haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Amaryllis ‡ Jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé ‡ FIN



 
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Amaryllis ‡ Jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé ‡ FIN
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Mer 3 Aoû - 18:52

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

A l'écroulement du monde, celui qui se fracasse de l’autre côté des horizons effilés par le granit noir dont les pointes sont mouchetées de blanc même l’été, Barbara inspire le vent violent qui s’engloutit dans la veste en jean noir, ravagée de badges bleus, trop grande pour elle. Les doigts crochètent les trous des boutons défaits, en refermer les pans comme une cape, de se décoller de cette sensation d’être une baudruche dont les joues sont roses d’être giflées, les humeurs pâteuses de ce souffle qui soûle. Barbara, comme les fillettes, gonfle les poumons de l’odeur minérale et expire de toutes ses forces par le bec gercé, que peut-être alors, le gargouillis de l’ennui va la quitter, la lassitude de ne voir que des pierres raides aussi.

La frustration jusqu’aux bouts des orteils, qui creusent dans la semelle des baskets rigides, lui fait détourner les yeux du spectacle, Barbara déballe lourdement les mains comme pour s’équilibrer contre ce qui lui fouette les vertèbres, menace de renverser la chair sur le pavé.

11
Y a vraiment des gens qui sautent ? Je veux dire. Ca sert à quoi ?

La chute infernale, les omoplates qui se hérissent de plumes, le sablier du destin renversé, les ciseaux des Moires au placard, dans le concert des jacasseries, là haut, Barbara y plante l’index et les mirettes, là-haut. Ils sont deux ou mille, des ailes de condors dépliées en ballets de pics, à l'affût des courants qui remontent, loin loin loin, de la petite Lylli dont les ailes sont à peine plus grandes qu’une arcane de tarot. Amaryllis, qu’elle a le destin enroulé dans le sien, il paraît, à devoir marcher ensemble, battre la mesure des rails, nouer les phalanges quand Barbara est juste criblée de l’envie d’abandonner, de dire plus tard, de faire jamais.

Tu voyages et toujours rien Lylli. Je ne comprends pas. Les avants bras repliés, Barbara tourne les paumes vers le ciel, incrédule, jusque dans les orbites agrandies. A pas léger, la blonde cueille les mains diaphanes de la brune dans les siennes, presse ses envies de départ. Viens Lylli. Le vent me donne mal au crâne. Je vais te lire les cartes si tu veux, on aura qu’à s’abriter dans la cabane du gardien. Si tu veux bien lui parler. Moi je n’aime pas ça.






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Mer 3 Aoû - 20:27


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

elle a les mirettes écarquillées, amaryllis. alors que le vent souffle si fort qu’elle pourrait s’envoler, alors que son corps si frêle pourrait s'effondrer. la main dans celle de barbara, à ne surtout pas lâcher. parce que si amaryllis est devant, sur le sentier; parce que même si elle mène la danse et l’encourage à avancer; amaryllis, elle a peur de tomber.
le comble, sans doute, pour un oiseau. la sensation du vertige, du trop plein de hauteur. elle ne pensait jamais la ressentir, et pourtant. au sommet du monde, au perchoir de ses pairs qu’elle ne peut rejoindre, amaryllis se sent soudainement minuscule et fragile. comme si le vent qu’elle sait suivre, les courants d’air qui lui sont intimes, pouvaient se retourner soudain contre elle et la balayer d’un coup.

et amaryllis, à choisir, préfère encore mourir de sa maladie que par une bourrasque trop violence au côté de barbara.

"l’adrénaline, baba."  amarylls n’aime pas donner de surnom aux autres. mais pour barbara, elle fait un effort. peut-être par mimétisme. par envie que barbara l’apprécie. parce qu’avec la moufette, elle a l’impression que c’est quitte ou double. et que selon les moments, le vent tourne et l’affection se transforme. "c’est comme une drogue. c’est sécrétée par tes neurones dans les situations de stress ou d’efforts physiques. ça se fixe au niveau de tes organes pour calmer ton corps. et à la fin, tu ressens de la paix et un plaisir intense. comme pour compenser. c’est pour ça que les gens sautent."

elle explique. amaryllis l’étudiante en médecine, amaryllis qui connaît le corps et ses mécanismes. elle reste premier degré, parce qu’elle a comprit, à force, que barbara était binaire. qu’il fallait être terre-à-terre. amaryllis n’est pas comme ça, elle aime trop les tortues de l’esprit pour en perdre les nuances. mais de fait, c’est à elle de s’adapter. alors elle s’adapte. parce qu’elle s’adapte toujours.

