haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Seriously Slylish Slaying // PV : Callum



 
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Seriously Slylish Slaying // PV : Callum
Jayson Wymer
Maison des Roses et de l'Ombre
Jayson Wymer
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Jeu 10 Nov - 15:21
Son père traverse la galerie d’un pas assuré.

Sa main refermée sur le pommeau de sa canne, il laisse ses yeux parcourir les tableaux. C’est lors de son deuxième passage qu’il s’arrête, observe l’un d’eux d’un regard dubitatif.
Jayson, du haut de ses 15 ans, ça l’amuse. De le voir déambuler et toujours s’étonner de ce qu’il peut voir.

Les années filent, le temps passe, à vive allure.

Mais maintenant, du haut de ses 50 ans, Jayson n’a plus tant envie de rire.

Depuis combien de temps parcourt-il les rues de Regalia ? Et pourtant, il trébuche toujours sur la même marche. Il s’étonne des boutiques qu’il n’a peut-être jamais vues. Qu’elles soient nouvelles ou anciennes, aucune hypothèse n’est réjouissante : elles témoignent du temps qui passe. De sa mémoire qui déraille, dans un monde en continuel mouvement.

Les gamins deviennent grands, et lui, lui, il a déjà dépassé la moitié de sa vie : il va vieillir, se courber, ses cheveux ont déjà commencé à griser.

Dans le reflet de la vitre, il s’observe d’un œil critique. Sa peau est tannée comme du cuir, la vie l’a frappé de plein fouet, paf, un gros nez en plein milieu du visage, des rides sur le front, pattes d’oie au coin des yeux, des lèvres. Il gratte nerveusement la barbe mal rasée, essaye de remettre en place ses mèches brunes. Au moins, la calvitie, c’est pas pour tout de suite.

Cette pensée lui arrache un petit sourire cynique.  

Jayson essaye, tant bien que mal, de reprendre la forme. Et la tenue qu’il a enfilée pour s’entraîner ne l’aide clairement pas à se sentir à l’aise dans sa peau. Une polaire d’un bleu sombre retombe mollement sur ses épaules solides, la pauvre a été étirée par la succession des machines. Par les poings fourrés dans les poches, qui étirent le vêtement inlassablement. Il faut dire que la coincer dans la poignée des portes n’aide pas non plus.
Un simple t-shirt noir, un pantalon de jogging. Jayson n’est pas très à l’aise avec son embonpoint discret, il le dissimule tant bien que mal par des tenues amples. Ses essais infructueux ont tout sauf l’effet escompté : sa silhouette plutôt carrée perd ses angles et les courbes s’effacent sous les plis des tissus étirés.

Jayson ne s’accorde qu’un regard et grimace. Il préfère lever les yeux, à se lorgner dans la vitre, il va passer pour narcissique : c’est quoi cette boutique ? Styliste ?

Dans son esprit, se ravivent les souvenirs fugaces de quelques vidéos aperçus avec son fils. De ces gens métamorphosés, de ces endroits redécorés. Un signe du destin ? T’es moche, c’est le moment d’y remédier. Car le temps n’épargne rien, personne. Pas son corps, pas l’esprit, pas même les rues.

Est-ce qu’il devrait tenter sa chance ?

Et si ça coûtait cher ? Il peut toujours demander un devis.

_ Combien, pour un ravalement de façade ? Se demande Jayson à voix basse, cherchant les tarifs du regard. Il ne serait pas surpris qu’on le jette dehors dès qu’il aura franchi le seuil mais… Peut-être qu’il peut demander quelques renseignements ?

Jayson s’approche de la porte d’entrée, l’effleure. Son cœur bat, jusqu’au bout de ses doigts. La chaleur monte, soudain, à ses joues. C’est violent, soudain, le souffle lui manque, sa main se rétracte.

Il ne doit pas reculer. Il en a assez de fuir.

Que va-t-on lui dire ? Il craint le jugement, le mépris, les critiques. Les humiliations ont laissé des cicatrices. Les blessures, parfois, s’ouvrent. Quand ce qu’il vit, fait écho au passé. Quand il s’occupe un peu de lui, qu’il est seul avec sa tête, son corps, cette histoire inscrite dans sa chair, dans son être.

