haklyone
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You can't choose what stays and what fades away // PV : Jean



 
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You can't choose what stays and what fades away // PV : Jean
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Ephraïm Kurusu
Maison de la Lune et du Sang
Ephraïm Kurusu
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Jeu 22 Juin - 18:55
Qu'est-ce qu'il fait là, Ephraïm ?

Il avance.

Les mains enfoncées dans les poches, il avance. D'un pas lourd et chaloupé, il bascule son poids, d'un pied sur l'autre. Les chaussures aux semelles énormes écrasent les pavés, s'enfoncent dans les flaques, les cailloux crissent, se bloquent dans les interstices, d'un coup de talon, Ephraïm les déloge. Ses chaussures semblent énormes, pour les brindilles qui lui servent de jambes. Des guiboles, plaquées d'un jean sombre, à ses hanches, une chaîne cliquète, accompagne le mouvement.

Car bien que son monde se soit écroulé, Ephraïm il n'a pas perdu pied.

Son frère lui disait toujours, consolide tes appuis, mais ne reste pas fixe sur tes jambes, il faut du mouvement. Du mouvement. Et Ephraïm ne s'arrête jamais. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige : il est toujours dehors, il marche, il court, il grimpe, il nage. Car s'arrêter, c'est crever, car s'arrêter, c'est penser, car s'arrêter, se laisser embarquer, par un monde qui n'arrête pas de tourner.

Il va si vite, les années défilent, ses repères se sont perdus, parfois, Ephraim ne sait plus où aller. Il cherche des réponses depuis longtemps trouvées, des solutions à des problèmes déjà résolus, une voie alors qu'elle est déjà toute tracée.

Ephraïm renifle, il a le nez qui coule un peu, il a envie de frotter son nez contre sa manche. Mais dignement, il récupère dans sa poche un mouchoir en piteux état, emiétté par la machine à laver, il le frotte contre son nez dans un soupir. Il n'aurait quand même pas choppé la crève ? Se demande-t-il avec agacement, avant de remettre les mains dans ses poches.

Son frère lui dirait sûrement, Tu ne t'es pas assez couvert, et le gamin grognon répondrait, J'ai pas froid.

Mais ce soir, l'air est humide, ça suinte et ça traîne comme une mauvaise fièvre, ça s'incruste dans son t-shirt noir qui plaque son torse malingre. Il s'enfonce tant bien que mal dans sa veste en jean et s'ébroue un peu, le vêtement est un peu trop grand, il retombe lourdement sur ses épaules.

Il a l'air petit, il est tout petit, le plus jeune des Kurusu, dans ces grandes rues, cette grande ville, ce grand univers.

Ses longs cheveux sont attachés en un chignon austère, les mèches sont retenus d'un ruban violet, bien que deux d'entre elles s'échappent de part et d'autre de son visage. Les mâchoires imberbes, les lèvres pincées, le nez grand et quelques fois brisé, les yeux bleus, océan sous un ciel d'orage, obscurité bouillonnante sous les sourcils toujours froncés.

Car il suffit d'une petite goutte pour faire déborder le vase. Il suffit d'un petit caillou pour bloquer l'engrenage.

Il suffit d'une petite chose, pour que tout bascule.

Un mouvement attire son regard. Des bruits étouffés le font s'immobiliser. Aux aguets, il redresse la tête, étend son cou, se dresse sur la pointe des pieds. Dans l'obscurité, il voit deux hommes, au fond d'une ruelle. L'un lui fait dos, l'autre est à terre. Et son sang ne fait qu'un tour dans ses veines.

Il y a 8 ans, à quelques ruelles de là, le tout petit, petit Ephraïm n'était pas là. Il était glissé dans son lit. Il râlait contre son grand-frère, qui ne l'avait pas emmené cette nuit, qui lui avait dit, Demain Ephraïm, demain on ira, je te promets. Il y a 8 ans, à quelques ruelles de là, le grand, le grand des Kurusu, se faisait frapper. Il y a 8 ans, 8 ans, c'est sa tête qu'on trouva éclatée contre les pavés, le corps brisé, les promesses noyées entre ses côtes cassées.

Il y a 8 ans, peut-être qu'un petit caillou dans la chaussure, un grain de poussière, le battement d'ailes d'un papillon, aurait changé le cours du destin.

Il y a 8 ans, peut-être qu'un petit, tout petit Ephraïm aurait réussi à sauver son monde de sa fin.

Mais aujourd'hui, il est là.

Sa main empoigne la crinière de l'agresseur. Son autre main se referme sur sa ceinture. Les deux pieds, bien campés au sol. Sous la peau claire, se dessinent les veines, se contractent les muscles, s'étirent les tendons. La puissance brute et sauvage de l'étalon. L'agresseur s'étrangle, lorsqu'une violente traction le balance en arrière, il vole sur un mètre, trébuche et retombe sur les fesses.

Sois souple sur tes appuis, Ephraïm.

D'un mouvement d'hanche, sa jambe suit le mouvement, les deux talons s'ancrent. Ephraïm fait face, fait corps, entre l'agresseur et la victime. Les poings sont sortis des poches. Mais le sang s'embrase, Ephraïm sautille d'un pied sur l'autre, les bras s'agitent, il est au bord de l'implosion.

_ Tu veux te battre ?

Demande-t-il. Il redresse la tête, baisse ses yeux noirs, abysses. Sa voix est froide, incisive, trahissant la rage, de cet océan. Car il sent ces vagues fracasser ses veines, ses tempes, ça résonne dans sa cage thoracique, ça fait trembler sa voix, ses lèvres dévoilent ses dents. Ses traits se froissent, les rides creusent le coin de ses lèvres, son front, le coin de ses yeux, la rage animale.

Sa mère est chasseuse, et c'est d'elle qu'il garde les réflexes de dresser les épaules, d'ouvrir les bras, de gonfler le torse, d'hausser la voix.

_ TU VEUX QUE JE T'ECLATE ? J'VAIS TE DEFONCER ! J'VAIS T'ECLATER TA GUEULE, LA RACLER CONTRE LE TROTTOIR, J'VAIS T'FAIRE BOUFFER TES DENTS !

Il vocifère, rictus enragé, les mains saisissent un sac poubelle qui traîne, le balancent à la tête de l'agresseur. A peine sur ses jambes, l'impact le fait reculer, mais lorsqu'il redresse la tête, c'est pour voir Ephraïm soulever une poubelle au-dessus de sa tête. La poubelle heurte brutalement le mur à côté de l'agresseur qui fait demi-tour pour s'enfuir. Mais Ephraïm jaillit à sa suite, le poursuit sur quelques mètres, convainquant l'homme d'accélérer pour lui échapper.

_ CONNARD !

Rugit Ephraïm. Haletant, il s'assure qu'il s'est éloigné, alerte. Les secondes, à moins que ce ne soit des minutes, font qu'il ralentit progressivement son souffle, qu'il serre les poings pour tenter de contenir, tout ce qui brouille et brûle en lui. Ca presse, dans tout son corps, ça vient de l'intérieur, ça ne demande qu'à sortir, c'est chaud, ça fait mal, la tension dans ses épaules, dans ses mâchoires.

Il ne sent plus l'air froid, humide, non, il est l'océan en furie, Ephraïm, il n'est plus petit, il est bien assez grand, pour renverser le monde.

Il tourne les yeux et finalement, s'approche d'un pas raide et rapide, tend la main, ses doigts tremblent.

_ Hé, vous pouvez vous relever ?

Sa voix est encore rauque, les cordes vocales écrasées, par cette boule qui grossit. Ca écrase le thorax, le larynx, ça ne demande qu'à sortir, il a envie de vomir, mais il s'efforce de respirer, lentement, il doit se calmer. Mais si l'autre lui saisit la main, il l'écrase sous l'inquiétude, le tire avec force, jusqu'à ce que la lumière éclaire son visage, et ses yeux s'écarquillent.

