, océan.

La photo qui reste sur le mur d'Uriel, c'est celle de parents aux sourires fatigués, d'un Uriel dont le sourire coincé et les yeux plissés trahissent le rire qu'il essaye d'étouffer, la moue renfrognée du petit Ephraïm - sourcils froncés, bras croisés sur son torse. Il y a probablement plus beau, plus joli, et pourtant, c'est le portrait qu'Uriel a choisi d'afficher.

La réponse vive de Caspian le surprend. L'ego un instant piqué, par ce qu'il croit être un ton condescendant, les épaules du jeune homme se redressent, Ephraïm a levé la tête. A croire que la seule défense des Maktovic, c’est ce mépris qui claque, qui frappe, qui transperce, c’est ce dédain incisif, c’est se croire, prétendre, être mieux, plus haut, plus grand.

L'équidé est attentif, les naseaux frémissants, il écoute, l'homme en face de lui et ce qui s'agite au fond de lui. Car Ephraïm, s’est bien trop intéressé à Ilya, car il sait que lorsqu’un Maktovic montre les dents, c’est qu’il se sent acculé. Qu’il a mis son doigt, là où ça fait mal.

Et l’abcès suinte, quelques gouttes, s’échappent.

C'est trop fatiguant, de sourire tout le temps.

Cette phrase, c'est le ciel qui s’effondre. Ephraïm écarquille les yeux.

Il l'a déjà entendue, n'est-ce pas ?

Pourquoi Uriel ne se réveille pas ? Parce qu'il est dans le coma, est une réponse qui ne suffit pas. Parce qu'il a besoin de se reposer, il n'a pas pris ni arrêt ni congés pendant des années, parce qu'il est fatigué.

Je suis fatigué, Ephraïm. Uriel l'a dit, alors qu'ils sont dehors, Je t'emmènerai bientôt à la mer, je te promets, mais pas aujourd'hui, je suis trop fatigué. L'enfant, déçu, a tapé du pied, a bougonné, il n'a pas vu, ce que l’adulte voit aujourd’hui.

Car si Ephraïm était océan, Uriel était son ciel. Il était, toujours si clair, sa surface, si lisse. Les nuages étaient passagers, toujours chassés par un sourire, et lui, il ne voyait plus que ses rayons solaires. Refusait-il de voir, la pluie l’obscurcir ? Etait-il passé à côté des larmes qu’Uriel effaçait, qu’il cachait derrière la porte de sa chambre, prostré dans la baignoire ?

Ephraïm, était-il passé à côté de tous ces appels à l’aide, de toutes ces plaies qu’Uriel cachait ? Il avait été berné comme tous les autres, il n’avait vu que son sourire, ce masque qu’il affichait.

Cette veste qu’Ephraïm avait enfilée, pour se sentir plus grand, plus fort, pour le sentir à ses côtés - et c’est dans ses poches, qu’il avait trouvé une réponse. Quelques pastilles blanches, soigneusement rangées dans un sachet en plastique, pas besoin d’être chimiste, pour comprendre ce dont il s’agissait.

Car tout ce qu’Ephraïm vivait, était tangible et palpable, il suffisait de tendre l’oreille, de l’observer, de le toucher, pour lire tout ce qu’il ressentait. Alors qu’Uriel, était inatteignable. Que se passait-il, là -haut ? Que cachait-il, derrière ce sourire ? Imperturbable.

Cette armure, qu’aurait-il donné pour la briser. Avant que les coups, ne déboîtent sa mâchoire, ne déboîtent ses os, avant qu’on le prive à jamais, de s’exprimer.

Cette phrase, c'est le ciel qui s’effondre.

C’est le masque qui se brise.

C’est Caspian qui étouffe.

Et Ephraïm a l’impression, que la table est trop proche de son ventre, que les fauteuils les écrasent, que le plafond est bien trop bas. Son coeur s’est emballé, l’organe heurte la cage thoracique, une pression écrase son poitrail et Ephraïm appuie ses paumes sur le bois. Il sent son sang gonfler ses veines, les muscles fins se tendent, les tendons s’étirent, son fin vêtement, plaque ses membres. Le col roulé, serre trop sa gorge, alors que ses naseaux frémissent.

C’est à son tour, de sentir la culpabilité l’étrangler. La peur, la terreur viscérale, de passer à côté de quelque chose, d’important.

_ Caspian.

Le temps qu’il prononce ce nom, l’étalon est déjà debout. Car si Uriel, savait rester immobile et intangible, Ephraïm est incapable, de rester à endurer, de rester à subir, il a toujours besoin d’agir.

