Cette annonce ne lui avait pas plu, vraiment pas. Il avait d'abord pensé que Sasha divaguait complètement, chose qui était souvent le cas lors des soirs de fosse. S'il n'était pas souvent présent lors des combats, il l'était encore moins pour fêter le résultat en raison d'une agitation qui ne lui plaisait plus. Il obtenait ses informations autrement, et les combattants intéressants, il tombait dessus par hasard grâce à des rumeurs, sans réserver de siège assis pour ce genre d’introspection.
Comment devait-il réagir en présence de ce nouveau venu ? L'eau avait coulé sous les ponts, et quand bien même il y avait des chances que leurs vies respectives aient pris des chemins bien différents, celle d'Aesop sortait un peu de l'ordinaire. Il se fichait bien du regard de Sasha, d'Irina, de Daiam ou d'Errilys... En revanche, comment était-on sensé dire à sa famille que l'on était escort passé 30 ans et qu'on travaillait dans l'illégal le weekend ? Le coyote savait mentir pour la seconde partie, pour la première en revanche, il y avait des chances que ce soit la mangouste qui vende la mèche s'il cherchait à contourner la discutions.
Ses yeux clairs étaient restés fixé sur ses gants noirs, sur ses mains qui ne cessaient de vouloir s'arracher les doigts l'une à l'autre. Et il ne fut sorti de sa rêverie que lorsque les pas lourds et sonores d'un enfant retentirent au bout de la galerie. Il pensait avoir enterré ses souvenirs, c'était si arrangeant. Quel intérêt de donner de faux espoirs à quelqu'un pour des retrouvailles qui ne dureraient pas sur les décennies à venir. Devait-il montrer qu'il était devenu un connard peu fréquentable ? Il l'ignorait encore, demeurant assis face à Orphée charmant les animaux au son de sa lyre dans le calme qui était revenu. Il ne pouvait pas se permettre de partager quoi que ce soit avec quelqu'un qui voulait à ce point le voir. Il devait songer au futur qu'il connaissait déjà et entrainer Shun dans quelque chose de plus sombre qu'une soirée dans la fosse ne devait pas être envisageable.
c'est ce qui lie les notres ft. aesop & shun - musée d'art klyone - juin 2099
elle est assise, un peu recroquevillée sur elle-même. elle a le genoux droit replié, l’autre par terre qui se secoue frénétiquement. elle stress. pourtant, toute cette histoire ne la concerne pas. elle n’a rien à voir là-dedans, aucun risque à prendre.
mais sasha tremble. sasha tremble parce que la peur de décevoir revient au galop. parce qu’à ses côtés, le coyote est tellement concentré qu’il ne fait aucune remarque sur sa jambe qui frappe le sol. qu’est-ce qu’il ressent, à cet instant ? elle n’en sait rien. elle n’a jamais été douée pour être empathique avec qui que ce soit. même là, même aujourd’hui, elle ne pense qu’à sa propre gueule. elle ne veut juste pas qu’aesop l’abandonne.
qu’il l’abandonne parce que l’homme qui l’a abordé dans la fosse (ou plutôt qu’elle a agressé) n’est pas son véeritable frère. qu’il l’abandonne parce que justement, il s’agit de son vrai frère et qu’il ne veut plus d’elle.
alors au cas où, juste au cas où. elle songe à un plan d’assassinat si la personne risque de la menacer d’une quelque manière que ce soit.
le lendemain de la soirée avait été violent. entre les messages d’aesop, la vérité sur toute cette histoire et la gueule de bois du siècle… alors dans la panique, dans un soucis de bien faire, elle avait réussi par un miracle, grâce à ceux qui avaient observé la scène, les vieux potes de l'arène, à trouver le facebook de l’intéressé: shun kinkle. elle l’avait contacté sous la demande d’aesop, proposé un rendez-vous et joué les entremetteuse. et les voilà donc au musée à attendre la venue du fameux frère perdu.
ce n’est pas ce que sasha imaginait quand aesop lui avait proposé une sortie au musée.
