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Réveil difficile FT : Yara - Page 2



 
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Réveil difficile FT : Yara
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Mer 31 Aoû - 13:29
- Beau, hein ?

Question rhétorique. Évidemment que c’était beau et la malade venait de le confirmer. Si Errilys voit Haklyone comme un havre de paix merveilleux, c’est grâce à son éternel optimisme. Il n’est pas aveugle aux défauts, mais à quoi bon les ressasser ? On ne change pas le monde. Autant se concentrer sur les aspects positifs : la recette du bonheur.

Le danseur est très heureux de pouvoir partager un peu son expérience, ses voyages. Il se met donc à décrire, allongé dans son lit, les yeux également fermés.

- Tu dis être allé à Régalia, mais t’es-tu déjà baladé dans la campagne ? Il existe un lieu que tu connais peut-être sans l’avoir visité : la fête foraine. Entre les champs des plaines faucheuses se dressent de nombreuses attractions et petits stands. C’est un lieu de plaisir où les vendeurs de confiseries embaument l’air de sucre et de fruits. Les rires des enfants s’élèvent et se mêlent à la musique pour former un ensemble festif. De grandes attractions permettent d’obtenir ce soupçon d’adrénaline qui fait se sentir vivant. Peux-tu voler ? Moi oui. Lorsque la fête est à son comble, le soir, on peut voir une forêts de tentes et d’attractions illuminées. Comme une tâche de lumière au milieu de la noirceur des champs depuis le ciel, d’où émane une mélodie entrainante…

La voix d’Errilys diminue. Il est plutôt bon narrateur et son ton est particulièrement animé quand il décrit ces images et sensations. Il laisse quelque secondes, laissant la rémanence de la fête foraine dans l’esprit de sa compagne.

- En parlant de tâche… Un autre des plus beaux lieux d’Haklyone fait office de tâche depuis le ciel. Mais cette fois-ci, c’est une immense tâche miroir. Imagine une surface lisse, réfléchissante comme de la glace et d’une teinte rosée. Quand vient le printemps, les cerisiers fleurissent et répandent leurs pétales, rendant encore plus rose ce qu’on appelle le lac Magenta. C’est un lieu paradisiaque, on peut s’y baigner et s’y reposer sous le ciel bleu et le soleil radieux. En plein milieu de ce lac, des colonnes de pierres émergent de l’eau, témoins d’un passé révolu…

Quelques secondes d’écoulent, plus qu’entre les deux précédentes descriptions. Puis le danseur se redresse, et fixe intensément la patiente à ses côtés de ses yeux vairons.

- Qu’est ce qui t’empêche de visiter ces lieux ? Tu sais, les navettes permettent de faire des aller-retours à peu près n’importe où sur l’île en très peu de temps. Tu ne dois pas avoir besoin d’un traitement médicalisé constant si t peux faire des études. Veux-tu venir avec moi ? Je t’emmène à un endroit, un seul, dès que nous sortons de cet hôpital. Et je te montre à quel point notre île est belle. Tu pourrais être rentrée le jour même.

Pas de contraintes, pas de limites, pas d’inquiétudes. Errilys vivait comme cela. Sa proposition était totalement impulsive, et cela se sentait. Il ne pouvait croire que quelqu’un n’ait vu que deux des villes de l’île dans sa vie, et n’ai pas envie d’en découvrir plus. Pas envie de marcher sur le ponton Solaris, Pas envie de manger des bonbons à la fête foraine. Pas envie de faire le grand saut dans les cascades Kora-Kora…
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Yara de Rivera
Maison du Souffle et des Cendres
Yara de Rivera
Âme : Sans-Âme.
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Mer 31 Aoû - 17:59
You always have to wake up
to have no soul is to be weak. it’s to be doomed to an existence void of normalcy. it’s to exist without living, it’s to exist in fear of the unknown, it’s to exist while trying to find a cure to the emptiness it leaves in the heart. to have no soul isn’t to live, it’s to fear that every second may very well be your last.


