Lys rit de bon cœur cette fois-ci, répondant en toute franchise malgré sa gêne :
« Si le fraisier n’est pas réussi, alors tu devras revenir chez moi en goûter un autre. »
Interagir avec autrui était assez naturel pour le rouquin, tout comme trouver un tas de raisons pour revoir quelqu’un. Cependant, contrairement à la plupart des gens, il tenait ses promesses : ce n’était jamais des paroles en l’air. Quelques minutes s’étaient écoulées chez le primeur et lorsque le pâtissier revint vers Shun, il sourit en observant ce dernier goûter une fraise à la dérobée. Cela lui faisait davantage penser à un herbivore qu’un prédateur ; cette pensée élargit son sourire. Nonobstant son désir de paraître détendu, Lys était incapable de cacher la pointe d’angoisse instinctive dans le timbre de sa voix :
« Tant que ce n’est pas moi que tu manges, alors tu peux venir, oui. » Il tourna le dos à son interlocuteur et dit en rigolant : « J’allais faire une blague salace mais c’est vrai, tu n’aimes pas les hommes. Je vais éviter de te mettre de nouveau mal à l’aise, ce serait bien. »
Il ponctua sa phrase d’un sourire complice au jeune homme. Après quoi, deux pas plus loin, le chevalier ouvrit une porte grâce au badge qu’il sortit de son manteau. Après avoir passé les boîtes aux lettres, une seconde porte s’ouvrit automatiquement. Une énorme cour était cachée par les façades depuis l’extérieur ! Si du côté du primeur elles n’avaient l’air que de bâtiments banals, d’ici, on constatait immédiatement un standing supérieur. Marchant d’un pas assuré sur les pavés bien propres bordés de buissons fleuris, Lys se dirigea sur l’immeuble de droite. De nouveau il usa de son badge puis appela l'ascenseur. Une fois à l’intérieur il se raidit ; l’endroit était spacieux mais tout de même trop petit quand on était seul avec un prédateur. Une fois arrivé au cinquième, l’écureuil emprunta un couloir quand enfin, il se stoppa devant une porte où était sobrement marqué le nom « Ross ».
L’huis s’ouvrit sur un grand salon lumineux avec des baies vitrées montant jusqu’au plafond. Les murs étaient blancs et la plupart des meubles assortis au plancher en hêtre. Lys défit ses chaussures mais invita Shun à faire comme bon lui semblait :
« Tu peux les garder. Oh et, pose tes affaires où tu veux, mets-toi à l’aise. »
L’appartement était propre, peut-être un peu trop : il y avait quelque chose d’impersonnel ici, comme s’il s’agissait davantage d’un lieu de passage que de vie. Deux canapés à pieds couleur bouteille et un fauteuil cinabre entouraient une petite table basse posée sur un tapis à longs poils. Le côté sans meuble donnait sur une cuisine ouverte où un long plan de travail faisait aussi office de bar avec deux tabourets hauts. Il y avait une plante juste à côté : c’était une fausse. Cette partie de la pièce était séparée au sol par un carrelage sombre où trônaient une paire de crocs. Lys les enfila sans se poser de question et de par ses gestes, il était évident qu’il s’agissait d’une habitude. Sans son manteau, sa musculature simple mais entretenue était visible via son pull moulant ; tout comme ses fesses plates qu’il se hâta d’aller cacher derrière le comptoir.
« Je ne te l’ai pas dis, mais il va me falloir à peu près une heure je pense… Tu n’es pas pressé ? » avoua-t-il en enfilant son tablier. Puis, tout en attrapant un torchon qu’il accrocha à sa taille, il demanda tout sourire : « Tu veux boire quelque chose en attendant ? J’ai un peu de tout dans mon frigo. »
Et vu sa taille, ce n’était pas étonnant. Un énorme frigo à deux portes dont la moitié ne contenait que des softs, bières et autres boissons. Puisqu’il vivait seul la nourriture se perdait trop vite s’il venait à remplir tous les rayons. Le pâtissier commença à sortir ses ustensiles un à un, nettoya le plan de travail avec son torchon. C’était le même bois que celui de la plupart des photos de son Hamstagram. Chaque geste était méthodique et derrière lui, l’ensemble de la cuisine semblait sur-équipé pour un homme seul. Des robots de tous genres étaient disposés un peu partout. La hotte, les plaques et les fours, car il y en avait deux, étaient si propres qu’il avaient l’air flambant neuf.
« Si tu veux toujours essayer de m’aider, j’ai un deuxième tablier. Mais ne te force pas si tu n’aimes pas cuisiner. On peut aussi juste discuter pendant que je travaille. »
Il pivota sur ses talons pour attraper divers ingrédients dans les cabinets en hauteur.
« Je ne réalise que maintenant que ce j'ai fais était très indélicat... J'espère que tu n'as pas de copine. » Il fit volteface aussitôt, tout confus. « E-Enfin, je veux dire, non pas que je te souhaite de vivre seul ou autre, enfin, tu vois, je veux dire, si tu as quelqu'un, j'aimerais pas qu'elle veuille me casser la figure ou que ça crée une dispute, hahaha... »
Au fur et à mesure que son rire malaisé s'effaça, ses yeux se baissèrent pour fixer le comptoir.
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Mar 13 Juin - 5:13
. . . . .
Ne connaissant pas vraiment Lys, il s'attendait à ce que cette proposition à revenir ne soit que du vent. Forcément, c'était encore un inconnu à ses yeux, même s'il allait d'ici peu rentrer dans son chez-lui. Le jeune homme avait eu l'air surpris de le voir voler une fraise et la manger. Il avait beau être un prédateur, sa condition actuelle d'humain lui permettait de manger pas mal de choses différentes dont le sucre. Le sucre, les nouilles instantanés et de la viande qu'il suffisait de réchauffer rapidement au four. Bref une alimentation un peu chaotique et peu recommandé pour un reptile.