_ J-Jean ?

Le monde s'arrête, quelques instants.

Ce n'est pas comme il y a 8 ans. Cette fois, il est intervenu à temps.
Ephraïm Kurusu
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Jean Klein
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Mer 28 Juin - 14:45
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Elle était très belle
comme toutes les plus belles
les cheveux courts et ondulés
les lèvres au rouge noir
et les yeux maquillés, traits fins, yeux bicheté
Jean ne regardait qu'elle, sous les lumières tamisées
il était un peu loin, jetait des coups d'œil, et commandait
encore et encore
de quoi boire de quoi se donner du courage
car elle était belle
comme toutes les belles femmes
et Jean savait déjà
qu'il n'avait pas sa place à ses côtés.

Et la soirée s'étire, elle n'est pas seule, entourée d'un groupe d'ami.e.s
elle semble bien accompagnée, ses risettes en disent autant, sa voix grave qui s'élance aussi.
Elle n'a pas de bagues au doigts, il croit, et pas de bras masculins par dessus ses épaules, alors
il croit.
Il croit mais croire ne suffit pas, alors il boit.
Jean se demande quel âge elle a, au coin de ses yeux rieurs, quelques pattes de mouches, peut-être la quarantaine ? trente-cinq ans si c'est une fumeuse, il sait bien Jean, que les allumeuses, ça vieillit les traits.

Jean sait
il sait lorsqu'il ne tient plus l'alcool
à quel verre
quel degré
il sait
alors il boit au delà parce que,
parce que le courage ne vient pas que joyeux, il veut être saoul, que ça ne lui fasse rien
rien du tout
lorsqu'elle dira non
qu'il pourra en rire
et faire croire qu'il savait déjà
parce qu'il savait déjà
mais que ça fait quand même mal à chaque fois.

Alors il se lève
puisque le vent tourne
il ne faudrait pas qu'elle parte
avant qu'elle ne s'enfuit
il ne faudrait pas que la nuit
s'en aille sans qu'il n'y ait mot dit

Jean se racle la gorge, s'avance
il ne sait pas ce qu'il dit
peut-être quelque chose comme "est-ce que je peux vous payez un verre madame ?"
quelque chose comme ça de polit et un peu timide voyez
même avec la tueuse dans le sang Jean n'en mène pas large
et on lui rit au nez, pas la madame non, elle, semble plutôt embarrassée
Il se demande Jean si c'est parce qu'il transpire l'alcool, si c'est pour ça
Et un des hommes se lève à sa hauteur, montre les crocs essaye de l'intimider
qu'il laisse tranquille le groupe, que les piliers de comptoirs ne font pas rêver madame.
Jean fronce les sourcils, il n'aime pas ça, alors il répond en haussant un peu le ton, sûrement parce qu'il a trop chaud. Il répond que Madame, elle peut parler pour elle, qu'elle a pas besoin de bon samaritain, qu'il est correct Jean, qu'il ne fait rien de mal, il veut juste lui payer un verre, discuter, voilà.

Ca rit encore, et l'homme pousse Jean, qui titube, tombe contre une autre table, fait renverser d'autres verres...Il lève la main pour s'excuser auprès des badauds qui viennent de perdre leur consommation, puis, et
ça rit ça rit
ça résonne dans la caboche de Jean, qui lui aussi fini
par montrer les crocs, il se redresse et à son tour pousse violemment l'homme robuste, qui surpris, le dos à moitié tourné en train de rigoler faire des clins d'oeil et cie, fini contre le mur, cognant sa tête. Il y a des gros mots qui volent, et Jean se met à crier, qu'il a pas peur de la bagarre, qu'ils viennent les saligauds ! Evidemment le videur du bar s'en mêle, par les cols qu'il attrape les deux, et par la porte arrière qu'ils les trainent dans le caniveau.

J'VAIS TE DEFONCER CHUI MILICIEN !!!

Qu'il hurle dans l'impasse crade et déserte, Il titube en avant, se prend les pieds dans un pavé et se retrouve au sol, l'autre ricane, évidemment très peu impressionné, Jean est un peu trop saoul pour se battre, l'autre clairement, semble en pleine possession de ses moyens, alors que Jean se met à quatre patte, cherchant à se relever, il se prend un coup de pied dans les côtes qui le fait rouler sur le dos en grimaçant.
Un mec comme toi
qu'il lui crache dessus
tu crois que tu peux approcher des femmes comme elles ?!
alors qu'il piétine son ventre (jean se recroqueville)
et ça se dit milicien ?
qu'il dit
et ça fait peut-être plus mal que les coups
de se faire humilier ainsi
heureusement plus personnes pour voir
personne
personne...?

Jean ne t'a même pas entendu venir, d'ailleurs il regarde le sol, se traine, il n'entend que les bruits de l'homme qui glapit surpris, puis un gros boum, lorsqu'il s'écrase au sol, balancé un mètre plus loin.

Ta voix tonne alors, il ne la reconnait pas de suite, mais il pâlit
ça lui allait
de se prendre des coups un soir
de revenir tout bleuté
ça lui allait parce qu'il pensait toujours Jean
que quelque part
il l'avait bien mérité
tant que personne ne sait
tant que personne ne voit
comment il est les soirs
comment il n'assume pas
alors il peut bien se prendre des beignes
c'est la rançon de la gloire
qu'il aime penser en pleurant chez lui
des glaçons contre son visage bouffi.

Mais non, ce soir tu es là
quelqu'un pour prendre sa défense,
comme c'est pitoyable depuis quand a-t-il besoin de quelqu'un ?
Il a vraiment trop bu
pfff

tu t'adresses à lui, il croit, il cligne des yeux, se retourne, regarde ta main tendue et l'agrippe avec une petite moue de douleur alors qu'il lui semble que ses côtes résonnent lorsque tu le redresses avec force.

Mais c'est pire que ce qu'il croit
pire que tout
lorsqu'il entend enfin ta voix
son prénom
son prénom de ta voix
et qu'il te regarde derrière ses yeux brumeux
et te vois

E-Ephraïm ???!

Il reste confus un instant puis sourit de toutes ses dents.

Eh bah qu'est-ce tu fais par là ? Tu sors du boire toi aussi ? Euh, du bar, oui du bar...


Il met une main sur sa hanche, essayant de paraitre détendu, alors qu'il se tient en réalité ses côtes douloureuses. Il passe une main égratignée (sûrement de lorsqu'il est tombé) derrière sa nuque, se la masse, puis se gratte le crâne, sa gêne est apparente.

Hmm...vraiment ça allait, j'sais pas c'qui lui a pris à c'type ! ouai...bizarre bizarre...pfiou... (il souffle un bon coup) attend je m'assois là.... (et il s'agrippe fort à ton épaule pour venir s'accroupir, puis s'asseoir au sol, il a la tête qui tourne et se la tient entre les mains.) J'vais ben j'vais bien...attend...quelques min...utes comme ça...puis on s'fait une bouffe ? J'ai la dalle...

Juste une excuse, il lui faut vraiment quelque chose pour éponger les degrés dans son ventre.
(c) opalescence

Jean Klein
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Ephraïm Kurusu
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Ephraïm Kurusu
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Lun 10 Juil - 9:29
Ephraïm est une tempête, un orage, un volcan.

Son petit corps est l'ultime barrage d'une rage explosive. Les muscles tétanisés sont encore ébranlés de tremblements, de cette puissance brute qui ne demande qu'à sortir. Les naseaux frémissants sont agressés par l'aigreur des ruelles sales derrière les bars, pot-pourri de biles, d'urines et de sueurs. Odeurs intimes et violentes, Ephraïm ne les supporte pas, elles le rappellent sans cesse à l'endroit où on a trouvé son frère. Son sang et sa chair aimés, mêlés aux humeurs vicieuses de bien des abus.