"c’est beau…"

et les voilà en haut, les phalanges se relâchent le temps de reprendre son souffle. amaryllis contemple le paysage. elle y voit les plaines de régalia où octave travaille. elle l’imagine le dos courbé à couper les tiges de thé, tandis qu’elle est là, au sommet du monde. elle n’en fera pas mention, parce qu’octave et barbara, ce n’est pas tout à fait ça. et parce qu’octave et ama, ce n’est plus tout à fait ça. les larmes ont coulées sur ses joues creusés, depuis la dernière fois.

son amie, elle, contemple les oiseaux au loin. amaryllis préfère ne pas les regarder. parce que ça ne fait que lui rappeler qu'elle, elle ne peut pas voler. pas aujourd’hui, en tout cas. pas dans son état de santé. alors amaryllis préfère ne rien voir du tout. les mains devant les yeux à contempler l’inertie de sa vie.

"je ne sais pas, baba, moi je ne sais pas lire les cartes. je ne sais pas voir les signes. je ne sais pas voir l’avenir…"

elle souffle avec douceur, tente de rassurer son amie visiblement bien tourmentée. pourtant, pour amaryllis, son destin est tout tracé. le déclin jusqu’à la mort. rien de plus.
elle doit avouer qu’elle ne comprend pas toujours très bien ce qu’elle fait là avec baba. petite hackeuse déterminée pour une obscure raison à la fréquenter, sous le prétexte étrange du voyage. elle ne sait pas ce que baba s’est imaginé à son sujet, mais elle a accepté le mystère de la voyance aux bras ouverts.
peut-être parce que ça lui change un peu de la routine morbide qui l’habite depuis l’été, alors que les cours sont finis et que la chaleur accablante menace sa santé. peut-être parce que ça fait des vagues dans sa vie toute tracée. que ça l’occupe et lui change les idées.
et puis, amaryllis, c’est la vie à bout de souffle. c’est les petits mystères et les courants du destin. c’est le lâcher prise et le mystère qu’on embrasse.
c’est la vie au bout des doigts, pour profiter de chaque seconde, avant qu’il n’en reste plus aucune.
carpe diem, disaient-ils.

la main de la blonde vient chercher la sienne. c’est un peu stupide, mais amaryllis aime bien ce contact. barbara qui vient vers elle, simplement, naturellement, et qui l’enmène. c’est presque tendre sans l'être, et ça, c’est un sentiment qu’amaryllis a un peu oublié.

"d’accord !"

elle chantonne, se laisse faire par son aînée. admire une dernière fois la vue. amaryllis s’exécute, se plie sous la demande, sous toutes ses demandes. une fois à l’intérieur de la cabane, pas si vieil homme mais les traits creusés par le vent, tout de même bien sympathique (c’est qu’il en voit passer, des couples incongrus au sommet de ce perchoir), voilà les demoiselles installées sur une table en bois.

"je… hm… je crois que j’appréhende un peu."

elle rit doucement, gentiment. désigne le deck du bec. un peu excitée à l’idée qu’on lui tire les carte, mais aussi un peu apeurée.
c’est que, amaryllis, elle a des secrets à cacher.

@nébuleuse
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Mer 3 Aoû - 22:01

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

Le contreplaqué des nuages absorbe les mirettes polaires, les talons qui frottent par terre les ennuis d’être loin de chez elle, sans raison, de ne pas avoir le ronflement de nonna mais la voix pastel de Lylli, pas le familier mais l’abstrait. Les poings distraits raclent dans le creux de la taille où le débardeur noir lui dévore le nombril, lance à droite et à gauche le corps au rythme des doutes, qu’elles feraient mieux de rentrer maintenant que c’est élucidé.

Je sais ce que c’est l’adrénaline. Les mains brasse une lame, la tête ébrouée de contradictions nichées au bord des rouages des méninges. Tu ne comprends pas.

La distance ne sourcille pas le front de rides, que même le regard penché sur le vertige infini du contrebas, Barbara n’a pas la nausée et encore moins la curiosité de savoir si ça lui viendrait avant d’être perforée, écartelée, disloquée, le puzzle du corps, l’adrénaline et ses écueils.
11
Le soupir pressé d’en finir plus vite, avec cet énième voyage couronné de défaites, les mains coincées dans le dos à attendre la fin des ébahissement de Lylli, qui doit voir des choses qu’elle ne voit pas, pour dire que c’est beau, que Barbara, à part le vent qui lui compresse les côtes, elle ne sent pas bien pourquoi c’est plus beau que images qu’on peut trouver sur la toile. Les yeux roulent paresseusement et la langue claque au palais que Lilly, bien sûr, elle ne sait rien, et que c’est vrai que la blonde, elle exerce mal son art pour en être réduite à s’écorcher sur les récifs d’un monde qui ne l’intéresse pas.

Bien sûr que tu ne sais pas Lily. Ce n’est pas ta faute. Mais quand on part, personne surveille nonna, on peut pas faire ça toujours. Tu comprends ?

