Facts
Il n'écrit pas en cursive mais de façon droite et toujours en majuscule ⍣ Il a légèrement la tremblote et il ne contrôle pas toujours ses mouvements ⍣ On le considère comme maladroit, mais pas lui ⍣ Il affectionne les dents, qu'elles soient d'Anima ou d'animaux, il en fait des bijoux et des babioles ⍣ La confiture est son péché mignon, peu importe le fruit ⍣ Il sait jouer du piano, de la harpe et du tuba mais n'a jamais eu la volonté d'être artiste ⍣ Il préfère la chasse, l'odeur du sang et des molaires arrachées ⍣ Il a déjà fait un stage chez un dentiste et il a été rapidement viré ⍣ Il est un adepte du vivre au jour le jour, quoiqu'il adore prévoir ⍣
Sans l'Olympe
Entre les vieilles mains cailleuses et les dents entachées par la cigarette, les poumons broient l'air condensé du vieux climatiseur alors que les anciennes traditions se murmurent encore sur le bout des lèvres. Dans la baraque abîmée par le temps et les rafistolages macabres des tâches de sang encore moites sur les murs, Marlène entend souvent Ranya parler dans sa rocking chair de la tradition qui se profile. Elle le sent, dans sa chair fripée et dans ses tripes qui faiblissent.
Ce n'est pas sa
mère, à Ranya. Elle ne s'occupe d'elle que par principe, passe le fil dentaire entre ses canines abîmées pour seulement avoir encore un peu de temps pour qu'Antoine cesse de mater les courbures plus maigres des filles à l'extérieur. Qu'il voit comme fait une femme parfaite, qu'il faudrait songer à faire un enfant.
Antoine, il s'est toujours moqué des vieux rites que les anciens braillent comme des psaumes à Haklyone. Il a délaissé sa famille qui veille encore sur lui, celle qui vient parfois à l'orée des bois vérifier que tout va bien. Il préfère enfoncer l'éponge qui sert à laver les vitres de son vieux cabanon entre les babines râpées de sa mère que l'entendre encore baver des conneries.
Il n'est jamais là, lorsqu'il se présente à la maison, là où le toit fuit comme une piscine dans la chambre de Ranya lorsque les averses pleurent, il dépose sur la commode quelques billets et se tire.
Parce qu'il supporte pas l'idée de se voir vieillir comme sa mère, l'odeur de l'encens dans le museau ça n'lui a jamais réussi.
Ni ses Dieux
Marlène n'est pas dupe. Antoine, il a des femmes dans tous les recoins des villes, celles qu'on ne voit qu'entre quatre murs par honte, celles qu'on paie les billets entre les seins, un dernier baiser sur les lèvres avant de ne plus jamais se revoir. Il a commencé tôt, Antoine. Il a avoué à l'aube de ses vingt six ans à Ranya, dans un souffle honteux que Marlène du haut de ses vingt ans a entendu. Parce qu'il n'avait plus une thune, qu'il avait peur qu'on saisisse sa baraque de merde, que sa femme le quitte.
Alors sa mère s'est installée chez eux, Marlène a ignoré les maux et la peine dans le cœur.
Marlène se sent seule, elle n'a ni ami ni amant. Seulement la folie de Ranya qui ne cesse pas, sous ses ongles il y a les vestiges de la terre qu'elle a gratté pour y planter des roses mortes, Marlène n'y a rien fait, Antoine a soufflé, Ranya est morte ce jour-là. C'est aussi le jour où Marlène a su pour l'héritage d'un enfant né. Ranya avait raison, d'une manière ou d'une autre.
Alors Marlène voit l'opportunité de se sortir de cette vie misérable, elle tanne Antoine d'avoir un enfant, que c'est le moment. Mais lui, il a des choses à régler, à voir, à défaire et à refaire..