“il… il est beau ce tableau dis donc… wahouuu…”
elle n’y pense pas. devant l’oeuvre, elle ne ressent rien. ça l’ennuie, même. mais rien n’est pire que le silence alors sasha parle, sasha s’active. elle en a besoin.
et puis il y a un son. il y a l’odeur reptilienne qui vient agiter son instinct. le serpent est là. elle reconnaît l'effluve de la proie à travers la salle. mangouste se concentre pour capter où il est précisément. elle rassemble les souvenirs flous d’une soirée trop ivre pour tenter de reconnaître le visage de l’homme et ses cheveux bruns. elle se remercie d’avoir eu la présence d’esprit de prendre un selfie, ce soir là.
“il est là. c’est lui.”
tout à coup sérieuse, elle a tiré deux fois sur la mange d’aesop comme une enfant timide. d’un signe de tête, elle dévisage l’homme. le fameux shun. le serpent croisé dans la fosse qui lui a payé deux verres de bière.
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le bonheur, les problèmes
Sasha Johnson
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Mer 14 Juin - 12:42
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Un message sur son ancien Facebouc l'avait conduit jusqu'ici, dans le musée d'Art-klyone à Lunapolis. Heureusement pour lui, il connaissait bien le quartier et n'avait pas eu trop de mal à rejoindre le lieu du dit rendez-vous. Mais si trouver le chemin n'avait pas posé de problèmes, il s'était posé mille questions ce matin en se réveillant.
Cela faisait des années qu'il n'avait pas vu son aîné. La vie avait du les forger différemment et les quelques souvenirs qu'il avait, avait du s'évaporer avec le temps dans l'esprit de son grand-frère. Cependant, il avait bon espoir d'être bien accueilli vu qu'Aesop avait accepté de le rencontrer. Il s'était même posé des questions à la con, qui n'avait pas lieu d'être comme « comment s'habiller », comme s'il allait à un entretien d'embauche.
Finalement, il avait opté pour quelque chose de simple. Un t-shirt noir uni et un jean gris foncé ainsi que des bottines en cuir de la même couleur que son haut. Il n'était pas spécialement stressé, juste un mélange d'impatience et de questionnement.
Comment ça va se passer ? Qu'est ce qu'il va me dire ? Est-ce qu'il va me reconnaître ? Est-ce que je dois lui serrer la main ?
Pourtant, il s'était rendu dans le musée d'un pas décidé. Il se demandait quelle vie avait eu Aesop et s'il n'avait pas trop souffert, s'il avait cherché à le retrouver. Ses sens s'étaient affolés lorsqu'il avait senti au loin l'odeur de deux prédateurs dont son prédateur naturel et celui d'un canidé qu'il n'avait pas senti depuis longtemps.
Orphée charmant les animaux au son de sa lyre.
Les voilà, devant ce tableau. Il ressentait une certaine anxiété, qui ne venait pas de lui mais des deux autres personnes en face de la peinture. D'un pas décidé mais néanmoins silencieux, il s'approcha et se figea devant eux. Il reconnaissait bien les cheveux blonds de la mangouste, ayant été sobre lors de leur première rencontre. Le coyote lui, était une découverte. Il était un peu plus grand que lui mais partageait de nombreux traits en commun en particulier la couleur particulière de leurs yeux.
Lui qui était en général peu expressif avait fini par sourire. Un poids s'était comme retiré de sa poitrine. Il n'avait pas imaginé que ça lui ferait un tel effet de retrouver sa seule et unique famille. Il avait mis trop de temps à le retrouver mais n'était pas déçu de l'avoir en face de lui aujourd'hui. Sans savoir comment, il s'était retrouvé à l'enlacer, une ancienne pulsion de l'enfant qu'il avait été et qui retrouvait son grand-frère perdu.