Les mains jointes pour partir à l’abordage des quatre coins de l’île, souvent pour quelques heures à traîner puisqu’il ne se passe jamais rien et que Barbara elle gondole en grimaces, rêve de s’effacer des paysages inconnues pour retrouver la tiédeur des draps. Tout, plutôt que de sentir peser sur elle l’envie nerveuse de ne jamais revenir, couler comme les épaves, ou à pic, à la mode des piafs qui se jettent du précipice.

La panneau de bois grince et Lilly fait la conversation comme promis à un type burriné par les bourrasques, les prunelles comme des rasoirs. Barbara traîne le regard sur l’habitacle trop étroit, les parfums de bois, les pistoles de détresse, et les grandes boîtes métalliques grimées de croix rouges, l’adrénaline, certains en meurent, moucherons écrasés dans la marée des plaines. Les cartes renversées sur la table forment et déforment un arc, sous le battement régulier de la blonde lorsque les cils essuient les yeux rougis des fracas du dehors. Le geste suspendu, elle hausse un sourcil interrogateur sur les iris aveline et le rire qui en déborde.

Si tu ne peux pas. On est pas obligées. Sinon ça risque de brouiller le tirage de toute manière.

L’avenir ne s'encombre pas de détracteurs et de peur, que murmurer à ses oreilles ça demande un peu de ferveur, et ça, peut-être que Lilly n’en a pas. Les lèvres pincées entre les dents, Barbara reforme le paquet à sa droite pour être libre de brasser l’espace comme elle veut, exprimer les liaisons et même les points de suspension du verbe.

Ecoute Lilly. L’avenir n’est l’ennemi de personne. Il ne persécute pas sciemment. Il n’est pas forcément agréable à entendre mais ça, Lilly, c’est normal. Les coudes arrimés dans la table, la voix qui chuchote pour ne pas souffrir les oreilles du gardien. Il te faut une question. Tu n’as qu’à demander quelque chose que tu sais déjà si ça te fait peur de découvrir une chose que tu ne sais pas.






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Jeu 4 Aoû - 17:27


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

amaryllis hausse les épaules en souriant. au fond d’elle, elle pense plutôt que c’est barbara qui ne comprend pas. barbara qui ne saisie pas les nuances. barbara qui touche les limites de son monde binaire. et en même temps, comment lui en vouloir ? c’est tellement plus simple comme ça. sans les angoisses, sans les détails, sans le cerveau qui se perd et se perd en spirale. oui ou non. 0 ou 1. et c’est tout.
alors, amaryllis, elle ne dit rien.

elle fronce les sourcils, cependant. prend les paroles de barbara comme un reproche. sent comme de la culpabilité pour la garde de nonna. pourtant, amaryllis, elle n’a rien demandé.

"c’est toi qui a choisi baba. c’est toi qui me pousses à voyager avec toi. moi je le fais pour toi. si tu ne veux plus parce que tu t’inquiètes pour nonna, et c’est parfaitement compréhensible, il n’y a pas de soucis..." mais ne me fait pas la remarque, alors. elle pense tout bas mais ne dit rien. elle préfère laisser couler. le ton reste doux et tranquille. amaryllis ne s’énerve pas. jamais. (la rare fois fut contre maxine)  "en tout cas j’espère tout de même… tu auras rapidement la réponse à tes questions."

elle lui sourit avec ce regard affectueux. amaryllis est sincère. d’une part pour baba. l’ingénieure à l’air bien déterminée à trouver ce qu’elle cherche, prend la peine de sortir de sa tanière pour lui tenir compagnie. ça la touche, d’une certaine manière, cet intérêt vivace que baba à pour elle et  dont elle ne comprend pas toutes les nuances. et, ça lui change les idées. ça la sort de sa routine morbide et du blanc livide de la clinique.
d’autre part, aussi, parce que malgré tout, amaryllis fatigue. le corps de plus en plus fragile. l’état de plus en plus fébrile. alors sortir voguer au gré du vent, aux quatres coin de l’île, ce n’est sans doute pas quelque chose à faire pour une mourante.
mais bon.
on fuit en avant pour se sentir un peu moins.
on passe du temps avec baba pour oublier le reste.
au fond, et amaryllis le sait, elle est tout aussi égoïste qu’elle.

"non, c’est bon, ça va…"

parce que finalement, c’est plus simple qu’elle le découvre comme ça. c’est plus simple que si elle lui annonce. lâche, amaryllis. la confrontation, ça n’a jamais été son truc. et là, barbara lui offre sur un plateau d’argent une manière de tout lui avouer. et ce, sans qu’amaryllis n’ai besoin de dire quoique ce soit.
elle appréhende, bien sûr, parce qu’elle ne sait pas comment barbara réagira. et amaryllis, elle a les réactions d’octave et maxine bien ancrées dans la poitrine. plus ou moins douloureuse.
alors tant qu’à faire, quitte à ce que tout s’écroule, autant que cette relation aussi.