Son torse est animé, d’un mouvement régulier, d’un souffle rapide, comme s’il s’apprêtait à s’élancer. Fuir ? Non. Ce n’est pas la peur qui le pousse à se dresser. Ses poings se sont serrés.

_ Je ne voulais pas… Bordel.  

Grimace, les lèvres se tordent, à son tour, d’enfoncer un couteau dans une plaie béante, celle de son cœur qu’il saigne, sans jamais réussir à purger le pus qui s’y agglutine.

_ Tu es libre de tirer la tronche si t’en as l’envie. Tu es libre, d’exprimer tout ce que tu as besoin d’exprimer avec moi. J’en ai rien à foutre, d’un masque, des faire semblants, l’hypocrisie, les mensonges, tous ces trucs là, c’est pas pour moi ! Ca te fait chier, dis le, tire la gueule, envoie moi péter ! Et souris, quand un truc te fait vraiment plaisir ! Quand t’en as vraiment envie !  

Il s’approche d’un pas.

_ Je suis désolé. Je suis sincèrement désolé, si j’ai été maladroit. Parce que je, je veux juste que tu comprennes, que j’en ai rien à foutre en fait que tu tires la gueule, que t’aies pas envie, que des trucs te saoulent tu as le droit de le dire ! Tu as le droit de l’exprimer ! C’est pas ça le problème ! Ce qui m’a fait chier, c’est que ton soupir et ton histoire de kermès là, ça m’a donné l’impression que…. que j’suis une merde quoi ! Que mes efforts, c’est de la merde !

Son frère s’étranglerait, face aux gros mots qui s’échappent.

Mais Ephraïm, il n’en a rien à faire des gros yeux de son père, des regards noirs de sa mère, il ne prête pas attention aux grimaces outrées, Ephraïm ça lui fait mal et ça a besoin de sortir.

_ Mais j’ai saisi maintenant.  

Ephraïm croise les bras sur son torse et commence à faire les 100 pas dans le salon.

_ T’es fatigué. T’es fatigué de porter un masque, de toujours, toujours, sourire ! T’as plus la force de faire semblant, c’est ça ?  

Ses yeux reviennent sur Caspian.

_ Qu’est-ce qui te fatigue d'autres ? Qu’est-ce qui te saoule ? Qu’est-ce qui t’énerve ? Qu’est-ce que tu ne supportes plus ? A quoi est-ce qu’on doit casser la gueule, pour qu’un jour tu puisses être toi sans avoir à te fatiguer, à sourire et à prétendre ? Qu’est-ce qui t’empêche, d’envoyer chier les autres, de dire que non, t’as pas envie, de dire que ça va pas ?! T’as le droit ! Et si des gens t’en empêchent, moi, je les emmerde !  

Son index se pointe vers Caspian.

_ Parce que j’assurerai tes arrières. Comme toi, tu es venu voir mon frère.  

Ephraïm marque un silence.

Sa tête se baisse, il s’éloigne de quelques pas, jusqu’à se tenir à la fenêtre. Ses yeux reviennent observer la nuit, obscure, il a envie d’ouvrir, en fait, il l’a déjà fait et laisse le vent glacé fouetter son visage - la referme aussi vite qu’il l’a ouverte.

Une bouffée d’air frais, apaise un peu le brasier au fond de ses viscères.

_ Tu sais, quelle a été une de mes premières colères ? Une vraie. Celle qui a ébranlé les murs, qui a fait pleurer mes parents. Parce que je ne voulais pas sourire, pour une putain de photo de famille, je n’en avais pas l’envie. J’ai dit non, mes parents ont insisté, j’ai hurlé, j’ai pleuré, j’ai fini par me rouler par terre, et au final, j’ai tiré la pire des tronches pour la photo. Cette photo, elle est toujours affichée au mur. Mes parents sont pâles, ils sourient à peine, moi je tire la gueule, et je crois que c’est l’une des seules… Où j’ai l’impression qu’Uriel sourit sincèrement. Quand il racontait cette crise, ça le faisait toujours rire.  

Et un sourire revient faiblement éclairer les lèvres de l’équidé, qui hausse lourdement les épaules dans un soupir.

_ Je suis inquiet de ce qui se cache, derrière les sourires et les faire-semblants. Parce que dessous, il y a des fois des plaies qui gangrènent, des trucs qui pourrissent, personne ne le voit, et quand ça se voit, c’est parfois trop tard. Et j’sais pas. Je souhaite ça à personne, en fait.

