le monde est à nous (mercredi 08 octobre 2098 x au renard rouge)
en service depuis 13h, eliott commence à fatiguer alors que le soleil vient à peine de se coucher. lui qui d’habitude commence à travailler en fin d’après-midi mais fait la fermeture du bar, cela fait un peu plus d’une semaine que son patron a changé ses horaires. si eliott à toujours préféré vivre la nuit, et que finir à 2h du matin ne lui a jamais posé soucis, il doit bien avouer que cela lui fait du bien de finir tôt. c’est rare, pour lui, d’avoir ses soirées de disponibles.
alors pour une fois, eliott, il hâte de quitter le taff. les mains mouillées par l’eau de la vaisselle ou la mousse des bières, le voilà à remplir pintes après pintes pour les clients de plus en plus nombreux maintenant que la nuit est tombée. sur une table, seule, pas si loin de lui, il y a une silhouette bien connue qui l’observe, qui l'attend. alors eliott, ayant fini de servir les trois verres qu’on vient de lui commander, s’empresse de les déposer sur son plateau pour les amener à la table des nouveaux arrivants. sur le chemin, il passe furtivement derrière la jeune femme, lui murmurant dans le creu de l’oreille.
“je finis mon service dans 25mn, madame l’espionne.”
le sourire ensuite sur le visage, mais pas celui qu’on lui connaît. là, pour alysse, c’était un véritable sourir, sincère du plus profond de son cœur. les verres déposés et encaissés, eliott regagne son comptoir pour continuer son boulot, sous l’oeil attentif du varan de komodo qui a décidé de venir l’espionner pour vérifier qu’il ne faisait pas de conneries. mais eliott, au boulot, est impeccable. et alysse n’aura pas grand chose à se mettre sous la dent ni à raconter à celian, pour le moment.
et puis 20h sonne, et eliott gagne la réserve pour récupérer sa veste en jean. ça y est, il est libre, enfin. la journée fut longue, mais l’excitation de la soirée qu’il a avec alysse en perspective lui fait tenir le coup. alors, au lieu de quitter le bar comme il le ferait habituellement pour rentrer chez lui, le félin vient s’installer en face de la tatoueuse, le sourire aux lèvres, ramenant 2 pintes de bières au passage.
“et me voilà enfin ! putain, la journée fut longue… surtout surveillé comme ça, ça me rappelle des mauvais souvenirs !”
il lui fait un clin d’oeil, rieur. depuis combien de temps eliott arrive-t-il à faire des blagues sur son séjour en prison ? pas tellement longtemps. mais ça va bientôt faire un an qu’il est libre, et il s’agirait de passer à autre chose.
“tiens, c’est moi qui offre, miss. alors, quoi d’neuf ?” il trinque avec alysse, il est joyeux, eliott, ce soir. il a envie de sortir, de boire, de passer du temps avec sa meilleure amie et d’oublier un peu le monde. “tu veux rester aussi ou tu voudras qu’on bouge?”
il ne serait pas contre partir un peu d’ici, puisqu'il y passe sa vie.
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Eliott Fauvel
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Jeu 3 Nov - 16:35
Le monde est à nous
Viens on s'pose toi et moi. On parle d'tout mais surtout d'rien. on refait l'monde ou on le détruit en un claquement de doigt.
T'es pas du genre à prévenir quand tu débarques voir tes frangins, que ce soit à l'ACE ou au Renard Rouge. Même si tu n'es pas conviée, tu te fais une place. Tu fermes ton shop quand tu n'as plus de clients et tu t'armes d'un pull de saison pour aller rejoindre Eliott. Pour une fois le froid ne te gênes pas, même les gens chiants dans la navette en direction de Lunapolis ne te tapent pas sur les nerfs.
Quand tu entres dans le bar, celui-ci est calme, il n'est pas encore très tard mais le Renard Rouge n'a pas la réputation d'être un bar très agité. Pour une fois, tu apprécies cette ambiance plus détendue, même si tu as un penchant pour les bars où le chaos règne, plus fun à tes yeux. Tu te poses dans la salle, près d'une fenêtre pour pouvoir fumer sans emmerder trop de gens autour de toi.
Ton regard balaies la salle et s'arrête sur une tête châtain que tu connais bien, le Chat serveur s'active à prendre les commandes et les déposer sur les tables dans une danse chorégraphiée au millimètre près. Tu l'observes de loin mais aussi le reste de la salle, tu es contente qu'il ne fasse pas de conneries et soit bien au taff -bien que tu n'ais jamais douté de la véracité de ses paroles-. Tu viens juste t'assurer que personne ne vient l'emmerder ou le replonger dans toutes les magouilles qui l'ont conduit tout droit en prison. Mais s'il te demandes, ce sera simplement une visite de courtoisie. Car tu es au moins aussi fière que le Chant et Os bien que tu as su mettre plusieurs fois ta fierté depuis les évènements catastrophiques de la crypte.
Il tourne la tête, tu ne sais pas s'il t'a vu, alors dans une tentative enfantine de te planquer, tu attrapes la carte des cocktails et vient cacher ton visage derrière. C'était sans compter sur ta chevelure, reconnaissable à dix kilomètres à la ronde, ton paquet de clopes de ta marque préférée, posé sur la table et ta façon nonchalante de t'asseoir. Finalement, une moue déçue traverse ton visage quand la voix d'Eliott vient résonner derrière toi, pile dans ton oreille.
« 25 minutes ?! »
Tu ne cherches même pas à nier que tu l'espionnais. Ta réponse transpire que tu n'es pas patiente mais pas au point de faire faire un abandon de poste à ton meilleur ami. Tu le regardes repartir, un sourire que tu n'avais pas vu depuis longtemps illuminant son visage. Inconsciemment, tu esquisses un sourire également. Parce qu'un sourire en appel un autre. Parce que tu n'as pas vu le Chat sourire comme ça depuis bien trop longtemps.
Pour patienter, tu ouvres ton paquet de clope et dévisage au loin un client assis en face du comptoir du bar qui avait décidé de pourrir le service des serveurs de ce soir jusqu'à ce qu'il se décide à rester plus calme. Ce n'est que l'arrivée d'Eliott qui te fait détourner le regard, à tes côtés dès 20h00 pile, bien plus ponctuel que tu ne pourras jamais l'être.
Tu pousses de la main tout ton bordel accumulé en quelques minutes sur la table pour le laisser déposer les deux pintes non sans un rire au fait qu'il se sentait observer... Comme pendant ses six longs mois de prison. Tu trouves que ça lui va bien à Eliott, de rire de cet épisode malheureux, comme ils l'ont toujours fait dans leurs vies quand quelque chose n'allait pas. Comme quand ils rient sur l'absence de leurs pères respectifs dans leurs vies.