Les yeux sont fermés. Dans le néant qui se présente à eux, dansent des images, des paysages aux allures enjolivées, dans lesquelles le soleil ardent frappe de plein fouet, ou bien la nuit brille de milliers d’étoiles piquées dans la voûte sombre du ciel. Dans lesquelles le vent fait virevolter les cheveux, caresse la peau d’une douce fraîcheur, dans lesquelles l’odeur de popcorn et de bonbons flotte dans l’air. Des mots d’Errilys, la jeune femme s’imagine la grande fête foraine, lieu énigmatique qu’elle n’a jamais pu visiter d’elle-même. Elle s’imagine un tourbillon de couleurs, une foule où tous les visages sont souriants, de laquelle fusent rires et cris de bonheur. Elle s’imagine le Lac Magenta comme elle n’aura jamais la chance de l’observer, la vue aérienne qu’on lui décrit suffisant à la faire sourire, imaginer une scène des plus exquises. Les pétales des cerisiers qui s’envolent, se déposent délicatement à la surface de l’eau claire, donnant un aspect tout droit tiré de ces histoires romantiques que l’on peut trouver dans les pages de best sellers sur les étagères du magasin général.

Les descriptions imagées que lui fait Errilys ont le mérite de la distraire un moment, de lui faire visualiser Haklyone autrement pour la première fois en de très longues et nombreuses années. Quand bien même devait-elle avouer qu’il y avait une toute petite possibilité que l’île recèle de véritables beautés en matière de paysages, de petites perles cachées là où l’on s’y attend le moins… Jamais, ô grand jamais, Yara n’arrivera à se convaincre – ou être convaincue – qu’Haklyone est autre chose que sa prison. Sa prison de laquelle elle ne s’échappera jamais, où elle finira bien par mourir un jour.

D’ailleurs, penser à sa future fin lui rappelle les dernières paroles que Faïr, son grand frère, lui a adressées avant qu’ils ne se séparent à nouveau.

Comme quoi elle avait plus de choses en commun avec les morts que les vivants.

Parce que, comme les cadavres qu’il avait pour habitude de préparer au repos éternel… l’âme était absente.

Alors… Qu’adviendrait-il d’elle, le jour où elle mourrait ?

Elle était convaincue qu’on ne se souviendrait d’elle que comme la Sans-Âme. Celle que personne ne voulait côtoyer, par peur que sa condition soit transmissible, qu’elle affecte les futures générations et produise davantages d’êtres dont l’âme était trop faible pour se manifester. Elle était convaincue qu’à sa mort, on ne prendrait pas même la peine de la préparer au dernier voyage, car sans âme, on ne pouvait l’effectuer. Elle était presque convaincue qu’elle finirait certainement sa vie esseulée, isolée de tous, car personne ne veut d’une créature maudite dont la malédiction peut potentiellement affecter l’entourage, s’ils restent trop près.

Et voilà que la question d’Errilys coïncide parfaitement avec la fin de sa réflexion, a le mérite de l’en tirer l’espace de quelques secondes. Sans-Âme ouvre les yeux, tourne la tête pour l’observer de ses mirettes ambrées. Il s’était redressé entre-temps – visiblement, il devait se porter bien mieux qu’il ne l’était, au départ.

Que pouvait-elle répondre ? Qu'avait-elle à perdre ?

« Je suis certaine que, depuis ton réveil… T’as une impression étrange en me regardant, non ? » qu’elle soupire au bout de quelques minutes, se replaçant dans son lit afin de fixer le plafond. « Je pourrais me jusitifer en te disant que je suis malade et que je souffre de malaises fréquents. Que je ne peux pas voyager parce que je dois rester près des centres de traitements. »

Un rire presque silencieux, amer, réussit à se glisser de ses lèvres.

« Et si c’est pourtant une part de la vérité… » qu’elle commence, marquant une pause hésitante avant de reprendre. « La vérité entière, elle, c’est que je n’ai pas d’âme. »

Yara prend une grande inspiration, expire par le nez. Ferme les yeux. Reste silencieuse un long moment. La vérité est dévoilée au grand jour, désormais.

Parce qu’elle a décidé qu’il valait mieux ne plus la cacher.

« C’est la raison pour laquelle je suis constamment malade. Pour laquelle je ne peux pas voyager. C’est la raison pour laquelle je sors le moins possible de chez moi – pour éviter les regards haineux qu’on me lance, parfois, les mots acerbes que les plus téméraires me réservent lorsqu’ils me croisent dans la rue. »

C’est dit. La vérité est dite. Allait-elle regretter de l’avoir dévoilée ? Certainement. Mais il n’y avait plus moyen de faire marche arrière, maintenant.