Ephraïm finit par revenir et s’assoit lourdement face à Caspian.

_ Tu voulais des questions ? En voilà.

Soupire-t-il en haussant les épaules.

_ Tu n’es pas obligé d’y répondre. Tu le fais si tu as envie.


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Ven 15 Sep - 10:09
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Les mots de trop peut-être, les muscles qui se crispent et la flamme qui s'éveille, Caspian en reste coi, les pupilles arrondis devant les mouvements brusques de l'autre, le souffle rapide qu'il ne comprend pas car non, il ne comprend pas ce qui peut bien mettre dans cet état.
Ça va, il l'a dit, il l'a répété, peut-être surtout en pensée, en sourires falsifiés.
Ça va, il n'y a pas à se mettre dans cet état pour quelques mots de trop, quelques pensées parasites qu'on se force à détruire dans un rire.
Ça va, Caspian ne veut pas qu'on se batte pour lui dans un semblant de pitié acidifié, il ne l'a jamais demandé.
Les cartes sont délaissées sur le bois, les poings fermés sur la table basse, immobile et les lèvres crispées en paroles informulées. Il appuie là où ça fait mal Ephraïm, sans peut-être en avoir conscience.

Les excuses, il n'en veut pas, secoue brusquement la tête comme s'il sortait d'un rêve, une main venant fébrilement s'emmêler dans ses mèches blondes en chignon qui ne tiendra déjà pas bien longtemps. Passer sur la nuque dans une grimace gênée. "Arrête ça... j'ai compris." Et puis plus fort, sans oser croiser le regard. "J'ai compris !" Toute cette énergie, ça lui rappelle lui-même quand il n'arrive pas à se contenir, quand il enfile ses baskets et s'en va courir pour dépenser, ne plus avoir à penser. Mais il n'ose pas se lever à son tour, faire les cents pas qui pourraient résoudre ses tracas. S'il le faisait, il ne pourrait plus rester, finirait par retrouver les bottes sur lesquelles s'efforcer de frotter, claquerait une porte en prétendant devoir s'échauffer.
Mais il ne peut pas Caspian, le professionnalisme ancré dans sa psyché, s'en voudrait d'abandonner, de se défouler. Ce n'est pas l'heure, ce n'est pas le moment pour ses états d'âme, ce n'est pas le lieu arrêter soudainement de surveiller ses arrières, n'est-il pas là pour une mission précise ?  
Caspian n'est pas dans son cher appartement, vautré sur le canapé, Caspian est entouré de miliciens pour une raison précise, l'uniforme déposé sur le lit ne lui a pourtant jamais semblé si proche. Il n'est pas là pour lui, il est là pour eux.

Un soupir. "T'es pas une merde Ephraïm, mais on est pas en terrasse en train de boire des bières, on est au poste et même si tu me demandes de faire tomber les masques, ça n'arrivera pas. Fatigué ou pas." Parce que Caspian fait passer la Milice avant tout, et qu'une mauvaise ambiance dans le groupe leur ferait préjudice, il le sait d'avance.

Les prunelles sombres se posent sur les vas et viens du pur-sang, s'incrustent dans les mouvements saccadés, les bras croisés et les muscles qui se tendent. Un coin des lèvres se relève en léger amusement malgré les tourments, les tornades ont le don de lui faire comprendre les réalités, il s'amuse silencieusement des pas incessants avant que les regards ne se croisent encore, qu'il retrouve son sérieux inhabituel, forcé par le rappel de son père. Les questions pleuvent et la bouche reste close, le blond n'a aucune envie d'y répondre, s'épancher sur les bonnes comme les mauvaises journées. Il a le droit oui, mais il ne peut pas, il ne veut pas. Les doigts s'agitent sur les cartes, les prennent pour les mélanger encore et encore alors même qu'il ne pense plus au jeu. Les jambes se croisent en tailleur, se défont pour un genoux surélevé sur lequel il vient pianoter. Avant de retrouver sa position initiale. Lui non plus ne tient pas en place, trouve dans le remous des cartes qu'il ne regarde même pas, un défouloir trop bancale.