Sa colère est retombée : mais Ephraïm ne connaît que trop bien son brasier. Les braises se ravivent, face à l'haleine alcoolisée. Et son nez se fronce. Sa main, sur celle de Jean, raffermit son emprise, c'est un poing, qui l'écrase, l'écrase comme il aimerait faire disparaître tous ces mauvais souvenirs sous ses sabots. Mais les visions reviennent sans cesse.

Quel gâchis. Putain de gâchis, pense-t-il alors que ses mâchoires se serrent et qu'il se recule d'un pas.

Il regarde Jean se dresser sur ses pattes et croise les bras sur son propre torse, imposant par réflexe une distance respectueuse face à son aîné. Auparavant gêné, le regard d' Ephraïm devient inquiet à la vue des bleus qui commencent déjà à gonfler ici et là sur le visage de Jean. Ses sourcils se froncent davantage, ses yeux d'orage le dévisagent attentivement.

Face à son sourire, Ephraïm se contente d'incliner respectueusement la tête. Pas de sourire, il n'est pas comme son frère. Car Uriel est connu pour d'autres choses que son accident - ce qu'on retient de lui, c'était son sourire. Cette tendresse sincère, dans ses gestes et ses mots. D'un calme imperturbable, Uriel était la mer tranquille, l'océan paisible.

Il décèle la gêne dans le regard de son aîné, derrière ce rictus plein de dents, avec le temps, Ephraïm a appris qu'il ne fallait plus se fier aux sourires. Qu'il ne devait plus rester à la surface.

Dans son être, bouillonnent la colère, la déception, la tristesse, la peur, la culpabilité, le malaise, le soulagement, c'est un maelstrom, qu'il contient derrière son expression renfrognée, ses bras nerveusement serrés autour de son torse, il écrase ses côtes. Non pas pour apaiser la douleur, mais pour contenir la pression.

Qu'est-ce qu'il fait là, Ephraïm ?

La question le prend de court, parce qu'il sait qu'il n'a pas le droit, parce qu'il sait que ses parents feraient les gros yeux, que ses collègues le traiteraient d'inconscient, qu'on soupirerait. Qu'on lui dirait, allez, tourne la page, passe à autre chose, mais il n'y arrive pas. Ephraïm baisse la tête, penaud, il relâche ses bras, se balance d'un pied sur l'autre.

_ Je… Euh… Je me promenais.

Il ne ment pas, mais omet tout le reste. L'enquête qu'il mène de son côté, la traque, la chasse. Il n'a pas soif de sang, mais de justice.

Il écoute Jean d'une oreille, laisse ses prunelles revenir à lui. Et lorsque Jean s'appuie sur son épaule, Ephraïm consolide ses appuis, ancre ses deux pieds, contracte ses muscles, de simple pilier, il devient bloc de béton. Sa main revient par réflexe soutenir le dos de Jean, d'une simple pression. Son expression change subtilement, les tensions de ses lèvres se relâchent, ses yeux le regardent, se plantent, craintivement, dans les siens.

Car il le sent défaillir.

_ Jean…

Ses yeux se sont écarquillés, les pupilles dans ses yeux, sont à présent des poings énormes, les poings qu'on a abattus, il y a 8 ans, les points de fin, d'une histoire qui ne s'est pas terminée. Un pied dans le présent, et toujours un autre, dans le passé.

Et lui qui se pensait si fort, se sent s'écrouler.

Ses jambes tremblent. Elles peinent à le porter. Toute la tension dans ses veines éclate, c'est une pluie glacée qui ruisselle dans son dos, ses mains moites, il fait un pas, pose un genou à terre. Pale, Ephraïm lève un bras, ses doigts effleurent nerveusement l'épaule de Jean.

Merde, merde, est-ce qu'il est arrivé trop tard ?

Ses yeux parcourent les tuméfactions naissantes sur le vi - visage fracassé, la mâchoire de travers, le nez écrasé, les lèvres éclatées, les arcades ensanglantées, c'est quoi, c'est quoi ce tas de chairs, c'est c'est c'est son frère ? -, le vi, le visage de Jean. Les lèvres entrouvertes, Ephraïm halète, les odeurs lui montent à la tête, et dans toute cette aigreur, il ne sait pas s'il a peur de sentir, une odeur bien plus métallique.

Il faut agir, il faut faire quelque chose, il DOIT faire quelque chose.

_ Je… Je…

Qu'est-ce qu'aurait fait Uriel ? Qu'est-ce qu'auraient fait leurs parents ?

Parce qu' Ephraïm, il se retrouve à trembler, les mains jointes contre son ventre, accroupi près de l'homme qu'il veut sauver. Inutile, incapable, crétin, s'insulte-t-il, il doit agir, alors ses mains s'animent. Il se voit défaire le sac de son épaule, le faire tomber au sol, l’ouvrir, extraire une gourde en inox.

Ses mains, encore, seules, retirent son haut, le trempent d’eau, le confie à Jean pour qu’il éponge son visage, se rafraichisse, se nettoie. Elles laissent la gourde à proximité, récupèrent une veste au fond du sac, une veste roulée en boule, une veste qu’elles déplient et déposent sur ses épaules pour la refermer.

La veste, c’est celle de son grand-frère. Elle est beaucoup trop grande pour lui.

L’odeur, non, surtout la pression familière, l’aide à revenir à son corps. La bouche pâteuse et l’esprit embrouillé, Ephraïm remonte les manches. Plonge une dernière fois ses mains dans le sac, récupère un tupperware qu’il ouvre, dévoilant à l’intérieur, une barre de céréales qu’il a faite lui-même. Radin comme il est, il n’est pas prêt d’aller acheter un goûter à une machine et encore moins à un restaurant. Qu’est-ce qui est ouvert à cette heure, de toute façon ? Des bars. Et qu’est-ce qu’on y trouve ?

_ Prenez ça. Ca va aller. On va passer à une pharmacie puis on ira où vous voudrez. Je vais vous porter.

Malgré l’intonation ferme de sa voix, ce n’est pas un ordre.

Les yeux brillants, plantés dans ceux de Jean, le supplient.

Ephraïm a peur. Il a la trouille. Il en a mal au ventre.

La douleur, il la sent dans sa chair, il la devine, il l’invente peut-être, il se dit, qu’il faut faire quelque chose, qu’il ne peut pas le laisser comme ça, qu’il ne peut pas, fermer les yeux et continuer, comme si rien n’était. Il y a des plaies à soigner. Il y a un mal à soulager.

Il faut le sauver.

Ephraïm s’accroupit et lui tourne le dos, lui proposant de grimper.

Jean ignore probablement que malgré sa petite taille, l’équidé a la force plus que suffisante pour l’emmener, jusqu’à l’océan s’il le fallait.

_ On y va ? S’il vous plaît…

Il ne veut pas rester ici.

Partir, loin des coups et des déboires, des souvenirs et des cauchemars.
Ephraïm Kurusu
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Jean Klein
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06/99

Jean est loin de comprendre tes tumultes
peut-être s'il était moins saoul il comprendrait à quel point
ce qu'il te fais en ce moment craint à quel point il te met à bout
en te faisant revivre une montagne russe d'émotion
oui il s'en rendrait compte c'est sûr car Jean est peut-être con mais pas idiot à ce point là
mais là il est trop mal et comme, en retrait de lui-même, quelque part effrayé par ce qu'il te montre.
il aime pas quand ses collègues le trouvent saoul il aime pas qu'on voit à quel point il peut tomber dans le trou
des bouteilles et des allées sombres et des combats qui n'ont pas de sens et de Jean qui est comme un chien qui rentre tout mouillé dans son appartement vide sans personne pour le sécher.

mais ce soir il y a toi
c'est rare ça
il a envie de dire merci mais les mots ne viennent pas
alors que sa tête résonne en elle même que les coups d'avant sont comme
des ricochet qui font des vaguelettes dans sa cervelle et contre son visage tuméfié.
il a du mal à ouvrir un œil, il se rend compte maintenant.
Ephraïm est à terre à ses côtés, de quoi vous avez l'air, accroupi entre les poubelles et l'autre homme plus loin à terre, complètement sonné.