« Eliott, je respecte vraiment le taff que tu fais. Tu vois, ça ferait longtemps que j'aurais casser le verre du sale type derrière toi sur sa gueule s'il m'avait parlé comme ça. Je tiendrais pas une demi-heure en tant que serveuse sans me faire virer. M'enfin, j'espère que tu vas t'habituer à te faire surveiller parce que c'est pas la dernière fois que je foutrais les pieds ici. Celian a le droit au même traitement avec l'ACE. »
Tu lui tires la langue en réponse à son clin d'œil et tire le verre de bière vers toi tout en lui tendant de l'autre main son paquet de cigarettes ouvertes, ton briquet étant à porter de mains.
« Merci Eliott, à vrai dire, pendant 25 minutes j'ai hésité à commander le cocktail le plus compliqué de la carte, juste avant la fin de ton service en précisant que je voulais que soit toi qui le fasses. Puis je me suis ravisée. Tu lis dans mes pensées et tu me remercies pour les conneries que je fais pas maintenant ? Tu veux une clope au fait ? »
Un jour, tu te battras pour ne plus être addicte à cette merde qui noircit tes poumons mais adoucie tellement ton âme. Pour le moment, chaque jour, tu te dis qu'une dose de plus de ce doux poison ne changera rien à ce futur combat. Ambidextre, ça ne t'empêches pas de lever ta pinte pour trinquer à Eliott et son sourire d'imbécile heureux quand tu es arrivée.
« Santé Chat ! Oh, tu sais, pas grand chose. Quoi que. J'ai un client qui m'en a fait une belle aujourd'hui, il m'a demandé dans combien de temps son tatouage allait s'effacer après la fin de séance... »
Tu prends une gorgée de ta pinte offerte en levant les yeux au ciel, croisant tes jambes sous la table pour pouvoir te rapprocher un peu plus du Chat, à cette heure-ci le bar commençait à se remplir doucement, devenant difficile pour les deux Animas de s'entendre correctement.
« Ah et j'ai découvert que la coloc Caspian était Alexis, la petite miss qui jouait dans l'équipe d'en face au camping si tu te souviens. On a fait quelques soirées ensembles, c'était cool. D'ailleurs, quand est-ce qu'on s'en fait une avec Celian, ça commence à faire longtemps. J'vous invite chez moi cette fois. »
Eliott, c'est un peu comme un frangin que tu vois pas souvent. C'est pas parce que tu le vois pas que tu ne l'aimes plus. Et quand tu le retrouves, t'as toujours beaucoup trop de choses à raconter, alors les informations fusent dans tous les sens. Tu n'as rien à lui cacher.
« Et toi ? J'vois que tu te tiens à carreau, c'est déjà ça. » Tu le taquines, ça te fais rire. « On finit nos pintes et on sort ? Ca doit te faire chier de rester ici après ton service, cet endroit est presque trop chiant pour nous en plus, pas vrai ? »
Sortir, traîner dans les rues accompagner d'Eliott, comme quand ils étaient plus jeunes, sans un Lens en poche. Ca n'avait jamais été ennuyant en sa compagnie. Et ça ne le sera jamais tout court. Avec le Chat, il n'y avait pas besoin d'une activité en particulier pour apprécier leur amitié. Se balader, se chamailler, voler une ou deux échoppes pour manger et récupérer son souffle après avoir couru en mangeant ce qui a été volé, les yeux fixés sur le coucher de soleil. Recommencer le lendemain. En toute simplicité, sans prise de tête.
le monde est à nous (mercredi 08 octobre 2098 x au renard rouge)
les épaules viennent se détendre alors que le cliquetis des verres qui s'entrechoquent retentit. il peut enfin souffler, eliott. ça fait sept heure qu’il bosse. il a eu trente-minutes de pause vers seize heure, avant de démarrer le rush de la soirée. être d’après-midi, ça a ses avantages, mais ce qui est certain, c’est que c’est sacrément éreintant. alors il profite d’être confortablement assis dans sa chaise en bois noirs, aux côtés d’alysse, pour souffler un peu.
“je sais, alysse. tu arrives à être plus impatiente que celian quand tu t’y mets. ça m’a toujours beaucoup impressionné.” qu’il vient murmurer un peu taquin. “merci pour la clope.” qu’il vient récupérer entre ses doigts fins. “hahaha ! tu aurais dû, je t’aurai fais le meilleur cocktail que tu n’as jamais bu… mais je te l’aurai facturé deux fois plus cher en guise de punition pour tentative de me faire perdre mon temps.”
il ricane, tire une latte. lui qui avait besoin de se détendre, la nicotine qui vient chatouiller ses poumons tombe à point nommé. ça le calme instantanément. eliott, des addictions, il en aura toute sa vie, il le sait. et la clope, c’est peut-être ce qu’il y a de moins pire pour lui.
“c’est quand que t’arrête de fumer, miss ?”
le sourire un peu taquin toujours aux lèvres pour une petite piqûre de rappel. elle lui renverra la balle, il le sait. et il se fera un plaisir de lui rétorquer: moi ? jamais.
“ah oui, je vois qu’il y en a qui ne sont pas des lumières.” il éclate de rire en écoutant l'anecdote d’alysse. “et tu lui as répondu quoi ?” il sait qu’elle a toujours la remarque cinglante qu’il faut. “ah, ouais, je crois que je m’en souviens…”
il observe alysse un instant. il sait qu’elle et le milicien son proche, mais elle en parle tout de même rarement. plus que ça, elle sait pertinemment qu’eliott n’en avait pas grand chose à faire de leur adversaire au camping.
“avec plaisir pour la soirée ! ton appartement à babel me rappelle de jolis souvenirs.” à l’aube de la jeunesse. quand il se croyait encore au sommet du monde. “moi ? ça va. je t’avoue que ce taff commence à me saouler un peu. j’ai envie de changement mais j’ai pas encore vraiment cherché…” et il n’a pas tellement envie de retomber dans des sales affaires. ce job au renard rouge, c’est un peu la certitude d’une vie honnête. et eliott, il a peur de ce qui arrivera s’il démissionne. “je suis super chaud. en plus la capitale c’est sympa pour faire la fête.”
et ça fait longtemps, eliott, qu’il n’a pas été de l’autre côté du comptoir. alors oui, malgré la fatigue, la perspective de vibrer au rythme de la musique, de voir les lumières mirobolantes de la capitale en pleine effervescence, et de rire à gorge déployée, un verre à la main, avec sa compagne du soir, ça le botte bien. alors ils discutent encore un peu, finissent leur pintes en quelques gorgés et c’est déjà l’heure de décaler. eliott, il a la dalle. il est vingt heure trente et il n’a rien bouffé depuis ce midi, puisqu’il travaillait. il irai bien emmener alysse manger un truc.