Il s'interrompt une seconde, le temps d'écouter les confessions, entièrement concentré. Uriel, l'évoquer lui fait toujours autant de peine, mais il n'ose imaginer ce que ce doit être pour sa famille. "Il souriait toujours quand il parlait de toi."  C'est sorti rapidement sans qu'il ne tourne la langue dans sa bouche, comme s'il n'avait pas pu s'en empêcher, mais c'est vrai. Une photo de famille sur laquelle on pourrait faire la gueule. Il se concentre à nouveau sur les cartes comme dans un rythme familier. "On a une photo de famille nous aussi, mais je l'ai laissée dans mon ancienne chambre chez mes parents. On sourit tous comme si on était parfaitement heureux mais je trouve que ta photo à l'air mieux." Il a déjà pensé à la brûler, cette photo qui ne représente en rien les habitudes familiales. Hazgar à ordonner qu'il fallait immortaliser, que les héritiers ça fait bon genre sur le papier glacé. Qu'il fallait sourire, pas pour eux mais pour les autres. Regardez comme on est heureux, ça fera des envieux. Ils savent tous donner le change, la photo est parfaite, comme son père le voulait ; pas un sourire ne paraît forcé. Ils y sont tous habitués. Caspian ne connaît pas toute l'histoire des Kurusu, des doutes qu'avait pu avoir Uriel ou de la culpabilité de son petit frère.

Face à lui de nouveau, la petite table qui les sépare lui paraît bien trop petite pour parer les questions qui demandent réponses, quand bien même il sait parfaitement qu'Ephraïm ne forcera pas.
Mais le pur-sang a parlé, il a râlé, s'est confessé. Il peut bien avoir quelques paroles à lui donner, pour compenser de s'être inquiéter. Le regard se rive à nouveau sur les cartes, c'est plus simple pour parler, ne pas regarder.

"Ça me fatigue de sourire tout le temps, mais je crois que je pourrais jamais faire autrement, comme si ça faisait déjà partie de moi. Et puis c'est pas comme si c'était tout le temps une corvée tu sais... j'aime voir les gens sourire en retour, je me dis que si mon sourire les fait sourire, alors c'est que ça vaut forcément le coup non ? Pourquoi changer ?" La parole un peu sèche, il se livre rien qu'un peu. Pourquoi changer si c'est ce qu'il y a de mieux pour tout le monde ? "Tu sais, c'est parce que je suis toujours comme ça que les gens viennent me raconter leurs problèmes ou demander des conseils. Parfois juste être écouté, faut croire que j'ai une bonne aura pour consoler ou quelque chose comme ça...  et toi tu me demandes de faire la gueule, mais peut-être que j'aime ça moi, aider les gens, et personne n'a envie d'aller pleurer sur l'épaule d'un gars qui pleurniche déjà." Il lève un regard sévère, un peu moralisateur. Comme si Ephraïm lui demandait de renoncer à quelque chose qu'il n'est pas encore prêt à perdre.
"Si tu veux casser la gueule à quelqu'un va falloir te battre avec TOUT le monde alors." Un reniflement princier. "Et j'apprécierai qu'on me laisse livrer mes propres combats."

Les cartes s'abattent brusquement sur le bois, Caspian n'est pas énervé, loin de là, la frustration se mêle à la culpabilité, il espère simplement que l'autre comprendra. "Je connais pas toute votre histoire mais je ne suis pas Uriel. Et je suis certain qu'il aimerait pas que tu parles de lui comme si c'était une plaie gangrenée." Un coin des lèvres se relève devant l'image, les yeux se plissent un peu d'amusement provoquant. "Moi non plus d'ailleurs, j'aime pas que tu me compares à une vilaine blessure qui pourrie, c'est horrible il va falloir penser à revoir tes compliments."

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Ven 22 Sep - 16:23
Uriel souriait toujours.

Qu’il parle ou non de lui, de toute façon. Ephraïm ne sait plus, si tout ça, c’était sincère, si Uriel, était vraiment heureux avec lui. Car lui, ces souvenirs, font partie des plus beaux qu’il ait vécus, les rires sous la couverture, les éclairs à la fraise grignotés entre les repas, les jeux qui finissaient toujours par voler, mais Uriel, qu’est-ce qu’il en est ? Ca ne l’a pas empêché de s’évader, dans les produits et les mensonges, dans ces songes qui ne terminent jamais, Ephraïm ne comprend pas, il a l’impression, de ne plus le connaître, de ne plus savoir, il lui en veut et ça fait mal.

Le reniflement princier lui fait lever les yeux, faut croire qu’il ne peut pas s’empêcher de le prendre de haut, pour soulager son ego. Et la suite de ses mots, c’est trop, c’est trop, son poing, s’est abattu sur la table.

Car si ses mots ont suinté de mépris, là, Caspian enfonce son doigt dans une plaie ouverte.