Bah alors...mon vieux...ça va ?


Jean échappe un faux rire qui se fini en quinte de toux qui lui fait serrer les côtes de ses mains ses bras en grognant de douleur, il y a un goût de métal contre ses lèvres auquel il ne pense pas trop. Il te voit soudain t'affairer lui donner ton haut tout humide, Jean l'attrape avec une certaine hésitation.

Ah euh, mrci ? euh, c'est pas si grave que ça, juste quelq' bleu...j'crois...

Néanmoins il l'appose contre son visage et il se sent un peu mieux avec cette fraicheur, il se tamponne ainsi, frotte contre ses lèvres en grimaçant avant de regarder à nouveau le tissu tout barbouillé carmin, ça le choque un peu sur le coup mais il ne dit rien et essaie de replier le haut sur lui-même pour cacher la grosse tâche comme si tu pouvais pas voir son visage tout enflé des coups qu'il a pris sans compter, de son nez qui saigne, de son arcade et ses lèvres coupées et de son air un peu paumé.

Tu sors une petite barre protéinée il suppose et lui tend, Jean la prend sans hésiter et commence à la manger, il ne sait pas quoi dire, tu parle de pharmacies et compagnie, lui est juste content, honteux mais content, c'est ça Jean, malgré tout, il peut toujours compté sur ses collègues pour l'aider, c'est ça la famille, et ça lui fait plaisir, il peut la maudire autant qu'il le veut, au fond, sans elle...

Tu te tournes et voilà que tu lui offres ton dos, Jean fronce les sourcils sans trop comprendre tandis qu'il fini de manger sa barre, puis son cerveau fais machine arrière et se souvient que tu as bien dis que tu allais le porter ou quoi. Jean soupire un grand coup, une main sur un genou il se relève avec difficulté, titube un instant avant de fermement se tenir droit, le regard fuyant.

J'peux marcher....j'ai l'habitude....c'est pas quelques coups qui vont hein...me mettre à terre...j'ai la tête dur moi....

Et il se rapproche du mur de la ruelle, le longe doucement en s'appuyant contre, non ça serait trop la honte d'être vu porté par Ephraïm il va dire quoi s'ils croisent des collègues ? Il est trop bourré pour qu'on pense pas que c'est un truc de comptoir et il a pas envie de s'expliquer. C'est déjà bien assez le bordel que Ephraïm de toutes les personnes qui auraient pu le trouver, le voit comme ça....
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Ven 1 Sep - 13:09
Ephraïm ne répond pas.

Car les mots s’agglutinent dans sa gorge, c’est une boule qu’il n’arrive pas à cracher, c’est un tas de nœuds emmêlés que son esprit ne parvient pas à démêler.

Il n’a pas de blessure, il n’a aucune plaie, le combattant Ephraïm l’a chassé avec son caractère tempétueux, mais non, Ephraïm ne va pas bien, il ne se sent pas bien, quand il voit toutes les plaies qui déforment son visage, ce sang qui coule et qu’il éponge, sans que ça n’arrête de couleur. Les plaies ouvertes, chairs à nue, ça lui fait baisser les yeux, il n’a rien d’un prédateur, lui, toutes ces odeurs, ça lui donne la nausée.

Ephraïm a envie de rentrer, il a envie d’une douche chaude et de se glisser dans ses draps, il veut écouter le silence de la nuit. Retrouver sa sérénité. Car ses mains se frottent, se nouent, la nervosité s’échappe au travers des spasmes nerveux qui saisissent ses épaules, ses bras, ces mouvements que sa volonté ne contrôle pas. L’équidé se retient de piaffer, bien qu’il s’ébroue en soufflant, frotte son nez du dos de la main.

Il attend, mais Jean ne grimpe pas. Surpris, Ephraïm se retourne et cligne des paupières en le voyant poser une main sur son genou, contracter ses muscles, se dresser, il est en équilibre sur ses pieds. Ephraïm retient son souffle, lorsqu’il le voit se dresser. Et face à son regard fuyant, Ephraïm ne cherche guère le contact ; ses propres yeux se détournent, mal à l’aise, il enfonce ses poings serrés dans ses poches. Il s’est relevé, le corps tendu comme un arc et suit, d’un pas raide, celui maladroit de Jean.

Instinctivement, il suit son rythme et le surveille, du coin des yeux. Son pas chaloupé, accentué par la tête qu’il a rentrée dans les épaules, comme un garçon en faute, car il n’est pas sûr qu’il aurait dû voir tout ça ce soir, il n’est pas vraiment sûr d’avoir bien fait, il ronge son frein, il se dit qu’il va devoir insister.

_ Putain Jean…

Le garçon si bien élevé, commence à laisser échapper les jurons. Un signe avant coureur, d’un orage qui s’annonce. De la colère qui monte, qui chasse progressivement la raison. Ephraïm fait partie de ces sanguins, qui, malgré toute la bonne volonté du monde, finissent par succomber à leurs impulsions. Impulsifs, soupirent ses supérieurs lorsqu’on le voit soudain bondir, foncer dans le tas, défoncer les portes d’un coup de pied, car Ephraïm ne supporte pas de rester sans réagir, il ne supporte pas, de ne rien faire.

D’ailleurs, avant même d’y penser, un bras soutient les épaules de Jean, l’autre, l’attrape par les jambes. Malgré leurs différences de taille, voilà que Jean est porté par l’équidé, qui le tient dans ses bras comme un marié. Le maintenant contre son torse, Ephraïm accélère déjà le pas, il remonte les ruelles sans tellement laisser le temps à Jean de protester.
Ses lèvres tordues, en une grimace agacée, les sourcils froncés, peut-être que Jean sent la tension des muscles tétanisés, des tremblements à peine perceptibles, comme une corde prête à rompre.

_ T’as vu ta tête ? T’es plein de sang ! Tu tiens à peine debout ! T’es inconscient ?!

Et la voix d’Ephraïm a couiné, c’est un crissement, ça s’arrache des cordes vocales resserrées, les babines s’écartent pour dévoiler les dents, Ephraïm a mal, mal comme s’il avait été frappé, ça lui fait mal au cœur et il ne peut pas le laisser, pas comme ça.

_ Tu saignes putain Jean il faut te soigner !  

Parce qu’il y a eu Uriel, parce qu’il y a eu Ilya, parce qu’Ephraïm pense à l’hôpital, il pense à ceux qui ne se réveillent pas. Et la douleur est lancinante, tenace, il sent son cœur s’écraser, la pression qui le broie tout entier. Et sa voix tremble malgré lui, son souffle s’accélère, les mots, s’échappent.

_ J’veux pas que tu crèves, j’veux pas qu’il se passe quelque chose, je veux faire quelque chose, faut pas qu’tu restes comme ça !

Sa voix, gagne en puissance, Ephraïm s’essouffle.

_ Parc’que des fois, des coups, des coups ça suffit, juste un, ça suffit, ça suffit, pour qu’tout s’arrête, pour tout perdre, pour qu’ça finisse mal, j’veux pas, j’veux plus, revivre ça, j’veux plus, j’peux plus, bordel !

Mais ça revient sans cesse.

Les doutes, les questions, le corps inerte et tuméfié étendu, les bruits des machines, il ne se réveille pas, peut-être qu’un jour, il ouvrira les yeux, ça fait combien de jours, ça fait 8 ans, ça fait 8 ans et les images, sont de pire en pire, car son imagination comble ce qu’il ne sait pas, parce qu’il voit les coups s’abattre, parce qu’il se dit qu’Uriel a crié, parce qu’il entend les articulations se disloquer, les os se briser.