« Maintenant que tu sais ce que je suis… Je comprends que ma présence peut-être malaisante. Libre à toi de continuer de me parler ou non… » Elle soupire doucement, marque une pause avant de reprendre, avec un léger sourire au visage. « Mais saches que j’ai apprécié discuter avec toi, Errilys. Ç’a eu le mérite de faire ma journée. »


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Ven 2 Sep - 1:29
La réaction de Yara laisse Errilys perplexe. Il fronce les sourcils. Le paradisier se serait attendu qu’elle soit intéressée ou inquiète face à sa proposition. Au lieu de cela, elle semble… Fataliste. Fixer le plafond. Rire amèrement. Il a effectivement une impression étrange mais cela n’a rien à voir avec le propos du moment…


C’est alors que la vérité tombe. Ses yeux s’écarquillent, il ne bouge pas, sous le choc face à une telle révélation. Errilys ne saisit pas pleinement toutes les implications de ce que vient de dire la malade. Il est tétanisé, s’il a moins mal au crâne, son corps reste meurtri. Sa position est inconfortable. Mais il ne bouge pas, à moitié redressé, il fixe d’un air incrédule la sans-âme… Sans-âme…


Les émotions se succèdent, le paradisier ne réfléchit pas, il écoute. Persécution, haine, maladie… Sans-âme…


Les yeux du danseur finissent par refléter les dernières sensations qui le figent : l’horreur et la peur. Son âme à lui, c’est tout. Les âmes sont tout ce qui anime, ce qui fait vivre un Anima. Loin d’imaginer ce que peut être la vie de la patiente sans âme, il se pose déjà la question pour lui. Il s’imagine sans âme. Les conséquences physiques et la maladie lui font moins peur que tout ce que cela implique sur la vie… Et sur la mort. Il ne connaitrait plus le vent dans ses plumes, la liberté infinie d’un vol dans le mont hurleur. Il ne pourrait plus s’envoler du club Géolis lorsque la température monte trop. Même ses spectacles, dont il est si fier, ode à l’âme et démonstration du pouvoir de celle-ci, lui seraient inaccessible. Il perdrait sa liberté, son gagne-pain, toutes ses activités. Il ne lui restait que le vide, ce vide qu’il ressent chez Yara et qui l’horrifie. Il pourrait se donner la mort, mais même cela il en aurait peur, car après la mort ne l’attendrait que le vide insondable du néant…


On n’est rien sans âme. On est vide.


S’il avait pu courir, loin, très loin, s’envoler très haut, il l’aurait fait. Comme manifestation de cette pensée, le paradisier terrifié a un mouvement de recul. Mais son corps meurtri le rattrape, et le clou au lit. Il retombe, s’affaisse dans le lit. Errilys se transforme alors, presque de manière incontrôlable, comme pour se prouver qu’il a toujours son âme, et que ces pensées n’étaient qu’un mauvais rêve. La petite forme aviaire git sous le drap, cachée à la vue de la sans-âme et s’assurant également que cette dernière soit loin des yeux.


Il faut de longues minutes à l’oiseau pour se calmer. L’idée qu’il puisse exister une chance infime qu’il soit privé de son essence lui provoque une peur panique totalement incontrôlable. Finalement, lorsque le rythme cardiaque diminue et que la respiration s’apaise, Errilys se remet à réfléchir. La personne couchée sur le lit à côté du sien n’est pas un monstre. Elle n’est pas en bonne santé - sans déconner, pense-t-il - mais elle parle comme une Anima. Elle doit également marcher comme une Anima, manger comme une Anima, vivre comme une Anima. A ceci près, qu’elle est vide. Elle est donc, par conséquent, moins heureuse, fragile, et condamnée au néant.


A un moment de sa réflexion, une petite voix susurre à l’oreille du volatile que la sans-âme pourrait, peut-être, lui voler son âme. Cette idée superstitieuse le terrifie, mais il la chasse bien vite. A bien y réfléchir, Yara a l’air malheureuse. Elle ne voit rien d’autres que les murs blancs des hôpitaux à longueur de journée, à cause de ses études en plus. Elle n’a jamais voyagé, ne doit pas avoir beaucoup d’amis au vu de sa situation. A fleur de peau comme il l’est actuellement, cette idée arrache une larme au paradisier. Non. Définitivement si elle avait pu voler les âmes, elle l’aurait déjà fait.


