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Amaryllis ‡ Jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé ‡ FIN - Page 2



 
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Amaryllis ‡ Jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé ‡ FIN
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Ven 12 Aoû - 23:35

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

A contrario des bohèmes, il n’y a aucun plaisir à enfoncer les ongles dans un tabouret qui n’a pas de dossier au milieu d’une bicoque qui, plus elle y pense plus c’est réel, à l’odeur anisée d’un mauvais pastis pour digérer la solitude. Les jointures crispées par cette angoisse latente d’avoir enfoncé dans la nuque le regard du gardien, Barbara, une boule au ventre, se demande de quelle taille sont les serres en fronçant les sourcils suivre les explications, toujours indulgentes, de Lilly.

J’appelle ça de l’égoïsme perso. C’est vraiment nul. A ta place, je serai franchement dégoûtée.

C’est certain, dans une blouse trop courte avec des motifs pires que les tuniques de nonna et un slip informe que les gens peuvent voir ou assise à l’endroit le plus isolé d’un amphi grouillant de trivialités mesquines, Barbara, aussi sotte que ça puisse la rendre, elle aurait rouvert le skyblog. Une oeillade anxieuse glisse en arrière, s'assurant qu’il est toujours à son poste, le nez enfoncé dans les pages de la gazette avant de confronter les iris aveline avec une moue désabusée.

Ta fac pleine de faux-culs, je lui ai pas encore trouvé de qualités, là, je t’avoue. C’est pas pour être méchante. C’était pareil en fac info. Avec quand même plus de types drôles…

Le menton vient se caler dans la paume accoudée qu’elle balance avec ennuie en égrenant un rignochement léger. En face des rangées d’ordinateur, des interlocuteurs compréhensifs et familiers, Barbara, la tête dans les touches du clavier, avait fini par leur trouvé un charme à ces types à lunettes, quand la fame largement exagérée d’être le futur inventeur de Facebouc ne leur était pas monté au crâne. Les sourcils se percutent presque au-dessus du museau dans une grimace contrarié que, Barbara, jamais elle ne pourrait comprendre ce mécanisme tordu par lequel Lilly en est arrivé à croire que la meilleure façon de rendre heureuse sa famille c’était d’être encore plus malheureuse elle.

11

Non. Désolé. Là je ne comprends vraiment pas. Mais c’est peut-être un truc de Brown.

D’un soupir bruyant, le blonde balaye la conversation au placard, qu’après tout, elle ne demande à personne de comprendre comment elle peut encore vivre avec sa mère et sa nonna vingt-ans passé. Brutalement, les mains se lèvent vers le ciel avant de frapper sur le bois, faisant sursauter Barbara elle-même, c’est difficile de doser quand on a perdu le toucher, et d'asséner la voix chargée d’une frustration.

Mais Lilly. Ça fait genre deux mois qu’on voyage et c’est maintenant que tu te rappelles de ça ? Vite, pas la peine de faire du suspens comme ça.

Sans traîner, les pieds piétinent pour s’arracher avec soulagement à la surveillance du rapace qui n’a pas bougé une serre, tant pis pour les politesses, ce n’est pas comme si la mouffette avait pour habitude de s’en soucier. Dehors c’est tout le corps qui hurle d’être à nouveau lacérer par ce vent cinglant qui rend sourd, Barbara, les dents serrés, hausse les épaules avec une désinvolture embarrassée.

Je pense que tu veux voir personne mourir Lilly. Si t’es en médecine c’est parce que toutes les vies sont importantes et méritent d’être sauvées non ? un truc du genre, je l’ai lue dans la biographie d’une interne.

Affolée, Barbara tend un index dénonciateur sur le triangle jaune à quelques mètres, dont la silhouette en chute libre ne laisse aucune ambiguité sur le danger encouru si la présence d’un gardien ne l’avait pas déjà fait comprendre. Peu à peu, l’idée germe que Lilly est peut-être aussi folle que nonna, que ce n’est pas les rides qui déterminent la folie mais l’horizon de la vie qu’on voit se rapprocher. Les poings calés sur les hanches menues, la blonde échappe un sifflement admiratif en mimant son opposition franche avec la tête.

Hors de question. T’as vu comme on est des brindilles. S’il y a une bourrasque violente et qu’on glisse, on est morte. Tu veux sentir le vent ? En deux pas, elle est à quelques centimètres et tire avec les mains sur le haut de Lilly pour l'enlever. Ca coince un peu alors Barbara se sent obligée d’expliquer. Allez. T’auras qu’à te transformer. Je te tiendrais les serres, y a déjà bien assez de vent là où on est.

La blonde rigole des sons, des éclats, des peurs étouffées, amusée d’elles-mêmes, de toute l’absurdité de vouloir désespérément sauter et de se foutre à poil au milieu de nulle part.