_ Qui t’est, pour parler au nom de mon frère ?


Demande Ephraïm. Les yeux légèrement écarquillés, ses sourcils se sont sévèrement froncés, alors que son poing se resserre, jusqu’à ce que les jointures blanchissent. Et un rictus, étire le coin de ses lèvres, dans un geste trahissant la montée de sa colère.

_ Ca t’amuse…?


Murmure Ephraïm, alors qu’un rire s’étrangle entre ses lèvres.

_ Ca t’amuse, de me faire culpabiliser ?


S’il s’était assis, Ephraïm abat son autre poing sur la table et se redresse de toute sa hauteur. Les veines se gonflent de sang, remontent jusqu’à sa gorge, alors que son pied s’abat cette fois sur la table.

_ Ca fait du bien, de te sentir supérieur ? Ca te rassure, hein ? TU NE CONNAIS PAS MON FRERE, JE T’INTERDIS DE PARLER EN SON NOM !


Rugit Ephraïm, et la table est repoussée sur le côté d’un coup de pied. Sa semelle, s’abat sur le sol.

_ Tu veux savoir ?! Ca fait 8 ans qu’Uriel est dans le coma. Tu sais ce que ça fait ? Quand il peut pas aller chier tout seul, quand il peut pas se lever, quand il sue dans ses draps, t’es allé nettoyer ses escarres, t’es allé nettoyer son cul, t’as vu tout ça, tu sais ce qu’on vit ?!

Son corps tremble. Ses muscles tétanisés, luttent contre la montée des souvenirs, de la nausée, Ephraïm serre les mâchoires, il a tout le poids d’un Mort, sur les épaules. Car son frère, d’héros, est devenu fardeau, car Uriel, aurait simplement souri, car Uriel lui aurait dit.

Je comprends.

Et les larmes, lui montent dans les yeux. Car il a honte, d’être écoeuré de ce que devient son frère, car son amour, se révolte à chaque fois qu’un haut le coeur le saisit, à chaque fois, qu’il détourne les yeux, qu’il sent tous ses espoirs, s’écrouler.

_ C’est dégueulasse… C’est dégueulasse de me faire culpabiliser sur Uriel !

Sa voix se brise, alors que les larmes noient ses prunelles. Car Ephraïm, il vient de se prendre une balle.

_ Pourquoi changer, hein ? Pourquoi mentir, quand ça arrange tout le monde ? Pourquoi me prendre de haut, tout ça parce que j’ai touché un truc qui fallait pas ?! Pour te protéger ?! Et parce que tu crois que les gens vont vers toi juste parce que tu souris ?! Parce que ta personne, tout ce que t’apportes à ces gens, ça se résume juste en un sourire ?!

Son poing s’écrase contre ses yeux, Ephraïm broie les larmes sous ses jointures.

_ T’as raison, c’est ton combat, démerde toi. Je voulais juste… j’sais pas. J’sais même plus ce que je voulais faire.

Un rire nerveux secoue ses épaules, Ephraïm préfère s’éloigner. Il attrape la table, la remet à sa place, va récupérer sa veste.

_ Tu peux te remettre à cirer tes chaussures, j’ai dit ce que j’avais à dire. Je voulais t’aider, mais t’as pas besoin, t’as besoin de personne, j’avais qu’à me mêler de mes affaires. T’en fais pas, je te foutrai la paix.

Et Ephraïm préfère sortir dehors. La porte se ferme, sans claquer. Dans l’obscurité, le jeune homme s’avance jusqu’à s'asseoir dans la neige.


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Mar 26 Sep - 13:49
Coeur à sangFT. Ephraïm // septembre 2099 - poste de garde
Caspian a le sourire légèrement détendu qui s'étiole en grimace surprise, les yeux arrondis par le poing sur la table, l'éclat de la voix, les sursauts qu'il n'attendait pas. Ephraïm se trompe, sur toute la ligne et le fennec a la ligne dure de la mâchoire crispée devant l'injustice, la mauvaise humeur qui lui retombe dessus. S'il pensait détendre l'ambiance dans une dernière blague et s'atteler à leur partie de cartes, le blond a maintenant les griffes plantées sur lepapier plastifiées, terriblement malmenées entre les humeurs massacrantes et les envies de meurtre.

Non ça ne l'amuse pas, pas du tout. La bouche résolument close, il laisse finir les tirades, les jérémiades qui lui bouffent un peu plus les entrailles à chaque remontrances qu'il n'accepte pas. Son père ne l'a-t-il donc pas assez piétiné ce matin ? Il fallait en rajouter ? Silencieux ; les pauvres cartes finissent plissées en brouillon coloré, froissées dans un poing frustré de s'être laissé avoir. Alors il éclate à son tour.