Faire table rase du passé. Arracher toutes ces mauvaises graines qu’Agnès a plantées, partir d’un nouveau pied. Vivre, même si c’est à 50 ans qu’il apprend à se découvrir.
Une part en lui veut fuir, retourner à l’abri, entre les murs de son café, à l’abri, sous ses tenues mal repassées. Se cacher sous une apparence peu appréciable, pour que personne n’ait envie de l’approcher. Se dissimuler, pour ne plus encourir le moindre danger. Ne pas prendre le risque de plaire – par peur d’attirer une autre prédatrice, par honte aussi. Car si, malgré tous ses efforts, il restait la cible d’œillades moqueuses ou écoeurées… ?

Une boule dans la gorge.

Une autre part en lui s’embrase, s’enflamme, allez Jayson, ressaisis-toi, tu n’es plus un gamin. La peur du ridicule, ne l’a jamais effrayé, pourquoi changer ? Pour trouver mieux, se sentir mieux dans cette carcasse qu’il doit se traîner. Assumer ses défauts, voire, les aimer un peu.

Enfin, il pousse la porte d’entrée. Elle s’ouvre.

Jayson retient son souffle. Il est trop tard pour faire demi-tour.

_ Herm… Euh… Bonjour… ? Il y a quelqu’un… ?

Le temps n’épargne personne. La roue tourne et Jayson fait un bond en arrière, les années défilent.  

Il redevient l’adolescent complexé qu’il a toujours été.
Jayson Wymer
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Lun 14 Nov - 13:22
Un petit poids se faisait sentir sur ta poitrine. Cela s'agitait et poussait de temps à autres queqlues petits bruits, des petits gazouillis. Aujourd'hui, ton employée n'était pas là, mais vous étiez quand même deux à la tenir ; toi et ton fils, installé dans le porte bébé à ta poitrine.

Caché derrière le comptoir, tu cousais un plaid pour un de tes clients, la tête légérement distraite. Par chance, tes doigts connaissaient le chemin à suivre, sinon, il y aurait des louper, t'obligeant à refaire certains détails. Levant qulques instant ton regard du plaid à moitié fini, tu regardas les passant. Devant la vitrine, une milicienne aux cheveux blanc crémeux passa et tu te laissa porter par l'idée de l'habiller. Tu devinas légérement ses formes et te mis à voir la meilleure tenue pour elle. Mais était-ce vraiment obliger chez elle ? Autant les tenues des miliciens étaient relativement moche et sans goût, autant cette tenue lui allait. Sa stature et sa démarche comblait le manque habituel de goût des miliciens. Sentant un regard vers toi, tu baissas les yeux vers ton fils dans le porte bébé qui semblait te regarder. Roulant les yeux, faussement frustré, tu lui lanças :

- Arrête tes bêtises. elle est trop jeune pour moi. Et puis, mon cœur est déjà pris par maman, ne t'en fais pas. Mais je t'assure qu'on aura une sublime personne à rhabiller. Enfin, autre que le clochard qui vagabonde devant la vitrine.

Entre temps, une personne était venue se regarder dans ta vitrine. S'il espérait être beau, il allait être déçu. Rien dans sa tenue n'allait ou le mettait en valeur. Laissant ton plaid en suspens, tu attendais de voir ce qu'il allait faire. Finalement, tu vis le clodo partir de la vitrine... Pour entrer dans la boutique et demander s'il y avait quelqu'un. Claquant furieusement la langue, tu repliquas :

- Idiot ! Bien sûr que non, il n'y a personne ici.

Te levant, tu te dirigeais vers le visiteur. Clodo, idiot, mal habillé. Tu allais t'amuser !

- Que souhaitez-vous ?

Question simple. Toute personne censé et intelligente devinerait que tu souhaitais savoir ce qu'il voulait comme tenue. Plus tu étais prés de lui, plus tu pouvais déjà voir qu'il disposait de quelques formes. Il allait falloir affiner ses formes avant tout. Déjà, plusieurs tenues se déssinait dans ta tête. Et une chose les reliait toutes; le sombre avec une pointe de rouge !
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Jayson Wymer
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Mer 23 Nov - 18:18
La voix claque dans l’air.

Par réflexe instinctif, Jayson rentre ses mains dans ses poches, sa tête, entre ses épaules. Son cœur s’accélère.

Les claquements de talons d’Agnès sur le plancher. Sa voix qui lui harponne les entrailles, le tire en arrière, le cloue au sol. Jayson n’ose plus bouger, tétanisé, les yeux écarquillés, jusqu’à ce qu’elle saisisse son épaule, plante ses ongles, si fort, si fort qu’il sent leur tranchant dans son derme.