Dans l'Averne sans se noyer
Marlène accouche quatre ans plus tard d'un petit garçon en bonne santé. À son chevet, il y a la famille Poingcarré, un garçon aux joues rondes à qui elle offre la permission de tenir son enfant, sa moitié.
Les promesses se font, Antoine n'est jamais là mais Marlène ne manque de rien pour son enfant. Elle préfère rester dans sa maison, à élever un enfant turbulent et dont les colères s'enchaînent sans jamais cesser. Elle sent les poings cogner dans les genoux puis les baisers se glisser sur ses joues creuses. Laurens n'est pas méchant, il est un peu vif, c'est sûr.
Clarence est souvent ici, parfois ils vont chez eux, parfois ils jouent à se battre dans le jardin. Laurens frappe toujours plus fort, puis il s'excuse avant de recommencer, fait bonne figure devant sa belle-famille, s'amuse à faire tourner en bourrique les vieilles dames du quartier.
Laurens grandit, il ne voit pas souvent Antoine qu'il n'appelle jamais papa, lorsqu'il revient le cou mordu et la chemise parfumée, il enfonce les doigts étiques dans le porte-monnaie et taxe l'argent pour offrir une glace à Clarence.
Marlène reste dans son fauteuil, comme Ranya. Elle tricote et écoute la radio, appelle les jeux télévisés qu'elle voit à la télévision, périt.
Laurens, il n'aime ni sa mère ni son père.
Il trouve Marlène pathétique de n'avoir jamais fui l'aberration qu'est Antoine.
Il trouve Antoine dégueulasse de s'enfiler des femmes plus jeunes que lui tous les soirs.
Il s'est tiré rapidement, Laurens. Il a abandonné la maison Tadeus à ses seize ans pour aller chez la famille de Clarence, là où tout se place définitivement mieux.
Il trouve cependant Clarence pitoyable, de se la mettre à l'envers, d'avoir été viré de l'école, de ne rien faire convenablement quand y a des gens qui croient en vous.
Marlène, elle avait peut-être tord.
Laurens, il mord et il broie, menace Clarence de se reprendre en main avant qu'ce soit lui qui le fasse.
Pourtant, il n'a jamais été vraiment clair, Laurens. Les nuits à côté de la fosse, à brutaliser et briser.
Mais comme Clarence, à l'aube de ses vingt ans on lui a filé un fusil entre les mains, on lui a appris la chasse, à saigner, à retirer la fourrure et à s'garder les meilleures pièces.
- Résumé ⍣ :
⍣ Hégésippe, prédécesseur des Tadeus n'a rien des gars des beaux-quartiers, cependant, il connaît du monde et passe un marché avec Olympe, doyenne des Poingcarré. Le marché consiste à rendre Olympe célèbre, parmi les bonnes graines mais en échange, Hégésippe veut que ses descendants canins s'occupent de sa famille. Il ne qu'aucun d'eux ne connaissent sa misère.
⍣ Antoine, petit enfant d'Hégésippe rompt le contact avec sa famille, il ne garde que sa mère à ses côtés. Il n'est jamais là, sa femme Marlène s'occupe de cette femme dont la démence commence à lui peser.
⍣ Antoine a des femmes un peu partout, dans son dos, il a un premier enfant. Des années plus tard, il n'a jamais cherché à le connaître mais il sait qui il est.
⍣ Clarence né, c'est un canidé, Hégésippe réclame son dû, il faut que la famille s'en charge. Marlène est heureuse, Antoine n'en a rien à faire. Mais il cherche à faire mieux, quatre ans plus tard, Laurens né.
⍣ Clarence et Laurens sont inséparables, même si ce dernier est brutal et violent, qu'il a un réel soucis avec ses émotions. Marlène a toujours cherché à camoufler ce problème ainsi que son trouble.
⍣ Aujourd'hui, Laurens fait toujours subir à Clarence ses lubies tandis qu'il a appris à manier les fusils sans trembler comme il en a l'habitude.