Ce n'est qu'une fois qu'il eut réalisé qu'il était contre l'autre homme qu'il recula et s'inclina légèrement pour s'excuser :
« Désolé … »
Ce n'était pas prévu et lui-même s'était surpris à le faire. Il finit par lui tendre la main, sans quitter son sourire :
Aesop sortait définitivement de ses pensées pour tourner son visage impassible sur la forme à côté de lui. Il était habituel que Sasha soit anxieuse, parfois pour des raisons qui lui échappaient, et aujourd'hui en faisait parti. Il cherchait un instant ses mots pour lui parler du contexte du tableau devant lequel ils étaient assis, histoire de faire la conversations, il en avait besoin. Mais à l'observation de la mine de la petite blonde qui préférait fixer le sol, ou son genou, derrière un rideau de mèches qui lui cachait partiellement le visage, le coyote comprit qu'il ne s'agissait là que de politesse. Il était vrai qu'il lui avait promis une ballade au musée, dans le vain espoir de lui apprendre quelques petites choses, tout en sachant pertinemment qu'elle se comporterait d'avantage comme l'enfant vu plus tôt que comme une étudiante modèle. Cette journée ne tournerait pas exclusivement autour d'elle, son temps ne lui serait pas entièrement dédié, et le noiraud savait donc en conséquence qu'elle aurait tendance à s'ennuyer rapidement.
Merci de m'avoir accompagné.
Après tout, c'est un peu grâce à elle qu'il allait renouer. Ce n'était pas une chose qu'il aurait voulu si on lui avait donné le choix, mais il n'était pas encore assez monstrueux pour refuser de voir son propre sang. Car si une certaine appréhension l'avait saisi, concernant le passé regrettable ou le futur chaotique, il y avait maintenant une certaine excitation à cause des dizaines de question qui se bousculaient dans son esprit. Les minutes défilant et il doutait de moins en moins d'avoir affaire à une mauvaise plaisanterie. Il s'apprêtait à poursuivre, tâchant d'apaiser Sasha pour que l'effet prenne sur lui également, mais cette dernière le coupait net. Aesop comprenait aussitôt, se relevant donc pour fermer le bouton de sa veste et lisser prestement sa cravate. Il déglutissait tant bien que mal, tâchant d'observer le nouveau venu, reconnaissant immédiatement des traits qui s'étaient affinés avec les années. Mais il n'en eut pas très longtemps le loisir, tendant sa main qui fut spectaculairement bien ignoré pour une étreinte bien plus fraternelle. Ce fut une surprise, le canidé n'ayant pas l'habitude de contact aussi spontané. Il cessait néanmoins bien vite de cligner pour afficher un sourire d'avantage sincère et venir lui serrer la main plus franchement.
Non, c'est moi... Qui devrais m'excuser.
Ce n'était pas ce qu'il aurait dû dire en tout premier lieu, mais une culpabilité datant d'un quart de siècle venait de s'exprimer involontairement. Il tâchait néanmoins de ne pas paraître misérable dans cette excuse qui n'avait pas besoin d'explication. En lâchant sa main, il quittait un instant ses iris si semblables aux siennes pour le regarder de haut en bas. Il était plus proche de l'âge de Sasha que du sien, d'où certaines similitudes vestimentaires qu'il mettait sur le compte de leurs vingtaines à tous les deux.
Tu as bien grandi, Shun. Je me souviens qu'autrefois, tu étais aussi long qu'un crayon à papier. Nos parents seraient fiers de voir ce que tu es devenu.
Aesop était sincère, mais cette retrouvaille lui paraissait plus douloureuse que prévu, faisant remonter une vie qu'il avait enterré à ses 23 ans. Il tâchait donc de regarder ailleurs pour se donner contenance, désignant alors la jeune femme qui l'avait accompagné.
