Plages d'Opale ••• 11 Avril 2099La villa avait un air très différent maintenant qu'elle avait été vidée de la vie qui y avait fourmillé. Et si le mobilier était resté parfaitement en place, que les éléments de décoration avaient été conservés à la requête de la maîtresse de maison ; il y avait quelque chose d'horriblement impersonnel qui commençait à s'installer dans le foyer qui l'avait vue grandir.
Dans lequel
toute l'île l'avait vue grandir.
C'était peut-être ça, le problème – d'avoir partagé ces moments intimes avec tous ces gens l'avaient dépossédée de la villa de son enfance. Les quelques moments qu'elle avait passés hors caméra étaient les seuls qui lui appartenaient, et ils se comptaient à peine sur les doigts d'une main. Parmi eux, il y avait cette fameuse interlude – la soirée de ses voeux.
Quand son amie la plus proche l'avait
trahie.
Une douleur aigüe lui piqua dans la poitrine, les souvenirs de la meilleure et la pire soirée de sa vie faisait monter les larmes dans le coin de ses yeux de biche. Elle leva le regard au plafond, face à son propre reflet dans l'énorme miroir de la salle de bain, et essuya du bout des doigts les deux petites perles brillantes avant même qu'elles n'aient le temps de s'échapper. Elle avala un verre d'eau et fit à nouveau face à son reflet.
— Hey, Lexi. Deux sourires – un avec les dents, l'autre sans.
Ça fait longtemps ! Narcissa soupira, entièrement consciente du ridicule de la situation et d'à quel point elle pouvait être pathétique. Mais, protégée entre ces murs, maintenant que les caméras avaient saigné à blanc tout ce qu'elles pouvaient tirer de cette pauvre maison, elle pouvait bien s'octroyer le droit.
La sonnerie résonna depuis le rez-de-chaussée. Cissy traversa son ancienne chambre pour rejoindre la terrasse haute qui courait sur tout l'étage, caractéristique des villas palladiennes qui bordaient cette partie de la côte.
— Lexi ! la héla-t-elle en agitant les bras.
Attends moi en bas, j'arrive. Avec un grand sourire, car finalement c'était plus fort qu'elle.
Cissy dévala les escaliers en courant, foulant le carrelage de ses pieds nus comme il avait toujours été de coutume à « La Villa ». Mais à l'époque où autrefois le personnel d'entretien grouillait, elle se retrouva seule dans l'entrée. Le sentiment de solitude s'évapora lorsqu'elle ouvrit la porte et retrouva Alexis sous le portique d'entrée.
— Hey ! Ça va ? Ignorons les années ellipsées entre nous, tu veux bien ?Il y avait tant choses à dire. De choses à se raconter.
Ignorons le collège le lycée l’université et la célébrité
toutes ces années passées à t’en vouloir et espérer ne jamais te recroiser.— Tu veux monter déposer des affaires ? On peut faire un tour à la plage, après. Il suffisait de descendre l'escalier au fond du jardin, comme au bon vieux temps .