"je n’ai pas peur, baba. ne t’inquiète pas. mon avenir, je le connais déjà."

le ton a changé, amaryllis ne sourit plus. amaryllis les yeux un peu voilés. amaryllis, mystérieuse tout à coup. presque mystique. alors que la lieuse d'avenir, des deux, c'est plutôt barbara.
mais amaryllis courageuse. amaryllis qui confronte. pas barbara, mais l’avenir. amaryllis qui s’ouvre, offre à la voyante ses plus grands secrets. ceux qu’elle connaît déjà, et n’offre à personne. ceux qu’elle a hâte que barbara percent. parce qu’après, au moins, ce sera fait.

"je t’en pris, vas-y. dis-moi tout !"

le sourire revient mais le regard est étrange. comme dans l’attente d’un verdict. comme impatiente que barbara sache tout. comme soulagée de ne plus avoir à mentir. à faire face.
qu'on en finisse.
parce que amaryllis est fatiguée. amaryllis est épuisée.

@nébuleuse
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Jeu 4 Aoû - 21:47

.il matto

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On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

Sur le bout de la langue, travaillée par la manière de Lilly de faire des rigoles avec les sourcils, Barbara hoche lentement la frimousse, les narines rougies pas les bourrasques. La méfiance lui réduit les yeux à deux persiennes et Barbara laisse les épaules tomber de dédain, le sabot qui bute dans le gravas en rassemblant la poussière en nuage.

Oui. C’est ce que j’ai dit. C’est pas ta faute, pas la peine de dire toi toi toi, ça te gêne que je te dise que ça me gonfle ou quoi ?

Les mimines jetées dans le ciel tombent abruptement sur les cuisses, le soupir exacerbé de frustration maligne, Barbara casse l’échine pour soutenir les hurlements du vent, hâte le départ, qu’elle a peut-être raison Lilly, qu’on devrait s’en tenir là et laisser aux constellations le loisir de faire comme elles l’entendent, sans vouloir interférer puisque c’est peine perdu. Les tabourets sont pas épais, grattent le cul d’échardes, Barbara regrette déjà d’avoir voulu faire ça maintenant, le regard acéré du rapace à l'arrière lui flanque des frissons sur le velouté de la chair.

Les mirettes lorgnent paresseusement l’expression égale de Lilly, que l’avenir qu’elle connaît si bien est en train de déformer d’austère ou alors elle en juste eu marre de sourires à tout bout de champs, que les muscles ils ont fini par la tirer, alors elle a juste abandonné d’être aussi heureuse pour se reposer, maintenant que la tempête n’est plus qu’un sifflement désagréable. A nouveau l’arc se reforme sur la nappe bouteille, la langue passe sur la lèvre supérieure et Barbara frôle le dos des doigts sur les reliures usées du jeu, son héritage, ce qu’il restera de nonna quand ils auront caché ses os au fond de la crypte.

Comme tu veux. C’est un tirage en trois cartes avec le passé, le présent et l’avenir. L’ongle tapote le revers noir où des muriers d’or dansent sans s’effleurer et elle avance la première carte, devine la seconde tapie dans le pli des extrémités, et balade le poing quelques secondes pour presser la dernière lame. Là.

Barbara révèle le tirage dans le sens de Lilly, l’excitation lui fourmille dans les veines, de dénicher des indices sur le voyage qui attend la brunette, mettre un terme aux cavalcades aveugles.

XIV. La tempérance
XXII. Le mat
XVI. La Maison Dieu


La Tempérance, à l’endroit, signifie que ta vie, par le passé, était équilibrée, les choses et ton rapport au monde étaient alignées. Le Mat, c’est toi aujourd’hui, il dit que la routine est bouleversée, que tout ce qui était un repère hier ne l’est plus aujourd’hui, comme il est à l’endroit, tu embrasses ce changement du mieux que tu peux, tu suis le mouvement plutôt que de rester prostrée. La Maison Dieu tirée comme ça signifie qu’un grand danger te guette, que la prévoyance ne permettra sans doute pas de l’éviter seulement de gagner un peu de temps.

L’ongle du pouce coincée entre les dents, Barbara étudie encore les cartes sans accorder même une oeillade à Lilly, engloutie dans les roulis des connaissances et des intuitions qui fragmentent les interprétations. Un coude plaqué contre le rebord, le poignet tordu dans des désordres ennuyés quand la tête dodeline enfin pour toiser les iris aveline, Barbara ramasse les mots en souffle.

Tu vas mourir Lilly, bientôt, et c’est inévitable. Les lèvres esquissent un soupir navré et les yeux roulent quand ses lèvres germent un sourire contrarié. Mais tu le savais Lilly, alors je ne t’apprends rien n’est-ce pas ?