"Bordel tu comprends vraiment rien, juste prononcer son nom te fait sauter au plafond comme un hystérique !  Qu'est-ce que tu crois, que t'es le seul à l'aimer ou à te soucier de lui, que t'as le monopole d'Uriel ? Que tout le monde doit te regarder avec pitié et la fermer sous prétexte que t'es toujours à ses côtés ?? Et bien félicitation." Il insiste sur le dernier mot, mauvais. "Félicitation pour ne pas être lâche Ephraïm, j'imagine que c'est ça que tu veux entendre ?"

Les cartes ne ressemblent plus à rien au creux de son poing, un regard et il croit apercevoir le roi de pique, ça le fait sourire amèrement alors que les prunelles sombres reviennent se braquer sur le pur-sang qui déjà, tourne le dos comme une tempête. C'est idiot, ils savent pourtant parfaitement tous les deux qu'on leur apprend à ne jamais tourner le dos à l'adversaire. Caspian les muscles tendus à s'en faire mal, il est prêt à sauter sur ses pieds, relever les poings. Mais il n'en fait rien, se force à rester immobile, n'élever que la voix dans un dernier éclat alors que la silhouette s'éloigne déjà.

"Pourquoi est-ce que tu te défiles, j'croyais qu'on s'était mis d'accord pour te féliciter pour ton courage ?!" Il est mauvais il le sait, la glace lui envenime les veines et dans les prunelles flambent des éclairs pour celui qui le laisse maintenant seul dans la pièce. La porte se referme doucement, trop doucement. Caspian n'a pas fini d'exploser et ce qui reste du paquet de cartes finit rageusement balancé à travers la pièce dans un froissement horripilant, une pluie de papier gaché se répand sur le sol comme une traînée de poudre. Il se redresse, tendu comme un ressort. Quelques pas, face à la porte résolument close, les poings se serrent et se desserrent, Caspian se force à inspirer, expirer. Il n'y a plus personne, encore quelques secondes pour se calmer, debout à attendre que l'orage passe.

Rien qu'une minute, et il n'y a plus rien du feu qui brûlait plus tôt, Caspian tendu dans une grimace écoeuré, hésite à poser sa main sur la poignée glacée dans l'infime espoir de ne pas laisser une dispute tout bousiller.
Mais il renonce après un énième soupir, lâche la porte du regard et, l'humeur exécrable, retourne s'asseoir sur le plancher dans un coin de la pièce.
Alors dans un silence de plomb, il se remet à cirer ses bottes.

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Jeu 5 Oct - 11:32
Ephraïm avance encore sur quelques mètres.

Ca bouillonne, dans ses veines, c’est un feu, que seul le vent glacé, arrive un peu à apaiser. Le froid, mord son visage à pleines dents. Ephraïm lève les yeux, vers le ciel noir, il cherche instinctivement les étoiles, il faudrait sûrement qu’il court, qu’il aille, défouler toute cette énergie, mais elle s’échappe, tout est déjà, sorti.

Il reste là quelques secondes, jusqu’à ce que ses genoux se plient sous son poids, le fardeau qu’il s’impose, le séant retombe dans la neige, ses coudes, sur ses genoux. Son corps, se resserre. Après l’explosion, vient toujours le besoin, de ressentir ses limites, sentir que son corps, tient toujours debout.

Le froid ravive les gerçures, rappelle que sa peau est toujours là, pour le contenir, la pression de la veste sur ses épaules, des lourdes chaussures à ses chevilles, il se sent entouré, il se sent enveloppé, il se sent protégé, Ephraïm renifle et essuie ses larmes, il s’est encore emporté.

La pression et la température sont à présent retombées. Il se sent vide, vidé, de toute énergie, de toutes pensées. La scène passe et défile devant ses yeux, il sent son cœur se serrer, la culpabilité familière revient donner un coup à son ego, il reste dans sa bouche, une traînée aigre. Pus d’une plaie qu’il n’arrive pas à soigner, dans laquelle Caspian a mis l’index, il sait, qu’il n’est pas responsable, pas de ça, tout ce qu’il a fait, c’est arracher un pansement sous lequel Ephraïm essaye d’oublier, la blessure qui pourrit.