“oh, miss. t’as mangé ou pas ? vu que ça fait un moment que tu m’espionnes je suppose que non. moi je crève la dalle, je t’invite ?”
ils sont enfin dehors, et le froid de l’automne vient frapper son visage. il aime bien ce temps, eliott. l’automne, c’est sa saison préférée. les feuilles mortes qui tombent sur le sol et l’odeur de la forêt. il écrase sa clope contre le rebord d’une poubelle avant de la jeter. avant, il l’aurait simplement laissé traîner sur le trottoir, mais c’est la dragonne à côté de lui qui lui a fait perdre sa mauvaise habitude.
“bon alors, elle fait quoi dans la vie, cette alexis ?” qu’il vient murmurer, l’air innocent mais le regard sûr de lui. il y a quelque chose dans la voix d’alysse, quelque chose d’un peu différent. “sinon... tu me demandais ce qu'il y avait de neuf tout à l'heure... j'ai recroisé quelqu'un. une vieille connaissance dont je ne vous ai probablement jamais parlé. je lui ai donné ton numéro, il cherche à se faire tatouer. j'ai dis que t'étais la meilleure tatoueuse de toute l'île.”
et puis, machinalement, alors qu’alysse et eliott marchent tranquillement dans les rues bondées de la capitale, le félin vient passer son bras autour de sa nuque pour la raméner contre lui. bras dessus, bras dessous, comme au bon vieux temps. et il l'emmène se remplir la panse dans la nuit agitée de lunapolis.
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Jeu 10 Nov - 0:31
Le monde est à nous
Viens on s'pose toi et moi. On parle d'tout mais surtout d'rien. on refait l'monde ou on le détruit en un claquement de doigt.
La présence du troisième chevalier de l'apocalypse du trio infernal t'avais manqué. Son humour sarcastique. Son air taquin qui ne semble pas quitter son regard quand il est de bonne humeur. Et un rire qui contagieux malgré qu'il ait l'air fatigué de sa journée. Tout ce qui fait qu'Eliott, l'éternel grand frère du groupe, est Eliott. Refermant ton paquet de cigarettes une fois qu'il s'est servit, tu allumes sa clope et sa sienne avec ton vieux briquet qui peine à s'allumer du premier coup, manquant de te péter un ongle.
« Je suis impatiente que quand on nous manque de respect. » C'est faux, il y a un tas d'autres raisons pour lesquelles tu es impatiente mais tu ne l'admettras pas. Ta mauvaise foi semble néanmoins s'envoler à l'évocation du cocktail de dernière minute. « Avec plaisir, je garde l'idée pour la prochaine que je passe au Renard Rouge, je donnerais même le triple du prix pour voir la gueule que tu tireras depuis le bar. »
La cendre tombe dans le fond du cendrier pendant que les rires fusent. L'envie de faire manger la table au client malpoli d'il y a quelques minutes te quittes complètement dès que la fumée addictive passée par tes poumons franchit tes narines, telle la Dragonne que tu es. Les yeux roulent quand la question fatidique t'es posée. Celle qui revient à chaque cigarette en compagnie du chat. Cette résolution que tu as déjà prononcé trop de fois sans jamais trouver la force de la suivre. "Aujourd'hui, j'arrête". Mais quand on a commencé à 14 ans en se disant que demain on peut arrêter, ce n'est pas aussi facile que ça paraît.
« Quand j'aurais les dents plus jaunes que les tiennes, monsieur. Mais je te retournes la question, t'avais pas dit que tu devais arrêter toi aussi ? J'vois que t'en es au même point que moi. »
Le mélange clope-bière qui te paraissais infecte quelques années auparavant n'est plus si dégueu que ça. C'est dans ces moments-là que tu te rends compte que tu devrais arrêter. Tu n'oses pas imaginer l'odeur de la nicotine qui te suivit à longueur de journée. Imprégné sur tes vêtements, dans tes cheveux. Imprégné dans ta vie.
Tes anecdotes sur ton métier semblent toujours faire aussi marrer le Chat. Tu es persuadée que certains de ses clients à lui aussi ne doivent pas tous être des lumières, en plus des animas trop alcoolisés pour un verre de plus. T'aimerai l'entendre rire plus souvent Eliott.
« Que ça partait vite avec un scalpel et peu de courage. Tu veux que je lui réponde quoi d'autre ? J'te jure... »
Tu ne sais pas vraiment pourquoi t'as évoqué ces soirées chez Caspian et Alexis. Eliott te dit qu'il se souvient mais tu vois bien dans son regard qu'il pourrait confondre Alexis avec Esmée dans l'équipe adverse. Le fait qu'il n'ait pas répondu qu'il en avait rien à secouer était déjà grand prince de sa part, alors tu ne déterres pas plus le sujet que ça. Tu notes simplement dans un coin de ton esprit que l'invitation est lancée, un sms à Tête de Piaf afin de fixer une date. A moins que les deux débarquent un soir, ce qui est très probable également. Tu ne te lasses pas de créer de nouveaux souvenirs avec tes frangins de cœur.
« T'as une idée de ce que tu veux faire ? Si t'as besoin d'aide pour chercher, j'peux jeter un coup d'œil si je trouve des annonces qui peuvent te plaire. Je remplis bien les papiers de l'URSAFF alors j'peux bien faire ça pour toi. »
Eliott, tu lui aurais bien proposé de faire la partie administrative de ton shop mais tu peux pas te permettre de payer quelqu'un et encore moins de proposer un taff pareil au Chant et Os. Vous auriez passé votre temps à vous taper dessus en plus. Bien que tu apprécies grandement le Chat, tu n'es pas sûre que vous soyez fait pour bosser ensemble.
La braise rongeant les filtres au fond du cendrier et les quelques centilitres de bière maintenant chaude laissés pour compte, la proposition d'Eliott requestionnes immédiatement ton hygiène de vie. Ta journée défile dans ton esprit. Tu ne t'es nourrie aujourd'hui que d'un muffin ce matin, une bière et quelques clopes. Bilan léger, tu grimaces lorsque ton ventre se tord pour te rappeler de son existence. Bilan même trop léger pour pouvoir en faire part au Chat qui te taperais sur les doigts.