Un battement de paupières, Jayson revient péniblement au présent. Il inspire, profondément, soupire discrètement, bascule son poids d’une jambe, puis l’autre. S’ancrer dans le présent, ne pas partir dans ces reviviscences, ce passé inscrit dans sa peau, cette porte infernale dans son dos, ne demande qu’à s’ouvrir et l’emporter. Au fond d’un tartare dont il s’est depuis longtemps échappé.

Malgré les années, la menace persiste. L’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le fantôme d’Agnès, une furie qu’aucune rémission, qu’aucune punition, ne sont parvenues à combler. Ses marques persistent, dans sa chair et son cœur, la peur revient, c’est une bouffée qui monte dans sa gorge. Brouille sa vue, ses pensées, il doit se rappeler le jour, le mois, l’année. Se remettre dans cette réalité.

Ce n’est pas parce qu’il hausse la voix, qu’il va le frapper.

Instinctivement, les mains de Jayson s’extirpent de ses manches, se réfugient contre son ventre, dans une attitude penaude. La tête légèrement baissée, il n’ose pas immédiatement lever les yeux vers l’inconnu, ne parvient pas encore à lui répondre.
Jusqu’à croiser le regard de l’enfant accroché contre son torse.

Le cinquantenaire cligne des yeux. Il s’adoucit et offre un sourire discret au bébé, le salue d’un petit geste de la main, avant de lever les yeux vers son père.

Jayson fait l’effort de se redresser, malgré la remarque méprisante, il ne veut plus courber l’échine. Il essaye, en tous cas, de se retenir. Il contracte les muscles de son dos, emplit ses poumons d’air. Ses cheveux bruns méchés de gris, ses pommettes et arcades saillantes, le nez déjà dévié de son axe, témoignent d’une histoire trop longue, trop pénible à raconter.

Ses mains, laissent percevoir des cicatrices.

_ Eh bien hm. Avoir des renseignements ?

Glisse Jayson dans une petite moue, levant la main pour la perdre dans ses cheveux sombres. Ses yeux adressent un regard au bébé. Il a travaillé si longtemps en pédiatrie. Et ça lui rappelle Ashe. Son petit garçon. Que dirait-il, s’il le voyait ? Il grognerait probablement de voir son vieux père s’humilier, encore une fois.

Cette constatation ravive une certaine aigreur, qu’il enfonce loin au fond de ses entrailles, de ses viscères, au plus profond de ses enfers.

_ C’est sûr que j’ai pas l’air d’être votre genre de clients.

Cette constatation arrache à Jayson un rictus dévoilant ses dents. L’auto-dérision est sa meilleure arme après tout. Il hausse les épaules.

_ J’y connais rien, et j’sais que ça se voit. J’étais… je sais pas. J’avais envie de tenter le coup. De voir quels conseils vous pourriez me donner, pour être… paraître un peu mieux ? J’ai pas vraiment idée de ce qui pourrait m’aller, de ce qui pourrait hm… Me mettre en valeurs ?

Jayson affiche une moue dubitative et gratte le coin de sa mâchoire.

_ J’ai bien conscience que j’pars avec un sacré handicap, mais si c’est l’argent qui vous inquiète, j’ai de quoi vous payer. J’ai juste envie d’avoir des vêtements qui pourraient me plaire et m’aller. Et c’est pas forcément dans les magasins qu’on trouve des trucs adaptés à toutes les morphologies. J’suis du genre trapu, à part des trucs amples, je sais pas trop quoi mettre.

Jayson fait finalement un pas en arrière, se reculant par prudence, sans pour autant se détourner de l’inconnu.

_ Après, si c’est un défi qui dépasse vos capacités ou votre patience, je ne vais pas m’imposer.

La remarque malicieuse qui franchit ses lèvres le surprend. Ce n’est pas son genre – ça ne l’a pas été pendant 20, 30 ans de sa vie. Car avant de rencontrer Agnès, avant qu’elle ne brise son corps, son esprit, Jayson ne doutait pas tant de lui. Il savait se défendre, sans agressivité, sans violence, avec une bienveillance trempée d’humour, parfois, quelques remarques taquines ou d’autodérision, une pirouette pour retomber sur ses pieds.