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Ven 5 Aoû - 11:15


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

amaryllis fait la moue, devant la réaction de barbara. sans doute, oui, que ce n'est pas un reproche, mais à ses oreilles, ça sonne pareil. amaryllis, elle a l'impression de faire quelque chose de travers. que c'est à cause d'elle que ça ne fonctionne pas, et d'en être bien impuissante. tout va de travers, de toute façon. son moral, sa santé, son destin.

"d'accord... d'accord..."

mais elle mais n'insiste pas. abdique. décide de croire en barbara quand elle lui dit qu'elle ne lui en veut pas (même si elle, elle s'en veut un peu).  amaryllis et barbara de toute façon un peu têtues, un peu fatiguée du voyage (et de la vie), un peu frustrée. alors on laisse couler. c'est trop ridicule pour envenimer.
il y a, de toute manière, plus urgent.
le tirage.

en trois cartes. passé, présent, futur. c'est les deux dernières qui sont plus délicate. mais l'appréhension est avalée par la fascination. barbara et son joli deck, barbara et le mystère. le mysticisme qui l'enveloppe alors qu'elle bat les cartes de ses doigts fins, manipulent les arcanes majeurs avec délicatesse.
et soudain, voilà qu'il y a trois cartes retournées, en face d'elle. des numéros et des illustrations. elles sont belles. mais qu'est-ce qu'elles veulent dire ?
XIV. passé.
XXII. présent. (frisson)
XVI. futur. (appréhension)

elle écoute barbara raconter. elle a les yeux plein d'admiration devant tout ce que la demoiselle arrive à tirer de seulement trois cartes. amaryllis, elle, ne comprend pas. elle ne voit pas les liens, les conclusions, l'interprétation. mais c'est ça qui est fascinant. c'est un savoir accumulé et transmis entre générations, et c'est fabuleux. octave pour le thé. barbara pour la voyance. et la même admiration dans les yeux d'amaryllis. pour les deux.
elle sourit à certaines anecdotes de son passé, un peu fière de pouvoir se targuer d'avoir une vie équilibrée. mais le sourire amusé disparaît pour un sourire plus doux, plus timide. comme si elle acceptait quelque chose.

barbara termine l'analyse des cartes, amaryllis sourit toujours.
barbara plante ses yeux dans les siens, amaryllis ne la regarde pas.
mais barbara lui fait face, et amaryllis n'a pas le choix.
il y a un silence.
puis un sourire.

"t'es vraiment douée, barbara... tu m'impressionnes..."

les yeux plein d'éclat mais la bouche tordue. amaryllis a trop d'émotions contradictoires. l'admiration pour barbara, elle qui maîtrise des arcanes dont amaryllis n'a même pas idée. mais le poing qui se serre, aussi, de faire face à la vérité. de ne plus pouvoir rien contrôler.

"oui. et oui. on ne peut rien te cacher..." elle soupire et rit doucement. "je suis désolée de ne pas te l'avoir dit.."

elle semble d'un coup plus inquiète. la peur de voir le même regard qu'elle a pu voir chez maxine ou chez octave. le poing se serre sur la table. pitié barbara, ne la fuit pas. pitié barbara, ne la pleure pas. amaryllis, elle ne le supportera pas.

@nébuleuse
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Ven 5 Aoû - 12:36

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

Tapie entre les lattes, où les souffles d’agonie du vent s’écrasent dans des bruits de bouilloire, Barbara gratte le vernis des étoiles en remuant les signes comme nonna brasse le coulis des casseroles fumantes. La verticalité du bâton du mât qui s’est brisé dans les incendies de la tour, les sourires tordues par les flammes qui dansent comme un cauchemar, Barbara, le mauvais sort parle la même langue qu’elle et son attrait pour les choses qui s’effondrent, qu’elle en hausse les épaules en se dandinant sur le siège trop petit, même pour elle.

C’est plus facile d'interpréter le malheur, c’est un genre de spécialité. Tu comprends ?

Sur le bout des doigts vernis noir désarroi qu’elle tient en éventail, Barbara serait bien incapable de dire pourquoi, comment, ça fonctionne l’intuition, que c’est sûrement dans le sang ou dans les gènes, un tas de globules que Lilly a déjà du disséquer sur des lamelles, l’oeil enfoncé dans le microscope. Les filles ne sont pas si différentes à scruter le diagnostic sur des lames, ça doit être au normal d’arriver aux mêmes conclusions quand on partage déjà le vocabulaire.

Avec un faux soupir râleur, les commissures des lèvres étirées à en creuser des fossettes en forme d’impact sur la frimousse, Barbara prend le visage de Lilly en coupe, les mimines écartées en forme de branches pour approcher les tempes et la taille pressée contre le rebord du bois pour claquer un baiser sur le front, comme nonna a fait pour elle quand elle est rentrée de chez Octave sans liasse, chèque, virement, les frais de l’opération.
11
È anche vita. C’est aussi la vie.

