haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Impossible words // PV: Loren



 
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Impossible words // PV: Loren
Jayson Wymer
Maison des Roses et de l'Ombre
Jayson Wymer
Feat : Impossible words // PV: Loren  Tumblr_ob3rgg1TcM1r94bydo1_400
Âme : Bullmastif
Métier : Gérant de salon de thé / Streamer
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Lun 17 Avr - 11:22
_ Maman ne te fait pas honte, parfois ?

Jayson a dix ans, lorsqu’il marche à côté de son père, en direction de la galerie. Sa mère les devance. Elle est petite. Mais prend toute la place. Ses épais cheveux bruns sont attachés en une coiffe complexe, tenue en équilibre précaire par de nombreuses épingles, toutes décorées de perles, qui tintent, dès qu’elle bouge la tête. Une ombrelle sur son épaule, elle la fait tournoyer entre ses doigts. Elle fredonne, les yeux, sont ailleurs que sur le chemin qu’elle remonte : ils sont levés vers le ciel.

Son père, les mains dans le dos, la contemple lorsqu’elle avance. Funambule, équilibriste, entre le monde réel, tel qu’il est, et le monde, tel qu’elle le voit.

_ Honte ? Son père laisse répète ces mots, avec lenteur, et laisse planer un silence. Et cette absence de mots, la coupure de cet échange, fait comprendre à Jayson, que ces mots sont graves.

_ As-tu honte, Jayson ? Ou des gens, t-ont ils fait ressentir ça ? Demande son père.

Jayson baisse la tête. Il se sent coupable. Et son père, prend tendrement sa main dans la sienne.

_ Il n’y a pas de honte, à vivre dans son monde. Voir ta mère heureuse, vivre avec elle, dans son univers, me fait plaisir. Car ta mère permet à toustes, d’être ce qu’iels ont envie d’être, comme elle s’autorise à vivre comme elle l’entend. Elle ne nuit à personne : tout ce qu’elle fait, c’est qu’elle bouleverse les codes, qu’elle surprend, qu’elle fait réfléchir, qu’elle embrasse sa différence, qu’elle aime ce qu’elle est et tout ce qui l’entoure. Alors oui, cela attire parfois les regards, parfois, les moqueries mais… Ce prix à payer est bien moindre comparé au plaisir d’être libre !

Jayson raffermit l’emprise de sa main, sur celle de son père. Et son père baisse les yeux vers lui, pour le dévisager. Un sourire étire les lèvres de l’homme, qui, finalement, tapote tendrement la tête de son fils.

_ Tu comprendras en grandissant, Jayson. Mais s’il y a bien une chose que tu dois retenir, c’est que le ridicule ne tue pas. Les moqueries, elles par contre, peuvent faire beaucoup de mal…

Et son père prend sa main, il accélère le pas pour rattraper son épouse, à qui il offre son bras. Elle s’y accroche, sourit et repose tendrement sa tête contre son épaule, la famille chemine paisiblement et Jayson, écoute les gazouillements de sa mère, jusqu’à ce qu’elle se penche, pour lui sourire.

_ N’aie jamais honte d’être ce que tu es.

Elle glisse un index devant ses lèvres et lui offre un clin d’oeil malicieux.

Pourquoi est-ce qu’il pense à ça, des décennies plus tard ?

Pourquoi est-ce qu’il y pense maintenant ?

Car Jayson est devant la galerie de ses parents. Car il a, entre ses doigts, pour la première fois depuis très longtemps, la clef des champs, la clef des montagnes et des océans. La clef pour s’échapper, se retrouver, renouer, avec tout ce qui lui a été arraché. Ses parents, ses racines, leurs enseignements, retrouver, tout ce que Agnès lui avait volé.

Elle l’a brisé. Elle l’a humilié. La honte, elle lui en a injectée, par des regards mauvais, des mots perçants, des gestes blessants, elle a semé sa haine, qui a suppuré, souillé, son essence.

Cela fait quelques temps maintenant, qu’il se reconstruit, qu’il s’interroge, qu’il se découvre, loin de son prisme, loin de ces maléfices, au travers du miasme de son mépris. Qu’il trouve, qu’il n’est peut-être pas si nul, pas si lâche, pas si mal.

Jayson raffermit l’emprise sur la clef, où pendouille un simple porte-clef en bois, une baudroie qui mord sa propre lumière et dont les yeux étincellent, lorsqu’on appuie sur la nageoire. Jayson entre la clef dans la porte, ouvre la galerie et pénètre à l’intérieur. Les murs sont vierges, mais Jayson n’est pas venu seul.

Il tire une petite charrette, où se trouvent de nombreuses toiles, protégées d’un tissu épais. Il le retire d’un geste de la main, dévoilant les tableaux grandioses, les fresques immenses, où s’étirent, paysages merveilleux.