« J'ai la dalle aussi. Par contre, pas question que tu m'invites, t'as déjà prit les bières de ta poche. Et me parles même pas des clopes parce que c'est pas comparable ! »
Tu ne sais pas si le barman va accepter, enfin, tu espères qu'il ne redise rien surtout. Connaissant Eliott, ce n'était pas négociable mais t'as la tête dure.
Dehors, le froid humide t'arraches un frisson t'obligeant à refermer ta veste en cuire. Saison de merde. Et ce n'est que le début de ta peine et de celle de tous animas à sang-froid. Tu enfouis tes mains dans le fond de tes poches et fais taire l'envie de retourner au chaud dans le bar. Les moments passés au côté d'Eliott sont suffisamment rare pour se plaindre quand ils arrivent. Les manies du Chat ont bien changés depuis leur rencontre. Peut-être en a-t-il eut marre de se prendre des taquets derrière le crâne à chaque fois qu'une clope était laissé au sol.
Distraite par des souvenirs flous qui te reviennent, tu ouvres de grands yeux surpris quand Eliott revient de lui-même sur Alexis. Tu pensais qu'il avait oublié, tu pensais qu'il s'en fichait. Tu as été mauvaise langue. Un sourire vient creuser légèrement tes pommettes. Parce que tu repensais à Alexis ? Parce que la réponse était comique par rapport à la situation passée du Chant et Os ? Tu ne sais pas tellement, tout est confus. Peut-être un peu des deux. Quoi qu'il en soit, tu souris comme une imbécile heureuse.
« Tu vas te marrer. C'est une future avocate. D'ailleurs elle a ton adresse. Elle est passé pas loin d'une agression à brise-cœur, je préfère qu'elle vienne se réfugier chez toi si elle a encore des soucis là bas. »
Tu lui sers un sourire innocent et fais des yeux aussi doux qu'un gros varan puisse l'être. Tu ne te sent pas particulièrement coupable d'avoir donné l'adresse d'un ancien taulard à une étudiante en droit, tu sais que tu es déjà toute pardonnée -ou presque-. Tu as intérêt à l'être au vu de ce qu'il raconte à ses connaissances. Même si c'est le meilleur des compliments que tu puisses entendre, surtout venant de sa part, tu ne te considères pas comme la meilleure des tatoueuses de cette île. Enfin, pas encore.
« C'est bien, ça me fou pas du tout la pression. » Tu fais en riant mais tu hoches finalement la tête. Les amis de ta famille de cœur sont les tiens. « C'est quoi son nom ? Que j'puisse lui réserver un créneau rapidement une fois qu'il m'aura contacté. »
Les rues sont pleine à craquer de monde, ça te changes de Babel, plus calme à cette heure-ci. Rien ne semble arrêter le duo face à la foule, n'essayant pas d'éviter le flot d'anima, quitte à donner des coups d'épaule à votre passage. Bras dessus, bras dessous, tu n'as pas pu t'empêcher de venir donner un léger coup de coude dans les côtes du Chat, toutefois bien moins convainquant que ceux qu'elle a pu lui donner à l'époque, quand tu réagissait encore très mal aux contacts physiques. A croire que les années te radoucissent. A croire que l'épisode sur le Ponton de Solaris a changé ton point de vue sur la chose. Tu te contentes de rester proche du Chat et d'apprécier simplement le moment.
Quelques rues défilent puis une odeur alléchante vient chatouiller tes narines et faire gargouiller ton estomac. Tes yeux ambres se tournent vers ceux d'Eliott, son odorat plus sensible a dû détecter ce que tu sens depuis déjà quelques mètres. Celle des foodtrucks. Ceux à la bouffe trop grasse, peut-être même dégueulasse pour certains. Malbouffe peu coûteuse qui, partagée par Eliott dans les moments de galère, se révélait meilleure que de grands restaurants étoilés. Ta main vient exceptionnellement sortir de ta poche confortable pour tirer sur la veste en jean d'Eliott, le tirant vers le commerçant ambulant dont la cuisine donne directement sur la rue.
« Tu veux quoi Liott ? Moi j'vais prendre le truc avec le plus de viande à l'intérieur ! »
Ton estomac s'exprime à nouveau, validant ton idée. Tu ne mangeais pas énormément de viande en présence de Celian mais le Chat, lui, pouvait surement comprendre ton gros appétit de gros carnivore, en étant lui-même un à moindre échelle.
le monde est à nous (mercredi 08 octobre 2098 x au renard rouge)
et voilà, c’était prévisible. la question qui lui revient aussi vite qu’elle n’est parti de ses lèvres. et toi ? il ricane, eliott. c’était couru d’avance, il ne connaît que trop bien alysse. alors il hausse les épaules dans un sourire. la réponse sera la même qu’à chaque fois: jamais.
“quand je serai mort. je n’ai pas prévu d'arrêter, moi.”
eliott et les addictions, une grosse histoire d’amour. ça a commencé par les conneries adolescentes, les poings et la mâchoire serrée à se bagarrer avec timothée. s’en est alors suivi le goût du risque. à courir la nuit pour échapper à la milice, à fricoter avec les méchants pour quelques pièces de monnaie. la clope une fois adulte pour se détendre et tout oublier, avec le doux mélange de l’alcool et de l’herbe pour les soirs d’été. la fosse ensuite et ses paris nerveux pour son esprit en ébullition. le jeu, le jeu le jeu. pour se sentir vivre, pour l’adrénaline. le sourire triomphant quand on abat ses dernières cartes. jusqu’à ce qu’icare se brûle les ailes. et maintenant qu’est-ce qu’il reste ? une chope de bière et une cigarette.
“t’es un génie.” il éclate de rire en entendant sa réponse sur le scalpel. ah, alysse. elle lui avait manqué. “j’en sais foutrement rien.” le sérieux revient et le félin hausse les épaules. “j’ai passé quatre ans de ma vie à taffer de nuit avec des horaires de merde et ça commence à me saouler. toujours derrière une table ou un comptoir à servir et amuser des clients trop éméchés…” il soupire. à comparer barman et croupier, il se rend compte que la différence est maigre. “ça ne m’amuse pas, mais au moins c’est stable.” mais ce qui l’amuse eliott, c’est le danger. et depuis son séjour au pénitencier, il n’a pas forcément envie de recommencer. “alors non, vraiment… je n’en ai aucune idée.”
mais ce n’est pas grave, rien ne presse. il finira bien par trouver. des opportunités, il en a toujours trouvé mille. bonnes ou mauvaises. surtout mauvaises. c’est peut-être ça le plus difficile.