« Comme si j'allais te - … »
Il se stoppa à la phrase de Lys avant de tourner la tête, un air boudeur. Au moins, Lys avait retenu la leçon et ça le flattait pas mal mine de rien. Mais bon, il ne pourrait pas lui tenir tête longtemps. Il avait beau être un prédateur, il n'était qu'une vipère péliade alors à moins que Lys soit une très petite proie, il risquait de ne pas le prendre longtemps au sérieux. Sa peur ne serait plus justifié.
Le serpent abandonna ses pensées et suivit simplement Lys, observant ce qui l'entourait avec une certaine surprise. Il ne s'était pas attendu à ça de l'extérieur et il remarquait bien qu'il n'était clairement pas dans un quartier pauvre. Shun n'avait franchement pas à se plaindre. Son niveau financier était bien supérieur à la moyenne mais il n'avait jamais daigné prendre un appartement plus grand, surtout quand on sait qu'il pense une majorité de son temps dans son bureau. Bien sûr il lui arrivait de s'écrouler dans le salon pour regarder un film mais rien de plus. La cuisine était d'ailleurs nickel chrome, signe qu'elle n'avait jamais été utilisé.
Il continua néanmoins de suivre Lys jusqu'à l'ascenseur, ne ressentant de son coté aucun stress. Leur chemin les mena devant une porte et Shun marmonna le nom de l'homme qui habitait ici.
« Ross … Amusant. C'est comme si tu avais deux noms de fleurs. Lys et Rose. »
On le fit rentrer. Tout était propre, lumineux et bien rangé. Un appartement nickel chrome digne d'un magasine de déco. Shun ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, chez lui il n'avait pas non plus de réelle affaire personnelle. Si ce n'est la petite boite que l'orphelinat lui a donné et qui contient la photo de son frère et lui enfants.
« C'est classe ... »
Beaucoup trop classe pour garder ses chaussures, il n'était pas rustre non plus. Retirant ses chaussures, il les posa sur le coté pour suivre sa petite proie dans l'appartement. Il n'était pas très à l'aise dans le sens où il n'était pas chez lui et qu'il ne savait pas vraiment où se poser. Il finit par s'asseoir sur la chaise en face du plan de cuisine faisant office de bar.
« J'ai rien de prévu de toute manière. » dit-il, se rappelant qu'il n'avait qu'un live tard dans la nuit. Il aurait largement le temps de rentrer, le ventre plein. « … T'as des sodas ? »
Sucre. Il en fallait pour tenir ce corps éveillé, ça et les boissons énergisantes. Il hésita néanmoins en voyant que Lys acceptait qu'il l'aide mais qu'il n'était pas dans l'obligation de le faire. Mais bon, il n'allait pas se faire d'idée : La situation en elle-même et leur rencontre était assez lunaire. Il ne comptait pas le laisser tout faire, même s'il était plus à l'aise avec un clavier dans les mains qu'avec un fouet.
« Non j'ai dis que j'allais t'aider, je vais le faire. »
Il se leva presque aussitôt assis et retira sa veste qu'il déposa sur le canapé avant d'enfiler un tablier. Chose qui n'était d'ailleurs jamais arrivé en vingt neuf ans. La cuisine, même lorsqu'il était chez ses parents adoptifs, il ne s'en occupait pas. Vu qu'on ne l'avait jamais forcé à le faire, il ne s'était jamais préoccupé de ça. Sa mère, lui envoyait parfois des messages pour lui demander s'il se nourrissait bien et il répondait toujours ''oui'. C'était un demi mensonge.
« Hein … » dit-il d'un ton blasé malgré lui avant de lever un sourcil.
Il évita le regard de Lys. Forcément Lys lui, devait avoir eu plusieurs copines mais ils en étaient tous les deux au même point : Seul. Il haussa les épaules.
« Non j'en ai pas actuellement, ça dure jamais longtemps de toute manière. »
Peut-être qu'il avait, au fond de lui, une petite idée du pourquoi. Il ne ressentait en général rien pour elles, si ce n'est un peu d'affection passagère mais les sentiments ne venaient jamais donc forcément la relation était vouée à l'échec. Shun se disait qu'il n'avait simplement pas trouvé la bonne et pourtant, il savait bien que ce n'était pas ça le soucis. Il n'était simplement pas prêt à avouer une telle chose, ni aux autres ni à lui-même.
« … C'est drôle, t'as plus peur qu'une potentielle copine vienne te casser la gueule plutôt que de moi parce que tu m'as fais du tord. »
Il ne disait pas ça méchamment, c'était juste un fait et il comprenait de plus en plus pourquoi. Sans détour, il demanda :
« C'est quoi ton anima ? … Forcément une proie. Tu trembles limite à chaque fois que tu me parles. »
Ses yeux orangé s'étaient dirigés vers lui, tentant de deviner de quoi il pourrait s'agir.
« … Quelque chose de petit. Une souris ? ... »
Il attrapa les ingrédients qu'il y avait dans le sac pour les sortir sans trop savoir quoi faire avec.