La silhouette se rassoit convenablement, Barbara agite encore l’air dans des gestes qui ressemblent à l’aération des angoisses de Lilly, qu’elle serait fatiguée de feindre l’optimiste, Barbara, quand les lèvres peuvent juste susurrer avec méthode, l’index qui tournoient comme un rouage.

Je comprends les études en médecine, même si c’est glauque en même temps, et pourquoi tu sens la biseptine des fois, ça et les petits pansement là où on fait les perfusions normalement, et aussi pourquoi t’as autant de souffle qu’une tortue asmathique. Ca me dérange pas que tu l’ais pas dit. Je te l’ai jamais demandé.

Avec un doigt elle plaque les raisons une par une contre les phalanges de la main opposée, la divination, l’intuition, la prédiction, l’art oubliée de nonna, repose d’abord sur l’observation méticuleuse et silencieuse, qu'elle a toujours fonctionné comme ça Barbara à avoir la réponse sans l'explication réelle. Le visage en coeur glisse sur le revers des phalanges, les avants-bras plantés dans la menuiserie, et Barbara mordille la langue pour faire passer le temps en étudiant encore Lilly, sa chevelure brune qui doit être douce quand on peut toucher et ses yeux plus jolis quand elle est triste.

Je sais c’est raide. Mais si tu as encore des cheveux, on a un peu de temps encore pour le faire ce voyage non ? Si tu le sais, tu dois me le dire. La date. Je veux dire. Ton emploi du temps aussi, comme ça je ne te demande pas n’importe quand et aussi, tiens.

De la banane beige où elle a tressé des tas de scoubidous pailletés aux bouts des zips, Barbara sort une barre chocolatée.

C’est dégueu la bouffe à l’hosto. Si tu me donnes l'adresse, je te ferai livrer du chinois, on pourra s’échanger des messages en même temps de manger, je t'enverrai les tik tok qui me font rire.







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Ven 5 Aoû - 14:46


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

barbara toujours un peu distante. barbara toujours un peu terre à terre. barbara qui ne montre pas tellement se émotions. qui ne s'embarrasse pas des sentiments.  amaryllis qui a cru, à tort, que les marques de tendresses, ça ne serait pas son fort. et pourtant, baba se lève. pourtant, baba se penche. dépose sur son front un baiser délicat. amaryllis un peu surprise, un peu interdite. amaryllis qui frémit. le cœur se gonfle tout à coup, et le corps se réchauffe après cette longue ascension.
amaryllis qui a envie de pleurer devant ces gestes tendres trop longtemps refuser.
par peur de son propre corps. de ses propres gestes. par peur d'être aimer, peut-être.

mais barbara est là, pourtant. barbara pas démonstrative, barbara introvertie, barbara qui n'a pas le social de ceux qui lient leur coeur aussi facilement que dire bonjour.
mais barbara pourtant, se tient au côté d'amaryllis. semble même l'apprécier.
et c'est le plus beau des cadeaux.

"baba, je..." les mots qui s'effondre, le souffle un peu trop court. "hahaha... c'est vrai que tu es terriblement observatrice..."

c'est un compliment. elle admire ça, ama. les gens capables de comprendre au moindre regard. ce qui se taise à l'ombre des rires, mais qui remarquent.
elle est un peu triste quand même, amaryllis. elle a le cœur qui se gonfle, devant la tendresse de baba. elle voudrait ne pas pleurer, mais elle n'est pas sûre d'y arriver.
mais barbara a la sagesse et la bienveillance de faire un peu de sarcasme. pour noyer les émotions dans l'autodérision, parce qu'aucune des deux n'est forcément friandes des grandes déclarations qui suintent de sentiments.

"ah ouais ! une tortue en crise d'asthme...  carrément !" mais ça la fait rire. et surtout, ça dédramatise. peut-être que c'est juste ça dont elle a besoin, amaryllis. de ne pas en faire tout un drame. parce que c'est trop à supporter. "et désolée pour le parfum Biseptine.  mais oui. tu te souviens, par message tu m'avais demandé pourquoi je faisais des études si je savais que je n'allais pas y arriver... et bien voilà, je ne vais pas y arriver parce que je mourrai sans doute avant. voilà tout."

elle frissonne à la mention de la mort. mais elle ne peut plus fuir devant le regard de barbara. elle ne peut plus mentir.
amaryllis fronce les sourcils sur la question sur ses cheveux. dérangée, au fond, que barbara pense à ses voyages. les voyages, encore et encore... depuis deux mois qu'elle la bassine avec ça. mais amaryllis, elle ne comprend plus. c'était amusant au début, mais maintenant, elle est fatiguée.
mais barbara reprend, plus douce. barbara qui prend soin doucement, à sa manière, par des petits gestes qui semblent peu, mais qui veulent dire beaucoup.
alors amaryllis sourit, se calme, pardonne.