L’odeur du sang dans les narines et les yeux ailleurs, l’humidité qu’il sent contre lui, il ne sait pas si c’est sa sueur ou le sang de Jean, c’est la lumière explosive d’un néon luminescent qui parvient à le ralentir. Seulement alors, il se rend compte qu’il a les yeux brouillés, qu’il ne voit pas si clair, qu’il n’est pas si fort, il tremble de tous ses membres. Il repose Jean, sa main se noue à la sienne, il le tire vers la pharmacie, saisi d’une puissance purement bestiale.

Et si le sang coule des plaies de Jean, les larmes, elles, manquent de couler le long de ses joues.  

Il se fige, devant la porte de la pharmacie, devant le reflet qu’elle lui renvoie. Pâle, les yeux écarquillés, tremblant et trempé, Ephraïm a la main si serre sur celle de Jean, que ses jointures sont blanchies, qu’il a même peur, de lui avoir cassé les doigts, il le relâche dans un sursaut, se recule d’un pas.

_ J’ai… j’ai peur pour toi…

La voix, ne s’est adoucie qu’un instant.

_ Alors tu entres, tu te fais recoudre, et après, on va manger un truc.  

Relent de rage, lointain orage, le ton est cette fois, bien plus ferme, Ephraïm s’avance d’un pas, comme pour mener sa menace à exécution – bien que ses yeux reviennent s’unir à ceux de Jean, supplication.

_ T’y vas ?

Murmure.

_ T’y vas ou j't'y traîne...


Ephraïm Kurusu
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Jean Klein
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Tu jures, tu jures et Jean crispe ses épaules. Il va pour tourner la tête et dire un peu trop fort un "jure pas !" mais il a un haut le cœur qui lui fait serrer les lèvres. Bizarre, il est pas du genre à se sentir mal après avoir trop bu, il pense vite fait que ça doit être les coups, mais il ne s'y attarde pas trop, ça pourrait lui faire peur. Un pas en avant, c'est tout ce dont il doit se soucier maintenant.
Mais tu n'en a pas fini
Pris dans un tourbillon de peur
de ceux qui sont déjà presque parti
Il va pour te remercier lorsqu'il pense que tu viens l'épauler, mais à la place c'est un râle surpris qui invectiverait presque s'il en avait la grossièreté.
Mais il n'a pas la force
et même s'il l'avait il en rirait sûrement,
comme le font les bons amis, peut-être,
Jean à rarement l'alcool joyeux.

Non Jean ne vois pas
il ne vois pas les traits d'Ephraïm
c'est une brume un brouillard ton visage
quelque chose sur lequel il ne s'arrête pas de peur
de peur oui qu'il y lise le dégoût qui le terrifie tant.

Mais il sent, il sent les tremblement, il sent la tension des muscles
il sent que ça va chauffer pour lui vraiment.
il ne dit rien, très silencieux tout d'un coup, le regard à l'horizontale, lointain, alors que cette flèche cet arc qui s'étire, lâche enfin, claque dans le vent.

Pfff....rien de plus ne sort, il essaie de le prendre à la rigolade, mais ta voix cassée le surprend. Peut-être qu'il est inconscient oui, ou peut-être que c'est juste les coups, il a la tête un peu ailleurs, rien de bien méchant néanmoins il se rassure en pensée, il a vu pire, rien que quelques strips ne puissent pas combler non ?

de...quoi ?

ta voix s'emballe, tu parles de crever, Jean est abasourdit il ne comprend pas pourquoi la conversation s'escalade à ce point là, puis il comprend enfin, mais oui, c'est Ephraïm, alors… Le cœur de jean se serre. Putain qu'il pense, pourquoi c'est Eph' qui est tombé sur lui ? de tous les camarades ?! Celui qui
le lit
le lit et les machines
et les fleurs
pour faire bonne figures
trop de parfum qui s'entrechoquent
dans une chambre trop calme pour les pétales vibrants
mais il n'y avait que ça...
qu'est-ce qu'on pouvait bien faire d'autre...?
peut-être pas lui faire revivre ça encore une fois, à celui qui reste
y a toujours quelqu'un qui reste dans ses sombres affaires, c'est peut-être ça la plus difficile
parce que aurore qui dort bah, elle dort, qu'est-ce que ça peut bien lui faire, puis lorsqu'elle part c'est...
c'est celui qui reste qui pleure, les morts ça ne pleure plus.

désolé...
qu'il marmonne
alors que tu sembles t'effondrer
mais tu t'effondres pas
tu le poses avec douceur, et il est bien content de retrouver la terre ferme, tu lui tires la mains
avec force, avec frayeur sûrement, non pas sûrement, assurément.
Tu le tires et il marche, regarde ses pieds avec sueur, se disant que c'est pas le moment de flancher
qu'il n'a plus le droit
qu'il ne faut pas t'inquiéter
et il se dit tout ça
mais il sait que c'est pas la dernière fois
il va faire attention un moment
puis ça va recommencer
mais ça, il ne te le dira jamais.

Il n'a pas mal à ses doigts, il a les mains robustes, de ceux entrainés aux combats
tu dis que tu as eu peur et ça lui fait plaisir, combien de personnes ont peur pour lui ?
il ne sait pas
ne les comptera pas
alors il sourit
il vogue contre la douleur de ses lèvres qui s'étirent étire les plaies
mais il sourit
parce que ça lui rappelle lui un peu
il est un peu comme ça
à dire qu'il a eut peur pour les autres sans se soucier de si les autres ont peur pour lui

J'y vais

Il te donne une lourde tape sur l'épaule, et titube jusqu'à devant les portes automatiques
à l'intérieur, il fait beaucoup trop clair, les néons lui explosent les rétines. Il reste un instant au milieu, hagard, jusqu'à ce qu'un pharmacien s'approche de lui en panique. Jean sourit, essaie de paraitre apaisé (moins la partie alcoolisée, c'est bien essayé) on lui pose des questions on le prend en charge, il explique une version un peu moins grotesque de l'affaire, que non il ne veut pas porter plainte, il ne dit pas qu'il est milicien, pas cette fois, comme si ça lui enlèverait de la crédibilité, après tout, c'est l'autre qui aurait du être là à chouiner, pas lui (bien qu'au moins, il ne pleure pas).

Lorsqu'il ressort il est bien pomponné, avec des points, des pansements, des bras avec des médicaments, une note qui dit bien qu'il devrait passer à l'hôpital, juste pour s'assurer qu'il n'a pas de côtes cassées, mais ça, Jean le sait, il connait la douleur, non, ça doit juste être fêlé, plus le bleu qui en remet, il va bien, oui il va bien.
Il te retrouve dehors, il fait encore nuit, ça serait plus logique d'aller dormir, mais il ne peut pas, il doit montrer qu'il va bien, que tout va bien, alors manger un bout, pourquoi pas.
(il ne se rappelle déjà plus que c'était son idée pour apaiser, maintenant, ça vient de toi
parce que t'as eus peur, parce que tu y tiens à ce con de Jean, et ça le rend heureux dans ton malheur, mais ça, il n'aime pas trop y penser, alors il pense aux frites et au steak haché)

Fast Food ? Aah j'ai la dalle ! jte paye, jte dois bien ça....ahah...

Et il vient cogner son épaule contre la tienne, grognant son rire, il cherche dans sa poche de pantalon son porte-monnaie, et commence à marmonner en comptant ses billets, il dit ça mais il savait pas s'il avait assez sur lui, et dans ces moments il a tendance à oublier son numéro de carte bleu, mais ça va le faire, oui tout va bien maintenant, tout est réparé, il va bien, vous allez bien, vous ne sentez pas encore, les pétales délicats qui fanent dans les silences pesant.
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Ephraïm Kurusu
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Mar 5 Sep - 10:33
La main lourde s’abat sur son épaule.

