So he wasn't joking when he talked about coming back, hm?
Le froid, la faim. L'humidité. C'est fou, comme tu ne prêtais pas attention à ce choses là, avant. Avant le drame, avant le début et la fin de tout. Que se serait-il passé si ta mère avait continué à t'aimer ? Comment aurais-tu grandi, dans une famille aimante, bienveillante et unie ? Tu passes tes jours à y penser, à imaginer des moments simples de la vie pour oublier la réalité. Un bon repas en famille, le sourire aux lèvres. Une sortie, une soirée films, et encore pleins, pleins d'autre choses que tu n'as jamais faite avec des parents. Si seulement, ils ne l'avaient pas trouvée. Tu donnerais tout, pour revenir dans le passé, pour empêcher sa mort à lui, son meurtre à elle. Bien que tu ai du mal à le voir comme ça. On est un peu plus d'une semaine après, et tu ne saurais dire si tu es une assassin. Mais ça par contre, tu essayes de ne pas y penser.
Les cavernes solitaires te rassuraient, mais il te fallait maintenant sortir trouver de quoi te sustenter. Je me demande si je vais le croiser, cette fois. Cet homme au yeux sombres et aux cheveux attachés, qui t'avait aidé. Tu n'avais su que dire, fallait t-il seulement remercier et partir ? Cela te semblait mal poli, pourtant, remercier est bien ce que l'on doit faire, alors tu l'avais fait. Il était ensuite reparti de lui-même. Un sourire en coin sur les lèvres, comme un air satisfait au visage. Tu t'étais fais une sale blessure en décidant de grimper le Mont à pied, plutôt qu'à pates. Ta cheville te fait d'ailleurs toujours souffrir, mais cette douleur est moindre par rapport à celle que tu aurais ressentie si l'homme ne t'avait pas aidé à la maintenir en place. Mais qu'est-ce qu'il foutait là, par cette tempête.. Question pertinente. Ce n'est pas comme si lui aussi, avait tué sa mère pour ensuite s'enfuir là où peu de gens font acte de présence, non. Mais alors pourquoi, en pleine tempête ? Tu lui poserais la question, si tu le croise de nouveau. Bien que tu n'espérais pas le croiser de nouveau, évidemment. Tu voulais croiser le moins de monde possible. Faire le vide, réfléchir, réfléchir, respirer, réfléchir, puis trouver une solution pour tous les buter. Si seulement, je pouvais juste me putain de barrer. Mais le monde est cruel. L'Île est cruelle. Et elle te gardera entre ses rivages encore longtemps.
Oh.. Il est donc là. Tu le sens. De ton museau de loup, il n'est pas loin. Il approche. Partagée entre t'enfuir et rester, tu décides de rester sur tes gardes. En attendant de voir ce qu'il voulait. Et puis qui sait, peut-être qu'il rapporte à manger.
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Jeu 2 Juin - 10:24
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Hyacinthe + Mortimer2094
Les grosses bottes doublées de fourrure crissent dans la neige, s’enfoncent dans la poudreuse, laissant une piste d’empreinte décidée car Mortimer, il sait exactement où aller. Hyacinthe Icare, un nom qui résonne en curieuse mélodie à ses oreilles, réveille l’envie d’en savoir plus, de creuser jusque dans les entrailles pour en triturer le coeur, comprendre le mécanisme de la trahison aussi sûrement que ceux du pardon. Les temples s’insurgent et les fidèles s’affolent, gros titre en première page de la gazette ; on crache sur les morts et on promet vengeance (existence), Hyacinthe une pépite d’or dans un corps de fer. Hyacinthe loup des emblèmes, gardienne des mensonges ; ça l’amuse le caÏman, d’être tombé sur le museau revêche et les crocs apparents, d’avoir contemplé la noirceur du regard et la hâte du départ. Mortimer, il n’a pas pu la laisser comme ça, comme morte sous la fureur du vent, la grandeur de l’orage. Tempête d’obsession non Mortimer Chanteloup est homme de sang-froid homme des montagnes, bourreau de la fosse et apparemment, sauveur des petites filles en détresse. Qui l’aurait cru.
Le vent s’est calmé cette semaine, la neige a stoppé ses arabesques endiablées comme pour tous les étouffer. Fusil à l’épaule comme toujours en montagne, le reptile a reconnu les empreintes de pas laborieuses (une cheville en moins ça ne pardonne pas ici), suivi la piste jusqu’à apercevoir les mèches rouges feu lui intimer de ne pas trop s’approcher. Les loups ça mord, les loups nerveux comme une grenade en équilibre. Un sourire un peu doux, un peu fatale sur le visage, il s’avance pour venir s’asseoir sur un gros rocher, à 5 mètres d’elle.