Et donc, tu as fait la connaissance de Sasha Johnson ? Je ne ferai aucun commentaire sur l'endroit, mais tu ne pouvais pas tomber sur meilleure intermédiaire qu'elle pour revenir vers moi.
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elle a le cœur qui se gonfle lorsque aesop la remercie. elle ne sait pas quoi dire, alors elle ne répond rien. elle a juste un sentiment de chaleur, de reconnaissance. elle se sent utile et fière et ça dissout ses doutes un instant. de l’autre côté, ça l’emmerde de voir aesop comme ça. de le voir aussi… vulnérable. ce n’est pas l’aesop qu’elle connaît. ce n’est pas l’homme fort et brave. celui qui lui a dit de ne jamais se courber.
dans le fond, elle a peur que ces retrouvailles changent l’homme qu’elle voit comme son mentor à tout jamais.
elle n’a pas le temps d’y réfléchir plus que ça. shun est là et son regard croise celui d’aesop. sasha assiste à la scène en silence. impuissante, immobile. le serpent s’approche et par réflexe, s’agit est prête à bondir. un geste inconscient qui lui souffle de protéger aesop, mais lorsqu’elle voit le regard de ce dernier, elle se ravise, comme bloquée.
elle comprend qu’elle n’a pas a interférer.
le serpent enlace le coyote, avant de reculer d’un pas et de s’incliner doucement. aesop lui, a la voix un peu lourde, moins souple que d’habitude. la gêne est palpable des deux côtés et sasha commence vraiment à se dire qu’elle fait tâche. je suis désolé. non c’est moi. je suis content de te revoir. tu as bien grandi. nos parents seraient fiers. blablabla. elle n’écoute qu’à moitié les formules de politesses bateaux et typiques. elle a le regard tourné vers autre chose. elle se perd vers les tableaux, vers orphée et la lyre ou les animaux. elle ne sait plus. ça ne l’intéresse vraiment pas.
et puis sasha sursaute un peu trop fort parce qu’elle entends son nom. elle relève la tête, un peu confuse. son regard qui oscille entre shun et aesop.
“ah ! euh... oui. euh... ah bon ?”
elle cligne un peu des yeux, pas certaine d’être la meilleure intermédiaire mais touchée de ce sentiment. son visage s'empourpre un peu tandis qu’elle s’agite.
“mais euh, ouais. on s’est croisé. j’suis contente que tu sois vraiment son frère et pas un type qui lui en voulait pour je ne sais quoi… enfin j’crois…”
le regard est un peu méfiant vers shun, elle se veut agressive et menaçante mais à côté du coyote calme, elle est plus ridicule qu’autre chose.
“fin bref… j’vous laisse faire vos retrouvailles. j’vais m’acheter un truc à boire, v’voulez un truc ?”
elle se relève, main dans les poches, l’air un peu contrite et s’apprête à faire demi-tour pour retourner dans le hall du musée et aller acheter un truc à grignoter. c’est une fuite assumée, une fuite éhontée. elle a besoin de prendre l’air, de digérer ces informations et retrouvailles qui chamboulent un peu tout. c’est con pourtant, elle n’est même pas concernée. ce n’est pas elle, c’est pas son frère. c’est aesop. mais sasha est trop égoïste et ne pense qu’a sa gueule.
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Sasha Johnson
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Sam 17 Juin - 19:25
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Même si l'étreinte avait été timide, Shun était content de ne pas avoir été rejeté. Après tout, les années étaient passées et lui-même sentait que son geste aurait pu être perçu comme déplacé. Mais il avait abandonné sa carapace, retrouvant actuellement son âme d'enfant comme si le passé l'avait rattrapé. Quand on le félicita pour sa croissance, il afficha un petit sourire laissant apparaître une dentition parfaite. Rapidement, son sourire était néanmoins devenu triste.