"c'est gentil, baba, merci." elle est douce, la petite pinzani. "c'est la clinique bartholomé, à babel. je risque d'y passer l'été. je te dirai. si tu veux passer me rendre visite, aussi. on pourra retourner au lac et se raconter des histoires qui font peur. ou juste passer à l'observatoire regarder les étoiles... si tu veux..."

sortir avec une amie. avoir une vie normale... c'est peut-être là, son plus grand souhait.

"pour répondre à ta question, les médecins tablent sur trois ans maximum. on est jamais sûr, et selon l'avancé de mon état, ça peut-être moins... on verra."

elle soupire, amaryllis. le visage se referme un peu et les yeux partent dans le vide. elle profite du silence devant l'avoeu, juste quelques instants. pour respirer,  pour se reposer. juste un moment...

"merci, baba. ça fait du bien... d'en parler."

elle s'est redressée, plante ses yeux dans les siens, lui sourit avec gratitude.
merci de ne pas en faire tout un drame. merci de ne pas en faire le sujet principal. merci d'être là à mes côtés. merci de continuer de m'aimer.
merci, barbara pinzani.

@nébuleuse
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Sam 6 Aoû - 0:15

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

Les minottes attablées au bord de leur destinée, elles ont les lèvres qui frémissent des mots un peu tendres, qu’on arrache à la vie comme des confessions secrètes. Sur les coudes penchées, Barbara réceptionne encore les quantités de mots flatteurs qui lui font hausser les épaules le regard rivé vers l’ailleurs, l’échine un peu raide d’être au centre des appréciations, qu’elle n’ait jamais bien sûr de mériter. La tête hausse un peu bêtement la main qui mime déjà que ce n’est pas bien grave en vagues entre elles.

N’importe qui peut le faire, non ? c’est juste ne pas être aveugle.

Pas comme nonna qui va perdre les yeux et s’évaporer un peu plus dans les délires cuisants des rêves trop réels, Barbara la bouche lui pince et son regard s’enfonce dans le tirage, qu’elle a la nostalgie qui lui presse déjà déjà trop de problèmes. Les yeux clairs clairs levés, le nez froncé, elle range les cartes, tente encore de s’expliquer auprès de la benjamine, correctement avec les bonnes expressions.

Pour de vrai. J’ai connu une personne tortue avec de l’asthme. Elle suivait pas les cours de sport et je l’enviais grave parce que ça ventoline avait le goût de fraise. Bref. Elle était comme toi, pour l’endurance je veux dire. Et avec les doigts tuméfiées elle esquisse des roulis, des imbriquement en cône encore, qu’elle a l'incompréhension qui germe au bout des ongles. A mon avis tu trouveras pas le remède avant, alors je comprends pas l’intérêt de continuer, étudier c’est chiant. Tu pourrais … Je sais pas ?! Juste kiffer non ?

Lily, elle a les mots qui débordent comme les ballets des sourcils, si bien qu’on ne sait pas ce qu’elle pense, Barbara laisse en plan les petites phrases. Ca la ronge d’avance de devoir bouger, surmonter les angoisses malignes seule, et faire la conversation comme si c’était normal dans un décor blanc, et comme si, ça la bute Barbara. Alors elle presse le menton avec les phalanges sèchement, rétorque avec un aigreur de gamine.
11
Non… J’aime pas les hôpitaux. Si t’étais née Pinzani, on t’aurais soignée à la maison, les perf, les machines tout ça, on aurait mis dans la chambre. Mais t’es Brown et moi je veux pas sortir. Tu comprends ? Trois ans c’est long, ça laisse le temps pour en savoir plus sur la devinette du destin, qu’on peut encore écumer Haklyone, même si c’est à contre contre cœur. Trois ans… Ça va. On a pas trop de temps mais assez pour le trouver ce voyage. Tu devrais t’y intéresser. Peut-être que c’est ton destin de voyager avant et que ça va t’aider toi aussi..

Les doigts tapotent sur les joues et ça lui donnent des sensations à sens unique, Barbara, le nez de profil comme si elle pensait, et que tout ce concert dans sa tête allait atténuer les effervescences sincères de Lilly. La blonde tasse le paquet dans la poche du pantalon serrée, fourmille déjà des impatiences de s’en défaire, des merci et tout ce qui suit.

Va. C’est rien Lilly. T’en parles comme tu veux. Peut-être que demain c’est moi qui vais mourir. On choisit pas c’est tout.

Le destin, c’est déjà écrit et ça serait bête de réclamer que ça change, les luttes vaines, celles où on s’escrime pour rien, ça ne lui convient pas à Barbara. L’angulaire de l’avenir, c’est encore là où elle s’insère le mieux, même si ça doit faire des tonnerres de frustration aléatoires et ravager le réel. La tabouret presse vers l’arrière, un bruit qui brise les chuchotements, le désintérêt du gardien soudain troublé, qu’elle en aurait les jambes flageolantes de prendre le devants pour rien.