« Oui bien sûr, répondit Lys en ouvrant la porte gauche de son frigo, , cola, orange, limonade ? »
Une fois la réponse donnée, il passa de l’autre côté du plan de travail pour poser la canette vers Shun, juste à côté de lui. Il ne savait pas identifier pourquoi mais cela l’avait rendu nerveux. Il revint rapidement du côté des fourneaux ce qui le mit immédiatement à l’aise. Le sourire du rouquin s’élargit et il tendit un tablier noir à son commis surprise. Ses yeux s’illuminaient d’une flamme nouvelle et cela se ressentait jusque dans le ton joyeux de sa voix :
« Ça me fait plaisir. » Il sortit une deuxième balance qu’il mit face à Shun ainsi qu’un saladier. « La cuisine, c’est du partage et de l’émotion. C’est assez incongru car on ne se connait pas, pourtant on va faire une activité que j’associe aux amis proches et à la famille. » Il ricana. « Je suis super content ! »
Il n’avait pas besoin de le dire, cela était visible sur son visage étincelant où chacun de ses traits irradiait de joie. L’écureuil était définitivement une autre personne en cuisine : plus épanoui, plus sûr de lui et plus heureux tout simplement. Malheureusement, il possédait également une personnalité volatile qui allait du rouge au blanc en passant par le vert très rapidement ; en cet instant, ses joues étaient carmines et son timbre tremblant car il avait été maladroit. Encore une fois. Il se confondit en excuses et quand bien même il évitait jusque-là le regard de Shun par embarras, force était de constater du coin de l'œil que ce dernier faisait la même chose. Cela apaisa le pâtissier mais seulement un court moment : l’instant suivant il sursauta presque.
« O-Oh non, ce n’est que j’ai plus peur de l’un ou de l’autre c’est, euh… C’est que généralement, ça se passe comme ça… Me faire taper, je veux dire. » Son sourire devint navré. « Non pas que je demande à quelqu’un de faire semblant d’être mon partenaire de vie tous les quatre matins. C’est même la première fois. Pas de quoi en être fier, je sais ! »
Après avoir ri de lui-même, le rouquin plaça divers ingrédients tout près de son interlocuteur. Il donna les instructions à l’autre homme pour réaliser un sablé : 120 grammes de beurre, 80 de sucre glace, 200 de farine, 30 de poudre d’amande, 1 oeuf et une pincée de sel. Ensuite, il n’avait plus qu’à mettre dans le batteur à feuille juste derrière lui ; pas besoin de mélanger lui-même. Du même temps, Lys s’occupa de sa propre préparation.
« Moi aussi, j’ai eu pas mal de relations qui n’ont pas duré longtemps. Quand j’étais jeune, je pensais que le fait d’aimer les hommes et les femmes ferait que je ne serai jamais seul, j’étais naïf. Enfin… J’ai eu quelques relations sérieuses aussi. Lina n’en faisait pas partie. C’était une relation d’intérêt. » Il haussa les épaules. « Ma relation qui m’a fait le plus mal, c’est quand je me suis fait larguer par mon premier vrai petit copain. Il voulait adopter et moi je venais juste d’entrer dans un étoilé, j’étais jeune et absolument pas prêt à être père. Il n’a pas voulu m’attendre. Ça a été dur. Mais maintenant, mon cœur libre est à prendre, et j’attends la bonne personne… C’est un peu cul-cul, j’imagine ? »
Tout en discutant, le chevalier mélangeait farines et levures au gramme près, de même que pour l’huile, les œufs et même du colorant, son regard plus concentré que jamais avec ces étoiles inextinguibles dans le fond de ses iris bleus. Les mesures étaient ancrées dans sa mémoire.
« M-Mon âme ? » bégaya-t-il sous la surprise. « Tu peux sentir que je suis une proie, évidemment que je tremble. Je n’ai aucune idée de quel type de prédateur tu es, tu pourrais être un lion comme un Terre-neuve… »
Son rire était nerveux. Il se crut sauvé par le gong des minuteries qui venaient de se déclencher l’une après l’autre. Il put en profiter pour demander à Shun de commencer à couper 300 grammes de fraises en petits morceaux et sortit les plaques du four. Mais son invité surprise n’avait pas dit son dernier mot et poursuivait de tenter de deviner quel type d’Anima son hôte était.
« P-Petit, oui, en effet… » finit-il enfin par avouer, avant d’ajouter en bombant exagérément le torse, « Et mignon, si je puis me permettre ! »
Il vint en renfort de Shun pour découper les fraises. Il découpait avec une justesse aussi déconcertante que sa vitesse.
« Je veux indice, moi aussi ! Dans quelle catégorie d’animal se range ton âme ? »
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Mer 14 Juin - 13:43
. . . . .
N'étant pas un grand cuisinier, pour ne pas dire un inadapté de la cuisine, il avait du mal à comprendre la joie et l'énergie que cela pouvait procurer à Lys. A croire que cuisiner pouvait détendre la proie, contrairement à lui qui trouvait ça ennuyeux au possible. Pourtant, la suite de la conversation allait tourner vers quelque chose d'un peu plus triste que prévu. Lys était bavard lui aussi, beaucoup plus depuis qu'il était chez lui et avouer qu'il s'était déjà fait « battre » ça avait surpris Shun. Au moins, cela contrastait avec le silence du brun.
Il n'avait pas su comment réagir face à cette information, ça restait personnel et le reptile n'avait pas envie d'en demander plus. Il en avait déjà beaucoup demandé à venir chez lui pour prendre un repas gratuit. Au fil de la discussion, il comprenait que le petit rouquin n'avait pas forcément été plus chanceux que lui en amour et qu'on avait même abusé de sa confiance. Etrangement, ça ne l'étonnait pas. Il avait l'air beaucoup trop ouvert et sympathique, forcément que ça allait lui retomber sur le coin du nez.
Lina et un autre homme. Rien n'avait réussi à le rendre vraiment heureux, même s'il arborait toujours un beau sourire. Shun qui était resté jusqu'à là silencieux avait fini par lâcher :
« Non … C'est pas vraiment cul-cul … Au moins tu sais ce que tu veux. »
Chose qui n'était pas son cas. Il était tellement perdu qu'il avait juste fait une croix sur les relations amoureuses. Evidemment il faisait le show derrière son pc et il savait qu'un bon nombre de fans auraient aimés le connaître et plus si affinités. Mais fier de son anonymat, il avait toujours mis une distance entre ses fans et lui, même s'il n'avait pas à avoir honte de son physique bien au contraire.