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Mer 17 Aoû - 13:05


jolie fleur, t'es fanée, mes doigts sentent le brûlé
(21 juillet 2098 x perchoir d'horus)

elle rit, amaryllis. acclame les critiques de barbara avec légèreté. oui, les gens sont des égoïstes, oui, les gens sont des hypocrites. ô, elle le sait, amaryllis. c’est intrinsèque à l’humain. intrinsèque à l’inma. une belle bande de faux-culs, ah, ça oui. mais c’est ainsi. amaryllis, elle l’accepte. c’est comme ça. parce qu'après tout, elle n’échappe pas à la règle. elle aussi, elle est hypocrite. elle aussi, elle est égoïste. la vie fragile tisser dans le mensonge, cachée par la blouse blanche.
et barbara aussi, n’échappe pas aux tares de son espèce. barbara non plus, n’est pas parfaite.  la franchise de l’arrogance. la mort de sa nonna en excuse pour se désister aux responsabilités du social.

mais malgré tout, amaryllis aime les autres avec tous leurs défauts (avec tous ses défauts). elle contemple barbara un instant. elle est jolie barbara, les yeux azur et les cheveux blonds. les mêmes traits qu’octave mais les reflets différents. barbara, elle pourrait lui trouver cents défauts, c’est sûr. mais barbara, elle pourrait surtout lui trouver milles qualités.
parce que barbara, dans le coeur d’amaryllis, c’est une amie. pas comme ceux de sa fac, pas comme ceux avec qui elle prétend. amaryllis souvent dans le silence, souvent dans le mystère, souvent dans la fuite. mais toujours terriblement elle-même avec baba.
baba, c’est peut-être la seule.
baba, qui lui en a donné la preuve aujourd’hui.
baba, qui l’accepte et la soutient à sa manière.
maladroitement, toujours à la sauce pinzani.
mais ça lui suffit, à lilly.

"un jour peut-être… on verra bien." peut-être qu’elle sera dans sa chambre, à ithloreas, au milieu de ses plantes et de sa famille. "je n’espère pas, ça voudra dire que je serai à la fin."

à la fin de sa maladie. à la fin de sa vie.

et puis amaryllis sursaute à la suite aux soubresauts de son amie. elle sourit timidement, un peu désolée devant la frustration dévoilée. alors elle préfère, ça aussi, l’accueillir par un rire. c’est plus doux.

"oh, mais nos voyages sur l’île étaient aussi importants pour moi que prévu dans ma vie, ne t’en fais pas. mais tu le dis toi-même, ça ne rime à rien. alors… j’ai peut-être une idée…" la voix se perd dans les airs, parce qu’amaryllis, elle hésite un peu. mais elles sont dehors désormais, alors c’est mieux. car le hurlement du vent sur la roche étouffe un peu la confession. "tu vois… depuis ma maladie, ça a remis beaucoup de choses en question dans la vie… surtout depuis octobre, où j’ai su que c’était fini. où j’ai su qu’il ne me restait que trois ans…" ça fait bizarre de le verbaliser. la gorge un peu nouée. le coeur un peu libéré. (merci merci, barbara pinzani) "je me sens mal dans mon corps, comme étouffée… mais en fait, c’est la situation. j’étouffe de partout baba, et… j’étouffe sur cet île, tu vois ?"

elle explique un peu avec les mains, comme pour se justifier devant le regard inquisiteur. la manie de dire “tu vois ? tu vois ?” pour se rassurer et ne pas avoir besoin d’expliquer. comme pour persuader l’autre qu’il a comprit pour ne pas chercher plus loin. mais amaryllis connaît barbara, et avec elle, ce mécanisme ne fonctionne pas.

"j’ai envie de partir d’ici."

physiquement.
elle a déjà essayé, mentalement.
un soir d’automne dans l’océan.

"j’veux quitter l’île, baba."

c’est un aveu qu’elle n’a dit à personne sauf à la sirène (à sa sirène).

amaryllis hausse ensuite les épaules. barbara n’a pas tort, mais pas raison non plus. il y a bien une personne qu’elle veut voir mourir, justement.

"au début, pour beaucoup, oui. mais quand tu l'étudies, tu décortiques tout. ça désacralise beaucoup le corps. t’es forcé de prendre de la distance avec les patients et avec ce que tu vois au quotidien pour ne pas finir dépressif. prends les urgentistes par exemple. on va des fractures bénignes aux arrêts cardiaques en pleine nuit. la mort, tu la côtoies constamment. et même si tu ne veux voir personne mourir, au fond, tu finis par ne plus vraiment voir l’anima en face de toi, en temps que patient, mais plutôt la maladie en elle-même. sinon tu finis par te faire bouffer toi-même." elle se rappelle les conversations avec yara, willow, joris et faith. "et oui, chaque vie mérite d’être sauvée. malheureusement la réalité est parfois difficile et tu es amené à faire des choix.  parfois c’est terrible. parfois tout va bien. c’est pas un métier facile, mais je suis persuadée qu’au fond c’est un beau métier. j’admire beaucoup le corps médical." de la plus petite infirmière au plus grand des cardiologues. "néanmoins, malgré tout ce qu’on peut voir et apprendre sur le corps, tout ce que tu n’imagines même pas… il y a toujours ce respect pour la vie, pour les âmes, et pour la mort."