Et maintenant ? Il est coincé dans cette chambre avec cette femme. Va-t-il rester cacher sous ce drap jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Hurler pour qu’on le change de chambre ? La sans-âme lui a même donné l’opportunité de faire cela, elle a l’air de s’attendre à ce qu’il fuit.


Cette dernière idée appose un point final à la réflexion du volatil. Va-t-il faire comme tout le monde ? Lâcher un regard mauvais et se cacher sous une pierre ? Ignorer cette Anima malheureuse qui est née avec le pire handicap qui puisse exister au monde ? Va-t-il s’abaisser à être prévisible ? Il vient d’en plus lui proposer de lui faire voir le monde, et il devrait se rétracter ? Fuir ? Non.


Soudain, le drap se soulève. L’oiseau éjecte le tissu et fixe la patiente. Il s’est bien passé une dizaine de minute, pendant laquelle le paradisier se débattait avec ses idées et ses émotions. Mais là, il n’a plus l’air apeuré. Une terreur sourde continue de couver dans sa poitrine, mais elle vient alimenter ce trac, cette impatience du jeu, du risque. Affronter le danger ultime, n’est ce pas le jeu ultime ?


Errilys saute du lit, et s’approche de celui de Yara. Il manque de s’écrouler et boite difficilement jusqu’à sa compagne d’infortune. Son déplacement difficile n’enlève rien à l’assurance totale qui embrase son regard. Être sous sa forme Animale renforce sa confiance.

Son âme est à lui, il est l’oiseau du paradis. Rien ni personne ne pourra jamais lui arracher son trésor le plus sacré.

Ce ne sont pas quelques idées superstitieuses ou une terreur irraisonnée qui l’empêcheront d’aider une personne qui souffre, d’être l’ami de cette Anima si elle le veut, d’autant qu’elle en a clairement bien besoin. Si Errilys fuit, c’est que sa vie est en danger, ce n’est pas le cas ici.


Lorsqu’il arrive finalement au lit. Le volatil se hisse péniblement sur le drap, et s’approche de Yara. Il s’approche encore, et encore. Il est si près que les deux pourraient se toucher. A ce moment, il fixe la sans-âme dans les yeux, il la défie. Il n’y a pas de haine dans ces yeux, peut-être un soupçon de peur, mais noyé dans une mère de défi et d’assurance. L’oiseau est droit, aussi droit que sa condition le lui permet, et baisse la tête. Tout son corps se tend vers Yara et il garde la tête baissée, attendant visiblement quelques chose…


Si elle ne fait rien au bout d’une trentaine de secondes, Errilys relève la tête. Il s’approche encore et, peu importe la réaction de Yara, vient coller sa tête contre son épaule un bref instant. Si cependant la main qu’il attendait vient se poser contre son plumage, il se love contre cette dernière, prolongeant le contact aussi longtemps que la malade le veut.


Ce défi, cette démonstration de confiance réalisée, Errilys repart aussi vite qu’il est arrivé. Il boite à nouveau jusqu’à son lit, réussissant encore tant bien que mal à arriver à destination. Il aurait bien volé de lit en lit, mais sa condition ne le lui permet pas. Un grand soulagement envahit tout de même le paradisier alors qu’il retourne vers sa couche, accompagné d’une certaine satisfaction. La satisfaction d’avoir pris un pari et d’avoir gagné.


Finalement, ayant fait fi de toute parole ou réaction de la malade jusque-là, il se retransforme et se recouche, reposant son corps meurtri. Errilys soupire de soulagement et fixe le plafond.


- Ma proposition tient toujours. Veux-tu partir voir l’un des plus beaux lieux de cette île avec moi ? Je ne t’emmènerais juste pas au temple amanite.