Pendant qu'il écoutait, le brun se battait avec les ingrédients. Peser les ingrédients n'étaient pas un problème même s'il faisait ça de façon un peu malpropre. Par contre, casser un œuf, ça avait été une épreuve. Il avait néanmoins réussi à le casser mais se lava les mains avant de retirer les quelques morceaux de coquilles qui avaient décidés de se joindre à la mixture.
Il passa néanmoins aux fraises qu'il coupa sans trop de mal mais pas dans une rapidité qui concurrence les chefs cuisiniers. Il releva ses yeux vers Lys avant de pouffer légèrement de rire :
« Si j'étais un lion et que tu étais une souris, tu ferais un très maigre repas. Mais à nous deux, on aurait été les protagonistes d'un conte. »
Lys n'avait pas contredit le fait qu'il pourrait être un type de souris. Un rongeur peut-être, encore devait-il chercher quel type de rongeur il pourrait être. La couleur des cheveux n'avaient pas forcément quelque chose à voir avec l'anima, il pourrait même s'agir d'une teinture mais des rongeurs roux, il n'y en avait pas des tonnes. Encore moins des « mignons ».
« … Écureuil ? »
Il avait dit ça un peu au hasard, espérant que la chance soit de son coté. Quand on lui avait demandé un indice, il afficha son premier vrai sourire, qui se voulait taquin :
« Catégorie reptile. »
Bien sûr, il se passa de dire que les vipères péliades avaient toujours l'air en colère à cause de la couleur et de la forme de leurs écailles. Beaucoup de gens n'aimaient pas les serpents et les proies encore moins.
« C'est pour ça que tu es autant stressé. » conclu le brun avant de le voir couper les fraises avec une précision frisant la perfection. « … Et j'suppose que si t'es un écureuil, ça explique pourquoi tu stockes autant de boisson dans tes frigos. »
Il bu justement le coca qu'il s'était pris avant de soupirer d'aise. Même s'il ne faisait pas extrêmement chaud comme en été, il adorait ce genre de boisson. L'intérieur de cet appartement était d'ailleurs parfait à ses yeux pour un reptile : Une bonne température même si ça manquait un peu d'humidité à son goût.
Il se relava les mains, tâchées de fraises et retourna à sa place.
« Je me demande ce qui aura le meilleur goût entre le fraisier et toi. » plaisanta le reptile avant de préciser qu'il s'agissait bien d'une plaisanterie.
« Sans rire, t'es un peu inconscient de laisser un inconnu rentrer chez toi en tant que proie... Enfin bref, y a quoi à faire d'autres ? Faut monter le gâteau ou le laisser refroidir ? Ca fonctionne comment ? »
Le rouquin souriait, plus par sympathie que par sadisme, en observant Shun se débattre pour bien faire les choses. Il trouvait cela mignon. Lys n’était pas du genre à s’énerver et vouloir que les choses soient faites à la perfection en dehors de son travail. Comme il l’avait dit plus tôt, il le prenait comme une activité familiale bien qu’il la pratiquait avec un parfait inconnu. C’était si risible que cela le faisait davantage sourire. Son rire en devint flûté.
« Est-ce qu’il s’agit d’un conte où la souris tente de faire à manger au lion, mais finie dévorée à la place ? Si une telle fable n’existe pas déjà, prions pour qu’elle ne se crée pas aujourd’hui. »
Tout en parlant, le pâtissier commença à nettoyer le plan de travail. C’était indispensable pour faire une bonne cuisine. Il était de très bonne humeur : son enthousiasme pouvait se sentir dans ses mouvements dynamiques. Tout d’un coup, alors qu’il reposait la poubelle de table sur le comptoir, Lys s’étouffa avec sa salive. Il pivota rapidement sur ses talons pour tousser dans son coude. Quelle sensation désagréable ! Il se tourna de nouveau vers Shun en grimaçant. Sa voix encore troublée par sa presque asphyxie, il s’étonna :
« C-Comment tu as pu trouver aussi facilement ?! »
Quand soudain, son visage s’illumina de nouveau. Tout sourire, une pointe d'espièglerie sur les lèvres et une joie authentique dans le regard.
« C’est parce que tu trouves les écureuils mignons ? » Il ricana. « Moi aussi ? » Aussitôt il balaya rapidement ses mains devant lui. « Ne t’énerve pas ! C’est plus fort que moi ! »
Fuyant la situation qu’il avait lui-même créée, le pâtissier se réfugia dans sa recette en attrapant une casserole dans le placard bas. Nonobstant la sensibilité du sujet, il ne pouvait pas s’empêcher de taquiner le prédateur. Le pâtissier n’était toutefois pas doté d’un fort esprit de survie, en attestaient les circonstances actuelles. Tout en versant divers ingrédients avec les fraises coupées sur le feu, le rouquin gonfla une joue, faisant mine d’être vexé.
« Mon frigo et mon âme n’ont rien à voir ! » Il sourit de nouveau. « Mais oui, c’est un peu stressant d’être la cible de n’importe quelle personne aimant la viande. J’ai travaillé dans la caserne une fois, je te raconte pas l’angoisse au quotidien. »
Tout en remuant, il marmonnait :
« Un reptile… Mh… » Il leva les yeux au plafond. « Il n’y a pas tant de types de reptiles que ça… Lézard, serpent… » Il se raidit tout d’un coup en pivotant très lentement son visage effrayé vers Shun. « Crocodile ?... »
Rien qu’en pensant à leurs rangées de dents, il en tremblait.