Gangrène, nécrose, à l’image de tous ces non-dits, de tous ces silences, de tous ces sourires factices, de cette distance dont Ephraïm prend seulement conscience. Ephraïm n’a jamais été aussi proche de son frère, connaissant tout, de son intimité physique, des soins qu’il faut lui faire, et pourtant, Uriel n’a jamais été, si loin de lui. De ce qu’il a été pour lui.

Car Uriel, qu’est-ce qu’il est, dans ce lit ? Son corps qui dépérit au fur et à mesure des années, s’éloigne l’espoir qu’un jour, il s’éveille, et dans quel état ? Uriel ne sera plus le grand-frère qui calmait ses crises, il ne pourra plus courir avec lui, il n’est plus, le modèle qu’Ephraïm a tant rêvé de suivre. Pas lorsqu’il a trouvé dans sa poche, ces quelques pastilles blanches qu’il a cachées dans sa veste, le papier étrange dissimulé entre les pages de ses cahiers d’enfant, le téléphone que ses parents lui ont demandé, de ne pas toucher.

Félicitations, oui, c’est peut-être ce qu’il veut entendre, c’est une main sur son épaule, c’est un sourire, Ephraïm ne sait plus vraiment ce qu’il recherche, peut-être de la compassion, peut être du soutien pour porter ce poids qu’il a décidé lui-même de mettre ses épaules, peut-être un moyen de se libérer de cette cage dans laquelle il s’est emprisonné, sans avoir à culpabiliser.

Il ne sait pas quoi répondre, lorsque l’on vante son frère, lorsqu’on parle, de tout l’amour qu’on lui porte, parfois, ça lui fait du bien, d’autres fois, ça l’insupporte. L’impression, de ne pas assez faire, de ne pas être assez, de ne pas avoir su, voir, faire, être, Ephraïm aimerait que ce soit du courage, qui anime ses actes. Mais non, c’est la culpabilité, c’est la peur de le perdre, c’est l’angoisse qu’un jour, son frère parte pour de bon.

Il n’est pas courageux, quand il s’agit de son frère, dès qu’on parle de lui, il se sent acculé, car Ephraïm voit le temps qui passe, les souvenirs qui ne collent plus à ce qu’il voit, car ce qu’on décrit d’Uriel, Ephraïm ne sait plus si c’est vrai, ne sait pas, ce que les autres savent.

Quelques personnes rentrent de leur patrouille, l’un d’eux s’arrête pour lui demander si tout va bien, Ephraïm répond d’un geste de la main, « Je rentre après », peut-être qu’ils iront rire de sa colère, peut-être que ses collègues tenteront de détendre l’atmosphère. Ephraïm, lorsqu’il rentre, on ne prête pas tant attention à lui et le jeune homme ne se fait pas remarquer, il se rend dans sa chambre.

Les jours qui passent sont semblables aux précédents. Ephraïm reste professionnel, exécutant avec habitude, sérieux et investissement, les ordres qui lui sont donnés. Les échanges restent respectueux et cordiaux, comme on le lui a appris, c’est quand vient le dernier jour de Caspian, qu’Ephraïm s’approche de lui.

_ Salut. Comme c’est ton dernier jour, je voulais te proposer de boire un truc à Lunapolis demain, au Galopin Fringant, vers 16 h si ça te va ? Si tu peux pas, je comprends, c’est pas grave.  

Ephraïm n’en dit pas plus.

Le lendemain, à la terrasse du bar, Ephraïm attend Caspian, un verre d’eau à la main. Avare comme il est, c’est déjà bien qu’il offre une consommation à quelqu’un.

Quand Caspian apparaît, Ephraïm, par réflexe, se lève pour le saluer, l’invite à s’assoir d’un geste de la main. Se rasseyant en face de lui, Ephraïm pose son bras sur la table et soupire. Entre ses doigts, une boule à stress qu’il s’est faite lui-même : un torchon, quelques noyaux de cerise, quelques gouttes, d’huile essentielle de lavande, apparemment, c’est bon pour les nerfs, qu’on lui a dit.

_ J’ai réfléchi à ce qu’on s’est dit.  

Ephraïm redresse les yeux vers Caspian.

_ Je voulais m’excuser. J’ai été injuste, quand je t’ai crié dessus et que je me suis énervé. Je n’avais pas à faire ça.  

Ce n’est pas grave d’être en colère, Ephraïm. L’important, c’est toujours, réparer ce que tu as brisé. C’est le réparer et veiller, à ne pas recommencer. Car les objets comme les autres, n’ont pas à endurer ta rage, tu peux blesser, tu peux briser, n’oublie jamais, de réparer et de ne pas, pas recommencer, c’est ce qu’il essaye de se dire, il veut assumer, ses erreurs, se débarrasser de sa culpabilité.