« Je n'ai aucun souvenirs d'eux … A l'orphelinat, ils ne m'ont donné qu'une photo de nous deux. C'est tout ce qu'ils avaient. »
Il supposait que Aesop n'avait pas grand chose de son coté, mis à part ses propres souvenirs. Imaginer ses parents biologique être fier de lui, lui mettait tout de même du baume au cœur. Peut-être qu'ils auraient été déçu de savoir que leurs fils faisait parti de la mafia mais ça, impossible de le savoir aujourd'hui.
Shun se tourna vers la jeune blondinette qui avait rendu tout ça possible et hocha la tête en signe d'approbation.
« Oui, je l'ai rencontré à la fausse par hasard et elle m'a confondu avec toi. » dit-il avant de rajouter. « Merci Sasha d'ailleurs, tu as fais plus vite que ce que j'imaginais. Je t'avais bien dis que j'étais pas non plus un détraqué ! »
Même si la mangouste était bel et bien son prédateur naturel, elle l'avait bien aidé aujourd'hui et il mettait en pause son instinct pour espérer passer une bonne journée et de bonnes retrouvailles. D'ailleurs, quand celle-ci tenta de prendre la suite, il l'arrêta d'un « Attends, on ira prendre un boisson au distributeur après ! Reste avec nous. C'est moi qui vous offrirez un truc ! »
Il se tourna vers Aesop puis vers le tableau devant lequel ils s'étaient retrouvés.
« Tu t'intéresses à l'Art ? » demanda le brun, curieux de savoir les centres d'intérêt de son aîné.
Puis il rajouta bien assez rapidement :
« Ah et moi aussi je veux savoir comment vous vous connaissez tous les deux. »
Peut-être s'emballait-il un peu trop mais maintenant qu'il avait retrouvé son grand-frère, il était curieux d'en apprendre plus sur lui, d'avoir enfin les réponses qu'il attendait depuis des années.
Il avait beau avoir pris les devants, cela n'avait pas suffit. Il observait Sasha, la connaissant par cœur, elle et son égoïsme. Les années lui avaient appris à faire avec, et il ne s'était jamais plaint des défauts de quelqu'un, encore moins de ceux à qui il ne voulait pas porter atteinte. Aesop devinait qu'il faudrait qu'il donne un moment plus exclusif à la jeune fille lorsqu'il aurait un moment. Cette situation était un peu spéciale après tout. Il ne pensait pas revoir Shun de sa vie, en ayant déjà fait son deuil à ce propos. Pour lui aussi, il fallait de l'adaptation, chose dont il n'était plus sûr de faire aussi bien qu'à ses 18 ans. Alors le coyote prit la décision de la laisser partir, de la laisser s'aérer l'esprit, de prendre le temps pour qu'elle se fasse à la chose. Le noiraud connaissait sa crainte de l'abandon, mais ne pouvait pas sans cesse la ménager par risque d'en faire une adulte peu débrouillarde, voire pire, dépendante aux autres.
Aesop se tournait alors mieux vers Shun, fronçant un peu les sourcils à l'énonciation d'un souvenir physique. À sa majorité, il n'était parti avec rien d'autres que ses papiers d'identité ainsi qu'un compte bancaire qu'il se devait de remplir lui-même. Pendant des années, il avait songé que son petit-frère avait dû recevoir tout le reste. Il ne s'était jamais penché sur leur héritage et à mesure qu'il y songeait, de multiple autre questions l'assaillaient. Il ne pouvait déjà pas parler d'argent avec son jeune frère sitôt rencontré. Mais avec leurs retrouvailles allait venir d'avantage de documents administratifs. Les mois étant comptés pour le coyote, cela lui donnait une charge de travail supplémentaire pour préparer l'après de sa disparition. Parce que c'était important, et que ça l'importait énormément.