« Mince, j’ai envie de dire que j’aurais meilleur goût, mais je suis coincé entre mon égo, mon instinct de survie et ma fierté de cuisinier… » Il changea de sujet un bref instant. « Tu peux remuer le temps que je prépare la mousseline ? »
Il s'exécuta aussitôt, esquissant quelques pas de côté pour rejoindre son espace de travail. Il sortit une autre casserole et un énième saladier dans lequel il plongea du beurre avant de le mettre au batteur. Il revint sur l’autre préparation à faire du même temps qu’il répondit en haussant les épaules :
« Il y a des proies qui font du mal aux autres, et des prédateurs adorables. » Comme son patron Jayson, qu’il l’imaginait difficilement manger une taupe ou un oiseau. « Et si jamais tu balances mon adresse à un stalker, je connais des gens à la milice. » Il offrit un grand sourire candide à son interlocuteur. « Bref, je ne vais pas m’empêcher de vivre comme j’en ai envie ! C’est aussi comme ça qu’on fait des belles rencontres, tu ne crois pas ? Ou tu vas me dire que tu regrettes d’être ici avec moi ? »
Lys espérait de tout coeur que l’autre homme ne dise pas « oui », il le vivrait très mal. Mais il aurait oublié le lendemain. Probablement. Il vint se positionner à côté de lui une nouvelle fois pour déposer l’autre casserole sur les plaques.
« Eh bien, il ne reste plus grand chose à faire. Une fois que ce que tu mélanges sera refroidi, expliqua-t-il en éteignant le feu, il ne manquera plus qu’à ajouter 45 millilitres de grand marnier, mélanger, et le mettre dans les moules que tu vois à côté de toi. » Il secoua son contenant. « Il faut que je mette ça au frais une fois fini, aussi. Et après, il n’y aura plus que le montage. »
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Ven 16 Juin - 20:58
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« De toute façon, tu n'as pas à t'inquiéter, je ne suis pas un lion et à en juger par ta réaction, tu n'es pas une souris non plus. »
Il avait fini par sourire plus franchement en voyant le rouquin manquer de s'étouffer. Il se demandait encore comment il avait réussi à mentir à Lina, Lys n'était pas franchement doué pour cacher ses émotions. Lorsqu'il lui demanda si les écureuils étaient mignons, il détourna le regard en levant les épaules.
« … C'est mignon les écureuils oui. »
Un compliment caché derrière une flatterie sur l'espèce de Lys ? Peut-être. Il se souvenait surtout que la dernière fois qu'il avait croisé un écureuil, il s'était un peu trop lâché et avait flirté avec avant de se rendre compte que ce n'était pas ce qu'il voulait. Comme bien souvent, il avait fini par le fuir et ne pas reprendre contact avec lui. Depuis, il évite d'être trop naturel pour ne pas devoir fuir quelqu'un d'autre.
Il ne savait pas où cette histoire avec Lys allait le mener, peut-être qu'ils ne se reverraient plus dès demain. Après tout, ils auront honorés chacun leur petit marché. Loin de lui l'idée de comparé l'écureuil doré qu'il avait connu avec Lys. Lui et le petit écureuil roux n'avait pas du tout le même caractère. Mais cet anima lui avait rappelé à quel point il pouvait être lâche. Le déni le rattrapait toujours.
« Dis-toi qu'au moins, tout le monde pourra te dire que tu es à croquer, dans tous les sens du - … Enfin, dans le sens où ils pourraient te bouffer. »
Non, il n'allait pas lui dire frontalement qu'il avait une belle gueule, il ne manquerait plus que ça. Lys était mignon et il le savait, inutile de gonfler son égo inutilement n'est-ce-pas ?
Il secoua la tête avant de pouffer de rire :
« Wow. J'aurai aimé être un crocodile juste pour pouvoir observer cette tête un peu plus. » Il continua et s'expliqua : « Serpent. Une vipère. T'apprendras à tes dépens que ça me va plutôt bien. »
Sans attendre, il prit la relève et commença à remuer la mixture d'un geste un peu maladroit. Mais au moins, rien ne tombait du récipient. Il grimaça en entendant le mot '' prédateur adorable ''. Qu'est-ce qu'un prédateur adorable à ses yeux ? Une sorte de … Labrador ? Ou … Un carnivore avec une bonne bouille ? Il n 'arrivait franchement pas à imaginer ce qu'avait le rouquin en tête.
En entendant cette histoire de stalker, il l'imita et offrit un sourire faussement candide qui avait plus l'air effrayant qu'autre chose :
« Je connais peut-être des gens de la mafia ~ »
Il en était lui même un membre à part entière. Toujours derrière ses écrans, à l'abri des regards mais présent. Après cette mauvaise blague, il releva son nez vers Lys qui quémandait presque une tape sur le tête. Il se demandait comment une proie pouvait autant réclamer l'attention d'un possible prédateur comme lui. Mais ça avait quelque chose d'un peu mignon dans le fond.
« Hein ? ... » Après une hésitation, il lui tourna le dos, continuant de remuer. « On verra ! Si le gâteau est bon ! »
Forcément, c'était son seul échappatoire. Il n'avait pas envie d'être trop taquin à Lys parce qu'il avait l'impression que celui-ci serait beaucoup trop réceptif. Il savait par la suite que la fuite serait sa seule option et les deux seraient blessés.
Ne t'attaches pas.
« Je crois que ça a bien refroidis là. » dit-il avant de reposer doucement la spatule.