“ah, tiens donc. tu traînes avec des miliciens et des avocats, toi, maintenant ?” il rit. “c’est bien, c’est un choix stratégique. on aura plus de chance de s’en sortir si la justice se retrouve en bas de notre porte.” il est à moitié sérieux. eliott ne sait que trop bien à quel point le réseau est important. sans ça, il n’aurait sans doute pas fait que si mois en taule. “ah ? okay. t’as bien fait.”
ça n’enchante pas tellement eliott que quelqu’un ait son adresse, mais si c’est de la part d’alysse alors ça ne le dérange pas. au vu de son sourire béat, la demoiselle à l’air d’être quelqu’un à qui elle tient. alors juste pour ça, eliott en prendra soin. si sa voix est neutre, il a le regard amusé en découvrant le visage tout de suite un peu plus joyeux d’alysse à la mention de cette fameuse alexis. mais eliott a un sens du timing, alors il garde ça sous la dent pour plus tard, et cuisinera alysse une fois qu’elle aura quelques verres en plus dans le nez.
“il s’appelle jayson. jayson wymer. c’est un bon gars. pas très sûr de lui et un peu maladroit. et, t’en fais pas. je suis sûre que tu vas assurer.”
comme d’habitude. eliott y croit quand il la targue d’être la meilleure tatoueuse de l’île. à ses yeux personne n’arrive à la cheville d’alysse. alors machinalement, il passe sa main sur sa nuque pour masser son cou, frôlant de ses doigts les trois lettres gravées à tout jamais sur sa peau.
“okay, miss.”
et les voilà devant la ribambelle de foodtrucks qui jonche le trottoir de l’allée. ils ne sont pas les seules à avoir eu la même idée. la ruelle est bondée d’Anima de leur âge qui viennent se remplir la panse, après, avant, ou pendant leur petite soirée. eliott y mettrait la main couper que la majorité finiront comme eux, dans un bar ou dans une boîte à s’évader jusqu’au bout de la nuit.
“alors ça sera un giant burger pour la demoiselle, et crousty chicken pour moi.” les deux steak et le bacon pour alysse, et les tenders de poulets pour lui. le félin se tourne vers sa camarade. “tu veux quoi à boire ?” et la commande passée, il sort sa carte pour payer la vingtaine de lenss qu’on lui demande. alysse n’est pas contente et il peut le sentir qui s’agite à côté de lui. alors machinalement, il lève le bras pour lui faire une pichenette sur le front. “arrête de râler. tu m’offrira les prochaines bières.”
après tout, il a dit qu’il l’invitait en premier. la commande arrive bien vite, l’avantage de la street food. alors récupérant le sachet avec les deux burgers, leurs frites et les deux boissons, le duo quitte l’allée pour aller se poser sur une des places de la capitale. pas de banc de disponibles, mais rien n‘arrête alysse et eliott qui s’installent sur un rebord en bitume, les pieds qui flottent dans les airs. ça leur donne un peu de hauteur et ça leur permet d’observer la place. il aime bien, eliott. ça lui rappelle les soirées dehors à babel à boire des bouteilles volées dans les superettes au milieu des architectures modernes.
“bon appétit, miss.”
il croque dans son burger. il avait envie de poulet et il doit avouer qu’entre le gras des oignons compotés et de la sauce au poivre, ça lui fait un bien fou. il fixe un peu le spectacle de lumière qu’il a devant ses yeux. ça se bouscule, ce soir, dans la capitale. les lumières réverbèrent les visages dans la chaussée sale. l’incandescence des souvenirs qui réapparaissent dans sa tête. combien de temps est-ce que cela faisait ? combien de temps depuis ces soirées d’été ? il ne sait plus, eliott, mais il se rend compte du chemin parcouru en une dizaine d'années. alors il soupire dans un sourire. c'est parfois simple de se sentir libre.
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Mer 30 Nov - 23:10
Le monde est à nous
Viens on s'pose toi et moi. On parle d'tout mais surtout d'rien. on refait l'monde ou on le détruit en un claquement de doigt.
Tu lèves les yeux au ciel, te forçant à avoir l'air amusée par la réponse du Chat forestier. Tu caches surtout une crainte, ou plutôt plusieurs, le fait que tes frangins soient réincarnés plus tôt que prévu par la clope, par l'alcool. Par toutes ses choses dont tu ne voyais pas les conséquences il y a quelques années en arrière, la naïveté de l'adolescence aidant. Tu écrases ta clope avant même de l'avoir terminé, écœurée pour l'heure qui suit par les relents négatifs de l'addiction. Il ne reste plus que des grands enfants à cette table de bar, qui ont de plus grands problèmes. Comme le boulot.
« Eh bah il a pas rit lui. »
Un sourire presque enfantin vient étirer tes lèvres. Voir Eliott se marrer comme ça, ça t'avait manqué. Cet instant retombe vite lorsqu'ils doivent à nouveau prétendre être des adultes responsables. Comme s'ils n'avaient jamais fait de conneries. Comme si Eliott n'était jamais passé par la case prison. Savoir ce qu'il veut faire ne serait pas le plus compliqué. « Quel merdier... » C'est tout ce que tu trouves à dire. Mais tu ne veux pas lui conseiller de reprendre ce qu'il aime, tu ne veux pas le voir sombrer à nouveau. T'es frustrée de ne pas pouvoir l'aider plus que ça. Tu ne sais même pas ce que ça fait de ne pas savoir quoi faire, toi qui a toujours eu envie de graver les peaux pour toujours. Et si demain tu ne pouvais plus le faire ? Tu n'y penses pas, ce n'est pas le cas pour le moment. Tu fais pas de plans, l'avenir ça t'angoisses un peu alors non, tu n'y penses pas.
« T'en as parlé à Celian ? Je pense que tu devrais. Mes conseils seront pas bon à prendre, à part le shop, j'ai pas d'expérience professionnelle. Et c'est mieux pour tout le monde comme ça j'crois. »
Et tu n'es que la -petite à quelques mois près- dernière du joyeux groupe mais tu crois vraiment que le Corbeau peut l'aider. Quand il est sobre, il en a plus dans la tête qu'il ne le fait croire.
La pinte vide abandonnée sur la table du bar, dans les rues de Lunapolis, tu te rends compte aux côtés d'Eliott que tes fréquentations ne manquent pas d'originalité par rapport à vos antécédents. Et donner l'adresse d'un ex taulard à une étudiante en droit, c'est vrai que c'était un choix couillu. La petite Hérissonne n'avait cependant aucune raison de savoir que le Chat avait fait un séjour derrière les barreaux. Tu essaies de te rassurer comme ça.