Il demeurait donc silencieux, préoccupé par ses pensées qu'il chassait mentalement lorsque son cadet l'interpellait. Il lui adressait une mine sereine, affichant sa bonne humeur discrète tandis qu'il choisissait de suivre Sasha, lui laissant néanmoins de l'avance. Cela avait beau être un musée, la préoccupation de certains restait souvent de se remplir le ventre. Les yeux dorés de l'escort se posèrent toutefois sur les tableaux devant lesquels ils se contentaient de passer. Chacun mériterait qu'on passe deux bonnes heures à en faire l'étude.
J'aime énormément l'art. Mais c'est comme avancer le fait que j'aime les livres. Il y a tellement de genre différents... Il répondait honnêtement, quand bien même il souhaitait toujours apporter quelques précisions sur sa propre opinion. Il y a un dicton qui dit "l'art n'est pas là pour nous plaire". La beauté est partout, même s'il lui arrive de prendre des apparences assez repoussantes.
Il songeait à l'art abstrait qu'il avait du mal à saisir, qu'il pourrait tout aussi bien mettre en parallèle avec la psyché de ses fréquentations... Bien entendu, il ne visait personne, ses paroles pouvant parfois être mal interprétées. Il profitait que Sasha soit un peu éloignée pour descendre d'un ton. Il continuait sur sa lancée, tâchant de se faire comprendre sans employer les mots attendus.
Je chaperonne un peu Sasha pour le compte d'une PDG. Tu connais désormais son occupation principale et libre à toi de vouloir t'encrer d'avantage dans ce milieu qu'on tente de ne pas ébruiter. Néanmoins, ils partageaient le même sang et Aesop connaissait bien les sentiers qui l'avaient mené jusqu'ici. Sans bien connaître Shun, il pouvait se voir lui-même, dans sa façon de se comporter, peut-être aussi de penser. On aura beaucoup à se dire... Mais je ne pense pas me tromper, en avançant que tu as su voir au-delà le vernis d'une toile.
Viendrait le moment où il testerait la loyauté de son jeune frère, histoire de savoir s'il était viable qu'ils passent d'avantage de temps ensemble, autre qu'un traditionnel repas le dimanche midi.
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elle veut partir, se dérober. elle veut fuir et s’éclipser. mais au moment où dans la confusion, la mangouste tente de rentrer dans son terrier, de disparaître à jamais pour se soustraire aux deux frères, le serpent l’interpelle.
sasha tressaille, sursaute. ça l’emmerde parce qu’elle ne veut pas rester. elle se sent de trop, elle se sent anxieuse. presque frustrée. elle a l’impression de ne pas être à sa place et cela fait longtemps qu’elle n’a pas ressenti ça. là tout de suite, elle ne sait pas si elle a besoin d’un psy ou d’une bonne baston. mais comme d’hab, si elle avait le choix, elle choisirait de se battre.
“euuh… ouais, d’rien.”
elle est tendue. elle a envie de retourner dans brise-cœur et de se perdre dans la fosse. de frapper, frapper jusqu’à ne plus sentir le moindre muscle de son corps contre un adversaire qui n’aurait rien demander. juste pour se défouler.
“comment on s’connait…?”
elle est surprise par la question et glisse un regard vers le coyote, comme pour demander ce qu’elle a le droit de révéler ou pas. son visage anxieux de tout à l’heure ne disparaît pas, et même si aesop semble assez ému de retrouver son petit frère, sasha reconnaît les traits crispés et les yeux froids de l’homme. il est méfiant. calculateur. content de retrouver shun, certes, mais pas encore sûr à quel point il peut lui faire confiance et lui parler de ce qui se trame dans les bas quartiers.
“ouais, voilà, c’est ça, une pdg…” il doit parler d’irina. sasha comprend même si elle n’a aucune idée de ce que peut bien signifier cet acronyme. présidente de gestion ? parrains des guépards ? elle n’en sait rien. “on s’est rencontré il y a un peu plus de cinq ans je crois… il m’a aidé quand ça allait pas. genre… pas du tout.”
elle ne rentrera pas dans les détails. elle ne se souvient même plus de leur rencontre. juste du lendemain. apparemment, elle aurait fini dans un caniveau, entre le trottoir et les poubelles, complètement arrachée, déchirée, et ensanglantée d’une bagarre près de la fosse qui aurait mal tourné. ouais, nan. pour ce qu’il lui reste de dignité, sasha est bien contente d’avoir tout oublié.