“Si tu comptes survivre ici, ne laisse pas d’empreintes de pas aussi apparentes.” Ici, il n’est certainement pas le seul chasseur à arpenter les gorges du Mont Hurleur, à s’aventurer si loin qu’on en oublie le reste. Un regard pour la jeune fille, pour la cheville mais il n’a rien à redire à ça, il n’est pas médecin Mortimer, il n’est pas là pour l’empêcher de se briser les pattes. Il fouille quelques instants dans son sac à dos, étend ses longues jambes dans la neige sans se soucier de se mouiller. Une bouteille d’eau à la main, il la lance à la rousse.
“Faut s’hydrater dans la montagne petite.”
La survie pour elle, ce n’est clairement pas gagné et malgré le sourire, Mortimer a les sourcils qui se froncent en l’observant. Elle a peut-être perdu du poids, il n’en sait rien. Les gosses, ça vit un jour ça crève le lendemain. Un peu fragile un peu téméraire, il aimerait bien savoir Mortimer, ce qui adviendra de celle-là.
Le regard sévère, tu es une louve en détresse qui n'en laisse rien paraitre. A l'intérieur tu es brisée, tu cris d'une voix d'enfant, tu pleures des larmes d'adulte. A l'extérieur, tu te veux dangereuse et méfiante, félin que rien n'arrêterais, que rien n'arrêtera jamais. Rien ne te dit que ce que tu essayes de renvoyer est ce qu'il voit en toi, sûrement pas, mais peu t'importe. Il sourit, tu ne sais comment le prendre. Il te donne conseil, tu ne sais comment le prendre. Il t'a aidé et n'est en ce moment même aucunement hostile, mais si ta mère a pu faire un enfant par folie, en qui faire confiance ? Si l'âme est capable de telle chose, comment croire en l'autre ? Alors tu ne te fie qu'à ce que tu sais, il t'a aidé certes, mais il est à quelque mètre avec un fusil. Probablement chargé. Et très sûrement qu'il sait très bien s'en servir.
Il ne s'approche pas. A la place, il te lance de quoi t'abreuver. Il a pu mettre n'importe quoi là dedans. C'est la première pensée qui te vient. Mais après quelque secondes de réflexion, tu voles la bouteille à la neige, et bois comme si tu n'avais jamais pu boire de ta vie. Comme une enfant après avoir trop couru, des gouttes coulent sur tes joues et dans cou, tu t'étoufferais presque en buvant de la sorte, mais les faits sont là. Il t'a déjà aidé une fois, pourquoi s'en prendre à toi maintenant alors que tu es moins désarmée que la première fois qu'il a croisé ton regard ? Et surtout, tu as juste trop soif. Tu reprends ton souffle, cette fois comme si tu n'avais jamais inspiré depuis des semaines. Il ne reste qu'un fond à la bouteille. Je dois être ridicule à regarder. Tant pis, ainsi est dorénavant faite ta vie. Il va te falloir apprendre, pour ne plus avoir l'air si démunie, si en détresse, belle louve.
Tu le regarde enfin de nouveau, après ces longues secondes où tu n'en avais que pour l'eau.
❝ ━ Merci. Pourquoi ? ❞
Tu lui relances la bouteille, pensant que c'était la chose à faire, même s'il n'en restait maintenant quasiment rien. Le regard toujours méfiant, mais pleins de questionnements, tu continues.
❝ ━ Tu dois savoir qui je suis, hm ? Alors pourquoi moi ? ❞
La forêt était si silencieuse, aujourd'hui, qu'on entendit ton ventre gronder par dessus tes mots. Mais tu n'allais pas juste quémander à manger. Tu as trop de fierté, pour ça.
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Mar 7 Juin - 14:45
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Hyacinthe + Mortimer2094
Mortimer paisible comme une eau calme, il est l’attente du prédateur, la tranquillité du long fleuve d’été. Il a les crocs rentrés et les griffes reptiliennes en attente sous la chair ; tout pour ne pas brusquer la louve, tout pour espérer un sourire en réponse du sien. Il sent les regards inquisiteurs, fait mine de s’intéresser à son sac, à la neige, au paysage de glace, de terre et d’odeur délicieusement sanguine. S’il veut ramener un butin pour le dîner, il ne va pas devoir s’attarder. Il pense au regard pâle de Valeryane qui l’attend probablement à la maison et le coeur se réchauffe un peu, comme toujours en pensant à sa femme.
