Léonie elle n'a plus de fils depuis une dizaine d’années et plus de maris depuis plus longtemps encore. J’ai eu la chance de connaître le premier et ai tellement entendu parler du second qu’il me semble parfois l’avoir côtoyé dans ma tendre enfance.
Le fils de Léonie était maître artisan chez Kendal Toys. Il avait le talent de sa mère pour travailler les bois et le métal en des formes harmonieuses et expressives. Petit, j’ai passé beaucoup de temps à apprendre auprès de lui alors que les affaires de mes parents m'emmenaient à Arc en Terre.
Son décès soudain m’avait surpris, à neuf ans je ne savais pas lire les signes d’une maladie grave et les adultes s’étaient bien gardés de m’expliquer la situation. Il n’empêche que j’ai gardé le contacte avec sa mère que j’ai vite passé à considérer comme une amie.
Assis à la lourde table en chêne de sa cuisine, je termine de vernir les joues rosées d’une poupée en bois. Cela fait plusieurs semaines que je travaille sur ce projet pour un client de longue, très longue date.
“Dépêche-toi de la mettre à sécher Robin, la navette part dans une heure!”
Je lève les yeux et croise le regard faussement sévère de la vieille dame. On y trouve toujours l’éclat espiègle typique des adolescentes, elle veut me voir rater mon rendez-vous, juste pour pouvoir me dire qu’elle m’avait prévenu et alimenter ma renommée de retardataire récidiviste.
Mais pas cette fois. Darren est quelqu’un que je respecte suffisamment pour me presser un peu.
En quinze minutes mes affaires sont empaquetées. Une dernière étreinte à la vielle bijoutière, un baisé sur le front et me voilà parti direction Lunapolis.
J’arrive devant le restaurant de poulet frit à 15h30. Pile à l’heure pour une fois, ça va le changer. Mon baluchon sur l'épaule, je laisse derrière moi la douce brise de l’automne pour entrer dans le bâtiment. Les lieux me sont plus que familier et c'est sans hésitation que je me dirige vers l’arrière boutique.
“Darren, tu es dans le coin?”
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Hob Kendal
Darren Lockwood
Maison des Roses et de l'Ombre
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Âme : taureau
Age : 66
Métier : vendeur de poulet frit (ex-mafiosi, ancien sous-chef des forces armées)
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Date d'inscription : 20/04/2023
Jeu 6 Juil - 10:45
If Jesus died for all our sins
He left one behind, the body I'm in
Pour les petits
et pour les grands
Si le restaurant avait bien plus de succès lors du rush nocturne que celui de mi-journée, Darren ne pouvait pas vraiment se vanter de pouvoir se reposer. Il courait à droite et à gauche, entre le service et la cuisine. Aider l’amour de sa vie et continuer à faire tourner la boutique qui existait depuis bien des générations – malgré l’appellation de la retraite, Darren était bien loin d’une vie de quiétude comme on souhaiterait l’imaginer. Mais c’était tout à son honneur car malgré ses jeunes jours qui étaient derrière lui et la vieillesse qui avait fini par le rattrape, Darren éprouvait encore tout le plaisir d’une vie active – d’une vie basique. Tardivement, mais le sourire sincère malgré les aléas douloureux de son existence.
Et peu à peu, le brouhaha ambiant ainsi que la salle finissent par se vide petit à petit, laissant seulement les quelques habitués qui n’avaient pas grand-chose de mieux à faire durant leur après-midi. Un calme avant la tempête, le nettoyage et la préparation d’éventuelle commande à emporter avant la période de sortie du travail. Et si sa femme préférait se reposer cet après-midi-là, alors c’est Darren qui termine le rangement entouré des différents ustensiles de cuisine.
Le temps qui passe, les moins humides et râpeuses d’une fusion entre le temps passé sous l’eau afin d’effectuer le nettoyage et le temps d’une vie durement vécue. Une voix s’élève, bien différent des quelques vieillards qui pourraient râler face à l’écoute d’une déplaisante nouvelle sur la chaîne télé.
« Oui, oui ! Dans le fond de la cuisine. »
Proche du lavabo, qu’il en voyait bien la fin. Quelques bols du dernier service et il n’aurait plus qu’à passer un léger coup de balais dans l’entièreté du restaurant avant de pouvoir prendre une pause amplement méritée.
Darren n’avait pas besoin d’apercevoir cette chevelure rousse pour savoir à qui appartenait cette voix, car après tout, ils se connaissaient depuis bien longtemps maintenant. Même s’ils ne faisaient pas grand succès et n’avaient servie à rien durant ces dizaines d’années, l’ancien mafioso savait reconnait la qualité des jouets que Hob lui avait toujours apporté.
« Tu viens manger quelque chose Hob ? »
Différents des habitués qui se bourraient la gueule dès le début de l’après-midi, Hob venait par moment pour livrer ses créations plus que pour manger la friture que proposait le restaurant. Et pourtant, c’était toujours avec que Darren lui proposait quelque chose quand bien même le service à table était clos.
Je me faufile derrière le comptoir et pousse la porte qui mène aux cuisines. Mon client se trouve affairé au-dessus du lavabo devant une fin de vaisselle qui me fait froncer le nez. Je n’aime pas faire la vaisselle et je suis bien heureux de n’avoir jamais rien à laver de plus que la fourchette qui m'a servi à manger mes lasagnes micro-ondés.
« Tu viens manger quelque chose Hob ? »
L’odeur de poulet frit est omniprésente ici et même si le déjeuner ne remonte pas à si loin que ça, je reste un estomac sur pattes et dire non à de la nourriture et bien… Cela ne m'est jamais arrivé.
“Je viens livrer un joli petit colis.”
Mon baluchon délicatement posé sur un plan de travail propre, j’entreprend d’en retirer une boîte en bois claire de la taille d’un cercueil pour chat.
“Et si tu me le proposes, je serais ravi de manger quelque chose. Faut croire que l’air montagnard ça creuse l’appétit.”
La boite n’est pas bien lourde, heureusement que je ne vends pas mes jouets au kilo, ce serait la disette assurée.
“Comment vont les affaires depuis la dernière fois?”
Darren il a toujours eu ce trucs un peu… Woaw. Dans ma famille, ce sont les femmes qui gèrent les négoces. Ma mère, ma sœur, les grandes gueules, ce sont elles. Si il faut montrer les dents, imposer le respect ou charmer une foule, ce sont elles qui s’en chargent. Les hommes ont leurs rôles aussi. Mon père, mon frère, ce n’est pas leur charisme qui les rends utiles. Ils ont une vision commerciale, ils savent où placer l’entreprise pour faire rentrer l’argent.
Moi je ne suis ni l’un ni l’autre.
Darren c’est à la fois l’un, l’autre et plus encore. Ce plus je dirais que c’est son aura légèrement menaçante? Ou son âge avancé qui pousse au respect. Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, j’ai toujours adoré sa compagnie et lui présenter mon travail.