« Future avocate déjà ! » Tu ne peux t'empêcher de corriger, comme si ça arrangeait ton cas. Ca ne fait que confirmer un peu plus les doutes du barman. « Et t'as tout compris m'sieur, j'maximise nos chances de nous en sortir si on décide de se débarrasser de quelqu'un un jour. »
Tu ris à ton tour, absolument pas sérieuse même si des noms te viennent spontanément en tête. Tout ce que tu retiens de cette connerie c'est que le Chant et Os ne s'est pas fâché plus que ça que tu ais donné son adresse. Ca ne t'étonnes pas, t'aimes à penser qu'Eliott sait que tu le foutrais pas dans la merde. Pas intentionnellement en tout cas. Et de toute façon, c'était trop tard. Tu le remercies toutefois silencieusement, dégainant ton téléphone pour noter, prête à rendre l'ascenseur au Chat. Tu t'envoies rapidement un message à toi-même "Jayson Wymer, prio, ami Liott" pour ne pas oublier et tu laisses la notification en fond. Tu n'as jamais entendu parlé de ce type et t'es curieuse au fond, de connaître un peu plus Eliott via ses connaissances.
« Tu peux dormir sur tes deux oreilles, Jayson sera bien reçu. Et assurer, c'est le minimum que je puisse faire. » Frangin. Tu l'as pas dit mais tu l'as pensé fort.
Téléphone rangé, les mains enfoui dans le fond de tes poches de ta veste en cuir pour ne pas perdre quelques doigts sous le froid sec de début de soirée, la faim prend le dessus sur la curiosité. Et le barman vise juste, le "giant burger" avec plusieurs viandes t'ayant fait de l'œil. « Un koala cola » as-tu à peine le temps de souffler que déjà, le bip du TPE se fait entrer, tu ne pourras jamais être plus vive qu'un félin. Tes sourcils se froncent et tu commences à t'agiter mais là encore, tu es trop prévisible pour le Chat qui te connais sur le bout des doigts. Doigts qui t'arrivent en plein sur le front avant même que tu n'ais eu l'occasion de te plaindre. Tu pestes silencieusement, t'avouant vaincue pour cette fois.
« Mouais, pas d'magouilles hein ? » Car il est fort pour ça, mener son monde par le bout du nez. Et t'y échappes pas. « Tu tiens pas à la vie pour faire des trucs comme ça par contre. »
Tu te frottes ton front, là où ses doigts ont tapés, plus pour enlever la petite marque rouge humiliante que par réelle douleur. La moue faussement irritée se transforme rapidement en un léger sourire esquissé à l'odeur de bouffe qui se dégage du sac en papier. Eliott ne te proposeras pas de les porter, tu as déjà renversé les boissons sur une commande une fois. Ce jour-là, vous aviez mangé des burgers gorgés de soda, depuis, tu ne portes plus la bouffe.
Le manque de bancs et de places "socialement convenables" pour manger, vous n'en avez rien à secouer, les rues bondées de la capitale ne vous arrêtent pas. En silence, un regard suffit pour décider que le rebord en bitume qui donne sur la place sera parfait pour y manger leur repas. Tu t'installer à ses côtés, le dos calé sans aucune gêne contre son épaule pour ne pas savoir les jambes trainant dans le vide. Tu demandes comment ils font les oiseaux pour pas avoir peur de chuter, car toi c'est ce que tu ressens dès que tes pieds touchent plus le sol. Surement parce que t'as des écailles et pas d'ailes. Sainte Haklyone est pas assez dérangée pour donner des ailes à une bête comme toi.
« Bon app ! » La bouche pleine, tu as déjà commencé à manger. Tu lèves un sourcil perplexe, soulevant le pain de ton burger. « Fais chier... Y ont oublié le bacon ces cons. Tant pis, j'relève pas mon cul pour une tranche de bacon. »
C'était presque une malédiction, quand tu ne faisais pas tomber les boissons, il y avait toujours quelque chose qu'il manquait dans ta commande. Ca ne t'empêches pas de manger ton sandwich rapidement. Trop rapidement. Comme à chaque fois que tu n'as pas mangé de la journée. Ton pauvre estomac qui n'est plus habitué à un tel traitement te fais comprendre qu'il faut s'arrêter là. Sirotant ton Koala Cola, le reste de tes frites, tu les tends au Chat. Ce n'est pas la première fois que tu fais le coup, si tu avais été seule, tu te serais forcée à finir.
« Tiens 'Liott pour que tu prennes des forces et que tu deviennes grand et fort. »
Par réflexe, tu baisses la tête, comme si tu avais prédit une autre pichenette du grand frère pour punir ton insolence, étouffant un rire. Tu avais l'habitude de le charrier là dessus lorsque vous étiez deux jeunes pas très épais trainant dans les rues mais tu n'étais pas mieux. L'hôpital, la charité, tout ça. Ca faisait bien trop longtemps que tu n'avais pas pu l'embêter comme ça. Jouer ton rôle de petite sœur un peu chieuse sur les bords d'un Eliott un peu dépassé et dépité mais que t'es la seule avec Celian à pouvoir emmerder.
« Si tu les manges pas, t'iras en boite avec, j'te préviens. »
Pas que tu ne le penses pas capable de le faire, tu avais juste trouvé un moyen subtile de glisser l'intention de le traîner en boite malgré sa journée de taffe dans les pattes. Comme pour achever de l'obliger à prendre tes frites, tu lui laisses le sachet dans les mains, cachant les tiennes comme une enfant, manquant de renverser ta boisson sous la précipitation.
le monde est à nous (mercredi 08 octobre 2098 x au renard rouge)
il regarde le ciel, pensif, tandis que la graisse du burger lui coule doucement sur les doigts. en parler à celian ? alysse marque un point, c’est une bonne idée. des trois, c’est peut-être lui qui a le plus d’expérience dans ce domaine. eliott n’est pas en reste, évidemment, mais celian lui, à le bon goût d’être dans la légalité. eliott ne peut pas en dire autant, et il s’est juré de faire attention pour l’avenir.
