Sa mère et son amour démesuré pour les plages, ne cherchait-elle pas à s'enfuir à l'opposé de ce qui la troublait, à l'époque, assise dans le canapé avec Madigan ?
Elle, avait grandi en s'habituant au bitume, l'entendre parler des vagues, aussi rêveuse que cela pouvait la laisser, sa fille n'y voyait qu'un paysage imaginé pour y noyer quelques larmes, à défaut de se distraire autrement.
Pourtant, les pieds dans le sable, les muscles de Madigan se défont de tensions jusque ce soir invisibles, elle expire, discrètement, comme si quelqu'un pouvait se rendre compte de ce qu'elle cherchait à évacuer.
Une corde raide à laquelle on inflige un coup de sabre, violent, soudain pour la faire rompre, c'est l'impression que son corps lui donne. Jusque l'invitation de Valeryane, du moins, avant qu'elle l'appelle à la sortie du bureau, l'autre jour, Madigan ne s'était pas donné un instant pour exister en dehors de la ville.
En fait, ça faisait un bon moment.
Les plages d'Opale s'étaient effacées dans ses souvenirs de jeune adulte, jeune, il faut appuyer sur le mot, Madigan n'a pas l'air de se rappeler l'être quand elle laisse ses orteils se mélanger aux grains chauds et tièdes à la fois du sable sous ses pieds (fin de journée).
Elle se sent respirer, entend les vagues et en avançant, les traits familiers et couverts d'une espèce de voile, iridescent, Valeryane Chanteloup vient percer le décor.
Elle est affreusement belle, comme si elle avait prit une bouffée, avalant accidentellement une partie du ciel dans la foulée. Peut-être était-ce la baignade et cette... Soif qui se tient sagement, au fond des poumons de Madigan.
La milicienne n'est pas dans la bonne tenue, elle tient ses chaussures à bout de bras, ses cheveux sont attachés pour ne pas se prendre dans le vent, elle lâche un sourire en voyant son
amie, c'est un bel accueil qu'on lui fait.
"Ah mais non, t'excuses pas- Il faut en profiter tant qu'il fait beau..." Madigan commence, comme si elle s'attardait souvent sur les détails de la météo.
"J'ai passé toute la journée à l'intérieur, pas mal de réunions. 'Vaut mieux que je m'habitue à la température dehors d'abord. Tu vas bien ? T'étais comme un poisson dans l'eau on dirait."