Les pas en direction de la chambre se font pressants. Joris n’a plus de temps à perdre, il ne veut plus passer une seule seconde dans cet appartement. Le blond compte bien récupérer ses chemises, de gré ou de force. Seulement, l’oiseau s’arrête sur le pas de la porte lorsqu’il entend la jeune femme régurgiter dans l’évier. Il fronce les sourcils, tournant la tête en sa direction tandis qu’il lève le dos de sa main pour se couvrir le nez. L’odeur est nauséabonde... Aussi écœurante que la terrible pensée qui parcourt l’esprit de Joris.
Tatiana n’est pas malade, elle n’était pas blême et ne montrait aucun signe de fièvre. Il est médecin, il aurait vu ce genre de chose. Et si tel était le cas, il aurait évité de trop l’approcher pour ne pas attraper son mal. Alors... Se fout-elle de sa gueule ? Le phoenix perd de ses jolies couleurs rougeâtres, alors que la peau pâlit lentement. Il a peur de comprendre... Peur de réaliser que la fatigue, que les soudains vomissements veuillent dire quelque chose qu’il ne veut pas accepter. Il faudrait une prise de sang pour confirmer, il faudrait...
- Ne glisse pas sur ce terrain là...
La prévient-il, tandis que sa voix commence à se faire plus tremblante. La colère, la jalousie s’immiscent dans ses veines et font bouillir son sang. Elle a bel et bien couchée avec un autre homme, et cet autre homme l’a mis enceinte... Il a osé.
- Ne joue surtout pas la carte de la fécondité.
Joris serre les dents, faisant enfin face à la jeune femme qui est toujours penchée au-dessus de l’évier. Aurait-elle mentit ? Pourquoi diable aurait-elle gardé ses chemises, si elle n’en a vraiment plus rien à faire de lui ? Il ne peut pas croire qu’elle ai vraiment arrêtée d’espérer le revoir, que les choses se recollent entre eux deux. Il veut partir tant la colère le prend, mais il ne veut pas s’éloigner. Il a désormais une autre raison de vouloir rester, de s’accrocher. Il veut savoir qui l’a mis enceinte, il veut savoir qui a su voler son coeur alors qu’il était encore si solidement encré en elle... Qui est celui qu’elle a considéré mieux que lui ?
- Son nom.
Il exige, à deux doigts d’exiger qu’elle le suive pour qu’il lui fasse une prise de sang.
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Ven 5 Aoû - 10:57
Give me back
my things
Je m'en fous... Enfin, je crois. Et si tu m’entends, ne laisse pas ton cœur. Donner du sens à mes jeux d’acteur. Je suis pourrie jusqu’au passé. Je meurs d’envie à petit feu.
Entre l’égouttoir et le comptoir, au bord du dévidoir, les deux mains accrochées comme pour faire rempart, il y a Tatiana, ses joues comme de la craie, les yeux ronds comme des billes et tout le déjeuner qui s’égoutte dans le siphon. Joris (exexex) écrase l’angoisse vivace. A quelques pas d’elle, c’est assez proche pour en sentir toute l’amertume. Personne ne savait - pas même Clayton (le père). Maintenant, ils sont deux à confronter la nouvelle. Les Van Heeckeren (ça n’existe plus) ahuris devant l’évier, se jettent des regards farouches sans la grâce de baisser le menton.
Sors. D’ici. Tout de suite.
La nervosité creuse des plis autoritaires dans le front. Le grave de la voix crache sur un ton péremptoire. Tatiana a les lèvres étirées en un trait plat tremblant. Sur le bout de langue rose, il y a les émotions qui chahutent, un pincement au cœur et le timing frustrant de l’entrevue. La main vient accrocher l’épaule de Joris pour en écarter la silhouette comme les rideaux du séjour.
Ca ne te regarde pas Joris. Tu voulais faire ta vie tout seul. Tu voulais faire ta vie sans moi. Alors pars. Tu vois bien que tu me déranges.
Les ordres cassent dans le fond de la gorge des farandoles d’incertitudes, là où Tatiana se serait rêvée mère des enfants de Joris (exexex), pas de celui de Clayton (le père). Sur les cendres de leur mariage, c’est trop tard pour les regrets et les nostalgies affutés comme des miroirs cassés. Les ongles dédoublés par la javel se referment sur l’épaule du blond. Sans laisser le choix, les muscles raides de milicienne et le poids de son âme le poussent en direction de la sortie à travers le damier du carrelage.
Tu n’auras qu’à le dire à Terra, que j’enfante et que je me porte merveilleusement bien. Dis le à l’île entière si tu veux Joris, que Tatiana est en cloque et que le père ce n’est pas toi, que le bonheur elle l’a trouvée ailleurs.
Depuis le seuil, où la porte est ouverte à la volée, et les manche du tablier, retroussé, il y a le goût âcre de la bile et des adieux au fond du palais, la silhouette bien raide de la brune et toute la frustration macérée des mots arrachées. Tatiana n’a rien dit de plus en claquant la porte.
Joris n’apprécie guère l’information qu’il vient d’apprendre. En fait, il déteste l’idée que Tatiana l’ait oubliée... Voire pire, qu’elle ai couché avec un autre homme et que ce dernier l’ait mis enceinte. Non pas que le blond aurait aimé qu’elle porte son enfant... Mais, il déteste qu’elle puisse ne plus penser à lui. Il apprécie être le centre de l’attention, le phoenix qui brille de milles feux avec ses magnifiques plumes rouges. Il ne comprend pas la colère de son ex-femme... C’est de sa faute s’il s’est lassé, c’est à cause d’elle et de sa manie de l’oppresser, de toujours vouloir savoir où il est, de constamment chercher à mener sa vie comme elle l’entend. Tout ça, c’est elle qui l’a créée, pas lui. Et pas une seule seconde, elle s’est remis en question.
Et preuve qu’elle tient encore à lui, à leur couple, elle a gardé ses chemises. Alors pourquoi est-ce qu’elle semble si bien remise de tout ça ? Plus Joris y pense, et plus il ne comprends pas. Pire, plus cela l’agace au plus au point. Il serre les dents quand la jeune femme l’ordonne de sortir, et qu’elle le pousse en direction de la porte. Le blond ne résiste pas, reculant selon ses désirs. Il passe ses mains sur son visage en soupirant. Non, il ne doit pas laisser la chose l’avoir, prendre le pas sur lui. Tatiana ne doit plus avoir d’emprise sur son esprit, elle l’a déjà beaucoup trop fait s’étouffer durant ces trois années de mariage.
- Je suis curieux de voir comment tu élèveras cet enfant... Et comment ta vie avec cet homme se fera. J’imagine que tu les étoufferas, de la même manière que tu m’as étouffé. Tu es oppressante, Tatiana... Et c’est de ta faute, uniquement de la tienne que je me suis lassé.
Joris crache son agacement, mêlé à une jalousie certaine. Il va se consacrer à Terra jusqu’à ce qu’il, il le suppose, se lasse ou qu’elle se mette à l’oppresser de la même manière que Tatiana l’a fait. Et enfin, sur ces paroles pleines de colère, il tourne le dos à la jeune femme, forcé d’abandonner ses chemises. Il a l’impression d’avoir perdu un affrontement et cela le fait enrager.