La bouteille est vidée sans état d’âme, finissant échouée à ses propres pieds. Ça lui fait lâcher un rire étouffé, cette surprenante gloutonnerie. La gamine n’a donc rien à boire ? Les cascades ne sont pourtant pas si loin pour ceux qui savent se repérer. Quelques heures de marche et l’immensité de l’eau éclatée sur la roche des centaines de mètres plus bas. Pourquoi pourquoi pourquoi. Mortimer retire son fusil de l’épaule pour le placer sur ses genoux, en caresser la douceur métallique dans un sourire amoureux.
“T’avais juste l’air d’avoir soif.”
Il le sait, ce n’est pas vraiment ça qu’elle demande. Coup d'œil amusé avant de reporter son attention sur son arme. “Je sais qui tu es Hyacinthe Icare. Une sans maison, une fauteuse de trouble, une traîtresse pour la plupart. Une orpheline.” Mortimer, il n’est pas spécialement peiné par la cruauté de la vie car au fond, la cruauté c’est lui. Mortimer, il n’a pas de larme à verser pour une gamine sans famille, pas plus qu’il n’en aurait pour tout le peuple d’Haklyone.
“Ils parlent tous encore de toi dans la gazette, ils te pensent cachée au fond de la forêt Tue-Loup ou planquée dans les bas quartiers de Brise-coeur. Tu n’as rien fait de mal mais s’ils te voyaient, ils sortiront probablement les fourches.”
L’idée le fait bien rire, petite louve poursuivi par sa horde de paysans enragés. Tout concentré, il sort de sa poche les munitions pour les compter, méticuleusement et simplement, comme un tic. “Les loups sont l'emblème de ma famille, je me serais senti mal de te laisser crever toute seule sous la neige.” Il relève la tête pour lui offrir un grand sourire carnassier où pointent de grosses dents reptiliennes. “Et puis les Maisons, il faut bien leur tenir un peu tête de temps en temps !”
Ça donne du mouvement, ça fait bouger les choses. Morty, il l’aime sa vie de marié aux côtés de Valeryane, il l’aime cette tranquillité apaisée au coin du feu le soir venu. Mais Morty, il apprécie les effusions bancales, les combats sans morale ; éclat de sang sur la neige toute neuve, souffle de peur dans les rangs des plus grands. Morty, il préfère que ça hurle, ça pleure, ça fourmille de rancoeur.
Une orpheline. Les yeux dans le vide, les mots résonnent. Ils deviennent images et le sang coule de tes mains à la neige, la tachant doucement mais sûrement, se répandant le plus loin qu'il pouvait. Elle sera tachée pour un long moment, la neige. Elle s'en rappellera, la neige. Le sang ne partira peut-être jamais, elle crain. Tu pourrais aller partout, à n'importe quel moment, tu vois encore le sang qui s'écoule de tes mains, quand tu y penses. Tu n'oublieras jamais sa chaleur. Tu n'oublieras jamais sa couleur. Il, ne t'oublieras jamais non plus. Tu t'es souvent dites, ses derniers jours, qu'on dirait qu'il te regarde avec amusements. Il se fout de ma gueule ouais. Il me nargue, quand il s'enfuit de mes doigts je l'entends rire, rire de moi et des malheurs qui m'arrive. Hm, peut-être te faut-il vraiment manger. Il ne faudrait pas que la folie ne t'emporte, comme celle de ta mère auparavant.
D'une oreille qui peinait à être attentive, tant ton esprit divaguait entre souvenirs morbides et faim astronomique, tu entendis les mots qui te firent le regarder avec des yeux béat, pendant quelques secondes, comme si on avait appuyé sur le bouton " tout va bien, tout va bien aller " dans ton cerveau, et que pour une fois, il avait marché. Tu n'as rien fait de mal.. Tu n'as rien fait de mal. Tu n'arrivais pas à t'en convaincre complètement, c'était impossible. Mais il avait réussi à mettre de la pommade là où tu brulais encore trop violement. Il en avait mis assez pour aujourd'hui, en tout cas. Sûrement pour les quelques jours à venir aussi. Après, tu t'en rappelleras toujours, mais le feu reprendra de plus belle. Tu te connais, tu sais.
Les yeux sur le fusils, tu réfléchis. Il vaut mieux réfléchir, que penser au passé. Et le présent n'attend pas, lui. Alors comme ça, je suis à l'image de l'emblème de sa famille. Je me suis faite sauvée par un chasseur des miens, pourtant représenté par ce que je suis. C'est à n'y rien comprendre. A moins que son arme ne lui serve pas à chasser, mais à se défendre ? Pourtant, tu l'aurais bien imaginé en chasseur. Tout sourire, il dit tout haut ce que tu as déjà pensé à de multiples reprise, même s'il reste poli dans sa manière de le dire. Et ça te fait sourire. Pour la première fois depuis un long moment. Un souffle, un effort, tu boites un peu, toujours.
