Caractère
Sur le toit au bureau, Madigan regarde plus bas, elle ne ressent plus le manque, maintenant. Elle a appris a dompter un coeur sensible, faute de ne plus avoir le contrôle sur tout. A l'arrivée de la trentaine, il fallait pouvoir remplacer la solitude par de l'indépendance, ce que Madigan a accepté. Elle est passée à autre chose, se défenestrer momentanément devenait répétitif. Et au plus haut étage de la tour, les nuages la laissent rêveuse, encore. (Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir) ou bien, Madigan croit fort.

Même en regardant en arrière, elle a toujours su où elle allait. Elle savait dire ce qu'elle voulait et ne voulait pas. Peut-être qu'on ne pouvait pas lire en elle comme dans un livre ouvert mais elle était née franche : Elle dira tout, mettra les points sur les "i", ce sera son assurance vie.

Quelques fois ça ne lui plait pas, elle s'embrase, silencieusement, sans laisser remonter la honte, se rappelle qu'elle exerce une fonction dans laquelle être direct et concis est un bel avantage. Certes elle se demande si elle restera ferme, si l'âge lui a retiré de son désir de courir après l'humanité qu'Haklyone chérit absolument, d'aller avec prudence, avec cette délicatesse qui aujourd'hui a du mal à se dévoiler, derrière ses trois décennies d'existence. Les années, quelque part lui ont laissé des cors, aux mains, aux pieds.

Elle ne laisse pas l'enfant remonter, Madigan. Il faut rester sereine, au sommet de la tour Gémeaux, elle est seule, maintenant.
Elle le sent, elle rapetisse. On dit que ça vient avec l'âge mais dans son cas le processus est engagé. Elle applaudit cette femme qu'elle n'est plus sûre de bien aimer, pour son sang-froid, celle dont on congratule les fondations irréprochables (aux dires de ses supérieur.e.s) celle qui se plaint d'un trou béant, dans le thorax. Elle en parle, parfois, Madigan se fait la conversation le soir dans son appartement.

Rien de féroce, chez elle, mais tout de solide ; Les os, le coeur, l'âme.

Détails physiques
Pâle, son visage, sa peau • De la chaleur au fond des yeux et des cheveux dégoulinant sur ses épaules, indomptables, traces indélébiles de sa brûlante composition • Sous les braises, des cernes dont elle ne se débarrasse pas malgré les soins qu'elle suit avec rigueur • de taille moyenne •  Elle porte peu de couleurs, mais accessoirise beaucoup ses tenues, ajoute souvent à sa panoplie de fonctionnaire un morceau de sa garde robe qui lui fait envie • A plusieurs piercings aux oreilles, qui remontent à l'adolescence • Entre l'odeur de l'adoucissant et de la vapeur des laveries automatiques • Bagues fétiches aux doigts • Souvent, par habitude, elle porte du rouge-à-lèvres, quoique cela ne lui retire pas son air épuisé

Tard le soir
Tard le soir, elle regarde Wren en se disant : Il fait sombre, je vois pas grand chose, c'est peut-être pas si mal.
Elleux s'approchent de la lampe de la salle de bain, Madigan étouffe un cri, plus ça arrive, plus elle se dit, je m'habituerai.
C'est jamais le cas.

Les craquelures sur la peau, c'est un spectacle horrifique et pourtant normal, qu'elle regrette, elle regrette énormément. Si elle prenait le temps de lui dire, ça va pas la tête ? Pourquoi tu t'infliges ça, Wren, tu peux pas continuer, tu comprends ça, tu comprends ?

Elle avale beaucoup de ses remarques histoire de se concentrer sur la partie où il faut s'assurer que les bosses désenflent, que les muscles s'apaisent. Parfois elle a une pensée terrible. Wren, et si tes cellules arrêtaient de se battre pour toi, qu'est-ce-que tu ferais ?

Un jour, Wren s'est assis.e. Madigan a essayé de ne pas pleurer, c'était si anodin mais pourtant, elle avait le sentiment à ce moment-là de saisir la paix à quelques centimètres de son visage balafré, et puis elle n'a pas pu se retenir, elle a dit : Tu voudrais que tes enfants te voient comme ça ?

 Nom de jeune fille Halpert
Haklyone s'est essoufflée à courir, donner des ailes à toute une communauté, ce qui en soi était une merveille, au milieu du monde qui pensait en avoir sept.
Même si, sous son épaisse touffe de cheveux, qui virevoltait, libre, Madigan était heureuse à en déborder, l'enfance est bancale après la séparation de ses parents.

Madigan a toujours su que Warren préférait leur père, elle ne s'attendait pas à ce qu'on leur demande de choisir, mais elle avait secrètement décidé de ne pas s'en tenir à celui qu'on lui imposait.
Elle s'installa dans le nouvel appartement de sa mère, elle utilisait son téléphone pour envoyer des dizaines de messages à Warren, sans trop comprendre pourquoi la situation lui plaisait autant.

Il aurait droit à sa propre chambre, mais à la fenêtre, frère et soeur, verraient deux morceaux de la ville opposés. Alors, ils se disputent à ce sujet mais Madigan ne se déclare pas vaincue pour autant.
Elle tente plusieurs fois de rendre visite à son père, les courroux de Madame Halpert lui important peu, elle est à cet âge où on prend la vague et quelque part, elle n'a jamais eu de mal à se jeter à l'eau, seule.

A contre-courant
C'est la beauté de nos animas, Madi, nous sommes nés pour connaître la mère du monde, l'océan, si tu préfères, son ventre, là où personne n'ose aller, on veut une chose, on veut une chose Madi, c'est plonger.

Madigan rigole, les yeux posés sur son amie. "Je sais pas, elle a descendu un booon verre avant de me la sortir celle-là." Elle aimait bien prendre à la rigolade les états dans laquelle sa mère se mettait, en vérité ce n'était pas drôle.

Dans le mariage, elle avait laissé une partie d'elle, avec son mari, qu'elle l'appelle comme ça ou non aujourd'hui.
Ils avaient blagué, de temps en temps, en se promettant de ne jamais limiter leurs enfants à une vie d'aquarium, et Madigan savait parfaitement ce qu'ils avaient en commun ; l'appel du vide, qui lui donnait envie de se noyer dans l'alcool, c'était l'absence de l'océan, son coeur, dans lequel elle avait voulu vivre, par instinct.

Il fallait se battre contre les éléments parfois, se battre contre soi-même, ou plonger.

"Je pense que je veux vivre avec Wren."

A songé à intégrer la milice, pour d'une façon suivre les traces de son père puis s'est réveillée un matin avec une part de scepticisme • Puisqu'elle voulait un travail stable et relativement humain, pour pouvoir donner du temps à Wren et sa famille, elle s'est tournée vers le métier d'agent • N'est pas du genre à sortir le soir avec les collègues, même si quelques années en arrière danser jusque les premières lueurs du jour la maintenait en vie • Elle est une boîte précautionneusement fermée à clef certains jours et elle y a laissé plusieurs versions d'elle-même, par instinct de survie.