La dernière phrase est prononcée avec un petit rire. Cette idée amuse Errilys, mais ce n’est clairement pas une plaisanterie. Jamais il ne commettrait l’hérésie d’amener la sans-âme dans un temple. Le vide l’attend quoi qu’il arrive au bout du chemin. Néanmoins, cela ne devrait pas lui retirer le droit au minimum de bonheur que peut attendre n’importe quel Anima. Même handicapés, tous les Animas sont des Animas.
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Yara de Rivera
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Mar 6 Sep - 14:23
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Yara ne saurait qualifier le sentiment qui l’envahit, lorsqu’elle voit Errilys se terrer sous les couvertures trop blanches qui couvraient son lit. Les yeux ne scintillent plus, les lèvres s’étirent en un sourire à la fois compréhensif et amer. Parce qu’elle ne sait que trop bien ce que ressent le jeune homme. Elle l’a vue d’inombrables fois, cette terreur sourde qui brille dans le regard de ceux qui l’entourent. Elle l’a vue dans les yeux de son père, dans ceux de son frère, dans les yeux de parfaits inconnus. Elle l’a vue si souvent qu’elle la connaît bien, cette peur superstitieuse qui n’est pourtant fondée que sur des rumeurs, que certains fanatiques de l’âme ont poussées beaucoup trop loin.

La tête se repose doucement sur l’oreiller, les mirettes ambrées disparaissent derrière les paupières lourdes d’une certaine déception. Les mains se posent sur le ventre, les doigts entrelacés. Et un soupir quitte les lèvres pincées.

L’espace d’un court moment, la Sans-Âme avait eu un brin d’espoir. Tout petit, tout fragile. Celui qu’on essaie de contenir afin d’éviter qu’il ne devienne trop fort, celui trop faible pour être déçu s’il se révèle futile. Et pourtant, malgré l’habitude à force de voir les autres réagir de cette façon… Elle ne pouvait s’empêcher de ressentir cette amertume, cette tristesse qu’elle considérait maintenant comme une compagne de bien longue date. Car elle avait espéré un court instant que ce serait différent, cette fois.

Elle aurait dû savoir, pourtant, que les Animas dont l’âme est bien présente sont tous les mêmes.

Maudite est son existence, à elle qui n’a rien – qui n’a ni âme, ni essence, qui n’a rien à offrir à la Mort lorsque viendra le jour où elle quittera ce monde. Maudite est sa vie, qui ne mène à rien – qui ne mènera nulle part, simplement parce qu’on n’oserait jamais croire en une créature qui ne devrait point exister, qui contredit tout ce que l’on sait par le simple fait d’exister.

« Maudite, maudite, maudite soit la Sans-Âme, » se plaisent certains à lui répéter, lorsqu’elle les passe inévitablement au détour d’une rue bondée, qu’on la reconnaît comme telle.

De longues minutes s’écoulent ainsi, alors que ses démons la tourmentent en silence, lui font réfléchir à ce dont elle ne devrait pas. Paupières lourdes refusent de s’ouvrir – le font tout de même lorsque, soudainement, la jeune femme ressent un poids de plus à ses côtés. Les mirettes d’ambre et de miel se posent alors sur le paradisier se tenant près d’elle, et son air confus en dit long sur ce qu’elle pense.

Car Yara se soucie davantage des autres que d’elle-même, malgré les insultes qu’on peut lui lancer, les injures qu’on peut lui cracher, les rumeurs terribles qu’on peut répandre, les mensonges qu’on peut raconter. Et en cet instant, elle s’inquiète tout de même pour l’oiseau, qui malgré sa condition assez peu envieuse, avait visiblement décidé de venir la rejoindre de son côté, se tenant bien droit, le regard brillant d’une assurance qu’elle n’aurait pas pensé y observer à l’instant même. Il semblait s’attendre à quelque chose… Mais à quoi ?

Les réflexions fusent, nombreuses et désordonnées. Mirettes aux teintes de miel ne brillent que d’une confusion de plus en plus forte – du moins, jusqu’à ce que le corps ne décide de bouger de lui-même au bout de quelques instants. Le bras se tend, la main s’ouvre, se pose avec une douceur insoupçonnée contre le plumage éclatant d’Errilys après un moment d’hésitation. Le volatile semble satisfait de ce geste, au vu de sa réaction – celle-ci a d’ailleurs le mérite d’arracher un faible sourire à la Sans-Âme, qui l’observe désormais d’un air plus calme, plus posé, peut-être partagé entre un certain bonheur et une tristesse qu’elle ne pouvait cacher. Car au bord des longs cils foncés, perlent quelques larmes scintillantes.