❝ ━ Ta manière à toi de leur tenir tête c'est de donner à boire à celle qu'on veut saig- ❞
Un souffle coupé, le mal au ventre. Comme si quelqu'un te serrait si fort l'estomac qu'il le réduisait en poussière. Le visage marqué par la douleur, la main tenant le ventre, tu fais un signe de tête.
❝ ━ C'est gentil, de m'avoir apporté de l'eau. Mais je crève la dalle. ❞
On pouvait pas faire plus clair, pour le coup. La douleur cesse un peu, tu relâches le ventre. Tu le regardes, les yeux sérieux.
❝ ━ Aide moi à me faire un peu de réserve, et je ne te demanderais rien d'autre. T'auras pas besoin de venir m'apporter d'eau, j'irais me servir aux cascades plus souvent, pour éviter de me retrouver encore assoiffée. ❞
Tu te sens honteuse. La rebelle qui tue ne sait même pas survivre. Quel échec en une seule personne.
❝ ━ J'apprendrais de ton aide. Il me faut juste apprendre les bases.. Je n'ai pas vraiment prévue de finir ici. J'ai pas eue le temps de me préparer. ❞
Tu te confonds en explication. Faut dire que t'aimerais qu'il accepte sans broncher, sans rien demander, juste comme ça. Mais la vie n'est pas juste comme on veut. Alors les justifications de ta demande s'enchaînent, sans que tu ne saches comment lui redevoir.
❝ ━ Je n'ai rien à offrir en échange, pour l'instant, mais si tu m'aides, je ne l'oublierais pas. Je te revaudrais ça, quand j'arriverais à faire mon devoir. ❞
Les grands mots, pour peu de perspective en ce moment même. Mais ça se tente. Tes yeux dans les siens, tu attends de voir un signe qu'il est prêt à t'aider. Tu attends de savoir quel genre d'homme il est. De celui qui fait le minimum, celui qui donne de sa personne, ou de celui qui donne tout. Tu es curieuse, dans un coin de ta tête, de savoir qui il est, cet homme.
❝ ━ Au moins, dis-moi ton nom. Tu me connais, mais je ne te connais pas. Comment s'appelle celui qui a sauvé ma cheville, et étanché ma soif ? ❞
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Mer 15 Juin - 9:56
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Hyacinthe + Mortimer2094
Un peu de peine pour la louve sombre aux larmes invisibles, un peu de peine mais Mortimer ne tendra pas les bras pour un câlin, n’a pas de mouchoir pour essuyer les pleurs ni même l’envie de s’approprier le chagrin d’une autre. Hyacinthe, elle est seule dans sa caverne, seule face à l’immensité de ses démons ; peut-être le reptile en est-il simplement un de plus à rajouter à la liste ; peut-être n’a-t-il que les crocs méchamment sortis et les yeux charbons fixée sur la proie qui n’en ai pas vraiment une. Peut-être a-t-il ses lubis du moment, une envie d’évasion ; de pardon pour les maudits, les affranchis. La louve, tous souhaitent la saigner comme elle le dit si bien, l’embrocher de fourches tels des paysans effrayés, affamés.
Gentil gentil gentil. Non Mortimer n’est pas gentil, il a le sourire cupide et les mains poisseuses. Il a le dos qui craque dans un étirement rapide, les canines qui se dévoilent un peu. “Gentil. Tu ne devrais pas dire ça.” Gentil, c’est ce que pensent ses voisins, ce que se disent probablement les petites vieilles de la navette en le voyant passer. Gentil, c’est une odeur âcre, une faiblesse passagère dont s’anarche les sots. Les yeux fixés sur la jeune femme affaiblis, il finit par se relever lentement, réptile dépliant ses écailles avec tranquillité.
“Je vais t’aider à chasser petite, je vais te montrer comment dépecer les bêtes, comment garder la viande et utiliser la peau.” Regard un peu froid, les mains agrippent un couteau à sa ceinture avant de venir le lancer aux pieds de la louve, comme la bouteille d’eau quelques minutes plus tôt. “Mais à la moindre plainte, c’est toi que je dépèce.” Sourire doux, sourire fataliste. Le couteau finement aiguisé au manche ouvragé est pour elle, pour un temps seulement ; le temps d’apprendre et se méprendre.