“ouais, bonne idée.” il lèche ses doigts pour nettoyer et ne rien gâcher, avant d’essuyer le reste dans la serviette en papier. “j'essaierai de lui toucher deux mots. de toute façon on devrait pas tarder à tous se revoir.”
notamment parce que dans deux semaines, alysse et eliott fêteront leur anniversaire. si eliott n’a jamais aimé les fêtes au soir du vingt-sept, pour alysse deux jours après, il a toujours tenu à faire quelque chose. il rit doucement à la remarque d’alysse sur ses fréquentations. si eliott n’a jamais été très enchantée de la voir traîner avec des miliciens, même si elle veut bien clamer haut et fort que ce fameux caspian est moins insupportable que les autres, eliott à la haine et la rancoeur bien trop profonde contre l’institution de l’île pour l’accepter complètement. mais le ton paternaliste ça ne lui sied guère, et alysse est une grande fille: elle a le droit de traîner avec qui elle le souhaite. de toute manière, avec sa sœur dans la milice, c’était inévitable.
“c’est clair que t’y as suffisamment d’ennemis pour te permettre d’y avoir au moins quelques amis.” il pense à lily mais ne dira rien. ce n’est pas à lui d’aborder le sujet. “nickel pour jayson. je te fais confiance de toute façon.”
le sourire encore, en parlant de jayson. les retrouvailles furent difficiles mais pas autant qu’il l’avait appréhendé. il n’aurait pas cru penser ça un jour, mais il est content de l’avoir retrouvé, il est content d’y être allé et d’avoir passé le pas de la porte du salon de thé.
“t’es sérieuse ? miss alimentation chaotique ?”
le sourcil qui s’arque alors qu’alysse lui rend les frites, grand sourire, lui tend son reste de frites. eliott n’a même pas encore fini les siennes et termine à peine son burger. grand et fort ? il lui en fouterai, des remarques sur sa taille et ses muscles. elle peut parler, la grosse lézarde avec la peau sur les os à chaque fin de mois.
“ts ts ts… toi qui râlait de ne pas avoir de bacon, tu vas pouvoir compenser et finissant tes cinq malheureuses frites qui se battent en duel. et niveau hygiène de vie, c’est plutôt à toi de manger un peu plus. t’es censé être un varan de komodo, pas avoir le tour de taille d’un asticot.”
c’était gratuit mais alysse l’a bien mérité. eliott finit ses propres frites, l’air narquois, et laissant alysse se débrouiller avec les siennes. il finit par lui tirer la langue en avalant quelques gorgée de sa canette pour faire passer le tout. il a repris une bière, et la voir avec son koala coca lui fait repenser aux retrouvailles sous la neige, au ponton magenta, il y a un an. la configuration n’a pas changé, mais tout va un peu mieux depuis.
“bon allez tu me saoules, on partage. je m’engage à en manger la moitié mais tu finis. j’en peux plus moi non plus, et en plus c’est moi qui ai payé donc fais pas la difficile, gamine.”
le sourire triomphant face à la dernière pique se fait sentir sur le visage du félin. c’est bon enfant, c’est sarcastique. les moments d'insouciance avec alysse lui avait terriblement manqué. ils restent là, aussi longtemps qu’il le faut, à débattre sur qui mangera la dernière frite et à simplement regarder les passants en riant. le temps passe vite, quand il est avec alysse.
et puis, vers vingt-deux heure passé, le téléphone rangé dans la poche de son pantalon se met à vibrer. une fois. eliott ne réagit pas, jugeant que ça pouvait attendre. et puis ça vibre une deuxième fois, puis une troisième fois. jusqu’à finir en une rafale de sms. il ne faut pas plus à eliott pour comprendre qui est en train de le harceler de message à un heure aussi tardive. son ouïe de félin capte également la sonnerie du téléphone d’alysse, au même moment et à la même fréquence, ce qui achève son raisonnement. celian.
“putain.”
il a sorti son téléphone eliott, et la dernière frite a fini par tomber au sol devant son visage qui blêmit en ouvrant la conversation entre alysse, celian et lui.
“alysse, regarde ton téléphone.”
il a le ton souvent ferme et le souffle court. parce qu’eliott n’est pas capable de trouver les mots pour décrire ce qu’il est en train de lire.
@nébuleuse
Eliott Fauvel
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Dim 26 Fév - 16:54
Le monde est à nous
Viens on s'pose toi et moi. On parle d'tout mais surtout d'rien. on refait l'monde ou on le détruit en un claquement de doigt.
Tu le vois dans le fond des yeux d'Eliott que fréquenter milicien et avocate ça ne lui plaît pas. Mais s'il ne faisait pas cette tête de désapprobation, ça voudrait dire qu'il ne tiendrait pas vraiment à toi. Ca n'a jamais été sa tasse de thé, tout comme la tienne, c'est aussi pour ça que vous vous êtes rapprochés en dehors de l'intervention de Celian à l'époque. La haine des institutions, la colère envers toute forme d'autorité sur cette île. Elle est restée la même au fond de toi mais contrairement à ton frangin, tu penses sincèrement que certains animas méritent que l'on s'intéresse à qui ils sont en dehors de ce qu'ils font. Ca ne veut pas dire que tu es toujours d'accord avec eux. Caspian sait ce que tu penses de la milice, ce n'est pas parce qu'il en fait parti qu'il a été épargné par ton opinion tranchée sur le sujet.
Pourtant Eliott n'est pas non plus aveugle, et si tu es honnête avec toi-même, le constat de ces dernières années est assez parlant, tu t'es adoucie. La rancœur est toujours tapie mais elle ne sort plus si facilement. T'es toujours difficile à vivre mais bien moins que lorsque tu étais ado. Peut-être que c'est ça la maturité finalement ? T'es juste heureuse que le Chat te fasses suffisamment confiance pour ne pas être regardant sur les relations que tu entretiens avec des personnes qu'il ne supporterait pas et pour te confier des personnes qui ont l'air de compter pour lui.
« Tu peux parler monsieur alimentation chaotique, t'as pas mangé aussi aujourd'hui j'te signale ! »
Tu ne peux t'empêcher de rire face à la défense d'Eliott. Le lancé de piques étaient un sport national chez vous. Son air faussement fâché avec ses sourcils arqués valent toutes les réponses passives-agressives aux vérités mordantes qu'il peut te rebalancer derrière. Toutefois, tu n'en démord pas, les frites toujours tendues dans sa direction.
« Ok ! Un point partout Liott mais j'te signale que tous les dragon de komodo sont pas censés être gros. C'est vraiment un cliché à la con. »
Tu te rassures comme tu peux, tu sais que tu devrais être un peu plus épaisse mais lui aussi. Un sourire triomphant sur le visage, il te traite de gamine, et il n'a pas tord au vu des tes caprices, mais tu as gagné. Le Chat récupère une partie de tes frites et ça suffit pour partager le sourire victorieux de ton compagnon de fortune. Tu échappes un petit "merci", te décidant à faire un effort et manger quelques frites supplémentaires. Elles ont refroidis le temps que vous débattiez de qui les mangera.