L’espace d’un instant, elle aurait voulu le prendre dans ses bras. Le serrer très fort, un peu comme un enfant le ferait avec sa peluche préférée dans le but de se rassurer un tant soit peu. Car à l’instant même, Yara avait justement l’air de ça – d’une enfant en détresse. Parce que le geste du jeune homme l’avait touchée, avait ravivé quelques souvenirs enfouis bien loin dans les profondeurs de sa conscience, des souvenirs d’un temps où tout faisait sens et que la vie était belle. Où elle n’avait pas encore tout à fait conscience des conséquences qu’impliquait le fait de ne pas avoir d’âme à proprement parler. Mais la jeune femme évite de le faire, se contente plutôt de caresser les plumes de l’oiseau un moment, en tentant tant bien que mal de retenir ses larmes.

Puis, lorsqu’Errilys repart afin d’aller se reposer dans son propre lit, Sans-Âme laisse un petit rire tomber de ses lèvres. Les mirettes ambrées se cachent de nouveau derrière les paupières lourdes, la main libre de toute machine ou intraveineuse est portée au visage afin d’essuyer les quelques larmes qui finissent par couler sur les joues quelque peu creuses.

« C’est... Vraiment gentil de ta part. Merci, » qu’elle finit par murmurer, encore un peu chamboulée. « Si tu es certain que ça ne te met pas trop mal à l’aise, j’aimerais bien que tu me fasses visiter l’île. Un peu de changement ne peut faire de tort, je suppose. »

Un nouveau sourire se dessine sur ses lèvres.

« Et puis, même si je l’aurais voulu, je ne crois pas qu’on me laisserait entrer dans le Temple. On a fait l’exception le jour de ma cérémonie du vœu, mais... »

Yara s’interrompt dans sa réflexion. Reste silencieuse un instant, avant d’hausser les épaules, sourit de façon un peu plus confiante à Errilys, malgré ses yeux rouges et bouffis.

« Enfin, ne t’en fais pas à ce sujet-là. Je sais très bien ce qu’on pense de moi et de mon âme absente, là-bas. Je n’irai pas y mettre les pieds à moins d’y être forcée. »

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Jeu 8 Sep - 0:56
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Yara pleure.  Ces larmes n’émeuvent pas Errilys, elles le rendent quelque peu confus, lui qui perçoit si mal les émotions des autres. Pourtant, il ne doute pas que son geste a été bien perçu et… A bien y réfléchir, si ses suppositions étaient correctes, cela n’était pas si étonnant. La Sans-âme ne s’attendait sans doute pas à une telle réaction de sa part. Concentré sur ses propres démons, il n’avait pas vraiment envisagé quelle réaction elle aurait à ses actions. Il voulait juste défier, et aider, autant que possible.


Allongé dans son lit, le danseur pensait à cela tout en écoutant Yara. Nul besoin de revenir sur sa boutade du temple, tout cela était évident. Il fallait penser à des choses plus positives. Pourtant, Errilys pensait à ses émotions, ces émotions qu’il avait eues quand elle lui avait dit ne pas avoir d’âme, ces émotions qu’elle avait dû avoir lorsqu’il l’avait approché. Rares étaient les fois où il était si affecté, où les émotions l’empêchaient d’agir, de rationnaliser. Il ne peut s’empêcher de commenter.


- Tu sais… Les émotions je trouve ça beau. Personne ne devrait avoir à s’empêcher de pleurer, ou de rire. Les émotions c’est la vie, la créativité, la liberté…


Ces paroles sont prononcées sans même regarder la malade. Elles viennent du cœur et toute personne suffisamment empathique pourrait s’en rendre compte. Errilys est affecté par l’instant qu’il vit, mais ne s’en rend pas vraiment compte.


Finalement, le volatile prend une inspiration, puis tourne le regard pour rencontrer celui de Yara, si possible.


- Où souhaites-tu aller ? Je te propose une balade sur le ponton Solaris, sur les bords du lac magenta dont je t’ai déjà parlé. Je te propose également un petit tour à la fête foraine dont je t’ai parlé également. Et pour finir, je te propose quelque chose dont je ne t’ai pas parlé… Un petit tour au quartier Maintes-eaux. Il s’agit d’un quartier entièrement sous-marin d’Ithloreas. Il faut certes s’équiper pour y aller... Mais c’est un plaisir de plonger dans ces eaux sous-marines féériques. Je t’emmènerais aux joyaux d’Haklyone et t’achèterais peut-être un bijou qui sait.