Ca voulait dire qu'ils allaient devoir attendre un bon bout de temps avant que le tout soit préparé. Etant un peu trop proche du petit écureuil, il décida d'aller s'asseoir sur le canapé. Il attrapa la tablette à sa portée avant de la montrer au propriétaire :
« Si t'as du porno dessus, t'as quatre secondes pour m'arrêter. » dit-il, le doigt sur le bouton DEVEROUILLER.
« Un...Deux. Quatre. » dit-il en trichant avant d'allumer celle-ci.
Shun révéla trouver les écureuils mignons et Lys n’y voyait aucun double sens : c’était une vérité universelle. Lui-même trouvait certains prédateurs mignons. De loin. Ou en photo. Il pouffa telle une jouvencelle lorsque son invité surprise lui affirma qu’il était à croquer, avant de pâlir et se raidir soudainement lorsque le brun parut le dire au premier degré.
« J’aurais préféré que ce soit au sens figuré… » avoua-t-il d’une voix tremblante en soupirant.
L’idée d’être dévoré vivant n’était pas des plus ragoûtantes. Et le pâtissier allait vite découvrir que Shun était en capacité de ne faire qu’une bouchée de lui, imaginant qu’il soit une vipère plus imposante que ce qu’il n’était en réalité.
« Je sais pas si c’est mieux qu’un crocodile… » répondit-il tout de go. Il haussa les épaules. « Selon la taille c’est adorable, mais ça reste flippant pour moi quoi qu’il arrive. »
Vu sa taille à lui tout prédateur l’était, de toute façon. Cela ne l’empêchait pas de rire en réaction aux paroles de son interlocuteur du même temps qu’il plaçait son ultime préparation au congélateur.
« Ca veut dire quoi, que ça te va bien à mes dépens ? » Il fit mine d’être triste, mais le chevalier n’était pas bon acteur. « Tu vas être cruel avec moi ? Médire sur moi sur les réseaux sociaux ? » Passant du coq à l’âne il ajouta : « Tu peux aller te poser, je vais nettoyer et monter le dessert. »
Ce qu’il commença aussitôt en débarrassant les divers ustensiles dans son lave-vaisselle, rangeant les ingrédients secs dans les placards et les frais dans le réfrigérateur. Du coin de l'œil, Lys devina Shun s’asseoir sur le canapé. Il ne dit rien lorsqu’il le vit attraper la tablette. Au lieu de quoi il sortit deux assiettes. Il ricana.
« Quatre secondes écourtées c’est plus rapide que mon temps de réaction. » Tout en sortant un nouveau couteau et s’emparant d’une des plaques, il renchérit en raillant : « Avec le streaming, qui stocke du porno de nos jours ? Je serais bien curieux de regarder ton portable, tiens… »
Lorsque l’invité surprise déverrouilla la tablette il tomba naturellement sur la dernière application ouverte. Il s’agissait d’un roman à l’eau de rose dont les personnages principaux étaient deux hommes. De toute évidence, l’écureuil s’était arrêté juste avant un passage tumultueux dont les mots présageaient une description sans équivoque et non une ellipse.
« Par contre, ne va pas sur mon Twitturtle, tu risques de ne pas aimer. »
Il y suivait beaucoup d’artistes de tous poils : photographes, modèles, illustrateurs et illustratrices, … Dont certains étaient plus suggestifs que d’autres. Ceci étant dit, le plus osé devait être un homme en tenue de maid érotique toutefois non pornographique. Il y avait d’autres applications ouvertes en arrière-plan sur la tablette. Un ancien live en pause de KumaReo, un explorateur de fichiers sur des photos et son Hamstagram où il n’y avait que de la nourriture dans son feed. Son fond d’écran était un selfie de lui enlaçant sa cousine, Alexis, et un autre garçon blond juste à côté, Caspian.
« J’ai presque fini ! » s’exclama joyeusement Lys après une quinzaine de minutes passées.
Il était plutôt confiant : il y avait peu de sucre dans ce dessert, ce qui ne le rendait pas écœurant. Quelques morceaux de shiso avaient été glissés entre les amandes effilées pour ramener un goût mentholé, légèrement anisé, afin de casser le gras du fraisier. Il y avait également plusieurs textures : du moelleux, du croquant, du gélatineux fondant sur la langue. Le rouge brillant de la sphère suscitait l’appétit tout autant que les décors apportant une gourmandise visuelle ; et gustative. Le pâtissier posa une petite fraise sur le confit étalé en spirale, contre la bande craquante de glaçage carmin.
« Et voilà ! » s’enjailla Lys en poussant l’assiette plus proche du bord. « Oh, une cuillère. » marmonna-t-il en fouillant dans un tiroir. « Hop ! »
Il irradiait de bonheur. Sans aucun doute, le rouquin adorait cuisiner pour les autres.
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Mer 21 Juin - 23:17
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Voir que Lys pouvait trouver un serpent adorable le surprenait. Le pauvre rongeur était sûrement la proie favorite d'un bon nombre de prédateur et dans un sens, le serpent n'était probablement pas le plus à craindre. Par contre, il n'était pas du genre à médire sur les autres sur ses réseaux sociaux. Déjà parce qu'il a une image de marque à tenir et qu'il était du genre à vivre sa petite vie tranquillement. La vie des autres et les dramas en tout genre ne l'intéressait pas.
Avant que la tablette ne se débloque, le brun tourna la tête vers Lys, une légère moue contrite sur le visage. Il ne stockait rien sur son téléphone, ni-même sur ordinateur. En ce qui concerne les contenus pour adulte, il était trop parano et passait toujours par un VPN. Difficile de savoir ce qu'il pouvait bien regarder dans ces moments là.