Mais Ephraïm ne bronche pas. Car ce qu’il porte sur son dos, c’est le fardeau de tout un monde, celui d’Uriel. Il ne se voit pas héritier, non, ce n’est pas sa flamme qu’il doit porter. Ce sont ses ami.es, son image, les promesses qu’ils se sont faites, les souvenirs qu’ils ont partagés, son corps sans esprit, Ephraïm tient tout, à bout de bras. Par peur de perdre, tout ce qu’Uriel a construit et tout ce qu’il lui reste de lui. Par espoir qu’un jour, il ouvrira les yeux, et qu’Ephraïm n’aura qu’à lui confier tout ce qu’il a précieusement gardé, lui dire, Uriel, je ne t’ai pas abandonné, je ne t’ai pas oublié.

Ce devoir qu’il s’est donné, c’est ce qui lui donne la force d’avancer, c’est ce qui le pousse à agir, c’est ce qui fait qu’il a traîné Jean jusqu’ici, jusqu’à réaliser, que ce n’était pas à lui de faire ça. Il n’avait pas à décider, pour lui, il n’avait pas à le forcer, il n’avait pas à juger, il s’était emporté.

Sa raison lui reproche les mots qu’il a prononcés, tous ces gestes qu’il a faits, la honte monte à ses joues, il rougit de malaise et baisse finalement les prunelles. Ses mains se tordent nerveusement entre elles, car son cœur s’oppose à sa tête. Son coeur dit, qu’il ne pouvait pas le laisser là, qu’il saignait, qu’il saignait, la lumière vive, blanche et immaculée de la pharmacie, ravive la vision.

De cette chambre blanche, de ses parents de part et d’autre du lit, du corps inerte sur les draps blancs. Le visage tuméfié, déformé, gonflé de toutes parts, il est méconnaissable. Il devrait se réveiller, il ne se réveille pas.

Un bruit sourd le rappelle au présent. Il est à quelques mètres de la pharmacie, dans une ruelle, sa chaussure vient de heurter une poubelle. D’un geste, il l’attrape et la balance contre le mur. Elle renverse son contenu, mais Ephraïm, d’un bond, jaillit dans les ordures. Il rue, comme l’équidé, quelques coups de pieds, envoient voler bouteilles et boîtes de conserve, les cartons sont piétinés, ça dure, jusqu’à hurler. Puis il reste quelques secondes inerte, épuisé, les yeux levés vers le ciel et les bras branlants, de chaque côté de son corps.

Il se dit qu’un jour, tout ça passera, qu’un jour, ça fera moins mal, mais le temps défile, et les plaies restent, elles suintent, d’une rage qui le dévore. C’est aigre, ça brûle, c’est une bile qu’il n’arrive pas à vomir, c’est un feu qui fait mal, qui déchire ses muscles, qui tire les tendons jusqu’à ce que les articulations menacent de se déboîter. Comment sortir tout ça ? L’arracher. S’exploser le crâne contre le mur, s’ouvrir le ventre, chuter contre les rochers, pour que ses os éclatent et que tout ça, sorte enfin.

Les images, les odeurs, tout ce qu’il s’invente et se dit, toute cette culpabilité, toute cette honte, cette haine, pour lui et tout ce qui s’agite, pour tout ce qu’il est incapable de supporter.

Ephraïm ramasse les déchets, les rassemble, les jette dans la poubelle. Réparer ses erreurs, est important, effacer les traces de sa colère, comme si elle était passagère, alors qu’elle est toujours dans un coin de sa tête. Qu’elle n’attend qu’une allumette, pour exploser. L’allumette, c’est ce soir trop long, c’est Jean qui s’est fait éclater, ce sont ces coups qui n’arrêtent jamais de tomber.

Comme cette femme battue, par ce mec qu’Ephraïm a bien crû passer par la fenêtre.

Le type, il l’a soulevé, du haut de ses 1 m 57, il a voulu le balancer du balcon, jusqu’à ce qu’un cri, ne l’arrête, jusqu’à ce qu’une pensée, le transperce. Qu’est-ce qu’aurait dit Uriel ?

Il avait promis. De ne frapper personne. De ne pas faire, ce qu’on lui avait fait. D’arrêter, ce cercle vicieux, ce cercle de violence - mais qu’est ce qu’il en avait envie parfois ! Ses mains activent le levier d’une fontaine, avec force, il tourne la manivelle, jusqu’à ce que l’eau coule.

Il nettoie ses mains, il s’asperge le visage, il se mouille, jusqu’à ce que sa température retombe, jusqu’à ce que le bruit de l’eau l’apaise. Accroupi, il boit quelques gorgées et essuie ses paupières, les larmes qui ont coulé.

Un bruit.

Jean est sorti.

Et le temps d’un clignement d’yeux, Ephraïm a déboulé devant lui. Dans la précipitation, son geste fait qu’il peine à freiner à temps, l’impact est léger. Torses qui se rencontrent, les bras d’Ephraïm entourent la taille de Jean, une main dans son dos, l’autre sur son bras, il a plaqué sa tête contre son cœur. L’a maintenu, pour ne pas le faire basculer sous l’impact. Et lorsqu’il est sûr, de le sentir solide sur ses jambes, il se recule d’un pas.

Le soulagement éclaire ses traits, d’un sourire sincère. Les tensions abandonnent son visage aux yeux pourtant cernés car, ce soir ! Le poids sur ses épaules s’est un instant retiré.

_ Jean… !

Son nom, soufflé, exprime toute la joie de le voir là. De le voir, tenir sur ses deux jambes, les plaies soignées, il réalise que ce n’est pas si grave. Alors, la boule dans son poitrail éclate, un rire franchit ses lèvres, ses bras se lèvent, se reposent derrière sa tête.

_ Tu m’as fait une de ces frayeurs !

Sa voix est devenue plus aiguë, sous l’émotion, comme un hennissement.

_ Je suis content que ça aille mieux.  

L’épaule qui cogne contre la sienne, ne le fait pas même reculer. Tout sourire, il rend la bousculade affectueuse, mais sa main reste sur l’épaule de son collègue. Pour maintenir le contact quelques secondes, s’assurer, se rassurer, se dire qu’il est bien là. Imprégner cette sensation, l’ancrer, jusqu’à panser quelques blessures de son cœur malmené. Et sa main, tapote, effleure tendrement, l’épaule de son ami, jusqu’à se rétracter.

Les mains réfugiées dans ses poches, Ephraïm marche aux côtés de Jean.

_ Un fast food ? Euh… Oui.  

Comment dire, qu’il n’y est jamais allé ?

Dès l’instant où il s’agit de dépenser de l’argent, Ephraïm est réticent. Mais puisque Jean a proposé de payer, il accepte plus volontiers. Sa famille, traditionaliste, a tendance à éviter ce genre de restauration, mais Ephraïm n’ose pas avouer qu’il ignore tout, d’un fast food.
_ Je hm… j’espère que ce n’est pas trop cher, sinon ne t’embête pas, je mangerai chez moi…

Il s’inquiète avant de gratter l’arrière de sa nuque.

_ Je suis… désolé de m’être emporté. J’ai…

Il cherche ses mots. Grince des dents. Secoue la tête, tension ravivée, dans les entrailles, il renâcle un peu, frotte son nez du dos des doigts.

_ J-j’ai paniqué… J’aurais pas dû… J’ai… je me suis pas maîtrisé.

Et ce n’est pas bon, pour un Milicien.

Ca revient sans cesse sur le tapis, depuis des années, tant et si bien que ses colères deviennent sujet à moquerie. Ephraïm ne se voit pas impulsif ! Tant que l’émotion ne vient pas le submerger.