_ … Tu as eu raison. Sur Uriel.  

Prononcer son nom fait crisper sa mâchoire, ses yeux se détournent cette fois.

_ Je ne suis pas le seul à l’aimer ou à m’inquiéter pour lui. Je dois accepter l’idée que des gens… l’ont connu, veulent me parler de lui. Il y a des jours où j’y arrive, et d’autres où je n’y arrive pas. Y’a des jours où c’est juste… trop douloureux pour moi. Alors ouais, je m’énerve et je fuis, parce que j’ai du mal à dire aux autres que parfois, je ne peux pas parler de lui.  

Il soupire et se redresse légèrement.

_ Enfin voilà, je suis désolé de t’avoir crié dessus et si mes propos t’ont blessé. Je ferai de mon mieux pour que ça ne se réitère pas.  
Ephraïm Kurusu
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Caspian Matkovic
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Jeu 12 Oct - 10:51
Coeur à sangFT. Ephraïm // septembre 2099 - poste de garde
Il a dit oui, c'était évident, trop bon dans un manque de confiance exigeant, la culpabilité ramifiée entre les côtes. Les derniers jours de silence entrecoupés de fausse bonne humeur ne sont probablement pas passés inaperçus pour le reste du groupe, mais Caspian n'a plus rien dit des abcès percés et des regards trop lourds, parfois, en croisant Ephraïm.
Les sourcils relevés en réelle surprise, il a dit oui, un semblant de paix peut-être, une bière entre les pattes et le museau dans la mousse.
Il n'aurait jamais pu refuser quand bien même il a hésité, les yeux plissés à se demander dans quels ennuis il allait encore se jeter, s'il n'était bon qu'à se voir une nouvelle fois piétiner sans même qu'on ose le regarder.

16h. Galopin Fringant, un bar qu'il ne connaît pas vraiment, loin de ceux qu'il visite toujours en compagnie d'Alexis, un peu différent des établissements envahis par la foule de milicien aux abords du poste de Lunapolis.
Il est là et Caspian se force une seconde pour ne pas plisser les lèvres d'amusement devant la galanterie du pur-sang qui dépareille dans ce genre d'établissement. La dernière fois qu'il a tenté l'humour, les choses n'ont pas suivi le cours qu'il avait imaginé, il préfère pour une fois garder les pointes humoristiques pour ses propres pensées.

Une touche de lavande lui chatouille le museau, le regard se rive sur la boule anti-stress improvisé, mais ça ne l'amuse plus autant qu'il le devrait. Un peu tendu, Caspian s'attend à des excuses ou à des vérités tranchées, peut-être juste une nouvelle façon de lui faire comprendre que dans leur unité, Caspian n'a plus à y remettre les pieds.
Des excuses. Un souffle presque soulagé retenu in extremis, Caspian ne tient pas non plus à lui faciliter la tâche, une pensée toujours bien vexée planquée sous la façade.

"Je comprends, mais ce n'est pas une raison pour sauter à la gorge de tout le monde."  Il soupire, incapable de rester sec plus de quelques secondes. "C'était blessant et vexant. Mais puisque tu t'excuses... j'imagine que je peux oublier tout ça. Ou du moins essayer. Tu n'auras qu'à payer ta tournée." Une excuse pour pouvoir passer à autre chose, ne pas capituler trop vite quand bien même la rancune s'évapore déjà. Ephraïm n'a rien fait de mal si ce n'est cracher quelques mots, s'en prendre au premier venu. Le souvenir d'Uriel planqué sous les non-dits, Caspian évite maintenant de prononcer son nom. Une seconde de silence, le blond finit par héler un serveur, un beau sourire et une bière commandée comme s'il avait l'habitude de s'asseoir ici même. Il attend que l'autre passe sa commande avant de reprendre, gratter la table du bout d'un ongle, presque concentré.

"Est-ce que t'es toujours aussi..." Il relève la tête, plante son regard dans celui de l'autre dans une légère grimace, englobe le tout d'un vague geste de la main. "...explosif ?" Ce n'est peut-être pas le mot, mais Ephraïm lui fait en cet instant l'effet d'une bombe à retardement. Il l'a vu exploser, il sait qu'il peut recommencer et n'a plus aucune de se retrouver sur son chemin quand ça arrivera. Il est presque désolé de demander ça comme ça.

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