“Ton devoir…” Il ricane un peu, le regard à nouveau perdu dans la neige. “J’ai pas besoin d’un échange, d’une dette imaginaire, contente-toi de tenir l’arme convenablement et peut-être que je considérerai que tout ça n’est pas une parfaite perte de temps.”
Mortimer, il devrait déjà être rentré, bien au chaud avec Valeryane. Mortimer, il n’a pas que ça a faire que de se faire suivre à la trace par les louveteaux presque morts. Mais la curiosité est là, et elle ne le lâche pas.
“Mortimer.” Une simple présentation des plus formelles. “Tu as déjà chassé ? Utilisé ton odorat de loup pour autre chose que débusquer le chocolat planqué dans le placard ?” Il se moque un peu, mais à bien y regarder, elle n’a rien d’une chasseuse Hyacinthe, rien d’une arme à planter dans les cœurs. Mais ça viendra, ça viendra.
Alors comme ça, il n'aime pas qu'on le qualifie de gentil. Dommage, que tu n'as que faire qu'il n'aime pas ton compliment. Tu te sens égoïste, tu te sens faible, pathétique. Tout ce que tu pouvais faire, c'est apprendre par toi-même en espérant ne pas mourir ; car bête que tu es tu n'as pas pensée aux retombées d'une fuite de la civilisation, tu n'as pas réfléchi à ce qui suivrait, la soif, la faim, le manque d'énergie, le deuil accablant, la solitude infâme ; ou demander, quémander, implorer que l'on t'aide. Faire preuve, de pathétisme. Tu n'avais que ce mot là qui tournait dans ta tête. Tu aimerais garder la tête haute et le regard assuré, mais tu n'es qu'une enfant qui a prit une décision irréparable et qui en paye les conséquences. Voilà pourquoi, ce rictus amer se forme sur ton visage. Car seul un merci et des compliments, sont ce que tu as à offrir, en ce moment.
Se levant, il te tire de tes pensées. Cette fois, tu ne te méfie pas, tu l'écoutes. Même lorsqu'il sort son couteau, tu l'écoutes. Quand il atterrit à tes pieds, tu écoutes. Tu n'avais plus que ça. Ecouter et obéir, pour mieux survivre seule. Tu prends le couteau, tu acquiesce, l'air résolu.
❝ ━ Tu n'auras pas à le faire, je ne me plaindrais pas. ❞ Puis encore une fois, il touche là où ça chiffonne, là où ta fierté se fait rappeler à l'ordre, ❝ ━ Je ne veux pas avoir de compte à rendre. Je rendrais tes efforts quand je le pourrais. Si tu ne veux pas d'une dette imaginaire, soit, elle sera la mienne. Et ne sera point factice. ❞
Le ton se veut solennel, respectueux. Tu lui adresses maintenant la parole comme à un professeur. Ou plutôt, comme à un commandant. Ca lui va mieux. Mortimer, donc. Je ne lui aurais pas donné ce nom là, mais soit. Pensée intrusive qui n'a rien à voir, mais tu as souvent cette impression, que les gens n'ont pas le prénom qu'ils devraient avoir. Enfin, tu avais, cette impression. Les ours et différents oiseaux ne se présentant pas vraiment à toi depuis que tu es ici. La question qui déçoit, celle dont il voit sûrement arriver la réponse, mais que tu n'assumes pas.
❝ ━ Non. J'ai essayé.. Ca n'a pas donné grand chose. ❞
En même temps, tu ne pouvais te risquer à directement attaquer des ours. Donc tu as visé plus petit, plus facile, en arrivant ici. Mais plus facile, veut dire rongeur dans les environs. Et Hyacinthe n'a tout simplement pas pu se résoudre à tuer de sang froid un animal qu'elle trouve si mignon. Pathétique. Tu avais bien essayé de chasser les oiseaux, c'était déjà plus facile à ton cœur tendre et tes yeux de biche, mais sans succès. Ils volent trop vite, et toi, tu n'es qu'une louve.
❝ ━ Mais je ferais ce qu'il faut pour y arriver. ❞
Déterminée, tu te trouves toujours ridiculement à faire pitié, mais tu n'as pas le choix. Il n'y aura pas une centaine de personnes qui décideront de t'aider, surtout en sachant qui tu es. Tu fermes les yeux, tu te concentre. Tu adores pouvoir sentir tant d'odeur, mais il y a toujours un problème avec cet odorat qui est tiens. Un problème simple, auquel on ne pense pas forcément aux premiers abords: il y a bien trop d'odeurs. Alors tu restes quelque secondes, le nez en l'air, cherchant ardemment une piste, tel le ferait ton museau lorsque tu es une louve. Et d'un coup, tu sens.