Lorsque ses yeux tombèrent sur le contenus de la tablette, le hacker avait pris quelques rougeurs. Il était tombé sur certains mots et avaient bien compris de quoi retournait le paragraphe en entier. Sans compter qu'il s'agissait bien évidemment de deux hommes, il n'aurait probablement pas autant été touché si ça avait été un passage hétérosexuel. Ce genre de chose le renvoyait toujours à son déni qu'il portait sur ses épaules depuis plusieurs années déjà.
« Hm c'est déjà pas mal à mon goût là et j'suis même pas sur ton Twitturtle ... »
Curieux malgré tout et voyant que Lys était occupé, il s'aventura sur celui-ci. Les images défilaient sur ses yeux. S'il n'avait pas eu de doute sur l'orientation de Lys, il était impossible d'avoir des doutes avec ce qu'il voyait. Malgré tout, il retrouvait un certain goût pour l'esthétisme que lui n'avait pas. Lui, ce qu'il trouvait beau et satisfaisant, c'était de voir que son code était propre et que ses magouilles fonctionnaient. Quel plaisir aujourd'hui de pénétrer la tablette de quelqu'un sans avoir à hack. C'était toujours un plaisir malsain de découvrir la vie des autres rien qu'en accédant à leurs réseaux sociaux ou leurs PC.
La suite l'avait néanmoins fait pâlir. KumaReo. Il fixa la rediffusion du live, la gorge nouée avant de voir le pseudo de Lys. Il avait beaucoup de followers et lui-même avouait que c'était triste à dire mais on se rappelle d'avantage de ceux qui payent, qui mettent leurs messages en avant. Et ce pseudonyme lui disait franchement quelque chose. En quelques clics, il remarqua bien vite qu'il n'était pas simplement un followers mais aussi un subscriber.
Bordel, il fallait que je tombe sur un fan ?! SERIEUX ?
Mais visiblement, son micro devait un peu changer sa voix si l'écureuil ne l'a pas reconnu. Ca l'arrange. Puis il joue tout de même un sacré rôle derrière son écran, il est bien plus enjoué qu'au naturel pour plaire à l'audimat. A ses yeux, si Lys n'avait rien dit c'est qu'il ne l'avait pas reconnu et qu'il était sauvé.
Il survola les photos de nourriture de Lys qui éveillait encore plus son appétit avant de fermer tout ça, tombant sur le fond d'écran. Il lâcha un petit « Oh ! » avant de se tourner vers Lys, pointant du doigt Caspian.
« Je le connais, le Fennec ! »
Quelque part, ça le rassurait un peu de voir un visage connu. La chose un peu moins rassurante c'est que Caspian était lui aussi un fan de KumaReo. Lui non plus n'avait apparemment pas reconnu le Vtuber. Shun n'avait aucune envie de perdre son anonymat et d'expliquer que oui, c'était bien lui et … Et quoi d'autres ? Il ne s'était jamais heurter à des fans dans la vraie vie. Il ne saurait pas quoi leurs dire. Il était juste un modèle 2D qui joue la plupart du temps, parle et essaye de faire passer un bon moment à tout le monde. Il ne changeait pas des vies et ne les sauvait pas non plus.
Heureusement, il put sortir de ses pensées grâce au gâteau qu'on lui présenta sous le nez. Ses yeux papillonnaient devant celui-ci et son estomac s'éveillait petit à petit.
« … C'est un vrai ? … Il ressemble pas aux fraisiers des supermarché ... »
C'était beaucoup trop travaillé et Shun n'avait pas l'habitude de ce genre de présentation. Pourtant, il prit la cuillère, hésitant même à plonger celle-ci dedans. C'était comme gâcher toute la présentation.
« … »
Il reposa la cuillère, attrapa son téléphone et fit une photo du fraisier. Jamais il ne pourrait refaire une telle merveille mais il pourrait toujours essayer en Live de faire de la cuisine. Après avoir pris la photo, il se décida enfin à plonger sa cuillère et à la porter à sa bouche. Il resta silencieux quelques instants avant de se tourner vers Lys. Son estomac était conquis et il avait des paillettes dans les yeux en dehors du reste de son visage qui restait relativement neutre.
« C'est trop bon. »
Il reprit une autre cuillère avant de sourire.
« Ca n'a rien à voir avec les fraisiers que je me payais … Genre, c'est doux mais sucré et … Les fraises apportent tellement de frais. »
Il finit par prendre une autre bouchée, marmonnant un :
« Ouais c'pas mal ! »
Mais le petit ramequin avait été terminé très très vite au final, même s'il avait fait de son mieux pour le déguster. Finalement, il était plus calme et son estomac tapissé de sucre.
« Comment tu connais Caspian ? »
Il espérait que celui-ci ne lui dise pas qu'ils échangeaient des vidéos de KumaReo ou quelque chose comme ça.
Ses épaules tressaillèrent d’un rire nerveux ; par réflexe Lys stoppa ses mouvements pour dresser correctement son dessert. Il avait oublié le roman qu’il était en train de lire en ce moment. Il s’était endormi dessus la veille alors il n’était plus sûr du passage ouvert sur la tablette. La réaction de Shun n’était pas furibonde ou dégoûtée aussi le rouquin se persuada qu’il le taquinait juste.