elle, elle n’est pas médecin. elle, elle ne le sera jamais. donc elle a encore le droit de déroger à cette règle. de ne pas se respecter elle-même.

amaryllis fronce les sourcils devant le refus de la moufette. comment ça, le bord du perchoir ? ah, oui, c’est vrai. elle ne vole pas, barbara. c’est dangeureux, pour barbara. pour amaryllis aussi, puisque la transformation lui est prohibée.
alors la pudeur qu’on ne lui connaît pas surgit tout à coup quand barbara tente de lui ôter le haut.

"non ! arrête ! attend !" c’est un cri de détresse. la peur du contact, la peur d'être mise à nu. amaryllis s’en rend compte devant les rires et les peurs étouffées de barbara. devant l’absurdité de la situation et le ton soudain élevé de sa bouche. “"je, je.."

le regard effaré, le retour à la réalité. si amaryllis flottait, le vent vient soudain de se lever et tambourine contre la roche. elle a peur à son tour, se rend compte de ce qu’elle voulait faire. la folie disparaît et la laisse là, débraillée, vulnérable, écorchée.

"j’veux pas… j’veux pas que tu me vois comme ça." étouffée, elle se ravise sans trop y croire. murmure inaudible. "j'veux rentrer..."

je ne veux surtout pas me transformer.
j’ai peur de mon corps trop fin.  de ma chaire rongée. de mes côtes saillantes et de mes lignes brisées.
j’ai peur de mes plumes disparues. de mes ailes trop minces. de mes yeux vides et de mon âme bancale.
mon âme en cendre.

@nébuleuse
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Sam 20 Aoû - 11:50

.il matto

1

On voudrait habiter sur la face cachée de la lune dans une communauté hippie, prisonniers dans l'Jumanji

Lilly a la caboche pourrie par la perspective de sa mort, et maintenant, Barbara est bien contente qu’il n’en reste que la moitié à nonna, la grosse passoire pleine de rires enfantins de l’ancienne, pour ne pas être aussi malheureuse. Les ongles grattent nerveusement dans la ferraille des épingles à nourrice qui tiennent les planètes rouges et vertes des vignettes sur le jean, en égouttant le récit irréel des contradictions de Brown. Ses joues gonflent comme le souffle qui s’engouffre et fout la pagaille dans les mèches collées entre elles, et le poitrail se bombe d’air (((trop))) pur pour retenir son irritation.

Je te comprends vraiment pas Lilly. Un coup tu veux continuer tes études parce que être normal ça te rassure. Un coup tu veux te suicider sur la barrière de corail parce que la vie normale t’étouffe. T’es comme les girouettes là, tu tournes à droite, à gauche, tu sais pas vraiment où tu veux aller et moi je comprends rien.

Les doigts se déplient avec les volées de mots, les arpions écartés pour rester stable sur les galets à demi-immergés que la tempête malmène, Barbara juge comme un mistral affuté. Lilly, de toute façon, elle récite les lignes d’un script que la blonde n’a jamais demandé avec ferveur, les billes polaires roulent dans leur orbite et la mouffette sort son cellulaire, défile des flashs de gens qui se ramassent et d’artistes aussi torturés que inconnus, une risette qui refait timidement surface sur le masque d’ivoire. Le silence lui fait lever lever deux yeux hésitant, sourcils haussés, et presse l’écran dans le fond des immenses poches de la veste où elle intercale bientôt les poings dans une mimique blasée.

11

Déso Lilly hein. Mais je m'intéresse pas aux prénoms des gens. Alors la déontologie du médical… Les lèvres pincent, gonflent, relâche un plop sonore et elle bascule le corps d’avant en arrière dans des gloussements ingénues. C’est sûr t’es la chouchou des profs toi.

Les phalanges viennent s’emmêler dans le tissus dans un prolongement d'espièglerie, de fillette légères comme les bulles, le vent forme une cloque bruyante autour d’elle qui isole la lutte spontanée avant que la voix suraiguë d’angoisse de Lilly n’en perforce les parois invisibles. Barbara laisse ses bras retomber le long du corps, un fard vif s’empare des pommettes et une honte désagréable lui tord le ventre à en froisser les traits dans une grimace sèche. Mal à l’aise, la mouffette goûte à une rancoeur amère, vexée d’être repoussée aussi franchement, avant de s’écarter de plusieurs pas dans une souffle acerbe.

Ben on rentre alors. C’est bon j’ai compris.


L’aigreur gonfle le plexus, presse la démarche, détourne les mirettes, Barbara avale à allure fiévreuse la distance qui les sépare des battants automatiques de la gare la plus proche.







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