Funambule, suspendu au-dessus des abysses, Jayson s’étonne de retrouver son équilibre
.
Il connaît la date, il sait où il se trouve, cette fois, il reste dans le présent. Ses démons ne l’ont pas saisi, il s’en est libéré. Son souffle s’est ralenti, ses yeux reviennent franchement dans les prunelles de l’inconnu en attente de sa réponse.
Jayson Wymer
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Mer 28 Déc - 21:56
Quelqu'un était rentré dans ta boutique, demandant s'il y avait quelqu'un dans la boutique. La porte était ouverte, il y avait la lumière, de l'encens allumé, de l'argent dans la caisse, des vêtements facilement accessible... Bien sûr qu'il n'y avait personne... Idiot. Telle était ta conclusion. Lui disant qu'il n'y avait personne, tu te levas et pris la direction de l'inconnu qui s'était recroquevillé à ton ton de voix.

Idiot, tu n'étais pas quelqu'un de dangereux, tu étais direct, mais animé par ton art, ta joie d'habiller autrui, tu n'allais pas le bouffer. Seulement l'habiller !

Tu observas un léger coup d'œil de sa part vers ton fils, suivis d'un léger signe de la main.

Idiot, tu étais dangereux. Tu étais protecteur, prêt à tuer et saigner s'il présentait le moindre signe d'agression envers ta progéniture, ton précieux trésor.

Sans rien dire, tu le laissais continuer sa tirade. Il semblait aimer parler seul, autant le laisser faire. Il venait t'expliquer qu'il n'était sûrement pas ton style de client.

Ouf, heureusement qu'il était rentré dans ta boutique. Tu ne savais absolument pas ton style de client. Sans lui, peut-être aurais-tu été encore longtemps dans l'ignorance. Mais s'il n'était pas ton style de client, que venait-il faire dans ta boutique ? Et surtout, quel était ton type de clients. Peut-être allait-il te l'expliquer !

"j'y connais rien". Il n'était pas si Idiot au final, lui-même confirmait qu'il ne connaissait rien à ton métier. Cela aurait été tellement bien qu'il termine sur cette phrase, cette vérité. Mais se laissant aller à sa bêtise, il continuait finalement à s'enfoncer comme un grand idiot, t'expliquant qu'il avait de l'argent, mais pas le corps pour s'habiller et de terminer par le fait que c'était peut-être un trop gros défi pour toi. Attendant quelques secondes d'être sûr qu'il se taise, tu vins lui lancer :

- Idiot. Vous avez fini votre jérémiade ? Nul n'est un trop GROS défi pour moi. Tu appuyas sur le gros en t'approchant. Avant tout, déshabillez-vous. Je veux pouvoir mesurer jusqu'à vos bourrelets !

Ta phrase était sur un ton plus doux. Il n'était pas à l'aise avec son corps, mais tu n'allais pas changer tes habitudes pour si peu en lui épargnant le déshabillage.

- Et plus vite, que ça ! Vos vêtements ne vont pas tomber tout seul, surtout que vous portez le pire vêtement possible. Le jogging. Sa seule utilité, c'est de se réchauffer en hiver. Et encore, ça ne brûle pas correctement.


Sortant ton mêtre-ruban, tu croisas les bras, attendant qu'il se déshabille.
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Jayson Wymer
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Ven 17 Fév - 11:07
TW : Mention de violences domestiques, brûlures d'acide/cicatrices, stress post-traumatique

Il y a quelque chose d’Agnès.

Dans l’insulte, dans la critique, dans ce mépris suintant. Jayson s’arrête un instant, c’est comme un sceau d’eau froide à la figure. Ca le prend aux tripes. Ses lèvres se referment, son souffle, s’est bloqué, dans sa cage thoracique. Ses mains usées, abîmées, se joignent contre son ventre, les doigts de l’une protègent les doigts de l’autre.

Face à l’ordre, la chair de poule se dresse sur sa nuque et ses bras, instinctivement, une part en lui veut obéir, elle obéit déjà, descend la fermeture éclair et saisit les pans de sa veste pour légèrement  l’ouvrir. Une autre lutte. Ses muscles sont contractés, il sent les articulations raidies par l’âge et le temps, les souvenirs, qui grippent, chaque geste.

Soumis, face à son autorité. Etre traîné dans la poussière, lécher ses bottes, sentir la pression de son talon sur son dos. Les insultes, les gifles, jusqu’au jet d’acide qui a déformé à jamais son dos. Le plaisir qu’il prenait, piétiné, trahi, l’amour, n’est plus, son corps, détruit, sa tête, en vrac, sa vie pillée, les années volées, les espoirs et les désirs, cassés.