Si ça tombe dans les oreilles du capitaine…

Il sait, que ce ne sera ni la première, ni la dernière fois. Mais il n’arrive pas à changer.

_ C… Ca va mieux alors ? T’as meilleure mine.

Il sourit, d’un air encourageant, bien que ce geste soit sûrement pour eux deux. Et rougit quand son ventre gargouille. Mal à l’aise, il toussote pour tenter de dissimuler le son et pose une main contre son estomac pour étouffer sa plainte.

Après toutes ces émotions, il est affamé.


Ephraïm Kurusu
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Jean Klein
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Il y a cette fougue chez toi
lorsque tu l'accroches lorsque tu ris il y a quelque chose
du soulagement qui rayonne hors de tes pores de ta voix
et Jean qui à la épaules qui s'affaissent et tente un sourire satisfait
tout va bien
c'est le soir c'est l'un de ces soirs
mais pour une fois
tout va bien.

T'inquiètes c'était rien j'ai vu pire...

Vous vous mettez en route Jean regardant le nom des rues la tête un peu plus claire
il reconnait l'endroit très vite après tout, les patrouilles, ça forge les cartographies la mémoire et tout
y'en a un pas très loin, de fast food. Jean est du genre à préférer manger chez lui et faire la popote et compagnie mais de temps en temps un petit restau même s'il est pas très chic'o c'est sympa avec les collègues ou seul y a quelque chose de doux à croquer dans des burger ou kebab en écoutant les musiques d'ambiance, ne se privant de rien. De toute façon on a pas peur des calories chez Jean, tout sera brûlé par les entrainements soutenus alors on peut se faire plaisir et puis lorsqu'on est un homme qu'il pense, grand et fort, il faut manger il faut engloutir il faut se maintenir.

Un fast food ? cher...? C'est pas un restaurant quatre étoiles hein...

Qu'il ricane en ayant mal mais sans tousser il se retient, pas besoin de t'inquiéter maintenant que
tout va bien
il te jette un coup d’œil suspicieux pendant que tu t'excuses de rien pour rien
Jean il était bien content
qu'on le trouve pour une fois
ça le fait se sentir moins seul
même s'il aurait préféré que ça soit quelqu'un d'autre que toi
mais il n'aime pas y repenser
alors il se demande si t'es jamais aller dans ce genre de trucs ?
si tous les burgers dans lesquels tu croques sont fait par tes mains ?
C'est vrai que toi aussi tu apportes souvent au boulot, vous devriez cuisiner ensemble un de ces quatre ça pourrait être marrant ; genre une soirée cinéma pépère chez lui, c'est un petit appart mais y a bien la place et son canapé et super confortable et il a une grosse télé accrochée au mur qu'il s'est payé y a quelques années avec un bonus.
mais c'est pas vraiment le sujet il divague s'est qu'il n'est pas encore
100% là avec toi.

Hein ? (ça lui revient tes mots tes balbutiements) Non..personnellement je préfère un type réactif qu'un mec qui réagit avec trois secondes de retard, on peut pas s'excuser lorsque c'est trop tard...

Qu'il laisse planer
mais il réalise que peut-être c'est très sensible comme sujet
qu'il ferait mieux de se taire sur ça et de la ramener dans une ambiance sympa
comme parler de nourriture ou quoi. Il renifle bruyamment et regarde les enseignes que vous passez dans votre marche. Vous y êtes bientôt c'est juste au coin de la rue là y a l'enseigne accrochée au mur qui dépasse et brûle les rétines avec son jaune poussin.

Bon ça sera pas aussi bon que ma patte maison, mais je t'inviterai chez moi un autre jour, j'ai un peu la gueule de bois qui commence à me rentrer dans le crâne je voudrai pas faire brûler les steaks ou quoi. Tu manges de la viande ? me souvient plus...

Essaie de se souvenirs au dernier barbecue organisé si tu y étais, mais là ça turbine dans le vide dans sa caboche cabossée. Bah pas grave.
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Ven 29 Sep - 11:06
Le rire de Jean le fait se renfrogner.

C’est un réflexe, qu’on connaît bien à l’Unité Solario. Le pas chaloupé, l’impulsivité, les colères explosives, les sourcils froncés et les lèvres un peu pincées. Les rougeurs qui s’étirent sur ses pommettes, sous la gêne, ses yeux qui se détournent, Ephraïm glisse une main le long de sa nuque.

_ Je… Je ne suis encore jamais allé dans un fast food.

Concède le jeune homme, il se demande donc, si c’est si rare, si ça fait partie de ces choses que tout le monde fait, c’est peut-être encore, une règle stupide des parents.

Famille traditionnaliste, aller au temple, tous les dimanches, le kimono à la maison, se couper les cheveux est un rituel, fait de bains et d’un ciseau gravé, les cheveux précieusement conservés dans une boîte soigneusement fermée. Ne pas dépenser d’argent, pour ce qui n’est pas important, mais qu’est-ce qui l’est, finalement ?

Les réponses, sont probablement si évidentes qu’Ephraïm ne prend jamais le temps d’y penser. Il n’ose pas, demander. Il économise depuis des années, se prive de tous plaisirs dès l’instant où il faut payer ; c’est une vraie fortune qu’il possède et dont il ne se sert jamais. Car, on ne sait pas de ce que sera fait demain, de ce dont aura besoin Uriel, de ce qu’il faudra financer. Un fauteuil roulant, un nouveau lit médicalisé, des soins supplémentaires, le pire est déjà arrivé, pourquoi ça ne pourrait pas

recommencer ?

Son état physique qui s’aggrave, leur situation qui s’effondre, son père qui perd son travail, un accident, un autre, car bien que le monde se relève, il finira toujours par tomber.

L’on rit, de sa radinerie, de son avarice, Ephraïm c’est celui qui ramène son thermos plutôt que glisser 20 centimes dans la machine à café, c’est celui qui demande à ce qu’on lui rende toujours la monnaie, c’est celui à qui on demande de l’argent, pour le simple plaisir de le voir grimacer, de l’entendre demander, Quand est-ce que tu vas me rembourser ?

L’argent ne fait pas le bonheur,  d’ailleurs Ephraïm a dû trouver ses petits plaisirs ailleurs. Mais il reste une terrible nécessité, Ephraïm a toujours peur de manquer.

Il se souvient que sa mère a arrêté ses activités pour s’occuper d’Uriel, ses chasses se sont faites plus rares, quant à son père, il travaille chez eux, ça fait maintenant 5 ans, qu’ils sont connectés. Jusqu’à présent, leur famille vivait isolée : ses parents ne voulaient, ni télé, ni radio, ni ordinateur et encore moins, d’un téléphone. Le seul qu’Ephraïm garde précieusement, a été donné en douce par Uriel.

L’appareil est complètement dépassé. Gris, épais, l’écran kaki affiche l’heure en pixels noirs, il ne peut jouer qu’à un jeu de serpent qui ne doit pas se manger la queue. Il résiste, à ses colères et aux intempéries, aux jours passés sans de quoi charger sa batterie.

Uriel lui avait dit, tiens, pour m’appeler, si tu as besoin.

Encore maintenant, Ephraïm lui envoie des messages. Sa boîte de messagerie est pleine, elle déborde, il n’y a plus de place, mais Ephraïm n’arrête pas : il espère qu’un jour, il répondra.

La remarque de Jean fait réagir Ephraïm, c’est si discret qu’il ne le remarque même pas, ce sont ses poings qui se serrent, la tension qui gagne ses épaules, ses mâchoires, trois secondes trop tard, il hausse les épaules et ressent la planche de bois. Ses mains se lèvent et massent finalement sa nuque, dans un soupir, il lève les yeux vers les panneaux lumineux, la lumière lui explose les yeux.