Si tu n'entends pas le son des notifications, ton ouïe étant bien moins aiguisée que celle du Chat, tu remarques tout de suite le changement d'ambiance et l'air grave du félin. Le téléphone dans les mains, du coin de l'œil tu aperçois de nouveaux messages reçus sur la conversation ACE. Tant pis pour les mains grasses, tu obéis et déverrouilles rapidement l'écran tactile.
Dix messages d'un Corbeau alcoolisé. Dix messages finissant par une bombe lâchée sans tact, l'alcool n'aidant pas. Dix messages qui font basculer le mood de votre soirée.
Un rire jaune meurt dans le fond de ta gorge. Tu crois pendant quelques secondes à une blague. Une mauvaise farce. Mais vous connaissez Celian, tu ne l'as jamais entendu mentir sous alcool. Il en est incapable. Surtout sur ce genre de sujets. Le visage pâle d'Eliott. Le fait que l'organisateur de fêtes ait voulu supprimer ses messages... Il n'y avait pas vraiment de doutes à avoir. Pourtant t'as du mal à y croire.
Les yeux écarquillés, fixés sur la dizaine de messages, tu finis par briser l'étrange silence qui s'était installé.
« Bordel, c'est pas une blague pas vrai ? »
Mais tes doigts vont plus vite que tes paroles et tu envoies "Tu déconnes ?". Puis un tas de questions fusent dans ton esprit. Papa, qui serait la maman ? Qui est son fils ou sa fille ? Depuis quand il le sait ? Tu envoies frénétiquement d'autres messages, ne voulant pas que la conversation s'arrête ici sans que vous en sachiez plus. Pourtant vos téléphones restent muet suite à l'innocent et insolent "bonne nuit" envoyé par Celian.
Désemparée par la situation, tu te lèves brusquement. La soirée en boite sera pour une autre fois. Ton regard vient chercher celui d'Eliott, ne sachant pas vraiment ce qu'il pense aussi de tout ça.
« Tu crois qu'il est au Palais des Rois ? On devrait aller le voir, non ? Merde à quoi il joue ?! »
Tu regardes l'heure et verrouille ton téléphone, fourrant les mains dans les poches de ta veste en cuire. Si vous vous dépêchez, vous pourrez avoir les dernières navettes pour Babel. T'as l'impression que ton estomac se soulève, regrettant d'avoir mangé ces frites en plus et de t'être levée aussi rapidement.
le monde est à nous (mercredi 08 octobre 2098 x au renard rouge)
le ton paternaliste tout à coup, un ton qu’alysse et celian ne lui connaissent pas, qu’ils ne sont pas censé connaître. il y a eu des gamins et des gamines qui l’avait sur le dos, ou des petites copines abandonnées au resto. mais pour ses amis, pour sa famille, eliott ne se permet pas de laisser aller comme ça ses vieux défauts. mais eliott reste un homme. alors comme un sale type, l’ordre fuse d’entre ses lèvre et la main qui se crispe sur le téléphone. si eliott avait pu le briser, il l’aurait sans doute fait.
alysse n’a rien fait. alysse ne mérite pas qu’il lui parle aussi sèchement, mais eliott ne sait pas où dirigé sa colère à l’instant, alors ça sera contre elle. par bienveillance ou par chance, elle n’en tient pas rigueur et réagit vite, précipitée sur son propre portable et le souffle court devant la bombe qu’un sale piaf vient de leur balancer à la gueule.
“j'sais pas.”
il ne sait pas. il ne veut pas savoir. il y a une réaction du rejet, une réaction de colère. celian, père ? le corbeau ne s’est jamais caché vouloir des enfants, mais putain, il vient d’avoir vingt-sept piges.
“c’pas possible que ce soit florianne. ça colle pas, j’suis pas un expert en gestation mais il me semble que c’est neuf mois, pas cinq ou six.”
qu’il maugré, mauvais. ça fait six mois grand max que celian et florianne sortent ensemble, donc non, ça ne colle pas. et puis, ils en auraient parlé, ils l’auraient remarqué. une grossesse, ça ne se cache pas comme ça. il n’y avait qu’harmonie pour se pointer un beau matin avec un bambin. sauf qu’harmonie, elle avait le chic de disparaître pendant des mois, florianne et celian, c’est pas le cas. florianne et celian, ils les ont vu en août pour ses vingt-sept ans.
“j’vais l’encastrer.”
la menace tombe parce qu’eliott n’est pas de ceux qui prennent la question à la légère. eliott, il n’a pas envie de voir ses amis devenir parents. la jalousie ou la peur, il ne sait pas vraiment ce qu’il ressent. les deux sans doutes.
eliott, c’est le gamin né dans les bras d’une femme pauvre de richesse et d’amour, de celle qu’on appelle le soir, en échange de quelques lenss, pour des caresses tendres. eliott, sans doute le fils d’un client, ou d’un de ces hommes qui traînent à brise-cœur. eliott est lui-même mais aurait pu être mille autre gamin au même destin. il n’a pas connu son père, ne le connaîtra jamais et ne cherche pas à savoir. il n’en a pas besoin.
mais la parentalité, ça lui broie le coeur et lui retourne le ventre. il en a vu trop, des gamins perdus dans les ruelles, ou flingués dans les poubelles. il crache sur le système parce qu’il est persuadé que ça n’engendre rien de bon et que ça n’engendrera jamais rien de bon. parce que lui-même, petit, était un sale con. et comme il se déteste, comme il hait ce qu’il représente, comme il est persuadé d’avoir achevé de gâcher la vie de sa mère, il a peur à son tour. il a peur pour les autres.
il a peur pour celian.
c’est plus simple de tout refuser du revers de la main que d’accepter de bosser sur soi.
“prend mon téléphone. sinon j’vais… bref.”
il souffle un coup et se calme. si c’est le sujet à éviter avec le chat, celian alysse et lui sont tous les trois alcoolisés à l’heure qu’il est, alors s’énerver dans le vite et frapper le sol d’un coup de pied ne mènera à rien. élan de lucidité, il confie son cellulaire à alysse, ça lui évitera de se déchainer.
“on décale au palais des rois. désolé pour la soirée.”
il passe sa main dans ses cheveux, sur le haut de son crâne, dans un geste amical. il lui offre un sourire contrit, un peu désolé, un peu amusé, mais il s’efface aussi vite qu’il est arrivé. il fait ça pour garder la face, pour rester la tête droite, hors de l’eau, pour ne pas sombrer noyé dans un flot d’émotions et de pensées incontrôlable.