“fin bref.” elle hausse les épaules. “et vous ?”
réponse au tac au tac, par réflexe. elle s’arrête, réfléchit. merde.
“ah bah non du coup.”
le sourire s’étire, le regard un peu hagard. sasha se sent complètement conne avec sa réflexion à la noix. évidemment qu’ils se sont rencontrés à l’orphelinat. ils sont frères. manque de tact et maladresse, absence totale de réflexion avant de parler. un vrai boulet. elle a vraiment envie de partir s’enterrer.
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Sasha Johnson
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Dim 25 Juin - 17:23
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Ca ne se voyait peut-être pas tant que ça mais Shun était heureux. Après tout, son frère aurait pu mal tourner ou être le genre de personne qu'il exècre par leur stupidité. Mais ce n'était pas le cas avec Aesop. Il avait de la réflexion, était classe et il était même un brin philosophe. Il n'y avait qu'eux dans le musée et sa voix rebondissait sur chaque murs, caressant chaque tableau de doux compliments. S'il le pouvait encore, le reptile se serait glissé autour de son poignet comme un bracelet pour lui témoigner son affection. Seulement ils n'étaient pas seul et il n'avait pas spécialement envie d'importuner tout le monde avec ses vêtements tombés au sol.
Il écouta ensuite leur histoire, leur rencontre. Il avait froncé les sourcils en hochant la tête. Il supposait que les grands de ce monde avaient besoin de se détendre en voyant des hommes et des femmes s'entre-tuer. Ca, même lui pouvait le comprendre. Quand on avait tout il était facile de tomber dans l'ultra violence. Les yeux s'habituent à tout, il espérait que ce petit marché ne soit là que pour l'argent et les paris. Les choses dérivaient très rapidement. Un mort, un trafic d'organes s'en suivait et ainsi de suite.
« Je ne suis pas du genre à ébruiter ce genre de chose, tu peux être rassuré sur ce point. »
Même s'il savait que de simples mots ne suffiraient pas à convaincre son frère. Après tout, il était ami avec un milicien, sans connaître son boulot de hacker n'importe qui se méfierait de lui. Ses yeux se tournèrent ensuite vers la blondinette qui avait visiblement été recueillie en quelque sorte par Aesop. Il comprenait mieux à présent sa réticence à le lui présenter. Sa posture défensive lorsqu'il lui avait avoué être son frère était logique. Cette pointe de jalousie qu'il avait senti n'était pas le fruit de son imagination.
Il afficha un petit sourire en les regardant. Même si cette histoire semblait bien louche, il voyait bien que Aesop avait le cœur sur la main pour aider une jeune fille en pleine perdition.
Lorsqu'on lui fit comprendre qu'il y avait d'autres choses plus sombres encore sous cette explication utilisant le vernis d'une toile comme comparaison, il leva les épaules :
« Je ne vois pas de quoi tu parles ~ » signe que si un jour on lui posait réellement la question, il feindrait l'ignorance. Mais aujourd'hui, son ton laissait bien comprendre qu'il voyait clair dans cette petite magouille.
Par contre la question de la mangouste lui fit cligner plusieurs fois les yeux. Le malaise était palpable pourtant Shun ne voyait pas de mal à cette petite maladresse :
« Et non, on partage le même sang alors on a vécu ensemble bien avant l'orphelinat. J'en ai malheureusement aucun souvenirs ... »
Et il comptait bien sur Aesop pour lui raconter les choses qu'il avait lui-même oublié. Une fois l'échange terminé et pour éviter que Sasha se sente encore plus mal à l'aise, il marcha dans les allées à leurs cotés avant de sortir son porte-monnaie. Pas d'alcool ici, n'en déplaise à la jeune combattante, l'alcool ne la sauverait pas du petit malaise interne qu'elle vivait. Mais il espérait qu'un peu de sucre lui rende le sourire.