L’océan noie une toile, sous l’assaut de ses vagues dantesques, comme mille gueules emplies d’épines, l’écume blanche émerge en dents saillantes, pour engloutir un vaisseau - le navire, brave, défie le monstre de sa proue où se dresse une femme au poing levé. Les voiles gonflées sous l’assaut du vent, sa coque tranche l’eau, et il se cabre, tel un étalon, prêt à déchirer la vague qui le menace. Sous la surface obscure, dansent créatures serpentesques, dont les arabesques ondulantes, s’effacent. Ce tableau, fait bien plusieurs mètres de long et Jayson gratte l’arrière de sa tête, il se dit, qu’il aurait dû prévoir, qu’il aurait dû penser, qu’il aurait…

La culpabilité, Jayson s’en débarrasse d’un battement de paupières, ce n’est pas sur ça qu’il faut se concentrer. L’homme fait un pas en avant, en dehors de la galerie, il regarde la rue de part et d’autre, jusqu’à interpeler un jeune homme, d’un geste de la main.

_ Veuillez m’excuser, est-ce que vous auriez quelques minutes à m’accorder ? Je voudrais accrocher un tableau dans la galerie mais je manque d’une paire de mains !

Jayson sourit, passe une main gênée, dans ses cheveux.

Il ne faut pas avoir honte.

Il ne faut pas avoir honte, de ne pas être le plus fort sur terre, de ne pas être capable, de tout porter à bout de bras, d’avoir besoin d’un coup de main.

Et finalement, il se sent même fier, d’oser demander.

Car ça, il ne l’aurait pas fait, il y a de cela quelques années.
Jayson Wymer
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Mar 25 Avr - 11:53
loren&jayson
Can't remember What I used to fight for I rewind thе tape, but all it does is pause On thе very moment all was lost Sending signals To be double-crossed


Quartier Solstice ••• mars 2099

Cette après midi, le soleil ne laissait de répit que lorsqu'il se faisait avoir par les quelques nuages qui parsemaient le ciel. Et en bas, il y a Loren.

Loren qui se demande pourquoi il n'est pas resté à Ithloréas où la brise marine rend le temps plus clément et où le bruit des vagues suffit à masquer les cris de son coeur qui lui hurlent qu'il n'a pas sa place. Loren qui aurait dû rester à Lunapolis pour se rouler en boule dans son lit plutôt que s'acharner à faire des tours de forêt jusqu'à ce que le soleil se couche pour tenter d'éloigner les insomnies qui le guettent chaque nuit.

Il erre dans les rues de Regalia dans des vêtements qui ne sont pas les siens. Les restes d'une énième soirée passée les pattes mouillées de rosée et de terre, pour se réveiller au pas d'une porte trop éloignée de chez lui pour prétendre pouvoir faire le chemin du retour pour en récupérer. « Tenez, c'était à mon fils. Il ne rentre plus dedans, ça vous ira mieux qu'à lui. » ont été les mots de la petite dame, qui l'a laissé partir en lui souhaitant de faire attention sur le chemin qui le mènerait chez lui.

Mais Loren n'est pas prêt de rentrer, non. Pas quand personne ne l'attend à la maison, que le penthouse est vide à mourir et que le brouhaha de la ville ne suffit plus à apaiser son besoin de s'évader. Après une heure d'errance à tenter de se réveiller le petit loup gris finit par lever les yeux, enfin attentif à l'activité qui commence à grouiller. Il observe les échoppes prendre vie à mesure que les rideaux se lèvent pour découvrir les babioles dispersées dans les vitrines. Il laisse son regard courir et s'attarde dans ce quartier dans lequel il n'a jamais vu les pieds – un vrai citadin perdu dans la province.

Il a même les yeux qui brillent, un peu, quand il tombe sur le vieux tablier d'artiste savamment mis en scène, la poche qui déborde de pinceaux sertis d'encre séchée. Il se penche jusqu'à ce que son front cogne la vitre et se redresse, incapable de détacher les yeux vers les esquisses posées en vrac sur la table de bois vieilli par l'usure.
Peut-être que finalement, Regalia n'était pas si mal. Que celle qu'il avait toujours appelée « la ville des vieux » de façon péjorative n'avait rien à envier à Ithloréas et Lunapolis, qui n'avaient finalement pas plus de mérite à ses yeux que de l'avoir vu grandir.

Il s'arrête devant une porte ouverte, au milieu d'une rue peu animée à cette heure de la journée. Piqué de curiosité, il s'arrête devant à la recherche d'un signe annonciateur mais ne trouve qu'une pièce ouverte complètement vide. Il s'y arrête et regarde autour de lui avant de croiser le regard d'un homme à la carrure imposante, mais de le détourner immédiatement, plus attiré par l'énorme fresque sur laquelle il est penché. Il marque chaque détail d'un coup d'oeil curieux qui lui donne d'un coup l'air plus jeune, malgré les cernes qui creusent ses yeux. Le loup tend le cou par-dessus son épaule avant de réaliser qu'on s'adresse à lui. « Euh, bonjour m'sieur. » parvient-il à balbutier.