_ Tu as raison. Vaut mieux trop en faire, que pas assez. Réagir vite, que ne rien faire.

Répond-t-il, d’une voix grave.

_ Hm ? Tu cuisines ?

Ephraïm, étonné, tourne les yeux vers lui. Ce sujet balaie un instant, toutes ses inquiétudes. Un sourire revient sur ses lèvres, il hoche la tête.

_ J’en mange, oui. Pas autant qu’un carnivore ou j’ai mal au ventre mais… j’aime bien en manger de temps en temps. Tu as une spécialité ?

Ses mains reviennent dans ses poches, il ne veut pas s’en vanter, mais Ephraïm  lève fièrement le nez, gonfle un peu le torse, hausse les épaules dans un sourire humble totalement raté.

_ Je cuisine très bien la quiche aux courgettes, je fais beaucoup de recettes avec de la courge, ce que mon frère faisait très bien, c’était la confiture de fraises ! J’en ai encore quelques pots à la maison. Si tu m’invites je… j’emmènerai le dessert ou l’entrée, il y a des choses que tu ne manges pas ?

Ephraïm, soudain, laisse échapper un rire bref.

La retombée d’adrénaline, le laisse peut-être plus émotif qu’il ne le pensait, il ne reste que la soulagement et la joie de vivre. Le visage éclairé d’un sourire, il tourne un regard malicieux vers Jean.

_ Mes parents ne voulaient pas qu’on mange entre les repas. Mais certains matins, après le petit-déjeuner, avant d’aller au Temple, Uriel me prenait toujours un éclair à la fraise à la boulangerie. Eh bah  ce n’était vraiment pas bon. Je ne sais pas comment ils se débrouillaient, mais la pâte à chou était bourrée d’eau, la chantilly n’avait aucune épaisseur, les fraises étaient molles… Rien n’allait ! A tous les coups, c’était du décongelé ! Mais j’aimais bien manger ces trucs là quand  même. Et toi, est-ce qu’il y a des trucs comme ça que tu t’étonnes de manger ?

La réponse lui saute peut-être au nez.

Les odeurs de friture le laissent quelques secondes stupéfait. Décontenancé, il renifle avec prudence, les bruits des machines le font se figer.

La première fois où il a plongé ses sabots dans le sable, son corps s’était tétanisé. Son frère avait éclaté de rire et le poulain, maladroitement, s’était élancé jusqu’à se casser la figure.

Là, il ressent, la même sensation. Les sens soudain submergés, par les sons artificiels, les lumières explosives, les odeurs étranges mêlant le détergeant aux huiles, la musique, son corps s’est immobilisé le temps de lui laisser traiter, toutes les informations. Les yeux vont et viennent, ses oreilles équines se sont apparues, dressées, s’abaissent, voyant Jean s’éloigner, il fait précipitamment un pas.

_ Attends !

Il se jette en avant, le rejoint rapidement, reste à ses côtés, inquiet, il fixe la borne de commande, les caissiers qui les observent, les panneaux au-dessus de leur tête, il y a tellement de choses, il ne sait pas quoi, comment commander.

_ Euh je… je prends la même chose que toi… ?

Ses yeux vont jusqu’à voir, le prix sous un sandwich, c’est ce qui coûte le moins cher, ça et un cookie, alors mal à l’aise, il désigne le cookie de l’index.

_ Euh. Je vais prendre juste ça… ça suffira, merci encore de m’inviter…
Ephraïm Kurusu
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Jean Klein
Maison de la Lune et du Sang
Jean Klein
Feat : You can't choose what stays and what fades away // PV : Jean  360_F_354352113_mV7ePAXxmRRGMf7bQJDHSDwbzcNbhJFJ
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Jeu 5 Oct - 13:55
you can't choose what stays and what fades away
but even then you still try to catch the fading rays
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ft. ephraïm
📅
06/99
Bah tiens, il faut bien une première à tout !

Et qu'il cale du tac au tac avant de continuer la discussion
C'est marrant mais ça ne l'étonne pas, tu donnes bien l'impression d'être comme ça
c'est que depuis ses quelques mois, il a appris à te connaitre, puis après tout tu es le petit frère d'Uriel, par défaut, on te connaissais bien, Solario ou non.

Et oui... (il faut lorsqu'on est célibataire endurcit il pense, mais il ne le dit pas, c'est pas vraiment quelque chose dont il veut se vanter, néanmoins il ouvre un peu plus ses épaules comme galvanisé) La courgette hein ? j'aime bien les gâteaux avec, ouai tu m'amènes un pot et je te ferai goûter mes lasagnes ! riche et juteuse sans être huileuse, tu verras, tu m'en diras des nouvelles. Moi tu sais je suis très viande, 'fin, normale quoi, mais bon...quelques légumes c'est bon pour la santé et ça réhausse les plats...

Tu parles de tes parents, de Uriel, des pâtisseries molles, et malgré tout, du beau temps qu'elles emportaient dans leur saveur sans goût. Jean à l'air pensif, mais ce n'est qu'une façade, c'est juste qu'il déconnecte un instant, puis, clignant des yeux plusieurs fois, semble revenir à lui et rattraper le temps perdu.

Enfant je n'ai jamais eut ce besoin de grignoter, je veux dire, j'ai appris la cuisine de ma mère, j'ai toujours bien mangé (mais il n'en dit plus, parler de sa famille...ah il n'aime pas ça non, ça le gène, il a l'impression d'être sur le fil dans les conversations, qu'elles se rompront sous le poids de ses mots, qu'il tombera dans un néant de moquerie, parce que sa famille...mais la manière dont tu parles de la tienne lui fait penser, peut-être sont elles un peu semblable, voilà, c'est pour ça qu'il tâte le terrain, ne va pas trop loin) La friture, y a rien de plus dégueulasse pour le corps, mais c'est irrésistible ce truc ! notamment les fleurs de courge frites ! je pourrai en manger une tonne !

Rien que d'y penser, il en saliverait.
Il n'a même pas remarqué ton arrêt net, lui ouvre déjà la porte et entre dans ce havre réconfortant, celui des soirées de rondes où il s'y arrêtait avec les collègues, le temps d'une pause, se réchauffer les mains des hivers rudes avec leur café dégueulasse, mais c'était pas grave ; c'est toujours pas grave d'ailleurs, même au début de l'été, les soirée s'accompagne de l'ambre boisée.

La borne
Jean commence à prendre le menu xl, tu pinailles tu hésites, tu montre le cookie
point
Jean marque une pause
il te regarde, fronce les sourcils en te scannant de bas en haut.

Allons un bon gaillard comme toi ! c'est pas parce que c'est pas la grande qualité qu'il faut lécher le sol hein ! ton ventre d'athlète avec juste un cookie dedans ? non mais ça va pas bien oui ? un menu xl pour toi j'te prend le végé là avec le faux poulet et le faux bacon, tu préfères les frites ou les potatos ? ah oui t'es jamais venu ici, euh, potatos pour toi alors c'est plus proche de ce qu'on fait maison. Puis on prend euh...de l'eau...(son doigt a hésité un instant et failli choisir une bière) faut pas déconner les soda on est pas des enfants....pfff...des rondelles de pommes pour le dessert ? ouai faut se donner la pèche un peu là....

Jean sort son portemonnaie en grommelant des choses inintelligibles, se battant en duel avec ses cartes pour trouver la bonne. Il s'arrête un instant et te regarde, visiblement surpris.

Bah qu'est-ce que tu attends prend le chevalet là et va nous réserver une table, j'arrive.
et comme il a sorti ça un peu brute de décoffrage, il offre un sourire pour montrer que ce n'est pas une remontrance, mais une proposition, il a même pas capté tes oreilles et ta confusion face à cette nouvelle expérience.
(c) opalescence

Jean Klein
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