❝ ━ Par là, à peu près cinquante mètre. C'est.. De la viande. ❞
Putain je sais même pas reconnaitre les odeurs, c'est à en crever de honte. Mais ça viendra, Hyacinthe. Pour l'instant tu n'es qu'un bébé chasseuse, une louve en détresse. Mais bientôt, tu seras chasseuse aguerrie, louve qui ne recule devant rien.
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Jeu 23 Juin - 15:24
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Hyacinthe + Mortimer2094
Trop de fierté dans le museau vivement levé, louveteau aux élans passionnés, poignard échoué à ses pieds. Mortimer a le cœur qui balance, l’envie de faire demi tour et de tout planter là ; l’envie de lui apprendre comment font les crocs qui percent la chair, quel bruit font les os brisés d’une main de fer. Rouge sang entre les doigts, l’envie d’en badigeonner les joues, plus tard regarder son œuvre dans un souffle appréciateur ; l’horreur des prédateurs. Hyacinthe, elle a l’air d’en avoir dans le ventre, dans les tripes et dans le cœur. La vengeance tel un doux serment qui bouillonne sous l’artère, un peu de peur à l’odeur âcre comme un mélange d’acier et de fer ; de rage et d’enfer. Hyacinthe, elle a l’odeur du renouveau, de la jeunesse éphémère aux portes de la guerre. Hyacinthe, elle a probablement les doigts doux comme des plumes et le cœur retourné comme un nouveau né. Des cales sous les doigts et du barbelé contre les battements pour survivre ici, savoir pister le vent et sentir la neige avant même qu’elle n’arrive. Mortimer, chasseur hors pair n’est pourtant pas dans son milieu naturel, loin des étendus d’eau chaude et des rivières calmes, loin des courants marins et du soleil sur ses écailles. Mais elle, elle a tout pour braver les crevasses et se camoufler sous la neige, abattre les arbres et crever les tympans d’un hurlement sauvage un soir de pleine lune. Hyacinthe, elle s’en sortira probablement avec un peu d’entrainement. Hyacinthe, elle ne dit pas non, propose de garder la dette pour s’en faire un songe, une énième raison de continuer alors le caïman hausse les épaules car peu lui importe que l’on s’occupe de ses propres dettes ; lui, il règle celles de son frère aux portes de la fosse, aux portes de la mort.
“Fais ce que tu veux de tes dettes imaginaires mais ne reviens plus m’en parler.”
Il n’a que faire des louveteaux endoctrinés. L’homme lève les yeux au ciel, replace son fusil sur l’épaule.
“Alors tu n’as pas assez essayé ! Qu’est-ce que tu attends ? Que la mort vienne te passer le bonjour ? Si ce n’est que ça j’m’en chargerai volontiers à sa place. ”
Et trancher la jugulaire d’un mouvement rapide ne lui fera que plus plaisir. Il acquiesce pourtant en la voyant fermer les yeux, se concentrer. Lui, il sait exactement ce qu’il y a a chercher, chasser dans le coin. Plus de 20 ans à arpenter ces montagnes, il les imaginerait les yeux fermés. De la viande. Mortimer étouffe un rire avec sa manche, les yeux étirés d’amusement. De la viande.
“Eh bien ça fera l’affaire.” Il l’observe de haut en bas dans un petit grondement redevenu sérieux. “Passe devant je te regarde. Et n’oublie pas mon couteau.”
Il tient à le récupérer un jour prochain. Demain ou dans 10 ans. Mortimer, il n’a pas les conseils faciles, jouer au professeur n’a jamais fait partie de sa vie. Le chasseur préfère d’abord observer la louve s’emmêler les pieds, tomber puis se relever. D’un geste de la main, il lui intime de se diriger vers l’odeur, en silence. L’odorat d’un caïman sur terre ne vaut certainement pas celle d’un loup, il lui fait confiance pour s’orienter vers la bête. Probablement rien de plus qu’un chevreuil ou un lapin, inoffensifs. Si les ours rodaient dans le coin, il aurait depuis longtemps reconnu les traces de leur passage.
La tête haute, mais les yeux inquiets. Tu fais de ton mieux, du moins tu essayes, mais il rit. Et en soi, ce n'est pas étonnant. Bien que peu flatteur, c'est compréhensible. Tu es une louve. Tu es sensée presque savoir chasser par défaut. Tu es sensée avoir cet instinct en toi, avoir les réflexes. Mais il faut croire que tu ne les a pas encore éveillés. Ca fera l'affaire, qu'il dit, alors tu acquiesces, prends et serre le couteau de ta main, avant d'avancer vers la où il t'indiquait sans regarder derrière toi. De toute manière, ça n'aurait pas été logique qu'il ne te suive pas.
