cela faisait longtemps qu’elle n’était pas venue se joindre aux manifestants, défilant dans les rues d’ithloreas. pancartes à la main, chants révolutionnaires scandés à droite et à gauche, parfois accompagnés d’une sono tirée par des calèches pour ajouter un peu d’ambiance. Alexis se trouve au centre du cortège. elle n’aime pas être à la tête, trop dangereux en cas de débordement. le fond de la manifestation est souvent encadré de milicien, et si alexis avait l’habitude de rester près d’eux, rassurée par la présence des forces de l’ordre, aujourd’hui ce n’était plus le cas. il n’y avait bien qu’en caspian qu’elle se sentait encore vraiment en confiance. parce qu’entre son statut de proie, son âme indécelable et les tensions entre leur maison… alexis préférait ne pas prendre de risque.
en parlant de son âme, la hérissonne s’était habituée à être désormais toute transparente. si isolée cela la dérangeait toujours de sentir la peur et le doute dans les yeux de ses interlocuteurs, dans une foule comme celle-ci, c’était un avantage. alexis n’avait pas à se soucier des prédateurs ou des inconvénients à être née proie dans notre société actuelle. elle pouvait enfin sortir sans craindre de discrimination et sans avoir peur au détour d’une ruelle.
alexis avançait tranquillement dans le cortège, accompagnée de deux amis de sa fac qui avait réussit à la motiver. prise dans les échéances de ses concours, elle avait eu du mal à se concentrer sur autre chose que sa réussite. mais aujourd’hui, comme pour s'octroyer une pause, elle avait bien voulu venir. il y a des causes qui en valaient la peine.
“oh. attendez, je reviens, je viens d'apercevoir quelqu’un.”
signe de tête entendu à ses deux camarades, alexis se faufile dans la foule pour rejoindre la personne qu’elle vient de voir. elle est étonnée de la croiser ici, cette grande dame aux allures imposantes qu’on ne peut manquer: rose caruso. il semblerait que même les diplomates de la maison du souffle et des cendres étaient légitimes à manifester.
“bonjour madame caruso !” la petite voix s’élève du mieux qu’elle peut pour se faire entendre au milieu du brouhaha de la manifestation. “vous allez bien ? ça fait longtemps !”
alexis tout sourire, toute contente de croiser rose, mais un peu intimidée aussi. le statut de diplomate de l’éléphant était toujours impressionnant. mais malgré la timidité d’alexis, elle était physiquement rassurée d’être à ses côtés. là, il ne pouvait vraiment plus rien lui arriver, qu’importe ce qu'il pouvait se passer.
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Alexis Ross
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Mar 9 Mai - 23:36
FIGHT FOR A CAUSEFT. ALEXIS
La discrimination, Rose ne la connaît pas. Jadis, des insultes empoisonnant une cour de récré, lancées par des enfants dont les parents encouragent la férocité, un épisode rapidement réglé par les poings d’un éléphanteau enthousiaste. Les années passent et animal comme humaine, âme et corps enflent à vue d’oeil jusqu’à ce que les prédateurs les plus teigneux baissent les yeux devant sa stature inégalable.
S’ils la prennent de haut, elle salive à l’idée de leur tordre un bras toujours plus gringalet que le sien, ou de voir leur gueule aux crocs acérés former une grimace tandis qu’elle leur fait goûter à ses défenses, à la douloureuse agonie sous sa patte.
Son idée de justice serait de les piétiner un à un plutôt que piétiner les pavés. Sa vie ainsi régie, elle ne marche pas par conviction mais pour représenter le gouvernement dans cette lutte, l'air digne et impliqué, les bâillements difficiles à réprimer. Elle ne peut même pas foudroyer du regard les mines réprobatrices des opposants à la cause, évidents sur les trottoirs.
C’est une petite voix qui la tire de son ennui. Alexis, une simple stagiaire l’année dernière, victime récente de nombreux malheurs, chacun la propulsant plus haut sur la liste de Rose. L’adrénaline pulse maintenant dans ses veines, la réveille au milieu du cortège de somnanbules : c’est une opportunité en or de la voir ici. Bien qu’elle ait parfaitement revêtu son rôle de mentor, les occasions d’approfondir cette confiance ne se présentent pas si souvent et Rose a soif d’informations non divulguées. Elle esquisse un sourire qu’elle espère ne suinte pas son triomphe.