Le regard de Loren fait des allers-retours entre la fresque et le bonhomme, comme incapable de détourner les yeux de l'immense toile qui s'étend, là au coin de la rue, alors qu'elle mérite largement d'être accrochée comme pièce maîtresse au-dessus de la cheminée d'une vieille maison de famille. Très loin de l'appartement flambant neuf qu'il a toujours connu. « Ah ! Oui, bien sûr. » Il la verrait bien dans la coque d'un bateau – le sien, lorsqu'il se perdra dans les flots pour s'échapper de cette île. Un rappel qu'il existe malgré tout du beau, par-delà les barrières.

Loren se positionne à l'une des extrémités de la toile, légèrement hésitant – et s'il était responsable de la casse ? méritait-il de poser ses doigts calleux sur un objet aussi délicat ? « Vous êtes peintre, monsieur ? » finit-il par demander, sans parvenir à masquer l'admiration dans son regard voilé par les mèches rebelles qui tombent sur son front.

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Jayson Wymer
Maison des Roses et de l'Ombre
Jayson Wymer
Feat : Impossible words // PV: Loren  Tumblr_ob3rgg1TcM1r94bydo1_400
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Mer 10 Mai - 21:57
C'est un gamin. Cheveux noirs ébouriffés, les prunelles sont farouches, le nez levé, son odeur mêle celle des herbes fraîchement remuées, de l'humidité de la terre et de la rosée, la lessive propre et un peu de poussière, une discrète fragrance prenante et puissante. Le canin reconnaît un cousin et Jayson sourit, avec tendresse.

_ Ah, le tableau vous a tapé dans l'œil ?

Relève-t-il, ses lèvres dévoilant ses dents. Ses propres mains saisissent le bas et le côté du cadre, le bois est épais et d'un poids moyen, c'est surtout que l'œuvre est encombrante.

_ Je ne pensais pas faire appel à un connaisseur. Je peins un peu mais ça, c'est une œuvre de mes parents. Je suis Jayson Wymer. Comment je peux vous appeler ?

Toutes personnes passionnées par l'Art a probablement déjà entendu parler des Wymer. Artistes loufoques mais reconnus, leurs peintures ont même orné les murs de certains temples ou de bâtiments de haute importance. Leur style mêle le réalisme à la fantaisie, des oeuvres immenses dans lesquelles ils glissent détails burlesques ou horrifiants, les scènes sont puissantes. Combats dantesques, scènes homériques, paysages grandioses, ils tirent leur imagination des contes, des légendes, allient la beauté à l'épouvante, la violence à la placidité, le détail à l'immensité.

_ Ah et euh c'est quoi vos pronoms ? Désolé, je commence juste à apprendre ça, c'est mon gosse qui me forme !

Jayson observe le tableau, tourne les yeux vers l'entrée, détaille un instant le jeune homme et lui offre un sourire.

_ Merci de m'aider ! Vous aimez l'art alors ? Vous peignez vous-même ? On peut peut-être se tutoyer si ça te convient ?

Il désigne la galerie d'un geste du pouce.

_ Je voulais emmener le tableau à l'intérieur. Il y a 2 marches à monter puis le sol est plat ! On pourra le poser dans le couloir. Je cherche encore où l'accrocher… Au fait, tu viens du quartier ?

Il n'ose pas lui dire qu'il a les yeux cernés, que ses cheveux sont encore empreints d'humidité. Qu'il sait qu'il a sûrement passé la nuit dehors, est-ce que ce gamin a fugué ? Est-il juste allé se promener ? Malgré lui, il s'inquiète un peu et il espère que tout va bien pour ce garçon. Qu'il n'a pas de soucis à la maison.

Agnès lui a laissé des traces, des cicatrices, une terrible réalisation. Celle que sa propre maison n'est pas toujours un refuge, que les gens qu'on aime, ne sont pas tous bons. Ce n'est pas une question de maladresse ou d'erreurs, non, parfois, certaines personnes font du mal et n'en tirent aucun remord.

Il a eu si peur pour Ashe. Peur qu'il ne finisse à la fosse, peur qu'Agnès ne lui fasse du mal, peur qu'Agnès lui fasse encore pire que ça. C'est la principale raison pour laquelle il a osé lui faire face. Pour le protéger.

Car l'amour, c'est à ça que ça sert, c'est prendre soin de l'autre et l'aider à grandir, ce n'est pas le blesser, ce n'est pas enfermé.

_ Je voulais chercher un endroit où boire un café et grignoter un truc pour le petit-déjeuner, t'as envie d'un truc ?

Jayson a l'habitude de mener les discussions, il est bavard, il aime le contact. Et il compte bien récompenser la gentillesse de ce garçon, par un peu d'argent ou avec de quoi se rassassier. Depuis quelques années, Jayson redécouvre la chance de vivre sans manquer, et se fait un plaisir de le partager.

Manquer, car il a été privé de tant de choses, il sait ce que ça fait, de ne pas avoir, l'argent, la chance, l'amour, la liberté, la reconnaissance, le respect, de quoi boire et manger, de quoi se soigner. Alors Jayson donne, sans compter.
Jayson Wymer
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