Tu sentais l'odeur de plus en plus forte, mais tu était incapable d'en reconnaitre la nature. Un oiseau, un lapin, un daim ? Non, sûrement pas un daim. L'odeur était présente, mais pas aussi présente. Un lapin en revanche, semblait plus plausible. Un pas devant l'autre, tu avançais doucement. Se presser ne sert à rien, tu ne ferais que plus de bruit, plus de chances d'effrayer la proie. Plus de chances d'échouer, encore. Tu aimerais te dire qu'échouer fait partie de l'apprentissage, qu'échouer ne veut pas dire être complètement nulle pour toujours, mais ton cerveau de défaitiste ne sait penser autrement, lorsqu'il s'agit de tes compétences. Si tu ne réussis pas, tu abandonnes. C'est souvent comme ça. Mais pas cette fois. Non, pas cette fois. C'était ce que tu te répétais dans ta tête au fur et à mesure que tu te rapprochais de ta proie, celle que le trépas guettait sans même qu'elle ne le sache.
Tu le sens, vous y êtes, tu t'arrêtes. Pourtant, tu ne vois rien. L'odeur est là, c'est sûr, mais aucun animal à l'horizon. Sûrement lui avait-il compris, mais toi tu n'avais toujours pas sentie la différence. Ce n'était pas un seul animal. Tu t'étais tant concentrée sur le fait de ne pas faire de bruit, que l'odeur même du sang ne t'étais pas parvenue. Et là tu le vois enfin. Au loin. Un loup. Le sang qui perle de ses babines. Le chevreuil à ses pieds. Sûrement mort depuis un moment déjà. Tu pensais qu'il ne suffirait que de trouver un petit animal. Tu pensais qu'il suffirait de viser, de lancer assez fort, assez précisément, assez vite le couteau. Tu pensais que tu apprendrais vite, que tu étais assez déterminée, que ça serait facile. Mais tu ne pensais pas au sang, celui qui te revient si souvent en tête. Tu n'avais pas pensé tomber sur une scène de crime, dont tu n'étais pas l'auteure, cette fois-ci. Et il n'y a qu'à te regarder, cette main qui serre le couteau toujours plus fort, l'autre qui vient cacher la bouche, pour comprendre que tu n'étais pas prête à réitérer un assassinat.
Mais tu le sens. Tu le vois. Tu le ressens. Il ne veut pas de toi ici. Tu l'as interrompu, et il n'est point repu. C'est la peur qui monte, alors qu'il commence à grogner. Tu ne veux pas qu'il s'approche, tu ne veux pas l'énerver. Mais c'est trop tard. Lui n'a que faire de vos similarités, lui ne pense sûrement qu'une chose, tu ne bouges pas, alors je vais te chasser. En soi, c'est un animal qui a faim, qui est en train de se resourcer. Il ne veut sûrement que te faire peur. Mais sur toi ça marche trop. Il se rapproche lentement, et tu n'oses faire un pas.
❝ ━ Non.. Ne viens pas.. ❞
On entend à peine ta voix, tes supplications ne serviraient à rien même si tu les criais, de toute manière. Il continu de se rapprocher, s'arrête, se mets en position, comme s'il allait te sauter au visage. Les râles sont agressifs, le sang continue de se répandre à ses pieds.
❝ ━ On est pareils, toi et moi.. ❞
Tu as trop peur. Tu ne veux pas lui faire du mal. Tu le vois comme ton égal, ton double. Non, tu le vois comme supérieur, lui au moins sait chasser, lui au moins il n'a pas peur. Mais il saute. Et c'est l'instinct de survie qui prend le dessus. Car toi et ta peur ne font pas la différence entre vouloir effrayer et vouloir attaquer. Car toi et ta peur vous êtes sûrs qu'il veut vous tuer. C'est comme si ce n'était pas toi qui bougeait. Les mouvements sont rapides, ils sont précis. Comme si tu savais exactement où viser pour te défendre. La vérité c'est que tes propres capacités en situation critiques t'effraient, depuis ce jour. La lame se plante une première fois dans son museau, puis une deuxième fois dans ce cou. Tout ça sous ton regard perdu, effrayé, triste. Les râles de douleurs sont si forts, les larmes coulent de tes yeux, tu te sens mal, tu te sens horriblement mal. J'ai encore.. Encore.. Les genoux tombent à terre, la pauvre bête gémis toujours plus de souffrance. Un des miens..