Alley Lilly. On s’casse. T’as toujours pas envie de sauter de toute manière.

L’adrénaline, c'est vrai, ça gondole la vie en couleur criardes, et ça gicle comme des tâches sur le reste du monde. Mais l’adrénaline, ce n’est pas l’envie de crever, un peu las sous les épaules, qui dérangent et qui remet en cause tous les souffles, alors ça attendra les souffles exténués de s’être trop égarée, Barbara, elle en est certaine, se foutre en l’air ça ne réduit pas à précipiter les petons au-delà d’un gouffre.







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Mar 9 Aoû - 10:46


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

barbara fidèle à elle-même. barbara pragmatique. mais barbara qui ne se rend pas compte d'à quelle point elle est exceptionnelle. barbara intelligente, barbara observatrice, barbara pleine de déduction, barbara logique, barbara réaliste.

"tu sais, ce n’est pas le cas de beaucoup de gens. à la fac par exemple, peu sont au courant. certains se doutent qu’il y a quelque chose, mais personne ne sait à quel point… le déni, peut-être ? je les comprends, on a pas forcément envie de se pourrir la vie avec les problèmes des autres."

alors pourquoi ça sonne aussi amer ? pourquoi amaryllis fronce les sourcils d’un air revanchard ? pourquoi est-ce qu’elle déteste autant qu’on la prenne en pitié, tout en détestant tout autant qu’on fasse l’aveugle devant elle. pourquoi est-ce qu’elle a tellement besoin de se fondre dans la masse, tout en souffrant de ne pas pouvoir crier au monde entier qu’elle existe ?

"je sais, que je ne trouverais pas le remède. je sais, que je suis condamnée." elle le sait tout ça. elle le sait. et ça fai mal. "mais moi j’aime les études. ça me plaît d’apprendre même si je n'utiliserai probablement jamais ces connaissances. mais j’aime comprendre.  et puis, c’est agréable, la fac. j’aime cette vie là. je… je ne veux pas que ça s’arrête…"

et la voix se brise. et les mots se butent contre eux même. et le ton est amer. et les larmes montent.
amaryllis elle pense au futur sans trop oser. elle a peur de l’avenir, elle a peur de rêver. parce qu’amaryllis, c’est de ça tout ce qu’elle souhaite, tout ce qu’elle rêve. une vie normale, une vie banale. la vie qu’elle aurait eu si le destin n’avait pas toquer à sa porte un soir d’été.
tout le monde s’imagine que s’il ne lui restait que quelque temps à vivre, il plaquait tout pour profiter des derniers instants. mais c’est absurde. si c’est vraiment ça qu’il voulait, il fallait le faire avant. on ne court pas après le bonheur juste à nos derniers instants.
les autres, ils n’ont vraiment rien compris.

"je me dis que je pourrai peut-être me faire soigner chez moi… mais mes parents et mon frère doivent travailler et… je veux pas leur imposer ça. donc je me dis que l’hôpital c’est mieux. au moins, je dérange personne.. tu comprends, toi ?"

que je ne veux pas que vous me voyez comme ça ?

"le voyage hein…"

barbara repart là-dedans, encore et toujours. barbara un peu têtue, finalement. barbara qui n’a que ce mot à la bouche quand elle est là. barbara obnubilée. mais amaryllis comprises. on a tous besoin d’une obsession. c’est comme ça qu’on avance.
et puis soudain, amaryllis a une idée.

"eh, baba… pour le voyage… pour ce que tu as lu sur moi… il y a peut-être un endroit où, depuis un moment, je rêve de voyager… peut-être que c’est ça la clef ?"

qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? maintenant qu’elle y pense, ça lui apparaît comme une évidence.
mais ça risque d’être impossible… après… qui sait, en 3 ans, ce qu’elles pourraient trouver ?

les deux femmes quitte la petite cabane pour sortir. la lumière qui les éblouit une fois à l’air libre. amaryllis plisse les yeux, mais s’habitue assez vite. il y a du vent, ça tranche avec quand elles étaient à l’intérieur.

"j’espère que non, moi. je ne veux pas te voir mourir baba. t’es importante pour moi…"

aveux de sentiments à demi-mot. ça semble touchant, mais c’est terriblement égoïste.
parce que elle, elle la verra mourir.
parce que elle, elle finira par s’enfuir.

"je ne peux pas sauter, non. ça fait dix jours que mon corps subit trop à cause du traitement. mais peut-être que d’ici un mois je pourrai voler à nouveau…" maigre espoir, mais on s’accroche à ce qu’on a. "dis, baba, tu m’accompagne au bord du perchoir ? je voudrai… sentir le vent sur mon corps."

pour me souvenir de la sensation de voler.
pour avoir l’impression que l’air me transperce.
un peu plus qu’assise sur un banc avec une pie bavarde.

@nébuleuse
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