Un clin d’œil suit la dernière phrase. Il aurait aimé l’emmener à Arc-en-Terre, sa ville préférée et plus grande merveille d’Haklyone. Mais il a peur de trop l’approcher du temple Amanite qu’elle ne semble pas vraiment vouloir visiter, et où il ne voudrait pas non plus l’emmener. Les autres propositions l’enchantent tout autant, cependant.


- Ah, et ne t’inquiète pas de mon malaise. Oui le fait que tu n’as pas d’âme me mets un peu mal à l’aise, indubitablement. Mais cela n’est fondé sur absolument rien, je ne vais pas m’abaisser à réagir stupidement sous prétexte que ton handicap m’horrifie. Au contraire, tu as tout mon soutien.


Un sourire, Errilys dit ce qu’il pense, froidement, sans filtre, comme à son habitude.
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Yara de Rivera
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Ven 16 Sep - 16:30
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C’est qu’elle a toujours un peu de difficulté à assimiler ce qui vient de se passer, la Sans-Âme. Elle qui est habituée aux regards de travers, au venin qu’on lui crache au visage, aux paroles murmurées à l’oreille d’un autre et qu’elle ne peut entendre alors qu’on lui jette un coup d’œil en coin. Elle est habituée à la méchanceté, aux coups bas, aux mots blessants et aux regards qui fusillent, à ceux qui la tueraient si les regards le pouvaient. Elle y est habituée, à la méchanceté des Animas qui croient que l’âme est tout, est la chose la plus importante qui soit, ce qui leur garantit une place dans l’Au-Delà. Mais elle n’est pas habituée à tant de gentillesse de la part d’une personne qu’elle ne connaît qu’à peine.

C’est pourquoi les larmes ne cessent de tomber des yeux ambrés, bien que Yara les chasse d’une main de temps à autres. Qu’elle renifle parfois, doucement, en essayant de se calmer un peu. Qu’elle finit par se tourner vers Errilys, lorsque ce dernier lui adresse la parole de nouveau. Il ne la regarde pas, mais elle devine que ce n’est certainement pas la chose la plus facile qu’il ait faite de sa vie. Après tout, adresser la parole aussi calmement à un phénomène de foire, à une créature largement incomprise dont le mythe veut qu’elle vole l’âme de ceux qui la côtoient, ça n’a rien de facile.

Et pourtant, le voilà qui reprend avec ces quelques idées. Qui lui propose de l’emmener en balade, d’effectuer un véritable petit voyage à travers l’île. Son regard coloré ne reflète qu’une sincérité déconcertante, le genre de lueur qu’elle n’a observée que très rarement – dans le regard de sa mère ; dans le regard de Celian, lorsqu’ils étaient toujours ensemble ; dans le regard de Willow. Ça lui faisait quelque chose, à Yara, de voir que tous les Animas ne sont pas les mêmes. Ça lui faisait quelque chose de savoir qu’il y avait d’autres personnes qui refuseraient de la juger simplement parce qu’elle est différente, ou qui verraient au-delà des superstitions et des rumeurs désagréables qui circulent à son sujet.

La voilà donc qui sourit, sincèrement, pour la première fois depuis le début de leur petite conversation, entre malade et blessé qui rêvent de sortir d’ici.

« Tant de choix, tant de choix ! Je ne pourrais pas en choisir qu’un seul, » qu’elle finit par répondre, un rire soulevant doucement sa voix. « S’il n’en tenait qu’à moi, j’irais visiter tous ces lieux en même temps. Tu m’as bien vendu le rêve, je l’avoue. »

La jeune femme sourit de nouveau, plus rayonnante cette fois malgré les larmes qui bordent toujours les paupières. Elle porte la main libre de l’intraveineuse à son visage, chasse les gouttelettes pendues à ses cils, soupire longuement.

« Mais je crois que le Ponton Solaris serait certainement une meilleure idée. Il y aurait certainement moins de risques de croiser d’énormes foules… »

La voix s’atténue jusqu’à en devenir un murmure, sur les derniers mots. Même si Yara ne souffrait en aucun cas d’agoraphobie… Il fallait admettre que les foules n’étaient pas ce qu’elle affectionnait le plus. Et quand bien même la fête forraine lui semblait intéressante… Disons qu’elle préférait n’y aller que lorsque personne n’y était.