Le bruit de la mort qui arrive t'es insupportable. Sous les larmes, sous la lourdeur des actes, des souvenirs et de la honte, tu assènes le dernier coup. Pour plus qu'il ne souffre. La tête tombe contre la sienne qui ne bouge plus dans la neige, c'est tes pleurs qui sont maintenant audibles.
Métier : Conducteur de navette // bourreau de la fosse
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Mar 12 Juil - 10:48
help is onits way, again
Hyacinthe + Mortimer2094
Mortimer frissonne un peu sous le froid du Mont Hurleur. Un caïman sur les sentiers glacials de l’hiver, ce n’est jamais bon. Frissons repoussés par l’image d’un bon feu de cheminé, de sa femme et lui une tasse de café bouillante entre les doigts, sourire amoureux aux lèvres. Mortimer veut rentrer, mais pas encore. Pas quand le louveteau a encore tant à apprendre, s’émanciper de ses propres peurs, retrouver son ardeur. Une lame au creux des côtes ou une balle entre les deux yeux, bientôt bientôt peut-être en sera-t-elle capable. Bientôt bientôt hurlera-t-elle aussi fort que la montagne.
Une odeur de proie, une odeur prédatrice. Hors de l’eau Mortimer a l’odorat moins performant que celui d’une louve, mais l’expérience est telle qu’il sait d’avance ce qu’ils vont trouver. Les branches cassées ici et là, la neige amortissant leurs moindres pas. Il la laisse faire, avancer à pas de chat, s’émouvoir du moindre craquement, sursauter et puis recommencer. Il sourit, reste en retrait jusqu’à ce que l’odeur du sang ne puisse plus être ignorée. L’hécatombe animale, la sauvagerie bestiale. Les empreintes sanglantes du chasseur sur ses terres, la gueule ouverte dans un grognement mécontent. Le loup et sa proie, Mortimer n’a jamais été aussi fier de porter leur nom.
La peur de Hyacinthe, il peut la sentir d’ici. Et s’il la sent d’ici, le loup aussi. Mortimer soupire en voyant la bête s’approcher de la gamine, il hésite une seconde, avant de se décider à ne pas intervenir. Hyacinthe, elle doit se débrouiller seule, Mortimer n’est ni son père ni son gardien. Mortimer n’a qu’une arme à lui passer, de bons conseils à distiller. Il s’accroupit à plusieurs mètres de là, en retrait. L’animal ne lui jette qu’un simple coup d’oeil avant de se focaliser la jeune femme et son odeur pleine de peur, de rage. Mortimer plisse les yeux en voyant la bête s’approcher car au fond peut-être devrait-il intervenir. “Tu ne devrais pas…” Il se redresse vivement avant d’avoir fini sa phrase. Le loup a bondit, la lame est sortie. Un coup deux coups trois coups. Le sang gicle et Mortimer ouvre de grands yeux avant d’avaler les quelques mètres qui les séparent. Et merde.
Des pleurs et des suppliques, cadavre encore chaud entre les doigts quand le chasseur les rejoint, lueur fatale au fond des yeux. Sans ménagement, il attrape la gamine par le col pour la plaquer contre la neige. “Tu l’as tué !” La glace s'effrite un peu, horrible colère sous les yeux charbons, la bouche crispée pour s’empêcher de la dévorer. Les poings serrés et un énième regard à la bête sans vie à leurs côtés, les yeux vides de vie. La voix redevient glaciale, menaçante quand les yeux se replongent dans ceux de l’autre. Grognement presque animal. “On ne tue pas les loups, jamais. Tu es une intruse sur leur territoire, tu n’a rien à faire là.” Mortimer garde un bras pour immobiliser la rousse, quand l’autre vient attraper la cheville blessée, serrer de toutes ses forces dans l’espoir d'apercevoir la douleur. “Si tu n’es pas capable de respecter la nature et savoir quand reculer alors je n’ai définitivement rien à t’apprendre.”
Mortimer finit par relâcher la gamine, libérer sa cheville pour se relever vivement, armer son fusil et le pointer contre le front de la meurtrière. Lueur dangereuse au fond du regard, un doux sourire vient fleurir sur les lèvres comme une fâcheuse promesse. “Donne moi une raison de ne pas faire exploser ta tête.” Et la laisser rejoindre le pauvre loup au museau arraché. Après tout ne l’a-t-elle pas dit elle-même ? Ils sont pareils.