Il y a quelque chose d’Agnès, dans les intonations de cet homme, dans les mots qu’il choisit, dans son regard qu’il n’ose à présent plus affronter. Son cœur bat avec force, dans ses oreilles, il garde la nuque courbée cette fois, clébard, le chien garde toujours la queue entre les jambes.

Il a honte de baisser la tête. Il a honte de ne plus rien dire, de seulement sentir ce cœur affolé, les pensées, s’enfuir avant qu’il ne puisse les attraper : plus aucun mot ne se dépose sur ses lèvres. Il a honte de ce corps qu’il déteste et des cicatrices qui le traversent de part en part.

Il ne se sent pas bien, pas assez pour se dévêtir, depuis une dizaine, une quinzaine d’années, non, depuis bien plus longtemps encore, il n’ose plus enlever son haut pour aller sur la plage. Son corps est un champ de guerre. Il porte les marques de ses défaites.

Ses mains couvertes de cornes sont creusées par les marques de mâchoires plantées dans sa chair, crevassées de crochets qui les ont transpercées. Lorsqu’il retire la veste, il découvre ses bras épais, sa peau tannée, zébrée de cicatrices, estafilades qui remontent le long de ses avant-bras. Jayson a le regard ailleurs, ses yeux restent baissés, braqués dans un coin sombre de la pièce. La veste, il ne sait pas où la poser, la laisse tomber à terre. Ses mains saisissent le bas de son t-shirt en coton, le geste est maladroit, aller-retour, alterne quelques secondes, entre le tirer et le lever, jusqu’à le retirer.

Il dévoile son léger embonpoint, les marques sur son bas ventre, les griffures sur son torse couvert d’une tonsure noire. Ses épaules ont été mordues, et son dos, ce qu’il en reste, est une vision à peine supportable. La peau est liquéfiée, fondue à même la chair par endroits, trouée ici et là, plusieurs greffes de peau, patchwork de teints variés, ont tant bien que mal tenté de le soigner, sans tout effacer.

Son corps tremble. Jayson  ne supporte pas ce qu’il voit. Sa main récupère la veste au sol, la remonte contre son ventre, l’autre main se lève, se place devant son visage. Se protéger d’un coup, d’un regard. Il recule d’un pas, offre au mur, la vision de son corps déchiré, les bras rapprochés, il se cache, du mieux qu’il peut.

C’est son choix, après tout, non ? Assume-le, s’ordonne-t-il. Sa main, péniblement, arrive à lâcher la veste qui tombe au sol, mais celle devant son visage refuse de s’écarter.  Il se sent comme ailleurs, dans le brouillard, la bouche pâteuse, il déglutit péniblement sa salive, cette épreuve, c’est terrible. Combien d’années s’est-il lavé au gant de toilette, zone par zone, pour ne pas avoir à se dénuder ? Il n’arrive pas encore à retirer son bas, non, c’est trop intime, il n’en est pas capable.

Si le jogging ne brûle pas correctement,  ce n’est pas pareil pour sa peau. L’acide a giclé ici et là, sur ses épaules, ses flancs, le creux de ses reins, les greffes, ont été prises sur la peau de ses cuisses, de ses fesses. Pendant longtemps, son corps n’a pas supporté le contact de nombreux tissus, son corps le lançait à chaque mouvement, le frottement des matières, contre la chair, les irritations, les sueurs, l’impression que sa peau est couverte de braises.

Jayson a récupéré de nouveau son t-shirt, l’a réenfilé en secouant la tête.

_ C’est une mauvaise idée, c’est trop tôt, je n’aurais pas dû faire ça.

Il récupère la veste, qu’il enfile sur ses épaules, la tête toujours baissée.

_ Je ne veux pas vous faire perdre de temps. Je reviendrai quand, quand, dès que je… que ça sera… mieux guéri tout ça…

Ca faisait un peu plus de 10 ans maintenant. Mais sa peau fait encore mal, parfois. Mais il a peur, encore, parfois, souvent. C’est idiot – il est idiot, il le sait.

_ En fait, c’est peut-être pour moi, que c’était un gros défi, soupire t il en enfilant sa veste et en préférant la refermer, Un trop gros défi. Désolé. Je… J’suis désolé.

Jayson Wymer
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