Bien vite, la voix du danseur la tira de ses réflexions, et son attention se reposa sur sa silhouette toujours allongée dans le lit voisin. Si au départ, ses paroles lui laissèrent une impression quelque peu malaisante, lorsqu’il finit de parler, son discours la laissa sans voix un long moment.

« Je… Ne sais pas quoi te dire, Errilys, » qu’elle murmure. « Mais je t’en remercie. Les gens comme toi, qui sont prêts à mettre de côté leurs peurs et leurs croyances, sont… Plutôt rares. »

Petit rire quitte les lèvres de la Sans-Âme, alors qu’elle se replace doucement dans sa couchette aseptisée.

« Cela dit... Malgré les circonstances, je suis bien contente de t'avoir croisé, aujourd'hui. Même s'il aurait été préférable qu'on soit dans un meilleur état. »

Une pointe d'humour ne fait pas de mal – voilà pourquoi elle lui sourit d'un air amusé, après sa petite blague plutôt nulle, on va se le dire.

@made by ice and fire.

Yara de Rivera
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Anonymous
Lun 19 Sep - 23:33

Un réveil difficile



mood:


Un sourire rêveur orne le visage du paradisier lorsqu’il présente tous les choix de destinations à Yara. En fonction de comment se passe le premier, il n’y aura pas forcément besoin de choisir, Errilys peut bien passer quelques semaines à faire visiter Haklyone à la malade, ce sera pour son plus grand plaisir. Il note juste d’éviter de trop l’entrainer au milieu d’immenses foules, il peut comprendre que si lui aime ça, la sans âme préfère éviter.


- Eh bien ce sera le ponton Solaris ! Tu verras c’est un endroit magnifique. Et si tu aime les beaux endroits naturels où il n’y a pas un chat, j’en connais deux ou trois plutôt très sympathiques, si tu n’as pas trop peur du froid.


Le volatile regarde la malade, souriant en disant ces mots. Il a l’air assez affecté par le spectacle de cette demoiselle aux yeux mordorés qui pleure. Il a l’air affecté par l’idée d’apporter du bonheur. C’est bien ce à quoi il a dédié sa vie, apporter du bonheur. Il aimerait saisir cette larme et la montrer à tous, montrer que même les personnes estropiées, maudites par la nature, peuvent être heureuses, malheureuses, rire, pleurer, comme tout un chacun. Que la naissance ne présume pas de la vie et que chacun est important.


Errilys se repose au fond de son lit après avoir entériné sa décision. Il se sent fatigué, fatigué par les blessures, fatigué par la guérison, fatigué par les émotions. Lorsqu’il reprend la parole, c’est d’une voix un peu plus lente et en fixant le plafond.


- Oh je ne mets pas de côté mes principes, je ne saurais pas le faire. Je considère même que bien te traiter est une application de mes principes. Ces principes m’intiment de t’apporter un peu de bonheur si tu souhaites le recevoir. De plus, mes croyances n’ont rien à voir avec toi, le respect que je voue aux âmes, et notamment à la mienne, n’a rien à voir avec ta malédiction.


- Je suis aussi très heureux de t’avoir rencontré aujourd’hui. J’adore la différence, j’adore voir des choses nouvelles. En termes de différence et de nouveauté tu te poses là ! Ne t’en fais pas pour mon état, je serais sur pied d’ici quelques jours, bien assez tôt pour t’emmener sur les rives du lac magenta.



Le paradisier prend une grande inspiration avant de finir son discours.


- Excuse-moi, mais je pense que je vais profiter de quelques heures de sommeil supplémentaires pour me remettre de mes blessures. Si tu veux rediscuter plus tard ce sera avec plaisir. Sinon on se retrouvera au parc des cerisiers dans une semaine, si cela te va ? Cela devrait me permettre de me remettre totalement de mes blessures et de te préparer j’imagine, et on fera le chemin ensemble.


Le danseur adresse un regard à Yara en disant ces derniers mots. Il attend la réponse de cette dernière, puis se recouche en se retournant dans le lit pour ne pas avoir la tentation de recommencer à discuter. Puis, finalement, Errilys ferme les yeux et s’endorme en pensant aux futures aventures qui l’attendent…
Souffle Orange - Brise étrange - Joie
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