« Mademoiselle Ross, » la salue-t-elle. Elle ralentit pour marcher à la même cadence que sa protégée. « Ça me fait plaisir de vous voir. Je suis venue montrer mon soutien. » Elle désigne de la tête le cirque autour d’elles. Malgré la présence immédiate d’une sono, noyant leur conversation à ceux qui les entourent, elle adoucit la voix.
« J’ai appris que vous aviez souffert de nouvelles difficultés depuis l’attentat. Est-ce que vous allez bien ? » demande-t-elle, modelant des traits soucieux. Ce n’est pas dur : elle l’aime bien, cet hérisson, une fille intelligente et attachante, qui gonfle son égo à chaque expression admirative et sourire rassuré. Rose carre d’autant plus ses épaules, elles qui peuvent porter tant de choses, y compris les plus inavouables des secrets.
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Alexis Ross
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Dim 14 Mai - 14:17
fight for a cause (mardi 5 mai 2099 x lunapolis)
elle a une petite appréhension dans le ventre, un nœud insidieux dans l’estomac. à la fois rassurée et intimidée par la présence de la diplomate. alexis se demande si elle a bien fait de venir l’aborder. elle a peur de déranger, peur d’être de trop, peur d’être ridicule. elle ne perd cependant pas son sourire, réellement contente de l'apercevoir. elle ne veut simplement pas l'incommoder.
mais le soupçon d’angoisse disparaît devant le sourire de l’éléphante. alexis est heureuse de procurer un tel sentiment rayonnant à quelqu’un qu’elle admire. peut-être a-t-elle sa place à ses côtés, finalement ? peut-être est-elle légitime de venir l’aborder.
“moi de même. c’est chouette de vous croiser ici.”
alexis croit en la démocratie. alexis croit en le gouvernement. alexis croit en sa maison. alors quand elle voit les articles qui défilent accusant la maison du souffle et des cendres, mais surtout mr. thornes, de profiter des inégalités et de ne pas participer à la cause, ça lui brise un peu le cœur. alors voir la présence de mme caruso ici, voir une représentante du gouvernement dans une telle manifestation, ça fait plaisir.
“je vais bien, merci. je profite d’une pause dans mes révisions, cela faisait longtemps que je n’étais pas venue manifester.” elle rit doucement. “mon concours est dans 4 semaines, début juin, j’ai hâte que ce soit fini.”
elle est si proche du but. si proche de son rêve. elle a hâte que ce soit fini, mais elle a peur aussi. peur d’échouer, peur de douter, peur d’avancer. la sono est assez forte alors alexis se rapproche de rose pour continuer d’entendre la conversation distinctement. alexis affiche un sourire gêné à la mention des fameuses difficultés, avant de hocher doucement la tête.
“en effet… j’ai été suivie par le centre de recherche alors je suppose que vous êtes au courant.” heureusement qu’apollo était là. le nouveau directeur du centre à été d’une grande aide. “pas d’amélioration depuis février. je ne sais pas quand ça reviendra et si ça reviendra un jour. je sais que les scientifiques y travaillent pour le moment, mais le centre à été très bouleversée depuis ce qu’il est passé avec le docteur harken… forcément, cela met du temps.”
elle pousse un soupir. ça la pèse plus qu’elle ne veut bien le montrer.
“mais bon ! je suis toujours hérissonne, je peux toujours me transformer et mon instinct est intact. finalement pour moi, ça ne change pas grand chose, alors ça va !”
elle se veut rassurante mais le regard des autres est difficile. la sensation d’être une intruse, d’être différente, d’être bizarre. refusée à l’entrée de certains temples, regardée de travers dans les rues, le jugement et l’incompréhension dans les prunelles des passants… elle s’est habituée au bout de trois mois, mais il y a des jours plus durs que d’autres.
néanmoins, alexis n’arrête pas de sourire.
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Alexis Ross
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Ven 26 Mai - 20:27
FIGHT FOR A CAUSEFT. ALEXIS
Ça ne lui déplaît pas d’être regardée ainsi. Elle aime cette sensation d’importance, aime qu’on reconnaisse sa force de caractère comme la force de ses bras. Elle en rayonnerait de fierté, mais tire les rideaux sur cette lumière qui dénoterait dans sa façade modeste.