« Le fennec ? Caspian ? » s’étonna-t-il sans pour autant s’interrompre dans son travail. Il y avait plus important pour le moment, aussi l’écureuil mit de côté cette discussion afin de recentrer le moment sur le fraisier qu’il offrait à son invité surprise. Rayonnant, son sourire se serait étendu jusqu’à ses oreilles s’il avait pu. Ses joues étaient légèrement rosies. Une certaine fierté se dégageait de son attitude mais pas de celles tenant de l’ego : il était fier de pouvoir partager quelque chose qu’il aimait, de donner un peu de bonheur et il espérait, d’émotion. Il pouffa à la réaction de son interlocuteur et lui répondit pendant qu’il prenait sa photo :
« Ceux d’un supermarché sont très gras et un peu clichés en apparence. Visuellement celui-ci se rapproche de ce que tu peux trouver en pâtisserie, on en est pas encore à de l’étoilé, mais j’ai fait plus simple pour que tu ne poireautes pas des heures. Au niveau du goût on devrait se rapprocher d’un restaurant de luxe par contre. » Saisissant la deuxième assiette, il l’invita à déguster d’un signe du menton tout en ajoutant « Je t’en prie, vas-y. »
Le rouquin surveillait Shun du coin de l'œil. Son plaisir était le sien : Lys resplendit encore plus de joie.
« Ravi que ça te plaise. » Un rictus enjoué s’empara de lui pendant qu’il montait un second fraisier. « Tu veux emporter celui-là pour chez toi ? Je te le mets dans une boîte si tu veux. »
Il finirait au frigo autrement. Il espérait que Shun accepte : cela donnerait une excuse supplémentaire pour le revoir, de vouloir récupérer cette boîte. De temps en temps, le chevalier levait les yeux lorsqu’il parlait avec son invité. Sa mine réjouie était figée maintenant que le sujet revint sur Caspian.
« Tu te rappelles, tout à l’heure j’ai dis que j’avais travaillé à la caserne ? Je l’ai rencontré là-bas. » Il passa un coup de torchon sur l’assiette tout juste terminée, par réflexe. « Entre deux restaurants j’ai été employé par la la cantine de la milice. Comme tu peux t’en douter… eh bien, disons qu’il y a de gros prédateurs un peu agressifs, et d’autres plus sournois. Après avoir sympathisé avec Caspian il m’a souvent invité aux soirées de la milice. » Il rit. « Je le collais tout le temps, je n’étais pas rassuré. »
Lys en avait enfin fini de ranger et nettoyer sa cuisine. Il s’appuya sur son comptoir propre, les coudes sur la surface et les mains jointes.
« Il est en collocation avec ma cousine, la fille sur la photo. C’est moi qui les ai mis en relation, c’est dire la question que je lui accorde ! »
Il se gaussa encore avant de lever sa main pour poser sa joue contre sa paume. L’air malicieux, il dévisagea Shun.
« Alors ? J’ai mérité ton numéro ? » Son sourire s’étira. « Je te dois encore une faveur, après tout. Mais si tu veux encore que ce soit à manger, ça ne compte pas. Je te ferai un plat la prochaine fois. Et toutes les fois suivantes si tu veux. » Un rire léger, encore. « J’aime cuisiner pour les autres, si ça ne se voit pas. »
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Dim 25 Juin - 14:39
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« Oui et ils sont sucrés mais … Pas de cette façon là. Je suppose que le gras endigue le goût d'une mauvaise manière … Alors que là, c'est vraiment agréable en bouche. » dit-il honnêtement.
Et son regard s'était immédiatement tourné vers le second fraisier. Mécaniquement, il avait hoché la tête comme si le choix était évident. Bien sûr qu'il voulait aussi celui-là. Il avait goûté au luxe aujourd'hui et il n'était pas prêt de l'oublier. Pourtant, ce n'était pas les moyens qui lui manquait. Mine de rien, il gagnait bien sa vie. Seulement, il se voyait mal aller dans un restaurant gastronomique. Seul ? Et puis il savait que dans ce genre de milieu, ça parlait très vite. De toute façon avec son style vestimentaire, on ne le laisserait pas rentrer. Il faudrait qu'il se prenne un bon costume.
Alors qu'ici, il en avait eu un sans avoir à faire quoi que ce soit. Enfin, tout de même, il avait fait en sorte que Lys ne se tape pas la honte.
Lorsque vient l'histoire de la caserne, Shun resta silencieux avant de finir par pouffer de rire.
« Désolé...haha... C'est juste que le seul que je connais et qui travaille là-bas, c'est Caspian, un tout petit Fennec alors ça m'a fait rire quand tu as parlé de gros prédateurs agressifs. »
Mais pour un écureuil, plus ou moins tous les animaux sont un danger. Il comprenait donc pourquoi il avait du quitter la caserne avec le recul. Tout en terminant son fraisier, il approuva :
« Caspian a l'air d'être quelqu'un de bien. » dit-il simplement.
Il savait que leur amitié ne tenait que sur le fait que le milicien n'était pas au courant pour son petit travail caché avec la mafia. Mais il ne comptait révéler ça à personne, pas plus que son job de Vtuber même si celui-ci n'était pas un travail condamnable.
« Heh … Mon numéro ? »
Il fixa Lys, se demandant s'il allait encore devoir jouer la comédie pour lui. Jusqu'où aller durer ce faux couple ? Puis il se ravisa : Non c'est fini, c'était juste une fois pas vrai? Ca ne lui coûtait rien de donner son numéro, surtout s'il finissait par lui offrir des petits plats.
« Ok hm ... »
Il attrapa la tablette et nota sur un bloc-notes vierge son numéro. Appâter Shun avec de la nourriture de luxe fonctionnait plutôt bien au final.
« Si … Ca se voit. T'étais plus détendu pendant que tu cuisinais … Et tu fais que sourire aussi. »
Il lui rendit la tablette avant de préciser :
« T'es pas un genre de creep hein ? Tu vas pas essayer de m'engager pour que je joue la comédie avec ton ex ou m'envoyer des messages à des heures pas possible de la journée ? »
Oui de la journée, vu qu'il travaillait principalement la nuit. D'ailleurs, il ne tarderait pas à partir, il avait un peu de route à faire avant de pouvoir rentrer chez lui. Ensuite, il faudra qu'il démarre son live !