Il se pointa devant le distributeur avant de demander :
« Dîtes-moi ce que vous voulez. » dit-il en se servant le temps de profiter de leur réflexion.
Il s'était choisis un simple cappuccino, inutile de se remplir l'estomac avec des boissons énergisantes. Il leva les yeux vers son frère, trop curieux peut-être, il demanda :
« Du coup, chaperonner Sasha est ton occupation principale ou tu fais autres chose ? Je pensais que les combats dans la fosse n'arrivait qu'à la nuit tombée. »
Cette idée lui venait du fait que la seule fois qu'il était descendu dans la fosse, c'était la nuit. Il imaginait mal les combattants se battre en journée. Dans sa tête, les gros investisseurs avaient un autre travail à coté. Cadre, ingénieur … Il en fallait de l'argent pour faire tourner le bas monde.
Aesop tournait naturellement son regard whiskey vers sa cadette. Il n'allait pas chercher à la brider dans ses mots avec un regard lourd de sous-entendu. Il semblait qu'elle avait déjà du mal à trouver les bonnes phrases, et pour dire vrai, le coyote ne pensait pas à un lourd secret en particulier qui serait catastrophique de révéler à Shun. Il ne tenait pas à parler pour elle, histoire que même le serpent la prenne un minimum au sérieux car cela faisait longtemps qu'elle n'était plus une enfant aux yeux de la population. Pourtant, le stress la rattrape et lui fait dire une énormité, digne du "vous aussi" quand le serveur vous souhaite un bon appétit. Aesop regarde ailleurs un bref moment, comme s'il espérait que personne n'avait entendu, avant de se faire à l'évidence que l'ignorer serait peut-être plus honteux.
J'ai quelques souvenirs de ma mère enceinte. J'imagine que l'on t'a pris en charge toute ta première année avant qu'on m'autorise à te voir.
Autant dire que dans la tête du canidé, il lui aurait semblé juste de dire qu'il avait rencontré Shun à l'orphelinat, quand bien même ses souvenirs de petite enfance étaient trompeurs et que la logique voulait qu'ils se soient vu bien avant. La perte de leurs parents avait vraiment eu le pire timing.
Ses pas suivirent jusqu'au distributeur où il se stoppait en observant sa devanture. Probablement qu'à part pour peut-être acheter une cannette à Sasha ou un en-cas à Daiam, il n'avait pas l'habitude de choisir lui-même ce qu'il souhaitait avaler provenant cette machine. Il aurait été inconvenant de refuser, en plus de donner la fausse impression de quelqu'un de très prétentieux.
Café noir. Sans sucre.
Une habitude, bonne pour le cœur apparemment. Il dû vite chasser cette pensée préoccupante qu'il ne souhaitait aucunement aborder avec ces deux personnes là en particulier.
Venir en aide à Sasha ne me rapporte pas un lens. Je suis d'avantage une sorte de directeur commercial pour une entreprise qui gère la politique et les actions de conservation, d'étude, d'enrichissement, de mise en valeur et de diffusion des patrimoines culturels. La fosse possède un gradin où les spectateurs ne se contentent pas de parier uniquement leur salaire de la journée.
Rien n'était faux, tout était vague. Autant tenter de noyer le poisson, persuadé d'avoir déjà réussi avec la mangouste. Il était probablement trop tôt pour les révélations. Il prit donc sa boisson pour la porter à ses lèvres après avoir soufflé doucement dessus. Il était temps de retourner la question à l'envoyeur d'un regard. Il avait du mal à imaginer le métier du reptile, mais une fois donné, celui ci lui en dirait beaucoup sur le concerné.