Les concours, la fac. Tout ça remonte à loin. À l’époque, Rose baignait dans l’euphorie de l’ascension de Melissandre au titre de Maîtresse, frénétique à l’idée de prouver ses compétences. Elle s’acharnait à être première sur tous les tableaux, usait jusqu’à la moindre seconde nocturne accordée par son modique besoin de sommeil que ses camarades lui jalousaient férocement.
« Début juin, c’est très proche. J’ai été à votre place, je sais à quel point c’est un moment angoissant ; mais je suis persuadée que vous réussirez haut la main. Vous avez toutes les qualités requises et vous travaillez très dur. » Elle serre brièvement l’épaule frêle d’Alexis s’étant rapprochée — un geste de soutien qu’elle ne laisse pas s’attarder.
Les déboires racontés peignent dans son esprit une fresque pitoyable. Cette épaule qu’elle vient d’effleurer n’a pas l’air équipée pour endosser de tels effrois. Rose ne peut la nier, la bizarrerie de cette conversation sans la connexion spirituelle qui les unit tous, sans la présence d’une âme à ses côtés, comme si elle se frottait à l’invisible.
Elle ne permet pas à ces pensées de luire dans ses yeux. « Je vois. Je suis navrée d’apprendre que le Centre n’a pas encore trouvé de solution. » Elle baisse la tête pour souligner sa peine, la ride du lion qui la guette apparaît bien visible. « Vous êtes une femme très forte. Je n’imagine pas à quel point cette situation doit vous peser. Je n’ai pas de doute que vous arriverez à surmonter ce passage obscur, mais sachez que vous avez en moi une amie. Vous n’avez pas besoin de sauver la face avec moi. »
Rose offre un sourire attristé puis continue, tous ses sens aux aguets d’une réaction : « J’ai confiance dans les scientifiques du Centre, malgré les récentes complications. Je sais que le Gouverneur met tout en oeuvre pour rétablir l’harmonie. »
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Alexis Ross
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Lun 5 Juin - 11:11
fight for a cause (mardi 5 mai 2099 x lunapolis)
oui, c’est proche. cela fait quelques jours qu’alexis se répète chaque soir avant de s’endormir combien de jour il reste. un peu plus d’un mois. un mois. un peu moins d’un mois. quatres semaines… le temps file à une vitesse et l’arrivée est si proche et pourtant, ça l’angoisse plus que cela ne la rassure. la dernière ligne droite est terrifiante. il ne faut rien lâcher.
ça la rassure d’être comprise, ça la rassure que mme. caruso ne minimise pas son ressenti. tous ses amis lui disent de ne pas angoisser, que ça va aller. ils veulent bien faire, mais alexis, elle voudrait parfois juste avoir une épaule sur laquelle se reposer, une oreille à qui murmurer toute son anxiété.
“oui, c’est vraiment compliqué. parfois je me dis que ça va être impossible et que je ne vais pas y arriver… j’ai beau avoir toujours eu des bons résultats, je ne peux pas m’empêcher de douter et.. c’est lourd. c’est aussi pour cela que j’ai vraiment hâte de la fin. mais je sais qu’il faut que je reste concentrée jusqu’au bout et que… ça ira.”
oh, oui. par sainte haklyone. faites que tout aille bien.
alexis se redresse un peu parce que le compliment la touche. ça fait du bien de l’entendre, d’entendre qu’on est forte, qu’on est courageuse. il y a cette sororité étrange, impalpable mais existante, qui flotte tout autour, dans cette chahut organisé qui vient manifester dans ce petit défilé. ça lui fait plaisir.
“merci beaucoup.”
ça lui redonne le sourire.
et puis et puis. la conversation glisse sur obéhus thornes. alexis hoche la tête par réflexe mais pour la première fois peut-être, son coeur lui souffle autre chose. obéhus, elle l’a vu à l’archange, le 24 octobre. obéhus, elle l’a vu couteau sous la gorge à cause du culte de la mort. il y a le fameux dossier qui est revenu sur les lèvres de charley au bal masqué. il y a la lettre qu’elle a reçue, austère et menaçante, pour lui intimer le silence.
alexis ne sait pas quoi en penser. elle qui a juré de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
“madame caruso… je peux vous poser une question ? pourquoi est-ce que vous êtes devenue diplomate ? comment est-ce que vous avez trouvé votre voie ?”
la question est sincère et ça se sent dans la pointe de curiosité qui illumine le regard d’alexis. mais à la mention d’obéhus, malgré l'acquiescement, son visage s’est assombrit doucement. si elle demande cela, ce n’est pas non plus totalement innocent.
